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    La pierre de Rosette
     

      

    TOUT A COMMENCE en ce mois de juillet 1799, quand l’officier français Pierre Bouchard appartenant à l’expédition que Bonaparte mène en Egypte, exhume au pied du fort Rashîd, sur la côte méditerranéenne, une stèle de basalte noire. Sans le savoir, il vient de mettre la main sur un décret datant de Ptolémée V (ca 196 av J-C) retranscrit en trois écritures, grecque, démotique et hiéroglyphique: la Pierre de Rosette.
    Le moine bénédictin Dom Bernard de Montfaucon l’avait écrit: on ne pourrait déchiffrer l’égyptien ancien, langue restée jusque là hermétique aux savants européens, qu’en disposant d’“inscriptions d’anciens Égyptiens répétées ensuite en Grec”. De la rencontre de ce document et d’un jeune homme à l’intuition géniale, Jean-François Champollion va naître l’égyptologie.
     

      

    La pierre de Rosette
     

    La piste copte
     

    JEAN-FRANCOIS, dans sa prime jeunesse, va se révéler être un élève particulièrement doué pour les langues orientales. Cornaqué par son frère aîné, Jacques Joseph, il va étudier à Figeac puis à Grenoble, le latin, le grec, l’hébreu mais aussi l’arabe, le syriaque et l’araméen. Son intelligence des langues le conduit très tôt à comprendre la parenté qui existe entre les grandes langues sémitiques. Lors de son premier séjour grenoblois (1801-1806), il fait la connaissance d’un moine syrien revenu d’Égypte avec l’armée française, dom Raphaël de Monachis, qui incite le jeune étudiant à s’attaquer à l’éthiopien et surtout au copte.
     

      

    L’élève mettra un certain temps à redécouvrir ce que des érudits français avaient énoncé deux siècles plus tôt et que les Coptes eux-mêmes n’avaient cessé de clamer à savoir que leur langue n’est autre qu’une forme tardive de l’ancien égyptien. En 1807, Champollion alors âgé de 16 ans, présente un mémoire à l’Académie de Grenoble, dans laquelle il défend cette thèse. Sa passion pour l’Égypte ne fait que grandir; il écrira cette même année: “Je veux faire de cette antique nation une étude approfondie et continuelle (...) De tous les peuples que j’aime le mieux, je vous avouerai qu’aucun ne balance les Égyptiens dans mon cœur.”
     

    Papyrus Copte
     

    Peu de temps après, Champollion part pour la capitale, fréquenter les cours d’arabe, de persan, d’hébreu, de syriaque, d’araméen et même de chinois, dispensé par les savants professeurs de l’École spéciale des langues orientales, fondée en 1795. Champollion continue toutefois d’approfondir son hypothèse copte, une langue, écrit-il à son frère, qu’il ne fait pas que parler, mais dans laquelle il rêve ou traduit tout ce qui lui passe par la tête: “Je travaille. Et je me livre entièrement au copte. Je veux savoir l’égyptien comme mon français parce que sur cette langue sera basé mon grand travail sur les papyrus égyptiens.”
    Confronté au manque de matériaux sur le copte, il va composer ses propres outils: deux grammaire, l’une du saïdique, l’autre du bohaïrique (deux dialectes coptes), ainsi qu’un dictionnaire. Dans le processus de la découverte, l’établissement de ce dictionnaire copte va constituer une étape clé.
     

