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  • LA CITOYENNE CORDAY

     

    Massacres de Septembre, vus par Charles Dyckens.
    Massacres de Septembre, vus par Charles Dyckens.
    © Hablot K. Browne
    The Writings of Charles Dickens, "A Tale of Two Cities", "The Sea rises".

    Cet acte de cannibalisme se passe en 1789. Or, ce n’est qu’en février 1791, six mois après, que Charlotte sort de l’abbaye. Son père part à Argentan, et la fille trouve un asile décent chez sa tante à la mode de Bretagne, Madame Coutellier de Bretteville-Gouville, laquelle vit à Caen, rue Saint-Jean, près de l'hôtel de Faudoas [1]. Cette dame, âgée d'environ soixante ans, qui est restée royaliste, comme certains de ses proches, invite sa nièce à boire un verre à la santé du roi. Charlotte ne boit pas. Elle admet que Louis XVI est un homme bon, mais elle ne le juge pas vertueux. Pour elle, un roi ne peut apporter que la misère à son peuple. Madame Coutellier de Bretteville-Gouville est désolée par cette attitude. Elle lui reproche de vivre dans le passé, en lisant et relisant sans cesse Plutarque et Corneille. Charlotte lui répond :

     

    C’est possible, mais j’aurais préféré vivre à Athènes ou à Sparte, qui comptaient de nombreuses femmes courageuses .

    Mais lors des dîners, elle parle volontiers de ses lectures favorites. Elle vit la plus du temps avec les trois domestiques de sa tante. L’un d’eux, Augustin Leclerc, qui tient un rôle d’intendant, est tourné vers les idées des Lumières. Charlotte Corday, la jeune patriote, s’entend bien avec lui.

    Cette vestale de la Révolution confie à une amie : Jamais je ne renoncerai à ma chère liberté, jamais vous n’aurez sur l’adresse de vos lettres à me donner le titre de Madame. Certes, comme l’écrit Maurice Ulrich, des jeunes hommes fréquentent cependant Mme de Bretteville. Aussi bien le marquis de Faudoas, monarchiste, que Bougon-Langrais, fonctionnaire de l’administration départementale, qui deviendra en 1792 procureur général syndic du département, et Doulcet de Pontécoulant, qui sera député à la Convention. Ils sont au coeur des débats du temps et bientôt de ses convulsions .

    Son ami Boisjugau de Maingré est pris, en 1792, les armes à la main, et fusillé comme traître à son pays [2]. Les massacres de septembre inspirent à Charlotte une horreur désespérée [11]. Olympe de Gouges, la rédactrice de la Déclaration des droits de la femme, dénonce le boutefeu Marat. Journaux et articles arrivent jusqu’à Caen. Pour Charlotte, le principal responsable de ces milliers de morts est Marat.

     

    Source : http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Charlotte_Corday/11022708

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  • REVOLUTION 1789

       

     
     

    ODE À MARIE-ANNE-CHARLOTTE CORDAY

     

    Quoi ! tandis que partout, ou sincères ou feintes,
    Des lâches, des pervers, les larmes et les plaintes
    Consacrent leur Marat parmi les immortels ;
    Et que, prêtre orgueilleux de cette idole vile,
    Des fanges du Parnasse, un impudent reptile
    Vomit un hymne infâme au pied de ses autels;

    La Vérité se tait ! Dans sa bouche glacée,
    Des liens de la peur sa langue embarrassée
    Dérobe un juste hommage aux exploits glorieux !
    Vivre est-il donc si doux ? De quel prix est la vie,
    Quand sous un joug honteux la pensée asservie,
    Tremblante, au fond du cœur se cache à tous les yeux ?

    Non, non, je ne veux point t’honorer en silence,
    Toi qui crus par ta mort ressusciter la France,
    Et dévouas tes jours à punir des forfaits.
    Le glaive arma ton bras, fille grande et sublime,
    Pour faire honte aux Dieux, pour réparer leur crime,
    Quand d’un homme à ce monstre ils donnèrent les traits.

    Le noir serpent sorti de sa caverne impure,
    A donc vu rompre enfin sous ta main ferme et sûre
    Le venimeux tissu de ses jours abhorrés !
    Aux entrailles du tigre, à ses dents homicides,
    Tu vins redemander et les membres livides,
    Et le sang des humains qu’il avait dévorés !

