• L

      

    Le verlan est une forme d'argot français qui consiste en l'inversion des syllabes d'un mot, parfois accompagnée d'« élision », un type d'apocope, afin d'éviter certaines impossibilités phonologiques. C'est en inversant les syllabes de la locution adverbiale (à) l'envers que le terme de verlan a été créé. Aussi parle-t-on de formes verlanisées pour caractériser les vocables issus du verlan.

    Sans être connues sous le nom de verlan, les formes de métathèses en français les plus anciennes remontent au Moyen Âge et ont commencé à être utilisées par le peuple à partir du XVIe siècle mais l'usage du verlan s'est particulièrement développé à partir de la Seconde Guerre mondiale.

    Initialement utilisé comme langage cryptique dans les milieux ouvriers et immigrés de la banlieue parisienne, il s'est rapidement répandu à toutes les classes de population, notamment grâce à son usage au cinéma et en musique.

     

    Histoire

    Le verlan actuel s'est répandu en français depuis la deuxième moitié du XXe siècle mais l'inversion de lettres ou de syllabes, utilisée afin de créer un effet de style en littérature, date de plusieurs siècles. Cependant, les premières occurrences de verlan utilisées à l'oral afin de créer un langage cryptique, uniquement compréhensible par les initiés, sont difficiles à établir car peu de références historiques existent dans la littérature.

    Les plus anciennes formes de métathèses et autres jeux de mots attestées remontent au XIIe siècle avec Le Roman de Tristan et IseutBéroul transforme le prénom de Tristan en Tantris cependant, il n'est pas établi si de telles formes étaient utilisées dans le langage courant (Natalie Lefkowitz 1991, p. 50).

    C'est ensuite au XVIe siècle et au XVIIe siècle que ces anagrammes et jeux de mots se sont multipliés. En 1690, Antoine Furetière, dans son Dictionnaire universel, donne pour définition de l'article « verjus » « On dit, c'est verjus ou jus vert pour dire : c'est la même chose », représente la forme la plus ancienne pouvant être assimilée avec certitude à du verlan (Natalie Lefkowitz 1991, p. 51). D'autres exemples apparaissent ensuite régulièrement dans la littérature.

    C'est au cours des années 1800 que l'utilisation du verlan dans la communication orale apparaît. Dans Les Sources De L'Argot Ancien, Lazare Sainéan rapporte le cas d'une lettre de bagnard surnommé « La Hyène » ayant daté sa lettre par « Lontou, 1842 » au lieu de Toulon, indiquant que le verlan était utilisé dans le milieu carcéral. Tout au long du XIXe siècle, l'usage d'argot tels que le verlan ou le Loucherbem se répand dans le langage des prisonniers, des forçats et de la pègre (Natalie Lefkowitz 1991, p. 51).

    Certains auteurs suggèrent que l'usage du verlan a connu une recrudescence durant l'Occupation (Natalie Lefkowitz 1991, p. 53) mais ce n'est qu'à partir des années 1970 que son usage s'est répandu, l'apparition du terme verlan était elle-même datée à 1950. Parlé à l'origine dans les banlieues françaises, le verlan est aujourd'hui employé en France et popularisé par certains chanteurs, comme Renaud dans Laisse béton, 1978 mais surtout par les nombreux groupes de rap français, comme NTM ou Assassin, mais aussi quelques cinéastes (Claude Zidi, Les Ripoux, 1984). Jacques Dutronc avait utilisé du verlan en 1971 : J'avais la vellecère qui zéfait des gueuvas (J'avais la cervelle qui faisait des vagues). À l'époque, la chanson passa inaperçue.

    Au cours des années 1970 et 1980, le verlan est couramment parlé dans les banlieues. Il a été constitutif d'une identité des habitants de ces banlieues. Après les blousons noirs (vêtement porté par les rockers et ancien synonyme de voyou) qui semblent avoir colporté ce langage des temps anciens, la nouvelle génération des jeunes de banlieues, se sont approprié celui-ci, en l'intégrant à leur culture. La population maghrébine immigrée et leurs enfants, présents en plus forte proportion dans les banlieues, ont marqué le verlan d'arabisme en élisant préférentiellement les voyelles, qui sont peu présentes en arabe, langue sémitique, comparativement aux langues latines comme le français ou l'italien. Ainsi femme est devenu meuf; flic , keuf; arabe, beur puis rebeu qui marque bien ce phénomène de disparation des voyelles remplacées par des 'e'.

    Le début des années 1990, marqué par l'émergence du mouvement hip-hop, représente le début d'une réintroduction massive du verlan dans le langage parlé en France et surtout au sein des nouvelles générations. L'essor du rap a fortement contribué à la dissémination du verlan dans la population française[réf. nécessaire].

    Le verlan a permis aux amateurs de rap et aux rappeurs à la fois de se démarquer par leurs différences culturelles et sociales et d'apporter une nouvelle identité plus marginale. Les textes rappés sont parfois des laboratoires du verlan : ils sont basés davantage sur le rythme et le ton que sur les harmonies, les allitérations sont omniprésentes, ce qui pousse les rappeurs à inventer au besoin des mots ou de populariser des mots en verlan encore peu connus[5].

    Des groupes comme NTM, Sages Poètes de la Rue ou encore le Ministère AMER, précurseurs de la scène rap française, sont les principaux acteurs du retour du verlan dans le pays[réf. nécessaire]. Leurs contributions ont porté autant sur les néologismes verlanisés que sur le rétablissement d'anciens termes déjà utilisés.

    En 2004, un certain verlan (essentiellement constitué d'un vocabulaire) a fini par être plus ou moins compris et utilisé par toutes les couches de la société, ce qui en fait un langage en cours de démocratisation loin de son image plutôt marginale initiale. Toutefois, il existe quelques poches géographiques dans lesquelles un verlan très "pur"/"dur" est utilisé quotidiennement. Un tel langage associé à un accent particulier est assurément incompréhensible au non initié et rempli ainsi la fonction première d'un argot : ne pas être compris des non initiés[réf. nécessaire].

    Le développement des nouveaux moyens de communication, le SMS en tête, a rendu pratique le verlan, notamment en raison du caractère raccourci des formes verlanisées bien plus rapides à taper sur des claviers que leurs équivalents dans la langue française officielle. Cela a conduit des représentants de couches sociales moyennes et élevées, grands consommateurs de ces nouveaux outils personnels de communication, à utiliser le verlan et à le comprendre.

     

    Formation d'un mot de Verlan

    Les étapes de la formation

    La formation d'un mot en verlan, comme elle se passe au niveau de la syllable, est essentiellement phonétique. Le verlan étant une langue orale, on peut trouver de nombreuses exceptions. Néanmoins, la grande majorité des formations se décompose en quatre opérations :

    • Ajout ou suppression de la dernière voyelle
    • Découpage du mot.
    • Inversion.
    • Troncation ou élision de la dernière syllabe du néologisme formé.

