• martyrs de l'Ile Madame, martyrs de la Révolution

    Les Martyrs de l'Ile Madame, martyrs de la Révolution 

    (extermination de prêtres à Bordeaux et à Rochefort par les révolutionnaires)

     
     

    Fête des bienheureux martyrs de l'Ile Madame, martyrs de la Révolution

     

     

    Le 12 juillet 1790, on décrète la Constitution Civile du Clergé soumettant au pouvoir civil l'organisation de l'Église.

     

    Un décret du 29 novembre 1791 déclare "suspects de révolte" les prêtres qui refusent de consentir à cette réforme et de prêter le serment constitutionnel. Les administrations départementales sont habilitées à les arrêter et les interner.

     

    Un nouveau décret, signé le 26 août 1792, ordonne aux prêtres réfractaires de quitter la France dans les quinze jours sous peine de déportation à la Guyane.

     

    En 1793, les décisions se multiplient : la motion Thuriot, votée le 14 février, accorde une prime de cent livres à qui dénoncera un prêtre. Un mois après, le 18 mars, c'est le premier décret de mort contre les insermentés. Tout au long de l'été, à la Convention, on discute des mesures à prendre. Finalement, le 25 janvier 1794, un arrêté est pris ordonnant que les prêtres réfractaires soient conduits de brigade en brigade jusqu'au port le plus proche : Bordeaux ou Rochefort.

     

    Ils y seront détenus jusqu'à ce que des bâtiments de commerce nécessaires à leur transfert aient été affrétés. 1494 prêtres furent dirigés sur Bordeaux, 829 sur Rochefort.

     

    De mars à juillet 1794 par petits groupes, des prêtres et des religieux de toute la France, et plus spécialement de l'Est, du Centre et de l'Ouest, arrivent à Rochefort. Mais rien n'est prêt pour les recevoir.

     

    On les enferme dans les prisons rochefortaises, à l'ancienne poudrière Saint-Maurice, sur le Bonhomme-Richard, vieux navire annexe de l'hôpital ou sur le Borée. Deux bâtiments de commerce aménagés pour le trafic d'esclaves, le Washington et les Deux-Associés, sont finalement armés pour le transport des déportés.

     

    Les premiers prisonniers montent à bord le 11 avril. L'accueil qu'ils y reçoivent, ne leur laissent aucune illusion : on les interroge, on les fouille, on les dépouille de leurs vêtements, on leur confisque tout ce qu'ils possèdent ne leur laissant qu'une culotte, trois chemises, un bonnet, quelques bas et mouchoirs. Le jour, les déportés étaient parqués sur la moitié avant du pont.

     

    La nourriture servie était volontairement infecte, souvent avariée et en quantité insuffisante.

     

    La nuit était encore plus terrible à cause de l'entassement dans l'entrepont.

     

    Toute prière était naturellement interdite. Si, par malheur, un des gardiens aperçoit un mouvement de lèvres, le coupable est aussitôt dénoncé et mis aux fers.

     

    A la suite de diverses circonstances (mauvais temps, menaces anglaises), les bateaux restent en rade sur la Charente.

     

    La vie à bord est un véritable cauchemar. Les mauvaises conditions d'internement, le typhus qui sévit à Rochefort depuis le début de l'année, le scorbut, ne tardent pas à exercer des ravages.

    Mai voit les premiers décès.

     

    En juin la mortalité s'accroît. On prend certes quelques mesures en aménageant des hôpitaux flottants sur des chaloupes amarrées aux pontons. Mais les médecins militaires, inexpérimentés et redoutant la contagion, ne font que des semblants de visites et ne jettent qu'un coup d'œil distrait sur les malades.

     

    Quelques prêtres se font infirmiers, adoucissant les souffrances de leurs confrères et les assistent spirituellement.

     

    Malgré les fouilles répétées, des hosties ont pu être conservées. Quand il n'en restera plus, on donnera encore l'extrême onction grâce à une burette d'huile sainte qui échappera à toutes les recherches.

     

    En juillet 100 prêtres succombent.

     

    Au début on jetait les corps à la mer, mais la marée les ramenait au rivage provoquant des réclamations de la population.

     

    On cherche alors un lieu de sépulture ; l'île d'Aix est retenue.

     

    Les inhumations sont une corvée supplémentaire imposée aux plus valides des déportés.

     

    Parmi ceux-ci beaucoup, ne survivront pas à la tâche.

     

    En août 1794, la mortalité ayant pris des proportions effrayantes, les capitaines reçoivent l'ordre de descendre les malades à terre.

     

    Un hôpital de campagne est installé à l'île Madame dont le nom vient d'être changé en île Citoyenne.

     

    Le débarquement s'effectue du 18 au 20 août dans des conditions on ne peut plus douloureuses.

     

    Un rapport constate que sur 83 malades débarqués, 36 sont morts quelques heures après, " ce que l'on doit attribuer au manque de précautions prises au moment de l'opération ".

     

     

      

    Comparativement à l'enfer des pontons, l'île semblera aux prisonniers un véritable paradis: " je crus renaître, écrira l'un des rescapés, lorsque approchant du rivage, j'aperçus la verdure, une haie, quelques arbres... un papillon se montra... je découvris plusieurs oiseaux... je fus au comble de la joie ".

     

    Ce répit fut de courte durée. Dès le début octobre, des rafales de vent emportent les tentes.

     

    Le 30, on ferme l'hôpital et les prêtres sont à nouveau enfermés dans les pontons. Novembre et décembre furent rigoureux, la Charente prise dans les glaces.

     

    Peu à peu cependant, le sort des prisonniers s'adoucit. Pressentant des changements politiques, les officiers cherchent à faire oublier leurs sévices et se montrent plus compatissants.

     

    Mais la nourriture reste précaire et la réclusion pénible.

     

    A la longue on finit par s'émouvoir en haut lieu de cette détention prolongée, et l'abbé Grégoire intervient pour mettre un terme à cette persécution.

     

    Maintes fois annoncé et reporté, le débarquement des déportés s'effectue fin janvier 1795.

     

    En deux journées de marche ils sont conduits de Tonnay-Charente à Saintes où ils sont reçus à bras ouverts par la population en attendant leur libération définitive.

