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    L'avènement des Romanov :

     

    C'est en 1598 que s'éteint, à la mort du tsar Fedor Ier, la dynastie des Riourikides, la première dynastie régnante de Russie (la Rus'). La même année, Boris Godounov, le beau-frère et directeur de conscience du dernier représentant La destinée des Romanovdes Riourikides, se proclame tsar de la Rus' de Kiev et débute alors une période agitée appelée le "Temps des troubles". En dépit de ses efforts pour endiguer les crises politiques et sociales, Boris Godounov ne parvient pas à consolider l'Etat.

     

    Pis, il est accusé d'avoir fait assassiner le fils d'Ivan le Terrible et demi-frère de Fedor Ier, Dimitri (âgé de huit ans), afin de s'emparer du pouvoir. En 1605, Boris Godounov meurt brutalement, ouvrant une période de crise politique, peuplée d'aventuriers et d'usurpateurs. Son épouse et son fils de seize ans, Fedor II, sont massacrés par des Boyards qui s'emparent du pouvoir. De nombreux inconnus prétendent alors être le Tsarévitch Dimitri, fils survivant d'Ivan le Terrible et héritier au trône. L'un d'entre-eux sera même proclamé tsar, mais son règne ne durera qu'un an avant qu'il ne soit assassiné.

     Un autre faux-Dimitri se proclamera également tsar, mais n'est pas parvenu à s'emparer de Moscou. Pour mettre un terme à ces troubles qui déstabilisent l'Etat, le Zemski sobor (Congrès de la Terre russe) élit le 21 février 1613 un nouveau tsar, Michel Romanov, en sa qualité de petit-neveu d'Anastasia Romanova, la première femme d'Ivan le Terrible. Sa prétention au trône est donc légitime. Lors de son élection, le jeune Michel (âgé de seize ans), ne se trouve pas à Moscou, mais à Kostroma, au monastère Ipatiev. Trois siècles plus tard, en 1918, le tsar Nicolas II et sa famille seront assassinés dans la maison Ipatiev. La dynastie des Romanov est donc née au monastère Ipatiev, pour s'éteindre dans la maison Ipatiev. Tout un symbole !
     

    Les tsars de la dynastie RomanovLa destinée des Romanov

    Autoritaire sans être sanguinaire, Michel Ier utilise sa légitimité pour mettre fin aux désordres et renforcer les pouvoirs du souverain. A sa mort en 1645, le premier tsar Romanov laisse un pays en bon état, où l'autorité est restaurée. Son fils, Alexis Ier, est surnommé Alexis le très paisible pour son ouverture d'esprit et sa clémence. Cela ne l'empêche cependant pas d'adopter durant son règne un nouveau code légalisant le servage à travers toute la Russie. Alexis Ier aura douze enfants, dont le plus jeune deviendra Pierre le Grand. Le règne de celui-ci commence en 1682, conjointement avec son demi-frère, Ivan V, et sa demi-soeur, Sophie. Suite à un complot formenté par Sophie contre sa personne, Pierre, jeune homme de dix-sept ans, écarte son frère et sa soeur du pouvoir. Le nom de ce souverain incarne la modernisation et l'occidentalisation de la Russie. En 1704, il décide la construction de Saint-Pétersbourg sur le modèle des métropoles occidentales. Dès 1712, il en fait la capitale de l'empire. La Russie de Pierre Ier s'impose ainsi dans le monde entier. Tous ces succès qui font tant la gloire du tsar cachent cependant une autre facette de sa personnalité.

    A l'instar d'Ivan le Terrible, Pierre le Grand était un souverain particulièrement cruel. En effet, il n'hésitait pas à prendre part aux séances de tortures infligées à ses opposants et ira même jusqu'à faire fouetter à mort son propre fils, Alexis, hostile aux réformes de son père, en juin 1718. En 1725, Pierre meurt et c'est son épouse, Catherine, qui devient impératrice de Russie, contre la volonté du défunt monarque qui l'avait écartée de la succession. Deux ans plus tard, le 17 mai 1727, l'impératrice est emportée par la maladie à l'âge de quarante-trois ans. Deux monarques succèdent à la première impératrice Romanov, Pierre II et Anna Ivanovna, mais aucun d'entre-eux ne se montre à la hauteur de la succession du désormais légendaire Pierre le Grand. En 1741, Elisabeth Petrovna, la fille de Pierre Ier, accède au pouvoir par un coup d'Etat.

    La seconde impératrice de Russie se révèle être la digne héritière de son père en développant considérablement l'empire. Elle décède le 25 décembre 1761, après vingt ans de règne, sans aucune descendance.
     

    Les Holstein-Gottorp succèdent aux Romanov sous le nom de... Romanov ;

    Avant de disparaître, Elisabeth Ière avait désigné son neveu, Pierre de Holstein-Gottorp, pour lui succéder. La branche des Holstein-Gottorp, d'origine germanique, descend de Pierre le Grand. Elle adopte le nom de Romanov et règnera sur la Russie jusqu'en 1917. Intronisé sous le nom de Pierre III en 1761, ce nouveau souverain âgé de trente-trois ans ne brille pas par son intelligence. Devant l'incapacité de son époux à gérer convenablement les affaires de l'Etat, Sophie d'Anhalt-Zerbst, princesse d'origine allemande connue en Russie sous le nom de Catherine, s'empare du pouvoir par un coup d'Etat le 28 juin 1762 et fait exécuter Pierre III, l'homme qui a été son mari pendant plus de dix-sept ans. La destinée des Romanov

    Catherine est couronnée le 22 septembre 1762 sous le nom de Catherine II, dite la Grande. Correspondante des plus grands philosophes français tels que Voltaire et Diderot, Catherine la Grande a hissé la Russie au rang des grandes nations et, malgré ses origines allemandes, s'est montrée à la hauteur de l'empire de Pierre le Grand. Elle décède en 1796 et laisse la place à son unique fils légitime, le timide Paul Ier. Intelligent et érudit, mais aussi imprévisible et colérique, il a grandi dans la haine de sa mère, et n'a cherché qu'à détruire son oeuvre. Toute sa vie, il a été hanté par l'assassinat de son père et ne voyait que des complots autour de lui, au point de sombrer dans la folie.

    En 1801, un complot voit cette fois véritablement le jour. Paul Ier est assassiné dans la nuit du 11 au 12 mars 1801 avec la complicité passive de son fils, le futur Alexandre Ier, qui en portera toute sa vie la culpabilité. Alexandre Ier est couronné tsar quelques jours plus tard. Son règne est placé sous le signe du conflit. A l'extérieur, il subit les défaites d'Austerlitz et de Friedland face à Napoléon Ier, tandis qu'à l'intérieur, il repousse la Grande Armée parvenue aux portes de Moscou au moment même où la révolte gronde dans les rangs de l'armée.

      

      Alexandre Ier décède officiellement le 1er décembre 1825 de la typhoïde à l'âge de quarante huit-ans. A cette époque, des rumeurs prétendaient que le tsar n'était pas mort, mais qu'il s'était retiré en secret de la vie politique, comme il l'avait toujours souhaité. Parmi les différentes versions accréditants cette thèse, on retiendra le nom de Fedor Kouzmitch, un moine sibérien qui ressemblait étrangement au tsar défunt et dont les connaissances sur la politique de l'Etat en étonnait plus d'un. Il meurt en 1864. En 1926, Staline, exaspéré par toutes les spéculations entourant la mort d'Alexandre Ier, fit ouvrir sa tombe : elle était vide. Au lieu de faire taire les rumeurs, cette découverte ne fit que les raviver. Encore aujourd'hui, le mystère reste entier. 
    La destinée des Romanov

     

    Alexandre Ier n'ayant pas de descendance mâle, c'est son frère, Nicolas, qui devient tsar de Russie sous le nom de Nicolas Ier. Surnommé le "gendarme de l'Europe", Nicolas Ier n'était guère populaire. Sa mort en 1855 provoque la joie à l'étranger, mais aussi en Russie, où il était appelé "l'ennemi du genre humain". Son fils, Alexandre II, abolit le servage en 1861, tandis que la révolution industrielle transforme le pays en profondeur. Un vent réformateur parcours alors la Russie. Le 1er mars 1881, le tsar est assassiné, après un énième attentat perpétré contre sa personne .

    Son successeur, Alexandre III, en tant qu'autocrate convaincu, affirme les pouvoirs suprêmes du souverain, tandis que le pays s'enfonce dans l'agitation révolutionnaire. Il meurt subitement en 1894 à l'âge de quarante-neuf ans en laissant comme héritage à son fils, Nicolas, un Empire à l'agonie. 

    La fin d'un Empire

    A la mort de son père, Nicolas devient tsar sous le nom de Nicolas II. N'ayant aucun intérêt pour la politique, il confie à son futur beau-frère, le grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch : "Que dois-je faire ? Je n'ai pas été préparé à régner. Je ne comprends rien aux affaires de l'Etat. Je n'ai pas la moindre idée de la façon dont on parle aux ministres. Je n'ai jamais voulu être tsar ! Qui peut sauver la Russie ?". La même année, Nicolas épouse une jeune princesse d'origine allemande, petite-fille de la reine Victoria, dont il est amoureux depuis plusieurs années, Alix de Hesse-Darmstadt, connue en Russie sous le nom d'Alexandra Feodorovna. Entre 1895 et 1901, l'impératrice met au monde quatre filles : Olga, Tatiana, Maria et Anastasia. En 1904, Alexandra met enfin au monde un fils, le Tsarévitch Alexis. La joie des souverains ne dure guère longtemps. Peu de temps après sa naissance, les médecins détectent à Alexis une maladie incurable : l'hémophilie, "la maladie des rois", qui empêche le sang de coaguler correctement. Un seul cognement, une seule chute ou un seul saignement de nez, peuvent à tout instant tuer l'unique héritier au trône. Pour sauver la vie de son fils, Alexandra se tourne vers un homme de Dieu qui, semble-t-il, est le seul capable d'arrêter les hémorragies du petit Prince. Il s'agit de Grigory Raspoutine, un moujik venu de Sibérie. Sa vie de débauché ternie à jamais l'image des Romanov. Nicolas II doit également faire face à un autre problème. Tandis que les troubles révolutionnaires gagnent en intensité, le tsar n'arrive plus à imposer son autorité et peine à s'engager sur le chemin des réformes.

    C'est dans le contexte de la Première Guerre Mondiale que l'opposition sociale-démocrate, dominée par les bolchéviques, jure la perte de la Monarchie.

     

    La Révolution est en marche et elle emportera tout sur son passage, La dynastie des Romanov en premier.
    La destinée des Romanov

     