    Seule la troisième opération (inversion) est présente dans tous les mots de verlan. Elle est caractéristique de cet argot.

     

    Ajout ou suppression de la dernière voyelle

    Sur certains mots, on peut considérer qu'un -e muet a été ajouté ou bien que la dernière voyelle a été soustraite avant de commencer le processus. C'est loin d'être systématique, mais on peut constater la tendence d'une transformation des mots mono- et trisyllabliques en des mots dissyllabliques.

    Ex: cher → chèreu. défoncé→défonc'. bled→blèdeu. flic→flikeu. rigoler→ rigol'. énervé → énerv'.

     

    Découpage

    Le mot ou expression est découpé en deux parties. C'est l'usage et la facilité à prononcer le mot final qui semblent être les principaux facteurs déterminant l'endroit de cette coupure. On peut trouver quelques règles, qui ne sont pas toujours vérifiées : la séparation se situe en général avant la syllabe accentuée sur les mots de plus de deux syllabes; les deux parties sont de taille approximativement égale. Sur les mots de deux syllabes, la séparation se situe presque toujours entre les deux syllabes.

    Ex : chè-reu dé-fonc' blé-de fli-keu ri-gol' éner-v'. Et d'autres: ci-garette va-zy fa-meu ç-a ri-che mor-ceau

    Inversion

    Une fois le mot découpé, on intervertit les deux parties. Cette inversion caractérise le verlan, en ce sens qu'elle est présente dans toute construction d'un mot de verlan, et qu'un mot formé au moyen de cette inversion est un mot de verlan. Ex : reu-chè fonc'-dé de-blé keu-fli gol-ri v'-éner garette-ci zy-va meu-fa a-ç che-ri ceau-mor

     

    Troncation du mot

    Pour des raisons de prononciation, on peut retrancher la voyelle finale du mot, ou même parfois la changer (mais le cas "garette-ci→ garo" ne semble pas spécifique au verlan mais plutôt analogue à des diminutifs comme "apéritif→apéro" par exemple). Le terme "garo" peut également venir de l'arabe dialectal " garro" signifiant cigarette.

    Ex: reuché→reuch', garette-ci→garo, keu-fli→keuf' meu-fa→meuf.

     

    Exemples

    Le tableau ci-dessous récapitule et donne des exemples d'une telle formation (la case est laissée en blanc lorsque la modification ne s'applique pas au mot)

      

    mot initialModif. dern. voyelleDécoupageInversionTroncation
    américain       ricain/cainri (par aphérèse)
    arabe arabeuh ara-beuh beuh-ara beur, rebeu
    arabes arab'z (ou z'arabes ?) a-rabz rabz-a rabza (qui a donné également "rabzouz")
    argent       genhar
    baltringue     tring-lba tringlba
    barbe     beu-bar beubar
    barrette     rette-ba retteba
    bête     teu-bê teubê
    beur     re-beu rebeu
    bizarre   bi-zar zar-bi zarb'
    bloqué     ké-blo kéblo
    bouteille   bou-teille teille-bou teille
    ça     ç-a ass
    calibre (arme de poing)   ca-li-bre bre-li-ca brelique (ou brelic, brolic, brolique)
    chatte   cha-te te-cha teuch'
    chère     reu-che reuch'
    chinois     noi-chi noiche
    choper   cho-pé pé-cho pécho
    cigarette   ci-garette garette-ci garetteci (ou garo)
    cité   ci-té téssi tess'
    chien   chi-en ien-che iench'
    chienne   chi-enne ienne-che nechié
    copine   co-pine pine-co pineco
    déchiré   chire-dé   chiredé (ou chiré)
    discret   di-scré scrédi scréd'
    enculé (ou -er)   en-cu-lé en-lé-cu enlécu (ou enlèk')
    énervé énerv' éner-v   vénère
    famille       mifa (ou mif')
    femme     meu-fe meuf
    fête       teuf'
    flic flikeuh fli-keuh keuh-fli keuf
    fou       ouf
    français     cé-fran céfran
    frère     reu-frè reuf'
    fumer     mé-fu méfu
    gare     re-ga rega
    gentil     ti-gen tigen
    herbe herbeuh her-beuh beuh-er beuh
    jeune     neu-jeu neujeu
    joint     oin-je oinj'
    juif juifeu jui-feu feu-jui feuj
    louche loucheu     chelou
    lourd     re-lou relou
    maison   mai-zon zon-mai zonmai
    manger     gé-man géman
    mater     té-ma téma
    mec     keu-mê keum'
    méchant     chan-mé chanmé
    merci     ci-mer cimer
    métisse   mé-tisse tis-mé tismé
    métro   mé-tro tromé trom'
    meuf     fe-meu femeu
    moche       cheum
    moi   m-oua   ouam
    n'importe quoi nimport' quoi nin-port' k-oi portnin oik port'nawak (ou nawak seul)
    niquer   ni-quer ké-ni kénn'
    noir     re-noi renoi
    pas       ap
    pédale     dale-pé dalpé
    père     reu-pè reup'
    pétasse     tass-pé tasspé (ou tass')
    petit     ti-peu tipeu
    poil   p-oil oil-p oilpé
    pourri     ri-pou ripou
    putain     tain-pu tainp'
    pute     te-pu teupu
    racaille       caillera (ou "caille")
    rap rapeu ra-peu   peura
    rigole     gole-ri goleri
    sac sa-keu keu-sa   keuss
    sein       einss' (ou yeinss)
    sénégalais sénégal- séné-gal gal-séné galsen
    shit     teu-chi teuchi (ou teuch')
    sœur     reu-sse reuss'
    speed     deu-spi deuspi
    tête       teuté
    tomber     bé-tom béton
    toubab       babtou
    truc trukeuh trukeuh keuh-tru keutru
    vas-y     zy-va zyva
    voiture     tur-voi turvoi

      

      

    Le tableau ci-dessous est le même que ci-dessus, mais mis dans l'ordre alphabétique de la traduction française, pour l’usage des non-initiés qui rencontreraient un mot " zarb' ". Les " * " indiquent les exemples de double renversement. On trouvera les intermédiaires de formation sur le tableau ci-dessus.

