• Les « femmes savantes » : les femmes et l’art au Moyen Âge

     

    Les « femmes savantes » : les femmes et l’art au Moyen Âge
         
    Ecrit par Alix Ducret
       
    Christine de Pisan (v.1365-v.1430)Épouses, mères, religieuses, les femmes du Moyen Âge, et notamment des XIIe et XIIIe siècles, étaient également des « femmes savantes » qui s’illustrèrent dans des domaines aussi variés que la littérature, la théologie, la médecine. Ainsi c’est à une femme, Herrade de Landsberg, abbesse du Mont Saint-Odile de 1167 à 1195, que l’on doit la première « encyclopédie » illustrée, destinée à l’instruction des moniales de l’abbaye. Et c’est une œuvre colossale qu’Herrade a rédigée : sous le titre poétique de Jardin des délices, elle a réuni des extraits de la Bible et des principales études de théologiens ou de Pères de l’Église et traité « d’astronomie, de chronologie, d’agriculture et horticulture, de toutes sortes de questions touchant l’homme, les arts, l’histoire », note Régine Pernoud. Mais Herrade de Landsberg n’est pas la seule religieuse à s’être préoccupée de l’instruction de ses sœurs.
    Héloïse, que l’on connaît surtout pour son aventure avec Abélard, donne une idée intéressante du degré de culture de certaines femmes au XIIe siècle.
      
    Lorsqu’elle rencontre Abélard, elle a déjà acquis une solide culture classique -philosophie et littérature- et la correspondance qu’elle entretiendra avec son ancien amant ressemble plus souvent à une discussion théologique ou philosophique qu’à un entretien amoureux. C’est d’ailleurs elle qui demandera à Abélard de rédiger un programme d’éducation -comprenant le grec, l’hébreu, le latin- afin de développer, chez les religieuses de son couvent, une meilleure compréhension de l’Écriture.
     
    Ne voit-on pas également Robert de Sorbon se rendre au béguinage de Paris, où la maîtresse du lieu enseignait, afin d’assister à ses cours et même prendre quelques notes ?
      
    À l’époque, les béguinages, où se regroupaient des laïcs, hommes ou femmes, qui vivaient en communauté, sans prononcer de vœux et se consacrant au travail et à la prière, apparaissent d’ailleurs comme des hauts-lieux de la connaissance et de la discussion. Et la correspondance que Robert de Sorbon entretint pendant des années avec les béguines de Cambrai et de Paris révèle assez clairement la haute estime en laquelle il les tenait.
     
    Outre leur apport à la culture, certaines femmes avaient également des connaissances plus « scientifiques » et même médicales. En effet, déjà à l’époque carolingienne, c’étaient les femmes qui assuraient les accouchements et les moniales fondaient, en même temps que leurs abbayes, des Hôtels-Dieu, c’est-à-dire des hôpitaux, où elles assuraient les soins. Au bas Moyen Âge, certaines femmes auront même le statut reconnu de médecin, comme une certaine Hersent, que Saint Louis désigna pour l’accompagner à la croisade. Malheureusement, l’exercice de la médecine échappera aux femmes dès la fin du XIIIe siècle, sous la pression de l’Université.
    Hildegarde de Bingen
    Hildegarde de BingenParmi ces « femmes savantes » que nous venons de voir, un nom se détache cependant : celui d’Hildegarde de Bingen. Selon le mot de Régine Pernoud, « avec Hildegarde, nous nous trouvons devant une femme qui est une réelle “ encyclopédie vivante ” ».
    Née à Bermershein, en Hesse, Hildegarde est confiée, dès l’âge de huit ans, aux bénédictines de Disibodenberg, situé sur les bords du Rhin. Elle prend le voile à quinze ans et, à trente-huit ans, en 1136, elle devient abbesse du couvent.
    Visionnaire, Hildegarde a déjà acquis une certaine renommée dans sa région lorsqu’en 1147 l’archevêque de Mayence soumet son premier ouvrage, Connais les voix du Seigneur (elle l’a commencé en 1141 après sa première expérience mystique), à l’assemblée réunie pour un synode à Trêves. L’ouvrage est applaudi, les écrits d’Hildegarde cautionnés par les plus hautes instances de l’Église -notamment le pape et saint Bernard de Clairvaux-, aussi la moniale décide-t-elle de poursuivre son œuvre.
    Le Livre des mérites, le Livre des œuvres divines succèdent à Connais les voix du Seigneur et traitent tour à tour, et avec un grand sens poétique, de la morale chrétienne, des sciences et de la doctrine de l’Église, révélant l’étonnant savoir de cette moniale. Une Vie de saint Disibod, une Vie de saint Rupert, un Livre de médecine simple, un Livre de médecine composée et les quelques trois cents lettres qu’elle a adressé aux grands de ce monde -roi, pape, empereur- ne peuvent que renforcer cette idée et rév, èlent que, comme d’autres femmes de son temps, Hildegarde avaient des « connaissances médicales approfondies ».
      