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    • Michel Alexandrovitch de Russie
    • (en russe : Михаил  Александрович Романов)
    • (22 novembre 1878 à Saint-Pétersbourg — 12 juin 1918 à Perm dans l'Oural)
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    • Famille :
    • Il était le fils du tsar Alexandre III de Russie et de son épouse née Dagmar de Danemark (Maria Fédorovna) et le frère de Nicolas II de Russie. Ses plus proches   parents régnaient sur la Russie, la Grande-Bretagne et les Indes, la Norvège, le Danemark et la Grèce.
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    • Mariage et descendance :
    • Après l'échec de plusieurs tentatives de fiançailles, le grand-duc s'éprit d'une femme mariée, Natalia Cheremetievskaïa (1880 — 1952) qui divorça pour lui. Ils n'eurent qu'un enfant, le grand-duc Georges Mikhaïlovitch (1910-1931).
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    • Biographie :
    • La famille et les amis de Michel Alexandrovitch de Russie l'appelaient « Micha », diminutif de Mikhaïl en russe.
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    • Enfance :
    • Michel Alexandrovitch de Russie fut le fils préféré de ses parents, il fut un passionné d'automobiles, de sport et de courses de chevaux.
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    • Béatrice de  Saxe-cobourg-Gotha :
    • En 1902, Michel Alexandrovitch de Russie s'éprit de Béatrice d'Édimbourg et de Saxe-Cobourg et Gotha (fille d'Alfred d'Édimbourg et de Saxe-Cobourg-Gotha et de    Maria Alexandrovna de Russie. Le grand-duc voulut épouser la jeune princesse, mais en vertu des lois de l'Église orthodoxe, le mariage ne fut pas autorisé car ils étaient cousine et cousin au  premier degré. Michel Alexandrovitch de Russie, la mort dans l'âme mit fin à sa relation avec la princesse.
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    • En 1904, Michel Alexandrovitch de Russie rencontra Alexandra Kossikovskaïa qui répondait au surnom de Dina, une dame d'atour de sa sœur, la grande duchesse Olga    Alexandrovna de Russie. Épris l'un et l'autre, ils décidèrent de se marier. Le grand-duc demanda à son frère aîné Nicolas II de Russie, la permission d'épouser Dina qui lui fut refusée : la    jeune femme n'était pas de sang royal et un mariage morganatique aurait contraint Michel à renoncer à ses droits sur le trône. Le grand-duc tenta d'épouser Alexandra loin de de Saint-Pétersbourg    mais ils échouèrent. Ils voulurent fuir ensemble à l'étranger, mais ils en furent empêchés. Michel finit par admettre les arguments de sa famille et Alexandra Kossikovskaïa s'exila volontairement    en Angleterre et ne retourna jamais en Russie
    • Natalia Cheremetievskaïa :
    • En décembre 1907, Michel Alexandrovitch rencontra et s'éprit de Natalia Cheremetievskaïa, une femme divorcée et mariée en secondes noces à Vladimir Wulfert, officier des Cuirassiers impériaux.
    • En août 1910, Michel et Natalia eurent un fils hors mariage : ils l'appelèrent Georges, comme le grand frère de Michel, le grand-duc Georges  Alexandrovitch décédé en 1899.
    • Le divorce entre Natalia Cheremetievskaïa et son mari ne fut prononcé qu'à l'automne 1910 après la naissance du jeune garçon qui fut enregistré comme "Georges  Wulfert" par l'état civil. Nicolas II accepta de faire changer l'acte de naissance et de légitimer l'enfant qui s'appela désormais Georges Mikhaïlovitch Brassov (Brassov était le nom que Michel  utilisait lorsqu'il désirait rester incognito et venait de sa propriété de Brassovo) .
    • Néanmoins, Nicolas II accorda à Natalia Cheremetievskaïa le titre de comtesse Brassova (une épouse morganatique ne pouvait être grande-duchesse#. De la même  manière, Georges Mikhaïlovitch, qui ne pouvait prétendre à la succession, porta le titre de comte Brassov et non celui de grand-duc. Il mourut dans un accident de voiture le 22 juillet 1931,    à l'âge de vingt et un ans. Sa mère, installée à Paris après la Révolution d'Octobre finit par être titrée SAS princesse Romanovskaya-Brassova le 28 juillet 1935 par le grand-duc Kyrill  Vladimirovitch de Russie, prétendant au trône en exil.
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    • Tsarévitch :
    • Lors de sa naissance, le grand-père du grand-duc, Alexandre II de Russie régnait sur l'Empire russe. A cette époque Michel Alexandrovitch de Russie figurait au  quatrième rang de la ligne de succession au trône impérial. Son père, ses frères, Nicolas Alexandrovitch de Russie et Georges Alexandrovitch de Russie le précédaient dans l'ordre de succession au  trône de Russie.
    • Au décès d'Alexandre III, son fils Nicolas lui succéda, il devint tsar de Russie sous le nom de Nicolas II de Russie, Georges Alexandrovitch devint le nouveau tsarévitch, en  1894, Michel Alexandrovitch de Russie occupa le second rang dans l'ordre de succession au trône impérial de Russie.
    • Georges Alexandrovitch de Russie décéda de la tuberculose en 1899, Michel Alexandrovitch de Russie devint prince héritier. Selon la législation russe, la grande-duchesse Olga Nikolaïevna de Russie ne pouvait succéder à son père tant qu'un héritier du trône de sexe masculin serait encore en vie.
    • Michel Alexandrovitch de Russie fut tsarévitch de 1899 au 12 août 1904, date de la naissance du fils de Nicolas II, le tsarévitch Alexis Nikolaïevitch de  Russie. Le grand-duc redevint deuxième dans l'ordre de succession.
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    • Première guerre mondiale et  Révolution :
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    • Dés la déclaration de la Première Guerre mondiale, (1914), Michel Alexandrovitch de Russie demanda au tsar la permission de rentrer en Russie avec son épouse et son  fils. Ils s'installèrent au Palais de Gatchina. Au grade de général, il commanda la division Sauvage formée de Tchéchènes et de troupes du Daghestan.
    • A 3 heures 05, le 2 mars (calendrier julien) ou le 15 mars (calendrier grégorien) 1917, sous la pression des généraux et des représentants de la Douma, son frère  Nicolas II abdiqua en faveur de son fils, Alexis. Toutefois, Nicolas II reconsidéra sa décision, sa réflexion fut la suivante : âgé de douze ans, souffrant d'hémophilie, séparé de ses   parents, le jeune tsarévitch deviendrait vulnérable. Dans un second document, signé à 11 heures 15, mais inscrit comme ayant été rédigé à 3 heures 05, heure du précédent document. Nicolas II de  Russie déclara :
    • « Notre héritage, nous le léguons à notre frère, le grand-duc Michel Alexandrovitch et lui donnons notre bénédiction pour son accession au  trône ».
    • La démission fut contresignée par le ministre de la Cour impériale, le comte Freederickz. Selon les lois fondamentales de l'Empire russe, Michel Alexandrovitch de  Russie devint tsar de Russie le jour où l'abdication de son frère Nicolas II fut légalement proclamée. Michel Alexandrovtich fut proclamé "empereur Michel II de Russie" par les troupes russes et  une minorité de villes.
    • L'accession au trône de Michel Alexandrovitch de Russie fut acceptée par la majorité du nouveau gouvernement provisoire, à l'exception notable d'Alexandre Kerensky, représentant du Soviet de Petrograd qui venait d'être formé.
    • Arguant que le Soviet n'accepterait pas le maintien de la monarchie, Alexandre Kerensky persuada le grand-duc Michel de renoncer à régner. Accompagné de deux  avocats (dont Vladimir Nabokov, père du futur écrivain) , ils rédigèrent une déclaration de renonciation au trône à signer par le grand-duc. Le lendemain, 16 mars 1918, Michel Alexandrovitch de Russie signa le document.
    • Dans cet acte d'abdication, le grand-duc ne refusa pas le trône, mais reporta l'exercice de l'autorité sur le gouvernement provisoire, dans l'attente d'un vote  démocratique par lequel le peuple russe déciderait de la conservation ou du remplacement de la monarchie.
    • Le manifeste dit entre autres :
    • « Je suis fermement résolu à assumer le pouvoir si telle est la volonté de notre grand peuple, qui doit désormais au suffrage universel et par  l'intermédiaire de l'Assemblée constituante établir une forme de gouvernement et de nouvelles lois fondamentales de l'État russe ».
    • Cette renonciation au trône, bien que provisioire et conditionnelle, marqua la fin du régime impérial en Russie.
    • Michel Alexandrovitch de Russie ne règna qu'un seul jour et se désista de tout engagement.
    • Son frère Nicolas II de Russie est considéré comme le dernier tsar de Russie.
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    • Les derniers jours :
    • Par ordre du Sovnarkom (le Conseil des Commissaires du Peuple)  Mikhaïl Alexandrovitch fut arrêté et emmené à Perm où il fut installé dans un hôtel avec son fidèle secrétaire Nikolaï Johnson #qui était Russe en dépit de son nom anglais#. Natalia Cheremetievskaïa, princesse Romanovski-Brassova, rencontra Lénine qui ne lui fit aucune promesse, précisant que   "cela ne dépendait pas de lui", le soir même, le gouvernement soviétique décida de maintenir Mikhaïl Romanov en détention dans l'Oural jusqu'à nouvel ordre.
    •  
    • Les archives disponibles de la Russie soviétique indiquent que le 12 juin 1918, des hommes de la Tcheka allèrent chercher Michel Alexandrovitch de Russie  et son ami et secrétaire, Johnson, à l'hôtel de Perm où ils étaient maintenus dans une semi-détention, et les obligèrent à monter dans deux voitures différentes. Arrivés à la périphérie de la ville, on les obligea à descendre et ils furent abattus tous les deux. Le grand-duc avait 39 ans.
    • Leurs corps furent brûlés.
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    • Réhabilitation :
    • Le 6 juin 2009, le Parquet général de Russie a annoncé la réhabilitation du grand-duc Michel Alexandrovitch de Russie et de cinq autres membres de la famille  impériale de Russie assassinés par des hommes de Tchéka lors de la Révolution russe.
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    • Généalogie :
    • Michel Alexandrovitch de Russie appartient à la première branche de la Maison d'Oldenbourg-Russie (Maison Holstein-Gottorp-Romanov), issue de la première branche de  la Maison d'Holstein-Gottorp, elle-même issue de la première branche de la Maison d'Oldenbourg.
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    ROMANOV - éxécution de la Famille Impériale.

      ROMANOV - éxécution de la Famille Impériale - les assassins.

     

    Avant même son arrivée, le 21 juin 1918[Iourovski reçoit des instructions du soviet de l’Oural concernant les préparatifs pour une prochaine exécution. Alarmé par l'avance de l’armée blanche, qui approche d’Ekaterinbourg, il reçoit bientôt ce message : Informé de la menace que font peser les bandits tchécoslovaques sur la capitale rouge de l’Oural et prenant en considération le fait que le bourreau couronné, en se dissimulant, pourrait échapper à la sentence du peuple, le Comité exécutif, exécutant la volonté du peuple, a décidé de fusiller le ci-devant tsar Nicolas Romanov, coupable d'innombrables crimes sanglants.

    Les jours suivants, Iourovski et son second, Ermakov, examinent les terrains du côté de Koptiaki, à dix-huit kilomètres de la ville, afin de trouver un endroit assez discret pour y enterrer les corps et garder secret le lieu de l’inhumation.

    Début juillet, l'armée de Koltchak s'approche dangereusement de la ville, où sont enfermés Nicolas II et sa famille. Le Comité central du parti bolchevique, alors favorable à un procès public du dernier des Romanov, envoie à Ekaterinbourg Golechtchekine, un bolchevik parfaitement sûr[109], pour ramener Nicolas II et sa famille à Moscou et organiser le procès.

    Pierre Gilliard[110] raconte dans son livre : « Le 4 juillet 1918, le commissaire Yakov Yourovski prit le commandement de la villa Ipatiev. Il emmena avec lui dix hommes, qui seront chargés de l’exécution. Pendant quelques jours, il parcourut la région à cheval pour repérer un endroit sûr où faire disparaître les corps. »

    Le 12 juillet, les officiers de l'Armée rouge préviennent que la chute de la ville n'est plus qu'une question de jours. Lénine et une partie du Bureau Politique décident alors secrètement de faire assassiner le tsar sans aucune autre forme de procès. Le 16 juillet, il reçoit de Sverdlov, à Moscou, l'autorisation d'abattre toute la famille. L'ancien monarque est peut-être fusillé avec toute sa famille dans la nuit du 17 au 18 juillet 1918, à Ekaterinbourg, une semaine avant que celle-ci ne tombe aux mains des Blancs. En 1990, Marc Ferro se demande si Lénine n'a pas fait que consentir à une décision prise par le soviet régional de l'Oural qui devait de toute façon prendre une décision des armées blanches et souligne que la décision se limitait au tsar, peut-être au tsarévitch, mais pas aux femmes de la famille Romanov[. La population d'Ekaterinbourg accueillit la mort du tsar avec "une stupéfiante indifférence"[

    Le 16 juillet au soir, Yourovski procura des pistolets à ses hommes. Après minuit, il demanda aux Romanov et à leurs domestiques (Evgueni Botkine, Anna Demidova, Ivan Kharitonov et Aloïs Troupp) de se préparer à être transférés dans un lieu plus sûr. Tout le monde descendit par les escaliers intérieurs jusqu’au sous-sol[112]. L’ex-tsar portait son fils dans ses bras. Il y avait deux chaises, où s’assirent l’empereur et l’impératrice, Alexis se trouvait sur les genoux de son père, les grandes-duchesses et leurs domestiques se trouvaient debout à côté du couple impérial.

      

    ROMANOV - éxécution de la Famille Impériale - les assassins.

     

    Yourovski, prétextant qu’il allait chercher un appareil photographique pour prouver leur bonne santé auprès de Moscou, alla régler les derniers détails du massacre avec ses hommes de mains, puis il ouvrit la double porte où se trouvaient les prisonniers. Les douze hommes s’alignèrent sur le seuil en trois rangs. Dehors, le chauffeur du camion mit le moteur en marche pour couvrir le bruit des détonations.

    Au premier rang des tueurs, Yourovski sortit un papier et se mit à le lire rapidement : « Du fait que vos parents continuent leur offensive contre la Russie soviétique, le comité exécutif de l’Oural a pris le décret de vous fusiller. » La fusillade se déchaîna aussitôt, dans le désordre le plus absolu. Il n’était plus question de préséance révolutionnaire : la plupart des soldats visèrent le tsar. Le choc des multiples impacts le projeta en arrière et il s’effondra, mort sur le coup. Alexandra et la grande-duchesse Olga eurent à peine le temps d’esquisser un signe de croix avant de tomber à leur tour, ainsi que Troupp et Kharitonov.

    ROMANOV - éxécution de la Famille Impériale - les assassins.

    Dans la fumée de la poudre qui emplissait la pièce, le tsarévitch effondré par terre, faisait preuve, selon Yourovski, d’une « étrange vitalité » : il rampait sur le sol en se protégeant la tête de la main. Nikouline, maladroit ou trop énervé, vida sur lui un chargeur sans réussir à le tuer. Yourovski dut l’achever de deux balles dans la tête[113]. Le sort des grandes-duchesses fut encore plus horrible : les projectiles ricochaient sur leurs corsets où elles avaient cousu des bijoux et des pierres précieuses pour les dissimuler aux gardiens.

    Yourovski dira, plus tard, qu’elles étaient « blindées » (ce détail, une fois connu, a alimenté les rumeurs des survivants car les bijoux avaient servi de gilets pare-balles, et également celle d’un fabuleux trésor). Anna Demidova fut aussi longue à mourir. Les tueurs avaient vidé leurs armes, mais cela ne suffit pas, car trois des grandes-duchesses étaient encore en vie.

