• Mieux connaître Cro-Magnon

     

    Mieux connaître Cro-Magnon

     

    Carte d'identité

     

    Les Cro-Magnons sont attestés en Europe occidentale il y a un peu plus de 35 000 ans. Leur carte d'identité est bien différente de celle des Erectus et des Néandertaliens. A quelques détails près, c'est la nôtre. Le crâne est long et étroit (le nôtre est un peu plus rond). Le front est haut, vertical et bombé. En arrière de lui, pas d'étranglement. La voûte est élevée, l'occiput ne saille plus. La face verticale, large et basse. Les arcades sourcilières sont peu marquées. Les orbites sont rapprochées et rectangulaires. Les pommettes sont bien marquées. La mandibule est légère avec un menton pointu. Les dents sont analogues aux nôtres. Une chance : Cro-Magnon a la place pour loger ses dents de sagesse, car sa mâchoire est suffisamment longue.

      

    Le cerveau est le même que le nôtre, il il cube autour de 1500ml.  Comme chez nous, il y a des variations : le crâne de l'Homme de Chancelade (Dordogne) abrite un gros cerveau de 1700 ml chez un petit homme de faible stature (160 centimètres); d'autres ont des cerveaux moins volumineux que la moyenne. Comment communiquent-ils entre eux ? Ils parlent, comme nous. Quelle langue ?

      

      

      

    Les spécialistes commencent à rassembler des indices d'une langue préhistorique : quelques mots communs à de nombreuses langues et qui auraient peut-être une racine africaine. Et, avec ça, la même silhouette que nous. Mais une stature élevée et des insertions musculaires marquées, indices d'une grande robustesse liée à une grande activité physique et à ration protidique élevée. Robustesse qui va, peu à peu, s'atténuer.

      

      

    Donnons quelques chiffres moyens : environ 170 à 180 cm de haut, 160 cm chez la femme. Bien sur, ces hommes ne sortent pas d'un même moule. Il y a des variations individuelles, qu'on a essayé, il y a un demi siècle, de regrouper en deux types classiques, exhumés du sol de la Dordogne : celui de Cro-Magnon, un sujet grand et musclé, à de longues jambes, et celui, moins grand, de Combe-Capelle, retrouvé aussi à Chancelade et en Europe centrale, à Predmosti, Obercassel et Brno

      

      

    Dans l'art préhistorique, les personnages sont peu détaillés, la couleur de peau n'est jamais indiquée. Étaient-ils chevelus, barbus ou glabres ? Quelques rares hommes  barbus et plus ou moins hirsutes décorent quelques objets et la paroi de la grotte des Trois-Frères (Ariège). Une chevelure bien peignée ou en casque se lit sur des figures féminines, des "vénus". C'étaient des gens comme nous.

      

    Deux détails toutefois. Sur les dessins des femmes préhistoriques, on observe souvent un embonpoint au niveau des hanches et des fesses. Après avoir effectué des reconstitutions "anthropométriques" (comme le fait la police scientifique) à partir d'ossements, les archéologues en sont arrivés à la conclusion que Cro-Magnon était comme nous.

     

    Le climat chez Cro-Magnon

     

    Les Hommes modernes, les Cro-Magnons d'Europe, ont connu un climat souvent rigoureux. Le maximum du froid se situe il y a environ 20 000 à 22 000 ans, vers la fin du Gravettien et le début du Solutréen. Comme en Scandinavie de nos jours, le climat est rude, froid et sec, avec de longs hivers et des étés chauds. Les demi-saisons sont courtes. Parfois, le climat se réchauffe. On le sait grâce aux pollens. Ces interstades connaissent un climat semblable au nôtre. On leur a donné le nom des sites préhistoriques où on les a identifiés en Dordogne : Tursac il y a 23 000 ans, Laugerie il y a 19 000 ans , Lascaux il y a 17 000 ans.

      

      

      

    Au plus froid de la glaciation de Würm, la température moyenne est inférieure  de 5°C à celle d'aujourd'hui : c'est peu et c'est beaucoup. Cela suffit pour modifier la petite faune, les plantes et les paysages. La glace est stockée aux pôles. Les glaces ne sont jamais descendues au-dessous de la latitude de Londres, de Berlin et d Nord de l'Europe, à part les montagnes bien entendu, largement couvertes de glaciers et inaccessibles. Ceux des Alpes descendent à 600 mètres et atteignent Lyon. Lorsque la neige fond au printemps, les rivières deviennent des torrents : elles creusent leur lit, inondent la vallée et déplacent les alluvions, recouvrant les campements comme à Pincevent.