    Jacques-Joseph Champollion dit Champollion-Figeac, le mentor de Jean-François
     

    Champollion s’attaque aux hiéroglyphes
     

    LES PREMIERS TRAVAUX PUBLICS de Champollion datent de 1810. De retour à Grenoble où il vient d'être nommé professeur d'histoire, il livre à l'Académie de cette ville, ses premières conclusions sur la nature des écritures des anciens Égyptiens: la première communication réaffirme l'origine commune des trois principaux types d'écriture utilisés par les Égyptiens, hiéroglyphique, hiératique et démotique, la seconde traite du sens des signes hiéroglyphiques. Ces derniers, empruntés à l'univers réel ont longtemps fait croire qu'il ne pouvait s'agir que de symboles ou d'idéogrammes. Champollion défend également l'idée selon laquelle ils doivent aussi transcrire des sons, puisqu'ils servent à écrire des noms de personnes.
    Champollion ne fut pas le premier à défendre cette thèse: en 1761, l'abbé Barthélémy avait émis l'hypothèse selon laquelle les cartouches enfermeraient des noms royaux. Dans la même veine, le diplomate suédois Åkerblad avait à partir de la pierre de Rosette réussi à identifier tous les noms propres.
    Les recherches de Jean-François sont brutalement ralenties par la chute de l'Empire. Bonapartistes, les frères Champollion doivent s'exiler à Figeac, loin des précieuses bibliothèques. Et cela tombe très mal, car en Angleterre, un jeune médecin-physicien, Thomas Young s'est engagé dans la course aux hiéroglyphes et s'affirme comme un prétendant sérieux au déchiffrement. Comme Champollion, Young a compris l'identité du copte et de l'égyptien.

    Il a identifié sur la pierre de Rosette le nom de 'Ptolémée', le déterminatif qui indique la désinence du féminin ainsi que quelques expressions. Plus important encore, il a le premier reconnu dans l'égyptien la coexistence de signes alphabétiques et non alphabétiques. Enfin, dès 1814, il a noté que certains signes démotiques dérivaient de signes hiéroglyphiques.
     

    Extrait de l’article de Young dans lequel il pressent l’existence de hiéroglyphes phonétiques
    Après quelques moments d'abattement, Champollion continue de progresser pas à pas. Il identifie des groupes, en général des épithètes, dont , "dieu parfait" qu'il traduit par référence à la version grecque. Il sait également comment les Égyptiens évoquent l'idée du pluriel
    Il se heurte par ailleurs à des obstacles de taille.

      

      

      

    Tout d'abord, les copies de hiéroglyphes dont il dispose ne sont pas toujours très fiable. Or il opère par comparaison de segments de phrase ce qui le mène souvent au contre-sens: il traduit ainsi l'expression,

     , "remplissant tous les deux jours les fonctions de Ptérophore du dieu", alors que la séquence véritable,

    , ne signifie que "(Ramsès) em-per-Rê justifié de voix". Ensuite, Champollion persiste à essayer de démontrer la nature fondamentalement idéographique des hiéroglyphes en essayant d'associer à chaque signe une valeur sémantique ce qui l'amène à des conclusions douteuses: ainsi dans le groupe qui désigne le nom d'Osiris (Ousir), il voit comme une prière signifiant: (regarde-moi favorablement ô puissant dieu)!

     

      

    Champollion devant l’Académie LE 27 AOUT 1821, il présente à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de Paris, ses premiers résultats, affirmant notamment que l'écriture démotique n'est qu'un dérivé du hiératique, lui même une version cursives des hiéroglyphes. Puis il dresse un tableau de correspondance entre les signes hiératiques et les signes hiéroglyphiques dont ils procèdent.
    Un peu plus d'un an plus tard, le 27 septembre 1822, Champollion est invité par l'Académie à présenter des résultats qui vont révolutionner l'égyptologie.

      

     Il est parti des travaux de Young qui avait proposé une transposition du cartouche de Ptolémée, selon toutefois un découpage très aléatoire. Champollion émet lui l'hypothèse que comme pour certaines autres langues de la région, seule les voyelles sonores sont retranscrites à l'aide de semi-voyelles; ainsi "Ptolemaios" en grec, devenait en égyptien "Ptolmys":
     

    Traduction des cartouches de Ptolémée et de Cléopatre
     

    En traduisant le nom de Cléopatre en "Kleopatrà", il valide son hypothèse et peut présenter la valeur alphabétique de onze signes dont quatre semi-voyelles. Il montre également qu'en certains cas pour un même son, il peut exister plusieurs signes; ainsi le 'L' peut être transcrit par un lion ou une bouche . Pour renforcer cette thèse alphabétique, il avance également le fait que sur la pierre de Rosette, 486 mots grecs sont retranscrits en 1419 hiéroglyphes. Cet écart indique à l'évidence que les hiéroglyphes ne peuvent transcrire des mots.