    Selon son témoignage, Kabanov alla chercher une baïonnette en forme de couteau d’une Winchester pour les achever. D’autres l’imitèrent.

    Les victimes sont au nombre de onze : Nicolas II, sa femme Alexandra Fedorovna, ses quatre filles Olga, Tatiana, Maria et Anastasia, son fils Alexis, le médecin de la famille Ievgueni Botkine, la femme de chambre Anna Demidova, le valet de chambre Alexeï Trupp et le cuisinier Ivan Kharitonov. Une vidéo[114] reconstituant le massacre du tsar et de sa famille permet de mieux comprendre le déroulement des événements.

    Aussitôt l’exécution terminée, les corps sont chargés dans un camion et emmenés à un ancien puits de mine, dans le bois de Koptiaki, où ils sont jetés après avoir été dépouillés de leurs vêtements et de leurs bijoux. Yourovski s'avise vite cependant que les Blancs ne tarderont pas à les retrouver. La nuit suivante, aidé d'un autre commando, il repêche les cadavres et les emmène plus loin dans la forêt. À un moment, le camion s'enlise définitivement dans le sentier et il décide de les enterrer sur place. Après avoir fait brûler deux corps, les hommes de Yourovski préparent une fosse commune pour les autres. Ils y installent les corps, les aspergent d’acide sulfurique pour empêcher leur identification s’ils étaient retrouvés, puis remplissent la fosse en plaçant, pardessus, des traverses de chemin de fer [112].

    Deux jours plus tard, Yourovski part pour Moscou, emmenant avec lui les biens des Romanov. Il est également chargé de convoyer jusqu’à la capitale l’or des banques de l’Oural. Il expliquera ses actes dans sa confession du 1er février 1934.

    Du massacre à la réhabilitation

    ROMANOV - éxécution de la Famille Impériale - les assassins.

    Après le massacre (1918)

    La destruction totale des restes a pour but d’éviter qu’ils ne deviennent des reliques et de permettre à des pseudo-historiens et des escrocs de nier le massacre ou surtout de faire croire à l’existence de survivants[115]. Sverdlov fait biffer la mention concernant la famille sur un tract annonçant le massacre. À Trotski, qui avait soutenu l’idée d’un procès, Sverdlov répond froidement : « Nous l’avons décidé ici. Illitch [Lénine] était convaincu que nous ne pouvions laisser aux Blancs un symbole auquel se rallier[116] ». Lénine de son côté nie qu’il soit pour quelque chose dans le meurtre des enfants de Nicolas et des membres de sa famille.

    Après la reprise de la ville d'Ekaterinbourg par la légion tchèque[117], les pièces de la maison où a eu lieu le massacre sont placées sous scellés et le général tchécoslovaque Radola Gajda installe son état-major à l'étage. Son bureau personnel se trouve alors dans la pièce qui avait été affectée au couple impérial[118]. Le 7 février 1919, l'amiral Koltchak, chef des armées blanches, confie l'enquête à Nicolas Sokoloff et Mikhaïl Dieterichs sur la mort de Nicolas II et de sa famille. Le juge Sokoloff découvre dans un puits de mine, dont parlent aussi les bourreaux, des vêtements et des objets personnels, dont six buscs de corsets de femme, appartenant aux six victimes féminines[119].

    Controverses

    Le sort de la famille impériale reste pendant longtemps sujet à controverses : si le juge Sokoloff conclut immédiatement au massacre collectif et à l'incinération des corps, diverses personnes -- contestent ses conclusions. Le mythe de l’immense fortune impériale dormant dans des coffres étrangers ferait fantasmer des journalistes qui écriraient -d'après Hélène Carrère d'Encausse des ouvrages dénués de sérieux, à partir de rumeurs répandues dans la région [120].

    Ainsi en serait-il de Marina Grey, fille du général Denikine[121], qui tenterait de démontrer la survie courte -limitée à quelque mois ou aux quelques années de la guerre civile russe-d'une partie de la famille impériale. Seuls le tsar, le tsarévitch et les quatre membres de l'entourage impérial auraient été exécutés.

    ROMANOV - éxécution de la Famille Impériale - les assassins.

    ROMANOV - éxécution de la Famille Impériale - les assassins.

      

      

    sources : wikipediahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_II_de_Russie

      

      

     

      

     

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    - Le tsar Nicolas II (première partie)

     

    Nicolas II de Russie (en russe : Николай Александрович Романов, Nikolaï Aleksandrovitch Romanov), de la dynastie des Romanov, né le 18 mai 1868 (6 mai 1868 C.J.) au palais de Tsarskoïe Selo et exécuté le 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg. Il était empereur de Russie, roi de Pologne et grand-duc de Finlande.

    Nicolas II est le dernier tsar de toutes les Russies, de 1894 à 1917 . Il connaît de nombreux surnoms suivant les époques : Nicolas le pacifique, du temps de son règne, puis les soviétiques le baptiseront Nicolas le sanguinaire, mais de nos jours la tradition populaire orthodoxe le décrit comme un saint digne de la passion du Christ.

    Son règne et celui de son père correspondent à l'époque du plus grand essor dans l'histoire de la Russie du point de vue économique, social, politique et culturel. Les serfs sont libérés au temps du règne de son grand-père Alexandre II et les impôts sont allégés. Piotr Stolypine réussit à développer une classe de paysans riches, les koulaks.

      

    La population triple et la Russie, avec 175 millions d'habitants, devient la troisième ou quatrième puissance économique et possède le premier réseau ferroviaire après les États-Unis. Le rouble devient une monnaie convertible et outre un nombre important de marchands et d'industriels, l'Empire possède désormais ses propres financiers. Ils sont souvent des mécènes. La Russie prend du temps de Nicolas II, la deuxième place dans le domaine de l'édition de livres.

      

    De nouvelles universités, des écrivains, sculpteurs, peintres, danseurs... sont à l'époque connus dans le monde entier . Selon Alexander Gerschenkron : « Nul doute qu'au train où croissait l'équipement industriel pendant les années du règne de Nicolas II, sans le régime communiste, la Russie eût déjà dépassé les États-Unis » .

    Nicolas II gouverne de 1894 jusqu'à son abdication en 1917. Il ne réussit pas à contrôler l'agitation politique de son pays ni à mener les armées impériales à la victoire pendant la Première Guerre mondiale. Son règne se termine avec la révolution russe de 1917, pendant laquelle lui et sa famille sont emprisonnés d'abord dans le palais Alexandre à Tsarskoïe Selo, puis plus tard dans le manoir du Gouverneur à Tobolsk, et finalement dans la villa Ipatiev à Ekaterinbourg. Nicolas II, son épouse, son fils, ses quatre filles, le médecin de famille, son domestique personnel, la femme de chambre et le cuisinier seront ensuite assassinés par les bolcheviks dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. La Première Guerre mondiale marque donc la fin de quatre empires et ébranle les deux grands empires coloniaux.

    « Un homme fort n'a pas besoin du pouvoir, mais le pouvoir broie l'homme faible »

     

     



    Photographie de Nicolas II de Russie

     

    Monarques de Russie

     


    Nicolas II avec sa mère, Marie Fedorovna, en 1870.

     

    Le futur tsar Nicolas II (debout à gauche) avec ses parents et ses frères et sœurs en 1893.

     

    Le 6 mai 1868 naît Nicolas Alexandrovitch de Russie (en transcription universitaire, Nikolaj Aleksandrovič Romanov), fils d'Alexandre III et de Marie Fiodorovna (1847-1928), fille de Christian IX roi du Danemark. Il est le premier des cinq enfants du couple impérial : Alexandre (1869-1870), Georges (1871-1899), Michel (1878-1918), Xénia Alexandrovna (1875-1960) et Olga (1882-1960).

    Nicolas et ses plus jeunes frères sont élevés comme de jeunes spartiates : des lits de camp, un ameublement simple, des icônes de la Vierge et de l'enfant Jésus. Leur grand-mère Marie Alexandrovna introduit les coutumes britanniques en matière d'éducation chez les Romanov : gruau pour le déjeuner, bains froids, abondance d'air frais ... Leur mère est brillante, enjouée, aimant la vie en société, les bals et les fêtes et elle leur donne le goût du divertissement et de la vie mondaine . Mais elle ne s’occupe guère d’eux et c’est leur père, rude et bourru, qui monte dans leurs chambres pour les câliner . Le 31 mars 1881, il est présent lors de l'agonie de son grand-père, le tsar Alexandre II de Russie, qui a les jambes arrachées et est défiguré par un attentat, alors qu'il s'apprêtait à faire de grandes réformes. Nicolas devient tsarévitch. Pour des raisons de sécurité, le nouveau tsar et sa famille s'installent au palais de Gatchina en dehors de la ville

     

    En uniforme écossais 1890.

     

    À l'adolescence, le tsarévitch a déjà un caractère sérieux et réservé, respectueux des conseils de ses précepteurs et obéissant aux ordres de son père . Alexandre III confie l'éducation de son fils à des hommes issus de son gouvernement, parmi lesquels le procureur du Saint Synode, Constantin Pobiedonostsev, le général Danilovitch, le ministre des finances Bunge, totalement pénétrés de la nécessité d'un pouvoir impérial fort .

    En 1884, à l'âge de seize ans, il rencontre pour la première fois sa future femme, la princesse Alix de Hesse-Darmstadt, l'une de ses cousines allemandes, âgée de douze ans, dont il tombe amoureux. Toutefois la perspective d'un possible mariage avec une princesse allemande contrarie aussi bien le tsar que la tsarine, et Alexandre III ordonne à Nicolas Alexandrovitch d'abandonner tout espoir de se marier avec une Allemande .

    Le futur tsar mesure 1,73 m, est châtain avec des yeux bleus, il est mince et bien physiquement, selon ses contemporains. C'est un excellent danseur, patineur et cavalier et il a le goût de la chasse. Il parle plusieurs langues étrangères, dont bien sûr le français, mais la politique est pour lui une corvée . De 1885 à 1890, il fréquente la faculté de sciences politiques et économiques de l'université de Saint-Pétersbourg, devient colonel de la Garde impériale et suit aussi les cours de l'Académie d'État. Les journaux intimes du jeune Nicolas montrent son enthousiasme pour la vie de caserne, pour les parades, les revues, et la vie des jeunes soldats de la capitale. Le tsar, cependant ne fait rien pour lui enseigner l'art de gouverner. Il veut en faire un juriste, un officier et le meilleur représentant de la grande Russie et de l'illustre famille des Romanov auprès des cours européennes

      

    anecdote :

    Nicolas II et le roi d'Angleterre George V, qui étaient cousins germains par leurs mères, se ressemblaient à un tel point qu'ils étaient souvent confondus l'un avec l'autre. Le duc de Kent actuel ressemble également beaucoup à Nicolas II.

    Ainsi, au lendemain de la Révolution russe et de l'exécution de la famille impériale, un jour que le roi Georges V parut dans la pièce où se trouvait la grande-duchesse Xenia Alexandrovna, sœur de Nicolas II, entourée de ses serviteurs, ces derniers se méprirent sur l'identité de la personne et se jetèrent aux pieds du souverain britannique croyant que Nicolas II était ressuscité.

     

    Le tsarévitch Nicolas (futur empereur Nicolas II) à Nagasaki en 1891.

     

    Le 23 octobre 1890, il appareille sur un croiseur russe et fait une tournée officielle en Grèce, en Égypte, aux Indes, dans le sud-est asiatique, en Chine et au Japon. Il est accompagné entre autres de son frère Georges et de son cousin, futur Georges Ier de Grèce. Pendant son séjour au Japon, le futur tsar reçoit un coup de sabre d'un mari outragé par les avances que Nicolas aurait prétendument commises auprès de sa jeune épouse . Le tsarévitch doit revenir dans son palais en traversant la Sibérie. Il revient d’Asie avec grand mépris pour les Japonais, qu’il appelle les singes et il est plus que jamais assuré de son amour profond et sincère pour le paysan russe... « le meilleur des êtres humains » .

    À son retour, son père lui conseille de s'amuser et va même jusqu'à favoriser une relation du tsarévitch avec la première danseuse du Théâtre Marie, Mathilde Kschessinska. Nicolas, malgré son lien avec la danseuse, n'oublie pas la princesse Alix, et dans son journal il écrit que son rêve est, un jour, de l'épouser. Il rompt sa relation avec la Kchessinskaïa .

    Au début des années 1890, la santé de l'empereur Alexandre III se dégrade, et tout le monde sait que Nicolas Alexandrovitch va lui succéder. Comme il est tombé amoureux de la cousine de Guillaume II , il obtient le consentement de sa famille à son mariage avec Alix, malgré l'insistance de ses parents à vouloir le marier à la princesse Hélène d'Orléans, fille de Philippe d'Orléans (1838-1894) et ainsi renforcer l'alliance franco-russe. Le 8 avril 1894, Nicolas Alexandrovitch et Alix de Hesse-Darmstadt se fiancent officiellement au château de Cobourg, en présence de leur famille, parmi laquelle l'empereur Guillaume II et la reine Victoria, grand-mère commune à la fois des fiancés et du Kaiser.