    Mais Hidegarde de Bingen ne se cantonne pas à l’écriture : elle prêche, écrit des poèmes, compose pas moins de soixante-dix symphonies et fait preuve, dans l’administration des moniales, d’une grande clairvoyance et d’une certaine connaissance juridique.
    Le fin’amor et la célébration de la femme
     
    Si Hildegarde de Bingen se révèle poète à ses heures, elle est loin d’être la seule. Mais, avant de découvrir quel fut le rôle des femmes en tant qu’auteurs, il est intéressant de voir quelle vision la littérature médiévale a donné de la femme.
      Les « femmes savantes » : les femmes et l’art au Moyen Âge
    Les chansons de geste, qui apparaissent au tout début du XIIe siècle dans les pays de langue d’oïl ne font pas une bien large part à la femme, loin s’en faut. Dans la Chanson de Roland, par exemple, si le héros a bien une fiancée, Aude, il ne semble pas s’en inquiéter et, à l’heure de mourir, toutes ses pensées vont vers son frère d’armes, Olivier. Guillaume d’Orange est, comme la Chanson de Roland, une célébration du guerrier, même si Guibourc, l’épouse de Guillaume, joue un petit rôle. En fait, la femme ne semble entrer en littérature qu’avec l’émergence du fin’amor.
     
    Né dans les pays de langue d’oc, le fin’amor est l’expression poétique de l’idéal de l’amant courtois, une apologie de la douceur de vivre. Les troubadours célèbrent alors la langueur, le bon vin, le soleil, la beauté et, avec plus ou moins de courtoisie, la femme, objet de leur passion. Mais le fin’amor repose également sur l’idée que l’amour se confond avec le désir. Et le désir, une fois assouvi, disparaît, d’où la peur de l’assouvir vraiment. L’amour doit donc se mériter et si, dans la littérature courtoise originelle, la femme est accessible, ce n’est que difficilement.
     
    Un des premiers et des plus grands troubadours célébrant le fin’amor est sans conteste Guillaume IX, duc d’Aquitaine, qui contribuera de manière significative à faire du fin’amor un véritable art de vivre. Peu à peu, et sans doute sous l’influence d’Aliénor d’Aquitaine, petite-fille de Guillaume IX, cet art de vivre va s’étendre au Nord, aux pays de langue d’oïl. Là, il va se transformer lentement et devenir ce que l’on a appelé « l’amour courtois ». 
     
    L’amour courtois et la femme-objet
     
    L’amour courtois, terme inventé au XIXe siècle, désigne l’amour idéalisé et stylisé que chantaient les trouvères. Il y a donc bien une distinction à faire entre fin’amor du Midi et amour courtois, tel que le célébraient les pays d’oïl. Ainsi, la courtoisie du Nord met en avant les notions de loyauté, de générosité, d’élégance morale, de fidélité. La femme, qui est souvent idéalisée, n’est en fait qu’un acteur de second rôle, le premier étant tenu par le soupirant. Subissant toutes sortes d’épreuves, le héros doit donc s’élever, progresser en bonté, en générosité, en valeur, pour être digne de la dame, parangon de toutes les vertus. Une vision de la femme qui n’est pas plus réaliste que les écrits leur attribuant tous les défauts…
     