     

    Petit lexique Verlan → Courant
    VerlanCourant   VerlanCourant   VerlanCourant   VerlanCourant
    ap pas   ass ça   babtou toubab   beubar barbe
    beuh herbe   beur arabe   brelic, brolic calibre   béton tomber
    caillera, caille racaille   chanmé méchant   chelou louche   cheum moche
    chiredé, chiré déchiré   cimer merci   céfran français   dalpé pédale
    deuspi speed   einss' sein   enlécu, enlèk' enculé, er   femeu meuf*
    feuj juif   galsen sénégalais   garetteci, garo cigarette   genhar argent
    goleri rigole   géman manger   keuf flic   keum' mec
    keuss sac   keutru truc   kéblo bloqué   kénn' niquer
    meuf femme   mifa, mif' famille   méfu fumer   nawak n'importe quoi
    neujeu jeune   noiche chinois   oilpé poil   oinj' joint
    ouam moi   ouf fou   peura rap   pineco copine
    port'nawak n'importe quoi   pécho choper   rabza, rabzouz arabes   rebeu beur*
    rega gare   relou lourd   renoi noir   retteba barrette
    reuch' chère   reuf' frère   reup' père   reuss' sœur
    ricain américain   ripou pourri   scréd' discret   tainp' putain
    tasspé, tass' pétasse   teille bouteille   tess' cité   teubê bête
    teuch' chatte   teuchi, teuch' shit   teuf' fête   teupu pute
    teuté tête   tigen gentil   tipeu petit   tismé métisse
    trom' métro   téma mater   turvoi voiture   vénère énervé
    yeinss sein   zarb' bizarre   zonmai maison   zyva vas-y

     

    Application à des expressions

    Le procédé décrit ci-dessus peut s'appliquer non seulement à des mots, mais aussi à des expressions. Ainsi, "comme-ça" peut se traduire par "ça-comme" en verlan. De même pour "ce-soir" qui donne "soirce".

    Usage récursif

    Parfois, l'usage fait apparaître des mots qui sont le verlan d'un verlan. On appelle parfois cette construction un double verlan ou encore veul. Exemple :

    • reubeu ou rebeu = beur = "Arabe". On retrouve l'ordre des consonnes du mot d'origine, mais les voyelles ont été modifiées. L'autre usage pour "Arabe" étant "rabza". Féminisé, "rebeu" devient "rebeuze" (équivalent de beurette).
    • feumeu = meuf = "femme"

    Un autre procédé de verlan au second degré est apparu, plus rare mais attesté en milieu carcéral/ marginal comme procédé de cryptage, construction insérant entre les deux itérations de verlan décrites ci-dessus un troisième terme de nature sémantique (synonyme ou équivalence). Exemple:

    • T'es vietso = t'es soviet = t'es russe = t'es sûr...

     

    Cas particulier

    • nez = zen

    Le mot nez ne se verlanise pas à la base de sa forme phonologique mais à la base de sa forme orthographique.

    • asmeuk = ça comme = "comme ça"

    Ex. : "C'est asmeuk mon lauss, c'est asmeuk yo !", Sté Strausz, du morceau C'est La Même Histoire (c'est asmeuk) sur La Haine, musiques inspirées du film.

    On remarque que l'expression "comme ça" a été inversée" ⇒ "ça comme". Chaque mot composant cette expression a été mis en verlan séparément, d'une part, puis l'ordre même des mots inversé: "ça" ⇒ "ass" et "comme" ⇒ "meuk" pour former la locution "asmeuk". Ce type de transformation, assez rare, atteste toutefois de la souplesse (plusieurs formes de verlan sont possibles pour un même mot ou une même expression : dans le cas présent les formes 'ça comme' ou surtout 'comme ass' sont largement attestées) et surtout de la force encore très présente de ce type d'argot, constamment en évolution, faisant apparaître de nouvelles formes selon des contraintes qui ne sont pas toujours celles des règles formelles de dérivation (puisqu'elles mêmes évoluent, et pour cause) mais plutôt d'une emprunte ou personnalité phonétique permettant de dénoter immédiatement les sonorités verlan comme telles.

    Malgré son principe de dérivation particulier, asmeuk peut être considéré comme du verlan à part entière de par ses seules consonances, très caractéristiques ; les règles de dérivation sont appliquées dans l'esprit (celui du principe d'inversion), à défaut de l'être à la lettre : le principe d'inversion des syllabes, plus élision (euphonique) de la voyelle de première syllabe en forme initiale, et prononciation caractéristique du "e" muet - en l'infixant si nécessaire - en première syllabe de la forme terminale, sont ce que d'aucuns (linguistes en tête) iront considérer comme les règles de bonne formation du verlan.

    En plus ce mot verlan n'est pas seulement un problème de lexique mais aussi un problème de syntaxe, comme l'orde des mots d'une phrase est dérangé ; or, la simple utilisation du verlan exprime, comme tout argot, la mise au banc des règles, en plus, ici, de l'affirmation d'un groupe, la volonté ou le besoin de le démarquer par une langue dont l'esprit doit échapper au reste, au non initié (qui peut d'ailleurs comprendre, mais ne doit pas intégrer : on est loin d'une logique de cryptage de laquelle le verlan serait parti, qui impliquerait quant à elle des règles). Le véritable verlan serait donc, comme dans cet exemple, celui qui innove, et qui s'oppose aux formes, aux principes de construction attestés, passés, par exemple, dans le vocabulaire de classes desquelles les locuteurs du verlan entendent se démarquer (il n'y aurait, en somme, plus de sociolecte).

    A prendre une antinomie dans les termes, le "verlan correctement formé" ne peut être que celui qui se créé continuellement pour demeurer ce qu'il doit être, un vernaculaire n'obéissant qu'à lui même (à ses consonances caractérisées, ses schémas d'inversion arabesques).

    Une autre manière de voir la transformation est la décomposition en syllabes/phonèmes "co-mme - ç-a", le retournement complet "a-ç-mme-co", et l’apocope du o, donnant "açmmec" (ou "asmeuk", pour clarifier la prononciation).

    Noter que ce mode de transformation ne s'applique pas à "nawak", issu d'une locution bien plus longue (4 syllabes, 8 phonèmes au moins).

     

    Entrée dans le langage courant

    Large diffusion

    Certains mots en verlan ont une diffusion dans le langage commun, perdant leur connotation argotique ou « racaille ».

    • Truc de ouf !

     

    Dérivation du sens

    D'autres mots en verlan finissent par avoir un sens qui leur est propre

    • chanmé qui vient de méchant mais signifie plutôt incroyable, vraiment bien.

     

    Supplantation

    Le succès d'un mot de verlan peut même faire oublier le mot qui est à son origine. Exemple :

    • jobard a donné barjo, mais des jeunes gens qui entendent aujourd'hui jobard, peu usité, y verraient un verlan de barjo.

    Caricature

    Certains mots, selon les régions, peuvent avoir une connotation ringarde et caricaturale, alors qu'elles avaient auparavant un certain succès.

    • Zyva

      

      

    SOURCES : WIKIPEDIA

      

      

      

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  • par F. Ruymen


     

     

    Pourquoi l’argot ?