    Son père avant de mourir lui dit : « Manifeste ta propre volonté, ne laisse pas les autres oublier qui tu es » . Nicolas II succède à l'empereur Alexandre III, le 1er novembre 1894.

     

    Le mariage de Nicolas II et de l'impératrice Alexandra Fedorovna.

     

    Le nouveau tsar se pose la question suivante : « Que va-t-il nous arriver à moi et à toutes les Russies ? » . Il dit aussi : « Non, je ne suis pas prêt à être un tsar. Je n'ai jamais voulu l'être. Je ne sais rien sur ce qu'il doit faire pour gouverner. Je n'ai pas la moindre idée de comme on parle aux ministres » . Pendant un certain temps il se contente d'imiter son père, mais il consacre beaucoup plus d'attention aux détails de l'administration que ce dernier.

    Protestante, sa fiancée se convertit avec réticence à la religion orthodoxe. Le Kaiser, leur cousin, s’entremet avec succès. Il veut renouer l’entente des trois empereurs . Le 26 novembre 1894, Nicolas II épouse la princesse Alix de Hesse-Darmstadt (1872-1918), fille du grand-duc Louis IV de Hesse et de la grande-duchesse, née princesse Alice d'Angleterre (1843-1878). Elle est connue en Russie, après sa conversion à l'orthodoxie sous le nom russifié d'Alexandra Féodorovna . Les cérémonies de mariage obéissent à un rite multiséculaire .

    Nicolas II et Alexandra ont eu cinq enfants : un fils, le tsarévitch Alexis Nikolaïevitch (1904-1918) et quatre filles, Olga (1895-1918), Tatiana (1897-1918), Marie (1899-1918) et Anastasia (1901-1918). Il existe de nombreuses photos du mariage, du couple et de ses enfants, qui forment une famille très unie .

     

    L'impératrice Alexandra Fedorovna de Russie

     

    Le 26 mai 1896 est le jour de son sacre comme empereur et autocrate de toutes les Russies (Божию Милостию, Император и Самодержец Всероссийский) et Basileus de l'Église Orthodoxe russe . Des images d'actualités de l'époque nous montrent le couronnement de Nicolas II de Russie. Le rituel est inspiré de Byzance et a lieu à Moscou, la capitale de la troisième Rome . À Moscou se trouvent les corps de ses ancêtres et cette grande ville outre qu’elle est le centre de l’Empire (Rossia) incarne la tradition Rous, l’ancienne Russie. Se conformant aux précédents couronnements Nicolas II fait une entrée triomphale dans la ville de Moscou, sur un cheval blanc, suivi des deux impératrices .

    Le jour de cette cérémonie très importante, une bousculade se produit dans la foule au champ de Khodinka, provoquant la mort de plusieurs centaines de personnes qui sont piétinées . Le tsar pense annuler les cérémonies officielles, mais il n’ose se décommander au bal du comte de Montebello, l’ambassadeur français. Il y paraît donc, blême et anxieux. Et à peine sorti de cette fête gâchée, il se rend au chevet des blessés . Le peuple du fait de cette catastrophe et de sa participation au bal va se mettre à haïr la tsarine qu’il surnomme « l’Allemande ». Or tout ceux qui vont la rencontrer vont rapidement se rendre compte qu’elle déteste le IIe Reich et parle en anglais, sa langue maternelle . Alexandra est méprisée aussi par les Russes du fait de l'amitié qu'elle voue à un moine débauché, Raspoutine, qui devient l'intime de la famille impériale, car il est capable de guérir les crises d'hémophilie, dont souffre le tsarévitch Alexis. Raspoutine acquiert une très grande influence sur le tsar et sur son épouse avant d'être finalement assassiné par une conjuration de hauts dignitaires en décembre 1916 (le député Vladimir Pourichkevitch et le prince Félix Youssoupoff, époux d'une nièce du tsar).

     

    Couronnement de Nicolas et d'Alexandra.

     

    Mal préparé n'ayant pas à assumer ses fonctions, Nicolas II est généralement considéré par les historiens comme un homme n'ayant ni l'imagination créatrice, ni l'énergie de concevoir un autre ordre . Il subit constamment l'influence de son épouse. Il rêve d'une existence bourgeoise avec elle et leurs enfants et de parties de tennis ou de bains dans les eaux glacées de la Baltique. D'ailleurs trois jours après son mariage, il écrit dans son journal : « Avec Alix je suis immensément heureux. Dommage que les affaires d'État me prennent tant de temps. Je préfèrerais passer avec elle toutes ces heures » . Le tsar semble parfaitement inconscient des intrigues de la cour, de sa dépravation et de l'affairisme de certains de ses conseillers. Jugé entêté comme tous les faibles, incapable de refus, il est trop délicat et bien élevé pour se déterminer grossièrement et, plutôt que refuser, préfère se taire. Son épouse écrit à la fin de sa vie en 1917 à une amie : « Si vous saviez au prix de quel effort il a pu vaincre en lui cette propension à la colère, propre à tous les Romanov !... Le plus magnifique des vainqueurs est celui qui se vainc lui-même» .

    En dépit d'une visite au Royaume-Uni avant son accession, où il s'intéresse au fonctionnement de la Chambre des communes, Nicolas II est opposé au parlementarisme, et même à une extension des pouvoirs des assemblées locales, les zemstvos. Il défend le principe de l'autocratie absolue , car il est profondément marqué par l'assassinat de son grand-père le tsar libérateur, Alexandre II, quand il avait 13 ans. Au mois de janvier 1895, il expose clairement son programme : il est le dépositaire d’une tradition, celle des Romanov. L’autocratie est un principe sacré, légitimé par des lois qui ne sont pas temporelles . Il répète aux Russes : « Vous avez formulé des rêves insensés » .

     

    Le tsar préside le Conseil d'État le 27 mai 1901.

     

    Nicolas II veut conserver l'organisation centralisée du pouvoir, qui avait permis de conserver la stabilité gouvernementale. Parmi ses principaux collaborateurs, figurent des hommes jadis proches conseillers d'Alexandre III, comme le procureur du Saint Synode, Constantin Pobiedonostsev, ancien précepteur de ce dernier, les ministres de l'Intérieur, Ivan Goremykine (de 1895 aux 1899) et le comte Plehve (de 1902 à 1904), le chef de la police de Saint-Pétersbourg, Dimitri Feodorovitch Trepov (de 1896 à 1905). Le choix de son cabinet annonce quelles vont être les orientations politiques des premières années du règne du jeune Nicolas II.

     

    Bureau du tsar au palais Alexandre de Tsarkoie-Selo.

     

    Totalement novice dans l'art de gouverner un état, il arriva au trône en appliquant les doctrines conservatrices apprises de Constantin Pobiedonostsev . Il a des idées toutes-faites et idéalise la réalité russe. Il est influencé par la lecture des biographies des saints orthodoxes et du tsar Alexis Ier, connu dans l'histoire russe comme le bon tsar et se veut être un vrai père du peuple, le surnom du tsar dans les campagnes russes .

    En même temps, il accède aux demandes de sa femme, timide et puritaine, qui veut s'éloigner, ainsi que sa famille, de la vie mondaine de l'aristocratie russe, en choisissant comme résidence le palais Alexandre, situé à Tsarskoïe Selo, en français le « Village des Tsars ». Cela le rendra - et surtout l'impératrice Alexandra - antipathique à une partie importante de la grande noblesse de Moscou et de Saint-Pétersbourg, qui ne se reconnaît pas dans cet empereur privilégiant un style de vie austère loin de la cour .

    Sous l'impulsion du comte Plehve, ministre de l'Intérieur, il soumet les zemstvos, assemblées provinciales ouvertes au peuple, à des fonctionnaires d'État, et organise une russification des provinces, en particulier de la Pologne, de la Finlande et du Caucase

     

     

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    SOURCES :

    sources :http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_II_de_Russie article écrit par http://artaban630.over-blog.fr/article-nicolas-2-suite-3-53553085.html
     

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  • - Le tsar Nicolas 2 (deuxième partie)

     

    Serge Witte et l'industrialisation de la Russie

    Nicolas II conserve aussi le ministre de son père, Serge Witte. Malgré leur divergence de caractère, Nicolas II approuve la politique de développement économique intensif menée par son ministre des Finances (de 1892 à 1903). Le comte de Witte veut faire de la Russie une grande puissance européenne.

    Portrait du comte de Serge Witte par Ilya Repine.

    Le 3 janvier 1897, Serge Witte continue les réformes financières amorcées sous Alexandre III : le rouble-or est instauré dont l'impérial (15 roubles) et le demi-impérial (7 roubles et 50 kopecks). Cette réforme donne un élan sans précédent en Russie, à l'économie et aux développements de l'industrie. La dette de la Russie passe de 258 à 158 millions de roubles entre 1897 et 1900 .

    Le comte de Witte a aussi comme priorité le développement du commerce à l'étranger. Après une négociation serrée avec Berlin, le gouvernement allemand accepte d'appliquer à la Russie un tarif douanier très favorable. En 1914, la moitié des importations russes viendront d’Allemagne et un tiers des exportations y partiront .

    Pour développer l'industrie, Serge Witte a recours à l'emprunt à l'étranger, les fameux emprunts russes . De 1895 à 1899, ils atteignent 275 millions de roubles, venant avant tout de France et un peu de Belgique. Grâce à eux, le développement industriel grimpe à des sommets jamais atteints. La production augmente en effet de 8 % dans les années 1890.


    Pièce de cinq roubles.

    Witte encourage les compagnies privées étrangères à venir investir en Russie. En 1900, près de 300 sociétés, en grande partie françaises et belges, y sont installées. Elles contrôlent 60 % de la production de houille et 80 % de celle du coke.

    Les progrès réalisés dans le domaine du développement économique, sans réel souci du sort des ouvriers, entraînent logiquement des mouvements sociaux. Serge Witte se rend compte de la nécessité de faire des réformes sociales, culturelles et politiques. Mais il doit faire face à l’essor de la culture russe traditionnelle qu'inspire au peuple et aux intellectuels la peur du changement. C’est le cas de Constantin Aksakov et d'Alexeï Khomiakov, slavophiles ennemis de l’Occident et du progrès, partisans du retour au mir et à l’orthodoxie des anciens russes. Et aussi à l’opposition des grands propriétaires fonciers et d'industriels voulant de la main-d'œuvre bon marché. En juillet 1897, le gouvernement limite la journée de travail à onze heures trente et le travail de nuit à dix heures .

    Malgré tout, Nicolas II est conscient de la valeur de Witte qu'il déteste, car il est soupçonné d'être franc-maçon , mais qu'il laisse réformer et industrialiser l’Empire . Avant la fin du siècle, la balance commerciale russe n’est plus déficitaire et le rouble devient convertible et fiable. Des chemins de fer sont construits dans tout le pays, dont le Transsibérien terminé en 1901 . Witte transforme la Russie en serre du capitalisme . On le compare souvent à Colbert et à Turgot .

    La politique agricole, au contraire, se montre ruineuse et inadéquate. Les jachères sont nombreuses et les paysans libres endettés . Serge Witte comprend qu'il faut baisser leurs impôts et comme il constate que la vodka est consommée en quantité excessive il décrète l'alcool monopole d'état. Le Trésor se gonfle des sommes importantes générées par la consommation de vodka . Entre 1893 et 1899, 24 pour cent des ressources du gouvernement proviennent de la vodka .

     

    La population passe de 98 à 175 millions d’habitants de 1880 à 1914. Witte repeuple la Sibérie et des territoires en Extrême-Orient. L'exploitation des ressources orientales toutefois engendre un conflit administratif de compétences entre les ministères des Finances et des Étrangers.

    En 1900, la crise mondiale de la monnaie cause la fermeture d'industries et de banques. Les propriétaires fonciers, opposés à Witte profitent de la situation pour relancer des attaques contre lui, en l’accusant d’être le père de la social-démocratie. La Russie reprendra seulement en 1903 son ascension économique .


    La ligne transsibérienne en 1904

    Défense de la paix

    L'allié principal de la Russie, à cette époque, est toujours la France, depuis la signature de l'alliance franco-russe, ratifiée par Alexandre III de Russie en 1893. En effet, la Russie voit d'un œil inquiet la montée en puissance de l'Empire allemand à sa frontière occidentale. La Triplice redoutée lie toujours l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie - dont la diplomatie expansionniste dans les Balkans l'oppose à la Russie - et le royaume d'Italie. Aussi la France, outre son programme de coopération financière et économique, aide-t-elle l'armée à se moderniser. Des visites officielles bilatérales s'effectuent à un rythme régulier : d'abord la visite du jeune couple impérial en France, en octobre 1896, qui est un triomphe et au cours de laquelle Nicolas II inaugure le Pont Alexandre III à Paris, ensuite la visite en 1897 du président Félix Faure, puis la seconde visite de Nicolas II en France en 1901, auquel répond celle du président Émile Loubet à Saint-Pétersbourg en 1902.

    L'Angleterre, quant à elle, reste fidèle à sa politique de splendide isolement, et, concurrente de la France dans sa politique coloniale, n'a de cesse de contenir la Russie et de critiquer cette alliance. En 1902, elle va même jusqu'à signer avec le Japon un traité, où elle attaquerait la France si le Japon est attaqué par la France. Ce qui explique la neutralité de cette dernière, lors de la désastreuse guerre russo-japonaise.

