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Par Dona Rodrigue le 8 Novembre 2011 à 18:58
- Fleurette de Nérac, vers 1571-1572, fille d’un jardinier de Nérac
- Charlotte de Sauve, en 1572.
Henri IV ne fut appelé 'le vert-galant" sans raison : on lui attribu au moins plus d'une cinquantaine de conquêtes féminines. Certaines sont devenues favorites en titre, d'autres sont restées dans l'ombre car elles n'ont paratagé le lit du souverain qu'une seule fois.
1. Fleurette de Nérac vers 1571-1572, fille d’un jardinier de Nérac2. Charlotte de Sauve en 1572, fille d’honneur de Catherine de Médicis
3. Bretine de Duras vers 1573-1574, fille cadette d’un meunier
4. « La Belle Rouet » en 1575, fille d’honneur de la reine Margot
5. Louise Borré vers 1576 qui lui donnera un fils, Hervé (1576-1643)
6. Jeanne Monceau de Tignoville de 1577 à 1578 que le roi maria avec François de Pardaillan, baron de Panjas, pour qu’elle cède à ses avances.
7. Victoire d’Alaya en 1578, fille d’honneur de Catherine de Médicis
8. Dayelle vers 1579, fille d’honneur de la reine Margot, venant d’Orient
9. Mlle Rebours en 1579, fille d’honneur de la reine Margot
10. Mlle de Montagu en 1579
11. Mme d’Allous en 1579
12. Aimée Le Grand en 1579
13. « la garce de Goliath » en 1579
14. Catherine de Luc en 1579, fille d’un médecin d’Argen. Elle se laissa mourir de faim lorsqu’Henri IV la délaissa, lui ayant fait un enfant.
15. Arnaudine en 1579, servante de Catherine de Luc
16. Anne de Cambefort, en 1579. Elle se suicida en se jetant par une fenêtre après le départ d’Henri IV.
17. Anne de Balzac de Montaigu vers 1579
18. Françoise de Montmorency-Fosseux de 1579 à 1581, fille d’honneur de la reine Margot. Elle eut une fille mort-née du roi en 1581
19. Anne de Petonville vers 1580
20. Les soeurs jumelles de l’Epsée vers 1580
21. Mme de Sponde en 1580, apothicaire
22. Mlle Maroquin en 1580
23. Xainte vers 1580, soubrette de la reine Margot
24. Diane d’Andouins de 1583 à 1589
25. Esther Imber (ou Ysambert), rochelaise, de 1587 à 1588. Elle meurt dans la misère à Saint-Denis en 1592. Elle eut deux fils d’Henri IV
26. Martine, rochelaise, en 1587. Elle eut un enfant d’Henri IV.
27. Bretoline en 1589
28. Madame de Foulebon en 1589, chaletaine
29. Antoinette de Pons, marquise de Guercheville en 1590
30. Marie Catherine de Beauvilliers, abbesse de l’abbaye de Montmartre en 1590
31. Catherine de Verdun, supérieure de l’abbaye de Longchamp en 1590. Elle recevra le prieuré de Saint-Louis de Vernon
32. Gabrielle d’Estrées de 1591 à 1599
33. Louise de Budos vers 1595-1596 duchesse de Montmorency
34. Mme Quelin, épouse d’un conseillé au Parlement en 1598
35. Isabelle Potier, femme du président de Boinville de 1598 à 1599
36. Mlle Clein en 1599
37. « La Glandée » fille de joie en 1599
38. Henriette-Catherine de Balzac d’Entragues de 1599 à1609
39. Marie-Françoise de La Bourdaisière, sœur de Gabrielle d’Estrées en 1599
40. Jacqueline de Bueil de 1604 à1607 dont un fils, Antoine de Bourbon (1607-1632)
41. Charlotte des Essarts de 1607 à 1609 dont deux filles : Jeanne-Baptiste (1608-1670) et Marie-Henriette (1609-1629)
42. Marie-Charlotte de Balzac d’Entragues entre 1605 et 1609
43. Charlotte-Marguerite de Montmorency de 1609 à 1610 princesse de Condé
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Par Dona Rodrigue le 1 Novembre 2011 à 15:00
Deux photos de Cléo de Mérode, entre 1891 et 1900
Cléo de Mérode, c. 1891.