    Selon Huizinga, « aimer courtoisement est, pour le noble du XIIe siècle, la grande affaire de sa vie. C’est donc un idéal de culture se fondant avec celui de l’amour ». Mais sans doute faut-il voir dans cet « idéal de culture » une échappatoire, apparu bien à propos pour calmer les cadets de la noblesse. À cette époque, en effet, seul les aînés se mariaient et héritaient du fief. Les cadets ne se sentant pas de vocation à la prêtrise étaient condamnés à vivre en célibataire… jusqu’à ce que leur suzerain leur donne les moyens de « s’installer ». L’amour courtois permettait donc à ces chevaliers d’avoir un objet d’amour et même d’adoration… et de se rapprocher de leur seigneur. En effet, lorsque l’on étudie les romans courtois, on constate que l’objet de l’amour du héros est toujours la femme de son suzerain -Lancelot et Tristan en sont les meilleurs exemples. Il ne recherche donc pas tant l’amour de la dame -que de toute façon il n’aura jamais- que l’amitié de son seigneur, amitié qu’il extériorise en courtisant sa dame.
     
    De La Male dame à la Bonté des femmes
     
    La littérature médiévale était-elle profondément misogyne ? C’est ce que veulent nous faire croire certains érudits mais, comme pour tout, la vérité est rarement aussi tranchée. 
     
    Si on lit certains poèmes de Guillaume IX d’Aquitaine, on peut être choqué par les propos licencieux. Mais, à travers ses mots, tour à tour crus et poétiques, le duc d’Aquitaine célèbre réellement la femme, qui pour lui est avant tout belle et objet de désir. Quant aux romans courtois, ils semblent faire peu de cas de la femme en elle-même et célèbrent avant tout l’idéal de chevalerie. En fait, toute la littérature médiévale oscille entre ces deux tendances. 
     
    Ainsi, Dame escoillée ou La Male dame, poème normand du XIIIe siècle, joue sur l’inversion de l’image courtoise et dépeint une femme tyrannique avec son époux, le contredisant toujours. Par contre, à la même époque, Nicole Bozon compose Bonté des femmes qui, comme l’indique son titre, célèbre la femme sans pour autant l’idéaliser.
     
    Le mécénat féminin
     
    Comme on a pu le voir, les femmes étaient, à l’époque médiévale, souvent fort cultivées et elles eurent un rôle certain à jouer dans la propagation de la courtoisie. 
     
    La première d’entre elles est, sans conteste, Aliénor d’Aquitaine. Petite-fille du troubadour Guillaume IX, elle a été élevée dans la culture littéraire du Midi. Son arrivée à la cour de France et, plus tard, à celle d’Angleterre va grandement faciliter la propagation de cette culture dans les pays du Nord et elle peut être considérée comme un personnage central dans la renaissance médiévale du XIIe siècle. Mécène et protectrice des arts, elle influencera des troubadours, comme Bernard de Ventadour ; Wace lui dédiera le Brut et la Chronique des ducs de Normandie et Benoît de Saint-Maure son célèbre Roman de Troie. Les « femmes savantes » : les femmes et l’art au Moyen Âge
      
    Tous les spécialistes de la littérature médiévale insistent également sur le rôle qu’a eu Aliénor dans la diffusion de la légende de Tristan. Mais, « l’un des aspects les plus frappants du mécénat d’Aliénor est son caractère féminin ». Et en effet, on peut dire qu’elle a contribué très largement à permettre à la « dame » de faire une entrée triomphale dans la société comme dans la littérature.
     
    Mais Aliénor d’Aquitaine est loin d’être un cas unique et ses enfants, profondément marqués par ce qui prend l’allure d’un art typiquement familial, vont étendre et pérenniser son action.
      
    Ainsi, Richard Cœur de Lion, qui se piquait d’être un peu troubadour, écrira des poèmes ; Marie de Champagne fournira à Chrétien de Troyes le sujet de Lancelot ou le Chevalier à la charette, véritable « somme » sur la courtoisie, et fera de la cour de Champagne un des hauts-lieux de l’art courtois ; comme sa sœur, Alix de Blois se révélera un grand mécène, de même que Mathilde, épouse du duc de Bavière et de Saxe, pour qui la Chanson de Roland sera traduite en allemand ; quant au rayonnement des troubadours à la cour de Castille, il est également à mettre en rapport avec la présence d’Aliénor, une autre fille de la célèbre duchesse d’Aquitaine.
     