    Par la suite, constatant la faiblesse de l'armée russe après sa défaite et inquiète de la rencontre à l'été 1905 du Kaiser et de son cousin le tsar, l'Angleterre change de point de vue par nécessité. Elle se décide à régler ses différends de frontières dans le Pamir, en Afghanistan et en Perse avec la Russie et amorce une politique de rapprochement qui donnera corps à la Triple Entente. Le président Fallières rencontre Nicolas II à Cherbourg, le 31 juillet 1909. Cette alliance à trois qui est présentée alors comme une défense de la paix face à la montée des périls est en pleine vigueur, jusqu'à la Première Guerre mondiale.

    En août 1912, après les affaires de la cannonière d' Agadir et des différends de la France avec l'Empire allemand, Raymond Poincaré, alors président du conseil et en charge des Affaires étrangères, se rend en visite officielle en Russie, pour surtout assister à des manœuvres conjointes et se rendre compte de l'état de l'armée russe. Il réitère sa visite, cette fois en tant que président de la république, juste après l'attentat de Sarajévo, en juillet 1914.

    Sur le plan intérieur, en 1897, le tsar envoie le général Galitzine russifier les provinces du Caucase et en 1898, il nomme gouverneur général du grand-duché de Finlande Bobrikov qui entreprend une certaine russification de la population.

    Malgré cette répression, un appel au désarmement est lancé en 1898 par Nicolas II, conseillé par Serge Witte qui est totalement opposé à une guerre soit avec l’Allemagne, soit avec le Japon. Nicolas II lance à tous les pays un appel au désarmement et à la paix mondiale, en se référant aux conséquences commerciales, financières et morales de la course aux armements En 1899, le tsar choisit la ville de La Haye pour la première conférence internationale devant discuter de ce problème.

     

    Plehve meurt à la suite d'un attentat.Les autres puissances comme le Royaume-Uni et l'Allemagne accueillent froidement son invitation. Vingt nations européennes, toutefois, participent à ces rencontres, ainsi que les États-Unis, le Mexique, le Japon, la Chine, le Siam et la Perse qui réunissent aussi des experts de droit international public de divers pays. La proposition de désarmement est repoussée, mais on obtient une convention sur les règles de guerre (qui prévoit la tutelle de personnes et les structures civiles et la prohibition des gaz toxiques), et le droit international humanitaire. Le résultat le plus important obtenu du tsar et de ses collaborateurs est cependant la création de la Cour d'arbitrage international de La Haye. Dans cette initiative, Nicolas II est soutenu principalement de Bertha von Suttner, fondatrice du mouvement pacifiste allemand, et de Henry Dunant, le fondateur de la Croix rouge

    Situation intérieure au début du XXe siècle

    Les révoltes paysannes se multiplient au début du siècle dans l'Empire, les émeutes et les grèves aussi et s'ajoutent à ces violences des pogroms. La crise internationale et l'effort de guerre ont comme conséquences la fermeture de 4 000 usines.

    En 1902, Nicolas II confie au comte Plehve le ministère de l'Intérieur. Bien qu'il éprouvât de la sympathie pour les idées constitutionnelles, Plehve développe une politique très conservatrice.

    En 1903, le tsar fait de Séraphin de Sarov un saint et se sent placé sous la protection d'une sainte figure authentiquement russe, paysanne, à l'image du peuple idéal auquel il se réfère sans cesse

     

    Les désastres et les massacres de 1905

    La guerre avec le Japon (1904-1905)

     

    Guerre russo-japonaise.

    Bataille de Chemulpo Bay.

     

    En 1896, la Russie obtient la construction du chemin de fer de l'est chinois qui doit relier la ville russe de Tchita au port de Vladivostok, en traversant le saillant que forme la Mandchourie, entre les deux points (ce qui permet d'éviter un long détour le long de l'Amour).

    Dans son expansion vers l'est pour participer au dépeçage de la Chine par les grandes puissances européennes, la Russie pendant la révolte des Boxers occupe la Mandchourie, en 1900.

    Des généraux et des hommes d'affaires envisagent d'étendre le protectorat russe sur la Corée que le Japon considère comme sa chasse gardée. Jusqu'en 1902, Russie et Japon tentent de régler pacifiquement leurs différends. D'intenses contacts diplomatiques ont lieu entre les deux pays, diverses options sont envisagées : le partage de la péninsule coréenne, la neutralité coréenne sous garantie internationale, l'échange de la Corée contre la Mandchourie.

    Centenaire du siège de Port-Arthur

    Le 8 février 1904, le Japon attaque par surprise la flotte russe ancrée à Port-Arthur et assiège la ville qui se rend après un siège de huit mois. En mars 1905, l'infanterie russe est battue à la bataille de Moukden. En mai, la flotte de la Baltique, parvenue sur les lieux après un périple de plusieurs milliers de kilomètres est anéantie dans le détroit de Tsoushima.

    En septembre 1905, un traité de paix russo-japonais est signé à Postsmouth (États-Unis). La Russie reconnaît l'existence des intérêts japonais en Corée, concède au Japon les privilèges qu'elle avait acquis en Mandchourie et lui cède la partie méridionale de l'île de Sakhaline mais, malgré l'insistance de la délégation nippone, ne verse pas d'indemnité de guerre.

    Sur le plan militaire, ce conflit préfigure les guerres du XXe siècle par sa durée (1 an et demi), par les forces engagées (sans doute plus de 2 millions d'hommes au total) et les pertes (156 000 morts, 280 000 blessés, 77 000 prisonniers) ainsi que par l'emploi des techniques les plus modernes de l'art de la guerre (logistique, lignes de communications et renseignements ; opérations combinées terrestres et maritimes ; durée de préparation des engagements, tranchées) .

    Cette catastrophe est la première défaite de l’homme blanc face à des gens de couleur et pour les peuples colonisés de l’Empire russe c’est la défaite du Tsar blanc. Les musulmans de Russie se mettent à rêver d’émancipation . L’admiration fait place au mépris.

    Chez les Russes, le mécontentement grandit. Le cuirassé Potemkine bombarde le port d'Odessa. Les partis d'opposition sortent renforcés de la défaite des armées russes.

    La révolution de 1905

    Révolution russe de 1905.


    Le Dimanche Rouge des dizaines de personnes sont massacrés près du Palais d'Hiver.

    La Russie est depuis le début du XXe siècle dans un état de révolte permanente. Trois partis exploitent le mécontentement chez les ouvriers, les paysans et les bourgeois :

    Le parti ouvrier social-démocrate de Russie est une organisation politique marxiste révolutionnaire fondée en mars 1898. Les grèves ouvrières commencent relativement tard, en 1903. Elles obéissent au début à des motivations économiques puis deviennent politiques. En 1897 est né le Bund, mouvement ouvrier juif marxiste qui revendique pour les juifs l'égalité nationale qui va se heurter à Lénine qui est partisan de l'unité du parti

    Le Parti socialiste révolutionnaire est une organisation politique russe, d'inspiration socialiste et à base essentiellement paysanne. Il se réclame du groupe terroriste Narodnaïa Volia (Volonté du peuple) disparu en 1881. En 1904, la brigade terroriste du parti, sous la direction de Boris Savinkov, organise l'attentat contre le ministre de l'intérieur Plehve. Les SR assassinent aussi Dmitri Sipiaguine et le grand-duc Serge, oncle du tsar. L'agitation paysanne est endémique à partir de 1902, mais les émeutes ne virent jamais à l'insurrection : elles ont pour but de faire peur aux nobles afin qu'ils cèdent la terre à bas prix. On compte 670 soulèvements de ce type de 1902 à 1904.

    Le parti constitutionnel démocratique un parti politiquelibéral. Les membres du parti sont appelés Cadets, de l'abréviation KD du nom du parti en russe (Конституционная Демократическая партия). Le Parti constitutionnel démocratique est formé à Moscou du 12 au 18 octobre 1905, à l'apogée de la révolution russe de 1905. Ce n'est qu’en 1906, avec le repli de la révolution, que les Cadets abandonnèrent leurs aspirations révolutionnaires et républicaines et se déclarèrent en faveur d'une monarchie constitutionnelle.


    Le Mouvement d'octobre par Repin.

    L'évolution économique et sociale du pays avait fait monter les oppositions libérales, démocrates, socialistes et révolutionnaires au régime tsariste. Il suffit d'une étincelle pour déclencher une révolution. Le 22 janvier 1905, la police ouvre le feu sur une immense manifestation ouvrière, faisant entre huit cents et mille morts. L'ironie du sort veut que le meneur de la manifestation, le pope Gapone, soit en réalité membre d'un syndicat policier destiné à noyauter le mouvement ouvrier et l'orienter dans la direction voulue par les autorités. Les ouvriers qui convergent vers le palais d'Hiver - ils ignorent que Nicolas II est absent de la capitale - portent des icônes et des portraits du tsar et viennent en sujets fidèles ou plutôt comme des enfants devant leur père pour le supplier de soulager leur misère.

    Le Dimanche Rouge marque le début d'un engrenage révolutionnaire : la première révolution russe.

    Des jacqueries éclatent dans la plupart des provinces de l'Empire, indépendamment des troubles survenus à Saint-Pétersbourg, car les moujiks ignorent le Dimanche Rouge, dont les journaux censurés ne disent pas un mot.

    Dans le même temps, la grève ouvrière s'étend à tout le pays. En l'absence de syndicats, l'idée d'une organisation représentative des ouvriers fait son chemin sous la forme de soviets : ils apparaissent d'abord en province dans le rôle de comités de grèves éphémères (ce mot russe signifiant conseil est adopté en mai 1905 par les ouvriers d'Ivanovo pour désigner leur comité de grève). Ils prennent une coloration plus politique avec la fondation du Soviet de Saint-Pétersbourg, en octobre 1905, et de Moscou, en décembre. Tout en se méfiant des intellectuels suspects de vouloir imposer leur hégémonie, les ouvriers ressentent le besoin d'être conseillés par des révolutionnaires expérimentés, qui n'ont qu'un rôle consultatif à côté des délégués ouvriers : d'abord réservés parce qu'ils n'approuvent pas le mouvement des masses, les bolcheviks envoient des représentants mais les postes dirigeants reviennent aux mencheviks, plus nombreux jusqu'en 1917.

    La population réclame une constitution, une Douma et les libertés. À Saint-Pétersbourg, les Socialistes Révolutionnaires, les bolcheviks et les mencheviks s'unissent au sein du soviet ouvrier qui publie les Izvestia.

     

     

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    sources :http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_II_de_Russie
     
      
     
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  • L'échec de l'Empire constitutionnel,

    Le Manifeste d'octobre 1905,

    et les Lois fondamentales d'avril 1906.

    Le Manifeste d'octobre 1905,

    Ivan L. Goremykine

     

    « J’ai signé cette déclaration à cinq heures. Après une semblable journée je ressens le poids de mes responsabilités et mes pensées sont confuses. Oh Seigneur ! aide nous et sauve la Russie et la paix ! » .

    La première révolution russe contraint Nicolas II à des concessions arrachées par son ministre Serge Witte. Nicolas II promulgue le manifeste du 17 octobre, le nom officiel est Le Manifeste sur le perfectionnement de l'ordre de l'État (russe : Манифест об усовершенствовании государственного порядка. Il s'engage à accorder des libertés civiques au peuple, dont :

    • la (très importante pour les minorités protestantes, catholiques, juives, musulmanes et bouddhistes) liberté de culte
    • la , liberté de parole
    • la , liberté de réunion
    • la , liberté d'association
    • l'institution d'une d'Empire, élue au suffrage semi-universel qui va avoir le pouvoir d'approuver les lois. La est le nom emprunté à l'ancien conseil des tsars moscovites, afin de signifier que l'organe créé en 1905 ne repose que sur la volonté du tsar. DoumaDouma
    • une amnistie pour tous les délits et crimes commis avant la proclamation du Manifeste.
    • une promesse aux populations non russes du respect des libertés et le droit, pour chaque nationalité, d'utiliser sa propre langue.
    • un premier ministre avec des pouvoirs étendus.

    Il comporte un décret selon lequel aucune loi n'entrera en vigueur sans le consentement de la Douma. Le manifeste a été précurseur de la première constitution russe de 1906. En réalité, le manifeste n'entraîne pas un accroissement significatif des libertés ou de la représentation politique pour le Russe moyen. Le tsar continue d'exercer son droit de veto sur la Douma, et il va la dissoudre plusieurs fois. Nicolas II ne pense pas que les rapports avec les peuples dominés doivent être modifiés.

     

    L'empereur, l'impératrice et leurs deux filles aînées, Olga et Tatiana.