     

    Même si nous, profs de français, sommes censés enseigner la belle langue française, grammaticalement correcte et scrupuleusement fonctionnelle, on ne peut ignorer qu’il existe un « autre » français. Un français quotidien qui, à mon avis, est indispensable pour quelqu’un qui veut rentrer en contact avec des francophones ou avec un certaine culture francophone, que ce soit la chanson ou le cinéma. N’encourageons-nous pas nos étudiants à lire des livres (contemporains), écouter la radio, regarder la télévision ? Peut-on regarder un film français contemporain sans comprendre l’argot ? Donnons à nos étudiants les bases de l’argot, du français populaire afin qu’ils ne passent par pour des « ringards » !

     

     

    Quel argot ?

    Il s’agit évidemment de faire un choix parmi la multitude de vocables répertoriés dans des dictionnaires spécialisés. Les mots et expressions que je proposerai ici sont un choix subjectif, qui peut être étendu ou limité. Je proposerai plusieurs supports , pouvant contenir d’autres mots. C’est à l’enseignant de faire un choix selon le niveau et les centres d’intérêt, voire l’âge de son public.


    Littérature :

    • « Rajeunissez votre français », Alice Vergne-Rudio, Editions Nordial – 1990

     

    Assez complet et une vraie source d’inspiration pour qui veut aller plus loin dans l’argot de tout le monde.

    • « L"argot" , Louis-Jean Calvet, Que sais-je, Presses Universitaires de France – 1994

     

    Ouvrage plutôt scientifique qui retrace l’histoire, l’origine et la structure de l’argot

    • « Le vrai langage des jeunes expliqué aux parents (qui n"y entravent rien) », Eliane Girard et Brigitte Kernel, Albin Michel - 1996

     

    Le dernier ouvrage reprend surtout le verlan et les expressions contemporaines, mentionnant également les versions 70 et 50, afin de démontrer l’évolution du langage familier.

     

     



     

    Comment l’enseigner ?


     

    En ce qui concerne la didactique je propose, en premier lieu, de confronter les étudiants avec une série de phrases contenant des expressions argotiques. L’exercice consiste à déduire le sens des mots populaires à l’aide du contexte. Ils reconnaîtrons certainement quelques mots couramment employés. Dans un deuxième temps j’explique les différentes techniques utilisées par les jeunes afin de rendre leur langage incompréhensible, parce que c’est de cela qu’il s’agit.

    En guise de document authentique, on pourra analyser une chanson du chanteur français Renaud et/ou des extraits de films plus ou moins contemporains. J’ai moi-même utilisé « Dans mon H.L.M., il m"est malheureusement impossible de reprendre le texte ici, à cause des droits d"auteurs. J"ai montré une scène du film « La Haine » qui est une illustration parfaite du langage de la banlieue. Il décrit l’atmosphère lourde et ennuyeuse d’une cité parisienne. Il va de soi qu"il faut prendre le niveau des étudiants en compte puisque les acteurs parlent vraiment très vite.

    Chaque professeur est libre d’approfondir l’un ou l’autre aspect ou phénomène de la langue populaire, ou d’adapter la liste proposée ci-dessous parce qu’évidemment ce langage est sujet à des modifications constantes.

    Une autre façon un peu plus originale est de présenter la chanson en premier lieu, avec les texte mais sans les explications. Ensuite on passe à la séance de repérage et la partie plus théorique. A la fin du cours, les étudiants réécoutent la chanson, sachant reconnaître à ce moment-là au moins la moitié des mots.


     

    Expérience personnelle

    Ayant fait le test dans une de mes classes, j’avoue que cela a été un grand succès. Nous avons eu des rires étouffés , des fous rires et des questions sérieuses. Apparemment certains étudiants s’y connaissaient pas mal en argot, et étaient très contents que ce sujet soit traité en classe. J’ai moi-même appris certaines expressions en faisant ce cours, parce qu’évidemment c’est un vocabulaire inépuisable ! La chanson s’est avérée un peu longue mais c’était une des moins choquantes de Renaud !


     

    Repérage

     

    • Je suis dans la dèche / fauché, je n’ai même pas de sous pour m’acheter des clopes. Peux-tu me prêter un peu de fric ?
    La dèche : manque d’argent

    Etre fauché : ne plus avoir d’argent

    Des sous : de l’argent

    Une clope : cigarette (à l’origine : mégot de cigarette)

    Le fric / le pognon / le blé : l’argent

    • Arrête, tu ne penses quand même pas que je vais te donner du blé/pognon, tu ne m’as même pas rendu les 500 balles que tu m’as tapé la semaine passée.
    Le fric / le pognon / le blé : l’argent

    Balles : des sous, des francs (à utiliser combiné avec un chiffre)

    Taper : emprunter de l’argent à quelqu’un

    • Tiens donc, tu en as des fringues ! Regarde cette jupe et ce jean ! Elles sont belles ces godasses, c’est quelle pointure ? 38, tu me les prêtes ?
    Des fringues : des vêtements

    Une godasse : une chaussure

    • Cool, tu changeras de look, ce sera en tout cas moins ringard que ce que tu as sur le dos !
    Cool : agréable, détendu, chouette

    Relax : détendu

    Ringard : démodé ou médiocre

    • T’as vu le mec, là-bas avec sa tignasse rouge, il est mignon !
    Un mec : un homme, un individu, un type

    Une tignasse : chevelure, cheveux

    • Ah non, je n’aime pas sa tronche, t’as pas vu son pif ? En plus il a une nana, je peux pas la sentir.
    Un pif : une nez

    Une nana : une fille , une gonzesse

    • Ecoute, le gosse est malade, il faudrait appeler le toubib.
    Un gosse / un môme : un enfant

    Un toubib : un médecin

    • Ah ces mômes, ils nous coûtent la peau des fesses, en plus ils chialent sans arrêt !
    Chialer : pleurer (vulgaire et méprisant)
    • Tu viens avec nous, on va au cinoche, puis on va se bourrer/ se prendre une cuite. Et après on va s’éclater en boîte. Pierre, le copain de Sylvie, prend sa bagnole, il va venir avec ses potes, mon frangin sera également de la partie et Sophie avec son Jules.
     