    Tobairitz et autres poètes
     
    Tout cela est très bien me direz-vous, mais il ne s’agit là que de mécénat. Que l’on sache, aucune des filles d’Aliénor n’a rien écrit qui ait été diffusé. Soutenir est une chose, influencer également, mais l’écriture était-elle donc l’apanage des hommes ? Eh bien non. On connaît le nom d’environ quatre cent cinquante troubadours, parmi lesquels une bonne vingtaine de femmes : les tobairitz.
     
    Ce terme méridional désigne soit les jongleuses accompagnant les troubadours, soit les interprètes -de trobar : chanter-, soit les auteurs elles-mêmes. On ne sait pas grand chose des tobairitz, qui intriguent plus qu’autre chose. Pourtant, leur existence permet de penser que, non seulement les femmes écrivaient, mais qu’elles prenaient également part aux joutes poétiques et qu’elles les organisaient. Ainsi, Marie de Ventadour (fin XIIe-début XIIIe siècle), épouse d’Elbe V, est célèbre à la fois comme auteur, pour ses dialogues avec Gui d’Ussel, comme inspiratrice de plusieurs poètes et pour avoir abrité des joutes, dans la plus pure tradition des cours d’amour.
     
    De même, la comtesse de Die, qui vécut sans doute dans le dernier quart du XIIe siècle, est l’auteur de quatre cansos -poèmes lyriques- et d’une tenso -dialogue ou discussion-, œuvres où, dans un style pur, la passion et la sincérité prédominent. Et si l’on connaît mal la vie de la comtesse de Die, ses œuvres supposent « une grande culture et une aisance littéraire surprenante ».
    Une autre poète médiévale, célèbre pourtant, a gardé sa part d’ombre. Les lais de Marie de France sont connus mais nul ne sait vraiment qui était leur auteur.
      
    Son prénom seul est connu, grâce à une note laissée dans ses Fables :
    Marie ai nun, si sui de France
    Marie ai nom et suis de France.

     
      
    Marie de France apparaît cependant comme l’un des auteurs les plus intéressants de la période médiévale. En effet, s’inspirant des contes de la tradition celtique, elle les a combinés avec le monde courtois du XIIe siècle. Voilà qui suppose déjà une certaine culture, puisqu’elle a trouvé ses « contes » chez Ovide, dans le Roman d’Eneas ou encore chez Wace. Selon Rychner, Marie nous offre « un bon exemple de ce qu’une culture et une pensée “ renaissantes ” peuvent apporter de “ moderne ” à la littérature… »
    Culture et savoir… malgré tout
     
    S’il ne fait plus de doute que les femmes étaient cultivées au XIIe siècle, qu’en est-il du reste de la période médiévale, soit des trois siècles suivants ?
    Une décision malheureuse va, au XIIIe siècle, éloigner les femmes des filières classiques du savoir : leur exclusion de et par l’Université.
     
    À l’origine, l’Université n’était qu’une « corporation » regroupant maîtres et écoliers. Mais, en 1215, elle va acquérir, selon les termes de Jean Favier, son « indépendance juridictionnelle et intellectuelle », notamment vis-à-vis de l’autorité épiscopale. Ainsi, maîtres et écoliers ont désormais la haute-main sur l’administration de l’Université, une Université qui se veut uniquement cléricale… et donc masculine (il est à noter cependant que l’Université de Paris tenta pendant deux siècles d’évincer également les ordres mendiants). 
     
    Exclues, les femmes sont donc privées du droit de recevoir son enseignement et de passer des diplômes. C’est justement ce qui justifiera l’interdiction aux femmes, par l’Université, de pratiquer la médecine. Elles ne pouvaient être médecins n’ayant pas les diplômes requis, diplômes qu’on leur refusait le droit de passer…
     
    Cela n’empêchera cependant pas les femmes d’acquérir des connaissances ou encore d’écrire. C’est le cas de Marguerite Porète, célèbre béguine du XIVe siècle, qui fut brûlée à Paris en 1310. Adepte de la doctrine du Libre-Esprit, elle rédigea un véritable ouvrage doctrinal sous le titre Miroir des âmes simples. Plus tard, Christine de Pisan s’imposera dans le monde littéraire de l’époque.
     

