• L'éducation


     

     

    Premiers rudiments


     

    C'est dans le cadre familial et sous la houlette des femmes que l'enfant reçoit les premiers rudiments de son éducation : l'apprentissage de la parole, de la marche, des bonnes manières, de l'alphabet et de la foi. On connaît dans le détail toutes les techniques de ces apprentissages grâce aux traités d'éducation et aux chroniques privées. Les recommandations sont innombrables : savoir interpréter les pleurs du bébé, l'allaiter à la demande, ne pas tenter d'apprendre à marcher à un enfant avant l'âge de un an, le faire s'exercer sur des surfaces douces, mâcher sa nourriture avant de la lui donner, ne pas oublier d'ôter les arêtes de poisson dans ses plats, etc. À la nourrice, il est conseillé d'utiliser un langage aux syllabes redoublées (papa, mama, dodo, bobo, etc.) pour mieux apprendre à parler au bébé. La mère doit fabriquer des gâteaux en forme de lettres pour enseigner le nom de chacune aux enfants.

     

     

    Les bonnes manières



     

    La socialisation passe ensuite par l'apprentissage d'une longue série de règles de vie, parfois inculquées par la manière forte. Ce sont les "bonnes manières", dont il existe de nombreux traités, inspirés des règles de vie monastiques. Ces manuels, d'abord réservés aux habitants des châteaux, se diffusent dès le XIIIe siècle en milieu bourgeois, en ville ; en témoignent encore les mots urbain et urbanité, pointant la nature devenue spécifiquement citadine des bons usages. Ceux-ci sont alors opposés aux manières paysannes : les parents recommandent à leurs enfants de ne pas "faire le vilain", c'est-à-dire se comporter en paysan, et de ne pas se tenir, à table ou dans la rue, comme des "rustauds", autrement dit comme les rustiques, les habitants des campagnes.
    Nombreux sont les traités de "contenances" de table, surtout dans les villes où même des artisans en disposent. Se tenir droit, ne pas cracher par terre, s'essuyer la bouche avant de boire, ne pas se ruer sur la nourriture ni lorgner sur l'assiette d'autrui, ne pas mettre les coudes sur la table, toutes les obligations dont s'inspirera encore la bourgeoisie du XIXe siècle sont déjà énoncées au siècle de Saint Louis. Si les enfants ordinaires apprennent ces règles à la maison, ceux des monastères et des châteaux les reçoivent dans un cadre plus institutionnel : savoir comment se comporter en toutes circonstances fait aussi partie de leur formation professionnelle.

    Le catéchisme


     

    La religion n'est pas absente de cette éducation, puisque le bénédicité du repas ou les formules de politesse des salutations ne sont rien d'autre que des bénédictions. S'y ajoutent les premiers rudiments d'enseignement religieux. Le minimum exigé par l'Église est l'apprentissage des trois prières majeures : le Notre-Père, le Credo et, à partir du XIIIe siècle, l'Ave Maria. La mère enseigne les articles de la foi, la liste des péchés capitaux et des vertus chrétiennes, et se rend avec ses enfants aux sermons dominicaux et aux grandes prédications. Les filles devront se contenter de cet enseignement, moins limité qu'il n'y paraît. Certains garçons iront parfaire leur instruction religieuse au presbytère, auprès du prêtre, souvent avec l'intention de devenir curé. Cette profession est très recherchée dans les milieux modestes au XIVe et surtout au XVe siècle, car elle offre des perspectives d'évolution dans l'échelle sociale.

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  • La structure familiale


     

     

      Le père

     

    Le père est proche de ses enfants. Il a, prioritairement, la responsabilité de les élever et de les protéger, de les former à la vie noble ou de les initier aux travaux agricoles ou artisanaux. Filles et garçons l'accompagnent aux champs, aux vendanges ou au marché pour vendre les produits de la terre. Mais il partage aussi les fonctions féminines traditionnelles jusqu'aux plus humbles gestes de la puériculture. Dans les milieux populaires, en effet, il n'hésite pas à donner le bain aux bébés, à faire cuire leur bouillie et à les faire manger. Il prend part à leurs jeux, les surveille et les soigne quand ils sont malades. À chaque nouvelle naissance, le père est tout particulièrement sollicité, car la mère, rendue impure par son accouchement et les suites de couches, est soumise à une obligation sociale et religieuse qui la contraint à garder le lit entre trente et quarante jours après la naissance, jusqu'à ses "relevailles", sa purification à l'église. Pendant cette quarantaine, le père trop pauvre pour entretenir une servante – ce qui est le cas de la majorité des familles rurales ou artisanes – doit continuer son activité professionnelle tout en assurant la totalité des tâches domestiques : le ménage, les courses, l'épuisant approvisionnement en eau, la cuisine, sans omettre les soins des enfants déjà nés. Tout va bien si un (ou une) aîné(e) est assez grand(e) pour l'assister. Mais, l'intervalle entre deux naissances ne dépassant pas deux ans, le cas le plus répandu dans les premières années de la vie conjugale est sans doute celui d'un père surchargé de très jeunes enfants échelonnés entre 2 et 6 ans, s'évertuant à tenir la maison sous le regard de son épouse alitée !

     
      La mère
     

    La mère assure, avec l'aide des aînés, voire d'une nourrice, le gros des soins aux tout-petits, qui demeurent longtemps dépendants d'elle en raison d'un allaitement de longue durée. Elle transporte le dernier-né partout grâce à un porte-bébé en tissu ou en bois, ou à un petit berceau qu'elle porte sur la tête. Elle allaite en public, où qu'elle soit. Elle cuisine pour les enfants. Mais elle assume encore bien d'autres rôles, qu'on aurait crus réservés au père. C'est elle qui se voit chargée de l'éducation morale et de l'instruction catéchistique, sur laquelle, surtout en milieu rural, elle en sait plus que les hommes de la famille. En ville, les mères sont même capables d'enseigner les rudiments de l'instruction intellectuelle. Depuis le XIIIe siècle, bien des épouses de petits artisans savent lire, écrire et compter, savoirs indispensables à l'exercice de leur profession, car elles aident leur mari.

     
        Grands-parents, oncles et tantes


    Les enfants ont peu de contacts avec leurs grands-parents. Du côté maternel, ces derniers habitent souvent dans une ville différente ; du côté du père, souvent plus âgé que la mère, les grands-parents sont généralement décédés depuis longtemps. Seuls les membres des grandes familles, qui rassemblent plusieurs générations sous le même toit d'un château ou d'une vaste propriété, accueillent parfois un aïeul survivant, lequel s'occupe alors avec tendresse des plus jeunes.
    Les oncles et les tantes contribuent également à leur éducation. Dans les milieux aristocratiques, les oncles, notamment maternels, assurent la formation chevaleresque de l'enfant. On connaît moins leur rôle dans les milieux modestes.

        Parrains et marraines
       

    À la fin du Moyen Âge, leur rôle est plus symbolique que pratique, et limité aux grands moments de la vie : les parrains et marraines, par exemple, mènent le nouveau-né sur les fonts baptismaux et portent l'enfant défunt au cimetière. Ils sont censés être les garants de l'enfant auprès de l'Église et doivent, en théorie, lui enseigner les rudiments de la foi ; dans la pratique, c'est la mère qui se charge de cette tâche.

