• la vie devant soi... Edward S. Curtis... les Indiens d'Amérique..

    Grandes EnigmesLa beauté devant moi…

    An oasis in the Badlands, photographie de Edward S. Curtis

    A l’heure de la prise de conscience écologique dans la société occidentale, il est une spiritualité ancienne dont la pertinence s’impose comme une référence pour éclairer le rapport entre l’Homme et la Nature : la spiritualité des Indiens d’Amérique du Nord ou nord-amérindiens.

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    Qu’est-ce que la vie?
    C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit.
    C’est le souffle d’un bison en hiver.
    C’est la petite ombre qui court dans l’herbe
    et se perd au coucher du soleil.

    Crowfoot, chef blackfeet (1821-1890)

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    Ces tribus (Sioux, Cheyennes, Arapahoes, Apaches,…) avaient peaufiné durant des siècles une relation exceptionnellement équilibrée avec leur environnement, basée sur le respect et la préservation des ressources. Beaucoup de notions qui refont surface aujourd’hui comme des vertus perdues par notre société industrielle.

    Nomades, ils ne connaissaient pas la propriété privée et suivaient les hardes de bisons dont ils tiraient leur subsistance en utilisant tout jusqu’au dernier morceau.

    A partir de l’arrivée des européens au 15ème siècle, la confrontation sanglante était inévitable avec les conquistadors avides, les chercheurs d’or sans scrupules, puis les colons-éleveurs-propriétaires terriens-fermiers aveuglés par la cupidité et la conquête des vastes terres de l’Ouest américain.

    On connait l’issue funeste de cet affrontement pour les tribus amérindiennes, massacrées, déracinées, déportées, parquées dans des réserves, livrées au désœuvrement, à l’alcool, à la drogue par la perte de tous leurs repères culturels…

    Il reste heureusement des traces de leur spiritualité, transmises principalement par le lien oral, et dont on peut apprécier aujourd’hui les qualités : humilité face à la Nature, perception de l’appartenance à un tout, à une Immanence qui inspire le respect, sens de la mesure et de l’équilibre, goût de la vérité, du courage et de la dignité. En voici quelques exemples :

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    La Mère Nature est toute puissante, ayant pour elle l’éternité. Que sont les inventions des hommes, les cités hautaines qu’ils élèvent aux confins du désert, les armes terribles qu’ils emploient pour défendre leurs conquêtes ?

    Rien qu’un peu de poussière constituée que les grandes forces naturelles tendent à restituer dans sa forme primitive. Désertez pendant quelques années la citadelle, abandonnez quelques mois le canon ou la mitrailleuse dans la Prairie, et bientôt l’herbe et la ronce auront envahi la pierre, la rouille rongé l’acier dur.

    Bien des fois jadis, de vastes solitudes ont été peuplées par des villes puissantes. Il n’en reste plus aujourd’hui que des ruines et les ruines elles-mêmes finissent par se confondre avec la terre éternellement vierge.

    Qu’importent les hommes qui passent ? L’Esprit n’a qu’à souffler sur eux et ils ne seront plus ! Alors les fils de la Terre reprendront possession de la Terre. Et les temps passés redeviendront nouveaux !

    Les inspirés de la Ghost Dance

     

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    Quand tu te lèves le matin,
    remercie pour la lumière du jour,
    pour ta vie et ta force.
    Remercie pour la nourriture
    et le bonheur de vivre.
    Si tu ne vois pas de raison de remercier,
    la faute repose en toi-même.

    Tecumseh, chef shawnee (1768-1813)

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    La beauté devant moi fasse que je marche
    La beauté derrière moi fasse que je marche
    La beauté au-dessus de moi fasse que je marche
    La beauté au-dessous de moi fasse que je marche
    La beauté tout autour de moi fasse que je marche

    Strophe du Kletze Hatal, chant chaman navajo

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    Ô Grand Esprit, dont j’entends la voix dans les vents et dont le souffle donne vie à toutes choses, écoute-moi.
    Je viens vers toi comme l’un de tes nombreux enfants ; je suis faible, je suis petit, j’ai besoin de ta sagesse et de ta force.
    Laisse-moi marcher dans la beauté, et fais que mes yeux aperçoivent toujours les rouges et pourpres couchers de soleil.
    Fais que mes mains respectent les choses que tu as créées, et rends mes oreilles fines pour qu’elles puissent entendre ta voix.
    Fais-moi sage, de sorte que je puisse comprendre ce que tu as enseigné à mon peuple et les leçons que tu as cachées dans chaque feuille et chaque rocher. Je te demande force et sagesse, non pour être supérieur à mes frères, mais afin d’être capable de combattre mon plus grand ennemi, moi-même.

