• La Décision de Charlotte CORDAY... tuer le "dieu" anthropophage...

       SUITE .....................TUER LE DIEU ANTHROPOPHAGE

     

    Figure féminine, style péloponnésien, venant certainement de Sparte
    Figure féminine, style péloponnésien, venant certainement de Sparte
    © Marie-Lan Nguyen
    Louvre, Department of Greek, Etruscan and Roman antiquities, Sully, first floor, room 32.

    Le 9 juillet, Charlotte Corday prend seule la diligence pour Paris, où elle n’est jamais allée. Elle s’installe à l’hôtel de la Providence, au numéro 19 de la rue des Vieux-Augustins. Là, elle rédige une Adresse aux Français amis des lois et de la paix. Elle cite Voltaire : Mon devoir me suffit, tout le reste n’est rien. Le 13 juillet, à 8 heures, dans une boutique du Palais-Royal, elle achète un couteau ordinaire, qu’elle paye quarante sous [1].

     

    Marat vit avec Simone Evrard rue des Cordeliers, une couturière provinciale qui a pignon sur rue au faubourg Saint Honoré. Pour vivre, il accepte l’argent d’une jeune maîtresse qui le loge et l’entretient [27]. Il la traite comme une esclave et reçoit Charlotte, car elle est jeune et a une jolie voix. Il va jusqu’à lui demander si elle est belle ! Sale, hideux, pauvre, elle le soigne; elle préfère à tout d'être, au fond de la terre, la servante de Marat, écrit Michelet dans son Histoire de la révolution française [28].

    Alphonse de Lamartine va imaginer la scène dans son Histoire des Girondins [24] :

    Soit jalousie, soit défiance, Albertine Marat obéit avec répugnance. Elle introduisit la jeune fille dans la petite pièce où se tenait Marat, et laissa, en se retirant, la porte du corridor entrouverte, pour entendre le moindre mot ou le moindre mouvement de son frère. Cette pièce était faiblement éclairée. Marat était dans son bain. Dans ce repos forcé de son corps, il ne laissait pas reposer son âme. Une planche mal rabotée, posée sur la baignoire, était couverte de papiers, de lettres ouvertes et de feuilles commencées. Charlotte évita d’arrêter son regard sur lui, de peur de trahir l’horreur de son âme à cet aspect. Debout, les yeux baissés, les mains pendantes auprès de la baignoire, elle attend que Marat l’interroge sur la situation de la Normandie. Elle répond brièvement, en donnant à ses réponses le sens et la couleur propres à flatter les dispositions présumées du démagogue. Il lui demande ensuite les noms des députés réfugiés à Caen. Elle les lui dicte. Il les note, puis, quand il a fini d’écrire ces noms : "C’est bien ! dit-il de l’accent d’un homme sûr de sa vengeance, avant huit jours ils iront tous à la guillotine." À ces mots, comme si l’âme de Charlotte eût attendu un dernier forfait pour se résoudre à frapper le coup, elle tire de son sein le couteau et le plonge, avec une force surnaturelle jusqu’au manche dans le coeur de Marat. Charlotte retire du même mouvement le couteau ensanglanté du corps de la victime et le laisse glisser à ses pieds. "À moi, ma chère amie ! À moi !" s’écrie Marat, et il expire sous le coup.

    Après avoir liquidé Marat la jeune Charlotte Corday est agressée par une foule vengeresse.
    Après avoir liquidé Marat la jeune Charlotte Corday est agressée par une foule vengeresse.
    © "L'assassinat de Marat", par Jean-Joseph Weerts
    Roubaix, Musée d'Art et d'Industrie.

    La conversation dure environ un quart d’heure. La moderne Judith résiste à la vision de cet être très laid, qui commence à se putréfier et de draps sales sur la baignoire [29]. L’odeur est, paraît-il, insupportable. Ses propos odieux la poussent à l’acte. Selon les dernières études sur son acte kamikaze, Charlotte ne fait que précipiter les choses. Marat est mourant. Ses jours, au mieux ses semaines, sont comptés. Bien involontairement, la jeune Normande abrège ses souffrances.