     
        La nourrice

     

    La nourrice est en tout point une mère de substitution, surtout lorsqu'elle vit au foyer des parents. Sa fonction principale est d'allaiter l'enfant dont elle a la charge, parfois jusqu'à l'âge de 2 ou 3 ans. Elle joue aussi un rôle essentiel dans l'éducation et le soutien psychologique des petits. Elle est présente dans tous les milieux, dès qu'une famille, même rurale, est assez aisée pour payer ses gages. Les sentiments mutuels d'affection qui se nouent entre les enfants et leur nourrice, qui habite souvent au foyer parental, sont si forts que les parents s'en plaignent, redoutant de se voir supplantés dans le cœur de leurs propres enfants.
    Si l'on en croit les médecins de l'époque, la nourrice idéale doit avoir entre 25 et 30 ans, être en bonne santé, avoir un heureux caractère pour ne pas rendre l'enfant triste, être dotée d'une intelligence certaine pour ne pas le rendre sot. Elle doit ressembler le plus possible à la mère, car on croit que, par le lait, la femme continue de façonner l'apparence physique et l'esprit du bébé, et de lui transmettre la mémoire familiale ; dans les faits, néanmoins, les familles riches d'Italie ou de la France du Sud n'hésitent pas à engager des esclaves noires… La nourrice n'a pas le droit d'être enceinte, car le lait d'une femme qui attend un enfant est jugé nocif. Les contrats d'engagement des nourrices prévoient ce cas de figure et sa sanction : le renvoi immédiat.

        Les frères et les sœurs
     

    Très souvent, la mère est retenue dehors toute la journée : à la campagne, les travaux agricoles ne manquent pas ; à la ville, elle peut être porteuse d'eau ou vendeuse de rue. Prendre un bébé avec soi dans ces conditions n'est pas toujours facile. Quand une famille ne peut s'offrir le luxe d'une nourrice, la garde des tout-petits est alors confiée aux aînés, garçons ou filles, parfois dès 3 ans. Selon leur âge, il peut s'agir d'une responsabilité de quelques minutes ou de quelques heures. Le premier-né, évidemment, n'a pas cette chance ; la mère doit se résoudre à le laisser à la maison sous la protection d'un saint… Ces pratiques peu fiables sont la cause d'accidents domestiques variés qui entraînent la mort de nombreux enfants.
    Pour autant, avoir des frères et sœurs ne constitue pas seulement une responsabilité écrasante : comme le rappelle joliment un poème juif du XIIe siècle, composé en Espagne, l'enfant est "le rire de ses frères". Dans un monde où les pères laissent souvent des enfants orphelins, l'établissement de bonnes relations entre frères et sœurs est une obligation de survie. Face aux tâches de la vie domestique, garçons et filles sont sur le même plan. C'est leur rang dans la fratrie qui leur confère leur rôle social ; l'aîné, quel que soit son sexe, est toujours investi d'une responsabilité de type parental.

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  • Les REDEVANCES SEIGNEURIALES

     

    Les redevances que doit un paysan à son seigneur sont doubles : foncières et banales.
    Les redevances foncières sont en quelque sorte le prix de la location des terres cédées aux paysans ; elles sont payables en argent, c'est à proprement parler le cens, ou en nature. Elles comprennent également un certain nombre de journées par an, voire même par semaine, réservées au travail des terres non affermées de la seigneurie.
    Les redevances banales sont variées : obligation, pour les paysans, d'utiliser, en payant, le moulin banal, le four banal, le pressoir banal ; "corvée", c'est-à-dire réquisition des paysans pour l'entretien du château, des routes, l'abattage des forêts, etc. Et souvent, sous prétexte de se faire aider, le seigneur exige le paiement arbitraire d'une "taille".

    Les principales ressources nobiliaires sont les suivantes :
    - la taille : impôt direct sur les roturiers,
    - la gabelle : impôt sur le sel,
    - les fouages : redevance par maison ou par feu,
    - les taxes sur le fonctionnement du four banal, du moulin, sur le travail du bouilleur de cru,
    - les droits de passage sur les ponts,
    - les jours de corvée.

    Aucun noble ne pouvant se payer le prix d'une jacquerie, pour que les manants ne soient pas enclins à la révolte face à ces impôts, les seigneurs, en accord avec l'église, accordent de nombreux jours fériés où le peuple fête ses saints patrons, le venue du printemps ou la salaison du cochon.

    Revenus royaux

    1179 : 20.178 livres pour 41 prévotés
    1180 : 20.000 Livres Tournoi
    1185 : 24.607 Livres pour 52 prévotés
    1200 : 35.000 Livres Tournoi
    1203 : 34.719 pour 62 prévotés
    1355 : octroi spécial accordés par les pays du nord et du sud : 5.400.000 livres de subsides pour une armée de 30.000 hommes pour un an. (= 5% des transactions nationales).
    1360 : 1.500.000 Ecus
    1423 : octroi spécial accordés par les pays du nord et du sud : 1.300.000 livres tournois.
    1426 : octroi spécial accordés par les pays du nord et du sud : 1.182.000 livres tournois.
    1439 à 1444 : octroi spécial : 2.698.000 livres tournois (oil : 918.000, oc : 1.800.000).
    1460 : 1.800.000 Livres Tournoi
    1461 : 1.800.000 Livres Tournoi dont 1.200.000 pour la Taille
    1481 : 4.600.000 Livres Tournoi pour la taille
    1483 : 100.000 Livres Tournoi pour le domaine (5.500.000 Francs de 1914)

    655.000 Livres Tournoi pour aide et gabelle (36.000.000 Francs de 1914)
    3.900.000 Livres Tournoi pour la taille (214.500.000 Francs de 1914)
    1490 : 3.900.000 Livres Tournoi pour la taille (214.500.000 Francs de 1914)

    Voirie

    "Denier de la chaussée" : impot pour l'entretien de la voirie à Troyes dès 1270.
    "Droit de Chaussage" : impot pour l'entretien de la voirie à Reims.

    Impots pour la voirie à Dijon en 1428 :

    16 deniers tournois par mine de blé à moudre,
    20 sous par queue de vin déchargée dans l'agglomération.
    6 deniers par boeuf entrant ou sortant,
    3 deniers par vache entrant ou sortant,
    2 deniers par porc entrant ou sortant,
    1 denier par ovin/caprin entrant ou sortant,
    et sur les chariots en fonction du nombre de roues et du ferrage.

    Impots pour la voirie à Dijon en 1374 :

    1 gros tournoi d'argent par an par toise de mur ou jardin de la maison au propriétaire (devant, derrière ou sur les cotés).
    1 gros viez d'argent/an au locataire.
    1 denier tournoi / roue ferrée.
    1 obole tournoi / roue non ferrée.
    1 denier tournoi par cheval, jument, mule, mulet, ane, anesse, boeuf, vache, porc ou truie qui entre dans la ville.
    1 obole (1/2 denier) pour les autres bêtes à 4 pattes.

    Impots pour la voirie à St Omer depuis 1320 :

    2 deniers par chariot à 4 roues,
    1 denier par charrette à 2 roues,
    1 maille par cheval de bat.

    Les impots pour la voirie rapportent :

    5 livres à Moulins en 1421
    3 livres à Moulins en 1423
    70 livres à Blois en 1475
    182 livres à Rennes en 1418
    324 livres à Rennes en 1460
    431 à 534 livres à Rennes de 1450 à 1500.

    La ferme des chaussées de Troyes rapporte 420 livres en 1416-17.
    Taxe pour les ordures à Nantes en 1487 : 1 denier par maison par semaine.

    Les impots ne taxent pas beaucoup les riches en ville :

    0,4% des revenus des riches
    1% des revenus des moyennement aisés
    0% des revenus des pauvres

    Les impots rapportent à Rennes :

    les taxes sur le vin : 51,21% des rentrées d'argent,
    les taxes sur le textile : 21% des rentrées d'argent,
    le pavaige : 8% des rentrées d'argent,
    les taxes sur les peaux et laines : 7,25 des rentrées d'argent,
    les taxes sur la mercerie : 4,25% des rentrées d'argent.

    Les impots rapportent à Nantes :

    les impots pour la voirie : 2,5% des recettes,
    les taxes sur le vin au détail : 41,5% des recettes,
    le "méage" et le "denier par livre" rapportent : 38% des recettes.