      

    Et c'est à partir de ses conclusions partielles que Champollion expose sa thèse: il existe une différence de nature entre la langue égyptienne proprement dite et son usage pour transcrire approximativement des sons: l'écriture hiéroglyphique est à la fois idéographique et alphabétique. Pour rédiger sa communication qu'il dédie au secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, Bon-Joseph Dacier, Champollion se fait aider par son frère. Celle-ci est un succès.
     

      

    Lettre à M. Dacier
    L’aventure continue
     

    POURTANT ON EST ENCORE LOIN d'avoir appréhendé toute la richesse de l'écriture des anciens Égyptiens. Déjà, Champollion n'a pas révélé certains de ses résultats qui le laissent encore perplexe car ne permettent pas de trancher nettement quant à la nature idéographique ou alphabétique des hiéroglyphes. Un cartouche recopié par l'architecte Jean-Nicolas Huyot à Abou-Simbel, lui donne du fil à retordre et met sa logique à rude épreuve. Graphié , il n'est pas difficile d'en traduire les deux derniers signes car on les retrouve dans le cartouche de Ptolémée: ce sont des 'S'. Le premier signe, un cercle pointé, semble quant à lui représenter le soleil.

      

    Or Champollion sait, d'après le copte, que le soleil se lit "Rê". Reste le signe central. Il figure sur la pierre de Rosette dans une expression traduite en grec par "anniversaire". Champollion le rapproche donc du copte "hou-mice" qui signifie "jour de naissance" et en déduit que ce signe correspond au mot copte "micé", qui se traduit par "mettre au monde".

      

    Dès lors, il est en mesure de traduire un des noms les plus célèbres de l'histoire: Râ-mes-es-es, Ramsès, qu'il peut traduire par "Rê l'a mis au monde". Sur le même principe, il transcrira le cartouche de Thoutmôsis, , car il ne diffère de celui de Ramsès que par le premier signe: au lieu du dieu Rê, nous trouvons le dieu Thot (un ibis)!
    En 1823, Champollion présente à l'institut plusieurs communications sur le système hiéroglyphique. La même année, il publie son Panthéon égyptien, qui connait un vif succès. Un an plus tard, paraît le Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens dans lequel il compile l'ensemble de ses recherches sur les noms de dieux et rois égyptiens et il expose l'organisation d'ensemble de l'écriture en signes phonétiques et idéographiques.

      

    Les premiers comportent une, deux ou trois consonnes, le groupe des unilitères (25 signes) formant le premier véritable alphabet de l'humanité. Les seconds se répartissant en idéogrammes qui désignent directement l'objet et en déterminatifs qui permettent de distinguer des mots formés de consonnes apparemment homophones. 
     

      

    Alphabet hiéroglyphique
    Et s’achève prématurément
     

    Champollion l'égyptien
    DE 1824 A 1825, Champollion se rend à Turin pour étudier la collection d’antiquités égyptiennes qu’a acquis le souverain de Piémont-Sardaigne. C’est l’éblouissement. Champollion découvre là les fragments du papyrus royal de Turin, vestige de l’époque de Ramsès II. Il rétablit datations et dynasties, fait œuvre d’historien.
    Nommé le 14 mai 1826, directeur de la section égyptienne du musée Charles X du Louvre, pour qui il étudie et classe les collections raportées par l’expédition de Bonaparte, Champollion ne rêve toutefois que d’Égypte. Le 18 août 1828, il réalise son souhait le plus cher et débarque au pays des pharaons dans le cadre d’une mission franco-italienne.

      

    Il exulte et clame aux “Lilliputiens” européens que “L’imagination qui, en Europe, s’élance bien au-dessus de nos portiques, s’arrête et tombe impuissante au pied des cent quarante colonnes de la salle hypostyle de Karnak.”
    Il ne reviendra en France que dix-sept mois plus tard, chargé d’une masse de notes, traductions de textes, étymologies, récits historiques, appréciations botaniques... l’égyptologie vient de naître. Mais son créateur ne sera pas là pour en voir les premiers pas. Il s’éteint le 4 mars 1832. Les Monuments d’Égypte et de Nubie, sa Grammaire égyptienne et son Dictionnaire égyptien ne seront publiés qu’après sa mort sous la supervision de son frère.
     