Tirage albuminé, monté sur carton. 40 x 30 cm (à vue). Cadre. Estimation : 200 / 300 €
Cléo de Mérode, c. 1895-1900.
Cinq tirages albuminés et tirages argentiques d'époque par Reutlinger, Mathieu-Déroche, Benque et divers. De 13,5 x 8,5 à 19 x 12,5 cm. Estimation : 500 / 600 €
Vente du Mercredi 1er juillet 2009. Photographies Anciennes, Modernes et Contemporaines. Ader - Paris. Expert M. Antoine ROMAND. Pour tout renseignement, veuillez contacter la maison de ventes au 01 53 40 77 10.
Cléopâtre-Diane de Mérode, dite Cléo, est une danseuse issue, par sa mère, de la branche autrichienne de la famille belge de Mérode, née à Paris le 27 septembre 1875 et morte dans cette même ville le 17 octobre 1966.
Formée à l'école de danse de l'Opéra de Paris, cette jeune noble entreprend une carrière indépendante internationale à partir de 1898 et danse jusqu'à la Première Guerre mondiale. Elle se produit à l'exposition universelle de Paris en 1900 dans les « danses cambodgiennes ». Elle reparaît ponctuellement sur scène en 1934.
Sa beauté délicate, hors des canons « 1900 », est restée légendaire, ainsi que les hommages qu'elle reçut de quelques célèbres soupirants, plus particulièrement le roi Léopold II de Belgique, aventures qu'elle relate dans ses mémoires, Le Ballet de ma vie, publiées en 1955 par les Editions Pierre Horay, à Paris.
Elle a posé pour le sculpteur Alexandre Falguière, pour les peintres Degas, Boldini, elle a été représentée par Henri de Toulouse-Lautrec. Elle fut la première femme dont l'image photographique, due notamment aux photographes Paul Nadar, fils et successeur de Félix Nadar, et Léopold Reutlinger, a été diffusée à l'échelle mondiale; sans oublier le photographe Charles, Pierre Ogerau (1868-1929) qui prit de nombreuses photos de Cléo de Mérode, entre 1895 et 1902, et dont une photo de 1895 servit pour la couverture des Mémoires de Cléo de Mérode (elle avait insisté spécialement pour que ce soit cette photo, par Charles Ogerau, qui soit retenue).
Élue reine de beauté sur photographies par les lecteurs de L'Illustration en 1896 parmi 131 célébrités, elle accrut sa notoriété la même année avec un parfum de scandale, du fait de l'exposition de la La Danseuse d'Alexandre Falguière au Salon de Paris. Ce nu en marbre blanc grandeur nature, pour lequel elle prétend n'avoir posé « que pour la tête », particulièrement reconnaissable à sa fameuse coiffure « à bandeaux », a été soupçonné à tort d'être tiré d'un moulage sur nature de son corps.
Décédée à Paris, à son domicile rue de Téhéran, elle a été inhumée au cimetière du Père-Lachaise (90e division), où elle repose aux côtés de sa mère, née Vicentia de Mérode (une statue de Cléo de Mérode, sculptée par Luis de Périnat en 1909, repose d'ailleurs sur leur tombe). Wikipedia
SUPERBE BLOG de ALAIN TRUONG http://elogedelart.canalblog.com/tag/1895-1900
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Par Dona Rodrigue le 22 Octobre 2011 à 18:31
A Tokyo, Mémoires d'une geisha n'a pas tenu l'affiche longtemps. A Kyoto, ancienne capitale impériale et reposoir de la "japonicité", que le film, tourné essentiellement aux Etats-Unis est censé avoir pour cadre, cette reconstruction hollywoodienne de la grande figure de la féminité nippone a été accueillie avec un dédain narquois.
"Je suis allée le voir parce que mes clients m'en parlaient. Une fantaisie américaine sur notre monde, c'est tout", dit avec un sourire ironique Makoto, une jeune geisha. Elégante et enjouée dans son kimono noir sobrement brodé, le chignon parfaitement tiré, elle pourrait passer, par sa mise, pour une jeune femme traditionnelle, mais moderne par sa manière de parler et ses sujets d'intérêt - elle chante du jazz à ses moments perdus.