    Amendes

    Pour vendre son vin en dehors des périodes permises : 60 sous d'amende
    On a une amende si on utilise un four personnel au lieu du four seigneurial.
    Pour avoir fait du mauvais platre : 5 sous d'amende (2 à une chapelle, 2 au maitre du métier, 1 à celui qui aura mesuré le platre).
    Si un marchand veut quelquechose de mauvaise qualité, il risque une amende de 5 à 20 sous sous St Louis.
    A Nantes en 1468, si on jette ses ordures là ou c'est interdit :

    prison + 60 sous au chef de famille,
    prison + 7 sous 6 deniers aux autres.

    A Nantes en 1468, si on ne nettoye pas devant chez soi : 60 sous d'amendes.
    A Troyes, au 15eme, si on a une arme sur soi, elle est confisquée et on a 10 sous d'amende.


    Rançons
    Rançons du roi Jean Le Bon :

    1ere : le Sud-Ouest (le Poitou), l'hommage de Bretagne, 4.000.000 Ecus
    2eme : Touraine/Anjou/Maine/Normandie
    3eme : Aquitaine/Loire au Massif Central/Pyrenees (1/3 du royaume), Calais + marches, Ponthieu + Guines, 3.000.000 d'Ecus payés en 3 ans (13,5 Tonnes d'or)

    Rançon de Du Guesclin : 100.000 F
    Rançon de Charles d'Orléans en 1440, 400.000 écus d'or
    Rançon d'une noble dame en 1438, 1400 écus.

    Louis XI paie à Edouard IV 75.000 écus pour qu'il ne fasse pas la guerre en France, avec une rente de 50.000 écus.

    Taxes

    Pour faire du pain : sous St Louis un boulanger paie 43 deniers par an pendant 4 ans.
    En Septembre 1436, un hotteur paie une taxe de 2 blancs pour entrer dans Paris, une charette de cuves de vignes : 8 blancs, 2 charettes : 16 blancs ; 3 charettes : 8 sous parisis.
    Vers 1436, les garnisons au alentour de Paris taxent les vignerons de 8 à 10 queues de vin pour la saison.
    Taxe de pont en Mai 1441 à Paris : une charette pleine paie 6 doubles, un chariot plein paie 12 doubles.
    La taxe sur la bière rapporte 26400 F en Janvier 1429 à Paris.
    La taxe sur le vin rapporte 2200 F en Janvier 1429 à Paris.

    La douane des ports Carolingiens (Dorestad, ...) taxe de 10% toute marchandise qui y transite (avec des exceptions pour certain).

    La location d'un étal à la foire de Reims, coute 6 deniers à partir de 1345 ; rien si l'étal est mobile.
    En 1411, il coute 2 à 16 sous, à la tête.
    En 1412, à Reims, un étal de 7 pieds de long paie 12 deniers. Plus de 7 pieds de long paie 2 sous parisis. Si on refuse de payer, l'amende est de 40 sous parisis.
    L'amende pour un étal non autorisé est de 22 sous 6 deniers en 1428 à Reims.
    En 1428, à Reims, un étal portatif ne paie pas de taxe ;
    un étal de cordonier, retingotier, quincailler, de moins de 7 pieds de long, paie 6 deniers parisis ; plus de 7 pieds de long, paie 12 deniers parisis ;
    un étal de boucher de moins de 7 pieds, paie 12 deniers ; un étal de boucher de plus de 7 pieds de long paie 24 deniers.

    Au 12ème siècle, à Cologne, un paysan paie 6 marks à l'intendant et 3 au prieur de la cathédrale comme taxes annuelles.

    Au 12ème siècle, sur le domaine de Rommersheim, les taxes annuelles à l'abbaye sont par manse :

    1 porc de 20 pfennigs
    1 livre de lin
    3 poulets
    18 oeufs
    1/2 chargement de vin en Mai et en Octobre
    5 charretées de fumier
    5 javelles d'écorce d'arbre
    12 charretées de bois
    du travail au fournil et à la brasserie
    le transport de 50 planches ou 100 bardeaux à l'abbaye pour le toit de l'église
    garder les cochons 1 semaine dans la forêt
    travailler 3 arpents de terre 3 jours par semaine
    livrer 5 boisseaux de grains de 40 km de distance
    surveiller la grange
    entretenir une plate bande du jardin
    les femmes doivent coudre les culottes Lorsque l'abbé vient en visite, les paysans doivent fournir collectivement 4 boeufs et 1 chariot pour les déplacements.

    Taxe sur les juifs par Philippe Auguste :
    en 1202, elles rapportent 1200 livres
    en 1217, elles rapportent 7550 livres

     

     

    SOURCES DR

     

     

     

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  • La TERRE et les PAYSANS

    La terre et les paysans

     

     

    Théorie : "Taillables et corvéables à merci", telle est l'expression qui vient immédiatement à l'esprit lorsqu'il s'agit d'évoquer les paysans à l'époque médiévale. Mais cette image correspond-elle à la réalité historique ?



    Alleu, tenure et réserve

    Au Moyen Âge, la grande majorité de la population vit à la campagne et cultive la terre. En contrepartie de leur protection, les seigneurs exigent des paysans un certain nombre de services et de redevances. Les terres cultivables sont réparties en 3 catégories : l'alleu, la tenure et la réserve. L'alleu est une terre qui n'appartient pas au seigneur. Elle est la pleine propriété du paysan et clé sa famille et est libre de tous droits seigneuriaux. Toutefois, le paysan peut être soumis à certaines obligations.

    Mais la grande majorité de la terre appartient au seigneur qui la divise en tenures et en réserve. Les tenures sont louées à des paysans libres qui les cultivent, moyennant l'acquittement d'une location, le cens, et de divers services et redevances, le tout payable en nature ou en argent. Quant à la réserve, elle est constituée des terres qui appartiennent directement au seigneur.

      

    Elle est culti­vée la plupart du temps par les domestiques et les serviteurs du château. Les produits de la récolte sont stockés dans les greniers et les celliers du seigneur et servent à le nourrir, lui, sa famille et son entourage. Les surplus éventuels sont vendus, ce qui procure au seigneur une source de profit supplémentaire. A certaines époques de l'année, les autres paysans de la seigneurie sont astreints à des travaux agricoles sur la réserve. L'ensemble de ces obligations en nature constitue les corvées.


    Paysans libres et serfs

    Dans les campagnes, on distingue généralement les serfs des vilains. Les serfs sont des paysans totalement dépendants du seigneur. Ils sont attachés à la terre qu'ils cultivent; si la terre est vendue, ils sont vendus avec elle. En outre, ils ne peuvent quitter leur maître. Pour se marier en dehors de la seigneurie ils doivent s'acquitter d'une taxe, le formariage. Ce ne sont cependant pas à proprement parler des esclaves, tels que l'on en rencontrait durant l'Antiquité. Contrairement à une idée reçue, les serfs sont minoritaires parmi l'ensemble de la paysannerie.

    Les paysans libres, appelés vilains, sont moins étroitement soumis au seigneur, même si, comme les serfs, ils sont également astreints à toute une série clé droits seigneuriaux : cens, taille, corvées, obligations d'utiliser le four banal, le moulin banal... En plus de ces taxes, redevances et services, les paysans sont soumis à la dîme, un impôt versé au profit de l'Église et qui représente environ un dixième des récoltes.



    Semailles et moissons

    Le seul engrais connu au Moyen Âge est le fumier. Or, les paysans ont peu de gros bétail. La terre, qui n'est donc pas correctement enrichie, devient stérile après quelques années de culture. Pour remédier à cette situation, on développe la jachère. Les surfaces cultivées doivent être laissées au repos l'année suivan­te. Il en découle une rotation des cultures, la moitié des terres étant tour à tour ensemencées puis mises en jachère un an sur deux.