     

    Sur les 829 prêtres arrivés à Rochefort en mars-avril 1794, seuls 228, à peine le quart, ont survécus, 36 enterrés à Rochefort, 254 à l'île Madame, les autres dans les vases de l'île d'Aix et des forts qui gardent la Charente.

     

    Parmi eux Jean-Baptiste Souzy (1734-1794), prêtre du diocèse de La Rochelle à qui l'évêque du lieu avait donné les pouvoirs de vicaire général pour la déportation, mort le 27 août, et 63 de ses compagnons, ont laissé un témoignage émouvant de fidélité au Christ et au Siège apostolique, et de pardon à leurs bourreaux pour la paix de l'Église et de la société.

     

    Ils ont été béatifiés en 1995 par le pape Jean-Paul II.

     

     

     

     

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  • La monarchie constitutionnelle

      
    Jusqu'à l'été 1790, La Fayette est l'homme clé du moment, sa popularité et son influence s'agrandissent chaque jour dans la capitale, mais son plus grand rival reste Mirabeau. L'Assemblée siège désormais aux Tuileries, depuis la question du droit de veto du roi, elle est divisée ainsi : à droite les partisans du veto, à gauche les opposants. Le clivage des opinions s'organise désormais ainsi (ce sont les ancêtres de nos partis politiques). A l'extrême droite, on trouve les conservateurs attachés à la monarchie absolue. A droite, on a les monarchiens qui veulent s'en tenir aux réformes du 4 août, leur chef Mounier s'est déjà exilé craignant un dérapage de la Révolution.
      
    A gauche, le groupe est mené par un triumvirat ( Barnave, Lameth, Duport), et à l'extrême gauche on trouve déjà Robespierre. Tous ces députés se retrouvent dans des clubs, dans lesquelles les partisans débattent les questions de l'Assemblée, les patriotes qui se réunissaient au couvent des Jacobins adoptèrent ce nom. En quelques mois, l'Assemblée prit une série de mesures qui bouleversèrent le visage de la France (confiscation des biens du clergé, naissance des départements, voir La France révolutionnaire), et en 1791, une première Constitution fut ratifiée.

    La Fédération

    Depuis 1789, des gardes nationales s'étaient formées en province à l'image de celle de La Fayette, elles devaient assurer la sécurité du peuple et du commerce. Certaines de ces communes s'étaient rassemblées en fédération, les citoyens de chacune de ces fédérations se considéraient comme appartenant au même « Empire », et non plus comme angevins ou bretons. Ces fédérations donnèrent lieu à des fêtes, l'une d'elle devait regrouper chacun des représentants des fédérations au Champ-de-Mars le 14 juillet 1790 pour célébrer la fête de la Fédération. Les gardes de chaque fédération défilèrent, et malgré la pluie, La Fayette s'avança et prêta serment à la Nation, puis vint le tour du roi qui fut applaudi.
      
    Ce fut un véritable moment d'union nationale partout en France, la fête fut somptueuse.
     

    La fête de la Fédération - par Charles MONNET 1790 (Bibliothèque nationale de France, département des Estampes)

    La fête de la Fédération - par Charles MONNET 1790 (Bibliothèque nationale de France, département des Estampes)

    Premières difficultés

    Pendant toute cette effervescence à Paris, l'Armée s'agitait, en Champagne le futur maréchal Davout a pris la tête d'une révolte. A Nancy, les soldats se sont mutinés et ont emprisonné leurs officiers. Bouillé, le commandant de Metz organisera une répression qui sera particulièrement sévère. Necker, inquiet de la tournure des événements démissionne en prétextant un problème de santé, l'Assemblée prend alors en main le Trésor Public. Du coté du clergé, ça n'allait guère mieux, les ecclésiastiques devaient prêter serment à la Nation et à la constitution civile du clergé (voir la France révolutionnaire), seulement peu d'entres eux le firent, en partie à cause de la position du pape Pie VI, qui déclarait la constitution schismatique, et des hésitations du roi. De plus la crise financière ne se résout pas, et des discordes apparaissent au sein de l'Assemblée, Mirabeau qui a été élu président de l'assemblée meurt en mars 1791.
      
      
      
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    La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen

    Le 26 août, l'Assemblée adopte la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, dont Mirabeau et Sieyès sont les principaux rédacteurs. Cette déclaration est maintenant devenue le modèle de la plupart des Constitutions modernes. Elle établit les droits fondamentaux de l'être humain : le droit à la liberté, à la sécurité, à l'égalité de tous devant la loi et, enfin le principe de la souveraineté populaire, par lequel la Nation, et non plus une royauté de droit divin, est proclamée dépositaire du pouvoir. Cependant, cette déclaration ne remet pas en question la monarchie des Bourbons, d'ailleurs, La Fayette et Mirabeau tout comme la majorité de l'Assemblée sont monarchistes.

     Déclaration des Droits de l'homme en 1793

      

      

    Une grande instabilité  : Les journées d'octobre

    Les discussions entre l'Assemblée et le roi reprennent, Louis XVI se voit bientôt accorder un droit de veto face aux décisions de l'assemblée. Les modérés comme Mounier se voient quant à eux repousser leur projet de créer deux Chambres et un pouvoir exécutif fort (comme en Angleterre). Mais au lieu d'accepter de partager son pouvoir avec l'Assemblée, Louis XVI ne songeait qu'à reprendre son bien, il fit venir une nouvelle garnison à Versailles. Le 5 octobre, le mécontentement gagne à nouveau les rues, et environ 700 000 femmes marchèrent sur Versailles en vue de solliciter du pain au roi. Le roi à son retour promet une rentrée de blé à Paris, mais le lendemain, la foule presse devant Versailles, et clame « A Paris ». Le roi est donc contraint de quitter Versailles avec sa famille (« le boulanger, la boulangère et le petit mitron »). Les monarchistes comme Mounier voient leur désir d'établir une monarchie forte s'éteindre, Mounier choisit l'exil.
      