Après quatre ans d'apprentissage, elle est devenue geiko - mot que l'on préfère à Kyoto à celui de geisha, mais qui a la même connotation : "personne pratiquant les arts". Elle est née à Gion, le plus prestigieux "quartier des fleurs" - c'est-à-dire quartier des geiko de la ville. Rien ne prédisposait Makoto à entrer dans ce monde. Mais, enfant, elle fut séduite par cet univers chatoyant et attirée par les arts que l'on y pratique : danse, shamisen (luth à trois cordes) et tambourin. Un monde élevé au rang d'emblème de la tradition, épuré des ombres et des détresses d'autrefois, mais aujourd'hui évanescent.
Avant-guerre, on comptait plus d'un millier de geiko à Kyoto. Il en reste à peine une centaine aujourd'hui. Beaucoup de maisons de thé où se déroulent les banquets en leur compagnie ont disparu. Les "quartiers des fleurs" tendent à devenir des attractions touristiques, et les geiko, incarnations d'un idéal féminin façonné au cours des siècles, apparaissent quelque peu en porte-à-faux par rapport à leur époque.
Dans les petites rues et les venelles de Gion tombe le crépuscule. Les lanternes arrondies aux portes des maisons sont allumées et par moments retentit le kara koro, le bruit particulier des socques de bois surélevées, ponctué du tintement des grelots protecteurs dont sont munies les maiko, les "apprenties" geiko. Visage d'une blancheur diaphane et coiffure à la fabuleuse architecture, dite "en pêche fendue" (chignon formant deux coques avec les cheveux enroulés sur une soie rouge visible à l'arrière du crâne), enguirlandées de parures, elles se rendent d'une démarche ondoyante alourdie par leurs fastueux atours à leur premier rendez-vous de la soirée.
(Pour apprécier cette vidéo, cliquer sur le logo central de DEEZER - colonne de gauche, en bas) le fond musical du blog sera supprimé.
Gion, non loin de la rivière Kamo, qui traverse Kyoto, est l'un des cinq "quartiers des fleurs" de la ville. Des quartiers qui n'ont rien d'exceptionnel, sinon le nombre de leurs maisons traditionnelles qui abritent salons de thé ou communautés de geiko et maiko. Avec Pontocho, sur l'autre rive, longue ruelle scintillante de lumières, dont les maisons de thé disposent de terrasses sur l'eau, Gion est le plus prisé.
Les maisons d'un étage, en bois nu de couleur tabac ou miel selon l'ancienneté, recouvertes d'une lourde toiture de tuiles grises, sont fermées au rez-de-chaussée de rideaux de roseaux ou de claires-voies en lattis. Les façades sont étroites - parce que, autrefois, le montant des impôts était fonction de leur longueur - et l'intérieur s'étire en "lit d'anguille".
Les maiko se faufilent entre les curieux et disparaissent sous les crépitements des flashes derrière une porte coulissante. De discrètes enseignes lumineuses calligraphiées indiquent le nom d'une maison de thé. Dans la soirée, au fil des ruelles silencieuses, on entend parfois le son plaintif d'un shamisen, ce "coup de scie" qui faisait crisser les oreilles d'Henri Michaux, mais remplissait d'extase le romancier Yasunari Kawabata.
Enigmatique et déroutant, loin des conceptions occidentales du plaisir, le monde des geishas, avec ses splendeurs et son raffinement, ses liesses et ses ombres, a fasciné les visiteurs étrangers. Depuis l'ouverture de l'Archipel au milieu du XIXe siècle, il a donné lieu à un florilège de clichés dans lesquels se confondent les goujateries de Pierre Loti sur son "épouse" de quelques mois, Mme Chrysanthème (qui n'était pas geisha), et les sombres descriptions des "quartiers réservés" du vieux Japon - images plus révélatrices des fantasmes occidentaux sur l'"Orientale", qu'éclairantes des arcanes du monde des geishas.
Le roman d'Arthur Golden dont est tiré le film brasse les approximations. Tiré à 4 millions d'exemplaires et traduit en une trentaine de langues (en français au Livre de poche, 1997), il étaye d'anecdotes ce que l'Occidental pense savoir de ces "hétaïres" de l'Orient extrême. A Kyoto, les commentaires de l'auteur pour la promotion du livre suscitèrent la colère indignée de la geiko à laquelle celui-ci adressait ses remerciements les plus chaleureux dans la préface.