    C'est l'assolement bien­nal. L'inconvénient majeur de cette technique est une déperdition d'environ 50% de la production de la surface agricole. Peu à peu, une autre méthode va être développée : l'assolement triennal. Les champs sont divisés en 3 zones ou soles. Une seule est laissée en jachère tandis que la production est répartie sur les deux zones restantes, où l'on alterne la culture du blé avec celle d'autres céréales ou de légumes qui épuisent moins le sol (seigle, avoine, lentilles, choux, haricots...).

    Parallèlement, les XIe et XIIIe siècles sont une période d'intenses défrichements. De nouvelles terres cultivables sont gagnées sur les forêts, les taillis, les marécages. Nombre de villages sont créés durant cette période. Les seigneurs encouragent ces défrichements, car ils leur permettent d'augmenter leurs revenus. Ils proposent aux paysans de venir s'implanter sur ces espaces et leur concèdent certains avantages et libertés. La condition des paysans, et notamment des serfs, s'en trouve améliorée.

      

    En effet, les défricheurs reçoivent du seigneur un lot de terres ainsi que la liberté complète, s'ils sont d'origine servile. L'attrait de la liberté fait, dès lors, affluer les paysans vers ces régions défrichées. L'étude de la toponymie renseigne sur ce mouvement et l'importance des nouvelles installations humaines. Ainsi, les localités comportant, par exemple, des noms en -sart, -rode, -hout ou la terminologie «neuville» évoquent ces déboisements et ces récentes implantations.



    Cependant, malgré les défrichements, les famines restent une menace très présente et régulièrement, des régions entières sont frappées par ce fléau.



    Les innovations technologiques

    Entre le XIe et le XIIIe siècle, on assiste à de grands progrès dans le domaine de l'agriculture. Jusqu'à cette époque, les paysans disposent d'outils rudimentaires (houe, araire construits en bois) pour cultiver le sol. Enfouies à faible profondeur, les semences ne donnent qu'un faible rendement.

    Peu à peu, l'usage du fer se développe, ce qui rend possible l'usage d'instruments métalliques plus perfectionnés : la charrue à soc en fer qui retourne la terre, la herse qui brise les mottes et enfouit les grains ou la faux qui coupe les foins. Mieux mis en valeur, les champs et terres de cultures produisent une récolte plus abondante.

    Parmi les autres innovations technologiques, on peut citer l'amélioration de la traction et des procédés d'attelage plus performants : utilisation plus fréquente du cheval (dont les sabots sont ferrés) recours au collier d'épaule, apparition du joug frontal et de l'attelage en file pour les boeufs.



    Agriculture et alimentation

    L'alimentation est essentiellement composée de céréales : blés d'hiver (froment, épeautre, mil, seigle...) ou de printemps (orge et avoine) utilisés pour confectionner le pain, les galettes, la cervoise et la bouillie. Le pain, blanc pour les nobles et les nantis, est la nourriture de base. Cet aliment a, en outre, une haute valeur symbolique : le pain consacré représente le corps du Christ; partager le pain, en famille, c'est manifester son appartenance à la communauté chrétienne.

      

    Les légumineuses (pois, fèves, raves, «herbes» et «racines») viennent en complément, en accompagnement. On les consomme sous formes de bouillies ou de soupes. Les laitages et les œufs s'ajoutent à cette alimentation quotidienne. Les fruits (noisettes, noix, fraises, framboises...) sont rares et essentiellement issus de la cueillette.

    Le développement des échanges favorise la culture de la vigne. Celle-ci s'étend progressivement vers le nord de l'Europe, depuis les côtes méditerranéennes jusqu'à nos régions. Mais les techniques de vinification étant rudimentaires, le vin est peu alcoolisé. On le coupe alors d'eau et on lui ajoute des épices. De même, les modes de conservation sont peu développés. Le vin se conserve dans des tonneaux et devient souvent imbuvable au bout d'une année. La consommation de viande est exceptionnelle, sauf à la table des seigneurs, grands amateurs de gibier. Porcs, moutons, volaille et bétail sont élevés pour leur viande, mais également pour les multiples ressources qu'ils procurent (laine, œufs, animaux de trait...).


    Textes

    La tenure au XIIe siècle
    «... Guichard, bon paysan, qui doit en service :
    - à Pâques, un agneau;
    - à la fenaison, six pièces de monnaie;
    - à la moisson, un repas (avec plusieurs associés) et un setier d'avoine;
    - aux vendanges, douze deniers;
    - à Noël, douze deniers, trois pains, un demi-setier de vin;
    - à Carême-entrant, un chapon;
    - à la Mi-Carême, six pièces de monnaie...».
    G. Duby, L'Economie rurale et la vie des campagnes, livre III, Paris, Aubier, 1962, p. 650.
    Rotation des cultures en 1178
    «(L'abbaye du Neufmoustier doit remettre à l'ancien détenteur de la dîme entre Champion-Seraing et Seraing-le-Château) trois muids d'épeautre, l'année des blés d'hiver (...), rien qu'un muid d'épeautre l'année de l'orge et de l'avoine; mais la troisième année, pendant laquelle la terre vide reste en jachère, le cou­vent de Huy ne devra rien».

    J.-P. Rorive, «Un cas précoce d'assolement triennal en Hesbaye hutoise (1178)», Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XC, Liège, 1978, p. 3.

    Concession de terres à des paysans à l'occasion d'un défrichement

    (charte du 10 août 1161)
    «Moi Thierry, par la grâce de Dieu, comte de Flandre, et aussi mon fils Philippe, nous avons donné à cultiver à des paysans, moyennant un cens annuel, les friches de Reninge (Renninghelst, localité près d'Ypres), qui appartiennent spécialement à notre domaine (...). A tous ceux qui voudraient y demeurer, s'ils sont retenus par leurs obligations dans une autre seigneurie, nous prendrons soin de leur faire donner la permission de venir vers nous.

      

    Qu'il soit donc connu aux hommes présents et futurs, que nous avons accordé et donné pour toujours, non seulement à ceux qui demeurent à présent sur cette terre mais à tous ceux qui y demeureront plus tard, une telle liberté qu'ils ne soient en aucune façon soumis aux lois, aux justices ou aux causes de la communauté du pays de Fûmes (...); mais qu'ils soient toujours libres et indépendants, soit de tous les services, demandes, tailles, soit de toutes les autres exactions quelconques, auxquelles sont astreints les autres habitants de notre terre, (...)».

    P. Bonenfant, F. Quicke, L. Verniers, Lectures historiques. Histoire de Belgique, t. I, Bruxelles, 1937, pp. 142-143.

    Une famine à Liège en 1197
    «Une multitude de pauvres gens est morte de faim. On mangeait les cadavres des animaux crevés et presque personne n'avait conservé l'espoir, tant la misère menaçait tout le monde. (...) Les pauvres gisaient dans les rues et mouraient; ils étaient couchés devant les portes de nos églises, lorsqu'on chantait les matines, moribonds et gémissants, attendant l'aumône que l'on faisait à la première lueur du jour. Cette année, le blé nous manqua dès l'Epiphanie (...). Quant à la bière, elle nous fit défaut toute l'année (...)».

      


    P. Bonenfant, F. Quicke et L. Verniers, op. cit., pp. 140-141.

    http://lecerclemedieval.frbb.net/

     

     

     

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    Elisabeth Reine d'Angleterre

     

    QUEEN ELISABETH d'ANGLETERRE - SYMPHONIE de COULEURS....

    Voici une série de photos de la reine Elizabeth II d’Angleterre arborant ses célèbres « bibis », une véritable symphonie de couleurs. (Copyright photos : Rex, Gamma, Getty images, Hola, Reuters, Daily Telegraph)

     

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

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  • HISTOIRE ...