    Notes de travail de Champollion qui serviront de matière première aux ouvrages posthumes que fera paraitre son frère

      

     

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    L'HISTOIRE FABULEUSE de l'ECRITURE - l'ARMENIEN et le GEORGIEN ( IV )

     Des écritures originales

      



    Enluminure arménienne d’un manuscrit du XIIIe siècle

    LA LANGUE ARMENIENNE appartient à la famille linguistique indo-européenne et forme avec le géorgien, et d’autres dialectes parlés dans le Caucase, un groupe spécifique.
    Les alphabets arménien et géorgien sont voisins et vraisemblablement apparentés. La légende leur a donné un père commun: Saint Mesrob.

     

    La légende de Mesrob

    LES ECRITURES TROUVENT BIEN SOUVENT leurs racines dans la religion. Celles des peuples arméniens et géorgiens confirment cette règle. Selon une tradition solidement établie qui nous a été transmise par l’historien arménien du Ve siècle, Moïse de Korène, l’invention des alphabets arméniens et géorgien est ainsi attribuée à saint Mesrob
    Ce dernier, secrétaire à la cour des rois arméniens Varazdatès et Arsakès, avait quitté ce poste prestigieux pour se consacrer à la vie religieuse. A l’époque vers la fin du IVe siècle, la cour arménienne utilisait l’écriture perse appelée pehlevi. Les Arméniens, convertis au christianisme depuis un siècle, se résignaient toutefois difficilement à tenir leur écriture des fervents de Zoroastre.
    Mesrob, qui avait apprit l’alphabet grec d’un rhéteur d’Edesse dénommé Platon et du moine Ruphanos, élabora un alphabet arménien original, à la suite d’une révélation divine si l’on en croit la légende. A l’aide de cet alphabet, il transcrivit sa traduction arménienne du Nouveau Testament. En 406, du vivant de Mesrob, un édit du roi d’Arménie imposait son emploi dans tout le royaume.
    Ce n’est que par la suite que le saint homme se serait rendu dans le royaume voisin de Géorgie pour donner à ce pays, en accord avec son roi de l’époque, Artchal, une écriture nationale. Mesrob disparut en 441.

    Couverture en cuir d'un manuscrit du XIIIe siècle

     

    L'alphabet Arménien

    L’ALPHABET ARMENIEN ne compte pas moins de trente neuf caractères et, à la différence des écritures sémitiques utilisées dans les états voisins de l’est et du sud du Caucase, possède une notation intégrale des voyelles. Comme ces lettres ne font jamais double emploi, l’alphabet arménien constitue un instrument d’une belle précision phonétique. Elle reprend au grec 22 sons auquel elle attribue ses propres signes et ajoute 14 signes destinés à noter des sons étrangers au grec. L’écriture arménienne, comme la grecque à laquelle elle est partiellement apparentée, use à la fois de majuscules et de minuscules.

     

    La question des origines

    Son origine est toujours discutée, la légende de Mesrob comme toutes les légendes de nature politique étant sujette à caution. Un fait prèche toutefois en faveur de cette thèse: l’alphabet arménien de par sa précision et sa cohérence semble bien avoir été élaboré en une seule fois, et n’est pas le fruit d’une longue évolution, comme l’alphabet latin ou grec.
    Par ailleurs, les spécialistes se sont longuement entredéchirés pour savoir s’il fallait chercher le modèle de l’écriture arménienne du côté de l’écriture grecque ou de son homologue perse. Le débat de son origine, semble actuellement pencher en faveur de l’écriture occidentale. En effet, le principe de la notation intégrale des voyelles est une conception fondamentalement étrangère au peheveli. Ensuite, plusieurs de ses lettres ont manifestement été empruntées au grec. Enfin, l’alphabet arménien s’écrit de gauche à droite et non de droite à gauche comme le peheveli.
    Pourtant, en faveur de la thèse perse, il est toutefois possible d’avancer l’argument selon lequel les formes des signes de l’alphabet arménien sont passablement inspirées de celles des caractères persans alors en usage en Arménie.
    Pour trancher entre les deux théories, l’historien de l’écriture James Février, propose de replacer la question de l’alphabet arménien dans son contexte politique: destiné à transcrire en arménien les textes bibliques et la littérature chrétienne, il parait peu probable que l’on ait imité une écriture trop liée à une religion rivale.