      

    Le niveau des mers est bien plus bas que le nôtre (de 100 mètres environ, au plus froid de la glaciation). Les rivages sont éloignés des nôtres de 50 à 100 kilomètres.

      

    La Manche est à sec.

      

    Les Cro-Magnons maritimes nous sont donc inconnus : de nos jours, leurs habitats sont immergés. La grotte Cosquer, à Marseille , était accessible à pied sec il y a 27 000 et il y a 18-19 000 ans. Son entrée est aujourd'hui sous une trentaine de mètres d'eau. Dans notre pays, ce n'est pas un paysage de toundra pelée, mais plutôt une sorte de steppe avec des arbres en boqueteaux par-ci et par-là et le long des rivières. Lors des interstades de réchauffement, ce sont des paysages comme les nôtres, avec un couvert végétal touffu et des prairies. Au temps de Lascaux, il y a 17 000 ans, les arbres sont les même que maintenant : des chênes et d'autres feuillus (tilleuls, ormes, frênes, charmes), des pins sylvestres, des noisetiers et même des noyers, des genévriers et de l'herbe.

      

      

    Nous sommes donc loin d'un homme préhistorique évoluant, dans une sorte de nuit polaire, sur une banquise glacée, parcourue par le blizzard et peuplée d'ours blancs.

      

    D'ailleurs, le froid n'est pas un obstacle à une vie normale. Le feu et les vêtements chauds protègent bien. On voit venir de loin les grands troupeaux. Les rennes, les chevaux, les bisons pullulent. Les aliments se conservent facilement. Il est bien plus difficile de vivre en climat tempéré, dans les forêts.

     

     

     

     

     

    Cro-Magnon chasseur-cueilleur semi-nomade

     

    Les Cro-Magnons sont de jeunes chasseurs-cueilleurs semi-nomades. Ils pratiquent une sorte de nomadisme saisonnier bien organisé. Ils guettent, à la belle saison, les migrations de rennes et la montaison des saumons. Ils parcourent les plateaux le reste de l'année. Il y a quelques dizaines de milliers de personnes en France. Chaque groupe choisit un territoire. Il doit être assez grand pour pouvoir en acquérir les richesses sans les épuiser, mais pas trop vaste, toutefois, pour que son exploitation quotidienne soit encore rentable. De ce nomadisme témoignent, à Pataud et à Pincevent par exemple, des objets faits d'un silex étranger au site (rapporté des voyages), des lames manquantes lors de remontages exhaustifs de nucléus (elles sont restées ailleurs) et l'âge des rennes (tués de façon saisonnière).

      

      

    Comme chez tous les peuples "primitifs", le travail de l'homme et celui de la femme sont distincts : l'un prépare les outils et les armes, et chasse quelques heures par jour; sa compagne, accompagnée des enfants, s'active à la cueillette et aux travaux de l'habitat, tout au long de la journée.

      

    De larges territoires et une nature généreuse s'offrent à une population clairsemée et mobile. Il n'y a pas de concurrence sur le terrain et peu de stocks de réserve dans l'habitat. Donc, la violence est inconnue. Du moins, on n'en a pas d'indices probants : aucun squelette ne porte de traces d'une agression traumatique explicite.

     

    La halte de chasse est un abri provisoire, parfois renouvelé, pour quelques chasseurs. L'habitat, lui, regroupe une ou plusieurs familles "nucléaires". Au total, une ou deux dizaines de personnes peut-être. Ainsi, à Pincevent, André Leroi-Gourhan a conclu que la section 36 avait abrité une quinzaine de personnes consommant une quarantaine de rennes en cinq ou six mois. L'observation des derniers peuples chasseurs-cueilleurs nous donne des fourchettes. Une famille inuit ou laponne avait besoin d'un renne par semaine.

      

      

    Le groupe ne doit pas être trop grand, car les ressources locales sont assez limitées, le terrain de chasse s'épuiserait. Il ne doit pas être trop petit, car ses membres doivent s'entraider, notamment pour la chasse au gros gibier. Pas trop isolé non plus : on n'échange les géniteurs d'un groupe à l'autre (pour éviter l'endogamie). Ces échanges matrimoniaux sont peut-être à l'origine de dons ou de trocs d'objets.        

     

    Les objets exotiques, étrangers au site, découverts parfois, peuvent être aussi bien le témoignage de relations diffuses, de proche en proche, avec échanges, que la preuve d'expéditions lointaines, ponctuelles, hors du territoire du groupe. En tout cas, il n'y a pas de commerce avant l'ère des agriculteurs-pasteurs. Le silex, matière première essentielle, va et vient : par exemple, le beau silex du Bergeracois est attesté dans de nombreux sites, jusqu'aux Pyrénées. Des coquillages marins, fossiles ou non, deviennent parure pour nombre d'habitants de l'intérieur des terres.

     

     

     

    Se vêtir

     

    Tuer les bêtes, c'est se procurer de la nourriture. C'est aussi se pourvoir en peaux et en fourrures. Les Cro-Magnons ne sont pas vêtus de haillons. La préparation des peaux et la pelleterie étaient sans doute l'une des grandes activités des Paléolithiques. Le pelage du renne est un extraordinaire isolant: ses pils sont creux et forment une toison épaisse et dense. A côté de la faune alimentaire, les Cro-Magnons tuent les animaux à fourrure, tels les canidés, les ours, les félins, comme à La Garenne, des petits animaux aussi.

      

    Les vêtements sont confectionnés avec des peaux grattées, bien coupées et cousues. Il est probable que l'ocre rouge a servi de produit de tannage. Les outils pour percer les peaux et les coudre sont innombrables. A partir du Solutréen, il y a  18 000 ans, des aiguilles à chas jouent le rôle de passe-lacets pour les cuirs et les peaux. En examinant les os de rennes, on a trouvé les traces des silex ayant servi à récupérer les tendons, dont les fibres ont servi de fils à coudre. Peut-être de minces rubans de cuir, des crins de cheval, des fibres végétales ont-ils été utilisés aussi. En tout cas une cordelle, faite de quelques torons végétaux tordus, a étét retrouvée dans le sol de Lascaux.

      

      

     Des boutons semblent dessinés sur une  petite silhouette de Bruniquel (Tarn et Garonne). Des rondelles ornées d'animaux gravés (percée d'un unique trou) ont pu être cousues sur des vêtements : étaient-elles utiles ou seulement décoratives ? Certaines figures semblent bien porter une ceinture (Laussel) ou des bandeaux de poitrine. Enfin, et surtout, des sépultures ont livré l'aspect des vêtements des Paléolithiques, matérialisés par des ornements cousus. On est donc loin des représentations misérabilistes des Hommes du Paléolithique, chères aux dessinateurs de naguère. Ils portaient même des chaussures: des mocassins ou des bottillons de cuir ont imprimé, sur le sol des cavernes des Pyrénées, leurs empreintes dépourvues d'orteils.

     

    Enfant  de Cro-Magnon

     

    Par analogie avec les peuples chasseurs-cueilleurs sub-actuels, on peut penser que les femmes connaissent une puberté tardive. Leur vie est rythmée par les grossesses et les allaitements. Elles n'ont pas une ribambelle d'enfants : les allaitements prolongés réduisent la fécondité et la mortalité infantile est élevée. Elles meurent jeunes du fait des accidents de la maternité et ne parviennent que rarement à la ménopause. Les enfants meurent souvent en bas âge (c'était vrai encore au XIXème siècle), avec un maximum vers 2 ans, l'âge du sevrage, tardif, progressif mais non sans danger : on ne passe pas si facilement du sein maternel au rôti de renne dans l'abri familial. Ces enfants jouaient un rôle non négligeable. Il leur arrive de faire des incursions dans les grottes profondes en Ariège.

     

    Maladies de Cro-Magnon

     

    Les Cro-Magnons, comme tout le monde, connaissent des petites misères : l'arthrose, la scoliose et surtout chez les hommes, des fractures. Les ennuis dentaires, eux aussi, ne datent pas d'hier. Comme ses prédécesseurs, Cro-Magnon a mal aux dents : ici une dent surnuméraire infectée, là de nombreuses infections gingivales par manque d'hygiène, aboutissant à la chute des dents. Ils ne se nettoient sans doute pas les dents avec un petit bout de bois comme le font les Africains encore aujourd'hui. Mais ils ne souffrent jamais de carie, car l'alimentation est coriace, sans sucres rapides ni purées. Les dents pourtant s'usent vite car on ne fait pas trop attention au sable qui se glisse dans la nourriture. On ne découvre pas de stigmates de carence nutritionnelle majeure dans les squelettes. On ne parait pas manquer de calcium, de vitamine D, de fer, de fluor.

     

    Mais il faut bien mourir de quelque chose et les Cro-Magnons mouraient jeunes. De quoi ? Sans doute d'infections saisonnières. Une pneumonie ne devait pas pardonner.

     

    La mort

     

    La vie des Cro-Magnons est assez courte. Mais sans doute les préhistoriens du siècle dernier les ont-ils faits mourir trop jeunes. Ils croyaient qu'ils ne dépassaient guère 25 ans. Essayons de donner des chiffres. La courbe de mortalité a deux pics : l'un autour de l'âge de 2 ans, correspondant au sevrage, l'autre vers l'âge de 40 à 50 ans. Au total, récapitule Claude Masset, la mort frappe presque un enfant sur deux dans les premières années; ce cap franchi, un enfant peut espérer atteindre la cinquantaine; seul un adulte sur deux dépasse cet âge; enfin, les vieillards ne sont pas exceptionnels. En somme, un tableau rappelant assez la France des siècles passés. La sélection naturelle joue donc à plein; la population n'augmente que très lentement avant le Néolithique.

      

      

    Cette démographie stagnante, estimée entre 0,1 et 1 habitant par kilomètre carré n'épuise pas les terrains de chasse : il suffit de changer de place. La mort, du moins pour certains, n'est pas une fin. Une trentaine de sépultures sont connues en France et en Italie, sous abri ou porche de grotte. Seulement. Car Cro-Magnon n'enterrait pas tous ses morts : c'est déjà l'indice d'une hiérarchie sociale. En outre certains corps ont peut-être été inhumés en plein air et n'ont pas été retrouvés. Ces sépultures sont le plus souvent individuelles, mais le défunt est volontiers accompagné d'un mobilier funéraire : parures, coquillages, outils et armes de chasse, os de faune.

     

     

     

     

     

    Carte d'identité

    Les Cro-Magnons sont attestés en Europe occidentale il y a un peu plus de 35 000 ans. Leur carte d'identité est bien différente de celle des Erectus et des Néandertaliens. A quelques détails près, c'est la nôtre. Le crâne est long et étroit (le nôtre est un peu plus rond).

      

      

      

    Le front est haut, vertical et bombé. En arrière de lui, pas d'étranglement. La voûte est élevée, l'occiput ne saille plus. La face verticale, large et basse. Les arcades sourcilières sont peu marquées. Les orbites sont rapprochées et rectangulaires. Les pommettes sont bien marquées. La mandibule est légère avec un menton pointu. Les dents sont analogues aux nôtres. Une chance : Cro-Magnon a la place pour loger ses dents de sagesse, car sa mâchoire est suffisamment longue.

      

      

    Le cerveau est le même que le nôtre, il il cube autour de 1500ml.  Comme chez nous, il y a des variations : le crâne de l'Homme de Chancelade (Dordogne) abrite un gros cerveau de 1700 ml chez un petit homme de faible stature (160 centimètres); d'autres ont des cerveaux moins volumineux que la moyenne. Comment communiquent-ils entre eux ? Ils parlent, comme nous. Quelle langue ? Les spécialistes commencent à rassembler des indices d'une langue préhistorique : quelques mots communs à de nombreuses langues et qui auraient peut-être une racine africaine. Et, avec ça, la même silhouette que nous. Mais une stature élevée et des insertions musculaires marquées, indices d'une grande robustesse liée à une grande activité physique et à ration protidique élevée. Robustesse qui va, peu à peu, s'atténuer.

      

      

      

    Donnons quelques chiffres moyens : environ 170 à 180 cm de haut, 160 cm chez la femme.

      

     Bien sur, ces hommes ne sortent pas d'un même moule. Il y a des variations individuelles, qu'on a essayé, il y a un demi siècle, de regrouper en deux types classiques, exhumés du sol de la Dordogne : celui de Cro-Magnon, un sujet grand et musclé, à de longues jambes, et celui, moins grand, de Combe-Capelle, retrouvé aussi à Chancelade et en Europe centrale, à Predmosti, Obercassel et Brno.  Dans l'art préhistorique, les personnages sont peu détaillés, la couleur de peau n'est jamais indiquée. Étaient-ils chevelus, barbus ou glabres ?

