• Seconde guerre mondiale - les collaborateurs anti-français. BONNY et LAFONT

      
     
    En 1940, la France a capitulé face au régime nazi d'Hitler.
     
    La voie de la collaboration est ouverte, et un groupe de personnes, installé au 93 rue Lauriston dans le 16ème arrondissement de Paris, dirige les affaires intérieures d'une main de fer.
     
    Cette section française de la Gestapo, surnommée "La Carlingue", sévira de 1941 à 1944, écrivant ainsi un des pans, pas très glorieux, de l'Histoire française.


    La Carlingue est le surnom attribué à la fois au 93 rue Lauriston dans le 16ème arrondissement de Paris, siège de la Gestapo française, et s'applique également aux membres de cette branche française de la Gestapo, principalement des voyous et malfrats engagés par les nazis pour effectuer les basses besognes des SS.

    Au 93 rue Lauriston, des Français torturent d'autres Français, obéissant aux ordres d'Henri Chamberlin, dit Lafont, un truand notoire, et de l'inspecteur Pierre Bonny.

     

    Le deux hommes sont à la tête d'une vingtaine de condamnés de droit commun, libérés à leur demande. Les bandits y côtoient les proxénètes, ou encore les mafiosi, dans une ambiance où la torture est chose commune.

     

    Plus tard, la Carlingue s'élargira, sur ordre des SS, et intègrera plusieurs factions, dont La Légion Nord-africaine.

      
    Sujet: Re: La Carlingue - Pierre Bonny, Henri Lafont... 1944   Ven 20 Mar 2015 - 15:43  

    Message

     

      
      
    Deux auxiliaires de la Gestapo ont laissé le plus sinistre souvenir :
      
    Bonny et Lafont. Henri Chamberlin, dit Lafont  né en 1902, plusieurs fois condamné pour vol et abus de confiance, interdit de séjour, réussit le tour de force de monter sous un faux nom un commerce prospère et de devenir un mécène de la police, gérant du mess d'une amicale de la Préfecture de Police.
      
    Son identité est découverte en avril 1940. Écroué, libéré par la défaite, il se met au service des Allemands. Peu à peu, installé rue Lauriston, il se rend indispensable à Otto, à la Gestapo, à nombre de personnages français et allemands. 
      
     
    l'inspecteur BONNY
      
     

    D'abord indicateur, puis chef d'équipe pour le compte de la Gestapo, il monte un groupe d'individus, en majorité criminels, escrocs, souteneurs qu'il a fait libérer de prison et s'associe en mai 1941 avec l'ex-inspecteur de police Bonny, celui que le ministre Cheron avait jadis appelé le meilleur policier de France. 
     L'équipe Bonny-Lafont vit graviter autour d'elle un monde étonnant de dévoyés, de désaxés, de prostituées de haut vol. Elle pratiqua le marché noir à grande échelle, le trafic d'or et de bijoux volés ou empruntés de force aux juifs. Elle procéda à de vastes pillages. Elle mena grande vie, dépensant sans compter ; elle eut autour de soi une véritable cour. 
              Travaillant en liaison étroite avec la Gestapo, Bonny et Lafont firent des locaux de la rue Lauriston et de la place des États-Unis de terribles lieux de souffrance. C'est Bonny qui orienta la bande vers la chasse aux résistants et aux maquisards. Ils démantelèrent le réseau Défense de la France dont faisait partie Geneviève de Gaulle, nièce du général, qu'ils arrêtèrent. 
              L'équipe commit des meurtres crapuleux, pratiqua le chantage aux personnes traquées, fit défiler dans ses chambres de torture des dizaines de patriotes, s'occupa de lever des mercenaires pour combattre le maquis (ainsi, la légion nord-africaine). 
              Grâce à la tactique qui consiste à « mouiller » les gens, à des générosités intéressées, à leur fortune, au bagout de Lafont et à la sympathie qu'il pouvait inspirer, les deux compères surent avoir des relations par­tout et même avec de hautes person-nalités. Beaucoup, parmi elles, les fréquentaient pour en obtenir non pas forcément des faveurs alimentaires, mais des libérations d'amis. Car les truands interrompaient pillages, tortures, meurtres, pour, de temps à autre, sauver quelque inculpé, rendre des services, ce qui en fait leur assurait des tolérances ou des soutiens.    