     

    Graphisme de l’écriture

    Initialement, l’alphabet était formé d’une seule série de lettres de type oncial (erkathagir), qui sont par la suite devenues les majuscules de l’alphabet moderne. Ces dernières, également appelées lettres de fer sont aujourd’hui complétées par une série de minuscules (bolorgir ou lettres rondes).
    V

    ers la fin du moyen âge apparut une écriture cursive (notrgir), en usage en typographie et qui fit le même usage que notre italique. Cette écriture, aujourd’hui dépassée, est remplacée par un autre caractère d’aspect droit (aramian du nom de son créateur).
    Le bolorgir, quant à lui, a évolué pour devenir plus aisé à lire, mais a conservé son aspect penché.

    Alphabet arménien

     

    L'Alphabet Géorgien

    ON L’A VU LA LEGENDE attribue également à Mesrob la création de l’écriture géorgienne. C’est vrai que certaines lettres offrent des similitudes frappantes et que d’autre part le nombre des caractères est à peu près le même (entre 36 et 40) de même que les valeurs phonétiques qui leurs sont attribuées.
    Une autre tradition géorgienne attribue toutefois l’invention de cette écriture par le roi Parnavas au IIIe siècle.

     

    Présentation

    L’alphabet géorgien est appelé anban du nom des deux premières lettres. Il en existe deux variétés, assez proches l’une de l’autre pour que leur parenté, non plus que leur rapport avec l’écriture arménienne, ne fasse aucun doute, mais assez différentes pour qu’il soit impossible a priori de dire qu’elles dérivent l’une de l’autre. Ce sont le khutzuri et le mkhedruli.
    Le khutzuri ou caractère ecclesiastique se rencontre dans les documents les plus anciens, en particulier dans les textes religieux.

      

    Il compte 38 lettres, plus le f, qui comme en arménien, ne sert qu’à la transcription des mots d’origine étrangère. Il n’est guère plus utilisé aujourd’hui, sauf pour des usages religieux.
    Le mkhedruli (en fait mkhedruli kheli ce qui veut dire «main du soldat»), contraste par son aspect cursif, ses formes arrondies, avec l’aspect anguleux, le dessin carré des caractères khutzuri. Il compte au total quarante lettres, dont sept ne servent plus aujourd’hui. A la différence des alphabet khutzuri et arméniens, il ne possède pas de majuscules. Il existe également une forme cursive de cet alphabet, très riche en ligature, employée pour l’écriture manuscrite. Les alphabet géorgiens ont conservé plus fidèlement que l’alphabet arménien l’ordre primitif des lettres. L’antériorité du mkhedruli sur le khutzuri n’est pas avérée.

     

    Origine grecque contre perse

    Comme pour l’alphabet arménien, les spécialistes se chamaillent pour savoir si les alphabets géorgiens sont issus de l’écriture grecque ou perse. Pour le khutuzuri, Février estime que son inventeur s’est inspiré des deux écritures. La forme des lettres, leur ordre, voire leur nom font pencher vers la thèse perse, mais la présence des trois lettres grecques déjà mentionnées dans l’alphabet arménien ainsi que celle des cinq voyelles du grec font pencher vers la thèse héllénistique.

    Alphabet géorgien

    AU-DELA DES POLEMIQUES DE SPECIALISTES, un fait demeure: malgré le faible nombre de personnes qui les utilisent, et malgré 50 ans de russification forcée à l’époque soviétique, les alphabets arméniens et géorgiens survivent, parfois même au delà de leur Caucase originel, diasporas obligent.
    Ces écritures font partie intégrantes du patrimoine culturel de ces peuples caucasiens qui n’y renonceraient pour rien au monde.


    Tomar Grigorieann havitenakan Rome: D. Basa, 1584

     

     

     

     

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    L’écriture chinoise en Corée

     

    C’EST SOUS L’IMPULSION DE LA PROPAGANDE BOUDHISTE que l’écriture chinoise fut introduite en Corée vers le fin du IVème siècle. Au VIIIème siècle, son emploi était déjà très répandu chez les lettrés et sera utilisée pour transcrire aussi bien les langues chinoise et que coréenne.
     