      

    Quelques rares hommes  barbus et plus ou moins hirsutes décorent quelques objets et la paroi de la grotte des Trois-Frères (Ariège). Une chevelure bien peignée ou en casque se lit sur des figures féminines, des "vénus". C'étaient des gens comme nous. Deux détails toutefois. Sur les dessins des femmes préhistoriques, on observe souvent un embonpoint au niveau des hanches et des fesses. Après avoir effectué des reconstitutions "anthropométriques" (comme le fait la police scientifique) à partir d'ossements, les archéologues en sont arrivés à la conclusion que Cro-Magnon était comme nous.

     

     

     

    Le climat chez Cro-Magnon

    Les Hommes modernes, les Cro-Magnons d'Europe, ont connu un climat souvent rigoureux. Le maximum du froid se situe il y a environ 20 000 à 22 000 ans, vers la fin du Gravettien et le début du Solutréen. Comme en Scandinavie de nos jours, le climat est rude, froid et sec, avec de longs hivers et des étés chauds. Les demi-saisons sont courtes. Parfois, le climat se réchauffe. On le sait grâce aux pollens. Ces interstades connaissent un climat semblable au nôtre. On leur a donné le nom des sites préhistoriques où on les a identifiés en Dordogne : Tursac il y a 23 000 ans, Laugerie il y a 19 000 ans , Lascaux il y a 17 000 ans.

      

      

    Au plus froid de la glaciation de Würm, la température moyenne est inférieure  de 5°C à celle d'aujourd'hui : c'est peu et c'est beaucoup. Cela suffit pour modifier la petite faune, les plantes et les paysages. La glace est stockée aux pôles. Les glaces ne sont jamais descendues au-dessous de la latitude de Londres, de Berlin et d Nord de l'Europe, à part les montagnes bien entendu, largement couvertes de glaciers et inaccessibles.

      

      

      

      

    Ceux des Alpes descendent à 600 mètres et atteignent Lyon. Lorsque la neige fond au printemps, les rivières deviennent des torrents : elles creusent leur lit, inondent la vallée et déplacent les alluvions, recouvrant les campements comme à Pincevent. Le niveau des mers est bien plus bas que le nôtre (de 100 mètres environ, au plus froid de la glaciation). Les rivages sont éloignés des nôtres de 50 à 100 kilomètres. La Manche est à sec. Les Cro-Magnons maritimes nous sont donc inconnus : de nos jours, leurs habitats sont immergés. La grotte Cosquer, à Marseille , était accessible à pied sec il y a 27 000 et il y a 18-19 000 ans. Son entrée est aujourd'hui sous une trentaine de mètres d'eau.

      

      

      

    Dans notre pays, ce n'est pas un paysage de toundra pelée, mais plutôt une sorte de steppe avec des arbres en boqueteaux par-ci et par-là et le long des rivières. Lors des interstades de réchauffement, ce sont des paysages comme les nôtres, avec un couvert végétal touffu et des prairies.

      

      

      

      

    Au temps de Lascaux, il y a 17 000 ans, les arbres sont les même que maintenant : des chênes et d'autres feuillus (tilleuls, ormes, frênes, charmes), des pins sylvestres, des noisetiers et même des noyers, des genévriers et de l'herbe. Nous sommes donc loin d'un homme préhistorique évoluant, dans une sorte de nuit polaire, sur une banquise glacée, parcourue par le blizzard et peuplée d'ours blancs. D'ailleurs, le froid n'est pas un obstacle à une vie normale. Le feu et les vêtements chauds protègent bien. On voit venir de loin les grands troupeaux. Les rennes, les chevaux, les bisons pullulent. Les aliments se conservent facilement. Il est bien plus difficile de vivre en climat tempéré, dans les forêts.

     

     

     

    Cro-Magnon chasseur-cueilleur semi-nomade

    Les Cro-Magnons sont de jeunes chasseurs-cueilleurs semi-nomades. Ils pratiquent une sorte de nomadisme saisonnier bien organisé. Ils guettent, à la belle saison, les migrations de rennes et la montaison des saumons. Ils parcourent les plateaux le reste de l'année.

      

    Il y a quelques dizaines de milliers de personnes en France. Chaque groupe choisit un territoire. Il doit être assez grand pour pouvoir en acquérir les richesses sans les épuiser, mais pas trop vaste, toutefois, pour que son exploitation quotidienne soit encore rentable. De ce nomadisme témoignent, à Pataud et à Pincevent par exemple, des objets faits d'un silex étranger au site (rapporté des voyages), des lames manquantes lors de remontages exhaustifs de nucléus (elles sont restées ailleurs) et l'âge des rennes (tués de façon saisonnière). Comme chez tous les peuples "primitifs", le travail de l'homme et celui de la femme sont distincts : l'un prépare les outils et les armes, et chasse quelques heures par jour; sa compagne, accompagnée des enfants, s'active à la cueillette et aux travaux de l'habitat, tout au long de la journée.

      

      

      

      

    De larges territoires et une nature généreuse s'offrent à une population clairsemée et mobile. Il n'y a pas de concurrence sur le terrain et peu de stocks de réserve dans l'habitat. Donc, la violence est inconnue. Du moins, on n'en a pas d'indices probants : aucun squelette ne porte de traces d'une agression traumatique explicite.

    La halte de chasse est un abri provisoire, parfois renouvelé, pour quelques chasseurs. L'habitat, lui, regroupe une ou plusieurs familles "nucléaires". Au total, une ou deux dizaines de personnes peut-être. Ainsi, à Pincevent, André Leroi-Gourhan a conclu que la section 36 avait abrité une quinzaine de personnes consommant une quarantaine de rennes en cinq ou six mois. L'observation des derniers peuples chasseurs-cueilleurs nous donne des fourchettes. Une famille inuit ou laponne avait besoin d'un renne par semaine.

      

    Le groupe ne doit pas être trop grand, car les ressources locales sont assez limitées, le terrain de chasse s'épuiserait. Il ne doit pas être trop petit, car ses membres doivent s'entraider, notamment pour la chasse au gros gibier. Pas trop isolé non plus : on n'échange les géniteurs d'un groupe à l'autre (pour éviter l'endogamie). Ces échanges matrimoniaux sont peut-être à l'origine de dons ou de trocs d'objets.        

      

      

    Les objets exotiques, étrangers au site, découverts parfois, peuvent être aussi bien le témoignage de relations diffuses, de proche en proche, avec échanges, que la preuve d'expéditions lointaines, ponctuelles, hors du territoire du groupe. En tout cas, il n'y a pas de commerce avant l'ère des agriculteurs-pasteurs. Le silex, matière première essentielle, va et vient : par exemple, le beau silex du Bergeracois est attesté dans de nombreux sites, jusqu'aux Pyrénées. Des coquillages marins, fossiles ou non, deviennent parure pour nombre d'habitants de l'intérieur des terres.

     

     

    Se vêtir

    Tuer les bêtes, c'est se procurer de la nourriture. C'est aussi se pourvoir en peaux et en fourrures. Les Cro-Magnons ne sont pas vêtus de haillons. La préparation des peaux et la pelleterie étaient sans doute l'une des grandes activités des Paléolithiques. Le pelage du renne est un extraordinaire isolant: ses pils sont creux et forment une toison épaisse et dense. A côté de la faune alimentaire, les Cro-Magnons tuent les animaux à fourrure, tels les canidés, les ours, les félins, comme à La Garenne, des petits animaux aussi. Les vêtements sont confectionnés avec des peaux grattées, bien coupées et cousues.

      

      

      

     Il est probable que l'ocre rouge a servi de produit de tannage. Les outils pour percer les peaux et les coudre sont innombrables. A partir du Solutréen, il y a  18 000 ans, des aiguilles à chas jouent le rôle de passe-lacets pour les cuirs et les peaux. En examinant les os de rennes, on a trouvé les traces des silex ayant servi à récupérer les tendons, dont les fibres ont servi de fils à coudre. Peut-être de minces rubans de cuir, des crins de cheval, des fibres végétales ont-ils été utilisés aussi. En tout cas une cordelle, faite de quelques torons végétaux tordus, a étét retrouvée dans le sol de Lascaux. Des boutons semblent dessinés sur une  petite silhouette de Bruniquel (Tarn et Garonne). Des rondelles ornées d'animaux gravés (percée d'un unique trou) ont pu être cousues sur des vêtements : étaient-elles utiles ou seulement décoratives ?

      

      

    Certaines figures semblent bien porter une ceinture (Laussel) ou des bandeaux de poitrine. Enfin, et surtout, des sépultures ont livré l'aspect des vêtements des Paléolithiques, matérialisés par des ornements cousus. On est donc loin des représentations misérabilistes des Hommes du Paléolithique, chères aux dessinateurs de naguère. Ils portaient même des chaussures: des mocassins ou des bottillons de cuir ont imprimé, sur le sol des cavernes des Pyrénées, leurs empreintes dépourvues d'orteils.

    Neanderthal_enfant.jpg 

     

    Enfant  de Cro-Magnon

    Par analogie avec les peuples chasseurs-cueilleurs sub-actuels, on peut penser que les femmes connaissent une puberté tardive. Leur vie est rythmée par les grossesses et les allaitements. Elles n'ont pas une ribambelle d'enfants : les allaitements prolongés réduisent la fécondité et la mortalité infantile est élevée. Elles meurent jeunes du fait des accidents de la maternité et ne parviennent que rarement à la ménopause.

      

    Les enfants meurent souvent en bas âge (c'était vrai encore au XIXème siècle), avec un maximum vers 2 ans, l'âge du sevrage, tardif, progressif mais non sans danger : on ne passe pas si facilement du sein maternel au rôti de renne dans l'abri familial. Ces enfants jouaient un rôle non négligeable. Il leur arrive de faire des incursions dans les grottes profondes en Ariège.

     

      

      

    Maladies de Cro-Magnon

    Les Cro-Magnons, comme tout le monde, connaissent des petites misères : l'arthrose, la scoliose et surtout chez les hommes, des fractures. Les ennuis dentaires, eux aussi, ne datent pas d'hier. Comme ses prédécesseurs, Cro-Magnon a mal aux dents : ici une dent surnuméraire infectée, là de nombreuses infections gingivales par manque d'hygiène, aboutissant à la chute des dents. I

      

    ls ne se nettoient sans doute pas les dents avec un petit bout de bois comme le font les Africains encore aujourd'hui. Mais ils ne souffrent jamais de carie, car l'alimentation est coriace, sans sucres rapides ni purées. Les dents pourtant s'usent vite car on ne fait pas trop attention au sable qui se glisse dans la nourriture. On ne découvre pas de stigmates de carence nutritionnelle majeure dans les squelettes. On ne parait pas manquer de calcium, de vitamine D, de fer, de fluor.

    Mais il faut bien mourir de quelque chose et les Cro-Magnons mouraient jeunes. De quoi ? Sans doute d'infections saisonnières. Une pneumonie ne devait pas pardonner.

     

      

      

      

    La mort

    La vie des Cro-Magnons est assez courte. Mais sans doute les préhistoriens du siècle dernier les ont-ils faits mourir trop jeunes. Ils croyaient qu'ils ne dépassaient guère 25 ans. Essayons de donner des chiffres. La courbe de mortalité a deux pics : l'un autour de l'âge de 2 ans, correspondant au sevrage, l'autre vers l'âge de 40 à 50 ans. Au total, récapitule Claude Masset, la mort frappe presque un enfant sur deux dans les premières années; ce cap franchi, un enfant peut espérer atteindre la cinquantaine; seul un adulte sur deux dépasse cet âge; enfin, les vieillards ne sont pas exceptionnels.

      

      

      

    En somme, un tableau rappelant assez la France des siècles passés.

      

    La sélection naturelle joue donc à plein; la population n'augmente que très lentement avant le Néolithique. Cette démographie stagnante, estimée entre 0,1 et 1 habitant par kilomètre carré n'épuise pas les terrains de chasse : il suffit de changer de place. La mort, du moins pour certains, n'est pas une fin.

      

      

    Une trentaine de sépultures sont connues en France et en Italie, sous abri ou porche de grotte.

      

    Seulement. Car Cro-Magnon n'enterrait pas tous ses morts : c'est déjà l'indice d'une hiérarchie sociale. En outre certains corps ont peut-être été inhumés en plein air et n'ont pas été retrouvés. Ces sépultures sont le plus souvent individuelles, mais le défunt est volontiers accompagné d'un mobilier funéraire : parures, coquillages, outils et armes de chasse, os de faune.

      

      

    SOURCES : http://romano03.free.fr/Cromagnon.htm

    photos google

      

      

     

     

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