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CREATION du FRANC ( 3 )
La création du franc
La création du franc à cheval en 1360 s'inscrit dans un contexte de crise économique et sociale. Depuis 1337, la France est en guerre contre l'Angleterre pour la conquête de plusieurs provinces, dont l'Aquitaine et la Normandie. Le roi doit trouver en peu de temps de quoi payer ses troupes et les autres dépenses liées au conflit : il le fait entre autres expédients au prix de quelque quatre-vingt-cinq mutations (dévaluations) qui entraînent de graves troubles civils.
Le roi de France prisonnier à Londres
En 1355, le Prince Noir - prince de Galles, fils du roi d'Angleterre Édouard III - débarque en Aquitaine et mène une campagne dévastatrice en Languedoc. Jean le Bon convoque des états généraux et obtient le financement de son armée en contrepartie d'une meilleure monnaie. Mais il est fait prisonnier près de Poitiers le 18 septembre 1356 et se retrouve détenu à Londres.
Réputé mauvais gestionnaire, le roi a failli dans sa mission suprême de chevalier défenseur du royaume. C'est son fils Charles (futur Charles V, "le Sage") qui assure la régence comme "lieutenant général du roi" et poursuit la guerre. Mais le dauphin doit faire face aux soldats démobilisés qui ravagent le pays, à la Jacquerie qui secoue les campagnes, au soulèvement d'Étienne Marcel à Paris… À peine a-t-il restauré son autorité dans la capitale qu'une armée anglaise débarque à Calais. L'arrêt de la guerre devient indispensable, sans parler de la libération du roi.
C'est à Brétigny, le 8 mai 1360, que Charles conclut la paix avec Édouard III d'Angleterre. Outre d'importantes concessions territoriales, le roi de France doit s'acquitter d'une rançon de 3 millions d'écus, soit 12,5 tonnes d'or. Libéré après un versement de 400 000 livres en écus, Jean le Bon débarque à Calais le 25 octobre en laissant à Londres des otages parmi lesquels son frère et ses trois fils. Ce versement est couvert par le mariage de sa fille Isabelle avec Jean Visconti, fils de Galéas, potentat de Milan, moyennant 600 000 livres. Restaient encore 2 600 000 livres à verser…La création du franc à cheval
Sur le chemin de Paris, Jean le Bon signe trois ordonnances fiscales et monétaires à Compiègne le 5 décembre 1360. Il lève un impôt direct, le "fouage", sur chaque foyer fiscal. En même temps, les derniers d'argent sont renforcés et une nouvelle pièce d'or est créée : le franc à cheval, prescrit à 24 carats (or fin), au poids équivalant à 3,885 g, pour un cours de 20 sous tournois, c'est-à-dire 1 livre tournois, l'unité de compte. La frappe des espèces blanches (argent) et noires (billon) débute quinze jours après l'ordonnance, celle des francs dès février 1361.
Le pouvoir donne des gages de stabilité, notamment en abandonnant son seigneuriage, et se soucie d'un rapport fixe entre les métaux. La nouvelle monnaie doit seule circuler dans tout le royaume, y compris dans le Languedoc où avait été frappé au temps des troubles un monnayage particulier. Royaume et monnaie sont de nouveau réunifiés. Toutes les anciennes monnaies, françaises et étrangères, les mauvaises en priorité, doivent être fondues. Le roi exprime enfin la volonté d'établir un système de compte plus réaliste, fondé sur une monnaie bonne et réelle, le franc, et de nature à évincer les systèmes de compte fondés sur des monnaies concurrentes, le florin italien en particulier. Mais devant l'ampleur et la longueur de cette tâche, la circulation de certaines espèces reste tolérée.Un franc symbolique
Le franc de Charles V : succès monétaire et stabilité
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