Mineko Iwasaki, qui fut "la plus grande dame" du Gion des années 1960-1970, estime avoir été trahie par les révélations qu'il fit de sa vie privée. L'affaire se termina au tribunal. Aujourd'hui, elle ne veut plus en parler. Elle préfère écrire des livres (dont l'un, Ma vie de geisha, a été traduit chez Michel Lafon) dans lesquels elle raconte sa carrière - commencée à l'âge de 6 ans - et brosse ce qui fut la dernière grande époque des "quartiers des fleurs".
Mineko Iwasaki, qui quitta le monde des geiko à 29 ans, a l'élégance des femmes dont le temps a effleuré la beauté en conservant au regard l'éclat des bouffées de bonheur et d'amertume du passé. "Ce que nous offrons ? De l'air, une atmosphère ! Une parenthèse dans le quotidien", dit-elle avec une spontanéité amusée en réponse à une question sur ce que les hommes viennent chercher chez les geiko.
Loin d'être compassée, une soirée en leur compagnie peut être étonnamment gaie. Les maiko restent silencieuses, attentives à remplir les coupes de saké : elles apprennent en regardant, dit-on. Mais leurs aînées, qui ne servent pas les invités et ne dînent pas avec eux, animent la conversation en créant par un trait d'esprit et une frivolité subtile ce liant qui fera le charme d'une soirée, dont le grand moment sera l'exécution de danses et de musique de shamisen.
Danses austères, presque statiques dans leur économie du geste, difficiles à apprécier par un non-initié, enseignées dans une école séculaire, dont l'ancienne directrice, l'étonnante Yachiyo Inoue, subjuguait encore son public à presque 100 ans.
Certaines geiko ont passé l'âge de plaire et, pourtant, plus que les jeunes maiko, elles ont l'art de séduire par leur sens de la répartie et une drôlerie parfois primesautière. L'expérience compte ici plus que la fraîcheur des traits. Dans les "quartiers des fleurs", il faut avoir "du chic" plus que "du chien". Savant dosage de raffinement dans les saveurs des mets, du saké et du charme enjôleur de ces femmes dépourvues de l'humilité associée à l'image de la Japonaise, la soirée se poursuit souvent en petit comité dans un bar. Là, dans l'euphorie de l'alcool, se donne libre cours le jeu éternel entre l'homme et la femme, fait de hardiesse et de retenue.
Un art de la galanterie minutieusement codé, qui exige que les partenaires en connaissent les tours et les détours.
On n'entre dans le monde des maisons de thé que sur présentation, et c'est une marque de statut social que d'y être connu. Si, en apparence, le décor des "quartiers des fleurs" ne change guère, avec son faste raffiné jusqu'au moindre détail - tout doit y être sublime : repas, arrangements floraux et effluves d'encens, femmes resplendissantes et prestations artistiques -, derrière leurs claires-voies, le bon goût n'est pas toujours au rendez-vous.
"Il y a encore des amateurs, mais le plus souvent les clients sont moins au fait des règles des 'quartiers des fleurs'", commente Mineko Iwasaki, qui a connu les plus grands noms de l'élite nippone. En fin de compte, c'est le degré de raffinement des clients qui donne le ton à une soirée. Car, dans leur souci de plaire, les geiko s'adaptent à leur registre - jusqu'à une éventuelle dérobade finale. "Les clients comprennent rapidement ceux que l'on apprécie", confie l'une d'elles.
