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    Le 20 novembre 1953 commence l'opération Castor, décidée par le général Navarre ; l'opération consiste en un important largage de parachutistes pour occuper la cuvette de Diên Biên Phu. Le 6e BCP (bataillon de parachutistes coloniaux) du commandant Bigeard et le 2e bataillon du 1er RCP (régiment de chasseurs parachutistes) du commandant Bréchignac sont parachutés et s'emparent de Diên Biên Phu. A la suite de cette opération, des renforts viennent compléter les troupes parachutées et le camp est aménagé.

    A la suite de l'opération Castor et contrairement aux prévisions de l'état-major des forces françaises, le général Giap parvient à regrouper quatre divisions autour de Diên Biên Phu, dont la division lourde 351 qui possède 24 canons de 105 mm. Fin décembre, le camp est entièrement encerclé par les troupes du Viêt-minh. La bataille décisive aura lieu.

    Côté français, le nombre de pièces d'artillerie du Viêt-minh a été sous-estimé. Ainsi, aucun
    ordre de s'enterrer na été donné. Les abris construits sont relativement sommaires : des
    sacs de sable, des tôles. Un réseau de tranchées relie les abris les uns aux autres. Aucun
    ouvrage en béton n'est construit, aucun réseau souterrain ni aucune protection pour les canons
    ne sont prévus. Le ravitaillement en vivres et en matériel se fait par voie aérienne. Le
    matériel lourd est démonté puis parachuté en pièces détachées sur Diên Biên Phu.

    Du côté Viêt-minh, le ravitaillement se fait par convois routiers. Des camions livrés par les Soviétiques
    permettent d'acheminer des stocks de munitions. Des milliers de coolies 6, telle une armée de soumis, s'activent pour effectuer le ravitaillement. L'armement, les uniformes et les munitions du Viêt-minh sont de fabrication chinoise. La logistique est un élément primordial car chaque camp se trouve loin de ses bases. Les options sont différentes : dispositif aérien contre coolies.

    Début mars, 11 000 hommes sont concentrés dans le camp ; camouflés dans les montagnes dominant la cuvette, les éléments du Viêt-minh sont 51 000.

      

     

     

     

     

     

     

      Le 13 mars 1954, le général Giap prend l'initiative de l'attaque. Son objectif est le point d'appui Béatrice tenu par le 3/13e DBLE (3e bataillon de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère). La bataille prend très vite un tour dramatique. La surprise vient de l'artillerie du Viêt-minh qui tire de manière isolée, depuis les collines surplombant la cuvette de Diên Biên Phu, en concentrant le feu sur le camp ; la contre-batterie du corps expéditionnaire français est impuissante. Les abris plutôt sommaires ne sont pas conçus pour résister à des projectiles de gros calibre.

    Les points d'appui Béatrice et Gabrielle sont très vite submergés ; dès le 17 mars, le terrain d'aviation est inutilisable ; c'est le cordon ombilical entre la base et Hanoï qui est coupé. Dès lors, la situation devient difficile pour les défenseurs. La bataille devient une guerre d'usure entre des éléments du Viêt-minh nombreux et ravitaillés par pistes et une garnison recroquevillée, entièrement dépendante du ravitaillement aérien. La tactique du Viêt-minh consiste à utiliser, dans un premier temps, l'artillerie pour pilonner le camp, puis à procéder par assauts successifs de l'infanterie, l'objectif étant d'étouffer le camp en resserrant l'étau au fur et à mesure et en prenant les centres de résistance les uns après les autres. La prise des points d'appui permet ensuite de neutraliser les pistes et de maîtriser le ciel. En plus des tunnels et des tranchées à travers les collines, des terrasses sont aménagées par le Viêt-minh ; les canons y sont installés puis à la fin du tir, ils sont mis à l'abri à l'intérieur des collines. La contre-batterie française na que rarement réussi à neutraliser ces canons. En outre, les pièces d'artillerie du Viêt-minh dominent la cuvette ; les cibles sont donc facilement repérables et les pièces d'artillerie peuvent aisément être orientées.

    Le 15 mars, le colonel de Castries réagit en lançant une contre-attaque dont l'objectif est de reprendre
    Gabrielle ; mais les forces engagées et la préparation sont insuffisantes. C'est un échec. Le moral des troupes est atteint. Le 14 et le 16 mars, le 7e BPC (bataillon de parachutistes coloniaux), commandé par le chef de bataillon Marcel Bigeard et le 5e BPVN (bataillon de parachutistes vietnamiens) sont largués sur le camp.

    Du côté Viêt-minh, les attaques des 14 et 15 mars ont causé de nombreuses pertes humaines et les stocks de munitions ont beaucoup diminué. Il est nécessaire de reconstituer les forces et les stocks.
    Le 17 mars, le pont aérien est interrompu ; mais le général Giap suspend les attaques pour permettre le réapprovisionnement et la préparation de la seconde phase de l'opération. Le lieutenant-colonel Langlais, à qui le colonel de Castries a confié le commandement de la position centrale, lance des contre-attaques qui aboutissent à la destruction de pièces de DCA8 du Viêt-minh ; le moral des troupes remonte.

     

     

      

      

     


    Après une dizaine de jours, les stocks sont reconstitués des deux côtés et les unités sont renforcées. Du côté
    français, les opérations aériennes ont été coûteuses et aléatoires.