    Fais que je sois toujours prêt à me présenter devant toi avec des mains propres et un regard droit.
    Ainsi, lorsque ma vie s’éteindra comme s »éteindra comme s’éteint un coucher de soleil, mon esprit pourra venir à toi sans honte.

    Poême ojibwa

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    Enfant, je savais donner ; j’ai oublié cette grâce depuis que je suis devenu civilisé.
    J’avais un mode de vie naturel alors qu’aujourd’hui, il est artificiel.
    Tout joli caillou avait une valeur à mes yeux ; chaque arbre qui poussait était un objet de respect.
    Maintenant, je m’incline avec l’homme blanc devant un paysage peint dont on estime la valeur en dollars.

    Ohiyesa, écrivain indien contemporain

    -Grandes Enigmes

    Nous aimons la tranquillité ; nous laissons la souris jouer en paix ; quand les bois frémissent sous le vent, nous n’avons pas peur.

    Chef indien au gouverneur de Pennsylvanie en 1796

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    La grande mer
    A rompu mes amarres
    Elle m’emporte
    Comme la semence dans la grande rivière
    La terre et les tempêtes
    Me transportent
    M’ont entraînée au loin
    M’animant d’une joie profonde

    Uvavnuk, femme chaman eskimo

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    On attribue également à certains grands chefs indiens des paroles au contenu plus « politique », impressionnantes de lucidité et à l’écho prophétique plutôt troublant :

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    (Sur l’homme blanc) Pourtant, écoutez-moi, vous tous, nous avons maintenant affaire à une autre race, petite et faible quand nos pères l’ont rencontrée pour le première fois, mais aujourd’hui grande et arrogante. Assez étrangement, ils ont l’idée de cultiver le sol et l’amour de posséder est chez eux une maladie. Ces gens-là ont établi beaucoup de règles que les riches peuvent briser, mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui les gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la terre, pour leur propre usage et se barricadent contre leurs voisins ; ils la défigurent avec leurs constructions et leurs ordures. Cette nation est pareille à une torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage. Nous ne pouvons vivre côte à côte…

    Sitting-Bull, chef Sioux-Hunkpapa

    -Oasis in the Badlands, photographie de Edward S. Curtis

    Enfin, et pour finir, une synthèse sur le sujet de prédilection de la spiritualité indienne, la place de l’homme dans l’Univers :

    L’homme qui s’est assis sur le sol de son tipi, pour méditer sur la vie et sons sens, a su accepter une filiation commune à toutes les créatures et a reconnu l’unité de l’univers ; en cela, il infusait à son être l’essence même de l’humanité. Quand l’homme primitif abandonna cette forme de développement, il ralentit son perfectionnement.

    Chef Luther Standing Bear

    Cette dernière réflexion est particulièrement intéressante car elle montre bien à quel point la pensée indienne ne pouvait pas s’adapter à la civilisation et à la science occidentale contemporaine qui est, qu’on l’accepte ou non, basée sur le combat, ou du moins la confrontation avec la nature. Si on en doute, on peut par exemple se poser la question suivante : « la médecine moderne n’est-elle pas un combat permanent contre la nature ? »

    Mais ceci est une autre histoire…

    Références :

    Paroles indiennes, recueillies par Michel Piquemal, Carnets de sagesse, Albin Michel

    Pieds nus sur la terre sacrée, textes rassemblés par T.C.McLuhan

    photos de Edward S.Curtis

    biographie de Edward S.Curtis

    La terre des Peaux-Rouges, Philippe Jacquin

    Le chant de la mort, Patrick Mosconi

    Bury my heart at wounded knee, Dee Brown

    The earth shall weep, A history of native america, James Wilson

    source : http://www.soundofpixels.net/?p=271

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    Biographie d'Edward Curtis

     

     

     

     

    Edward Sheriff Curtis, né le 16 février 1868 à Whitewater et mort le 19 octobre 1952 à Los Angeles, est un photographe ethnologue américain.

     

    Il a été un des plus grands anthropologue social des amérindiens du nord américain (Navajos mexicain, Amérindiens des États-Unis, et Inuits),
    avec des rencontres enrichissantes, des écrits (tels sur les mythes et coutumes), et de nombreuses photos sur verre remarquable.

     

    Ainsi, de manière non exhaustif, il a entreprit l'inventaire photographique d'un très grand nombre d'amérindiens des 80 tribus existantes.
    (Cette population indienne qui était estimée à plus d'un million d'individus au XVIIIe siècle, avait chuté aux alentours de 40 000 lorsqu'il débuta son projet).

     

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