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    Le Baptême de Clovis: les origines chrétiennes de la France.

     ARTICLE écrit par
     
    Avec cet article je plonge au commencement même de l’Histoire de la France, autour de la date que tous les écoliers ont appris dans leur chronologie, celle du baptême de Clovis.
      
    Au cours de l’article, j’aurai d’ailleurs l’occasion de dire pourquoi on a en fait, trompé tout le Monde avec cette date du 25 décembre 496 qui ne fut jamais celle du baptême de Clovis. Mais pour moi un tel sujet est primordial pour affirmer une vérité que l’on rechigne accepter aujourd’hui : la France est un pays Chrétien.
      
    Bien sur nous vivons sous un Régime Républicain laïque, bien sur aujourd’hui le catholicisme n’est plus religion d’état, ni même unique religion présente en France. Néanmoins il suffit de battre la campagne française et d’observer le nombre incalculable de calvaires à l’entrée des villages ou celui des clochers d’église, dont les carillons quotidiens ponctuent la vie des personnes depuis des siècles, pour constater que la France est très clairement un pays de tradition et de culture chrétienne.
      
    Les 1500 ans d’Histoire et de Littérature Française qui ont suivit le baptême de Clovis ont, du reste, achevé il me semble, de prouver cette affirmation.
      
      
      
    Si le baptême de Clovis n’avait pas eut lieu, il est facile d’imaginer que notre pays n’aurait jamais été formé et que l’ensemble de notre Histoire et identité culturelle en eut été changée du coup, mais rien ne prouve que le peuple des Francs ne se seraient pas christianisé des années après. Reste que le baptême de leur Roi, à ouvert les portes par enchaînement des faits à l’apparition de la France.
      
    Commençons sans plus tarder et étudions d’abord, comment le peuple des Francs arriva dans un pays appelé la Gaule, qu’ils colonisèrent avant de lui donner leur propre nom. L’apparition du royaume des Francs intervint au moment où l’empire Romain d’occident était en phase finale d’autodestruction.
      
    La raison en était l’entrée de populations barbares entières (Wisigoths, Ostrogoths, Vandales ou Huns) au sein de l’Empire Romain d’occident, sans qu’on les ait assimilé au préalable à la culture Romaine. Pourtant c'est ce que Rome avait fait depuis sa fondation, près de 1300 ans plus tôt. Cette assimilation était totale : elle passait par l’apprentissage du Latin, la latinisation des noms et prénoms, l'adoption des mœurs et coutumes vestimentaires des Romains, autant de choses qu’Ambroise de Milan résuma parfaitement au VIème siècle en déclarant : « A Rome, fais comme les Romains. »
      
      
      
      
      
      
    De fait en forçant des étrangers à renoncer à leurs origines culturelles pour en faire des citoyens Romains à part entière, la République, puis l’Empire parvint à maintenir un socle national parfaitement uni et soudé pour résister aux éventuelles invasions. Mais cette politique changea avec l’arrivée au pouvoir de l’Empereur Commode (que ma génération connait très bien pour l’avoir découvert dans l’excellent film Gladiator de Ridley Scott).
      
      
     Face aux pressions des barbares aux frontières de l’Empire, il préféra laisser entrer les populations en les prenant comme auxiliaire de Rome. Mais il n’exigea aucune assimilation de leur part, il en résultat que des populations s’installèrent dans l’Empire Romain d’Occident, créant des partitions de cet Empire qui se dilata au bout de deux cent ans. Avec le Vème siècle, les barbares profitèrent de la corruption de l’administration Romaine pour réclamer davantage d’autonomie et finirent par créer des royaumes indépendants au sein de l’Empire Romain d’Occident. Dans ce contexte Rome fut mise à sac par le Wisigoth Alaric en 410, provoquant un choc dans l’ensemble de l’Empire.
      
    La ville qui avait dominé le monde connu, entama une descente aux enfers qui s’acheva en 476, quand Odoacre, chef des Hérules déposa le dernier Empereur Romulus Augustule.L’Empire Romain continuait pourtant de survivre en Orient avec Constantinople, à travers l’Empire Byzantin, lui-même ne s’effondrerait qu’en 1453. Restait qu'avec Rome, l’Antiquité mourrait et laissait place au Moyen Age. Faisons après en un zoom sur la Gaule de cette fin du Vème.
     
