• Histoire du BLANC

    couleur : blanc

     


    Dans quasiment toutes les civilisations de la planète, le blanc symbolise la pureté et l'innocence. Cette impression a sans doute été renforcée dans les pays où la neige tombe, quiconque a marché sur un tapis de neige n'a pu que ressentir cette impression.

    Vertu, joie, pureté, justice, humilité, sacré, virginité, sérénité, paix... la couleur blanche évoque le plus souvent des valeurs positives. Le drapeau blanc qui réclame la trêve est brandi dès la guerre de Cent Ans, au XIV et XVe siècles.

    ►Le linge de corps blanc, symbole d'hygiène et de pureté

    ▲à g. : Napoléone-Elisa Baciocchi princesse de Piombino (fille d'Elisa Bonaparte et du prince Félix Baciocchi),
    future comtesse Camerata (1806-1869), par Marie Guillermine Benoît, 1810,
    Château de Fontainebleau sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN
    à dr. : Pantalon de lingerie pour fillette, en lin bordé d'une fine dentelle, 1835,
    Wisconsin Historical Society, Madison

    Pendant des siècles, les étoffes en contact avec le corps (chemises, vêtements de dessous, linge de lit et de toilette) sont exclusivement blanches ou écrues, pour des raisons d'hygiène, mais aussi pratiques : on les fait bouillir pour les laver. Par ailleurs – je l'ai déjà évoqué dans d'autres articles, on se méfie des teinturiers, sorciers aux mains et ongles teints, qui cultivent le secret de leur savoir-faire, manipulent des matières impures, et passent pour être des alchimistes. Certains considèrent les étoffes teintes comme une falsification, un luxe inutile et trompeur. Ainsi le protestantisme, né au début du XVIe siècle, ne tolère-t-il que des combinaisons de couleur autour du noir, du gris et du blanc, parfois un peu de bleu. Cette éthique va évoluer vers celle des " valeurs bourgeoises " du XIXe siècle, particulièrement sensible dans la sobriété de l'habit masculin.

    ▲La famille de Laurens Jacobsz, éditeur à Amsterdam, par Pieter Pieters, 1598,
    Staatliche Museen, Berlin

    ►La robe de baptême, symbole de pureté et d'innocence du bébé

    ▲à g. : Brassière du roi de Rome (fils de Napoléon Ier et de Marie-Louise),
    batiste brodé de dentelle, 1811, Château de Fontainebleau,
    sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN
    à dr. : Le roi de Rome essayant une pantoufle, par Aimée Thibault, vers 1812,
    Musée de l'Armée sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN

    Pour les mêmes raisons, les langes et la layette du bébé sont blancs eux aussi. Lors de son ondoiement, puis de son baptême officiel à l'église, il porte un petit béguin blanc qui est gardé précieusement dans les familles, car il a touché les saintes huiles. Jusqu'au XVIIe siècle, le bébé présenté par sa nourrice ou sa marraine est complètement immergé, puis enroulé dans un grand linge brodé. Lorsqu'on renonce à l'immersion totale, on remplace le linge par une longue robe blanche, inspirée de la robe de cour des petits princes qui apprennent à marcher. La robe de baptême est parfois confectionnée dans la robe de mariée de sa mère. Le bonnet, qui recouvre le béguin, et la robe de baptême peuvent être extrêmement luxueux, orné de dentelles et de rubans, en rapport avec la position sociale de la famille.

    ▲à g. : Vierge à l'enfant, par Charles West Cope, 1852, Victoria & Albert Museum , Londres
    à dr : Robe de baptême en lin blanc, ornée de broderie, de dentelle et de ruban, vers 1900-1920,
    Angleterre, Victoria & Albert Museum, Londres

    ►L'habit de communion

    ▲à g. : La communiante, par Jules-Bastien Lepage, 1875,
    Musée des Beaux-Arts de Tournai Wikipedia
    à dr. : Toilette de Première Communion, La Mode illustrée, 13 février 1896,
    modèle des Magasins du Louvre, Boutique Au Fil du tempssur e-bay

    C'est la même idée de pureté qui est évoquée par le costume de communion des garçons et des filles, qui apparaît dans les années 1830. Le vêtement de communion s'inspire vraisemblablement de ceux que les enfants de la haute société ont alors coutume de porter dans les grandes occasions, comme les communions solennelles et les fiançailles. Les filles ressemblent à de petites mariées avec leur robe blanche et leur couronne qui retient un voile. Les garçons rivalisent d'élégance en portant leur plus beau costume. Il est agrémenté d'un brassard blanc extrêmement élaboré, qu'on noue ou fixe par un élastique autour du bras gauche ; il s'inspire du brassard de deuil et de conscription militaire.

     

    ▲à g. : Ruban et brassard de communiant, 1902, Musée Mac Cord, Montréal
    à dr. : Marcel Carné en costume de communiant, vers 1920, Marcel Carnésite hommage

    ►Le blanc non-couleur

    Dans les sociétés anciennes, l'incolore est défini par le manque de pigment, le blanc est donc une couleur. Ce n'est qu'avec l'apparition de l'imprimerie que va s'introduire l'équivalence entre l'incolore et le blanc, qui devient une absence de couleur.

    ▲Première page de la bible de Gutenberg, 1455-1456,
    Département des manuscrits, Staatsbibliothek, Berlin
    sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN

    ►La quête de l'ultra-blanc

    ▲Recueil de dévotion de la reine Isabelle d'Espagne, par Pedro Marcuello
    Devocionario de la Reyna Da Juana a Quien Llamaron la Loca
    Le Saint-Esprit, XVe siècle, Espagne,
    Musée Condé, Chantilly sur Agence photo de la Réunion des musées nationaux RMN

    La quête du blanc " plus blanc que blanc " comme celui du " nouvel Omo " raillé par Coluche n'est pas nouvelle. Au Moyen Âge, elle est représentée par le doré, on dit que la lumière intense a des reflets d'or : c'est la couleur de la lumière divine représentée en peinture. Le blanc intense d'aujourd'hui a plutôt les reflets de bleu de la glace et des icebergs.

    ▲Publicité pour la lessive Omo, vers 1950-1960,
    Memory.pub affiches anciennes

     

    sources : http://les8petites8mains.blogspot.com/search/label/hygi%C3%A8ne

     

     

    « La FRAISE - Elisabeth 1ère d'AngleterreLa FRAISE... au XIXè siècle »
    Delicious Yahoo!

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter