• Charlotte CORDAY.. un simulâcre de procès....

    UN SIMULACRE DE PROCÈS

     

    Charlotte Corday demeure deux jours à la prison de l’Abbaye. Elle est surveillée en permanence par un garde qui est dans sa cellule 24h sur 24 et n’a donc aucune intimité. Son procès y est instruit. Elle revendique un républicanisme directement issu des Lumières, empreint d’idéal et de pureté. Elle s’affirme comme républicaine romaine, version revue et corrigée par le Grand Siècle – autrement dit Bravoure, Vertu, Honneur, Droiture [9].

    Fouquet-Tinville choisit les juges les plus favorables aux Montagnards. Il demande à ce que ne soient présents que des témoins à charge et que le peuple soit là pour faire peur aux jurés. Il conseille au président Montanet de ne prévenir l’avocat qu’elle a choisi que trop tard.

    La veille du simulacre de procès qui va inéluctablement la conduire à l’échafaud révolutionnaire, la jeune Charlotte écrit à son père, veuf depuis quelques années, une lettre concise, particulièrement digne et émouvante :

    Pardonnez-moi, mon cher papa, d’avoir disposé de mon existence sans votre permission. J’ai vengé bien d’innocentes victimes, j’ai prévenu bien d’autres désastres. Le peuple, un jour désabusé, se réjouira d’être délivré d’un tyran. Si j’ai cherché à vous persuader que je passais en Angleterre, c’est que j’espérais garder l’incognito, mais j’en ai reconnu l’impossibilité. J’espère que vous ne serez point tourmenté. En tout cas, je crois que vous auriez des défenseurs à Caen. J’ai pris pour défenseur Gustave Doulcet : un tel attentat ne permet nulle défense, c’est pour la forme. Adieu, mon cher papa, je vous prie de m’oublier, ou plutôt de vous réjouir de mon sort, la cause en est belle. J’embrasse ma sœur que j’aime de tout mon cœur, ainsi que tous mes parents. N’oubliez pas ce vers de Corneille :

    Le crime fait la honte, et non pas l’échafaud !

    C’est demain à huit heures, qu’on me juge. Ce 16 juillet.

    Caricature anglaise du procès de la "heroic Charlotte la Cordé" qui a tué le "Regicide Marat".
    Caricature anglaise du procès de la "heroic Charlotte la Cordé" qui a tué le "Regicide Marat".
    © Guy de RAMBAUD
    Guy de RAMBAUD

    Elle comparaît devant le tribunal révolutionnaire [32]. La contenance de Charlotte est ferme, son air modeste. La fierté de ses regards est tempérée par un double sentiment de dignité et de douceur. Mais parfois elle affecte l'attitude des héroïnes de théâtre, elle se glorifie volontiers de son crime [32]. Alphonse Esquiros, élu d’extrême-gauche, dans sa Charlotte Corday, écrit en 1840 :

     

    Depuis quelques instants le dialogue s'était élevé à la hauteur d'une scène de Corneille. Tout l'auditoire admirait. Charlotte Corday était sublime dans sa simplicité : ses yeux bleus jetaient un grand éclat, tempéré par de longs cils presque toujours abaissés modestement ; son port magnifique, ses belles épaules, les plans larges et développés de sa poitrine saillante, donnaient à son attitude calme une certaine fierté romaine qui était d'un effet fort imposant. Sa figure se tenait toujours à l'unisson des sentiments que sa bouche exprimait ; ses traits mobiles suivaient l'âme avec une prestesse et une fidélité charmantes, dans ses moindres émotions, qu'accompagnait merveilleusement sa belle voix. Aux jeux même de ceux qui désapprouvaient son crime, Charlotte Corday était dans ce moment-là une femme adorable et surhumaine : on lui eût baisé les pieds [36].

    On a impliqué dans son procès les députés Claude-Romain Lauze-Duperret (1747-1793) et Claude Fauchet (1744-1793), tous deux Girondins. A leur égard l'instruction ne paraît pas assez avancée, et l'on ajourne leur comparution en justice [32]. Ils seront condamnés à mort plus tard.