      
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  • La Révolution Française

    Introduction

    Dès l'annonce de l'ouverture des états généraux, le souhait de changer la Nation émanait de tous les milieux et on appréhendait avec anxiété ou enthousiasme cet instant. Déjà, un fort élan politique parcourait le pays, Louis XVI et Necker étaient inquiet. Qui allait devenir le maître de la situation ? Est-ce que l'héritage des Lumières s'exprimera pour l'avenir ? Comment les événements allaient-ils se dérouler ? Allait-on changer irrémédiablement le cours de la vie des Français ? Ces questions allaient bientôt trouver leur sens, très vite le poids des privilèges va provoquer un engrenage révolutionnaire qui ne s'achèvera que dix ans plus tard.

    Les grands évenements

    Le tiers se déclare « Assemblée nationale »

    Les États Généraux furent ouverts solennellement le 5 mai 1789, très vite une discussion acharnée éclata sur la façon de voter : « par tête », une voix pour chaque homme, ou « par ordre », une seule voix pour chacun des trois états comme le voulait la tradition. Sous l'impulsion de Mirabeau, les députés du tiers état refusèrent de vérifier leur pouvoir afin d'éviter à tout prix le vote « par ordre ». Ils espéraient ainsi gagner du temps, les différentes tentatives pour débloquer la situation s'étaient révélées inutiles. Conscients de représenter la majorité des Français, les délégués populaires du tiers se retirent le 17 juin et se constituent eux-mêmes en Assemblée Nationale. Le même jour, l'Assemblée interdit toute levée d'impôts non vérifiée et décrétée par elle-même. Naturellement, ni le roi ni les privilégiés n'apprécièrent cette nouveauté. Louis XVI se résout à la rigueur et invita les trois ordres à reprendre leur place lors d'une prochaine séance royale.

    Le serment du jeu de paume

    Le 20 juin, sous prétexte d'effectuer des travaux d'entretien, le roi interdit l'accès de la salle où se réunissaient les États généraux. Les représentants du tiers état se rassemblèrent alors dans un gymnase qui servait au jeu de paume. Là, sous la proposition du député Mounier, ils s'engagèrent « à ne jamais se séparer » avant d'avoir donné à la France une Constitution, chacun à leur tour les députés répètent « Je le jure ! ». Le lendemain, le roi ferme le gymnase, car il est réservé par le comte d'Artois, le frère du roi ( Charles X). Les députés se réunissent alors dans l'église Saint Louis que le clergé leur a octroyé. Louis XVI rassemble alors des troupes, pour dissoudre cette assemblée de récalcitrants, mais bientôt une grande partie du clergé se joint au tiers. Afin de limiter les dégâts, le roi ordonne alors au clergé et à la noblesse de participer avec le tiers à l'élaboration de textes constitutionnels. Le 9 juillet 1789, l'Assemblée nationale devient constituante, elle établira les fondements d'une monarchie constitutionnelle, on croit alors la révolution achevée.
    Le serment du jeu de paume - par Jacques-Louis DAVID (Musée du château de Versailles)

    serment du jeu de paume

    Au centre, Bailly, le président de l'Assemblée nationale est monté sur une table. Avec lui, les députés jurent de ne pas se séparer jusqu'à l'établissement d'une constitution.

      

    Le serment du jeu de paume - par Jacques-Louis DAVID (Musée du château de Versailles)

    La prise de la Bastille

    Très vite, l'assemblée entame des discussions derrière le député Mounier, et La Fayette inspiré par son passage aux États-Unis propose déjà une déclaration des droits de l'homme. Mais le roi précipita les événements, il renvoie Necker son ministre des Finances, qui est tenu responsable du désordre, c'est une véritable consternation pour le peuple qui lui attachait de l'estime. Louis XVI ordonna de plus la concentration des troupes autour de la capitale, afin d'étouffer la rébellion par les baïonnettes. Sous l'impulsion de Camille Desmoulins, le peuple parisien se rassembla et l'anarchie commençait à s'installer dans la capitale. Le 14 juillet, on donne l'assaut à la Bastille, une ancienne forteresse devenue prison qui, pour les Parisiens, représentait le symbole de l'absolutisme, elle fut prise et rasée. A son retour d'une chasse, le roi étonné demanda « C'est une révolte ? » « Non Sire, c'est une révolution ». Louis XVI, une fois de plus recula et rappela Necker.
    La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 - par Jean-Baptiste LALLEMAND (Musée Carnavalet)

    Prise de la bastille

    En bas, à droite, le gouverneur de la Bastille De Launay est emmené par les assaillants. Il sera massacré, et sa tête mise au bout d'un pique défilera dans les rues de Paris.

      

    ..7 prisonniers...

    La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 - par Jean-Baptiste LALLEMAND (Musée Carnavalet)

     

    La « Nuit du 4 août »

    La monarchie absolue était finie, et les premiers nobles commencent à émigrer. L'assemblée improvise une garde nationale aux ordres du marquis de La Fayette, et arbore les premières cocardes tricolores (le blanc des Bourbons était glissé entre le bleu et le rouge de la ville de Paris). Très vite, l'anarchie s'installe dans la capitale, et des rumeurs alarmistes (complot aristocratique, invasion étrangère...) provoquèrent « La Grande Peur » dans les campagnes. La fureur des paysans se déchaîna contre les demeures féodales qui furent brûlées et saccagées durant l'été. La nuit du 4 août, l'Assemblée discutait des moyens pour enrayer ces émeutes, et au fur et à mesure des discussions, elle abolit peu à peu tous les droits féodaux. Le 11 août, un décret déclare l'égalité civile et fiscale, c'est le plus grand bouleversement que la France ait connu. L'Ancien régime et les privilèges s'écroulent en l'espace d'une nuit.
      
      
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    La Révolution dite française : anti-nationale et anti-sociale

      

    En posant en 1854 dans Mensonges révolutionnaires les questions de savoir si la Révolution a été faite par et pour le peuple, et si elle marque un progrès dans la marche de la société, le rédacteur en chef de La Mode Alexandre Remy affirme et démontre, déjà, à ses contemporains, que cette même Révolution française qui imposa aux Français la République fut tout à la fois anti-nationale et anti-sociale. Mais combien, aujourd'hui, sont-ils encore à se bercer d'illusions sur les fondements et agissements d'une Révolution dont ils persistent béatement à croire en de bénéfiques effets ? Hugo Brémont

     La fête de la Fédération - par Charles MONNET 1790 (Bibliothèque nationale de France, département des Estampes)

    Premièrement, la Révolution n'a été faite ni par ni pour la nation.

