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    A Hauterives, dans la Drôme, se trouve une oeuvre très singulière :

    le palais idéal du facteur Cheval !

      "Fils de paysan je veux vivre et mourir
    pour prouver que dans ma catégorie
    il y a aussi des hommes de génie
    et d'énergie. Vingt-neuf ans je suis resté
    facteur rural. Le travail fait ma gloire
    et l'honneur mon seul bonheur;
    à présent voici mon étrange histoire.
    Où le songe est devenu,
    quarante ans après, une réalité."

    Ferdinand Cheval facteur de la commune de Hauterives dans les années 1880, a passé 30 de sa vie à construire ce qu’il a appelé le palais idéal. Avec ses faibles revenus, il a acheté un petit terrain sur lequel il a commencé à construire une bâtisse inspirée de toutes les illustrations des pays lointains qu’il a pu voir.

    On peut y voir sa mosquée, ses palais hindous, sa maison blanche… Il est allé chercher tous les matériaux à brouettes sur les collines de son village. Aujourd’hui on peu visiter ce site incroyable…

     

     

     

     

    Le Facteur Cheval en tournée.

      

    Tout facteur n'est pas Cheval. Et il y a trop de volonté, d'ingéniosité, de ferveur devant le savoir pour ne pas faire du Facteur Cheval un être d'exception et un exemple. Proche, en cela, du douanier Rousseau qui dévore les ouvrages scientifiques, les revues savantes, pour combler son manque de culture, ayant quitté l'école trop tôt et en souffrant.

      

    Palais idéal ouest

      

    C'est souvent le propre des autodidactes que d'avoir plus de respect pour la culture que ceux qui y ayant accédé jeunes, et sans effort (comme une chose naturelle, de leur éducation) n'en mesurent pas toujours le prix. Concevant une maison (un Palais idéal) il l'a fait à la mesure de ses connaissances, accumulant les références comme pour se prouver l'étendue de son savoir, et soulignant avec une sorte de naïveté, toute la force humaine qu'elle justifie, valorise.

      

      

    Le voici, durant ses tournées (à pied, et avec sa brouette), récupérant, ça et là, dans les champs, les fossés, les pierres qui vont venir s'ajouter à celles de la veille et qui, peu à peu, se métamorphosent en multiples détails ornementaux d'un palais fou, sorti tout droit de son imagination.

     

      

    J'ai souvenir de Miro, me montrant dans son atelier, les bois mangés par l'eau, le soleil et le temps, ou les galets, en formes étranges jusque dans leur suaves sinuosités, et m'affirmant que c'était là son catalogue à partir duquel il réinventait un monde qui nous semble insolite et qui est pourtant à nos pieds, il suffisait de savoir le regarder.

      

      

    Le regard du Facteur Cheval creuse au delà des éléments qu'il assemble, les profondeurs de son imaginaire qui est aussi sa mémoire, et le reflet de ses connaissances livresques patiemment apprises.

      

     

    Le Facteur Cheval et le pouvoir du rêve.

      

      

    Habiter ses rêves, quoi de plus naturel pour celui qui saura leur donner forme. Le Facteur Cheval aura été jusqu'au bout d'une logique qui, souvent,  nous paraît trop contraignante pour s'y résoudre. N'est ce pas le propre du rêve que de s'effacer quand notre esprit reprend le chemin du réel.

      

      

      

    Ou alors nous mène-t-il à la folie quand on tente de le poursuivre en se contentant de le contenir dans notre corps, prisonnier d'une illusion, le réel le déniant, le quotidien le repoussant. Décevantes auront été les tentatives des poètes surréalistes qui veulent consigner par le biais des mots ces images furtives qui s'échappent et qu'ils s'obstinent à piéger en un filet dérisoire.

      

      

      

    Le génie du Facteur Cheval tient à une volonté défiant la raison, le lâche confort du quotidien, d'aller jusqu'au bout de sa propre logique ancrée dans le rêve et auquel la pierre donne une consistance, une résistance au temps, à son travail d'usure. Ne sont-ce pas dans les pierres que les grands bâtisseurs des civilisations passées ont confié le soin d'en perpétuer le pouvoir de fascination.

      

      

      

    Les civilisations dont les monuments témoignent ne sont plus, mais, par leur présence, ces "rêves de pierre" en portent encore la marque, sont comme des panneaux de signalisation qui balisent le champ élagué de leur vie active et quotidienne.

      

      

    Ce sont des monuments non plus voués à la pratique des humains, mais aux célébrations à des divinités, créées pour leur grandeur. Et parce que le rêve est un espace éloigné des aspects pragmatiques de notre vie, et qu'il plonge dans le plus profond de notre inconscient, il ne peut que générer des formes dont la subsistance nous fascine et nous porte à les classer dans l'espace du sacré.

     

      Palais Idéal du Facteur Cheval

      

      

    Le Palais Idéal du Facteur Cheval a ainsi souvent l'aspect d'un lieu de culte, il fait référence à des temples faramineux, traduits comme des citations, car ils sont empruntés à ce savoir encyclopédique dont le Facteur Cheval voulait faire usage, et, avec une certaine naïveté nous faire partager l'essence même qui est de nous hausser à la hauteur de ce que nous avons de meilleur en nous-même.