     

    Les libéraux estiment qu'ils ont obtenu satisfaction sur l'essentiel, mais sont divisés sur la stratégie à adopter : l'aile droite forme le mouvement octobriste, emmené par Alexandre Goutchkov et s'affirme prête à collaborer loyalement avec le gouvernement tandis que l'aile gauche, emmenée par l'historien Milioukov et le Parti constitutionnel démocratique (K.D.) fait du parlementarisme à l'occidentale, un idéal que la Russie doit prochainement atteindre. Les radicaux considèrent ces concessions comme insuffisantes : les Socialistes révolutionnaires et les bolcheviks refusent de participer à une Douma sans pouvoir réel et appellent à la poursuite du mouvement révolutionnaire, relayés par le Soviet de Saint-Pétersbourg. Les ouvriers de la capitale, épuisés par une année de luttes, répondent mal à l'appel lancé par le Soviet, dont le gouvernement fait arrêter les membres mais, à Moscou, les ouvriers prennent les armes et le pouvoir doit utiliser l'artillerie pour écraser le soulèvement.

    Le 27 avril 1906, le tsar est à l’origine de la Loi fondamentale de l'État, sorte de constitution, qui transforme la Russie dans une monarchie constitutionnelle mais non parlementaire, les ministres ne dépendants que de l'empereur. En outre, la Douma se trouve rapidement en complet désaccord avec le tsar, celui-ci change alors la loi électorale, en diminuant considérablement le poids électorale à la majorité du peuple par rapport à celui des classes aisées et faussent ainsi largement le suffrage universel.

    Le 3 mai 1906 Nicolas II accepte la démission de premier ministre Serge Witte aux tendances relativement progressistes ainsi que de son gouvernement et le remplace par le très conservateur Ivan Goremykine, assisté de Piotr Stolypine comme ministre de l’Intérieur qui conserve ses fonctions de gouverneur de Saratov.

    L'année suivante, la répression met fin à la vague de grèves. Le nouveau premier ministre Stolypine ne cherche pas à gagner la confiance du prolétariat et se contente d'une loi sur les assurances et les maladies, mesure peu populaire, car elle exige une participation ouvrière aux cotisations.

    Les lois fondamentales (avril 1906)

    Nicolas II n'a cédé qu'à contre-cœur en octobre 1905. Il limite au maximum les concessions octroyées dans les Lois fondamentales, ce qui évite d'utiliser le terme honni de constitution) promulguées en avril 1906, la veille du jour où doit se réunir la première Douma.

    L'empereur conserve le titre d'autocrate (article 4) et garde le contrôle de l'exécutif. Les ministres ne sont pas responsables devant la Douma et relèvent uniquement du souverain), des forces armées, de la politique étrangère (et notamment du droit de déclarer la guerre et de faire la paix) et convoque les sessions annuelles de la Douma (article 9).

    Le pouvoir législatif de la Douma est officiellement restreint : elle n'a pas l'initiative des lois et les lois qu'elle a acceptées passent ensuite devant l'ancien Conseil d'État transformé en Conseil d'Empire et qui tient lieu de chambre haute (article 44). Le gouvernement a la possibilité de légiférer par oukases dans l'intervalle des sessions, à charge de les faire ratifier ensuite par la Douma.

    La période semi-constitutionnelle (1905-1907)


    La salle de la Douma.

    La première Douma ou Douma cadette (mai-juillet 1906)

    Les élections réellement libres sont un succès pour le parti Kadet et le centre gauche. Beaucoup parmi les nouveaux élus prennent leurs fonctions à cœur et s'aliènent immédiatement la couronne en cherchant à établir un régime parlementaire et à imposer une réforme agraire jugée inacceptable par la noblesse tandis qu’ Ivan Goremykine, éphémère premier ministre d'avril à juillet 1906, refuse tout contact avec la Douma. Elle veut aussi la libération de tous les prisonniers politiques et du veto des ministres. Les Russes sont à peine majoritaires (deux cent soixante-dix députés russes pour deux cents non-russes) .

    Piotr Stolypine, nommé nouveau premier ministre par Nicolas II, obtient la dissolution de la Douma. Les députés libéraux et socialistes modérés répliquent en lançant l'appel de Vyborg, appelant à la résistance passive par le refus de l'impôt et de la conscription. Les signataires de l'appel sont condamnés à la prison et déclarés inéligibles non seulement à la future Douma mais aussi aux zemstvos.

    La deuxième Douma ou Douma rouge (février-juin 1907)

    Le gouvernement s'est assuré tous les moyens de pression pour s'assurer des résultats favorables, mais la deuxième Douma s'avère encore plus ingouvernable que la première. Les partis de gauche qui ont renoncé au boycott progressent aux dépens des cadets, dont les leaders sont inéligibles. Les Socialistes révolutionnaires obtiennent 36 députés et les Sociaux-Démocrates 66. Les députés non non-russes sont toutefois moins nombreux . Ils s'opposent à Stolypine par tous les moyens : ce dernier obtient de nouveau de l'empereur la dissolution de la Douma, suite à un prétendu complot fomenté par les sociaux-démocrates.

    Le gouvernement Stolypine (1906-1911)

    En juillet 1906, Nicolas II nomme Stolypine président du Conseil des ministres. Celui-ci se donne deux objectifs : rétablir l'ordre et mettre en œuvre un programme de réformes. Il est le grand artisan de la nouvelle politique russe, qui se veut conservatrice et moderniste. Issu d’une famille de vieille noblesse, il pense que le seul remède à la poussée révolutionnaire est le développement économique du pays.

    La modification de la loi électorale et l'élection de la Troisième Douma

    La modification de la loi électorale a pour but de faire élire une Douma prête à coopérer avec le gouvernement : la représentation paysanne est diminuée de près de moitié, celle des ouvriers réduite de façon draconienne. Le nombre de députés de la noblesse augmente de façon tout à fait disproportionnée étant donné le faible nombre de ses électeurs. Le gouvernement trouve enfin une Douma coopérative, où l'Union du peuple russe (extrême-droite) et les Octobristes sont majoritaires, mais où des bolcheviks sont députés.

    Contrairement à ce qui s'est passé pour les deux premières Doumas qui n'ont duré que quelques mois, la troisième reste en fonction jusqu'au terme légal de la législature, c'est-à-dire jusqu'en 1912.

    La quatrième Douma dure également cinq ans, de 1912 à la révolution de Février 1917.

    La lutte contre le terrorisme

    L'arrivée au pouvoir de Stolypine correspond à une reprise du terrorisme. Les Socialistes révolutionnaires décident en 1906 de frapper un grand coup : la résidence où vit le premier ministre est l'objet d'un attentat particulièrement sanglant (plus de trente victimes, dont deux enfants de Stolypine, sont grièvement blessés). Stolypine est indemne, mais il est convaincu de la nécessité de sévir sur-le-champ. Il décide la constitution de cours martiales ambulantes composées d'officiers sans formation juridique qui procèdent à l'instruction immédiate des dossiers : les jugements sont rendus et exécutés par des militaires, les accusés sont privés d'avocat et du droit d'interjeter appel. Cette justice expéditive et arbitraire, qui fonctionne jusqu'au printemps 1907, prononce des milliers de condamnations à mort (la cravate de Stolypine) ou aux travaux forcés (le wagon de Stolypine). Au temps de Stolypine, la Sibérie gagne trois millions d’habitants, dont des condamnés politiques.

     

    Une réelle tentative de réforme agraire

    Stolypine estime qu'il faut changer radicalement de politique agraire. Il est convaincu que le mir est devenu un ferment de socialisme qui va à l'encontre du droit de propriété et ne permet plus de maintenir l'ordre dans les campagnes. Il entend par conséquent constituer une classe de petits propriétaires privés qui élargirait la base sociale du régime et briserait l'unité corporative de la paysannerie, en calquant l'Occident où les paysans soutiennent politiquement les partis conservateurs.

    Les oukases de 1906, 1910 et 1911 facilitent la dissolution des mirs, afin de permettre le passage de la propriété collective à la propriété individuelle. La législation agraire de Piotr Stolypine, quoique critiquée, est la seule à tenter une modification en profondeur des campagnes et de la condition du peuple russe.

    Leur résultat est très controversé. Les statistiques divergent et vont de 16 à 54% de koulaks sortis du mir selon les auteurs. Les libéraux estiment que cette politique résolue est en train de sauver l'Empire et, avec les années, la réforme aurait atteint son but avec la transformation et la stabilisation des campagnes. Les marxistes pensent que cette réforme a eu une portée très limitée, car elle pèche par l'étroitesse de son champ d'application. Piotr Stolypine est décidé à ne pas confisquer de terres à la noblesse et invite les paysans à repartager les terres qu'ils possèdent déjà. Son aspect est coercitif et provoque l'accentuation des différenciations sociales au sein de la masse paysanne.

    Piotr Stolypine s’emploie à russifier le monde des affaires en favorisant la formation de capitaux russes, le développement des exportations et la mise en œuvre d’une production de plus en plus compétitive. Mais, le 14 septembre 1911, Stolypine essuie un coup de feu, tiré par Dmitri Bogrov, alors qu'il assiste à une représentation à l'opéra de Kiev en présence du tsar et de sa famille. Il meurt quatre jours plus tard. Dmitri Bogrov est présenté comme un juif agissant pour l’extrême-gauche, mais en réalité il appartient à l’Okhrana et a l’ordre de supprimer Stolypine, responsable de la réforme agraire et donc haï par les grands propriétaires terriens. Cette thèse sera développée par Alexandre Soljenitsyne dans Août 14, premier nœud.

    En 1913, deux ans après sa mort, l’Empire russe est considéré comme la troisième puissance mondiale. Mais la dernière tentative de réforme conservatrice de l'Empire n'a pu être menée à son terme.

    L'avant-guerre

    Une impression de fin de règne (1911-1914)

    La mort de Piotr Stolypine marque la reprise des troubles révolutionnaires et des grandes grèves, telle celle sur la Léna à partir de février 1912. Vladimir Nikolaïevitch Kokovtsov est nommé, par Nicolas II, Président du Conseil. Pendant ce mandat, il garde le portefeuille de ministre de l'Intérieur. Dans son autobiographie, Serge Witte mentionne Vladimir Nikolaïevitch Kokovtsov, comme l'un de ses assistants les plus brillants. Witte laissait son assistant gérer lui-même certaines affaires, notamment certaines réformes dans les finances de la Russie impériale. Kokovtsov, homme prudent, très capable et défenseur du tsar, ne peut toutefois pas lutter contre les factions puissantes de cour, qui détiennent le vrai pouvoir . Kokovtsov est une sorte de mandarin russe. Un haut fonctionnaire froid, hautain, consciencieux et compétent . Quand le ministre de la guerre Vladimir Soukhomlinov réclame pour son budget des crédits démesurés les réduit considérablement, ce qui lui attire la haine de ce personnage qui voulait remplacer Stolypine.

    En 1912, la Russie instaure un système d'assurance sociale pour les travailleurs et adopte un certain nombre d'autres lois pour améliorer leurs conditions de vie. Le président américain William Taft commente ainsi ces lois sociales : « La législation du travail que votre Empereur a promulgué est tellement parfaite que notre pays démocratique ne peut se vanter de pareille protection sociale » . Vladimir Nikolaïevitch Kokovtsov, premier ministre libéral, qui a négocié avec Cambon et Poincaré les emprunts ferroviaires de 1906, en redemande en 1913. Émigré en France, il sera l'ami de Poincaré

    Le tsar visite le port de Riga en 1910.
    Vladimir Nikolaïevitch Kokovtsov est remplacé par Ivan Goremykine, car il s’est permis de critiquer ouvertement Raspoutine. Le 12 février 1914, cet Ivan Goremykine est de nouveau rappelé par Nicolas II de Russie au poste de Président du Conseil. Le choix du tsar est dicté par les bons sentiments qu'éprouve Alexandra de Hesse-Darmstadt pour le Président du Conseil. Il reste dans ces fonctions jusqu'en juillet 1916. L'hostilité des membres de la Douma et des ministres nuisent à l'efficacité de son gouvernement. En 1915, Nicolas II de Russie prend la décision d'assurer lui-même le commandement de l'armée impériale de Russie, Ivan Goremykine invite le Conseil d'État a approuver la décision du tsar. Les conseillers d'État refusent la proposition d'Ivan Goremykine, il déclare : « Je ne suis pas apte à assurer ma position et demande à être remplacé par un homme possédant des vues plus modernes ». Le 2 février 1916 son désir est exaucé, il est remplacé par Boris Stürmer, qui n'est en rien un homme moderne.
     
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  • L'hiver 1917

    Révolution de Février

      

    .

    Le prince Gueorgui Lvov, principal opposant à Nicolas II, premier Premier ministre post-impérial de la Russie, du 23 mars au 7 juillet 1917.

     

    Dès janvier 1917, les protestations au sein la Douma et les mouvements ouvriers s'intensifient dans la capitale. Les premiers tracts bolcheviks qui invitent l'armée à renverser le gouvernement sont distribués. Il devient clair à Petrograd, que des promesses à la Douma, de la part du souverain, sont indispensables pour éviter la fin de l'Empire. Au Grand Quartier Général, Nicolas II a un entretien avec l'attaché militaire britannique, Hanbury-Williams. Il s'exprime sur les réformes à entreprendre : Le pouvoir doit être décentralisé en partie dans l'Empire, mais l'autorité suprême doit rester au souverain. La Douma doit avoir plus de pouvoirs, mais seulement graduellement parce qu'il est difficile de développer l'instruction des masses avec une satisfaisante rapidité .

