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Cadoudal.
Georges Cadoudal.
Carrure de titan, tête énorme, courtes jambes, force herculéenne, tel apparaissait ce chef chouan désireux de rendre au roi légitime son trône. Né le 1er janvier 1771 au domaine de Kerleano, près d’Auray, d’une famille de cultivateurs propriétaires, Georges Cadoudal a fait de bonnes études chez les jésuites de Vannes, avant de devenir clerc de notaire. Le métier convenait mal à ce colosse. Apprenant, en 1793, le soulèvement de la Vendée contre la République, il prend les armes et organise la résistance dans le Morbihan. La tête du « général Georges » est mise à prix par la Convention, puis par le Directoire. Lors du débarquement de Quiberon, il aide les émigrés vaincus à échapper à Hoche. Mais, après Brumaire, Bonaparte veut pacifier l’Ouest. Muni d’un sauf-conduit, Cadoudal a une entrevue avec le Premier Consul, qui lui offre la paix et sans doute le commandement d’une division. Mais l’irréductible s’en va sans rien accepter et passe en Angleterre, où il va se muer en conspirateur.
Entre le Corse et le Breton un duel commence. Après la rupture de la paix d’Amiens, Georges présente son projet au cabinet britannique : il enlèvera le Premier Consul sur la route de Malmaison et il s’embarquera pour Jersey, avec l’aide de Pichegru, évadé de Cayenne, et de Moreau, qui jalouse Bonaparte. Débarqué clandestinement en Normandie, Cadoudal gagne Paris, où il se cache chez des amis août 1803. Les autres conjurés : Pichegru, les frères Polignac, le marquis de Rivière parviennent eux aussi dans la capitale. Pour tenter le « coup essentiel », ils attendent l’arrivée bien problématique d’un prince. Mais trop de gens sont mis au courant du complot et les bavardages éveillent l’attention de la police, qui met la main sur les comparses. L’un d’eux, Bouvet de Lozier, tente en vain de se tuer en prison. Revenu à lui, il apprend à ses geôliers la participation de Moreau à l’affaire. Celui-ci est arrêté, ainsi que Rivière, les Polignac et Pichegru.
Seul Cadoudal échappe aux recherches. Traqué de tous côtés, il passe de gîte en gîte mais est dénoncé par un faux ami. Il se sauve alors à travers Paris en cabriolet. Après une course folle, le chouan est pris au carrefour de l’Odéon. Au cours de ses interrogatoires, il avoue ses desseins et annonce la prochaine venue en France d’un membre de la famille des Bourbons, ce qui amène Bonaparte à faire enlever le duc d’Enghien. Le procès Cadoudal se déroule à Paris après la proclamation de l’Empire. Le chouan revendique pour lui seul la responsabilité du complot. Finalement, Moreau recevra un ordre d’exil, Polignac et Rivière seront graciés par Napoléon, mais Cadoudal montera sur l’échafaud le 25 juin 1804.
25 juin 1804 : Cadoudal refuse de demander sa grâce. Onze ans après l'année terrible de 1793, l'échafaud se dresse toujours en plein Paris ! Depuis la Terreur, on n'avait jamais vu en un seul jour répandre tant de sang: on va tuer onze de ses compagnons avec lui !
Fils d'un meunier du Morbihan, "Georges", le colosse, rebelle indomptable et Chouan depuis la première heure, resta fidèle jusqu'au bout au Roi et à la Foi. Ferme jusqu'au dernier moment de son existence, il dit au bourreau: "Monsieur, on a dû vous apprendre que j'ai demandé à mourir le premier. C'est à moi, d'ailleurs, de montrer l'exemple."
Il avait été nommé Lieutenant Général par le Comte d'Artois.
Après avoir eu la vie de fidélité et d'héroïsme que l'on sait, il atteint au sublime en déclarant à ses compagnons: "Nous avions assez souvent battu les bleus pour avoir droit à la mort de soldats ; mais nous ne devons rien regretter, en nous rappelant que l'échafaud sur lequel nous allons monter a été consacré par le martyre de notre roi !"
Il retrouvait là la veine épique et héroïque de cette femme Tricot qui, pour réconforter ses parents qu'on allait guillotiner, leur lança: "Souvenez-vous que votre Dieu est mort sur une Croix, et votre Roi sur l'Echafaud !..."
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