• L'HISTOIRE FABULEUSE de l'ECRITURE - l'ARMENIEN et le GEORGIEN ( IV )

     

    L'HISTOIRE FABULEUSE de l'ECRITURE - l'ARMENIEN et le GEORGIEN ( IV )

     Des écritures originales

      



    Enluminure arménienne d’un manuscrit du XIIIe siècle

    LA LANGUE ARMENIENNE appartient à la famille linguistique indo-européenne et forme avec le géorgien, et d’autres dialectes parlés dans le Caucase, un groupe spécifique.
    Les alphabets arménien et géorgien sont voisins et vraisemblablement apparentés. La légende leur a donné un père commun: Saint Mesrob.

     

    La légende de Mesrob

    LES ECRITURES TROUVENT BIEN SOUVENT leurs racines dans la religion. Celles des peuples arméniens et géorgiens confirment cette règle. Selon une tradition solidement établie qui nous a été transmise par l’historien arménien du Ve siècle, Moïse de Korène, l’invention des alphabets arméniens et géorgien est ainsi attribuée à saint Mesrob
    Ce dernier, secrétaire à la cour des rois arméniens Varazdatès et Arsakès, avait quitté ce poste prestigieux pour se consacrer à la vie religieuse. A l’époque vers la fin du IVe siècle, la cour arménienne utilisait l’écriture perse appelée pehlevi. Les Arméniens, convertis au christianisme depuis un siècle, se résignaient toutefois difficilement à tenir leur écriture des fervents de Zoroastre.
    Mesrob, qui avait apprit l’alphabet grec d’un rhéteur d’Edesse dénommé Platon et du moine Ruphanos, élabora un alphabet arménien original, à la suite d’une révélation divine si l’on en croit la légende. A l’aide de cet alphabet, il transcrivit sa traduction arménienne du Nouveau Testament. En 406, du vivant de Mesrob, un édit du roi d’Arménie imposait son emploi dans tout le royaume.
    Ce n’est que par la suite que le saint homme se serait rendu dans le royaume voisin de Géorgie pour donner à ce pays, en accord avec son roi de l’époque, Artchal, une écriture nationale. Mesrob disparut en 441.

    Couverture en cuir d'un manuscrit du XIIIe siècle

     

    L'alphabet Arménien

    L’ALPHABET ARMENIEN ne compte pas moins de trente neuf caractères et, à la différence des écritures sémitiques utilisées dans les états voisins de l’est et du sud du Caucase, possède une notation intégrale des voyelles. Comme ces lettres ne font jamais double emploi, l’alphabet arménien constitue un instrument d’une belle précision phonétique. Elle reprend au grec 22 sons auquel elle attribue ses propres signes et ajoute 14 signes destinés à noter des sons étrangers au grec. L’écriture arménienne, comme la grecque à laquelle elle est partiellement apparentée, use à la fois de majuscules et de minuscules.

     

    La question des origines

    Son origine est toujours discutée, la légende de Mesrob comme toutes les légendes de nature politique étant sujette à caution. Un fait prèche toutefois en faveur de cette thèse: l’alphabet arménien de par sa précision et sa cohérence semble bien avoir été élaboré en une seule fois, et n’est pas le fruit d’une longue évolution, comme l’alphabet latin ou grec.
    Par ailleurs, les spécialistes se sont longuement entredéchirés pour savoir s’il fallait chercher le modèle de l’écriture arménienne du côté de l’écriture grecque ou de son homologue perse. Le débat de son origine, semble actuellement pencher en faveur de l’écriture occidentale. En effet, le principe de la notation intégrale des voyelles est une conception fondamentalement étrangère au peheveli. Ensuite, plusieurs de ses lettres ont manifestement été empruntées au grec. Enfin, l’alphabet arménien s’écrit de gauche à droite et non de droite à gauche comme le peheveli.
    Pourtant, en faveur de la thèse perse, il est toutefois possible d’avancer l’argument selon lequel les formes des signes de l’alphabet arménien sont passablement inspirées de celles des caractères persans alors en usage en Arménie.
    Pour trancher entre les deux théories, l’historien de l’écriture James Février, propose de replacer la question de l’alphabet arménien dans son contexte politique: destiné à transcrire en arménien les textes bibliques et la littérature chrétienne, il parait peu probable que l’on ait imité une écriture trop liée à une religion rivale.