    A la Douma, une majorité de députés se rassemble derrière les Octobristes, le Bloc progressiste, qui réunit les deux tiers de ses membres et est dirigé par le prince Lvov et par Milioukov. Ces nobles ou ces bourgeois espèrent tous que le tsar va sauver la Russie du chaos. Celui-ci en guise de réponse à leurs souhaits de réformes, nomme leur pire ennemi, Boris Stürmer, accusé par les nationalistes d'être un partisan de l'Allemagne. Puis, Nicolas II nomme Alexandre Feodorovitch Trepov. Il conseille au tsar de donner plus de pouvoir à la Douma et veut se faire apprécier des députés. Dans ces deux cas, Alexandre Feodorovitch Trepov connaît l'échec, il donne sa démission le 9 janvier 1917 au bout de cinq semaines à la tête du gouvernement .

    En février 1917, Nicolas II nomme Nikolaï Golitzine Président du Conseil d'État, il demeure à son poste jusqu'à l'abdication du tsar le 3 mars1917. Lors de sa nomination, il oppose un refus, demandant à Nicolas II de nommer quelqu'un d'autre à ce poste. Avant d'occuper cette fonction, le prince fut vice-président de l'une des œuvres de charité de l'impératrice Alexandra, ce qui montre qu'une fois de plus l'empereur est influencé par son épouse. Celle-ci écrit à son mari : C'est le Tsar qui gouverne et non la Douma... J'ai peur pour ton règne et pour l'avenir de Baby ou Disperse la Douma ! Moi, simplement, la conscience tranquille, j'aurais expédié Lvov en Sibérie .

    Mais Lvov n'est pas leur pire ennemi.

    Alexandre Protopopov le dernier ministre de l'Intérieur de la Russie impériale (1916 à 1917).

    À la cour, une partie de la famille impériale veut faire abdiquer Nicolas et envoyer l'impératrice dans un couvent. Le but est de porter sur le trône le tsarévitch avec comme tuteur le populaire Grand-duc Dimitri. Celui-ci, qui a participé à la suppression du soi-disant Staretz et est en exil, refuse .

    Rodzianko propose au tsar d'envoyer la tsarine en exil au palais Livadia, en Crimée, jusqu'à la fin de la guerre. Nicolas II refuse et dit désormais à la fin de tous ces entretiens : J'ai voulu plaire à la Douma. Voyez ma récompense . Même le ministre de l'intérieur, Alexandre Protopopov, l'un des grands naufrageurs du régimes tsariste , un incapable et un dérangé , protégé de la reine, veut faire un coup d'État et organiser des élections anticipées.

    Mais l'opposition modérée et les comploteurs de salon ne sont pas le danger réel. La montée du mouvement des grèves a repris avec une ampleur extraordinaire . Les militants bolcheviks qui sont des ouvriers ne sont mobilisés et les rares qui le sont contribuent à démoraliser les troupes. Lénine veut transformer la guerre des peuples en guerre civile .

    Pour augmenter la production des sous-prolétaires venus des campagnes s’entassent dans des dortoirs à Petrograd. Les ménagères au cri de Du pain ! De la chaleur ! Les 150.000 soldats de la garnison sont noyautés par les militants ouvriers . Certes les dirigeants révolutionnaires sont en exil ou en prison ou bien encore dans la clandestinité. Lénine écrit à Alexandre Chliapnikov (1885-1937) : Les échecs militaires tsaristes aident à l’effondrement du tsarisme. Ils facilitent l’union des travailleurs révolutionnaires... Et effectivement, les anarchistes, les socialistes révolutionnaires, les mencheviks et les bolcheviks sont désormais en relation étroites .

    Le tsar est au Grand Quartier Général à Moghilev, en Biélorussie. L’homme fort est Alexandre Protopopov, le ministre de l'Intérieur, à moitié fou, qui est détesté à la fois des libéraux et de la droite. La ville n’est pas approvisionnée. Il fait - 40° C. Chez Maxime Gorki, le député de gauche modérée Alexandre Fedorovitch Kerensky rencontre le pro-bolchevik Alexandre Chliapnikov .

    La semaine qui va ébranler la Russie commence par des émeutes de la faim...

    Dans la soirée du 25 février, Nicolas II ordonne de faire cesser par la force, avant demain, les désordres à Petrograd. Le refus de toute négociation, de tout compromis va faire basculer le mouvement en une révolution. Au cours de la journée du 27, la garnison de Petrograd (environ 150 000 hommes) passe du côté des insurgés .

    À la surprise générale, l'État-major fait pression sur le tsar pour que celui-ci abdiqueafin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie. Nicolas déclare à ses derniers généraux fidèles : Que pouvais-je faire d’autre, ils m’ont tous trahi . Le général Alexéïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en soutenant que l'abdication serait le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne. Le 2 mars 1917, Nicolas II renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Michel.

    Devant la protestation populaire, celui-ci renonce à la couronne le lendemain. En cinq jours, comme le résume l'historien Martin Malia, sans avoir pu offrir la moindre résistance, l'Ancien Régime russe s'écroule comme un château de cartes .

    De l'abdication de la famille impériale à son massacre

    Cinq mois cloîtrés

    Révolution russe de 1917.

     

    Les quatre grandes-duchesses et le tsarévitch en juin 1917 avec les cheveux rasés du fait de la rougeole qu'ils avaient contractée

    Les ouvriers, paysans ou soldats, qui dans leurs nombreuses pétitions au soviet de Petrograd, demandent que des mesures soient prises contre le tsar, sont très peu nombreux. Des soldats du front veulent qu’ils partent, des paysans ressuscitant les mirs se saisissent de ses terres. Même dans les faubourgs où il est surnommé Nicolas le sanglant, on ne crie pas Vengeance sur son passage. Les policiers, mais aussi le clergé orthodoxe, les officiers, les propriétaires terriens et même assez bizarrement la Douma sont les ennemis du peuple.

    Certains hommes politiques modérés essaient de sauver la dynastie en sacrifiant Nicolas . En vain ! Nicolas est arrêté par le gouvernement provisoire. Nicolas va répéter à tous ceux qu’il rencontre les termes employés par le représentant du gouvernement provisoire : Savez-vous que désormais le tsar est privé de liberté. Alexandra, est encore en liberté au palais de Tsarskoïe Selo avec quelques fidèles, protégés par les gardes à cheval de Novgorod.

    L'ex-tsar demande à pouvoir rejoindre sa famille au palais Alexandre à Tsarskoïe Selo et de là à s’exiler jusqu’à la fin de la guerre, pour retourner ensuite à tout jamais en Crimée. Le gouvernement provisoire accède à ses demandes. Kerensky se met d’accord avec Milioukov pour que l’ancien empereur parte pour le Royaume-Uni . Mais le gouvernement provisoire lui offre aussi de choisir entre partir ou demeurer en Russie.


    Nicolas II en captivité à Tsarkoie-Selo en 1917.

    Cependant le 9 mars 1917, la garde du palais Alexandre se retrouve sous le contrôle de contingents révolutionnaires. Personne ne peut plus sortir ou entrer au palais et les lignes téléphoniques sont coupées. Toutefois Kerensky refuse que la famille impériale soit transférée dans une forteresse.

    Milioukov, qui se dit monarchiste, malgré une grande campagne britannique en faveur du fidèle allié, veut juger l’ancien tsar et déclare que cela n’est pas possible. Puis c’est la gauche britannique et le roi - son cousin - qui poussent le gouvernement britannique à ne pas lui accorder le droit d’asile.

    Peu à peu les conditions de détention se durcissent. De simples soldats donnent des ordres à l'empereur déchu, malgré les interventions d'officiers et pendant cinq mois ces gardes sont insolents avec ses filles . Le tsar se dit cloîtré avec sa famille comme des prisonniers . Toutefois Kerensky est un humaniste, le prince Lvov est monarchiste, comme Milioukov. Le désordre grandit et le mouvement révolutionnaire se durcit, inquiétant les militaires russes et alliés. La plupart d’entre eux regrettent leur choix et leur soutien à une révolution qui ne bénéficie qu’à l’armée allemande et aux dirigeants bolcheviks.

    Ces derniers sont farouchement hostiles au dernier souverain. Ils excitent en permanence la fureur populaire contre le tyran buveur de sang et contre l’Allemande, qui ne sont pas sans rappeler les surnoms du roi Louis XVI et de sa femme. D'ailleurs, ils évoquent sans cesse le précédent de la fuite et de l'arrestation de Louis XVI à varennes. Pour empêcher une telle possibilité de retour des Romanov sur la scène de l’histoire, ces personnes redoutables doivent être remises au Soviet

    Nicolas ne peut pas partir de Tsarskoïe Selo, ni se rendre en Crimée. Selon les rares témoins, il lit, jardine, marche et surtout prie pour que sa patrie et son armée restent fidèles à leurs alliés. Il est vêtu de son uniforme tout simple et porte sa croix de chevalier de Saint-Georges sur le cœur . Les premières vexations se multiplient et les siens comprennent qu’ils ne sont pas tombés seulement au rang de citoyens ordinaires. Ils assistent impuissants à tous les sursauts de la révolution russe et à l’irrésistible avancée des troupes allemandes.

    Kerensky les envoie à Tobolsk (Sibérie occidentale), le 31 juillet, soi-disant pour protéger Nicolas des bolcheviks. En réalité en juillet 1917, les bolcheviks, pour une fois, se soucient très peu des Romanov. Kerensky craint un coup d’État monarchiste, qui se servirait du tsar comme étendard . Mais, les tentatives monarchistes pour libérer Nicolas sont quasi inexistantes et se limitent à quelques tracts distribués à Madrid, à Nice, à Lausanne et tout de même... à Yalta.

    Cependant, Kerensky n’a pas totalement tort. Le général Kornilov est nommé par lui nouveau commandant en chef. Alors que l’armée se disloque, il incarne un retour à la discipline de fer antérieure : il a déjà donné l’ordre en avril de fusiller les déserteurs et d’exposer les cadavres avec des écriteaux sur les routes, et menacé de peines sévères les paysans qui s’en prendraient aux domaines seigneuriaux. Ce général, réputé monarchiste, est en réalité un républicain indifférent au rétablissement du tsar, et un homme issu du peuple (fils de cosaque et non d’aristocrate), ce qui est rare pour l’époque dans la caste militaire. Avant tout nationaliste, il veut le maintien de la Russie dans la guerre, que ce soit sous l’autorité du gouvernement provisoire ou sans lui. Beaucoup plus bonapartiste voire pré-fasciste que monarchiste . Il redonne néanmoins un peu d’espoir à la famille, à Nicolas et à ses proches.

    Affaire Kornilov.

     

    La détention à Tobolsk

    Nicolas et son fils Alexis Nikolaïevitch durant leur captivité à Tobolsk en 1917

    Le train part le 31 juillet 1917 et arrive le 3 août à Tioumen. De là, le bateau part à Tobolsk (Sibérie occidentale).

    La ville ne connaît pas d’insurrection d’Octobre. La réalité du pouvoir appartient à un comité de sauvegarde, dans lequel les bolcheviks sont très minoritaires. Nicolas et sa famille peuvent se promener en ville avec des gardiens et recevoir des prêtres. Mais les conditions de vie sont très difficiles. La maison du gouverneur a été pillée, vandalisée . Nicolas II note : « Depuis quelques jours, nous recevons du beurre, du café, des gâteaux secs et de la confiture de la part de braves gens qui ont appris que nous avions dû comprimer nos dépenses de nourriture » . Des passants s'arrêtent parfois devant la maison et bénissent la famille impériale en faisant un signe de croix. Les gardes les chassent mollement. Nicolas joue aux Dames avec eux . A Tobolsk, le pouvoir bolchévique ne s’y est instauré que le 15 avril 1918 .

    Nicolas regrette son abdication en apprenant avec bien du retard les nouvelles du pays. Dès que les bolcheviks prennent le pouvoir le sort des captifs s’aggrave. Nicolas est contraint d’ôter ses épaulettes. Ils sont traités désormais comme de véritables prisonniers. Les anciens combattants qui les gardaient sont remplacés par des gardes rouges . Lénine pense qu’il faut exterminer une centaine de Romanov, et en mars 1918 il ne veut pas d’un procès .


    L'ex-tsar, Olga, Tatiana et Anastasia durant leur captivité à Tobolsk en 1917.

    Le pouvoir bolchevik considère que le tsar ne peut être ramené à Kronstadt avant la débâcle des rivières et à Moscou, la nouvelle capitale, on décide que le problème de l’ex-tsar n’était pas à l’ordre du jour.

    Les monarchistes ne sont pas non plus très soucieux du sort de leur tsar. Certes un ex-sénateur Tougan-Baranovski achète une maison en face de la résidence du gouverneur et creuse un tunnel. Mais il est entouré d’un nombre de personnes limités et ce projet n’est pas terminé quand Nicolas est emmené à Iekaterinbourg . Il est vrai que beaucoup de partisans sont morts au front ou tués par les révolutionnaires.