    Les royaumes barbares en Gaule (476).
    Elle était à l’image même de la division de l’Empire Romain d’Occident, divisée en cinq royaumes (Voir la carte) : les Wisigoths dirigés par Euric s’étaient installés au sud de la Loire et à l’ouest du Rhône, descendant profondément en Espagne et vers l’actuel Languedoc ; les Burgondes installés dans la vallée du Rhône ; les Alamans au Sud du Rhin et dans ce qui correspond à la Bavière ; les Francs Rhénans et Francs Saliens, installés sur un territoire comprenant le nord actuel de la France, la Belgique et le sud des Pays Bas ; et enfin le royaume Romain d’Aegidius, se battant pour lui même depuis la destitution de l’Empereur, sur la Bretagne, la Normandie, l’ile de France et la Picardie.
      
      
      
    Les Francs en eux mêmes étaient un peuple Germanique apparu aux Pays Bas aux alentours de 260 après J-C. Au IVème siècle, les Romains les avaient admis comme fédérés, devant la poussée des Huns, dans la région Rhénane.
      
    De là les Francs se séparèrent en deux : d’un coté les Francs Rhénans (ou Ripuaires) qui s’installèrent dans la région de Cologne et D’Aix la Chapelle, de l’autre les Francs Saliens, qui restèrent dans les Flandres. Ce sont de ces Francs là, qu’un jour Clovis prendrait la tête pour partir à la conquête de la Gaule. Depuis 457, les Francs Saliens étaient dirigés par Chilpéric. En 463, il s’était allié à Aegidius pour repousser les Wisigoths qui menaçaient les alentours de la Seine. Les Wisigoths furent vaincus et repoussés au-delà de la Loire, mais en 464, Aegidius laissa le pouvoir à son fils Syagrius, qui était pro-Wisigoth, ce qui rejeta les Francs dans le camp adverse.
      
      
      
    C’est à alors que Clovis naquit, vers 466. Fils de Chilpéric et de Basine reine de Thuringe. De sa vie nous savons essentiellement ce qu’en a raconté le chroniqueur Grégoire de Tours, qui vécut une vingtaine d’années après Clovis, mais qui fut bien fâché avec les dates au point d’en confondre quelques unes. Des erreurs dont nos écoliers payent encore aujourd’hui les pots cassés.
      
     Il fut élevé par sa mère et par d’autres femmes jusqu’à ses douze ans, puis il fut sevré et confié à des hommes comme le voulait la tradition Franque.Vers 477, ayant atteint la majorité, son père lui remit symboliquement une francisque, l’arme caractéristique des Francs : une hache recourbée pour en faire une arme de jet.Clovis fut donc initié à l’art de la guerre et de la politique. Déjà à cette époque il rencontra à maintes reprises le fameux Rémi, élu évêque de Reims en 459, à seulement 22 ans !
      
      
      
      
      
    Ce brave Rémi nous permet de faire une transition sur la situation religieuse en Gaule à la chute de l’Empire Romain d’Occident.
      
    Bien avant l’arrivée des peuplades Barbares qui colonisèrent la Gaule, celle-ci avait été bien christianisée. Le célèbre épisode des martyrs de Lyon sous Marc Aurèle en 177, prouve que le Christianisme avait commencé à se diffuser en Gaule à partir du IIème siècle. Mais il avait fallu attendre les édits de Théodose dans les années 390 qui interdirent le culte païen et firent du Christianisme la religion officielle de l’Empire, pour que cette religion soit répandue partout en Gaule. De fait, quand les peuples Barbares arrivent en Gaule fin du IVème siècle, ils arrivaient sur une terre très clairement chrétienne.
      
    Certains de ces peuples Barbares s’y convertirent à l’instar des Wisigoths ou des Burgondes. Notons pourtant qu’à cette époque en Gaule, il y avait deux courants chrétiens différents : d’un coté les Ariens, disciples d’Arius, un théologien chrétien qui ne croyait pas en la nature divine de Jésus, il fut condamné par le Concile de Nicée en 325, mais fit de nombreux adeptes ; de l’autre les chrétiens Catholiques, fidèles au Credo énoncé par le concile de Nicée. Wisigoths et Burgondes étaient précisément Ariens.Les Francs en revanche étaient restés païens, malgré cela ils entretenaient de bonnes relations avec les autorités chrétiennes, lesquelles étaient, à l’instar de Rémi, majoritairement Catholiques dans les territoires administrés par les Francs. Cet élément serait déterminant dans l’avenir religieux de la France et de la chrétienté tout entière. Quand Chilpéric mourut en 481 et que Clovis (âgé de 15 ans) lui succéda, Rémi s’empressa de lui écrire pour le reconnaitre officiellement et en lui conseillant de toujours s’appuyer sur l’autorité des évêques pour asseoir son pouvoir.
      