Le style est la première exigence des "quartiers des fleurs". Autrefois, une notion était au coeur de leur code de la galanterie : iki. Un mot qui désigne une façon d'être à laquelle le philosophe Shozo Kuki (1888-1941), qui fut lié à Martin Heidegger et fut élève du jeune Jean-Paul Sartre, a consacré un traité (La Structure d'iki, PUF). Chic, sobrement élégant, raffiné sans ostentation, l'iki est une esthétique de la sensualité. Une disposition d'esprit qui peut s'apparenter à un dandysme : "La coquetterie qui est parvenue sous les leçons du destin au renoncement et vit dans la liberté de la hardiesse", écrit Jacqueline Pigeot, auteur de Femmes galantes et femmes artistes dans le Japon ancien (Gallimard). Une élégance dans laquelle se mêlent une sensualité fugitive et un détachement mélancolique, qui imprègnent par exemple les estampes d'Utamaro. Une retenue aux antipodes de l'ivresse de l'"amour-passion" de Stendhal et qui, au contraire, privilégie la retenue de l'"amour-goût", c'est-à-dire du jeu de l'allusif et de la coquetterie comme fin en soi. "Etre iki, commente soudain rêveuse Mineko Iwasaki, c'est avoir connu la vérité des choses..."Qu'est-ce qui fait une geiko accomplie ? L'une d'elles, déjà âgée, nous fit un jour cette réponse lapidaire : "C'est avoir connu le tréfonds de la passion et su tordre son coeur pour s'en dégager." Dissimuler ses larmes sous le masque de la frivolité pour être gaie, rayonnante, et filtrer à nouveau les métaphores de l'amour... "Dans l'amertume, l'art de la séduction gagne en profondeur émotionnelle, mais aussi en assurance", poursuivait-elle.
"Les clients changent. Ils sont plus jeunes, ils ignorent les règles, et les filles doivent suivre", déplore un amateur qui fréquenta ce monde non pas sur des frais de société - comme c'est souvent le cas -, mais sur ses propres deniers, par goût d'homme riche. Une heure dans une maison de thé est tarifée autour de 500 euros. Le pourcentage reversé à la geiko varie selon son ancienneté et son succès.
Aujourd'hui, les jeunes femmes maiko le sont par choix. Elles n'entrent plus dans ce monde par nécessité, mais parce qu'elles aiment les arts qui s'y pratiquent, son faste. Elles sont moins dociles qu'autrefois, se plaignent des patronnes des "maisons de geishas" (okiya) qui prennent en charge leur formation, les logent et leur fournissent de somptueux kimonos valant plusieurs millions de yens. Certaines désertent une formation draconienne. Mais la plupart n'ont pas envie de quitter les lumières de la fête. "Au début, dit Makoto, je me demandais ce que je faisais dans ce monde. Puis j'ai commencé à aimer ce décorum dépris du quotidien. Les maisons de thé sont aussi un excellent observatoire de la société..."
Les heures passées avec les clients ne sont qu'une partie de la vie professionnelle des geiko. L'entraînement et le "travail des apparences" occupent toute la fin de la journée. Le moindre détail est codifié : la coiffure, la longueur des manches du kimono, ses teintes, la ceinture... véhiculent un discret message sur leur expérience. Les atours des maiko pèsent plus de 20 kilos, et elles n'ont qu'une hâte en rentrant : se déshabiller, oubliant parfois les billets de banque qui ont été glissés dans leur vêtement au cours de la soirée. Devenue geiko, la jeune femme est autonome et vivra de la clientèle qu'elle s'est faite pendant ses années d'apprentissage. La plupart ont un riche protecteur, mais souvent aussi un amant de coeur - parfois en même temps... Certaines quittent ce monde pour se marier. D'autres y restent et ouvrent des bars. Depuis une trentaine d'années, les geiko peuvent tenir un établissement et trouvent dans cette activité un appoint financier.
Tout un monde d'artisans gravite autour des "quartiers des fleurs" : perruquiers, habilleurs... Ce sont les seuls hommes qui vont et viennent dans les okiya. L'homme est ici client ou subalterne. Une okiya est "une communauté de femmes" liées par des relations hiérarchiques de parenté fictive ("grande soeur, soeur cadette"), sur laquelle règne une patronne - la "mère" -, véritable femme d'affaires. "L'homme apparaît à la nuit, mais de l'aube au crépuscule nous sommes les maîtresses de notre monde", commente Mineko Iwasaki, qui, dans un de ses livres (Bataille de fleurs à Gion, non traduit), appelle à une "démocratisation" du fonctionnement des okiya. Comme ce fut le cas pendant des siècles, les "quartiers des fleurs" sont toujours régis par un cénacle de femmes, romantiques ou intrigantes, dociles ou rebelles, qui vivent des arts et des hommes, sans en dépendre...C'est au 18e siècle que la geisha fait son apparition dans le milieu dissolu de la société japonaise, comme une forme d'opposition ou de rivale morale à la courtisane (avec laquelle on le confond trop souvent) régnant à l'époque. Après des siècles de domination guerrière sous la tutelle des samouraïs, ce sont les marchands, nouveaux bourgeois, qui vont prendre le haut du pavé des grandes capitales nippones et vont instaurer un nouveau code moral empreint de valeurs esthétiques et artistiques. Les Japonais ont toujours eu un sens aigu de la hiérarchie et même la prostitution répondait à ces structures précises.