    La Gestapo française, ou la Carlingue, est le nom donné aux auxiliaires français de la Gestapo installés au 93, rue Lauriston dans le 16e arrondissement de Paris, et actifs entre 1941 et 1944 (immeuble réhabilité aujourd'hui et accueillant plusieurs sociétés).

    Ce groupe rassemble des membres du milieu, comme les truands Henri Lafont (leur chef) et Pierre Loutrel (alias Pierrot le fou), et d'autres ayant un passé trouble comme Pierre Bonny, qui fut chassé de la police pour détournement de fonds et trafic d’influence. Les liens avec l’occupant leur permettent de nombreux trafics, avec des personnages louches comme Joseph Joanovici.

    Ils sont à l’origine de la Légion nord-africaine, engagée dans la répression contre les maquis à Tulle (voir répression contre les maquis de Corrèze). Massacre de Tulle.

    Selon le policier à la retraite Henri Longuechaud, « On peut être scandalisé par le chiffre de 30 000 à 32 000 souvent avancé [comme effectifs de la Carlingue]…

      

    À Paris, lorsque l’occupant lance un avis de recrutement pour 2 000 policiers auxiliaires à son service, il aurait reçu pas moins de 6 000 candidatures »

    Les principaux membres ont été jugés et condamnés à mort à la Libération.

     

    Bonny et Lafont

          

    La Carlingue a comporté plusieurs milliers de collaborateurs, assidus, tempraires, pour période très courte etc.

    Le 30 août 1944, Bonny et Lafont sont arrêtés dans une ferme de Seine-et-Marne, grâce aux indications de l'homme-caméléon milliardaire, Josep Joanovici. L'instruction est menée par M. Gebinis et les policiers Clot et Levitre sont chargés de l'enquête et de l'interrogatoire de Lafont et Bonny. Bony donnera beaucoup de renseignements, espérant se dédouaner en partie de ses agissements.

    Le procès de Lafont, Bonny et de dix autres complices de la Carlingue s'ouvre le vendredi, 1er décembre 1944, à la * Cour de Justice de la Seine (située au Palais de justice de Paris). Il va durer douze jours.

    * Deux ordonnances, du 26 juin et du 28 novembre 1944, instituèrent ces cours de justice pour juger les auteurs d'actes commis entre le 16 juin 1940 et la date de la Libération qui révélaient une intention de favoriser les entreprises de l'ennemi.

    — Les jurés étaient tirés d'une liste établie par un magistrat et par deux délégués du comité de Libération.
    — Le pourvoi en cassation était possible, ainsi qu'une demande de grâce.

    Des exécutions de collaborateurs (Joseph Darnand, Jean-Harold Paquis, Jean Luchaire, etc.) eurent également lieu au fort de Chatillon (Hauts-de-Seine), situé aussi en banlieue sud de Paris (fort disparu).

    * A rappeler : mars 1941 — Lafont obtient la nationalité allemande. Il est nommé capitaine dans la Wehrmacht.
    Il sera ensuite incorporé à la SS, du SNDAP (Parti national socialiste allemand).
     

      Lafont et Delval ont choisi comme défenseur maître René Floriot. Cet avocat, un des grands du barreau, dont la notoriété ira grandissante, s'occupe en même temps de la cause d'un autre prévenu qui finira sous le couperet de la Veuve, en 1946, Marcel Petiot. Bony a également choisi un excellent avocat de l'époque, Charles Delaunay.