      

    Ainsi que l'attestent la Déclaration royale du 23 juin et le dépouillement des Cahiers des députés aux États-Généraux, ce que la France et son Roi voulaient d'accord, en 1789, c'était la restauration de la constitution française, faussée depuis cent soixante-quinze ans dans ses développements progressifs par les faits nés de la Réforme, sur la triple base de la royauté nationale, héréditaire et inviolable, de la liberté politique ayant pour condition essentielle l'égalité des droits, et du catholicisme, proclamé la religion de l'État. Voyons donc ce que la Révolution a fait des vœux de la nation solennellement manifestés dans les cahiers, et sanctionnés d'une manière si explicite par la Déclaration royale.

     

    Six millions de Français avaient déclaré que le gouvernement de la France était monarchique : la Révolution, foulant aux pieds et la volonté de la nation et les droits de la couronne, décrète la suppression de la royauté !

     

    La France avait proclamé tout ensemble le principe de l'inviolabilité de la personne sacrée du Roi, et celui de la transmission héréditaire de la couronne dans la famille régnante : la Révolution, usurpant un droit constituant qui ne pouvait être exercé que par le concours de la nation et de son chef héréditaire, établit une forme de gouvernement opposée à la Constitution du pays, puis décrète le Roi d'arrestation, le juge abusivement et l'assassine !

    La fête de la Fédération - par Charles MONNET 1790 (Bibliothèque nationale de France, département des Estampes) 

    La France avait formellement revendiqué ce vieux principe des Capitulaires et des Champs-de-Mai : Lex fit consensu populi et constitutione regis : la Révolution, se substituant du même coup au roi et au peuple, c'est-à-dire s'attribuant la souveraineté nationale, s'impose au pays sous la forme d'une Convention, et remplace le consentement du peuple et la sanction royale par la toute-puissance de son initiative législative et gouvernementale.

     

    La France avait revendiqué l'égalité comme base même de la liberté politique :

    la Révolution égalise les têtes dans la boue et dans le sang !

     

    La France, ne pouvant oublier que franc veut dire homme libre, avait pareillement revendiqué la liberté individuelle : la Révolution promulgue la loi des suspects, institue le comité de Salut public, invente les bateaux à soupape, invente les échafauds permanents, invente les échafauds ambulants, emprisonne, noie, mitraille, fusille et guillotine plus de trois cent mille Français des deux sexes, de toute classe, de tout âge et de toute profession, pères, mères et enfants, soldats et bourgeois, prêtres et laïcs, hommes et femmes, pauvres et riches, vieillards et adolescents !

     

    La France, essentiellement catholique, avait demandé que le catholicisme fût reconnu comme religion de l'État : la Révolution supprime le culte catholique, confisque les biens du clergé, abolit les ordres et les vœux religieux, soumet le clergé à une constitution civile, vend les cloches des églises pour en faire de la monnaie, supprime les congrégations consacrées à l'enseignement et celles vouées au service des hôpitaux, interdit le costume ecclésiastique, déporte les prêtres insermentés et les massacre en masse dans les prisons et les maisons d'arrêt, institue un nouveau culte dont les prêtresses sont des prostituées, inaugure ce nouveau culte dans la cathédrale de Paris transformée en Temple de la Raison, abat les clochers comme contraires à l'égalité, proclame par la bouche d'Anacharsis Clootz qu'elle ne reconnaît d'autre Dieu que la nature et d'autre souverain que le genre humain, dissout les liens sacrés du mariage, et enfin, pour couronnement, déclare la papauté abolie, et enlève de Rome le souverain pontife, qui, traîné de prison en prison, malgré ses quatre-vingt-trois ans, expire à Valence, après des souffrances de tout genre, comme sait mourir un chrétien, c'est-à-dire en généreux confesseur de la foi !

     

    Enfin la France, comprenant admirablement que la légitimité de la propriété est solidairement liée à celle du trône, avait expressément demandé que la propriété fût déclarée inviolable comme la couronne même : que fait la Révolution ? Elle engloutit en spoliations de toutes sortes, confiscations, emprunts forcés, promesses de mandats, banqueroute, plus de douze milliards !

     

    Ainsi donc la Révolution a été destructive de la royauté, destructive de la liberté, destructive de la religion, destructive de la propriété, et cela en opposition flagrante avec la volonté nationale qui avait consacré de la manière la plus expresse chacun de ces grands principes dans les cahiers remis aux députés.

     

    Il nous semble que ces faits établissent suffisamment le caractère anti-national de la Révolution. Non, la Révolution n'a été faite ni par la France ni pour la France, puisque, d'une part, elle a détruit tout ce que la nation entendait si expressément maintenir et consacrer, et que, d'un autre côté, ce qu'elle a détruit ainsi représentait précisément les conditions mêmes d'existence de la France comme nation.

     

    Révolutionnaires en 1793

     

    Deuxièmement, il n'est pas vrai que la Révolution marque un progrès dans la marche de la société.

