La femme au Moyen Age avait une condition inférieure à celle des hommes entend-on nous partout. "Elle avait moins de droits que les hommes"... Rien n'est plus faux! La femme au Moyen Age avait par exemple autant de "droits" et de pouvoir que l'homme aujourd'hui! Très certainement même bénéficiait-elle d'une bien meilleure considération que de nos jours...
Les canons de la femme
À partir du 12ème siècle, la femme idéale doit avoir la taille mince, les jambes longues, la poitrine haute et petite (les femmes qui ont une trop forte poitrine doivent la bander). Cette silhouette évolue ensuite pour prendre la forme incurvée d'un S: la tête légèrement inclinée vers l'avant, la poitrine effacée, le ventre et les hanches projetés vers l'avant.
Les fiançailles
La jeune fille reçoit un anneau qu’elle glisse à l’annulaire de sa main gauche, que l’on considère comme relié directement au cœur par une veine. Cette cérémonie ouvre une période de 40 jours, les bans.
Le mariage
Le modèle du mariage chrétien est une invention qui date du treizième siècle. Il s'agit en théorie d'un mariage unique, avec consentement des deux personnes et sans possibilité de divorce. Les jeunes couples se mariant sans le consentement des parents courent le risque d'être déshérités C’est le père qui choisit le conjoint de ses enfants. Les femmes se marient vers 15 ans, et les hommes vers 30 ans. Il est fréquent que les hommes de noblesse aient des concubines qui donnent naissance à ce que l'on appellera au onzième siècle des bâtards.
Si l'épouse est incapable de donner naissance à un héritier, ces bâtards peuvent parfois hériter de leur père. L'épouse en question, stérile ou ne donnant naissance qu'à des filles, peut aussi être répudiée par son mari, ce dernier voulant s'assurer une descendance.
L’homme est le maître et la femme est considérée comme une mineure.
CONDITION DE LA FEMME AU MOYEN AGE
La femme est considérée comme investigatrice du Pêché originel. Objet de l'hérésie soupçonnée de porter maléfices et poison.
Toujours inassouvie, incapable de maîtriser ses passions dévorantes
LE MARIAGE
Les relations amoureuses se partageaient en deux camps :
les serfs et autres paysans d'un côté, les nobles de l'autre. Les premiers, n'ayant ni pouvoir ni terres, pouvaient se permettre un sentiment amoureux, tandis que pour les derniers, le mariage n'était que l'expression d'intérêts politiques, militaires et économiques, bien loin des contingences amoureuses.
Pour l’Église, le couple doit être « consentant »
La cérémonie est ainsi sacralisée, bénie par un prêtre (mais il peut y avoir des exceptions).
Pour protéger la femme contre son mari, il est ordonné à celui-ci de lui constituer un douaire, un capital, dont le montant est fixé au tiers ou à la moitié de ses biens selon les régions.
Elles restaient propriétaires entières de leur douaire (ou dot)dont elles restaient totales gérantes, et repartaient avec leur billes en cas de divorce ou de veuvage (voir Aliénor d'Aquitaine....)
A la mort de la femme, le douaire revient aux enfants de son époux, même si elle est remariée.
La répudiation est interdite.
L'adultère est sérieusement condamné.
Le divorce n'est autorisé qu'en trois cas après une enquête de moralité effectuée par un prêtre et la consultation de témoins :
- la stérilité ou l'impuissance ;
- la consanguinité étendue au 7° degré de parenté ;
- l'ordination ultérieure de l'un des conjoints (de nombreuses femmes furent obligées d'entrer au couvent à une certaine époque. Charlemagne, pour former des alliances, n'hésita pas à utiliser ce procédé).
*En Écosse, la cérémonie peut se passer de la bénédiction d'un prêtre. Il suffit que les deux conjoints affirment devant témoins être mari et femme pour que le mariage soit effectif.
LES DROITS
Les femmes du petit peuple et les bourgeoises jouissent d'un assez grande liberté. Majeures à douze ans, elles sont libres de gérer leurs biens, de se marier et même de voter !
Bien des métiers leur sont accessibles y compris "barbier" (donc chirurgien). Il y a eu des femmes dans les corporation d'armuriers et chaudronniers…(Duby: histoire de la femme. Il y a 5 volumes suivant les différentes époques)
*Au XIVe siècle, la poétesse Christine de Pizan milite pour l'égalité des hommes et des femmes. Devenue veuve, pour faire face aux problèmes financiers, elle décide de faire un "métier d'homme" : écrivain !
Par contre : les premiers mouvements "anti-féministes" de la fin du Moyen-âge exclurent les femmes de certaines guildes.... (comme quoi cette si belle "Renaissance" ne l'a pas été pour tous et toutes!).
A savoir: il y a eu des fluctuations de ce statut au fil du temps et suivant les régions. La femme avait plus de droit dans le nord, dont les Flandres, Liège, Allemagne, qu' en Italie (encore influencée par le droit romain).
Les grossesses étaient la cause d'une mortalité féminine très importante, en raison des conditions d'hygiène déplorables.
Noble ou roturière, une femme dépassait rarement les 36 ans, alors que les hommes avaient une espérance de vie de 44 ans.