    Les 16-17 juillet 1942 s'est déroulé la rafle du Vélodrome d'Hiver soit la plus grande rafle de juifs en France lors de la Seconde Guerre Mondiale.

     

    Cette rafle est mise en place par l'Opération "Vent printanier" organisée par les Nazis (et sous le commandement de Eichmann) afin de coordonner la plus grande rafle possible daans plusieurs pays à la fois. En France le régime de Vichy mobilise la Police Nationale et la Gendarmerie soit environ 9000 uniformes rienq ue sur Paris.

     

    Le secrétaire Général de la Police nationale René Bousquet et Louis Darquier de Pellepoix Commissaire Générale aux questions juives sont chargés par la Gestapo de mettre en place tous les moyens pour cette opération, notamment en se servant du Fichier Tulard ; ce fichier regroupe le dernier recensement des juifs depuis 1940.

     

    Lors d'une réunion de planification René Bousquet n'exprime qu'une inquiétude sur le fait que les policiers français doivent arrêter les juifs français ; un accord est trouvé et la Police française ne s'occuperait que des juifs étrangers. Les Nazis prévoient l'arrestation de 22000 juifs étrangers sur le grand Paris, de tous âges mais des dérogations pourront être établies pour les grosses avancées et les mères allaitant leur petit.

      http://a4.idata.over-blog.com/299x223/0/17/37/47/veldhiv2.jpghttp://yerouchalmi.web.officelive.com/images/veldhiv3.jpg

    Les enfanst de moins de 16 ans ne devaient pas être sur les listes afin de continuer à faire croire aux départs pour l'Allemagne pour travailler . Mais Pierre Laval fit modifier cette clause pour cause "humanitaire", pour ne pas séparer les familles ; il fut prouvé que ses enfants étaient déjà des enfants de déportés, Laval désirait surtout se débarasser d'enfants qui, de toute façon, n'avaient plus de famille. Sous les ordres de Pierre Laval le plus jeune des déportés pour Auschwitz n'avait que 18 mois.

     

    Le 13 juillet 1942 une circulaire de la Préfecture de Police ordonne l'arrestation et le rassemblement de 27391 juifs étrangers habitant en France. Mais étant trop proche du 14 juillet les autorités décidèrent de repousser de quelques jours.

      http://anidom.blog.lemonde.fr/files/2011/01/veldhiv-12477354461.1296240095.jpeg

    A la fin de la journée du 17 juillet 1942 les chiffres de la Préfecture indique 13 152 arrestations dont 4115 enfants.

     

    Une partie est envoyée dans des camps à Drancy (photo ci-dessous Pétain visite Drancy en 1942), Compiègne, Pithivier et Beaune-La-Rolande et une autre partie (environ 7000) sont parqués au Vélodrome d'Hiver.

     

    Situé dans 15ème arrondissement de Paris les 7000 personnes doivent survivre pendant 5 jours sans nourritures (ou si peu), sans hygiène et avec un éclairage puissant jour et nuit. Nombreux sont les morts parfois en tentant une évasion parfois en se suicidant. Seuls 3 médecins et une dizaine d'infirmières sont autorisés à intervenir.

      http://cache.20minutes.fr/img/photos/20mn/2010-10/2010-10-04/article_petain.jpg

    Après ces 5 jours de calvaire les survivants sont envoyés également dans les camps de transit avant d'être envoyés à Auschwitz.

     

    Sur les 13152 juifs déportés seuls 25 adultes et quelques enfants survivront.

     

    La rafle du Vel d'Hiv entraine une fracture forte dans l'opinion française. En effet jusqu'ici la grande majorité était indifférente ou attentiste. La rafle réveille les conscience et fait basculer les citoyens... Les uns choisissent la Résistance mais les autres font l'inverse en devenant collabos et/ou anti-sémites. Dans les têtes les opinions sont en ébullitions pour le meilleur mais aussi pour le pire.

    CINEMA ...

    La rafle du Vel d'Hiv est un thème assez rare au cinéma. Si 39-45 est une époque très présente dans le cinéma ce fait précis est lui plus rare.

    Les Guichets du Louvrehttp://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/65/57/98/18871996.jpg

    "Les guichets du Louvres" (1974) de Michel Mitrani ... Un jeune étudiant, Paul, apprenant de l'imminence de la rafle dans les heures qui viennent se rend au quartier Saint-Paul pour tenter de prévenir un maximum de monde. Il  rencontre alors Jeanne, une jeune juive, et tente de la sauver en traversant la rive gauche.

    Intérêt historique :        PAS VU      Note film :          PAS VU 

    Monsieur Kleinhttp://blog.slate.fr/sagalovitsch/files/2012/01/i_10240_1228034349_monsieur_klein_1975_diaporama_portrait.jpg

      "Monsieur Klein" (1976) de Joseph Losey ... Robert Klein est un homme qui rachète à petit prix des oeuvres de toutes sortes aux juifs. Il apprend qu'il a un homonyme. Il apprend que cet homyme est un résistant juif et donc inscrit au fichier de la préfecture. Se sentant menacé et en même temps désireux de connaitre cet homme il part à sa recherche... Nous sommes le 17 juillet 1942...

    Intérêt historique :                Note film :            

    "La rafle" (2010) de Rose Bosch ... On suit le destin de plusieurs personnes pendant les évènements de la rafle du Vel d'Hiv ; enfants, femmes et hommes juifs mais également infirmière, docteur... Premier film qui traite la reconstitution historique.

    Intérêt historique :               Note film :            

    "Elle s'appelait sarah" (2010) de Gilles Paquet-Brenner ...Une journaliste américain, Julia, qui vit en France depuis de nombreuses années enquête sur un épisode de la rafle du Vel d'Hiv. Lors de son enquête elle fait la connaissance de Sarah qui avait 10 ans à l'époque des faits... Une rencontre qui va dévoiler une secret de famille et qui va bouleverser leur vie.

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  • Quelques "Justes" en France

         Qui sont ces Français qui ont caché des Juifs ?
         Voici quelques-unes de ces trajectoires humaines
     

    Un couple d'enseignants (Paris)

         Jean Allard, professeur de latin au lycée Louis-Le-Grand à Paris, voulut sauver deux jeunes Juifs polonais, Louise Fligelman, âgée de quatorze ans, et son frère Richard. Devenus orphelins en 1935, les deux Fligelman étaient partis de Varsovie habiter chez leur oncle et leur tante en France ; ils fréquentaient une école secondaire de Niort, la ville natale d'Allard. Particulièrement brillant en latin, Richard fut présenté au concours général où il obtint le premier prix. Il le reçut des mains de son examinateur : Jean Allard. Un peu plus tard, Richard fut arrêté et interné à Drancy avec toute sa famille. L'oncle et la tante furent déportés vers l'Est ; Richard et sa sœur furent placés rue Lamarck à Paris dans un centre pour enfants juifs contrôlé par la police française. Allard y rendit visite à Richard et lui proposa de l'en faire sortir en cachette pour le faire passer en zone sud. Richard répondit qu'il n'acceptait qu'à condition que sa sœur l'accompagne. Pendant qu'Allard faisait les préparatifs nécessaires, Richard fut renvoyé à Drancy puis déporté à Auschwitz - dont il ne revint pas. Allard et sa femme décidèrent alors de ne pas abandonner la sœur de Richard, Louise, désormais seule au monde.. Ils lui donnèrent la carte d'identité de Louisette Fournier, une jeune fille plus âgée ; puis, au mépris du grand danger qu'ils couraient eux-mêmes, la firent sortir en cachette du centre Lamarck en mars 1943, avec l'assistance d'amis de la Résistance. Ils la conduisirent au couvent du Sacré-Cœur-de-Marie dans le XIIe arrondissement à Paris. Ensuite, ils s'adressèrent à Louise Fontaine, directrice de l'établissement secondaire pour jeunes filles de Vincennes, lui demandant d'inscrire Louise Fligelman pour l'année scolaire commençant en octobre 1943, afin de lui permettre de poursuivre ses études. Ce devait être le début d'une profonde et durable amitié, car après la Libération, la directrice accueillit Louise dans son foyer et devint pratiquement sa mère adoptive. Louise, qui était arrivée au couvent avec pour tout bagage les vêtements qu'elle portait, y resta environ six mois, les Allard assumant tous les frais de son entretien et de ses autres besoins.
         Le 12 mars 1996, Yad Vashem a décerné à Jean et Marguerite Allard le titre de Juste des Nations.(Dossier 7043a)
    Jean Allard
    Jean Allard
    Marguerite Allard
    Marguerite Allard