    Les « femmes savantes » : les femmes et l’art au Moyen Âge

     
      
      
    Une chroniqueuse à la cour de France
     
    Italienne d’origine, Christine de Pisan arrive en France vers l’âge de quatre ans, lorsque son père devient médecin et astronome-astrologue à la cour de Charles V. Mariée à quinze ans, elle devient veuve, en 1389 : elle n’a alors que vingt-cinq ans et trois enfants à charge, sans compter une mère et une nièce. Placée dans une situation matérielle extrêmement difficile avec la mort de son mari, Christine décide donc de se remettre à l’étude, tout en écrivant. 
     
    Déjà auteur de pièces lyriques et de ballades, Christine de Pisan va véritablement asseoir sa renommée en s’attaquant à la toute-puissante Université. Soutenue par Jean Gerson, théologien initiateur de la « dévotion moderne », elle se lance dans une critique acerbe de l’œuvre de Jean de Meung, le Roman de la Rose. La discussion durera trois ans et Christine en tirera, outre un Débat sur le Roman de la Rose, une grande notoriété.
    Abandonnant le style léger des ballades, elle se lance alors dans des œuvres didactiques, telles que le Livre de la Cité des dames, où elle fait l’apologie de la sagesse féminine, l’Epistre Othea, dont elle assurera en partie l’iconographie, le Livre de paix, où elle appelle les princes à la concorde et le Livre de la mutacion de fortune. Elle deviendra également la première femme chroniqueur en rédigeant le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V.
      
    S’étant retirée au couvent de Poissy, Christine renouera une dernière fois avec l’écriture en composant, après le sacre de Charles VII, le Ditié de Jehanne d’Arc.
     
    Auteur prolixe, Christine de Pisan prouve également, à travers ses écrits, que les femmes de la fin du Moyen Âge avaient encore une certaine culture. C’est d’ailleurs ce que confirme l’étude des bibliothèques, des livres de compte ou même des testaments.
     
    Que lisaient-elles ?
     
    La recherche de Bertrand Schnerb, spécialiste de la Bourgogne aux XIVe-XVe siècles, sur Marguerite de Bécourt comparée à celle de Jacques Paviot sur la comtesse de Tonnerre permet d’avoir une vision, qui pour nous sera exemplaire, du niveau de culture des dames nobles -grande ou moyenne noblesse- au milieu du XVe siècle.
     
    La bibliothèque de Marguerite de Bécourt, qu’elle détaille elle-même dans son testament, comporte vingt-quatre manuscrits, ce qui n’est pas rien, parmi lesquels de grands classiques. On trouve deux livres de prière à l’usage des laïcs, huit traités de dévotion ou de morale, trois œuvres antiques ou ayant trait à l’Antiquité, cinq ouvrages d’histoire ou sur la façon de gouverner et trois œuvres littéraires : le Livre de Lancelot du Lac, le Roman de la Rose et le Cité des Dames de Christine de Pisan. Certes, outre les trois derniers ouvrages cités, cette bibliothèque paraît bien rébarbative et on pourrait penser qu’ils ne sont là que pour « faire genre », s’ils n’étaient pas tous en français, ce qui suppose qu’ils étaient destinés à être lus et étudiés.
     
    Jeanne de Chalon, comtesse de Tonnerre (v. 1388-v. 1450), semble, quant à elle, détenir la « bibliothèque type » du XVe siècle. Elle possède elle aussi des livres de prières, dont une Bible en français, des ouvrages historiques ou considérés comme tels, surtout axés sur l’Antiquité, des ouvrages didactiques, deux volumes traitant de géographie, Mappemonde et le Livre de Mandeville, et le Roman de la Rose, un incontournable.
    En comparant ces deux études, on peut donc dire que les dames nobles du XVe siècle ne lisaient qu’en français, aimaient être guidées dans leurs prières et se passionnaient pour les œuvres permettant de s’évader, que ce soit par le roman ou par les récits de voyages.
      
    En outre, l’étude de Jacques Paviot nous apprend que Jeanne de Chalon réunissait volontiers autour d’elle un petit cercle d’intellectuels, généralement des religieux, avec lesquels elle aimait à discuter morale et spiritualité. Pour ce faire, on suppose donc qu’elle possédait déjà une solide connaissance doctrinale et théologique propre.
      
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