    Interrogée par le président, Charlotte Corday répond avec la fermeté tranquille de la conviction et de l'innocence, ne cherchant point à affaiblir la vérité, ne contestant aucune charge dirigée contre elle, évitant toutefois de rien dire qui puisse compromettre les députés girondins présents ou absents.

    C'est moi, dit-elle, qui ai tué Marat.

    Qui vous a engagée à commettre cet assassinat ? lui demande le président.

    Ses crimes.

    Qu'entendez-vous par ses crimes?

    Les malheurs dont il est cause depuis la révolution.

    Quelles étaient vos intentions?

    De faire cesser les troubles.

    Depuis quand aviez-vous formé ce projet ?

    Depuis le 31 mai, jour de l'arrestation des députés du peuple.

    N'avez-vous point assisté aux conciliabules des députés transfuges à Caen ?

    Non : j'étais républicaine bien avant la révolution ; j'ai tué un homme pour en sauver cent mille. Je n'ai jamais manqué d'énergie.

    Qu'entendez-vous par énergie?

    L'action de mettre de côté l'intérêt particulier, et de se sacrifier pour la patrie.

    Qui vous a conseillé de commettre cet assassinat ?

    Personne.

    Croyez-vous avoir tué tous les Marats ?

    Non, certainement.

    N'étiez-vous pas l'amie de quelques-uns des députés transfuges?

    Non.

    Était-ce à un prêtre assermenté ou insermenté que vous alliez à confesse ?

    Je n'allais ni aux uns ni aux autres; je n'avais point de confesseur.

    Exécution des Girondins.
    Exécution des Girondins.
    © Duplessi-Bertaux
    Vergniaud, Eugène Lintilhac (1920)

    Un jeune homme qui l’a coiffée une fois et qui relate seulement les faits est arrêté. Montanet va se retrouver emprisonné. Une révolutionnaire vient témoigner sur un ton agressif qu’elle l’a vu à la Convention avec le député Claude-Romain Lauze-Duperret(1747-1793).Le but n’est pas de faire condamner Charlotte, mais cet élu girondin afin d’étayer la thèse du complot girondin. En permanence, l’accusateur public menace les témoins, les juges, et fait taire l’accusée. Son avocat désigné par le président du tribunal ne la défend pas et parle de son fanatisme politique et de son exaltation, alors qu’elle est très calme et ne parle que des droits de l’homme et des appels au crime de Marat que tout le monde connaît.

     

    La parole est donnée à Fouquier-Tinville. Celui-ci est un insomniaque, victime d'hallucinations terrifiantes. Les révolutionnaires les plus extrémistes vont lui donner le pouvoir de tuer des milliers d’innocents. La tâche de l'accusateur public est facile à remplir : l'accusée avoue tous les faits à sa charge. Elle revendique son crime, pour éviter 100.000 victimes. Quand le défenseur, Chauveau-Lagarde s'acquitte à son tour de sa pénible mission, il se borne à demander aux jurés de vouloir bien faire la part de l'exaltation et du fanatisme politique. Au bout de quelques instants, l'arrêt de mort est rendu. Le procès dure quelques heures mais Fouquier-Tinville et Robespierre pensent qu’il faut supprimer tout cela [31]. Etant sûrs de pouvoir éliminer les Girondins, ils commencent à menacer tous ceux qu’ils rencontrent de la guillotine. Le Président Montanet en est un exemple. Il sera agressé par les bandes armées qui tiennent Paris et jeté en prison par Fouquier-Tinville. D’après Madame Roland, il évite de très peu la mort.

    Charlotte Corday entend prononcer sa sentence, et son beau visage ne donne aucun signe d'émotion. Rentrée dans sa prison, elle consacre le temps qui lui reste à écrire à son père et à Barbaroux. Elle se prépare à sa mort.

                                                                                                                 SUITE     .....................

    SOURCE ; http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Charlotte_Corday/11022708

      

      

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