    Son œil mourant t’a vue, en ta superbe joie,
    Féliciter ton bras, et contempler ta proie.
    Ton regard lui disait : « Va, tyran furieux,
    Va, cours frayer la route aux tyrans tes complices.
    Te baigner dans le sang fut tes seules délices;
    Baigne-toi dans le tien et reconnais tes Dieux. »

    La Grèce, ô fille illustre, admirant ton courage,
    Épuiserait Paros, pour placer ton image
    Auprès d’Harmodios, auprès de son ami ;
    Et des chœurs sur ta tombe, en une sainte ivresse,
    Chanteraient Némésis, la tardive Déesse,
    Qui frappe le méchant sur son trône endormi.

    Mais la France à la hache abandonne ta tête,
    C’est au monstre égorgé qu’on prépare une fête,
    Parmi ses compagnons, tous dignes de son sort.
    Oh ! quel noble dédain fit sourire ta bouche,
    Quand un brigand, vengeur de ce brigand farouche,
    Crut te faire pâlir aux menaces de mort !

    C’est lui qui dut pâlir ; et tes juges sinistres,
    Et notre affreux sénat, et ses affreux ministres,
    Quand, à leur tribunal, sans crainte et sans appui,
    Ta douceur, ton langage et simple et magnanime,
    Leur apprit qu’en effet, tout puissant qu’est le crime,
    Qui renonce à la vie est plus puissant que lui.

    Longtemps, sous les dehors d’une allégresse aimable,
    Dans ses détours profonds ton âme impénétrable
    Avait tenu cachés les destins du pervers.
    Ainsi, dans le secret amassant la tempête,
    Rit un beau ciel d’azur, qui cependant s’apprête
    À foudroyer les monts, et soulever les mers.

    Belle, jeune, brillante, aux bourreaux amenée,
    Tu semblais t’avancer sur le char d’hyménée,
    Ton front resta paisible, et ton regard serein.
    Calme sur l’échafaud, tu méprisas la rage
    D’un peuple abject, servile, et fécond en outrage,
    Et qui se croit alors et libre et souverain.

    La vertu seule est libre. Honneur de notre histoire,
    Notre immortel opprobre y vit avec ta gloire,
    Seule tu fus un homme, et vengeas les humains.
    Et nous, eunuques vils, troupeau lâche et sans âme,
    Nous savons répéter quelques plaintes de femme,
    Mais le fer pèserait à nos débiles mains.

    Non ; tu ne pensais pas qu’aux mânes de la France
    Un seul traître immolé suffit à sa vengeance,
    Ou tirât du chaos ses débris dispersés.
    Tu voulais, enflammant les courages timides,
    Réveiller les poignards sur tous ces parricides,
    De rapine, de sang, d’infamie engraissés.

    Un scélérat de moins rampe dans cette fange.
    La vertu t’applaudit. De sa mâle louange
    Entends, belle héroïne, entends l’auguste voix.
    Ô vertu, le poignard, seul espoir de la terre,
    Est ton arme sacrée, alors que le tonnerre
    Laisse régner le crime, et te vend à ses lois !

    André Chénier fut lui aussi guillotiné, le 7 thermidor an II (25 juillet 1794).

      

      

      

     

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  • SON EXÉCUTION

     

    Exécution de Charlotte Corday.
    Exécution de Charlotte Corday.
    © Yan Dargent
    Histoire de la Révolution, du Consulat et de l'Empire

    Mais voici les derniers moments. Elle demande au prêtre de ne pas l’importuner. Elle en rit avec le peintre qui termine son portrait : Que voulais t’il ? Que je demande pardon pour une bonne action.Elle enfile elle-même la robe rouge des condamnés. Charlotte demande à rester debout dans la charrette qui la mène à la guillotine pour regarder les Parisiens dans les yeux. La charrette la conduit à la place de la Révolution. Le bourreau Sanson est à ses côtés. Il dit avoir reconnu à une fenêtre de la rue Saint-Honoré Robespierre, Camille Desmoulins et Danton.

     

    Vous trouvez que c’est bien long ? dit-il à la jeune femme.