    Une épicière (Carcassonne)

          Lorsque les Allemands occupèrent Paris, la famille Dreyfus - Madeleine, qui était veuve, et ses trois fils (nés en 1929,1933 et 1936) ainsi que sa tante - se sauvèrent à Carcassonne, dans le département de l'Aude, c'est-à-dire dans la zone non occupée. Madeleine Dreyfus se lia d'amitié avec Juliette Bazille, propriétaire d'une épicerie située à une centaine de mètres de l'appartement loué par les Dreyfus. Juliette ne savait pas très bien ce qu'était un Juif, n'en ayant jamais vu avant la guerre. Pour elle, ces réfugiés qui venaient faire leurs achats dans son magasin étaient des êtres humains comme les autres. Lorsque les Allemands entrèrent en zone sud en novembre 1942, Juliette devint membre d'un groupement local de la Résistance. Sa tâche était d'autant plus difficile que son mari, lui, collaborait avec l'occupant. Elle dut donc faire preuve de la plus grande prudence dans ses activités clandestines comme dans l'aide qu'elle apportait à des gens comme les Dreyfus. Elle trouvait des élèves à Madeleine, qui gagnait ainsi de quoi faire vivre sa famille, en donnant des leçons particulières en diverses matières. Juliette Bazille lui fit connaître des enfants dont les parents pouvaient payer en nourriture car ils avaient les moyens et les contacts nécessaires. Elle invitait aussi la jeune femme et ses enfants chez elle; les garçons jouaient avec ses fils et Madeleine avait à qui parler... Au début de l'année 1943, Juliette apprit, par ses contacts dans la résistance, que les Allemands s'apprêtaient à arrêter et déporter les Dreyfus vers l'est. Elle se hâta de leur procurer de faux papiers et les cacha lorsque les gendarmes vinrent les arrêter.
    Les Dreyfus purent ensuite partir pour Vacquiers, village situé à une centaine de kilomètres de Carcassonne, et furent ainsi sauvés. Ce n'est qu'après la Libération qu'ils rencontrèrent à nouveau la femme courageuse à qui ils devaient la vie. Les Dreyfus rentrèrent à Paris mais restèrent en contact avec Juliette Bazille jusqu'à sa mort.
         Le 23 mars 1995, Yad Vashem a décerné à Juliette Bazille le titre de Juste des Nations. (Dossier 6506)
    Juliette Bazille
    Juliette Bazille

    Un officier de gendarmerie (Riom)

         Maurice Berger, officier de gendarmerie à Riom dans le Puy-de-Dôme, faisait partie de l'Organisation de résistance de l'armée (ORA). Il ne ménageait pas ses efforts pour sauver les Juifs. La famille Herz avait fui l'Allemagne en 1934 pour chercher refuge en France avec leur fils Herbert, qui n'était alors qu'un enfant. Ils s'installèrent d'abord à Dijon, puis, après la défaite en 1940, ils passèrent en zone sud non occupée et furent assignés à résidence à Châteauneuf-les-Bains. Herbert était pensionnaire à Riom.
         Après avoir passé son baccalauréat, il rentra chez ses parents en juillet 1942. Dans la soirée du 26 août, la police française se présenta au domicile de nombreux Juifs de Châteauneuf et en arrêta plusieurs ; les Herz furent épargnés. Ce jour-là, Herbert s'était rendu à bicyclette à Riom pour renouveler sa carte d'identité. Sur le chemin du retour, il fut interpellé par la police et conduit au commissariat de Riom. Il était légèrement vêtu, et on lui permit de téléphoner à ses parents pour demander une valise de vêtements. Le commissariat ne disposant pas de cellules pour garder les prisonniers la nuit, le jeune homme fut conduit, à pied et poussant sa bicyclette, jusqu'au poste situé dans le centre ville. Passant devant une boulangerie, Herbert demanda la permission de s'acheter du pain. Le boulanger le reconnut, comprit la situation et lui vendit du pain sans lui demander de tickets d'alimentation. Peu après l'arrivée du jeune prisonnier au poste de police, le commandant le fit venir et lui déclara: «Jeune homme, je vais vous libérer. Vous allez complètement oublier où vous avez passé la soirée. N'en parlez à personne. Partez, et que je ne vous revoie plus. » Herz sauta sur sa bicyclette et rentra chez lui. Le commandant était Maurice Berger; il venait de recevoir un coup de fil du directeur de l'école du jeune Juif, qui avait appris par le boulanger que son élève avait été arrêté.
         En décembre de la même année, Berger sauva également - au mépris des ordres de ses supérieurs - la vie de huit membres de la famille du tailleur Wasjbrot qui s'étaient enfuis de Paris et avaient trouvé refuge dans la petite localité de Davayat, dans le Puy-de-Dôme. Il les fit prévenir par sa secrétaire qu'une rafle de tous les Juifs du village devait avoir lieu le lendemain matin.
         Les Allemands découvrirent le nom de Berger et de dix-huit de ses camarades sur des listes de membres de la Résistance trouvés lors d'un raid sur un quartier général clandestin de l'organisation. Arrêté, Berger fut déporté à l'est. Brisé par les tortures physiques et morales subies dans des camps de Tchécoslovaquie et de Pologne, il mourut du typhus le 27 avril 1945 au camp de Flossenburg, vingt-quatre heures seulement avant la libération de son camp par les Alliés.
         Le 12 mars 1996,YadVashem a décerné à Maurice Berger le titre de Juste des Nations. (Dossier 7042)
    Maurice Berger
    Maurice Berger

    Un Jésuite, fondateur de "Témoignage Chrétien" (Lyon)