    Au cours du procès, les quelques témoignages produits en faveur de Lafont, par maître Floriot, ne contrecarrent pas les dépositions des dizaines de témoignages qui lui sont défavorables, mais Lafont assume entièrement sa responsabilité totale. Maître Floriot, procédurier habile, essaie de faire valoir qu'étant de nationalité Allemande, Lafont doit être jugé par un tribunal militaire, mais sans résultats.

    Bonny, avec toutes les révélations qu'il a faites à l'instruction, espère échapper à la peine capitale — ce que lui avait laisser espérer les policiers — mais trop de faits et de témoignages l'accablent, et son passé d'ex-policier véreux n'aide en rien à améliorer la vision qu'il donne de son parcours de vie.

    Le mardi, 12 décembre, le verdict tombe. Neuf condamnations à la peine de mort sont prononcées à l'encontre de : Lafont — Bonny — Clavié — Delval — Engel — Haré — Pagnon — Tate — Villaplana

    — Deux à la peine des travaux forcés à perpétuité : Labussière et Lascaux. Agés de 20 et 22 ans, ils étaient les cadets des autres condamnés. Leur moindre "pédigré" criminel, et leur jeunesse, ont probablement fait qu'ils ont pu éviter la peine de mort.
    — Delehaye est décédé au matin du 12.

    Le 27 décembre 1944, huit hommes sont fusillés au fort de Montrouge (fort enclavé sur la commune dArcueil, dans le département du Val-de-Marne) :

    Lafont — Bonny — Clavié — Delval — Engel — Haré — Pagnon — Villaplana

        

    Les forts de la banlieue sud de Paris ont été des lieux d'exécution, notamment celui de Montrouge pour les condamnés à mort par la Cour de Justice de la Seine, après la Libération. Cela s'explique par la situation géographique de la prison de Fresnes, située en banlieue sud de Paris, et de la prison de la Santé, proche de la banlieue sud. Miliciens, Collabos tortionnaires (Massuy [Georges Delfane - 01-10-1947] etc.), membres de la Carlingue (Danos, Monange 14-03-1952), Agents infiltrés, (le redoutable Jacques Desoubries - décembre 1949 - etc.), Intellectuels compromis (écrivains, Lucien REBATET( gracié ensuite par le Président Auriol ) , Paul Chack, Georges Suarez, Robert Brasiliach, etc.) ont été passés par les armes dans l'enceinte de ce fort.

    On sait que la Carlingue a été infiltré par des éléments à "double casquette", dont le but était d'apporter des renseignements à des mouvements de la Résistance concernant son organisation. Voici l'exemple d'un infiltré appartenant au réseau Morhange , mouvement de Résistance toulousain chargé de combattre le contre-espionnage allemand et la Gestapo. Ce réseau procédait également à l'élimination physique d'agents de renseignements français qui collaboraient très activement avec les services de répression allemands.

      

    Marcel Taillandier. Alias Morhange.
    Fondateur du réseau Morhange.
    Abattu lors d'un contrôle allemand,
    le 11 juillet 1944.

      

      

      

     

    « L'hiver des rutabagas en 1940 ... Les conditions de la vie des femmes au moyen-âge »
    Delicious Yahoo! Pin It

  • Commentaires

    1
    Patrice Rolli
    Lundi 28 Avril 2014 à 19:52

    Bonjour,

    A propos de la sinistre bande Bonny Lafont, je me permets de vous indiquer que je suis l'auteur d'un livre en lien direct avec ce sujet: La Phalange nord-africaine en Dordogne : Histoire d'une alliance entre la pègre et la « Gestapo » (15 mars - 19 août 1944). Il s'agit d'un épisode très douloureux et qui n’a jamais, à ce jour, fait l’objet d’un livre à part entière : la militarisation de la bande Bonny Lafont et ses horribles exactions, en particulier en Dordogne, département le plus touché par les crimes de la BNA.

    Voir le lien qui présente l'ouvrage :

    http://www.histoire-en-partage.com/#!la-phalange-nord-africaine/c43g

    Cordialement,

    Patrice Rolli

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter