• Mystères et traditions celtes

      

    Pour retrouver la Tradition primordiale, il ne suffit pas de regarder un peuple ou une tradition, il est indispensable d’aller plus loin, chercher et chercher encore. Lorsqu’un peuple envahit un pays, il ne peut qu’utiliser ce qu’il trouve déjà sur le terrain, comme nous le constatons, par exemple, avec les Romains. Il en est exactement de même pour les Celtes. Ces derniers furent, sans conteste, les porteurs d’une tradition, mais celle-ci n’était qu’une partie de la TRADITION !

    Les Celtes assimilèrent les Traditions, les cultes et les croyances des peuples qu’ils dominèrent, au demeurant, pour une période très courte. Renier, comme certains le font, cette TRADITION PRIMORDIALE, revient alors à renier le Druidisme lui-même, puisque c’est lui retirer sa réalité et sa vérité primordiale.

    Galates, Galli, Gaule et Gaulois

    Avec cette Tradition, restant à jamais la base instinctive de notre savoir mythologique sacré, se constituera simultanément la première ébauche de nos territoires liés aux plus anciens témoignages de notre géographie politique. La ‘géographie physique’, en opposition fondamentale, nous sera laissée par les peuples Ibéro-Ligures.

    Ce peuple Celte ‘envahissant’ se répandra non seulement en Europe occidentale mais également dans toute l’Europe centrale. En Asie Mineure il fondera un royaume, appelé ‘Galates’ par les Grecs. Puis les Germains refoulèrent les Celtes d’Europe du nord vers l’Espagne, les Iles Britanniques et la Gaule. Il est probable que ce nom, qui nous restera, provienne d’ailleurs de ‘Galates’, et ‘Galli’ pour les latins. La langue Celte ne subsistera, elle, qu’en Ecosse, Irlande, Pays de Galles, Bretagne.

    Il est difficile de résumer impartialement l’histoire de ce peuple car les hypothèses historiques vont parfois à l’encontre les unes des autres ; cependant le lecteur trouvera en fin de ce travail une bibliographie sommaire afin qu’il puisse se forger sa propre idée. En ce qui concerne l’aspect culturel, nous retiendrons que pour Olivier Geslin « Ils présentaient une certaine unité linguistique, morale et religieuse, mais politiquement indépendants les uns des autres ».

    Celtie et Hyperborée ?

    La question la plus irritante des énigmes celtiques est de se demander d’où ce peuple tenait la somme des connaissances et traditions qui constituaient ses rites. Nous trouvons dans ‘Le Voile d’Isis’, de mars 1932, le formidable travail d’ Auriger. Pour lui les Celtes furent les continuateurs des Atlantes et les initiateurs de toutes les civilisations d’Europe et d’Asie. Les éléments proposés montrent ce peuple échappé, avec les Egyptiens, de la catastrophe engloutissant l’Atlantide et dépositaire de la Tradition perpétuelle et unanime.

    Paul le Cour suivra cette audacieuse hypothèse. Pour lui aussi, il s’agit d’une race nordique et atlantique, dont les ‘comptoirs’ éloignés de leur terre d’origine ne pouvaient perdurer bien longtemps ainsi retranchés de leur origine. A cet effet, il souligne, fort à propos, que les Grecs ‘Hyperboréens’ et ‘Celtes’ sont parfois considérés comme synonymes !

    Précisons que communauté d’origine ne signifie pas obligatoirement identité raciale (au sens étymologique du mot!), de fait la véritable unité fondamentale celtique peut demeurer de nature uniquement spirituelle. Alors que la base administrative et militaire restait la ‘cité’, la tradition religieuse et l’organisation druidique assuraient la cohésion de cet immense réseau ethnique qui s’étendra de l’Irlande au Danube et s’avancera même jusqu’à l’Orient. C’est ce que démontre par ailleurs la célèbre épopée de Ram (Bélier en Gaulois).

    Une formidable société

    Si l’on propose comme ferment de l’idée européenne la ‘latinité’ ou encore le racisme nordique, on ne peut obtenir, par définition, l’adhésion que d’une très minime fraction d’européens.

    Le dénominateur commun pourrait être plus simplement ‘l’esprit celtique’. Ce dernier a imprégné les peuples de notre continent par la race, le fondement rituel, la philosophie, la littérature et surtout la base de la chevalerie naissante. Cet ‘esprit’ est étroitement lié à l’apport hellénique et, par là, à la grande tradition occidentale atlantéo-hyperboréenne. Et, s’il y a des implications même sur le continent africain, on retiendra que l’Afrique et l’Europe sont complémentaires à plus d’un titre!

    Il y aurait, surtout à notre époque, beaucoup d’inspiration à puiser dans les institutions sociales celtes : Collèges, formation de la jeunesse, des chefs, des élites religieuses et spirituelles et enfin : prééminence du rôle de la femme dans la société.

    Avec une vision étrangement prophétique, Philéas Le Besgue écrivait à ce propos : « Sur les bases du celtisme se pourraient constituer de véritables amphictyonies européennes, car l’esprit de la table ronde s’est propagé loin par delà les frontières aussi bien que les idées de liberté humaine au temps de la Révolution. » Par l’ouverture actuelle sur une Europe naissante c’est dire quel pourrait-être, dans cette croisade exaltante et surtout pacifique, le rôle de la France. Cette ‘mission celtique’ n’est-elle pas en vérité ‘mission européenne’ et, partant, ‘mission Française’… c’est une question sur laquelle nos hommes politiques devraient méditer.

    La Tradition Celte

    Après le rapide survol du schéma social et politique celte, tentons, à présent, d’en approcher les fondements traditionnels et spirituels et surtout leurs mystères.

    Les druides celtes furent les détenteurs de la ‘Tradition Primordiale’ ou plus précisément, comme le disaient les Grecs de l’Antiquité, de la ‘Tradition Hyperboréenne’.

    Nous savons, qu’en mythologie grecque, Apollon était nommé ‘Hyperboréen’ et que ce dieu de ‘Lumière’ était l’équivalent du dieu Lug. Lug et Apollon ont aussi en commun leur animal familier : le corbeau. On note encore qu’un des introducteurs du culte d’Apollon à Athènes était un certain ‘Lukos’ à la consonance ‘Lug’ indiscutable.

    D’autre part le druidisme correspond assez bien au christianisme primitif, à la différence notoire que le druidisme ne fut jamais un état dans l’état, mais simplement le gardien vigilant de la Tradition ! A cet effet, les croyances celtes n’imposaient jamais leur ‘foi’ ni leur ‘loi’. Elles respectaient les croyances des autres peuples, leurs rites, leurs libertés de penser et espérer selon leurs différences. Il nous reste bien à faire à ce propos actuellement!

    Les rites nous conduisent tout naturellement aux célébrations rituelles de l’année .

    IMBOLE: fête du printemps qui se situe vers le 1er février de notre calendrier. Attribuée à la Triple Brigitt, c’est la célébration de la renaissance de la nature et de la fécondité.

    BELTAINE: fête sacerdotale par excellence, c’est la fête du dieu Bel (Belenos ou Belenus), soleil nouveau qui va régénérer la Terre nourricière, la Terre Mère. Fêtée au 1er mai, c’est à cette date que les Tuatha de Danann, les fils de la déesse Dana ou Ana dont le dieu Lug est le chef, sont arrivés en Islande. C’est l’une des deux fêtes celtes du feu (bienfaisant). Celle-ci est en l’honneur de la naissance et de la jeunesse de Lug. Au cours de cette célébration les assistants franchissent les feux allumés par les druides.

    LUGNASAD: Célébrée le 1er août, c’est la fête du Roi (solaire), donc de l’assemblée de Lug et de tous ses fils spirituels. A cette dernière les guerriers venaient sans armes et honoraient ainsi l’amitié et la paix. L’aspect royal de Lug y était reconnu sous la forme du jaune et du brillant, à cette époque le blé se trouvait ainsi naturellement à l’honneur.

    SAMAIN: La nuit du dernier jour d’octobre est la seconde fête celte du feu. Le soleil meurt progressivement à l’image du grain que l’on vient de planter. C’est la seconde fête des guerriers, militaire et totale. Elle décrit le conflit avec les puissances de l'autre monde, de leurs interventions dans les affaires humaines, ainsi que parfois de leurs visites dans notre monde. A l’inverse de l’autre fête du feu, ces derniers doivent être éteints la veille de cette réunion avec banquets.

    Samain et Beltaine sont les deux pôles de l’année celtique partagée entre lumière et obscurité.

    Cette fête de SAMAIN correspond maintenant, pour l’Eglise, à la Toussaint. On y retrouve les même détails, mais christianisés, du culte des morts et des puissances ténébreuses. C’est encore aujourd’hui la célébration ‘d’Hallowe’en’. En vérité ce mot est la contraction de ‘All Hallow’s Eve’ soit : ‘la Vigile du Jour de tous les Saints’.

    La fête du feu

    Il est utile de revenir sur cette fête et sur certains de ses caractères souvent oubliés ou délaissés. D’abord ce n’est pas la fête domestique célébrant le feu du foyer, mais un rite puissant du repli sur soi-même. Ensuite l’honneur pour le feu permettant la communication d’une rive à l’autre et avec l’invisible de l’au-delà. Les emplacements pour ces feux ne sont jamais le fruit du hasard: lieux traditionnels liés au même tellurisme sur lequel s’alignent les grands mégalithes, autres manifestations mystérieuses de la magie oubliée des druides.

    Si les participants dansent autour de ces feux, il ne s’agit pas pour autant d’un rite de fertilité solaire. Il s’agissait avant tout d’une antique pratique celte de divination. Chaque danseur lançait un caillou blanc dans le brasier, après y avoir inscrit son emblème de famille, afin que l’esprit des flammes influe sur les signes prévisionnels.

    Au matin, celui qui ne retrouvait pas, dans les cendres chaudes, la pierre de sa famille, était certain de ne pas assister au nouvel ‘Hallowe’en! La tradition affirme que la quête du caillou blanc se faisait avec un bois de coudrier, dont on note au passage la similitude avec celui des sourciers. Chaque détail de cette recherche apportait des indices pour l’avenir : couleur des cendres, signes rencontrés, teintes prises par la pierre… ce rite de la magie celte est aujourd’hui pratiquement oublié. On le retrouve cependant intégralement retransmis dans la ‘Transposition de Lugaid Reo Nderc’H’ qui serait la récupération d’une traduction manuscrite du 4ème siècle, lui-même explicité sur d’antiques récits romains.

    Il semblerait même, selon certaines hypothèses ‘celtisantes’, que les initiés celtes pouvaient cette nuit-là établir un lien entre leur peuple et celui d’humanités différentes lointaines, dans l’espace et le temps, ainsi qu’avec le ‘Petit peuple’ de la Nature. La fête, aujourd’hui manifestation des enfants questant des cadeaux, rappellerait ces petits Etres aux aspects aussi multiples que les déguisements enfantins et serait le lointain souvenir d’un peuple révolu capable d’une magie toute-puissante ouvrant sur d’étonnantes portes entre certains univers fabuleux.

    Encore, à propos des fêtes solaires honorées par les Celtes, il est utile de préciser que ce peuple comptait les jours non pas comme nous, avec le lever du soleil, mais avec celui de la lune et que les druides savaient, avant tout, allier les deux calendriers pour n’en faire qu’un : le calendrier soli-lunaire. A ces grandes cérémonies calendaires, il faut ajouter celles plus individuelles et ponctuelles : incarnation de la naissance, désincarnation du passage vers l’au-delà, mariage, etc…

    Quelques symboles celtes

    La tradition et les mystères celtes font appel à un symbolisme d’une richesse qui étonne toujours par sa diversité et sa complexité. Nous ne retiendrons brièvement ici que les plus usités et les plus connus:

    Le chêne: Divinité et majesté, personnifie la solidité, la puissance, la longévité, la hauteur au sens spirituel et matériel. Symbole de ‘l’axe du Monde’ il devient le lien entre le ciel et la terre et seul moyen de communiquer avec eux. Par ses branches solides, son symbolisme et son feuillage touffu, le chêne représente l’emblème de l’hospitalité et, de fait, devient un temple. La tradition assure que Gwin (le blanc) est prisonnier du tronc de cet arbre magique et n’en sort qu’une fois l’an, au solstice hivernal pour vaincre le chevalier rouge du houx.

    Le Gui: Symbole de l’immortalité, de la vigueur et de la régénération physique, a pour autre nom ‘Rameau d’or’ dans le symbolisme universel celte. Le gui passe pour avoir une puissance magique permettant d’ouvrir le monde souterrain, éloigner les démons. Il est la force, la sagesse et la connaissance. Ces trois aspects auront le même sens que la racine ‘Dru-Wid’ qui donnera le mot Druide. Seuls ces prêtres celtes seront habilités à la cueillette de la plante sacrée qu’est le gui. Ce dernier, dont le fruit est fait de boules blanches, représente aussi la lune. La faucille, seul instrument utilisé pour sa coupe, symbolise l’aspect ‘croissant’ de ce fruit qui finira par représenter jusqu’à nos jours l’année solaire naissante : ‘au gui l’an neuf’ !