    Tout d'un coup, peut-être du fait de rumeurs d'évasion, Iakov Sverdlov estime que le problème des Romanov est à l’ordre du jour. Le 2 mai 1918, le Praesidium du Comité central décide de déplacer les Romanov de Tobolsk à Iekaterinbourg, mais Omsk revendique aussi leur présence. Les parents et la Grande duchesse Marie partent sous bonne garde avant le transfert à Moscou pour contresigner le traité de Brest-Litovsk, mais le 7 mai 1918, les trois sœurs et leur frère apprennent qu’ils sont détenus à Iekaterinbourg. Les bolcheviks locaux se sont emparés d’eux, lors de leur passage dans cette ville. Cette étape du martyre des Romanov est particulièrement affreuse et redoutée à l’avance

    La maison à destination spéciale

    Dernière photo d'Alexei et d'Olga prise en mai 1918 lors du trajet en train de Tioumen a Ekaterinbourg.

    En avril 1918, les bolcheviks conduisent le tsar, la tsarine et la grande-duchesse Maria, à Iekaterinbourg dans la maison à destination spéciale . Les trois autres filles du tsar sont restées à Tobolsk pour prendre soin d'Alexeï, atteint d'une grave crise d'hémophilie. Ils rejoindront le reste de leur famille un peu moins d'un mois plus tard. Ils sont confiés au commissaire militaire pour l’Oural, Isaac Golochekine, un des compagnons de Lénine, arrivé de Suisse avec lui, mais surtout ami de Iakov Sverdlov . Quand Nicolas comprend que sa destination est Iekaterinbourg, il déclare : « J’irai n’importe où, mais surtout pas dans l’Oural. » Cette ville est, selon Hélène Carrère d'Encausse, « dans l’Oural rouge, peuplée d’extrémistes — bolcheviks, anarchistes et socialistes-révolutionnaires — qui réclament bruyamment l’exécution du buveur de sang » .

    La garde de la famille impériale est assurée par des hommes ayant toute la confiance du commissaire Isaac Golochekine. Ce sont des ouvriers travaillant dans les usines avoisinantes. Le commandant Avdeïev commande la garde extérieure et intérieure de la maison Ipatiev. C'est un ivrogne au vin mauvais avec un passé de voyou. Il aime humilier ses prisonniers . Violent et borné, il n'adresse la parole à l'ancien tsar qu'en le traitant de buveur de sang . Le logement du commandant et de dix autres gardes se situe à l'étage réservé à la famille impériale. Cette cohabitation est source pour les membres de la famille impériale de nombreuses vexations. Ils sont les victimes d'incessants quolibets de la part des gardes, de plaisanteries douteuses à l'encontre des jeunes grandes-duchesses, qui couvrent les murs d’inscriptions obscènes et volent tout ce qu’ils peuvent, dont les provisions destinées à l’ancien tsar et ses proches . Aucune intimité n'est possible pour chacun des membres de la famille de Nicolas II de Russie, qui sont dans l'obligation de partager cette maison sale et sans aucun confort avec leurs geôliers . Une palissade est élevée autour de la maison Ipatiev . Les vitres sont recouvertes de peinture et les détenus reçoivent l'ordre de laisser leurs portes ouvertes .


    Dernière photo d'Anastasia prise en mai 1918 lors du trajet en train de Tioumen a Ekaterinbourg.
    Toutefois en juin la garde est changée. À sa tête un bolchevik de toujours, Iakov Iourovski, membre du comité exécutif du Soviet de l’Oural et surtout membre du collège de la Tcheka. Nicolas II écrit dans journal le 21 juin 1918 : On nous a changé la garde Avdeïev, si désagréable est remplacé par Iourovski… Il nous a pris nos bijoux… et nous les a rapportés dans une boîte qu’il a cachetée en nous priant d’en vérifier le contenu. Puis il nous l’a remise en garde… Iourovski a compris que les gens qui nous entouraient gardaient pour eux la plus grosse partie des provisions qui nous étaient destinées… . Les tchékistes ne sont pas des juifs, contrairement à ce qui se racontera, mais des étrangers, des Autrichiens, des Hongrois, des Lettons, qui sont tous très peu instruits et ne comprennent donc pas les propos des prisonniers et ne cherchent pas à les comprendre

    En dehors de la maison Ipatiev, la situation de l’État bolchévique se dégrade :

    • crise diplomatique avec l’Allemagne, qui occupe l’ensemble de la Pologne, les pays baltes, une partie de la Russie Blanche, et l’Ukraine
    • débarquement des alliés à et des Japonais à MourmanskVladivostock
    • soulèvement de la et formation d’une armée anti-bolchevique à Samara, composée de libéraux, socialistes-révolutionnaires et monarchiste à , au sud d’. Légion tchèqueSamaraIekaterinbourg

    Il est trop tard pour transférer l’ex-tsar et sa famille dans une zone plus sure. C’est un problème aigu pour Lénine . Il faut supprimer Nicolas et tous les siens. Dans une commissarocratie comme l’État bolchévique, est-il imaginable qu’un commissaire, même important, ait décidé tout seul du massacre de Nicolas II et sa famille ?

    Nicolas II à un ami deux jours avant son assassinat : Au fond, je suis déjà mort... mort mais pas encore enterré.
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  • Iakov Iourovski

     

    Iakov Iourovski

    Iakov Mikhaïlovitch Iourovski (en russe : Яков Михайлович Юровский), né le 19 juin 1878 à Tomsk et mort le 2 août 1938 à Moscou, membre du soviet de l'Oural lors de la Révolution russe, est le chef des exécuteurs ayant abattu Nicolas II et sa famille dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, à Iekaterinbourg.

    Origines :

    Iourovski est le huitième de dix enfants. Son père, de famille juive orthodoxe, travaillait comme vitrier, sa mère comme couturière. Selon son propre témoignage, sa famille voue aux Romanov un véritable culte et il se chicane souvent avec son père sur ce point. Selon lui, c'est Alexandre II qui a le mérite des réformes, Nicolas II n’étant qu’un personnage méprisable qu’il se met vite à haïr. Il n’hésite pas à le traiter de tueur et de vampire devant sa famille et ses amis.

    Il étudie l’horlogerie dans une école juive de Tomsk et trouve du travail dans un atelier de la ville. En 1897, c'est lui qui mène les premières grèves à Tomsk. Arrêté, libéré après quelques mois, il est mis à la porte de son atelier et va s'installer à Iekaterinbourg vers 1900. Il y trouve un emploi de bijoutier.

    Lors de la révolution russe de 1905, il se joint aux bolchevistes et devient rapidement un partisan fanatique de leur idéologie. Arrêté par l'Okhrana, il est exilé de Russie et s'établit à Berlin. Il habite l'Allemagne jusqu’en 1912, où il se convertit à la religion luthérienne et transforme son nom de Yankel Chaimovitch en celui de Iakov Mihaïlovitch. À cette époque, il est marié et père de trois enfants.

    De retour en Russie, il se ré-établit à Iekaterinbourg où il crée son propre studio photographique. En 1915, enrôlé dans l'armée, il préfère s'inscrire dans la formation médicale et est assigné au 198e régiment d'infanterie de Perm. Il participe à la campagne des Carpathes en 1916 mais en revient complètement désillusionné sur la valeur des armées russes.

    Profitant du vide du pouvoir laissé par la Révolution russe de mars 1917, il quitte l’armée et retourne à Iekaterinbourg où, à l’automne, il est l’un des membres du soviet régional de l’Oural. Au début de 1918, profitant de la prise du pouvoir par les Bolcheviks, il est élu député régional et est nommé Commissaire de justice. Il joint également la Tchéka régionale et en devient l’un des chefs. Au début de juillet, il obtient le poste de commandant en chef de la villa Ipatiev, où sont détenus la famille de Nicolas II et leurs derniers serviteurs.

    L'exécution des Romanov :

    Avant même son arrivée, Iourovski a reçu des instructions du soviet de l’Oural concernant les préparatifs pour une prochaine exécution. Il commence par changer la garde de la maison, la remplaçant par des hommes qui lui sont entièrement acquis. Alarmé par l'avance de l’Armée blanche, qui approche d’Iekaterinbourg, il reçoit bientôt ce message : « Informé de la menace que font peser les bandits tchécoslovaques sur la rouge capitale de l’Oural et prenant en considération le fait que le bourreau couronné, en se dissimulant, pourrait échapper à la sentence du peuple, le Comité exécutif, exécutant la volonté du peuple, a décidé de fusiller le ci devant tsar Nicolas Romanov, coupable d'innombrables crimes sanglants. »

    Au cours des jours suivants, Iourovski et son second, Piotr Ermakov, examinent les terrains du côté de Koptiaki, à dix-huit kilomètres de Iekaterinbourg, afin de trouver un endroit assez discret pour y enterrer les corps et garder secret le lieu de l’inhumation.

    Le 16 juillet, il reçoit de Iakov Sverdlov, à Moscou, l'autorisation d'abattre toute la famille. L’exécution a lieu dans la nuit du 16 au 17 dans l'une des pièces du sous-sol de la maison Ipatiev. Les victimes sont au nombre de onze : Nicolas II, sa femme Alexandra Fedorovna, ses quatre filles Olga, Tatiana, Maria et Anastasia, son fils Alexis, le médecin de la famille Ievgueni Botkine, la femme de chambre Anna Demidova, le valet de chambre Alekseï Trupp et le cuisinier Ivan Kharitonov.

    Aussitôt l’exécution terminée, les corps sont chargés dans un camion et emmenés à un ancien puits de mine, dans un boisé de Koptiaki, où ils sont jetés après avoir été dépouillés de leurs vêtements et de leurs bijoux. Iourovski s'avise vite cependant que les Blancs ne tarderont pas à les retrouver. La nuit suivante, aidé d'un autre commando, il repêche les cadavres et les emmène plus loin dans la forêt. À un moment, le camion s'enlise définitivement dans le sentier et il décide de les enterrer sur place. Après avoir fait brûler deux corps, les hommes de Iourovski préparent une fosse commune pour les autres. Ils y installent les corps, les aspergent d’acide sulfurique pour empêcher leur identification s’ils étaient retrouvés, puis remplissent la fosse en plaçant des traverses de chemin de fer par dessus.

    Deux jours plus tard, Iourovski part pour Moscou, emmenant avec lui les biens des Romanov. Il est également chargé de convoyer jusqu’à la capitale l’or des banques de l’Oural.

    Les dernières années :

    Iourovski passe les deux années de la guerre civile à Moscou. Il travaille un temps au Kremlin, où il fait l'inventaire des affaires personnelles et des bijoux de la famille impériale. En 1920, il retourne à Iekaterinbourg. La même année, à la demande du soviet de Moscou, il écrit un compte-rendu détaillé des circonstances entourant la mort des Romanov. Il y décrit également de façon minutieuse le site où il a enterré les corps et le moyen de le retrouver. C'est grâce à ce document que Serge Abramov et Alexandre Avdonine pourront découvrir la tombe des Romanov en mai 1979.

    Au milieu des années 1930, Iourovski et ses amis commencent à être victimes des purges staliniennes. Ainsi, en 1934, sa fille est arrêtée et envoyée dans un camp de travail.

    Souffrant d'une maladie du cœur et d'ulcères d'estomac, il est admis à l'hôpital du Kremlin en 1937. Selon son fils Alexandre, il aurait, sur son lit de mort, exprimé de grands regrets pour son rôle dans l'assassinat de la famille Romanov. Il décède le 2 août 1938 et est inhumé au cimetière de Novodevitchi en banlieue de Moscou.

    ROMANOV - IAKOV IOUROVSKI, un des assassins de la Famille RomanovIakov Mikhaïlovitch Sverdlov (en russe : Яков Михайлович Свердлов) de son patronyme Iankel Solomon, né le 22 mai 1885 à Nijni Novgorod et mort le 16 mars 1919 était un révolutionnaire et homme politique russe d'origine juive accusé d'avoir donné l'ordre de l'exécution du Tsar Nicolas II et de la famille impériale en 1918.

    Sources :

    • Radzinsky, Edvard. . Le cherche-midi. 2002.Nicolas II, le dernier des tsars
    • . . Bartillat. 2005.Lorrain, PierreLa fin tragique des Romanov

    Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

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  • Reprise de l'enquête sur la mort des Romanov, le 15/5/2010


      

      

    Après plus de quatre mois d'attente, les descendants de la famille Romanov ont obtenu du tribunal municipal de Moscou la reprise de l'enquête criminelle sur l'exécution du tsar Nicolas II et de sa famille, un an après sa clôture au début de l'année 2009.

    Le tribunal a ainsi satisfait en appel la requête de l'avocat de la famille Romanov, Guerman Loukianov, en décidant que le dossier serait de nouveau examiné au tribunal de première instance par de nouveaux juges.

    En première instance, le tribunal Basmanny avait rejeté le 19 mars la plainte de la famille Romanov qui réclamait la reprise de l'enquête criminelle.

    "Le tribunal n'avait pas pris en compte l'arrêté du présidium de la Cour suprême qui demandait de réhabiliter Nicolas II et sa famille", a souligné Me Loukianov.

    "Nous espérons que nos arguments seront évaluées de manière juste lors du nouvel examen" de l'affaire, a-t-il ajouté.

     

    Nicolas II avec sa femme Alexandra et ses deux plus jeunes filles, Maria et Anastasia, en 1915.

      

    sources : http://www.les-derniers-romanov.com/article-24888-reprise-de-l-enquecircte-sur-la-.html

      bougie10-copie-1

     



     

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