    Le 30 mars, le général Giap lance une offensive contre les cinq points d'appui qui défendent le côté est de la position centrale : Dominique 1 et 2, Eliane 1, 2 et 4. Il fait intervenir les divisons 312 et 316 pour donner l'assaut à ces collines défendues par 2 000 hommes.
    « Le soir du 30 mars, nos avions de reconnaissance nous avaient informés de la préparation dune attaque
    ennemie. Nous avons eu droit à un tir d'artillerie très violent, et puis le Viêt-minh est monté par vagues
    d'assaut. Avec laide de notre artillerie, nous avons pu les repousser en choc frontal. Grâce au largage de pots
    éclairants par l'avion qui survolait le champ de bataille, nous y voyions presque comme en plein jour. Avec mes
    soldats marocains, nous nous sommes repliés au sommet du point d'appui Eliane 2. Je n'avais plus dans ma section que 16 tirailleurs marocains sur les 25 que nous étions à l'arrivée à Diên Biên Phu » témoigne Serge Fantinel, ancien sergent-chef en Indochine.

    Le 31 mars au matin, le Viêt-minh a pris Dominique 1 et 2 ainsi qu'Eliane 1. Sous l'impulsion du commandant Bigeard, les troupes françaises reprennent Dominique 2 et Eliane 1 ; mais les renforts n'arrivent pas et le commandant Bigeard doit se résoudre à donner l'ordre de repli. Il concentre alors ses troupes sur Eliane 2 et 4 qui constituent le dernier rempart au camp retranché.
    « L'étouffement lent mais continu de notre position se poursuit, accéléré par les violentes attaques du 30 mars
    au 3 avril, provisoirement contenu par l'envoi de nos renforts, repris avec la perte successive de plusieurs points d'appui et surtout avec l'action dune DCA de plus en plus violente qui, jointe aux mauvaises conditions météo, a ralenti notre ravitaillement. » écrit le commandement en chef des forces terrestres navales et aériennes en Indochine.

    Fin avril, la pluie transforme le terrain en bourbier. Non seulement les troupes à pied ont de plus en plus de difficultés à combattre, mais les aléas météorologiques renforcent encore laléatoire de lactivité aérienne au dessus de Diên Biên Phu.

      

      

      

      

      

      

    Le 1er mai, le général Giap lance loffensive finale. Les troupes du Viêt-minh procèdent par assauts successifs ;
    à lintérieur du camp, la défense est de plus en plus difficile ; en outre, de nombreux blessés sy trouvent ; le
    Viêt-minh a refusé les évacuations sanitaires ; les blessés doivent donc rester à lintérieur du camp et être traités du mieux possible sur place. Dès le mois davril, le 2e bureau de létat-major interarmées et des forces terrestres attirait lattention du commandement sur le fait que limpossibilité dévacuer les blessés posera à terme de graves problèmes ; au 10 avril, on compte 610 blessés soignés à lintérieur du camp de Diên Biên Phu.
    Le 7 mai, le dernier point dappui, Isabelle, tombe. Cest la division 308, commandée par le général Vuong Thua Vu, qui donne le coup de grâce. Cette division était déjà présente à Cao Bang et à Lang Son en 1950 et sera la première division à entrer dans Hanoi en 1954. Après 57 jours de combat, larmée du Viêt-minh vient à bout du camp retranché le 7 mai 1954 à 17h30 (Isabelle tombe le lendemain à 1h00).

      

      

     

     

     

    Bilan humain :

    Au total, 15 000 hommes du corps expéditionnaire français ont participé à la défense du camp de Diên Biên
    Phu ; plus de 3 300 dentre eux ont été tués ou sont portés disparus. Plus de 5 000 ont été blessés dont 3 500 ont été opérés dans les antennes chirurgicales du camp. Plus de 10 000 combattants sont faits prisonniers ; beaucoup mourront en détention (ils devront marcher à travers la jungle et les montagnes) ; quelques-uns
    seulement parviennent à séchapper. On estime que le Viêt-minh déplore trois fois plus de morts. En tout, 33 bataillons du Viêt-minh ont été engagés soit 100 000 hommes.

    Les camps :

    Après une longue marche forcée vers le Nord à travers la jungle, les prisonniers français sont internés dans des
    camps. Ils ont à subir aussi la propagande communiste, des cours politiques obligatoires. Brimades et privations
    sont monnaie courante. Les prisonniers doivent faire leur autocritique et avouer des crimes quils nont pas
    commis. Les blessés ne sont pas soignés, les médecins militaires sont regroupés et ont linterdiction dintervenir auprès des prisonniers blessés. Les éléments du Viêt-minh faits prisonniers par le corps expéditionnaire français sont regroupés dans des camps de PIM (prisonniers internés militaires).

    Échange de prisonniers :

    Après les accords de Genève, signés en juillet 1954, qui mettent fin au conflit indochinois et qui instaurent une partition du pays le long du 17e parallèle, la France quitte le Tonkin. Les deux parties acceptent un échange général de prisonniers ; 3 290 prisonniers rescapés ont été rendus à la France. Le destin des prisonniers dorigine indochinoise qui ont combattu du côté français reste inconnu.

      

      

      

      

      

     

     

     

     

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