         Pierre Chaillet, père jésuite de Lyon, fit de grands efforts pour persuader les catholiques qu'il fallait porter assistance aux détenus des camps du sud de la France. Commentant l'inaction de
    l'Église catholique, il déclara : « On constate douloureusement que l'œuvre d'assistance dans les nombreux "camps d'internement" et auprès des réfugiés est pour ainsi dire totalement accomplie par les grands comités protestants et Israélites.» En 1941, il lança un journal clandestin nommé Les Cahiers du Témoignage chrétien. Le premier numéro, avec un grand titre « France, prends garde de ne pas perdre ton âme », fut tiré à cinq mille exemplaires. En 1942, quatre nouveaux numéros sortirent, chacun comptant vingt pages, et le premier numéro fut réimprimé à trente mille exemplaires. Ces Cahiers étaient le seul journal chrétien clandestin en France à rejeter expressément l'antisémitisme et à répliquer à la propagande antisémite des autorités. Cet effort entrepris par le père Chaillet prit de l'ampleur à travers toute la France et se poursuivit jusqu'à la Libération. Avec le pasteur protestant Roland de Pury et d'autres, le jésuite contribua à la création de l'organisation Amitié chrétienne qui avait pour but de sauver les Juifs. Il fournit également aux réfugiés juifs de faux papiers et en aida à passe clandestinement en Suisse. À la fin du mois d'août 1942, il participa au sauvetage de cent huit enfants juifs arrachés par des membres de l'Amitié chrétienne et des organisations juives au camp de transit de Vénissieux près de Lyon.
         Sommé par le ministère de l'Intérieur de Vichy de révéler au cardinal Gerlier le lieu où se cachaient les enfants, il refusa. Il fut alors assigné pour deux mois en résidence surveillée dans un hôpital psychiatrique de Privas, à 150 km de Lyon. En février 1943, la Gestapo fit une descente dans les bureaux de l'Amitié chrétienne et arrêta tous ceux qui s'y trouvaient, y compris le père Chaillet. Placé face au mur en attendant son interrogatoire, il profita de ce répit pour avaler les documents compromettants qu'il avait sur lui. Quand il eut terminé, il se mit à protester à haute voix contre l'erreur dont il se déclarait victime, lui, « pauvre curé de village réfugié du Nord ». Il fut relâché après avoir été battu sauvagement. Sans se laisser décourager, il continua à faire campagne dans son journal pour le sauvetage des Juifs. Le père Chaillet était l'un des dirigeants intellectuels de la communauté catholique française. Alors que le cardinal Suhard, archevêque de Paris, soutenait qu'agir illégalement pour sauver des Juifs constituait « une violation grave des préceptes de l'éthique personnelle et collective », le jésuite soutenait, lui, que « sauver une personne innocente ne constitue par un acte de rébellion mais plutôt l'obéissance aux lois non écrites du droit et de la justice ».
         Le 15 juillet 1981, Yad Vashem a décerné au père Pierre Chaillet le titre de Juste des Nations.(Dossier 1770)
    Pierre Chaillet
    Pierre Chaillet

    Le premier numéro du journal clandestin "Témoignage Chrétien"
    Le premier numéro du journal clandestin "Témoignage Chrétien"

    Un Américain au secours des artistes (Marseille)

         Sans moyens ni soutien, un américain de 33 ans, Varian Fry, sauve en 1940 et 41 dans le midi de la France plus de 1.500 personnes, dont des artistes et intellectuels menacés par les nazis comme Marc Chagall, Max Ernst, André Breton, André Masson et Hannah Arendt. Dans le livre La liste noire, il raconte son exceptionnelle aventure. L'ouvrage a été publié, dans l'indifférence générale, en 1945 aux Etats-Unis mais était inédit en France.
         Mort en 1967 à l'âge de 59 ans, Fry est l'un des héros les plus méconnus de la seconde guerre mondiale, comparable à Raul Wallenberg ou Oskar Schindler. Figure légendaire en Israël, il est depuis 1996 le premier américain à être reconnu comme "Juste" par l'état hébreu. Fils d'un agent de change new-yorkais, cet élégant diplômé de Harvard débarque à Marseille en juin 40, mandaté par une organisation humanitaire, "Emergency Rescue Committee". Des centaines de personnes, dont de nombreux artistes, intellectuels et scientifiques, espèrent émigrer vers le Portugal, le Maghreb ou l'Amérique. Fry se démène auprès de l'administration pétainiste, des consuls amis et des sympathisants pour leur obtenir passeports, visas et logements. Aidé notamment par de riches mondaines et des étudiants, il embauche des trafiquants, organise un réseau de contrebande, fait évader des soldats anglais de la France occupée, dénonce les camps d'internement, monte des filières et organise des réseaux d'évasion à travers la montagne.
         Il est expulsé en août 1941 par Vichy, accusé de "protéger les juifs et les anti-nazis", et attendra 26 ans pour que le gouvernement français lui rende hommage, en 1967, en le faisant chevalier de la Légion d'Honneur. Il finira ses jours dans l'indifférence même d'une bonne partie de ceux qui lui doivent la vie. « Les gens ne comprennent pas, cela ne les touche pas plus qu'un tableau de statistiques. Ils n'ont pas vu, pas entendu, pas senti, alors ça ne les émeut pas », dit-il dès son retour aux Etats-Unis en 1941. Il est écoeuré par la politique des visas du département d'état qui a virtuellement fermé la frontière aux persécutés de toute l'Europe. « Je me suis battu contre des enjeux énormes, ce dont, malgré la défaite finale, je crois que je pourrai toujours être fier », écrit-il à cette époque. Mais il paye cher ce sentiment : « j'aimerais oublier ce regard (d'une réfugiée). Ne serait-ce que cinq minutes. Je mérite ce maigre répit. Mais je n'y arrive pas ».

         Le 21 juillet 1994, Yad Vashem a decerné à Varian Fry le titre de Juste des Nations (Dossier 6150).
    Varian Fry
    Varian Fry
       

    Et les militants communistes ?

         On notera dans cette page une sous-représentation des militants communistes et trotskistes. Pourtant, leur rôle fut important dans la résistance à l'occupant et, plus concrètement, dans la protection de famille juives. Il s'agissait souvent de militants juifs, nombreux au parti communiste et dans la résistance, nombreux aussi chez les trotskistes.
         Pourquoi cette sous-représentation ?
         D'abord, parce que les communistes et les trotskistes n'ont rien demandé. Leur activité de sauvetage des militants et de leurs familles allait de soi ; elle faisait partie des tâches ordinaires de l'activité résistante. Il ne convenait pas de singulariser les Juifs, des "communistes comme les autres".
         D'autre part, les autorités israéliennes n'ont pas particulièrement tenu à valoriser les militants communistes et trotskistes, souvent hostiles à la politique sioniste. La notion de "Juste parmi les nations" a une origine religieuse. Il s'agit de remarquer, dans les autres religions, les individus qui se sont sentis solidaires des Juifs, malgré la différence religieuse. Il y a des syndicalistes et des communistes parmi les "Justes" de France ; cette appartenance est rarement indiquée par les rédacteurs des notices.


     
    Bibliographie :

    • Israël Gutman (dir.), Dictionnaire des Justes de France, Yad Vashem, Jérusalem, Fayard, Paris, 2003
    • Martin Gilbert, Les Justes, les héros méconnus de la Shoah, traduit de l'anglais, Calmann-Lévy, 2004
    • Philippe Boegner, « Ici, on a aimé les Juifs », récit, J.-C. Lattès, 1982



    Voir aussi :

    Les Dominicains de la Sainte-Beaume,
     le "Père des juifs"
    Justin Godart, un Juste, mon grand-père...

    Retour  au sommaire : Les Justes

    SOURCES :

    http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/justes_en_france.htm


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  • LA RAFLE du VEL D'HIV...

     

    La Rafle du Vél'd'hiv'

     

    Alix S., d'un collège de Belgique, me demande : « Comment s'est déroulée la rafle du Vél d'Hiv ? Où sont partis les Ju!ifs arrêtés ce jour là ? Quelles sont les dates, SVP ? »

     

    Qu'est-ce qu'une rafle ?

     

    Une rafle est une opération d'arrestations, par surprise, d'un grand nombre de personnes, organisée par la police.

     

    Une rafle demandée par Eichmann et organisée par Danneker et Oberg

     

         La rafle a été préparée de longue date. Depuis la Conférence de Wannsee, en janvier 1942, Eichmann organise les convois de déportation dans toute l'Europe. Il sollicite les représentants nazis dans les territoires occupés pour exécuter des rafles et organiser des convois vers Auschwitz.
         Theodor Dannecker
         En France, c'est le SS Obersturmführer Danneker, le chef du service juif du SD en France occupée de fin 1940 à juillet 1942, qui est chargé d'organiser la rafle. Il est sous les ordres du général Oberg, chef des SS et de la police allemande en France. Eichmann est venu les voir à Paris et déclare : « Le rythme prévu jusqu'ici de trois transports hebdomadaires contenant chacun 1000 Juifs devra être intensifié rapidement, en vue de libérer totalement et le plus vite possible la France de ses Juifs. » (Compte-rendu rédigé par Eichmann, à l'issue de sa visite de 48 heures à Paris, 1er juillet 1942).