    Le cinoche : le cinéma

    Se bourrer / se prendre une cuite : se saouler, boire beaucoup, trop

    S’éclater : se défouler, s’amuser sans retenue

    Une bagnole : une voiture

    Un pote : un ami, un copain

    Un frangin / une frangine : un frère, une soeur

    Jules : amant, amoureux, mari

    • J’veux pas d’emmerdes avec les flics. Les poulets sont partout. Je ne viens pas.
    Des emmerdes : des problèmes

    Un flic : un policier

    Un poulet : un policier

    • Laisse beton, tu racontes des salades/ conneries. Allez viens, on se casse.
    Laisse beton : laisse tomber (verlan)

    Raconter des salades / conneries : raconter des bêtises

    Se casser : s’en aller, partir

    • Putain alors, ma bagnole est encore en panne, ça me fait chier. Je ne pourrai pas sortir ce soir, à moins de prendre la guimbarde de mes parents. Mais si un chauffard me rentre dedans, je suis dans de beaux draps ! On prend ta bécane ? S’il ne pleut pas évidemment !
    Putain : zut (expression de surprise ou de colère considérée comme très vulgaire par beaucoup de gens mais très couramment employée), à l’origine : une pute, une prostituée

    Une bagnole : une voiture

    Chier : faire chier quelqu’un : l’embêter ; se faire chier : s’embêter ; c’est chiant

    (vulgaire mais courant !)

    Une guimbarde : vielle automobile délabrée

    Un chauffard : mauvais conducteur

    Une bécane : bicyclette ou mobylette

    • Je peux venir pieuter chez toi ce soir ?
    Pieuter (se) : se coucher
    • Ben quoi, et ta piaule alors, qu’est-ce qu’il lui manque ? Pas question, je me mettrai le proprio sur le dos. T’as qu’à aller crécher ailleurs. Démerde-toi !
    Une piaule : une chambre

    Le proprio : le propriétaire

    Crécher : habiter, loger

    Se démerder : se débrouiller

    • Hé, les potes, on va prendre une chope au bar ?
    Un pote : un ami, un copain

    Une chope : une bière

    • Non, je crève de faim, je veux bouffer d’abord.
    Bouffer : manger
    • Alors, on va au « Café du sport », la bouffe est bonne et Jean y fait la plonge.
    Faite la plonge : faire la vaisselle
    • Non, je ne rentre pas dans ce boui-boui, ça pue le poisson et la bouffe est dégueulasse. Si on aller se goinfrer au resto chinois du coin ?
    Un boui-boui : un restaurant de dernière classe

    Dégueulasse : mot assez vulgaire que l’emploi a rendu presque banal : dégoûtant

    Se goinfrer : manger avec excès et salement

    Un resto : un restaurant

    • Allez, tu viens ?
     
    • Ecoute, fous-moi la paix, j’suis crevé, j’ai un coup de pompe.
    Fous-moi la paix : laisse-moi tranquille

    Avoir un coup de pompe : être fatigué soudainement

    • Moi, par contre, j’ai la pêche, c’est la forme.
    Avoir la pêche : être en pleine forme, se sentir bien
    • Y’a pas le feu, on ne peut pas y aller plus tard ? En fait, elle est nulle ton idée, c’est vachement con.
    Nulle : qui ne vaut rien

    Vachement : très (s’utilise dans des situations très variées)

    Con : stupide

    • Oh, t’es casse-pieds, j’en ai plein le dos/le cul de ta mauvaise humeur. Fous le camp, j’veux plus te voir !
    Etre casse-pieds : être agaçant, embêtant
    • Ca va, j’ai pigé, je me casse, salut !
    En avoir plein le dos/le cul : en avoir marre/ assez

    Foutre le camp : s’en aller, partir

    Piger : comprendre

    Se casser : s’en aller, ficher le camp, partir

     

    Analyse des techniques utilisées

    • Le franglais

    Malgré les tentatives de l’Académie Française de bannir le vocabulaire anglais de la belle langue française , aussi bien le monde des affaires que les jeunes ont tendance à emprunter des mots à l’anglais, prononcés à la française, d’ou le terme fran-glais.

    Citons comme exemple : le joint, un must, le walkman (il existe un équivalent français : un baladeur), cool, relax.

    • Les abréviations

    Phénomène très courant en français parlé, il consiste à priver le mot de sa dernière syllabe. Sympathique devient sympa, restaurant devient resto. D’autres exemples : manif, appart,

    J’ai trouvé un article qui prend à la loupe cette pratique de façon amusante : « Le petit déj et l"info à 7 heures du mat ». Il s’agit d’un article paru dans Le Figaro et édité dans Reprise.

    • Le verlan

    Les verlan est la preuve même de la volonté de créer une langue secrète. Le principe semble simple : inverser les syllabes du mot, donc le prononcer à l’envers (ver-lan). Dans la pratique par contre, il ne va pas de soi de reconnaître les mots. Le verlan est surtout populaire dans la banlieue parisienne. Limitons-nous à quelques exemples, parce que ce phénomène linguistique est très sujet à la mode. On a ainsi commencé à renverser les mots à nouveau, frisant l’incompréhensible.

    Keum < mec

    Beur < arabe

    Zarbi < bizarre

    Laisse beton < laisse tomber

    • Structure de la phrase

    En langage parlé, on brade dans les mots et dans les syllabes. Ainsi le « ne » de la négation disparaît dans la plupart des cas. Les e muet et de nombreuses autres voyelles sont supprimés : J’veux, t’as vu,… Attirez l’attention des étudiants sur les nombreuses omissions dans le texte de la chanson de Renaud.


     

    Explication du vocabulaire de la chanson « Dans mon H.L.M. »

     

    Renaud : « Ma compil » , vous y trouverez le texte intégral

     

    Un H.L.M. : une habitation à loyer modéré, dans la banlieue

    Barbouze : agent secret

    Un Beretta : une marque de revolver

    Chouraver : voler, chiper

    Un pinard : un vin rouge ordinaire

    Un peigne-cul : un homme mesquin, ennuyeux ; grossier, inculte

    Cogner : taper

    Givré : fou

    Blême : pâle, il ne s’y passe rien

    Costard : un costume d’homme

    Alpaga : un tissu mixte de bonne qualité

    Une loggia : un balcon spacieux, souvent couvert, fermé sur les côtés

    La sciure : des déchets de bois pour mettre dans le bac des chats

    Un contribuable : qui paie des contributions

    Centriste : indique la couleur, conviction politique

    Allumé : fou, illuminé

    Instit’ : instituteur

    Furax : furieux

    Un boucan : du bruit

    Un huissier : un talbin...Officier ministériel chargé de signifier les actes de procédure et de

    mettre à exécution les décisions de justice et les actes authentiques ayant

    force exécutoire

    Débouler : descendre précipitamment

    Un conasse : féminin de con, conard

    Bosser : travailler

    Décoloré : qui a perdu sa couleur (ici des cheveux – ils n’ont plus leur teinte naturelle)

    Ramollir : rendre mou, faire perdre sa forme

    Foutre : faire, ficher, fabriquer

    Une plombe : une heure

    Pi : puis

    Un loubard : Jeune homme vivant dans la banlieue, appartenant à une bande et

    affectant un comportement asocial 

    Un survêtement : vêtement de sport ou de détente composé d’un blouson et d’un

    pantalon.