      
      
      Le Baptême de Clovis: les origines chrétiennes de la France.
      
    Dès 486, Clovis entrepris la conquête de la Gaule pour agrandir son influence et son territoire.
      
    Notons que les Francs était le seul peuple de la Gaule à ne s’être jamais coupé de ses bases arrières: plutôt que de déménager comme l’avaient fait les Wisigoths et de ses retrouver isolés au milieu de populations Gallo Romaines, les Francs colonisaient la Gaule lentement en descendant vers le Sud.Clovis décida d’en finir définitivement avec la présence Romaine et attaqua le très « Wisigothphile » Syagrius.
      
    La rencontre entre les Romains et les Françs eut lieu près de Soissons. L’avantage tourna aux Francs et Syagrius défait, s’enfuit à Toulouse capitale de son allié Wisigoth Alaric II. Clovis s’empara de tous les territoires au nord de la Loire, même si la Bretagne ne fit sa soumission qu’en 497.Clovis envoya un ultimatum à Alaric II pour exiger qu’on lui remette séance tenante Syagrius. Alaric renonça à tenir tête au roi des Francs et s’exécuta : Syagrius fut livré à Clovis qui le fit enfermé puis égorgé quelques temps plus tard.
      
     
     
    L'épisode du Vase de Soissons, le soldat cabosse le vase.
      
      
    Avant de continuer arrêtons-nous un instant sur cette victoire de Clovis qui donna lieu à la fameuse histoire du « Vase de Soissons », rapporté par Grégoire de Tours et magnifié par les enseignants de la IIIème République au XIXème. Chez les Francs, il était de coutume que les soldats se partagent le butin amassé après la mise à sac d’une ville ennemie et la cathédrale de Reims, qui se trouvait en territoire ennemie ne fit pas exception à la règle. Or il y avait dans le trésor de cette église un vase précieux pesant d’argent.
      
    Quand Rémi apprit la victoire de Clovis, il s’empressa de lui faire envoyer des émissaires pour lui demander que ce vase soit soustrait au partage du butin. Clovis accepta, ce qui témoigne du respect que ce roi avait pour une église dont il ne partageait pourtant pas (encore) les croyances. Seulement quand Clovis alla voir les soldats pour leur signifier d’épargner le vase, il avait déjà été attribué à un soldat. Clovis lui proposa bien d’échanger le vase contre autre chose, mais le guerrier mécontent s’empara de sa francisque et cabossa le vase (Voir l'image). « Tu ne recevras que la part que le sort t’attribue vraiment ! » lui lança t’il.
      
    Vexé d’avoir été tancé, Clovis ne s’y attarda pourtant pas et renvoya le vase cabossé (mais non détruit contrairement à ce que veut la légende, puisqu’il été en argent) à Rémi.Toujours selon Grégoire de Tours, il advint qu’au printemps suivant, alors que Clovis passait ses troupes en revue, il reconnut le soldat qui lui avait manqué de respect. S’arrêtant devant lui, il lui enleva ses armes et les jeta à terre en lui reprochant de mal les tenir.
      
    Profitant du moment que le soldat se baissait pour ramasser ses armes, Clovis lui asséna un coup de francisque sur la tête en s’écriant « Ainsi as-tu fait au vase de Soissons ! » Après sa victoire sur Syagrius, Clovis chercha l’alliance des Burgondes, pour contrecarrer au besoin la menace des Wisigoths. Le royaume des Burgondes avait été divisé par le roi Gonthiaire en 473 à sa mort entre ses quatre fils.
      
    Mais Gondebaud, l’ainé, prit rapidement l’ascendant sur les trois autres, il élimina l’un d’eux Chilpéric, emprisonna sa femme et ses fils, et exila ses deux filles Clothilde et Chrone. Cette dernière prit l’habit de religieuse, alors que Clothilde, bien qu’en exil, souhaitait fonder une famille. Elle même n’avait pas été élevée dans le christianisme Arien mais Catholique, c’est pourquoi les évêques de la Gaule la portèrent en grâce et Rémi ne manqua pas de le faire valoir à Clovis. Celui-ci imagina qu’une telle alliance par mariage lui apporterait la sympathie de plusieurs évêques Catholiques ainsi que l’alliance de Gondebaud, qui se montrait désireux de se réconcilier avec sa nièce.
      
    Clovis passa par les services d’un proche conseiller Aurélien, pour atteindre Clothilde. Il se fit passer pour un mendiant pour rencontrer Clothilde secrètement à Genève, capitale de la Burgondie et lui parler du projet de mariage dans le dos de Gondebaud. Clothilde et accepta et Clovis rassuré, envoya une ambassade officielle à Gondebaud qui accepta aussi. Le mariage fut célébré en 493 à Soissons dont Clovis avait fait sa capitale. C’est de là que commença le chemin qui allait emmener Clovis sur le chemin de la conversion. Clothilde tentait, mais en vain, de détacher Clovis du culte des idoles païennes, lui faisant valoir que ce n’étaient que de vulgaires statues de pierre, bois ou métal.
      
    Mais Clovis ne renonça pas à ses croyances malgré les arguments de Clothilde. D’autant qu’un triste événement renforça la conviction de Clovis, car en 494, Clothilde mit au monde un fils, qu’on prénomma Ingomer. Clothilde décida de la faire baptiser dans la foi Catholique, ce en quoi Clovis ne pouvait s’opposer, car tel avait été une des closes de son mariage. Seulement le soir de son baptême, Ingomer mourut. A la douleur immense d’avoir perdu son enfant et héritier aussi vite, s’ajouta pour Clovis, la certitude qu’il s’agissait là d’une punition que lui avait infligé ses Dieux païens. Clotilde, bien que durement éprouvée elle aussi, ne perdit pas espoir de convaincre son époux.
      
    En 495, elle mit au monde un autre fils, nommé Clodomir, lui aussi baptisé. L’enfant tomba malade peu après ce baptême, Clovis songea aussitôt que ses Dieux allaient à nouveau lui faire payer ce reniement à leur égard, aussi dénonça t’il avec colère les pratiques religieuses de sa femme : « Il ne peut arriver autre chose à notre fils que ce qui est survenu à Ingomer : la mort ! » D’après Grégoire de Tours, suite à cette scène, Clothilde pria avec ferveur pour que son enfant guérisse. Le Très Haut l’entendit il à ce moment ?
      
    Toujours est-il que l’enfant guérit. Cette guérison inespérée ébranla Clovis dans ses croyances : le dieu de Clothilde serait il donc dans le vrai ? Il n’en renia pas moins le culte païen. Mais les choses allaient vite changer, car en 496, Clovis du faire face à une nouvelle menace venue de l’est : les Alamans.La même année, ces barbares venus de la Germanie centrale se déplacèrent vers le Rhin et attaquèrent les Francs Rhénans dirigés par Sigebert, prenant Trèves et Mayence.
      
    La situation devenait dangereuse, alors Sigebert appela son allié Clovis à la rescousse. Clovis accéda à sa demande et se dirigea vers la forteresse de Tolbiac, au sud d’Aix la Chapelle, où les Alamans avaient attaqué Sigebert. Mais ce dernier ne résista pas aux assauts ennemi et du plia sous le nombre, plus rapidement que n’avait pensé Clovis.
      
    Plus question de prendre les Alamans à revers, il fallait maintenant leur barrer la route de Cologne, leur prochaine étape. Les Alamans avaient la supériorité numérique et l’avantage du terrain. Pour les vaincre, Clovis divisa son armée en trois corps, l’aile droite restant sous commandement, Sigebert qui avait fait sa jonction se chargerait de l’aile gauche pour couvrir Cologne, le centre serait sous le commandement d’Aurélien, qui avait troqué sa dégaine de mendiant pour revêtir son habit de général.
      
     
     
    Victoire de Tolbiac, par A. Scheffer.
      