      

     

    Facteur Cheval des rêves de pierre.

      

    Pierres à pierres, transportées dans un simple brouette de jardinier, sa tournée de facteur terminée, il les accumule, les assemble, construit comme dessiné par un poètes pris de folie, une construction étrange, pleine de circonvolutions, de cavités, d'excroissances bizarres, et bientôt dominées par une forêt de tourelles, cheminées, miradors à rendre jaloux le château de Chambord, mais comme lui répondant à un rêve dément. Ici d'un  roi qui avait le pouvoir de le commanditer, là d'un presque manant mettant la main au coeur de son projet et y sacrifiant sa vie.

      

     

    Tout comme le douanier Rousseau (mais il est un peu son frère en architecture), il met dans son oeuvre la foisonnement de rêves qui l'habitent et qui s'alimentent, faute de voyages, de la consultation à la veillée de ces formidables publications qui, à la fin du XIX° siècle, apportent, dans les foyers, toute l'émotion du voyage, les images fabuleuses d'un exotisme encore vierge de toute exploitation commerciale et de congés payés. Des lointains fabuleux mais aussi porteurs de culture.

      

     

     Il est significatif de voir que le facteur Cheval, tout comme le douanier Rousseau, autodidactes, sont soucieux de parfaire leur culture, d'élargir leur horizon quotidien par ces constructions maniaques, minutieuses, ces agencements de formes empruntés au Magasin Pittoresque et qui deviennent des oeuvres originales, à la mesure de leur personnalité, à la fois discrète, écrasée par les contraintes d'une réalité qu'ils refusent, qu'ils défient, qu'ils contournent, qu'ils provoquent. Offrant leur réalité, et nous invitant avec insistance à les partager. Ce sont, paradoxalement, à la fois des oeuvres profondément  personnelles, et ouvertes. Témoignant d'un souci tenace, presque maladif, de communiquer la puissance de leurs rêves.

     

     

     SOURCES / wikipedia - LIEN DIAPORAMA :

    http://www.alundi.com/l/le-palais-ideal-du-facteur-cheval-5863

     

      
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    Si! Sans déc. Avec mon repassage en retard, les carottes à éplucher, Dominique et Léa qui vont arriver pour le thé, vous pensez si j’ai le temps de me vautrer dans la critique littéraire! En plus Manset, je comprends pas tout ce qu’il dit et faut pas compter sur lui pour vous expliquer. Amateurs de romans traditionnels, passez votre chemin! Et vous les groupies des intrigues bien menées qui progressent sagement au rythme de la chronologie et de la logique, allez voir ailleurs!

    Ecrivain-voyageur, Gérard Manset bouscule le temps, ses fantasmes et ses souvenirs asiatiques ou colombiens. Avec des morceaux de bravoure dans des Thaïlandes de rêve où l’on exhibe une pathétique créature qui fait penser à l’hermaphrodite-albinos du Satyricon de Federico Fellini. Impossible de suivre son récit de A jusqu’à Z. Il faut accepter de tomber dans des trous, admettre de s’y reprendre à plusieurs fois, chercher son passage du nord-est perso. Bref, errer dans un labyrinthe où vous retombez toujours (mais pour le perdre aussitôt) sur ce «prédateur des styles», sur ce «propagateur de la fièvre hindo-bouddhiste» : le facteur Cheval himself.

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    Acte de naissance de Ferdinand Cheval

    C’est pas la première fois, bien sûr, que Cheval fait irruption dans la littérature. Sans remonter au Revolver à cheveux blancs d’André Breton (1932) : «Nous les oiseaux que tu charmes toujours du haut de ces belvédères», on se souvient d’Alexandre Vialatte (Dernières nouvelles de l’homme) : «Chez l’homme, la tête pense, la main suit. Le reste y passe. Parfois pendant une vie entière. Le facteur Cheval en est un exemple éclatant».

    Et de Robert Morel éditant en 1969 un beau texte d’Alain Borne et témoignant : «C’est à Lyon, en 1942, dans les rues vides où nous rodions après le couvre-feu, qu’Alain Borne me parla du Facteur Cheval pour la première fois».

    Mais c’est pas une raison pour pas vous laisser porter par la musique très particulière et plus contemporaine de Gérard Manset : «L’avez-vous vu, ce palais? L’avez-vous déjà vue, cette basilique tout aplatie comme serait un morne coléoptère sur du sable tamisé ? Criquet dont la famille aurait volé plus loin (…). Un être avait commis cette équipée de la taille, tout juste, d’une goélette dont les cheminées seraient ces danseuses sémaforologiques (…) tournant leurs bras dans une gestuelle d’alphabet morse et incitant d’emblée à consulter les courts poèmes de grès marqués à la truelle mettant en scène ce qu’un Apollinaire lui-même aurait pu inspirer (…)».

     

    sources

    http://animulavagula.hautetfort.com/tag/ferdinand+cheval

     

    et BLOG de Monsieur  ERIC MEYER ( clichés photos )

    http://emeyer.blogspot.fr/2010/09/visite-ferdinand-le-facteur-cheval.html

     

     

     

     

     

     

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