Jusque vers la moitié du 18e siècle, on pouvait consommer à plusieurs niveaux la prostitution, soit dans les rues, soit dans les maisons closes des quartiers chauds. Les reines de cette époque étaient les Tayû ou Grandes Courtisanes, qui surclassaient les autres autant par la finesse de leurs manières que par le luxe dont elles faisaient étalage.
Mais comme elles étaient fort coûteuses, on songea alors à former des femmes (quelques hommes aussi) qui allieraient plusieurs aptitudes à la beauté pour divertir les bourgeois noceurs. Dans les réceptions, on fait de plus en plus appel à ces personnes capables de danser, chanter, jouer d'instruments différents, raconter des histoires, faire des acrobaties ou donner de petits spectacles. Les geishas naissent ainsi de ce désir de marier tous les plaisirs en une seule personne. La Gei (art) Sha (personne) allait désormais incarner la plus esthétique des manifestations du plaisir et du divertissement.
Organisées à la façon d'une corporation, les geishas voient leurs activités réglementées par des heures fixes de travail, des uniformes et un code d'éthique rigoureux. Le visage fardé de blanc, le kimono de soie sanglé à la perfection, le tatami sous le bras, les geishas ne sont toutefois pas à vendre, ce ne sont pas des prostituées. Pourtant, beaucoup de prostituées ont revendiqué un statut de geishas pour appâter les hommes. Cette usurpation a considérablement entaché la réputation de ces artistes superbes.
Aujourd'hui, peu d'entre elles exercent encore leur admirable métier et leur nombre diminue chaque année. Et bientôt, la magnificence des geishas ne survivra plus que pour divertir le touriste...
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Par Dona Rodrigue le 22 Octobre 2011 à 17:52
Les courtisanes
Une courtisane est moins qu'une maîtresse, et plus qu'une prostituée. Elle est moins qu'une maîtresse parce qu'elle vend son amour pour des profits matériels ; elle est plus qu'une prostituée parce qu'elle choisit ses amants. La courtisane est, en fait, une femme dont la profession est l'amour, et dont les clients peuvent être plus ou moins distingués. Elle a dû être une femme respectable, jetée dans le demi-monde par une malheureuse aventure ; elle peut être une femme d'origine modeste, dont le seul espoir semble être son attirance physique.
Elle peut être une actrice qui abandonna de plein gré ses espoirs dans le théâtre ; Elle peut simplement être une arriviste, menant une vie d'aventure. Mais quels que soient ses origines et son but, quels que soient ses autres accomplissements, la profession de la courtisane est de bien vendre ses faveurs, pour pratiquer ses arts particuliers avec habileté.
Le XIXe siècle a donné au courtisanes toutes les occasions d'un âge d'or. En 1815, la chute de Napoleon a mis fin à une ère de guerre qui s'était étendue durant des générations. Pour la première fois depuis des décennies, et certainement depuis des siècles, la jeunesse française n'a pas été appelée pour dépenser sa principale énergie sur le champ de bataille et en mer.La Maison des Bourbons a été restaurée sous l'égide des puissances alliées. La France était libre de pratiquer les arts et d'apprécier les plaisirs de la paix. La révolution française s'était produite seulement vingt-six ans plus tôt et maintenant une révolution sociale changeait l'Europe. Les bourgeoisies n'étaient plus à présent simplement l'élément stable de la population. Pour la première fois dans l'histoire française, ils appréciaient la puissance et ils l'ont appréciée en grande partie par leur argent.
Car l'argent n'était pas maintenant le privilège des classes aristocratiques ; il était là, à la portée de tous ceux qui avait le sens et la détermination financiers. Le bouleversement politique avait produit ses spéculateurs ; la révolution industrielle a ouvert mille projets pour ceux qui étaient perspicaces. La révolution sociale signifiait que de nouvelles couches de la société doivent être considérées. Les marchés et les nouvelles inventions ont montré du doigt les bourgeois entreprenants.