         Pour cela, il négocie avec la police française qui accepte de collaborer et d'organiser seule la rafle !
    Les policiers Jean Leguay (délégué de la Police de Vichy en zone occupée) et René Bousquet (secrétaire général de la Police française) négocient avec Dannecker. Ils mettront la police française à la disposition des Allemands pour faire la rafle.

     

    Bousquet discute avec Dannecker et Oberg.jpg, en 1942.
    Bousquet discute avec Dannecker et Oberg.jpg, en 1942.

     


         Ainsi, le 10 juillet 1942, Dannecker télexe à Eichmann que la rafle sera conduite par la police française du 16 au 18 juillet et que l'on peut s'attendre à ce qu'il reste environ 4 000 enfants après les arrestations.

     


    IV J/SA 225a
     Ro/Bir


    Urgent ! Présenter immédiatement !
     
    Paris, le 10.7.1942

    A l'Office Central de Sécurité du Reich IVB 4
    Berlin


    Objet : Évacuation des Juifs de France.

    Référence: Entretien entre le S.S.-Obersturmbannführer Eichmann
    et le S.S.-Hauptsturmführer Dannecker
    le 1.7.1942 ;
    mon télex du 6.7.1942 IV J/SA 225 a.


          L'arrestation des Juifs apatrides à Paris sera opérée par la police française dans la période du 16 juillet au 18 juillet 1942. On peut s'attendre à ce qu'il reste environ 4 000 enfants juifs après les arrestations.
         Dans un premier temps c'est l'Assistance publique française qui les prendra en charge. Comme il n'est pas souhaitable qu'une promiscuité entre ces enfants juifs et des enfants non juifs se prolonge et que l'U.G.I.F. pourra placer au maximum 400 enfants dans ses propres centres, je sollicite une décision urgente (réponse par télex) pour savoir si par exemple à partir du 10e convoi les enfants d'apatride s à évacuer pourront être évacués eux aussi.
         En même temps, je demande une décision la plus rapide possible sur la question évoquée dans mon télex du 6 juillet 1942.

    Signé : DANNECKER, S.S. - Hauptsturmführer.

     

    Une rafle préparée par la police française

     

    En 1942, la police française prépare, avec les autorités d'occupation, une grande rafle des Juifs étrangers demeurant à Paris. Voici une lettre du directeur de la police municipale de Paris, chargée d'arrêter les juifs étrangers :

     



    Le directeur de la police municipale, Hennequin, trois jours avant la rafle,

    demande à la prefecture de confirmer la réquisition des 50 autobus dont il besoin pour emmener les Juifs arrêtés au Vél'd'hiv'.

    Voir aussi la page : La participation de la police française aux arrestations de Juifs, avec les instructions du même Hennequin aux agents de police.

     

     

     

    Une rafle réalisée par la police française

     

    La rafle se déroule sur deux jours, les 16 et 17 juillet 1942.

     

    Main dans la main
    Main dans la main, le SS et le policier français.

         En fait, seule la police française et quelques officiers nazis seront dans les rues, les soldats allemands ont presque disparu de la circulation durant deux jours. Ils laissent faire leurs amis policiers français.
         Les policiers français, dès l'aube, frappent à la porte des appartements où on leur a dit d'arrêter les Juifs. Ils les conduisent ensuite vers des autobus. De là, ils sont emmenés au Vélodrome d'hiver.
     

     

    Lettre de Marie Jelen annonçant à son père son arrestation
    Lettre de Marie Jelen annonçant à son père son arrestation.

    Pour consulter l'ensemble de la correspondance de cette petite fille, voir les pages qui lui sont consacrées.

     

     

     

    Le vél' d'hiv'

     

    Le Vélodrome d'hiver, en abrégé « Vél' d'hiv' », était comme son nom l'indique une piste pour des courses de vélos, dans un stade couvert.
    C'est là, dans les gradins, que furent emmenés les Juifs arrêtés. Le lieu fut choisi parce qu'il pouvait contenir un grand nombre de personnes.

     

    Le vélodrome, par Brassai Le vélodrome, par Brassai
    Le vélodrome d'hiver, photographié, avant la guerre par Brassai, un grand photographe

     

    La seule photo du vel' d'hiv'




    Les autobus utilisés à Paris lors de la rafle du Vél'd'hiv, les 16 et 17 juillet 1942, stationnés le long du
    Vélodrome d'Hiver.

    C'est l'unique photo retrouvée dans les archives de presse. La censure interdit sa publication en juillet 1942.

     

    Combien ?

     

    3031 hommes, 5802 femmes et 4051 enfants ont été arrêtés à Paris les 16 et 17 juillet. Au total : 12.884 Juifs étrangers.
    Il manque évidemment un certain nombre d'hommes. Certains, prévenus par une rumeur, ont rapidement quitté leur domicile le 15 juillet au soir ou le 16 au matin.  Mais ils ne s'attendaient pas à ce que la police française arrête des femmes et des enfants...
    Il y a une certaine déception chez les nazis et les policiers français : le chiffre de 15.000 Juifs était "espéré".

     

    Drancy, Pithiviers, Beaune-la-Rolande

     

    Après le Vél' d'hiv', les Juifs arrêtés sont conduits d'abord à Drancy.  De là, les Juifs sont déportés vers le camp d'Auschwitz où la plupart d'entre eux sont exterminés.
    Certains sont aussi conduits aux camps de Beaune-la-Rolande ou de Pithiviers, avant d'être à leur tour déportés vers Auschwitz. (Lire là-dessus les dernières lettres de Marie Jelen, envoyées de Pithiviers)
    Au cours des mois de juillet et d'août, les convois se succèdent très rapidement : 20 convois entre le 19 juillet et le 30 août 1942.


    Date, en 1942 N° du convoi Camp de départ Destination du convoi Nombre de déportés

    19. 7

    7

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    999

    20. 7

    8

    ANGERS

    AUSCHWITZ

    827

    22. 7

    9

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    996

    24. 7

    10

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    27. 7

    11

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    29. 7

    12

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1001

    31. 7

    13

    PITHIVIERS

    AUSCHWITZ

    1049

    3. 8

    14

    PITHIVIERS

    AUSCHWITZ

    1034

    5. 8

    15

    BEAUNE-LA-ROLANDE

    AUSCHWITZ

    1014

    7. 8

    16

    PITHIVIERS

    AUSCHWITZ

    1069

    10. 8

    17

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1006

    12. 8

    18

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1007

    14. 8

    19

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    991

    17. 8

    20

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    19. 8

    21

    DRANCY

    AUSCHHITZ

    1000

    21. 8

    22

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    24. 8

    23

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    26. 8

    24

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1002

    28. 8

    25

    DRANCY

    AUSCHWITZ

    1000

    31. 8

    26

    DRANCY

    AUSCHWITZ

     

     

    Une rafle qui s'étend à de nombreuses communes de zone occupée

     

    Dans de nombreuses villes de la zone occupée, la rafle a lieu, en même temps qu'à Paris. A Soissons, le 17 juillet. A Dax, le 16 juillet comme en témoigne ce document :


    Billet de la main de la mère de Georges Gheldman, 16 juillet 1942

    Billet de la main de la mère de Georges Gheldman, 16 juillet 1942

     

     

    SOURCES : http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/rafle_vel_d-hiv.htm

     

     

     

    http://ekladata.com/dona-rodrigue.eklablog.com/mod_article38275418_4f2d5139b470d.jpg

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