    Bah, nous sommes toujours sûrs d’arriver, lui répond-elle en bonne Normande.

    Sanson veut lui cacher la guillotine : J’ai bien le droit d’être curieuse, je n’en avais jamais vu. Seule, elle gravit l’escalier. D’elle-même elle se place sur la bascule. Sanson n’est pas encore monté mais il veut aller vite et fait un signe à son aide, Fermin. Le couperet tombe [1]. Le jeune Camille Desmoulins parle d’une belle mort [32].

    Le quotidien Le Monde, nous rappelle que Sanson la dit martyre de la liberté et Jeanne d’Arc de la démocratie. Les héros de Plutarque étaient ses seuls amis ; nourris de cette moelle de lion, elle dédaignait toute lecture qui ne pouvait fortifier les généreuses aspirations de son cœur. En montant sur l’échafaud, elle n’a que vingt-quatre ans, un âge où la mort engendre la légende [9]. Alors viennent à certains d’entre nous les images de ce jeune étudiant chinois devant les chars des communistes place Tien-Amen, de l’opération Walkyrie du comte Claus Philip Maria Schenk von Stauffenberg ou des derniers moments du poète Mishima.

    Bloc-feuillet de Madagascar commémorant l'exécution de Charlotte Corday.
    Bloc-feuillet de Madagascar commémorant l'exécution de Charlotte Corday.
    © Bloc-feuillet de 1989.
    Postes malgaches.

    Charlotte Corday, cette figure étrange et énergique, à qui l'antiquité eût dressé des statues, vit et meurt loin des truismes lénifiants, des révoltes de salon, des autocongratulations et des leçons de morale que nous assènent régulièrement les philosophes germanopratins, médiatisés et cyniques [9] C’est le destin, hélas peu banal, d’une jeune normande, qui tue un tyran, responsable de la mort de milliers d’innocents et qui dans sa baignoire organise la mort prochaine de 300.000 Français. 300.000 hommes et femmes est un chiffre hallucinant en 1793 ! Marat annonce par ses écrits les crimes des idéologies totalitaires du XXe s.. A l’époque des derniers jours de Charlotte Corday, le peintre David se réjouit avec ses complices : Qui se souviendra d’elle ?Pourtant dix-huit mois après son exécution, les restes de Marat sont retirés du Panthéon.

     

    En cas d’échec de cette héroïne française - autant qu’universelle dans sa lutte contre la tyrannie [9] - que serait-il advenu de nous ?

     

    NOTES ET RÉFÉRENCES :

     

    1. Maurice Ulrich, Le destin de Charlotte Corday, L’Humanité 16 juillet 2009.

    2. Histoire de la révolution française, Louis Blanc, Pagnerre, 1867, 2e édition, v. 9-10.

    3. Jacques François de Corday d’Armont, ou les espoirs déçus d’un noble en Révolution (1787-1793), Guillaume Mazeau, Revue historique 2009/2, n° 650, p. 345-369.

    4. Albanese (Ralph), Corneille à l’école républicaine : du mythe héroïque à l’imaginaire politique en France, 1800-1950, Paris : L’Harmattan, 2008.

    5. The search for modern tragedy: aesthetic fascism in Italy and France, Mary Ann Frese Witt, Cornell University Press, 2001.

    6. Xavier Rousseau : Les de Corday au Pays d'Argentan, Editions du Pays d'Argentan, 1938.

    7. Bernardine Melchior-Bonnet, Charlotte Corday, Perrin, 2000.

    8. Michel Onfray, La Religion du poignard, Galilée, 2009.

    9. Onfray et Charlotte Corday, Le Monde, 19 mai 2009.

    10. Paris révolutionnaire, Chez Guillaumin, 1834.

    11. Charlotte Corday, Michel Corday, E. Flammarion, 1929.

    12. Marat en famille: la saga des Mara(t), Charlotte Goëtz, Pôle nord, 2001.

    13. Du Bois,Louis (1773-1855) : Glossaire du patois normand, augmenté des deux tiers, et publié par M. Julien Travers.1856.