Il y avait des besoins pour le commerce (une nouvelle clientèle a eu un intérêt croissant pour la nourriture sophistiquée et la mode). Il y eut l'établissement de la presse populaire, l'existence d'une nouvelle audience pour les théâtres et les concerts. « La consommation des pièces théâtrales est si grande aujourd'hui » a écrit Gautier en 1843, «(..) que les dramaturges ne peuvent y répondre...
L'une des conditions de notre époque, est d'imposer un travail continu, sans rupture et sans pause, à l'artiste et à l'auteur ». Un nouveau lectorat très important est apparu pour les romans, les livres de voyage et les livres populaires d'une nature plus édifiante. Vers le milieu du siècle, le réseau des chemins de fer, s'étendant à travers la France, aurait en grande partie changé les conditions de déplacement et présenté des occasions plus magnifiques. C'était une petite merveille que l'argent fut devenu le leitmotiv de l'existence. Vers les années1860, Gautier pouvait écrire que « la religion de l'argent est aujourd'hui la seule qui n'a aucun croyant. ».
Le XIXe siècle fut une époque pour les gens de carrière brillants ; certaines de ses carrières plus spectaculaires étaient celles des grandes courtisanes. La plupart d'entre elles, à un moment donné, ont apprécié leur propre hôtel, et peut-être leur propre château, leurs propres chevaux et leurs propres chariots impeccables, leurs vêtements et bijoux magnifiques et leur influence sur beaucoup d'hommes éminents de l'époque. Elles marquèrent leurs empreintes au Bois de Boulogne, dans leurs cabines au théâtre, chez Longchamp, à Vichy, à Baden, parfois plus loin.Elles ont constitué une classe à part, une confrérie féminine extraordinaire. Elles ont créé, en fait, ce que le fils de Dumas devaient reconnaître dans la fiction : elles étaient les créatrices du demi-monde.
Quelques courtisanes avient gagné l'immortalité dans différentes formes artistiques. Marie Duplessis l'a gagnée par sa mort, et son inspiration de La Dame aux Camélias et La Traviata. Madame Sabatier l'a gagnée dans sa vie, par Baudelaire.
Beaucoup de femmes célèbres étaient des courtisanes seulement pour le plaisir. Parmi elles, il y a madame Staël, qui était la maîtresse d'une époque, et madame Sand, qui était maîtresse de l'autre ; Rachel, qui a mené une vie turbulente sur la scène et hors de la scène, et Sarah Bernhardt, qui avait déclaré : « j'ai été parmi les grandes amoureuses de mon temps ».Hortense Schneider reste surtout l'interprète d'Offenbach, quelque fut la célébrité de sa vie privée ; et La Castiglione qui fut envoyée par Cavour pour séduire Napoleon III, était un agent politique d'une grande finesse, un ornement superbe du second empire, mais on ne peut l'appeler une fille de joie.
Pourtant de telles femmes , si elles ne peuvent s'intégrer dans la classe des grandes courtisanes, ont permis de créer l'environnement dans lequel les courtisanes pouvaient s'épanouir. Elles ont permis de définir le demi-monde sur la carte sociale ; elles l'ont fait refléter parfois dans leurs livres, dans leurs chansons, lors de leurs présentations sur scène et dans leur propre façon de vivre.sources :
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Par Dona Rodrigue le 27 Juillet 2011 à 14:06
Liane de Pougy (1869 – 1950) n’était pas une courtisane comme les autres. En effet, cette jolie danseuse des Folies Bergères séduisait aussi bien les hommes que les femmes, affichant ouvertement sa bisexualité et devenant même, dans ce Paris «dévergondé», une icône de l’homosexualité féminine.
Son grand amour fut l’écrivaine américaine Natalie Barney, âgée de 23 ans lorsqu’elle la rencontra. Ce fut le coup de foudre, puis la passion, suivie de la rupture lorsque la jeune auteure se mit à la tromper. Liane de Pougy, qui écrivit elle-même plusieurs ouvrages, raconta cette aventure dans son roman à succès «L’Idylle Saphique».
Plus tard, la courtisane devint Princesse, en épousant le Prince Georges Ghika, d’origine roumaine, qui finit par la quitter pour une plus jeune après 16 ans de mariage. Elle se consola alors des les bras de plusieurs femmes, avant d’entrer dans les ordres et de terminer sa vie dans la repentance.
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