     
     
    Toutefois l’usage de l’écriture idéographique chinoise pour transcrire le coréen, langue agglutinante à flexions, riche en désinences, n’était pas sans poser de nombreuses difficultés, car elle ne permettait pas de noter ces articulations du langage sans laquelle la phrase ne peut être comprise.
     
     
     
    En 697, le lettré Sel Tchong assigna à un certain nombre de signes chinois un rôle phonétique tout en en modifiant légèrement la prononciation pour tenir compte des spécificité de la langue coréenne. Ainsi le mot ‘hou qui signifie « porte » en chinois devint le signe syllabique transcrivant le son ro. Ce système, dit du complément syllabique, permettait ainsi de transcrire à côté de l’idéogramme chinois, la désinence du mot coréen. Il connut un vif succès et survécut jusqu’à l’invasion japonaise en 1894.
     
     
     
     
     
     
    Le roi Sejong
     
     
     
    Le Hangul, une écriture scientifique
     
     
     
    DEPUIS LA FIN DU XIIIE SIECLE, la Corée était un royaume vassal des empereurs mongols qui régnaient alors sur la Chine. Ces derniers au début du XIVe siècle, avaient été amenés à changer leur propre écriture au profit de l’alphabet galik, un compromis entre l’écriture tibétaine de type indien et l’écriture ouigour de type araméen.
     
     
     
    Les Coréens furent touchés par ces soubresauts culturels avec un léger décalage (entre temps, les Mongols avaient été renversés en Chine par Hong-Wou, fondateur de la dynastie des Ming).
     
     
     
     
    Un roi éclairé
     
     
    Dans la première moitié du XVe siècle, régnait sur le royaume de Corée, le roi Sejong (1419-1451). Ce dernier était un monarque éclairé et cultivé. En 1434, il promulgua un décret dans lequel il demandait à son administration de rechercher « les hommes de savoir et de sophistication, qu’ils soient ou non de noble naissance, afin de les encourager à apprendre à lire au peuple, même aux femmes et aux filles. ».
     
     
     
     
    Il envoya également des missions à Nankin et Pyolmun afin de chercher des conseils sur la possibilité d’introduire dans son royaume une écriture simplifiée. Ces missions ayant échoué, le roi avec l’assistance de lettrés de sa cour, inventa la nouvelle écriture (1443). En 1446, le roi Sejong promulgua un décret, Oje Hunmin Chongum, « La vraie prononciation enseignée au peuple » par lequel il introduisait la nouvelle écriture dite pân tchel. Elle suscita la dérision des lettrés de l’époque, attachés à l’écriture chinoise, et à travers elle au pouvoir que leur conférait sa maîtrise et qu’ils baptisèrent « écriture vernaculaire ».
     
     
     
     
    Dans la préface de l’Hunmin Chongum, le roi Sejong explique clairement ses motivations: « La langue coréenne étant différente de la langue chinoise, les caractères chinois ne la rendent pas suffisamment. C’est pourquoi, les gens du peuple désirent une chose et n’arrivent pas à exposer leurs sentiments: cela est fréquent. Emu de pitié, j’ai inventé vingt-huit caractères qui seront facilement appris de tous et serviront aux usages quotidiens. »
     
     
     
     
    L’alphabet pân tchel
     
     
    Il s’agissait à l’origine, d’un véritable alphabet de 28 signes comprenant voyelles et consonnes. Le pân tchel, par son principe même, est d’une grande simplicité qui témoigne de son caractère artificiel et de l’esprit scientifique de son créateur. C’est ainsi que l’adjonction d’un simple trait permet de former ‘KH’ à partir de ‘K’, ‘TH’ à partir de ‘T’ ou encore ‘PH’ à partir de ‘P’.
     