      

    sources : http://www.vub.ac.be/khnb/itv/oktober/maa99/fr99-03.htm

      

     

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    Expressions anciennes

      

     

    Les « pots de vin » et l’argent « liquide »

    Au Moyen Âge, lorsqu’on versait un « pot de vin », on ne le faisait pas autrement qu’en « liquide ». L’expression qu’on utilise aujourd’hui pour décrire une somme illégalement perçue par une personne influente était courante dans le vocabulaire médiéval. Mais elle s’entendait alors dans son sens littéral, puisqu’on corrompait son dignitaire avec des cruches ou des jarres de bon vin.

      

      

    Porter un toast
    La tostée est une tranche de pain grillé placée au fond d'une coupe de vin qui circulait d'un convive à l'autre en l'honneur de l'invité. Celui qui vide la coupe en dernier peut avaler la tostée. Comme cette coutume a émigré en Angleterre au 12ème siècle le mot s'est anglicisé pour revenir en France au 18 ème siècle sous la forme que nous lui connaissons de nos jours.

      

      

    Faire la foire, (c’est la fête)
    Comme au Moyen Âge les foires se tenaient les jours de fête, on a pris l’habitude d’utiliser le même mot (foire) pour désigner un jour de congé et un jour de fête. Le mot latin feriæ qui désigne les jours consacrés au repos et dont dérive notre expression " jours fériés " est aussi à l’origine des mots « foire » en français, « fair » en anglais, « ferie » et « fiera » en italien, « feria » en espagnol, et « feier » en allemand.

      

      

    À la queue leu leu
    Aujourd'hui l’expression signifie «l'un derrière l'autre».
    Leu est la forme ancienne du mot loup (parfois lou).

    A la queue leu leu devrait donc se lire "à la queue du loup, le loup".

    Au Moyen Age, les loups étaient très nombreux et se déplaçaient en bandes, souvent l'un derrière l'autre. Leur apparition était redoutée par la population.

      

    A tour de rôle
    À l'époque médiévale les édits étaient écrits sur des parchemins volumineux n'étant pas reliés mais roulés autour d'une tige de bois, d'où leur nom de volume (du verbe latin «volvo», je roule) ou leur nom de «rôle».

    Le «rôle» deviendra le registre sur lequel étaient inscrites dans l'ordre les affaires qui devaient passer devant un tribunal, chacune «à son tour de rôle».

      

      

    Avoir un nom à coucher dehors
    À l'époque médiévale, les personnes étaient jugées et classés dans les auberges selon leur nom. Les aubergistes de ce temps se fiaient sur celui-ci pour accommoder ou nom les clients.

    Ainsi, ceux qui avaient des noms de famille nobles pouvaient avoir accès à des chambres dans l'auberge alors que d'autres ne pouvaient pas. Ainsi selon son nom on pouvait refuser une personne d'où est née l'expression «avoir un nom à coucher dehors».

      

      

    Avoir plusieurs cordes à son arc
    Expression du 13e siècle où l'archer n'avait, à l'époque, que deux cordes à son arc. Le sens de l'expression est : avoir divers moyens d'action, plusieurs types de ressources, pour parvenir au résultat.

      

      

    Aller au diable vauvert
    À l'époque médiévale cela signifiait s'engager dans une expédition dangereuse. Cette locution s'entend particulièrement aujourd'hui dans le sens de aller chez le diable, partir en cavale.

      

    Le château de Vauvert ou Val-Vert situé près de Paris, du côté de la barrière d'Enfer, avait été habité par Philippe-Auguste après son excommunication ; il passait depuis cette époque pour être hanté par des revenants et des démons. Aller au diable vauvert prends donc tout son sens.

      

      

    Avoir maille à partir
    Avoir un différend, être en conflit, être en contestation avec quelqu'un.
    La maille dont il est question ici est une monnaie, la plus petite qu'il existait sous les Capétiens alors que partir signifiait partager.

      

    On ne pouvait donc pas la partager. Ceux qui devaient le faire finissaient toujours par se disputer. Aujourd'hui, l'homonymie entre maille (monnaie) et maille (tricot) et partir (partager) et partir (s'éloigne, s'en aller) a permis à l'expression de subsister.

      

      

    La roue de la fortune
    Symbole de la destinée humaine, on représentait en effet la Fortune sous les traits d'une déesse actionnant une roue. Tout en haut de la roue, siègent les rois et les puissants du jour. Tout en bas, les mendiants sont précipités dans le vide.

      

    Entre, ceux à qui le destin est favorable s'élèvent peu à peu, tandis que de l'autre côté tombent les malchanceux en disgrâce. Cette image figure très souvent dans les enluminures des manuscrits. Beaucoup de chansons médiévales y font allusion. L'expression " la roue tourne " fait allusion aux vicissitudes de la vie et aux échecs qui suivent parfois les grands succès.

      

      

    Dans son for intérieur
    Le forum désignait la place publique. Au Moyen Age, le mot pris le sens technique de juridiction et surtout juridiction ecclésiastique (pouvoirs de l'Église, en matière de justice, et leur étendue.)

      

    On distinguait le for intérieur (l'Église pouvait sanctionner les fautes commises par le biais de la confession et des pénitences), du for extérieur (toutes les affaires touchant à la religion, de près ou de loin, étaient jugées par des tribunaux ecclésiastiques). La distinction changea peu à peu de sens avec les siècles : for intérieur étant notre conscience qui nous juge, le for extérieur, les institutions, juges et tribunaux.

      

      

    Avoir voix au chapitre
    Être consulté, avoir le droit d'exprimer une opinion.
    Le chapitre est l'assemblée des moines ou des chanoines lorsqu'ils se réunissent pour discuter de leurs affaires.

      

    Les moinillons, les serviteurs n'avaient pas le droit de parler donc pas voix au chapitre.

      

      

    Découvrir le pot aux roses
    Sens : découvrir le fin mot de l'histoire, le secret, la réalité cachée.
    Expression très ancienne dont on ne connaît pas la véritable histoire.
    Soit pot à fard à joues : Le trouver suppose qu'on connaisse bien la femme qui le possède et qu'elle n'ait plus de secret à cacher.

    Soit essence de rose - produit rare et précieux dont les parfumeurs auraient soigneusement dissimulé les procédés de fabrication. Le pot aux roses serait l'appareil permettant de distiller ce parfum de luxe.
    Soit une poudre produite par les alchimistes au cours de l'une de leurs opérations. Ici, le pot aux roses serait la cornue alchimique, objet bien caché s'il en fut.

      

      

    Faire la nique à
    Sens : se moquer de quelqu'un, le narguer.
    Au Moyen Age, nique indiquait un signe de mépris qui consistait à lever le nez en l'air avec impertinence.

      

      

    Prendre des vessies pour des lanternes
    L'expression est ancienne, puisqu'on la trouve dès le 13ème siècle. Il s'agissait d'un calembour : en ancien français, vessie et lanterne avaient à peu près le même sens figuré : une lanterne était un conte à dormir debout et une vessie une chose creuse, une bagatelle.

    La sottise de celui qui prend des vessies pour des lanternes n'est donc pas de confondre deux objets très différents, mais d'accepter une ânerie plutôt qu'une autre ! Quoique de forme voisine, une lanterne et une vessie sont néanmoins des objets fort différents et les confondre est depuis longtemps considéré comme la pire des méprises. (Les vessies dont il est question ici sont des vessies de porc: gonflées d'air, elles pouvaient servir de ballons ou bien, vides, de sacs étanches.)


      

    L'habit ne fait pas le moine
    Un des plus anciens proverbes de la langue française.
    Sens : il ne faut pas se fier aux apparences qui sont souvent trompeuses.
    Les gens du Moyen Age avaient horreur du mensonge et de l'hypocrisie. Chacun devait avoir l'air de ce qu'il était vraiment. Les costumes indiquaient de façon précise le rang social de chacun.

      

      

    C'est une autre paire de manches
    C'est une autre affaire.
    Au Moyen Age, les manches des vêtements n'étaient pas toujours cousues de manière définitive, mais simplement ajustées au dernier moment avec des rubans,des lacets ou des attaches. Les dames pouvaient, en gage, remettre leur manche à leur chevalier qui l'arborait alors à sa lance ou à son écu lors des tournois.
    Ce gage amoureux est devenu symbole d'engagement au point qu'on en ait oublié son origine aristocratique et galante

      

      

    Mettre la table
    Expression quotidienne qui nous est familière mais incorrecte. Il faudrait dire " mettre le couvert ", puisque nos tables ne voyagent plus dans la maison. Au Moyen Age, les pièces n'avaient pas, comme aujourd'hui, des fonctions très distinctes et la même salle pouvait servir de pièce commune, de salle à manger et de chambre. Aussi, le plus souvent, on " mettait la table " à l'heure des repas, c'est-à-dire que l'on apportait une grande planche et des tréteaux. D'où l'usage, chez les seigneurs, de belles nappes destinées à cacher la pauvreté de l'installation.

      

      

    Mettre sa main au feu
    Affirmer énergiquement quelque chose, au point d'y risquer sa main rappelant les lointains jugements de Dieu de l'époque médiévale. Lorsqu'un accusé ne pouvait faire la preuve de son innocence, On pouvait lui plonger la main dans l'eau bouillante, ou le faire saisir un fer rouge.il pouvait être plongé dans l'eau, pieds et poings liés. S'il surnageait, c'était que l'eau - élément pur et béni de Dieu - le rejetait. S'il coulait comme une pierre, il était innocent... mais parfois noyé ! Innocent, Dieu le protégeait et il sortait indemne de l'épreuve. Le plus souvent, il suffisait que la victime guérisse vite ou survive quelques jours pour qu'elle soit - un peu tard!-innocentée.

      

      

    Prendre la porte
    Cette expression viendrait de la ville fortifiée de Pérouges. La seule porte accessible fût attaquée en 1468. Les habitants avaient disposé derrière cette porte un amas de pierres. La porte enfoncée les assaillants durent se replier sous une pluie de pierre et s'enfuirent en se protégeant avec les morceaux de la porte.


    - Au fronton, cette inscription (traduite) :
     

    "Pérouges des Pérougiens, ville imprenable, les coquins de Dauphinois ont voulu la prendre mais ils ne le purent. Cependant, ils emportèrent les portes, les gonds et les ferrures et dégringolèrent avec elles.
    Que le diable les emporte !"

     

      

    Tenir le haut du pavé
    Occuper une place de choix dans la société. Jadis, il n'y avait pas de trottoirs et les rues étaient légèrement en pente pour que les eaux sales puissent s'écouler au milieu. Les passants qui marchaient près de ce ruisseau risquaient toujours de se salir ou d'être éclaboussés jusqu'aux mollets. C'est pourquoi on laissait par politesse la meilleure place, le long des maisons, aux personnes de qualité. Le privilège n'était pas négligeable car, jusqu'à la fin du 19ème siècle, toute promenade en ville, surtout par temps de pluie, tournait à l'expédition.

      

      

    Travailler au noir
    Au Moyen Âge, les associations de métier réglementaient le travail en exigeant qu'il ne soit effectué qu'à la lumière du jour. Or, certains maîtres, pour augmenter le rendement de leurs ouvriers, les faisaient travailler à la chandelle, une fois la nuit tombée, ce qui était interdit par les règles. D'où l'expression "travailler au noir" pour signifier travailler de façon illicite.

      

      

    Une cote mal taillée
    Estimation approximative, compromis qui ne satisfait personne.
    La cotte (qui s'écrivit longtemps cote) était au Moyen Age une tunique qui, si elle était mal taillée, ne convenait à personne.
    La cote est un impôt de la fin du Moyen Age. Lorsqu'elle était taillée, elle signifiait établie, répartie entre les contribuables.

      

      

    Courir le guilledou
    Guiller signifiait "tromper" en vieux français. Les " Guillaume " étaient ainsi nommés car ils étaient des trompeurs mais parfois aussi des trompés.
    Aujourd'hui, guiller ne survit plus que dans cette expression qui a pour sens : partir à la recherche d'aventures amoureuses.

      

      

    Promettre monts et merveilles
    Faire des promesses mirifiques. Au cours du temps, on a dit aussi promettre la lune... L'origine de cette expression n'est pas anecdotique. Aucun conquérant n'a jamais promis à ses troupes de merveilleux royaumes au-delà des monts comme le fit le général carthaginois Hannibal, qui fit espérer à ses soldats, du haut des Alpes, la possession de Rome. On disait, au Moyen Age, de quelqu'un qui promettait monts et merveilles, qu'il promettait les monts et les vaux (c'est-à-dire les vallées).

    Dans la suite des temps, par un goût pour la répétition, typique de l'ancien français, l'image a été oubliée et les merveilles ont pris la place des vaux, renforçant ainsi le sens du mot mont. L'ancien français adorait ces couples de mots, de sonorités voisines et de sens proches. Curieusement, beaucoup nous sont parvenus: bel et bien, sain et sauf, sans foi ni loi, sans feu ni lieu, tout feu tout flamme...

      

      

    Chercher des noises

    Quereller quelqu'un souvent pour peu de chose.
    Noise signifiait jadis : querelle bruyante, dispute.
    Aujourd'hui, le mot noise ne subsiste que dans cette expression.

      

      

    Un ducat, ça vaut de l’or
    Au Moyen Âge, l’argent est… en argent. C’est en effet de ce « vil métal » que sont constituées les pièces de monnaies les plus courantes. La monnaie d’or ne réapparaît en Occident qu’au 13e siècle, sous la forme de florins ou ducats d’or frappés par les marchands de Florence et de Sienne, ou encore d’écus et de louis d’or émis par les rois de France. Ces pièces prestigieuses et convoitées servent surtout aux échanges internationaux.

      

      

    Croquer le marmot
    Attendre, faire le poireau en se morfondant.
    Croquer voulait dire " frapper ". Et croquer le marmot signifiait cogner avec impatience le heurtoir de la porte.

      

      

    Etre sur la sellette
    Sens : être exposé au jugement d'autrui, à la critique ou se trouver en position délicate.
    La sellette était le petit banc de bois sur lequel s'asseyait l'accusé interrogé par ses juges. Le siège était très bas pour des raisons psychologiques et symboliques. L'accusé se trouvait dans une posture tout à la fois inconfortable et humiliante

      

      

    Etre à la merci de
    être au pouvoir de quelqu'un de telle manière qu'il soit libre de vous accorder sa grâce ou de vous la refuser.
    Au Moyen Age, merci signifiait " grâce, pitié " de là les expressions - Crier, demander merci - le chevalier vaincu reconnaissait sa défaite et implorait la pitié du vainqueur.

      

      

    A été mis sous le drap
    Lorsque un ou des enfants étaient nés hors mariage, le couple pouvait régulariser sa situation à l'église et un "poêle" ou "drap" (dais) était placé au-dessus des parents et enfants avant l'échange de consentement des futurs devant le prêtre. Après la bénédiction de l'union, le dais était levé et les enfants sortaient de son ombre. A partir de ce moment, ils étaient en règle vis-à-vis de la société et appartenaient à la même classe sociale que leurs parents.


     

      

    Minute papillon
    Ce Papillon était le patronyme d'un serveur du café du Cadran à Paris, dans les années qui précédèrent la guerre. L'établissement était le lieu de rendez-vous de nombreux journalistes qui, toujours pressés, hélaient le garçon: "Papillon ! Papillon !". Et le malheureux, débordé, répondait: "Minute, j'arrive !". Le "Minute Papillon" lui indiquait qu'il pouvait prendre son temps.


     

    Une mise à pied
    Dans la cavalerie, les grenadiers devaient, en cas de faute, rendre leurs chevaux. C'était une punition très humiliante pour un cavalier de se retrouver à pied. Il était alors voué aux tâches les plus ingrates.

     

      

    Les moutons de Panurge
    Quelqu'un ou groupe sans personnalité, qui suit le mouvement, la majorité.
    Rabelais : le Quart Livre, chap. XIII "Panurge, jette en pleine mer son mouton criant et bêlant. Tous les autres moutons, criant et bêlant en pareille intonation, commencèrent à se jeter et sauter en mer, après la file. La foule était à qui premier y sauterait après leur compagnon".

     

    Le pactole
    Grosse somme d'argent inespéré.
    C'est le nom d'une rivière aurifère de Lydie, et c'est de cette rivière qu'il semble que le roi Crésus aurait pu avoir récolté ses richesses.

     

    Payer en monnaie de singe
    Au Moyen-Age, pour passer certains ponts, il fallait acquitter une taxe. Mais Saint-Louis en avait dispensé certaines personnes, dont les montreurs de singes. Ces derniers faisaient alors exécuter quelques tours à leurs bêtes en guise de paiement.

     

      

    Peloter
    Peloter désignait le fait de jouer à la paume sans compter les points, pour le plaisir. C'est le jeu avant la partie. Certains auteurs ont repris les termes de la paume pour relater de manière elliptique les badinages de l'amour et certains mots sont ainsi passés dans le langage familier. (expression issue du jeu de paume : certaines expressions françaises sont issues de l'univers de la paume.

    Dans la plupart des cas, leur origine est souvent oubliée et leur sens parfois altéré, mais leur passage dans le langage courant témoigne de l'extraordinaire popularité passée de ce jeu.)

     

      

    Gagner ses pénates
    Ses racines, son foyer, sa maison. Rentrer chez soi.
    Chez les Etrusques et les Romains, les pénates représentaient les dieux domestiques qui veillaient sur la famille.

     

      

    Pile ou face
    Sous le règne de Saint-Louis, on comptait encore dans le royaume plus de quatre-vingts seigneurs particuliers qui avaient le droit de battre monnaie. Mais il n'y avait que le roi qui eut le droit de faire frapper des pièces d'or ou d'argent. Sur l'une des faces de la monnaie royale, il y avait une croix, et sur l'autre, des piliers, ce qui a fait que, longtemps, les côtés des monnaies se sont nommées croix ou pile.

    Par la suite, les rois français décidèrent de faire figurer leur propre effigie à la place de la croix, et leurs armes et la valeur de la pièce de l'autre. Mais le mot pile est resté.


     

    Saisir la balle au bond
    Prendre la balle au "bond", c'est saisir la balle avant le "rebond" au sol : à la volée. Maîtriser ce coup était le gage de la qualité et de la vivacité d'un joueur. Dès la Renaissance, l'expression est utilisée pour désigner "l'esprit vif" d'un interlocuteur lors de différents échanges verbaux.

     

      

    Regarder un combat du mont Pagnote
    Assister à un événement en simple spectateur, de façon protégée.
    Jadis, un soldat italien, sous prétexte d'aller chercher de la pagnotta (miche de pain) s'éloigna ainsi du combat.

     

      

    Rester sur le carreau
    Le sol d'un jeu de paume était autrefois constitué de carreaux, qui auraient donné le nom au sol même du jeu. L'expression "rester sur le carreau" est devenue symbole de la chute de l'adversaire. Soit qu'il tombe en voulant rattraper la balle, soit simplement qu'il perde la partie. 

     

      

    S'en moquer comme de l'an quarante
    Considérer une chose ou un événement comme sans importance et en sourire.
    La fin du monde aurait été prévue pour l'an 1040. Cette date fatale passée, les gens ne firent qu'en rire et se moquèrent de leurs anciennes angoisses.

     

    L'habit ne fait pas le moine
    Un des plus anciens proverbes de la langue française.
    Sens : il ne faut pas se fier aux apparences qui sont souvent trompeuses.
    Les gens du Moyen Age avaient horreur du mensonge et de l'hypocrisie. Chacun devait avoir l'air de ce qu'il était vraiment. Les costumes indiquaient de façon précise le rang social de chacun.

     

     

    sources : http://www.saisons-vives.com/frontoffice/index.asp?id=224

      

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