      
    A croire les chroniqueurs Grégoire de Tours ou Jonas de Bobbio, l’affaire démarra très mal pour les Francs : Sigebert fut blessé au genou durant le combat ce qui força Clovis à prendre en charge l’ensemble de la manœuvre. Le moral commença à plier et les Francs à reculer, Clovis ne cessait d’invoquer ses Dieux païens, sans que ces derniers ne changent le cour de la bataille. Alors, avec l’énergie du désespoir, il se tourna vers le Dieu de son épouse et implora son aide (Voir l'image):
      
      
    « Jésus Christ, toi qui est selon Clothilde le Fils du Dieu vivant, secoures moi dans ma détresse, (…) je sollicite dévotement la gloire de ton assistance. Si tu m’accordes la victoire sur ces ennemis (…) je croirai en toi et je me ferai baptiser en ton nom. J’ai invoqué mes Dieux,(…) ils se sont abstenus de m’aider. Je crois qu’ils ne sont doués d’aucun pouvoir(…). C’est toi que j’invoque maintenant, c’est en toi que je désire croire, pourvu que je sois arraché à mes adversaires ».
      
    Cette phrase qui nous est rapporté par Grégoire dans son Histoire des Francs est bien surprenante, mais pas invraisemblable, car si le chroniqueur qui rapporte la phrase est chrétien, cette « prière » a été proférée dans une logique païenne, car Clovis y met Dieu à l’épreuve sous la forme d’un contrat : donnes moi la victoire, en échange de quoi je me fais baptiser. C’est alors que, miracle ou hasard, la fortune changea de camps et les Francs reprirent l’avantage sur les Alamans qui se laissèrent gagner par la panique.
      
    Leur roi fut soudain fauché par un trait, ce qui provoqua la débandade de ses hommes, la plupart se rendirent pour être épargné. Clovis avait gagné. Il se montra magnanime avec les Alamans à qui il laissa la vie sauve et l’autorisation de se retirer chez eux. Mais il annexa la partie Gauloise de leur royaume (qui correspondait à l’Alsace actuelle).
      
    De retour à Soissons, Clovis mit sa femme et son entourage au courant de son serment et demanda à Rémi de le baptiser.
      
    Rémi accepta mais y mit quelques conditions : Clovis devait renoncer aux cultes des idoles et suivre un catéchuménat : l’instruction religieuse préalable au baptême, pour connaitre et maitriser tous les dogmes de l’Eglise où il allait entrer. Clovis suivit donc un enseignement religieux, tout en menant des campagnes contre les Wisigoths, auprès Rémi, de Vaast, un ermite réputé à Toul. Mais l’élément déterminant fut une visite à Volusien, l’évêque de Tours.
      
    Cette ville était célèbre en Gaule, car au IVème siècle, elle avait l’évêché Saint Martin, l’ancien soldat qui avait partagé son manteau avec un pauvre, puis s’était convertit et avait contribué à éradiquer le paganisme de la Gaule. Martin était mort depuis longtemps, mais de multiples bruits de miracles survenus sur sa tombe, circulaient un peu partout et parvinrent aux oreilles de Clovis qui s’y rendit le 11 novembre 498, pour la fête anniversaire la Saint Martin. Là bas, Clovis aurait assisté à un miracle qui le décida à se faire baptiser sans tarder. Le catéchuménat de Clovis dura près de quarante jours, Rémi lui enseigna la vie et le message de Jésus, le sens du sacrifice sur la Croix et le rachat des péchés du Monde, jusqu’à la Résurrection du Christ. Clovis raisonna souvent avec des logiques païennes, la mort de Jésus sur la croix lui semblait bien insensée : comment un Dieu pouvait-il se laisser mourir ? 
      
    « Si j’avais été là avec mes Francs, j’aurai vengé cette injure ! »
      
    aurait il déclarer à Rémi. Celui-ci insista sur la toute puissance de Dieu et sur la symbolique de la victoire du Bien sur le Mal, par le sacrifice du Christ, mort par Amour pour sauver les hommes. Cette victoire là était totale et définitive, tandis que celle de la francisque était éphémère et sans cesse à répéter.
      
    Rien ne s’opposait plus à ce que Clovis épousa la religion chrétienne catholique. Ses soldats respectèrent le choix de leur roi qui les enjoignit à faire de même, certains s’exécutèrent en grand nombre. Enfin Clovis envoya des émissaires à tous les évêques de la Gaule pour les inviter à son baptême, dont il avait été convenu qu’il se ferait à Reims, le jour de noël, pour faire un parallèle entre la naissance du Christ et celle d’un nouveau roi chrétien. Une vingtaine d’évêque répondirent favorablement à l’invitation et s’y rendirent.
      
    Le 25 décembre 499, en la cathédrale Sainte Marie de Reims, commençait véritablement l’Histoire de la France.
      
     
     
    Le Baptême de Clovis, bas relief du IXème siècle.
      
      
    Clovis pénétra avec Clotilde et leur fils Clodomir dans le baptistère où Rémi l’attendait, assisté des évêques venus des quatre coins de la Gaule. Pour pouvoir commencer la cérémonie, Rémi invita Clovis à se débarrasser des amulettes qu’il portait en l’honneur de divinités païennes :
      
    « Déposes tes colliers Sicambre (tribu du peuple Franc).
    Adores ce que tu as brûle, brules ce que tu as adoré. »
      
    Clovis s’exécuta puis descendit dans la cuve baptismale. Par trois fois Rémi lui versa de l’eau sur la tête (Voir l'image). Puis il prit une ampoule contenant le Saint Chrême, un mélange d’huile et d’essence aromatique dite miraculeuse, car soi disant apporté par un ange. Par cette huile, Rémi oint Clovis au front pour qu’il reçoive l’Esprit Saint.
      
    Puis Clovis revêtit ensuite la tunique de pourpre et la toge brochée d’or que portaient les Consuls à Rome, et reçut l’Eucharistie des mains de Rémi, au moment même ou ses propres sœurs et guerriers (Trois mille nous dit Grégoire de Tours) se faisait baptiser.
      
    Seulement il est temps de faire ma parenthèse promise sur une des plus grandes erreurs des chronologies d’Histoire que l’on fait apprendre à nos enfants. Car j’ai bien dit que le baptême avait eut lieu le 25 décembre 499, or je me souviens très bien avoir appris à l’école que la date qui nous intéresse était en 496 ! D’ailleurs en 1996 on avait célébré la commémoration en grande pompe, à l’époque Jean Paul II était venu en personne y assister.
      
    Eh bien j’ai le regret de dire qu’ils se sont tous trompés, Clovis n’a jamais été baptisé le 25 décembre 496. Car il venait juste d’être vainqueur à Tolbiac, il n’aurait jamais eut le temps de tout organiser en un temps aussi rapide : le catéchuménat, l’annonce aux évêques et le retour de leurs réponses, l’organisation de la cérémonie, le choix du lieu, des invités et j’en passe, il était impossible d’avoir fait tout cela la même année. Aujourd’hui, Michel Rouche, Historien spécialiste de Clovis a démontré que cela n’avait pu avoir lieu qu’en 499.
      
    Mais alors pourquoi cette date n'a-t-elle pas été marquée dans tous les manuels d’histoire ? Eh bien, la faute en revient à notre chroniqueur adoré, j’ai nommé Grégoire de Tours.
      
    Car en écrivant l’Histoire des Francs, cet homme eut visiblement un sérieux problème de date, car après avoir parlé de la bataille de Tolbiac qu’il situe en 496, il continue son récit jusqu’au baptême et au-delà sans donner aucune autre date.
      
    De fait, durant des siècles, on a cru à cause de lui que le baptême avait eut lieu la même année que la bataille de Tolbiac :
      
    496 ! En recevant le baptême, Clovis faisait de son royaume, le premier d’occident à être chrétien catholique.
      
     
     
    Les conquêtes de Clovis (486/509).
      
      
    De fait, Clovis pouvait prétendre à de nouvelles conquêtes en Gaule avec le soutien de l’Eglise. Les campagnes furent nombreuses encore : en 500, Clovis s’en prit à Gondebaud, Roi de Burgondie et le défit à Ouche près de Digon. Gondebaud s’en tira contre un lourd tribut annuel. Puis Clovis se retourna contre les Wisigoths qu’il voulait chasser définitivement de la Gaule, au printemps 507, il franchit la Loire avec ses hommes et rencontra les troupes d’Alaric II dans la plaine de Vouillé.
      