    Le Pommier: Abellia en celte, représente l’astre du monde pour les celtes. C’est sous le pommier que Merlin enseignait sa connaissance. Dans la tradition celtique, la pomme est le fruit de la science, de la magie et de la révélation. On retiendra, là encore, que les écrits bibliques feront de cet arbre celui de la connaissance, de la science et de la révélation… Hasard ou convergence des symboles ?

    Pour le règne animal nous retiendrons sommairement :
    L’Oursin fossile: Il est un des plus forts symboles druidiques : l’œuf du monde, aussi appelé ‘œuf de serpent’ en raison du serpent représentant la Vie et Wouivre. Ses rapports étroits entre la pierre et l’arbre cosmique en font le symbole de la puissance du divin et de l’humain ainsi que la manifestation du verbe.

    Le Sanglier: C’est le plus vieux symbole Indo-Européen, il est l’autorité spirituelle. Le sanglier est comme le druide, en liaison étroite avec la forêt, la nature et sa puissance en se nourrissant du fruit du chêne : le gland.

    Le sanglier représenté dans le sacerdoce mythologique celte par le druide est l’animal consacré à Lug.
    L’escargot: Sa lenteur et son cheminement représentaient le néophyte dans sa recherche de la connaissance. De plus cette dernière inscrivait son évolution dans une spirale sans fin montrée dans le dessin de la coquille du gastéropode. Lunaire et sexuel il illustre l’éternel retour et la fertilité dans tous les domaines de la nature. La forme hélicoïdale de sa coque constitue le glyphe universel par excellence et la temporalité pour les celtes.

    Parmi les éléments essentiels du tracé symbolique celte nous citerons :
    La ‘Croix Druidique’: pentacle le plus important résumant toutes les connaissances cosmiques et métaphysiques des initiés celtes. Son tracé détermine une théogonie qui en fait la représentation la plus curieuse que l’on puisse étudier malgré toute sa simplicité apparente.

    Le Tribann: il représente les trois lettres de l’Incréé : O.I.W. (lire et prononcer ‘ou’) Il signifierait, entre autres, Savoir, Amour et Connaissance.
    Le Triskele: (trois jambes courant d’un même axe) du grec ‘trois pieds’, on le trouve aujourd’hui dans les armes héraldiques de l’Ile de Man (déjà cité en 1581 dans le travail de B. Vincent). Il est les trois phases de l’énergie : ascendante, maturité et descendante. On peut aussi considérer la représentation des dieux Lug, Dagda et Ogme qui deviendront, pour les gaulois : Taranis, Teutatés et Esus.

    Le Triscele: (trois spirales tournoyantes depuis un même centre) la tripartition suivante en serait la symbolique : les initiés (prêtres), les guerriers et le peuple. Mais aussi il représenterait les trois étages : le céleste, l’humain et le chtonien. On retrouve ce tracé souple et harmonieux sous les traits des déesses Cerridwen, Blodeuwedd, Arianrhod.

    Quant aux magiciens de ces temps antiques, ils avaient pouvoir sur tous les règnes: hommes, bêtes, plantes, éléments, le visible et aussi l’invisible ! Ils savaient les secrets de philtres mystérieux conférant l’amour, l’oubli, l’éternité… Un rêve en un mot!

    Les magiciens du son universel

    De tous ces pouvoirs aussi formidables que nombreux, nous nous attarderons sur le plus merveilleux, celui du son.

    Les plus anciens textes font état d’une maîtrise phénoménale du son sous toutes ses formes par quelques initiés mythiques celtes. Ils savaient la musique, le chant et la sonorité de la nature. De ses sons harmonieux et secrets sortaient des incantations capables de modifier l’univers.
    Le récit le plus précis est sans doute celui de Dagda. Il apparaît tantôt comme un dieu ou un homme. Il peut tout faire avec sa harpe magique dont il tire des accords pour chaque événement. Dans son ‘Cycle Mythologique Irlandais,’ d’Arbois en fait une précise description. L’instrument dérobé par les Fomore est recherché par Dagda avec l’aide de Lug et Ogme. Ils retrouvent la harpe accrochée à un mur pendant le repas des chefs Fomore. Dagda interpelle sa harpe qui, reconnaissant la voix de son maître, se propulse vers lui avec une telle puissance que neuf guerriers sont tués sur son passage. Dagda détient l’art de trois chants sur son instrument magique : celui du sommeil, du rire et enfin des larmes. Il maîtrisera ses ennemis en jouant de cette science sonore ! Légende… bien sûr, diront les incrédules. Oui, pourquoi pas… pourtant les anciens celtes savaient les pouvoirs de la sonorité et pouvaient en user selon leur gré. Science, Magie ? Ce n’est qu’une question de mots.
    On retrouve cette notion de la vibration musicale et sonore dans les nombreuses épopées irlandaises.

    Nous y retrouvons encore un autre dieu, Cuchulain. Ce héros doit franchir un ravin protégeant une ignoble magicienne. L’initié celte qui le guide lui conseille simplement de pousser un cri plus haut que l’abîme afin de vaincre l’obstacle du vide vertigineux. Cuchulain obéit et se retrouve de l’autre côté par ce ‘cri plus haut que l’abîme’. Pour certains auteurs ce hurlement inhumain servait encore à détruire, par la seule puissance des infra et ultra-sons, dont on commence à supposer les pouvoirs seulement depuis peu. Pourquoi certains initiés celtes n’auraient-ils pas pu détenir une connaissance ‘primordiale’ qui se perdra au fil des temps ?

    On retrouve d’ailleurs d’autres épisodes ‘sonores’ dans les récits de la légende du Graal et de la vie de Merlin. Ce qui prouve, s’il le fallait, que les anciens celtes pouvaient agir sur la matière, les éléments, détruire, modifier, susciter des émotions avec des sons.

    Nous en souririons un peu moins si nous nous demandions ce qu’est devenu Trabitsh-Lincoln, dont les travaux sur les croyances magiques celtes le conduisirent jusqu’en Asie où il disparaîtra sans laisser de traces. On sait à ce sujet que les autorités soviétiques de l’époque se précipitèrent, lors de la chute de Berlin, pour s’approprier des dossiers concernant ce sujet. Personne n’en saura jamais plus.

    Faut-il admettre, aussi, l’hypothèse d’Edgar Cayce qui affirme que de terribles guerres sonores se déroulèrent entre initiés Atlantes jusqu’au combat final qui engloutira le continent perdu. Il est question de quelques rescapés magiciens transmettant une connaissance primordiale se prolongeant jusqu’aux Celtes pour se diluer définitivement plus tard…

    Les breuvages magiques celtes

    D’autres domaines dans l’art de la connaissance magique celte nous réservent quelques surprises. Il s’agit des différents philtres et breuvages dont les textes antiques font mention. Nous observerons que dire ‘breuvages’ ne peut se dissocier du mot ‘chaudron’ dans les thèmes celtisants.

    Ce ‘chaudron’ est le plus grand mystère de l’ancienne magie celte. Ce réceptacle indispensable à toute ‘chimie’ se retrouvera tout au long de nos traditions, jusqu’à celui des sorcières et celui des alchimistes : le creuset. D’eux sortiront rêves exhaussés et chimères désespérantes… Pour les celtes, il en est question pour la première fois dans les célèbres ‘Mabinogions’. Matholwch dispose d’un chaudron dans lequel il plonge, toute une nuit, ses guerriers tués au combat. Au matin, ils sont guéris, encore plus forts, mais muets. Une seule précaution, très étrange, est exigée : les guerriers devront tenter, pour revenir, de garder leur tête sur les épaules… L’expérience qu’ils vivent dans l’étrange vaisseau leur ferait-elle perdre la tête, ou est-elle si ahurissante que des guerriers en reviennent sans voix ?

    Lors de la conquête de ‘l’Ile Verte’ par les Gaêls, le dieu Gobniu prépara un breuvage, une sorte de bière, rendant indécelables ceux qui l’absorbaient et qui leur permettait de rejoindre des lieux d’où ils auraient ’toute latitude pour reprendre le chemin du ciel’. Gobniu, maître des forges, savait forcément les secrets de la métallurgie et pourquoi pas ceux d’une connaissance supérieure lui permettant des possibilités aujourd’hui insoupçonnables, bien que simples à mettre en œuvre.