    14. Mémoires de Brissot, publiés par Ladvocat et Montrol, Paris, 1830-32, tome I.

    15. Gérard Walter, Marat, Albin Michel, 1960.

    16. Bernardine Melchior-Bonnet, La Révolution, Larousse, 1988.

    17. Le massacreur de Septembre J.P Marat.

    18. Charlotte Corday, Jacqueline Dauxois, Albin Michel, 1988.

    19. Guy de Rambaud, Pour l’amour du Dauphin, Anovi 2005.

    20. Frédéric Bluche, Danton, Librairie Académique Perrin, 1984.

    21. Godefroy Éléonore Louis Cavaignac, Paris révolutionnaire, Pagnerre, 1838, v. 2
    22. Revue britannique, Volumes 1-2, Dondey-Dupré, père et fils, 1850.

    23. Cannibalisme, anthropophagie et hémophagie.

    24. Histoire des Girondins, Alphonse de Lamartine, Tarride, 1850, 5e édition.

    25. Essai historique et critique sur la révolution française: ses causes, ses résultats, avec les portraits des hommes les plus célèbres, Pierre Paganel, C.L.Y. Panckoucke, 1815

    26. Le Comte Boissy d'Anglas, Alice Saunier-Seïté, Editions France Univers, 2001.

    27. Jean Epois, L'affaire Corday-Marat : prélude à la Terreur, Volume 3 de Le Cercle d'or histoire, 1980.

    28. Histoire de la révolution française, Jules Michelet, Chamerot, 1847, v.2.

    29. Jacques Guilhaumou, La mort de Marat, 1793, Volume 212 de La Mémoire des siècles, Editions Complexe, 1989

    30.. Les Femmes et la Révolution française: modes d'action et d'expression, nouveaux droits, nouveaux devoirs : actes du colloque international 12-13-14 avril 1989 / Université de Toulouse-Le Mirail. Éd. préparée par Marie-France Brive, Université de Toulouse-Le Mirail. Centre de promotion de la recherche scientifique, Presses universitaires du Mirail, 1990, Volume 2.

    31. Amédée Gabourd, Histoire de la révolution et de l'empire, Volume 7, Jacques Lecoffre, 1859.

    32. Charlotte de Corday et les Girondins, Charles Vatel, Adamant Media Corporation, Tome 3.

    33. Histoire parlementaire, v. XXXII, p.95.

    34. Citoyennes: les femmes et la Révolution française, Annette Rosa, Messidor, 1988

    35. Propagande et philatélie

    36. Alphonse Esquiros, Charlotte Corday, Paris, Desessarts, 1840.

     

    source : http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Charlotte_Corday/11022708

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  • UN SIMULACRE DE PROCÈS

     

    Charlotte Corday demeure deux jours à la prison de l’Abbaye. Elle est surveillée en permanence par un garde qui est dans sa cellule 24h sur 24 et n’a donc aucune intimité. Son procès y est instruit. Elle revendique un républicanisme directement issu des Lumières, empreint d’idéal et de pureté. Elle s’affirme comme républicaine romaine, version revue et corrigée par le Grand Siècle – autrement dit Bravoure, Vertu, Honneur, Droiture [9].

    Fouquet-Tinville choisit les juges les plus favorables aux Montagnards. Il demande à ce que ne soient présents que des témoins à charge et que le peuple soit là pour faire peur aux jurés. Il conseille au président Montanet de ne prévenir l’avocat qu’elle a choisi que trop tard.

    La veille du simulacre de procès qui va inéluctablement la conduire à l’échafaud révolutionnaire, la jeune Charlotte écrit à son père, veuf depuis quelques années, une lettre concise, particulièrement digne et émouvante :

    Pardonnez-moi, mon cher papa, d’avoir disposé de mon existence sans votre permission. J’ai vengé bien d’innocentes victimes, j’ai prévenu bien d’autres désastres. Le peuple, un jour désabusé, se réjouira d’être délivré d’un tyran. Si j’ai cherché à vous persuader que je passais en Angleterre, c’est que j’espérais garder l’incognito, mais j’en ai reconnu l’impossibilité. J’espère que vous ne serez point tourmenté. En tout cas, je crois que vous auriez des défenseurs à Caen. J’ai pris pour défenseur Gustave Doulcet : un tel attentat ne permet nulle défense, c’est pour la forme. Adieu, mon cher papa, je vous prie de m’oublier, ou plutôt de vous réjouir de mon sort, la cause en est belle. J’embrasse ma sœur que j’aime de tout mon cœur, ainsi que tous mes parents. N’oubliez pas ce vers de Corneille :

    Le crime fait la honte, et non pas l’échafaud !