    La civilisation d'une société se mesure à son respect pour la religion, pour l'humanité, pour les propriétés, pour les lois, pour les mœurs, pour le serment juré, et pour les monuments qu'elle possède. Voyons comment la Révolution s'est conduite sous chacun de ces divers points de vue :

     

    En religion, la Révolution c'est l'anti-christianisme dans sa plus monstrueuse expression : car c'est la négation dogmatique de l'autorité, c'est-à-dire de toute société ; la négation dogmatique de l'idée de justice, c'est-à-dire de la base de toute morale ; la négation dogmatique de l'idée divine, c'est-à-dire du principe même de vie pour toute créature faite à l'image de Dieu. C'est elle, en effet, qui, après avoir donné au XVIIIe siècle pour consigne ce blasphème de Voltaire : « Ecrasons l'infâme ! » a jeté à l'époque actuelle le dernier mot de l'enfer même dans ces trois maximes qui ne laissent plus rien debout sur la terre ni dans le ciel : « Le gouvernement, c'est l'anarchie ! — La propriété, c'est le vol ! — « Dieu, c'est le mal ! »

     

    La Révolution se donnait comme étant venue au monde pour affranchir l'humanité, et elle avait inscrit en tête de son programme ces trois mots régénérateurs : Liberté, Égalité, Fraternité. Or, ce qu'elle appelait si pompeusement son œuvre de régénération consista à entasser les citoyens dans les prisons au nom de la liberté, à les égorger au nom de la fraternité, à égaliser les tètes sous un niveau de sang et de boue. Son idéal était de réduire la France à huit millions d'habitants ; et, pour cela, elle avait trouvé un moyen aussi simple qu'ingénieux, c'était de guillotiner tous les individus âgés de soixante ans. Cette philanthropique idée eut les honneurs d'une motion dans une séance de la Convention ; l'auteur de cette motion poussa même l'amour de l'humanité, nous allions dire le cannibalisme, jusqu'à s'écrier pathétiquement, en guise de péroraison : « Je sacrifie mon père ! » Jusqu'à quel point ne fallait-il pas être détaché de tout sentiment humain pour porter le culte de l'humanité jusqu'à une pareille abnégation filiale ! Les fastes de l'anthropophagie offrent-ils un trait comparable à celui-là ?

     

    Le respect de la Révolution pour les propriétés peut se résumer en trois mots :

    confiscations, emprunts forcés, banqueroute.

    L'histoire nous montre, chez tous les peuples de l'antiquité, le respect pour les lois formant une des bases principales, une des conditions essentielles de la félicité publique; il est juste d'ajouter que ces lois étaient le moins nombreuses possible, et qu'élaborées, en général par des hommes choisis pour leur expérience, leurs lumières et leurs vertus, elles étaient, dans la mesure de vérité religieuse qui avait inspiré ces derniers, l'expression même de la sagesse et de la justice divine. La Révolution manifesta son respect pour les lois de trois manières : premièrement, en détruisant toutes celles qui existaient ; deuxièmement, en en fabriquant de nouvelles au chiffre fabuleux d'une trentaine de mille, sans compter sept ou huit constitutions fondamentales ; troisièmement, en mettant à pleines mains dans ces constitutions et dans ces lois tout ce que lui suggéra son esprit d'impiété, de barbarie et de destruction.

     Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, datée du 10 août 1793 (Centre historique des Archives nationales)

    Comment la Révolution traita les mœurs, le voici : Elle s'est jouée de la cendre des morts, elle a dansé publiquement sur leurs ossements, elle a consacré légitimement l'usure, le divorce, la liberté de tout dire, de tout écrire et de tout faire ; elle a assis la prostitution sur les autels du vrai Dieu, et inauguré ainsi le culte de la débauche; elle a créé pour le peuple une foule de fêtes immondes, telles que la fête de la Raison, la fête des Cinq Sans-Culotides, la fête de Marat, etc. ; elle a paganisé l'almanach qui enseignait à ce même peuple les jours du Seigneur et les noms des martyrs chrétiens, en remplaçant les premiers par la mascarade philosophique des 36 décades, et ceux-ci par des noms d'animaux et de légumes ; que dis-je! elle a paganisé jusqu'aux dogmes catholiques même, pour en faire jaillir le matérialisme le plus pompeux et le plus abject : ainsi, elle a présenté la Révélation comme la manifestation de l'Idée à la raison humaine, l'Incarnation, comme le développement progressif de la vérité sociale au sein de l'humanité, la Rédemption, comme l'affranchissement de l'homme de la double servitude des hommes et des choses dans sa marche progressive, la Communion, comme l'union indéfinie de l'homme avec l'univers et avec ses semblables ; puis, consommant logiquement son œuvre sacrilège, elle a dit à l'homme qu'il n'y a point d'autre paradis que la terre, perfectionnée par son génie et possédée par lui avec toutes ses jouissances, et point d'autre enfer que la souffrance et la misère dont il est ici-bas la proie sous le règne des riches et des privilégiés.

     

    Quel fut le respect de la Révolution pour le serment juré ? demandez-le aux Vingt-trois serments généraux qu'elle a successivement prescrits, et qui, de compte fait, ont dû en engendrer à peu près sept à huit millions de particuliers ! Quant aux parjures qu'a dû produire à son tour cette masse de serments prêtés, nous laissons aux lecteurs le soin d'en supputer le nombre.

     

    Quel fut le respect de la Révolution pour les monuments publics ? Demandez-lui le compte des églises qu'elle a démolies, le compte de celles qu'elle a vendues, le compte de celles qu'elle a profanées ! Demandez-lui ce qu'elle a fait des douze mille abbayes, couvents, prieurés et autres monastères, fondés par la piété des rois, des princes et des peuples, disséminés sur la surface de la France, dont la plupart renfermaient de précieuses collections historiques, littéraires, scientifiques et artistiques, et qui étaient autant d'asiles ouverts à la vertu, au repentir, à la charité !

    Demandez-lui ce qu'elle a fait de ces quarante à cinquante mille châteaux qu'illustraient tant de glorieux souvenirs, qui décoraient si richement et si noblement notre pays, et à la porte desquels le pauvre ne frappait jamais en vain ; ou plutôt, demandez au pillage et à l'incendie combien ils en ont épargné ! Demandez-lui ce qu'elle a fait de ces innombrables objets d'art, statues, bas-reliefs, sculptures, tableaux, peintures, qui décoraient nos monuments, nos places, et que le vandalisme a stupidement dégradés ou pulvérisés sans pitié !

    Demandez-lui ce qu'elle a fait, enfin, de tant de précieuses bibliothèques qui enrichissaient les monastères, les chapitres et les autres établissements ecclésiastiques ; combien, parmi les grands ouvrages, parmi les productions rares, parmi les manuscrits qui composaient ces bibliothèques, combien elle en a déchirés, combien elle en a brûlés, combien elle en a vendus à tout prix aux étrangers, et combien ont servi pour les gargousses des canons !