La femme enceinte, est très protégée. De par la Loi, elle peut déroger à une comparution devant un tribunal.
Lors d'une condamnation à mort, la sentence " ne sera mise à exécution " qu' après la naissance de l' enfant, car l'on ne donne pas la mort à celle qui doit donner la vie.
Pour la femme noble, il en va tout autrement.
Dans l'univers violent, agressif, essentiellement viril des châteaux, elle ne compte guère.
Son sort est lié à la terre, seule garantie du pouvoir. Ainsi est-elle une monnaie d'échange pour les seigneurs qui désirent accroître leurs biens et assurer une descendance.
Les fillettes sont promises parfois dès leur naissance à des hommes souvent bien plus âgées qu'elles.
Leur rôle est pourtant non négligeable puisqu'en l'absence de leur époux qui, lorsqu'il n'est pas en guerre, s'adonne à la chasse, c'est à elles de gérer et d'administrer leurs biens.
Le corps, la maternité et l’enfant
Accoucher, au Moyen Âge, à cause du manque d'hygiène et du peu de moyens dont disposent les sages-femmes, est risqué. Dans les jours précédant « l’enfantement », les parentes, amies et matrones investissent la salle commune. Les sages-femmes (appelées ventrières) font chauffer de l’eau dans une bassine et cuisinent un bouillon pour l’accouchée.
On se sert d’une chaise pour accoucher, en position debout ou à genoux, en s’appuyant ou non sur le dossier. Par manque de moyens adaptés, les grossesses difficiles sont souvent condamnées. L’emploi de la césarienne n’est autorisé que sur les femmes mortes.
Une fois sorti du ventre de sa mère, le nouveau – né reçoit une tape sur les fesses pour vérifier qu’il est bien vivant. La ventrière lui coupe le cordon en laissant 4 doigts et le noue. Puis l’enfant est lavé.
Chez les gens aisés : on le lave avec du vin ou de l’alcool et on le frotte avec du sel, du miel ou du jaune d’œuf. Chez les gens pauvres : on le frictionne avec de la paille humide et tiède.
Pour donner de belles formes, les matrones lui pétrissent le nez, le crâne, les membres et les mamelons (si c’est une fille ) au risque de causer des malformations. Le nouveau – né est ensuite emmailloté dans des langes très serrés, car on croit que s’il n’est pas rectifié dans les premiers jours, il aura les jambes et le dos tordus.
Les enfants
Les bourgeois ont l’habitude de faire appel à une nourrice. C’est une habitude venant du grand nombre de décès lors des couches. Vers 6 mois, on libère les bras puis, vers 1 an, on dégage ses jambes. On le coiffe d’un bonnet rembourré pour éviter les blessures à la tête. De nombreux nouveaux – nés sont abandonnés souvent à l’entrée d’une église ou devant la porte d’un hôpital. 3 enfants sur 10 ne passent pas la première année soit par manque d’hygiène, soit par maladie.
La prostitution
Pendant un certain temps, au Moyen Âge, l'Église contrôle la prostitution qui est chose légale. Habituellement, les prostituées sont des servantes, des filles rejetées par leur famille après un viol ou une grossesse clandestine et celles qui n'ont pu se trouver du travail. Le 11ème et le 13ième siècle furent des époques où l'on fit beaucoup pour les prostituées. L'Église considère alors ces femmes non comme des "filles perdues", mais comme des "brebis égarées". Elle les autorise à former une corporation avec tous les privilèges qui y sont attachés. Le pape Innocent III, dans une bulle de 1198, promet même la rémission des péchés aux hommes qui épouseraient une fille de joie...
Le viol
Mais la prostitution ne suffit pas à contrôler les "menaces" pesant sur les jeunes filles et les femmes mariées. La personne ayant commis un viol est punie, mais elle ne l'est pas toujours de la même manière. En effet, si la victime est une religieuse, une femme mariée ou une vierge, l'agresseur peut être pendu pour ce qu'il a fait. Cependant, s'il s'agit d'une femme d'une humble condition (une servante par exemple), il s'agit alors de verser à la victime ou à sa famille une indemnité. La punition est donc tributaire du statut social de la femme.
La vie professionnelle de la femme
En ville, elles travaillent dans le commerce, dans le secteur du textile et en alimentation. Les industries qui apparaissent comme le prolongement d'activités domestiques leur sont plus ou moins réservées: la boulangerie, la fabrication de la bière (en Angleterre, les femmes ont le monopole de la bière et de l"industrie laitière).
En campagne, elles aident leurs époux en aidant à faire la moisson et la fenaison.
Lingères, bonnetières, couturières, tavernières, blanchisseuses sont donc des métiers que les femmes du Moyen Âge ont occupés, mais il ne faut pas pour autant croire qu'elles étaient considérées égales aux hommes. En effet, les salaires féminins sont très inférieurs à ceux des hommes; le travail à domicile, très courant est particulièrement mal payé.
Les veuves
Une femme veuve peut devenir bénédictine ou dominicaine, mais il faut payer un droit d’entrée. Elle peut choisir de vivre seule, mais risque le viol collectif. Aussi beaucoup se remarient.
Source :alain.granier2.free.fr
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