    Les Wisigoths furent écrasés, Alaric lui même fut tué par Clovis après un combat singulier. Clovis poussa son avantage et s’empara de Bordeaux, puis de Toulouse. L’Aquitaine était presque entièrement en sa possession, mais il ne put atteindre les Pyrénées et la Septimanie (la cote actuelle du Languedoc Roussillon), le roi des Ostrogoths Théodoric ayant envoyé des renforts à ses alliés Wisigoths pour maintenir l’équilibre.
      
    Il n’en demeurait pas moins que le royaume des Francs, baptisé alors la Francie, était devenu le royaume le plus puissant d’Occident (Voir l'image). La renommée de Clovis était telle que l’Empereur d’Orient à Constantinople, Anastase, lui envoya une ambassade en 509 pour le reconnaitre officiellement en lui conférant le rang de Consul. Enfin, en revenant d’Aquitaine, il choisit de s’arrêter à Paris, dont il admirait la maitresse de la cité : Ste Geneviève (423/502), qui s’était rendue célèbre en galvanisant les Parisiens face à l’avancée des Huns d’Attila en 451, lesquels évitèrent Paris.
      
     Il choisit cette ville pour en faire sa nouvelle capitale, il y fit son entrée en jetant généreusement des pièces d’or à la foule qui l’acclamait. Il ordonna la construction de la basilique Saint Pierre et Saint Paul, où il fit le vœu d’être ensevelit. Le dernier acte politique de Clovis, fut la réunion du premier concile (réunion d’évêques) de l’Eglise Franque en avril 511, en la cathédrale d’Orléans, et ce sous son autorité.
      
      
      
      
      
    Les chapitres qui furent adoptés par le concile permirent à Clovis d’assimiler toutes les populations des territoires conquis en Gaule, en les faisant abandonner l’Arianisme au profit du Catholicisme. Ce fut donc au sommet de sa gloire, que Clovis mourut le 27 novembre 511, terrassé par une fièvre. Il avait 45 ans.
      
    Outre le fait qu’il laissa à ses fils un royaume qui s’étendait du Rhin à la Garonne, Clovis, par son baptême et par la politique religieuse qui accompagna ses conquêtes militaires, détermina à jamais l’Histoire et l’identité culturelle de la France.
      
    Sans son baptême et sans l’assimilation au catholicisme qu’il réalisa, la France ne serait peut être jamais devenu le premier pays catholique d’Occident. Or c’est précisément grâce à cette étiquette que les Carolingiens au IXème siècle pourront devenir les protecteurs de l’Eglise et unifier l’Europe en ressuscitant l’Empire Romain d’Occident avec Charlemagne.
      
    D’autant que la Gaule était très ancrée dans le christianisme Arien, dont le dogme religieux est totalement contraire à celui de l’Eglise de Rome, l’Histoire de la France, de l’Europe, du monde peut être, en aurait été changé à jamais sans ce baptême du 25 décembre 499.D’un point de vue plus précis, le rite du Saint Chrême au cours du baptème de Clovis fut déterminant pour les 1300 ans d’Histoire de monarchie Française qui ont suivit, des fils de Clovis jusqu’à la Révolution. La symbolique résidait dans le parallèle avec l’Ancien Testament : car David, un des rois d’Israël fut précisément oint avec de d’huile sur le front par le prophète Samuel, car c’était lui que Dieu avait choisit pour être le berger d’Israël.
      
    Cette symbolique a été répétée à tous les sacres des Rois de France jusqu’à Charles X en 1824, faisant du Roi de France un roi à part, supérieur à tous les autres. Bien sur, tous les Rois d’Europe qui ont régné du Moyen Age jusqu’au XXeme siècle (et même encore certains aujourd’hui) l’étaient de Droit Divin. Mais le fait que dans le cérémonial du sacre de Reims, il y ait l’onction du Saint Chrême, faisait de la monarchie Française, une monarchie nait directement de l’action divine, ce qui faisait du Roi de France, le représentant temporel de Dieu sur Terre.Enfin, par son simple baptême, Clovis avait fondé un pays qui un jour s’appellerait la France.
      
      
    ARTICLE écrit par - MERVEILLEUX BLOG d'HISTOIRE de FRANCE
      
    SOURCES  blog :
    http://clementeocheduval.blogspot.com/2011/08/le-bapteme-de-clovis-les-origines.html
      
     
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