     

    Graphisme de l’écriture

    Initialement, l’alphabet était formé d’une seule série de lettres de type oncial (erkathagir), qui sont par la suite devenues les majuscules de l’alphabet moderne. Ces dernières, également appelées lettres de fer sont aujourd’hui complétées par une série de minuscules (bolorgir ou lettres rondes).
    V

    ers la fin du moyen âge apparut une écriture cursive (notrgir), en usage en typographie et qui fit le même usage que notre italique. Cette écriture, aujourd’hui dépassée, est remplacée par un autre caractère d’aspect droit (aramian du nom de son créateur).
    Le bolorgir, quant à lui, a évolué pour devenir plus aisé à lire, mais a conservé son aspect penché.

    Alphabet arménien

     

    L'Alphabet Géorgien

    ON L’A VU LA LEGENDE attribue également à Mesrob la création de l’écriture géorgienne. C’est vrai que certaines lettres offrent des similitudes frappantes et que d’autre part le nombre des caractères est à peu près le même (entre 36 et 40) de même que les valeurs phonétiques qui leurs sont attribuées.
    Une autre tradition géorgienne attribue toutefois l’invention de cette écriture par le roi Parnavas au IIIe siècle.

     

    Présentation

    L’alphabet géorgien est appelé anban du nom des deux premières lettres. Il en existe deux variétés, assez proches l’une de l’autre pour que leur parenté, non plus que leur rapport avec l’écriture arménienne, ne fasse aucun doute, mais assez différentes pour qu’il soit impossible a priori de dire qu’elles dérivent l’une de l’autre. Ce sont le khutzuri et le mkhedruli.
    Le khutzuri ou caractère ecclesiastique se rencontre dans les documents les plus anciens, en particulier dans les textes religieux.

      

    Il compte 38 lettres, plus le f, qui comme en arménien, ne sert qu’à la transcription des mots d’origine étrangère. Il n’est guère plus utilisé aujourd’hui, sauf pour des usages religieux.
    Le mkhedruli (en fait mkhedruli kheli ce qui veut dire «main du soldat»), contraste par son aspect cursif, ses formes arrondies, avec l’aspect anguleux, le dessin carré des caractères khutzuri. Il compte au total quarante lettres, dont sept ne servent plus aujourd’hui. A la différence des alphabet khutzuri et arméniens, il ne possède pas de majuscules. Il existe également une forme cursive de cet alphabet, très riche en ligature, employée pour l’écriture manuscrite. Les alphabet géorgiens ont conservé plus fidèlement que l’alphabet arménien l’ordre primitif des lettres. L’antériorité du mkhedruli sur le khutzuri n’est pas avérée.

     

    Origine grecque contre perse

    Comme pour l’alphabet arménien, les spécialistes se chamaillent pour savoir si les alphabets géorgiens sont issus de l’écriture grecque ou perse. Pour le khutuzuri, Février estime que son inventeur s’est inspiré des deux écritures. La forme des lettres, leur ordre, voire leur nom font pencher vers la thèse perse, mais la présence des trois lettres grecques déjà mentionnées dans l’alphabet arménien ainsi que celle des cinq voyelles du grec font pencher vers la thèse héllénistique.

    Alphabet géorgien

    AU-DELA DES POLEMIQUES DE SPECIALISTES, un fait demeure: malgré le faible nombre de personnes qui les utilisent, et malgré 50 ans de russification forcée à l’époque soviétique, les alphabets arméniens et géorgiens survivent, parfois même au delà de leur Caucase originel, diasporas obligent.
    Ces écritures font partie intégrantes du patrimoine culturel de ces peuples caucasiens qui n’y renonceraient pour rien au monde.


    Tomar Grigorieann havitenakan Rome: D. Basa, 1584

     

     

     

     

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