    Comment parler de ce sujet sans évoquer le gui, servant de base à bien des breuvages consommés par tant de chevaliers en queste d’un hypothétique Graal? Là encore ne reste rien, ou presque, du fabuleux savoir des origines celtes, sinon la certitude perdue, d’un âge où les dieux et les hommes franchissaient la frontière d’univers oubliés. Les Celtes de Bretagne, d’Irlande, de Galles, usaient de la magie des philtres avec une facilité aussi déconcertante que leur maîtrise en cet art difficile. Combien de récits bien connus font état de ces préparations dont les détails sont soigneusement tenus secrets : Dagda, Cuchulain, mais aussi Tristan et Iseult, sans omettre Arthur et Merlin.

    Merlin, le plus célèbre des magiciens celtes Bretons! Certes, le personnage est riche en couleurs et symboles, mais on peut supposer qu’en vérité il pouvait être, à cette époque, l’image d’une connaissance globale des sciences celtes. Une sorte de synthèse d’individualités de divers moments et endroits, toutes liées, bien sûr, à un identique courant de savoir. Merlin, en latin : Merlinus, est la forme de ‘Myrddyn’, donnant en breton armoricain ‘Marzin ‘! Peu importe ce qu’il est dans sa forme puisque dans son fond il est LE magicien, LE visionnaire, L’initié, LE barde, il est celui qui voit au travers de l’espace et du temps. Souvenons-nous que les chevaliers entendent ‘sa voix dans les arbres de la forêt qui borde le Val sans Retour’… ce qui nous ramène à l’usage des forces sonores.

    A ces fabuleuses connaissances des anciens celtes, nous ajouterons son savoir à maîtriser de bien étranges choses dont il est question tout au long des ‘Roman de la Table Ronde’ et du moins connu ‘Testament de Merlin’. Délire, sornettes, légendes et symbolismes puérils? A moins qu’il ne s’agisse plutôt du récit d’une personne profane et extérieure à la connaissance magique celte, alors le souvenir de ces écrits formidables prendrait une toute autre ampleur.

    Il est possible que tous les personnages, des héros chevaleresques du Graal aux obscures divinités celtes, soient en vérité les idéogrammes d’une réalité qui s’est éteinte: la connaissance primordiale et magique celte des temps anciens! Les initiés celtes, leurs savants (au sens étymologique), leurs scientifiques, pouvaient-ils se laisser aller à des récits aussi enfantins que l’on veut bien nous le montrer? Les fêtes solaires, les d’Hallowe’en, tout ce savoir condensé dans une formule manuscrite, s’estompent de plus en plus, jusqu’à devenir illisibles, incompréhensibles.

    Des savoirs que nous ne savons pas vraiment comprendre, des récits relégués aux enfants que des exégètes nous font digérer à la sauce ‘allégorie’ ou ‘symboles’… Il y a forcément autre chose derrière ces combats de moulins à vent.

    Il ne peut s’agir que de formidables pouvoirs que nos ancêtres celtes possédaient et qui venaient peut-être de très loin. Dommage, car le vieux peuple du dieu Lug, à l’encontre de tous les autres peuples monothéistes, allait dans le sens de la Nature ‘Naturante’. Il était fils de Dana ou Ana, la Mère Primordiale de tous les dieux et de toute vie, mais de toute vie dans sa plénitude, son intégralité et sa totalité. En retrouverons-nous, un jour, les arcanes, avant que, comme cela se produit de plus en plus, et malgré certaines tentatives isolées, en terres anciennement celtes, les feux de Beltaine et Samain soient un peu moins nombreux chaque année ?.. 
     
     

    André DOUZET 
     
     

      

    Avertissement au lecteur : il était impossible de développer en intégralité un thème aussi vaste et riche que celui-ci. Le lecteur intéressé trouvera matière dans un grand nombre d’ouvrages généralisant le sujet. Cependant il est utile de signaler particulièrement :
    Les écrits indispensables et nombreux, sur ce sujet, de Jean Markale.
    L’œuvre de Philéas Lebesgue (+1958)
    Les écrits de Lugaid Reo Nderch’h.
    M. Moreau « la Tradition Celtique dans l’Art Roman’.
    R. Ambelain ‘Les Traditions Celtiques’.
    Archéologia N°218.
    Paul-Marie Duval ‘Les Celtes’.
    M. Dillon et N.K. Chadwick ‘Les Royaumes Celtiques’.

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