     Le serment du jeu de paume - par Jacques-Louis DAVID (Musée du château de Versailles)

    Ainsi, la Révolution n'a respecté ni les monuments publics, ni le serment juré, ni les mœurs, ni les lois, ni les propriétés, ni l'humanité, ni la religion ; elle a au contraire, exercé systématiquement une action destructive sur chacun de ces grands principes de toute société, sur chacune de ces conditions essentielles de la grandeur et de la prospérité d'un empire. Donc, elle marque plutôt un pas rétrograde qu'un progrès dans la marche de la société.

     

    Résumons-nous : nous avons démontré, premièrement, que la Révolution n'a été faite ni par la France, ni pour la France ; deuxièmement, qu'elle a été moins un progrès qu'un pas rétrograde dans la voie de la civilisation. A ce double titre, nous concluons donc qu'elle est tout à la fois anti-nationale et anti-sociale.

      

    sources : blog -

    http://www.democratie-royale.org/article-la-revolution-dite-fran-aise-anti-nationale-et-anti-sociale-84763251.html

      photos ajoutées par D.R. google

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  • Les Droits de la femme

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    « En rédigeant et en proclamant à la face du monde les droits de l'homme, les tribuns de la révolution n'oublient-ils pas les droits de la femme ? S'ils se souciaient peu d'elle, c'est sans doute par réaction contre ce XVIIIe siècle qui a été un siècle de quasi-souveraineté féminine.

    De Mme de Maintenon à Mme de Pompadour, les femmes ont régné à la cour et à la ville, sur les mœurs et dans les lettres. "Le règne du cotillon", disait Frédéric II. Le règne des salons, bien davantage : Mmes du Deffand, Geoffrin, de Lespinasse, d'Holbach, Helvétius, faisaient la loi sur les beaux esprits, et quelquefois sur les grands esprits. Mlle de Scudéry ne dictait la mode que chez les précieuses, mais Mme d'Épinay comblait Rousseau, Mme du Châtelet éblouissait Voltaire.

    Le Persan de Montesquieu admirait comme, à Versailles ou à Paris, les femmes avaient de poids politique. C'est par leurs mains, écrit-il que "passent toutes les grâces et quelquefois les injustices". Les femmes "forment une espèce de république dont les membres, toujours actifs, se secourent et se servent mutuellement ; c'est comme un nouvel état dans l'État... On se plaint en Perse de ce que le royaume est gouverné par deux ou trois femmes. C'est bien pis en France, où les femmes en général gouvernent, et non seulement prennent en gros, mais même se partagent en détail toute l'autorité".

    A l'inverse, à l'enseigne de Rousseau, la révolution est hardiment antiféministe. Jean-Jacques a donné le ton : "La dépendance est un état naturel aux femmes", professe-t-il. "La femme est faite pour céder à l'homme", assure l'Émile. Condorcet, qui avait plaidé la cause des femmes avant la révolution, reste muet pendant la tourmente.

    Les cahiers de doléances, en 1789, présentent fort peu de revendications féménistes, peut-être parce les femmes, comblées par le siècle, n'ont rien à revendiquer. Exception qui confirme la règle, la belle et riche Olympe de Gouges, veuve joyeuse, fondatrice du club des Tricoteuses, rédige en 1791 une "déclaration des droits de la femme et de la citoyenne". Elle y présente cette requête : "puisque la femme a le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir celui de monter à la tribune".

    Robespierre, qui lui refuse ce dernier droit, lui reconnaît le premier : il fait arrêter et guillotiner l'effrontée Olympe.

    D'autres femmes tiennent leur place dans la révolution. Elles sont émeutières lors des journées d'octobre, victimes avec Mme Roland ou Lucile Desmoulins, agitatrices avec Claire Lacombe, figurantes de grand spectacle quand on en fait la déesse Liberté ou la déesse Raison.

    Ce ne sont là que des seconds rôles. Les femmes d'action sont dans l'autre camp, avec Charlotte Corday ou les amazones de la guerre de Vendée.

    Bon disciple de Rousseau, Robespierre est farouchement antiféministe : il est un refoulé sexuel. Autant ou plus que lui, Chaumette s'indigne lorsque les femmes viennent se présenter au Conseil général de la commune, coiffées du bonnet rouge des sans-culottes : "Femmes impudentes, depuis quand est-il permis à des femmes d'abjurer leur sexe, de se faire hommes ? Depuis quand est-il d'usage de voir les femmes abandonner les soins pieux du ménage, le berceau de leurs enfants, pour venir sur la place publique ?"

    Il se trouve même un Conventionnel, Dupont de Bigorre, élu des Hautes-Pyrénées, pour présenter un projet de décret, dont l'article 10 est ainsi libellé : "L'homme qui épouserait une femme qui exercerait le métier des hommes perdra son droit de citoyen" (cité dans les Procès verbaux du Comité d'Instruction publique).

    Passé Thermidor, Thérésa Cabarrus, femme Tallien, ne régnera que sur les alcôves du Directoire et ne donnera le ton qu'aux Merveilleuses.

    Couronnant l'œuvre misogyne de la révolution, Napoléon apporte sur le continent les traditions patriarcales de son île : en Corse, la femme sert le repas, mange debout, à moins qu'elle ne s'asseye sur la pierre de l'âtre.

    L'empereur respecte sa mère, mais tient ses sœurs pour des sottes. Dans son Code civil, la femme reste une mineure. Elle doit obéissance à son mari (article 213). Sans le concours de celui-ci, elle ne peut ni ester en justice, ni aliéner ses avoirs. Cette incapacité est conforme au sentiment qu'en a Napoléon. "Pour une qui nous inspire quelque chose de bien, il y en a cent qui nous font faire des sottises."

    S'il inscrit le divorce dans le Code, c'est pour permettre à l'homme de se libérer, et d'abord pour se le permettre à lui-même.

    Joséphine, Marie-Louise ? Elles sont bonnes pour l'amour, et si possible pour enfanter. A Mme de Staël qui lui demande quelle est la première femme du monde, il répond : "celle qui a fait le plus d'enfants." Même de Staël, pour sa part, n'a droit qu'à l'exil. »

    Extrait de "Le coût de la révolution française", de René Sédillot.