    C’est demain à huit heures, qu’on me juge. Ce 16 juillet.

    Caricature anglaise du procès de la "heroic Charlotte la Cordé" qui a tué le "Regicide Marat".
    Caricature anglaise du procès de la "heroic Charlotte la Cordé" qui a tué le "Regicide Marat".
    © Guy de RAMBAUD
    Guy de RAMBAUD

    Elle comparaît devant le tribunal révolutionnaire [32]. La contenance de Charlotte est ferme, son air modeste. La fierté de ses regards est tempérée par un double sentiment de dignité et de douceur. Mais parfois elle affecte l'attitude des héroïnes de théâtre, elle se glorifie volontiers de son crime [32]. Alphonse Esquiros, élu d’extrême-gauche, dans sa Charlotte Corday, écrit en 1840 :

     

    Depuis quelques instants le dialogue s'était élevé à la hauteur d'une scène de Corneille. Tout l'auditoire admirait. Charlotte Corday était sublime dans sa simplicité : ses yeux bleus jetaient un grand éclat, tempéré par de longs cils presque toujours abaissés modestement ; son port magnifique, ses belles épaules, les plans larges et développés de sa poitrine saillante, donnaient à son attitude calme une certaine fierté romaine qui était d'un effet fort imposant. Sa figure se tenait toujours à l'unisson des sentiments que sa bouche exprimait ; ses traits mobiles suivaient l'âme avec une prestesse et une fidélité charmantes, dans ses moindres émotions, qu'accompagnait merveilleusement sa belle voix. Aux jeux même de ceux qui désapprouvaient son crime, Charlotte Corday était dans ce moment-là une femme adorable et surhumaine : on lui eût baisé les pieds [36].

    On a impliqué dans son procès les députés Claude-Romain Lauze-Duperret (1747-1793) et Claude Fauchet (1744-1793), tous deux Girondins. A leur égard l'instruction ne paraît pas assez avancée, et l'on ajourne leur comparution en justice [32]. Ils seront condamnés à mort plus tard.

    Interrogée par le président, Charlotte Corday répond avec la fermeté tranquille de la conviction et de l'innocence, ne cherchant point à affaiblir la vérité, ne contestant aucune charge dirigée contre elle, évitant toutefois de rien dire qui puisse compromettre les députés girondins présents ou absents.

    C'est moi, dit-elle, qui ai tué Marat.

    Qui vous a engagée à commettre cet assassinat ? lui demande le président.

    Ses crimes.

    Qu'entendez-vous par ses crimes?

    Les malheurs dont il est cause depuis la révolution.

    Quelles étaient vos intentions?

    De faire cesser les troubles.

    Depuis quand aviez-vous formé ce projet ?

    Depuis le 31 mai, jour de l'arrestation des députés du peuple.

    N'avez-vous point assisté aux conciliabules des députés transfuges à Caen ?

    Non : j'étais républicaine bien avant la révolution ; j'ai tué un homme pour en sauver cent mille. Je n'ai jamais manqué d'énergie.

    Qu'entendez-vous par énergie?

    L'action de mettre de côté l'intérêt particulier, et de se sacrifier pour la patrie.

    Qui vous a conseillé de commettre cet assassinat ?

    Personne.

    Croyez-vous avoir tué tous les Marats ?

    Non, certainement.

    N'étiez-vous pas l'amie de quelques-uns des députés transfuges?

    Non.

    Était-ce à un prêtre assermenté ou insermenté que vous alliez à confesse ?

    Je n'allais ni aux uns ni aux autres; je n'avais point de confesseur.

    Exécution des Girondins.
    Exécution des Girondins.
    © Duplessi-Bertaux
    Vergniaud, Eugène Lintilhac (1920)

    Un jeune homme qui l’a coiffée une fois et qui relate seulement les faits est arrêté. Montanet va se retrouver emprisonné. Une révolutionnaire vient témoigner sur un ton agressif qu’elle l’a vu à la Convention avec le député Claude-Romain Lauze-Duperret(1747-1793).Le but n’est pas de faire condamner Charlotte, mais cet élu girondin afin d’étayer la thèse du complot girondin. En permanence, l’accusateur public menace les témoins, les juges, et fait taire l’accusée. Son avocat désigné par le président du tribunal ne la défend pas et parle de son fanatisme politique et de son exaltation, alors qu’elle est très calme et ne parle que des droits de l’homme et des appels au crime de Marat que tout le monde connaît.

     

    La parole est donnée à Fouquier-Tinville. Celui-ci est un insomniaque, victime d'hallucinations terrifiantes. Les révolutionnaires les plus extrémistes vont lui donner le pouvoir de tuer des milliers d’innocents. La tâche de l'accusateur public est facile à remplir : l'accusée avoue tous les faits à sa charge. Elle revendique son crime, pour éviter 100.000 victimes. Quand le défenseur, Chauveau-Lagarde s'acquitte à son tour de sa pénible mission, il se borne à demander aux jurés de vouloir bien faire la part de l'exaltation et du fanatisme politique. Au bout de quelques instants, l'arrêt de mort est rendu. Le procès dure quelques heures mais Fouquier-Tinville et Robespierre pensent qu’il faut supprimer tout cela [31]. Etant sûrs de pouvoir éliminer les Girondins, ils commencent à menacer tous ceux qu’ils rencontrent de la guillotine. Le Président Montanet en est un exemple. Il sera agressé par les bandes armées qui tiennent Paris et jeté en prison par Fouquier-Tinville. D’après Madame Roland, il évite de très peu la mort.

    Charlotte Corday entend prononcer sa sentence, et son beau visage ne donne aucun signe d'émotion. Rentrée dans sa prison, elle consacre le temps qui lui reste à écrire à son père et à Barbaroux. Elle se prépare à sa mort.

                                                                                                                 SUITE     .....................

    SOURCE ; http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Charlotte_Corday/11022708

      

      

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  •    SUITE .....................TUER LE DIEU ANTHROPOPHAGE

     

    Figure féminine, style péloponnésien, venant certainement de Sparte
    Figure féminine, style péloponnésien, venant certainement de Sparte
    © Marie-Lan Nguyen
    Louvre, Department of Greek, Etruscan and Roman antiquities, Sully, first floor, room 32.

    Le 9 juillet, Charlotte Corday prend seule la diligence pour Paris, où elle n’est jamais allée. Elle s’installe à l’hôtel de la Providence, au numéro 19 de la rue des Vieux-Augustins. Là, elle rédige une Adresse aux Français amis des lois et de la paix. Elle cite Voltaire : Mon devoir me suffit, tout le reste n’est rien. Le 13 juillet, à 8 heures, dans une boutique du Palais-Royal, elle achète un couteau ordinaire, qu’elle paye quarante sous [1].

     

    Marat vit avec Simone Evrard rue des Cordeliers, une couturière provinciale qui a pignon sur rue au faubourg Saint Honoré. Pour vivre, il accepte l’argent d’une jeune maîtresse qui le loge et l’entretient [27]. Il la traite comme une esclave et reçoit Charlotte, car elle est jeune et a une jolie voix. Il va jusqu’à lui demander si elle est belle ! Sale, hideux, pauvre, elle le soigne; elle préfère à tout d'être, au fond de la terre, la servante de Marat, écrit Michelet dans son Histoire de la révolution française [28].

    Alphonse de Lamartine va imaginer la scène dans son Histoire des Girondins [24] :