     

    La pauvre femme qui vivait avec ce tyran s’écrie Pourquoi l’as-tu tué c’était un saint ! Pour elle, un démagogue responsable de la mort de milliers d’ecclésiastiques, cela s’appelle un saint. Bien des Français chuchotent au contraire au milieu de nos plus grands malheurs, elle a osé frapper le monstre Marat, cet anthropophage révolutionnaire, le digne précepteur des assassins de France ! [30].

    La citoyenne Evrard va déposer longuement devant le tribunal. Ce témoignage nous dit ce qui se passe après l’élimination de Marat : Un cri parti du cabinet où était Marat m'a fait accourir ; j'ai appelé les voisins, et les voisins étant venus, j'ai couru vers Marat : il m'a regardé sans rien dire; j'ai aidé à le sortir du bain ; alors il a expiré... La jeune fille est frappée par les voisins, qui veulent la tuer [31]. Le commissaire de police du quartier, les représentants l’escortant vers la prison voisine de l’Abbaye ont une obsession : empêcher la vengeance punitive du peuple, pour mieux soumettre Charlotte à la justice révolutionnaire et prévenir un complot qu’ils imaginent vaste.

    Charlotte Corday après avoir été agressé par la foule qui veut venger Marat est arrêtée et conduite en prison.
    Charlotte Corday après avoir été agressé par la foule qui veut venger Marat est arrêtée et conduite en prison.
    © Yan Dargent
    Histoire de la Révolution, du Consulat et de l'Empire d'Adolphe Thiers

      

      

    Les papiers inédits de Courtois nous montrent que Robespierre, homme d’ordre, naguère opposé à la peine de mort, se réjouit de la mort de Marat et dit à plusieurs députés de la Convention montagnarde : Marat a fait bien des sottises, il était temps qu’il finît.

      

    Danton prédit quelques jours après la mort de Marat celle d’un orateur exalté [32]. Saint-Just écrira dans son rapport sur les Dantonistes : Danton faisoit le familier près de Marat, qu’il détestoit, mais qu’il craignoit [33]. Cela ne va pas empêcher l’encre des journaux de verser sur Marat, le dieu anthropophage, des flots de larmes [34].

     

    On ne sait quels sont les chemins qui amenènent Charlotte Corday à sa décision, ni à quel moment elle l’a prise. A-t-elle été manipulée par certains Girondins ?

      

    Rien ne sera jamais prouvé dans ce sens mais il semble clair que, pour elle, Marat est le tyran sanguinaire qu’il faut à tout prix abattre. Maurice Ulrich, dans L’Humanité, écrit : Au soir, elle entre dans l’histoire avec Jean-Paul Marat. Longtemps la droite la plus réactionnaire la revendiquera comme l’une des siennes. Ce qui est très réducteur.

      

    En effet, les manuels scolaires de la IIIe République, la télévision ou les objets les plus divers de la culture de masse et surtout les érudits locaux, les passionnés de faits divers, les Michelet, les Alphonse Esquiros, les Victor Hugo (invoquant Charlotte lors d’une séance spirite), les Munch et les Picasso… n’ont rien à voir avec la droite la plus réactionnaire.

      

    Ce n’est qu’à partir de 1850 qu’une partie de la droite conservatrice et monarchiste ose créer une icône imaginaire, Charlotte la contre-révolutionnaire. Par contre, Marat ne va être timbrifié que par les régimes totalitaires [35]. En URSS, son nom devient même un prénom à la mode. Le régime soviétique va même jusqu'à baptiser un cuirassé du nom de Marat à l'époque où le pays compte des millions et des millions de morts du fait des famines.

    Le procès de Charlotte permet de mieux comprendre ce qu’est la justice du temps de la pré-Terreur.

                                                                                                                                                                SUITE .....................      

    source : http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Charlotte_Corday/11022708

      

      

      

      

     

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