     

    http://www.amazon.fr/co%C3%BBt-R%C3%A9volution-fran%C3%A7aise-Ren%C3%A9-S%C3%A9dillot/dp/2262004250

      

    sources : http://www.democratie-royale.org/pages/les-droits-de-la-femme-5708902.html

      

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  • Révolution française : révolution bourgeoise !

      
      
    mercredi 31 août 2011 , par Garde Suisse
     

    Qu’on se souvienne de ce qu’était l’État à la fin du XVIII° siècle dans toutes les nations européennes. Bien peu de chose ! Le premier capitalisme et ses organisations industrielles, où, pour la première fois triomphe la technique, la technique nouvelle, rationnelle, avait produit un élargissement de la société. Une classe sociale apparut ; plus puissante en nombre et en force que les précédentes : la bourgeoisie. Cette entreprenante bourgeoisie possédait, avant tout et surtout, une chose : le talent pratique. Elle savait organiser, discipliner, persévérer dans ses efforts et les coordonner. Au milieu d’elle, comme sur un océan, flottait aventureusement « le navire de l’État ». « Le navire de l’État est une métaphore réinventée par la bourgeoisie qui se sentait elle même océanique, omnipotente et grosse de tourmentes.

    Ce navire était chose de rien, ou guère plus. C’est à peine s’il avait des soldats des bureaucrates, de l’argent. Il avait été fabriqué au moyen âge par une classe d’homme très différente des bourgeois : les nobles, race admirable par son courage, son don du commandement, son sens de la responsabilité. Sans eux, les nations européennes n’existeraient pas. Mais avec toutes ces vertus du cœur les nobles avaient et ont toujours eu la tête brouillonne. Ils vivaient de l’autre viscère. D’intelligence très limités, sentimentaux, instinctifs, intuitifs ; en somme « irrationnels ». C’est pourquoi ils ne purent développer aucune technique, chose qui oblige à penser des organisations rationnelles. Ils n’inventèrent pas la poudre. Et ce fut tant pis pour eux. Incapables d’inventer de nouvelles armes, ils laissèrent les bourgeois – qui la firent venir d’Orient ou d’ailleurs - utiliser la poudre et avec elle, automatiquement, gagner des batailles contre le guerrier noble, contre le « chevalier » stupidement bardé d’une inutile ferraille, qui l’empêchait de se mouvoir pendant la lutte, et qui n’avait jamais compris que le secret éternel de la guerre ne consiste pas tellement dans les moyens de défense que dans les moyens d’agression (secret que Napoléon devait redécouvrir).

    Comme l’État est une technique – d’ordre public et administratif – l’ « ancien régime » arrive à la fin du XVIII° siècle avec un État très faible, fouetté de tous côtés par une société vaste et bouillonnante. La disproportion entre le pouvoir de l’État et le pouvoir social est si grande à cette époque que si l’on compare sa situation avec celle des temps de Charlemagne, l’État du XVIII° siècle semble dégénéré. L’État carolingien était évidemment beaucoup moins puissant que celui de Louis XVI ; mais, par contre, la société qui l’entourait n’avait aucune force. L’énorme différence de niveau entre la force sociale et la force du pouvoir public a rendu possible la Révolution, les révolutions (jusqu’à celle de 1848).

    Mais par la Révolution, la bourgeoisie s’empara du pouvoir public et appliqua à l’État ses indéniables vertus. En un peu plus d’une génération, elle créa un État puissant qui en finit avec les révolutions. En effet depuis 1848, c’est à dire dès que commence la seconde génération des gouvernements bourgeois, il n’y a pas en Europe de vraies révolutions. Non pas que les motifs aient manqué ; mais il n’y avait plus les moyens de les réaliserOrtega y Gasset La Révolte des masses.

      

      

    sources : Garde Suisse - lien .http://www.actionfrancaise.net/craf/?Revolution-francaise-revolution

      

     

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  • C´étaient qui, les sans-culottes?

    Le sans-culotte est un homme du peuple – un petit artisan, un commerçant, plus rarement un ouvrier-, qui participe activement à la Révolution Française

    À la différence du noble, qui porte la culotte (sorte de pantalon moulant qui s´arrête au genou), il est vêtu d´un pantalon, d´où son nom. Le pantalon est d´abord porté par les candidats du Tiers état à la députation. Ces candidats députés, en opposition au Roi et aux privilegiés de la noblesse, vont assurer la rédaction des “cahiers de doléances” qui seront inventoriés, centralisés et terminés à Paris en avril 1789. Par la suite, les élus du Tiers État porteront des vêtements noirs avec bicornes, des vêtements austères qui trancheront avec les vêtements luxueux des élus des deux autres ordres de la noblesse et du clergé.

    Au XVIIIè siècle, ceux qui ne portent pas de culottes, qui portent donc un pantalon, sont ceux qui travaillent avec leurs mains: travailleur manuel.

    Outre le pantalon rayé, le sans-culotte porte la blouse et le gilet ou la veste courte à gros boutons et des sabots, qui marquent leur appartenance au peuple travailleur. Le bonnet rouge ou bonnet phrygien s´affirme comme le symbole du pouvoir politique des sans-culottes. Le bonnet phrygien devient le symbole de la Révolution française: symbole de la liberté et du civisme.

    L´épithète “sans-culotte”, qui était à l´origine synonime de “canaillle”, désignant à la fois la pauvreté, la bestialité et l´inculture, s´est chargé d´une signification radicalement nouvelle et positive au cours de la Révolution.

    Encyclopédie des jeunes. larousse. Histoire de France

    Fr.wikipédia

     

     
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  • Ce petit cimetière privé de l'Est parisien abrite deux fosses communes où furent enfouies 1366 victimes de la Terreur entre le 14 juin et le 27 juillet 1794 (chute de Robespierre). Elles avaient été guillotinées près de là, à la barrière du Trône (aujourd'hui place de la Nation).