    Soit jalousie, soit défiance, Albertine Marat obéit avec répugnance. Elle introduisit la jeune fille dans la petite pièce où se tenait Marat, et laissa, en se retirant, la porte du corridor entrouverte, pour entendre le moindre mot ou le moindre mouvement de son frère. Cette pièce était faiblement éclairée. Marat était dans son bain. Dans ce repos forcé de son corps, il ne laissait pas reposer son âme. Une planche mal rabotée, posée sur la baignoire, était couverte de papiers, de lettres ouvertes et de feuilles commencées. Charlotte évita d’arrêter son regard sur lui, de peur de trahir l’horreur de son âme à cet aspect. Debout, les yeux baissés, les mains pendantes auprès de la baignoire, elle attend que Marat l’interroge sur la situation de la Normandie. Elle répond brièvement, en donnant à ses réponses le sens et la couleur propres à flatter les dispositions présumées du démagogue. Il lui demande ensuite les noms des députés réfugiés à Caen. Elle les lui dicte. Il les note, puis, quand il a fini d’écrire ces noms : "C’est bien ! dit-il de l’accent d’un homme sûr de sa vengeance, avant huit jours ils iront tous à la guillotine." À ces mots, comme si l’âme de Charlotte eût attendu un dernier forfait pour se résoudre à frapper le coup, elle tire de son sein le couteau et le plonge, avec une force surnaturelle jusqu’au manche dans le coeur de Marat. Charlotte retire du même mouvement le couteau ensanglanté du corps de la victime et le laisse glisser à ses pieds. "À moi, ma chère amie ! À moi !" s’écrie Marat, et il expire sous le coup.

    Après avoir liquidé Marat la jeune Charlotte Corday est agressée par une foule vengeresse.
    Après avoir liquidé Marat la jeune Charlotte Corday est agressée par une foule vengeresse.
    © "L'assassinat de Marat", par Jean-Joseph Weerts
    Roubaix, Musée d'Art et d'Industrie.

    La conversation dure environ un quart d’heure. La moderne Judith résiste à la vision de cet être très laid, qui commence à se putréfier et de draps sales sur la baignoire [29]. L’odeur est, paraît-il, insupportable. Ses propos odieux la poussent à l’acte. Selon les dernières études sur son acte kamikaze, Charlotte ne fait que précipiter les choses. Marat est mourant. Ses jours, au mieux ses semaines, sont comptés. Bien involontairement, la jeune Normande abrège ses souffrances.

     

    La pauvre femme qui vivait avec ce tyran s’écrie Pourquoi l’as-tu tué c’était un saint ! Pour elle, un démagogue responsable de la mort de milliers d’ecclésiastiques, cela s’appelle un saint. Bien des Français chuchotent au contraire au milieu de nos plus grands malheurs, elle a osé frapper le monstre Marat, cet anthropophage révolutionnaire, le digne précepteur des assassins de France ! [30].

    La citoyenne Evrard va déposer longuement devant le tribunal. Ce témoignage nous dit ce qui se passe après l’élimination de Marat : Un cri parti du cabinet où était Marat m'a fait accourir ; j'ai appelé les voisins, et les voisins étant venus, j'ai couru vers Marat : il m'a regardé sans rien dire; j'ai aidé à le sortir du bain ; alors il a expiré... La jeune fille est frappée par les voisins, qui veulent la tuer [31]. Le commissaire de police du quartier, les représentants l’escortant vers la prison voisine de l’Abbaye ont une obsession : empêcher la vengeance punitive du peuple, pour mieux soumettre Charlotte à la justice révolutionnaire et prévenir un complot qu’ils imaginent vaste.

    Charlotte Corday après avoir été agressé par la foule qui veut venger Marat est arrêtée et conduite en prison.
    Charlotte Corday après avoir été agressé par la foule qui veut venger Marat est arrêtée et conduite en prison.
    © Yan Dargent
    Histoire de la Révolution, du Consulat et de l'Empire d'Adolphe Thiers

      

      

    Les papiers inédits de Courtois nous montrent que Robespierre, homme d’ordre, naguère opposé à la peine de mort, se réjouit de la mort de Marat et dit à plusieurs députés de la Convention montagnarde : Marat a fait bien des sottises, il était temps qu’il finît.

      

    Danton prédit quelques jours après la mort de Marat celle d’un orateur exalté [32]. Saint-Just écrira dans son rapport sur les Dantonistes : Danton faisoit le familier près de Marat, qu’il détestoit, mais qu’il craignoit [33]. Cela ne va pas empêcher l’encre des journaux de verser sur Marat, le dieu anthropophage, des flots de larmes [34].

     

    On ne sait quels sont les chemins qui amenènent Charlotte Corday à sa décision, ni à quel moment elle l’a prise. A-t-elle été manipulée par certains Girondins ?

      

    Rien ne sera jamais prouvé dans ce sens mais il semble clair que, pour elle, Marat est le tyran sanguinaire qu’il faut à tout prix abattre. Maurice Ulrich, dans L’Humanité, écrit : Au soir, elle entre dans l’histoire avec Jean-Paul Marat. Longtemps la droite la plus réactionnaire la revendiquera comme l’une des siennes. Ce qui est très réducteur.

      

    En effet, les manuels scolaires de la IIIe République, la télévision ou les objets les plus divers de la culture de masse et surtout les érudits locaux, les passionnés de faits divers, les Michelet, les Alphonse Esquiros, les Victor Hugo (invoquant Charlotte lors d’une séance spirite), les Munch et les Picasso… n’ont rien à voir avec la droite la plus réactionnaire.

      

    Ce n’est qu’à partir de 1850 qu’une partie de la droite conservatrice et monarchiste ose créer une icône imaginaire, Charlotte la contre-révolutionnaire. Par contre, Marat ne va être timbrifié que par les régimes totalitaires [35]. En URSS, son nom devient même un prénom à la mode. Le régime soviétique va même jusqu'à baptiser un cuirassé du nom de Marat à l'époque où le pays compte des millions et des millions de morts du fait des famines.

    Le procès de Charlotte permet de mieux comprendre ce qu’est la justice du temps de la pré-Terreur.

                                                                                                                                                                SUITE .....................      

    source : http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Charlotte_Corday/11022708

      

      

      

      

     

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  • LA CITOYENNE CORDAY

     

    Massacres de Septembre, vus par Charles Dyckens.
    Massacres de Septembre, vus par Charles Dyckens.
    © Hablot K. Browne
    The Writings of Charles Dickens, "A Tale of Two Cities", "The Sea rises".
     

    Cet acte de cannibalisme se passe en 1789. Or, ce n’est qu’en février 1791, six mois après, que Charlotte sort de l’abbaye. Son père part à Argentan, et la fille trouve un asile décent chez sa tante à la mode de Bretagne, Madame Coutellier de Bretteville-Gouville, laquelle vit à Caen, rue Saint-Jean, près de l'hôtel de Faudoas [1]. Cette dame, âgée d'environ soixante ans, qui est restée royaliste, comme certains de ses proches, invite sa nièce à boire un verre à la santé du roi. Charlotte ne boit pas. Elle admet que Louis XVI est un homme bon, mais elle ne le juge pas vertueux. Pour elle, un roi ne peut apporter que la misère à son peuple. Madame Coutellier de Bretteville-Gouville est désolée par cette attitude. Elle lui reproche de vivre dans le passé, en lisant et relisant sans cesse Plutarque et Corneille. Charlotte lui répond :

     

    C’est possible, mais j’aurais préféré vivre à Athènes ou à Sparte, qui comptaient de nombreuses femmes courageuses [10].

    Mais lors des dîners, elle parle volontiers de ses lectures favorites. Elle vit la plus du temps avec les trois domestiques de sa tante. L’un d’eux, Augustin Leclerc, qui tient un rôle d’intendant, est tourné vers les idées des Lumières. Charlotte Corday, la jeune patriote, s’entend bien avec lui.

    Cette vestale de la Révolution confie à une amie : Jamais je ne renoncerai à ma chère liberté, jamais vous n’aurez sur l’adresse de vos lettres à me donner le titre de Madame. Certes, comme l’écrit Maurice Ulrich, des jeunes hommes fréquentent cependant Mme de Bretteville. Aussi bien le marquis de Faudoas, monarchiste, que Bougon-Langrais, fonctionnaire de l’administration départementale, qui deviendra en 1792 procureur général syndic du département, et Doulcet de Pontécoulant, qui sera député à la Convention. Ils sont au coeur des débats du temps et bientôt de ses convulsions [1].

    Son ami Boisjugau de Maingré est pris, en 1792, les armes à la main, et fusillé comme traître à son pays [2]. Les massacres de septembre inspirent à Charlotte une horreur désespérée [11]. Olympe de Gouges, la rédactrice de la Déclaration des droits de la femme, dénonce le boutefeu Marat. Journaux et articles arrivent jusqu’à Caen. Pour Charlotte, le principal responsable de ces milliers de morts est Marat.

     

      

      

    SUITE .....................Source :http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Charlotte_Corday/11022708

      

      

      

      

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