    Parmi elles, seize religieuses du Carmel de Compiègne qui inspirèrent plus tard à l'écrivain Georges Bernanos Le Dialogue des carmélites. Dispersées dès août 1790 dans des refuges anonymes, elles furent trahies par la régularité de leur vie et incarcérées ensemble à la Visitation où elles reprirent leur vie commune. Sur le chemin de l'échafaud, elles purent entonner des cantiques et des psaumes sans que quiconque se hasardât à les en empêcher. La Mère prieure obtint le cruel privilège de mourir la dernière. Cela se passa le 17 juillet 1794, dix jours avant la fin de la Terreur.

    Parmi les autres hôtes involontaires de ce cimetière, on peut citer le poète André Chénier, le vicomte Alexandre de Beauharnais, premier mari de l'impératrice Joséphine,... et beaucoup de nobles aux noms prestigieux.

    Les descendants de ces nobles sont enterrés à côté des fosses communes, sur une parcelle qui a été aménagée sous la Restauration. Beaucoup d'entre eux, officiers dans les armées de la République, sont tombés au service de la France ou dans la Résistance.
    Le tombeau le plus illustre est celui du marquis de La Fayette, héros de l'
    indépendance américaine. Il est surmonté d'une bannière étoilée en témoignage de reconnaissance des États-Unis. Le lieutenant-colonel Charles Stanton a lancé à cet endroit, le 4 juillet 1917, la fameuse apostrophe : «La Fayette, nous voici !»

    Les soeurs de l'Adoration perpétuelle du Sacré-Coeur veillent encore de nos jours sur cet émouvant cimetière.

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  • Accueil du site > La véritable histoire de la Révolution > Les hommes de la révolution

    Les hommes de la révolution

    mercredi 17 août 2011 , par Garde Suisse

    Voici le début du chapitre II de "Deux idoles sanguinaires". Léon Daudet, grand tailleur de costards, y habille chaudement les "hommes de la révolution". Ils n’auront pas froid cet hiver !

     

    Si quelques-uns des premiers révolutionnaires et des plus actifs, tels Mirabeau, Laclos ou Barère, appartenaient, par tempérament et par l’esprit, au dernier tiers du XVIIIe siècle, le plus grand nombre était composé de gens de robe, de beaux parleurs et d’hommes d’affaires, formés à l’idéologie encyclopédique, adhérents à ce qu’on appelait « les nouveautés », membres de sociétés de pensée, et d’une ambition supérieure à leurs moyens. C’est leur état d’esprit qu’il s’agit de présenter : une extrême suffisance, un besoin d’échafauder des systèmes destinés à remplacer ce qui était et à reprendre la société par la base en la débarrassant des « chimères » religieuses, en supprimant les privilèges de la noblesse, les derniers vestiges de la féodalité, en substituant au régime monarchique celui des assemblées en permanence, en restituant au « peuple » les droits dont on l’avait frustré au cours des âges et qui lui appartenaient. Ici première scission, d’où devait sortir la division rapide des Girondins et des Montagnards, des modérés et des extrêmes, scission qui, après quatre-vingts ans, se retrouvera dans celle intra-démocratique, des opportunistes et des radicaux. D’un côté, les réformateurs par étapes. De l’autre, les réformateurs d’un seul coup.

    Un flot d’imprimés, de libelles, de journaux soutenaient les opinions des groupes et des sous-groupes et étaient lus avidement par leurs partisans. Certains chiffres nous étonnent encore aujourd’hui. C’est ainsi que la vente du Père Duchêne, organe populacier rédigé en style poissard par le bellâtre Hébert, dépassa souvent cent mille exemplaires pour Paris et la région parisienne. L’Ami du Peuple de Marat – que subventionnait Philippe-Égalité – atteignait certes pas ce chiffre, non plus que le Vieux Cordelier de Camille Desmoulins. Les uns comme les autres sont maintenant illisibles et donnent le sentiment d’une bassesse intellectuelle invraisemblable, d’un primarisme déconcertant, d’une emphase grotesque. Il y a un style révolutionnaire comme il y a un tempérament révolutionnaire, caractérisé par un mélange de menaces et d’adjurations larmoyantes, style qui se retrouve dans les documents publics comme dans les correspondances privées, où le mot de « vertu » revient à chaque ligne et qui sue l’hypocrisie. Les souvenirs de l’antiquité y abondent comme si les « novateurs » avaient besoin de références ou voulaient faire montre de leurs connaissances.

    Dans ce grouillement de grands ou de petits ambitieux on peut déceler quelques catégories.

    Le plus grand nombre d’entre eux portent la marque du primaire et qui souffre de se sentir tel. La caractéristique du primaire, c’est d’avoir, sur toutes choses, des notions fausses, mais ancrées et un système pour les relier. Le dictionnaire de Bayle est un bon répertoire des thèmes primaires de l’époque, dont allait se repaître par la suite le XIXe siècle et que vint remplacer ultérieurement le mythe de l’évolution. Un autre trait du primaire est la combativité aigre et coléreuse, incapable de supporter la contradiction : « C’est ainsi et cela ne saurait être autrement. » Les hommes de la Révolution veulent, exigent qu’on soit de leur avis, de façon de plus en plus âpre, dans les assemblées comme dans les salons et la rue, et cela sous peine de déconsidération, puis de mort. Ils détiennent la formule ne varietur de la justice et de la vérité. Le doute ne les effleure même pas. Ce sont les dévots de la nouvelle manière et qui comportent aussi leurs tartufes. Car l’hypocrisie et le cafardisme sont de tous les partis.

    À côté des primaires et se mêlant à eux, il y eut aussi les ratés de la littérature, du barreau, de la bohème, les « neveux » ou « arrière-neveux de Rameau », qui aspiraient à n’importe quel emploi, et qui finalement échouaient dans une bureaucratie criminelle comme la Sûreté générale, ou simplement administrative, branlante, et fictive. Car la paresse et l’impéritie professionnelle jouèrent leur rôle dans le grand bouleversement politique et social de 1789. Ne pas faire ce que l’on a à faire, ou le faire faire par un autre, fit partie de l’Évangile des Droits de l’Homme.

      

      

    sources : http://www.actionfrancaise.net/craf/?Les-hommes-de-la-revolution,635

      

      

      

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