     
     
    Originellement, le pân tchel devait servir à décomposer phonétiquement les idéogrammes chinois. Ce n’est qu’ultérieurement qu’il fut appliqué à la transcription de la langue coréenne elle-même. Pour ce faire, il fut légèrement modifié en créant des signes pour transcrire les sons qui n’existent pas dans la langue chinoise telle que ‘b’, ‘g’ ou encore ‘d’ en adjoignant un accent aux signes des sourdes correspondantes, ‘p’, ‘k’ et ‘t’. Par ailleurs, certains signes disparurent, les formes d’autres furent modifiés. C’est ainsi qu’on passa de 28 signes originels à 25 signes aujourd’hui, 14 consonnes et 11 voyelles.
     
     
     
     
     
    Bloc imprimé ancien reprenant les explications du Roi Sejong et décrivant le Hangul et son équivalent en caractères chinois
     
     
     

    Du Pân tchel au Hangul

     

     

     

    LA SIMPLICITE QUI CARACTERISE LE PAN TCHELdes origines ne résista pas à l’usage qu’en firent les scribes coréens. Les conditions matérielles de la graphie y ont peut-être contribuées. Les Coréens écrivaient en effet de haut en bas, alignant les colonnes de droite à gauche. Pour gagner de la place et par souci de symétrie, ou peut-être par mimétisme avec les Chinois qui juxtaposent une clef phonétique à presque tous les idéogrammes, les scribes coréens firent figurer à côté de chaque consonne, la voyelle dont elle est pourvue. D’autre part, ils modifièrent la forme des deux caractères ainsi groupés de façon à faire approximativement rentrer le signe ainsi constitué dans un carré. Ils transformèrent ainsi de facto une écriture alphabétique en écriture syllabique.
     
    Ce n’est qu’au début de ce siècle que le terme de Hangul, , « la grande écriture » sera introduit par Chu Shi-Gyong pour désigner l’écriture coréenne. Il apparut pour la première fois dans le nom d’un institut d’enseignement de la langue coréenne, le Han-gulmo puis repris dans le titre d’un livre paru en 1913, Han-gulpuri.
     
     
     
     
     
    Alphabet coréen de 1446
     
     
    Le Hangul au XXe siècle
     
     
    C’était une époque sombre pour la Corée alors occupé par le Japon (1894-1945). Les autorités d’occupation essayèrent de substituer l’usage de leur langue ou à défaut des écritures japonaises et chinoises à celles, respectivement, du Coréen et du Hangul.
     
     
     
     
    Par passion nationaliste et du fait de sa proximité avec la Chine, le régime dictatorial de Corée du Nord imposa sur son territoire l’usage systématique du Hangul, alors qu’en réaction, les Coréens du Sud continuèrent à faire cohabiter les deux systèmes. Aujourd’hui encore, les personnes cultivées en Corée du Sud, préfèrent écrire leur nom en idéogrammes chinois, même si l’usage du Hangul est maintenant généralisé dans les deux Corées.
     
     
    Paradoxalement pour un pays aussi fermé qu’a pu l’être la Corée, le Hangul doit beaucoup à l’usage qu’en firent les missionnaires chrétiens qui virent dans ce système simple à enseigner un outil puissant au service de la diffusion de leurs idées. C’est ainsi qu’ils firent imprimer en Hangul de nombreux ouvrages : Nouveau Testament, grammaires, dictionnaires, etc.
     
     
     
    Description de l’alphabet coréen
     
     
    SUR LES 14 CONSONNES, 8 lettres peuvent être considérées comme les consonnes pivots ; chacune d'elle a un nom propre. Il s'agit du 'k' (kiök), 'n' (iün ou niün), 't' (tjigüt), 'l/r' (iül ou riül ou niül), 'm' (miom), 'p' (piop), 's' (piop) et 'ng' (ihäng). Ce dernier son est d'ailleurs assez proche d'une voyelle puisqu'il s'agit d'une nasale finale. A ces 8 lettres, il faut ajouter les lettres 'ch', 'h' et quatre consonnes utilisées uniquement avant une voyelle : 'kh', 'th', 'ph' et 'ch'.
     
    Graphiquement, les cinq consonnes principales sont dérivés des formes des organes vocaux ( ), les 9 autres étant dessinés en adjoignant des traits ou en modifiant légèrement la forme des consonnes de base.
     
     
    Les onze voyelles prennent place sous le nom de i entre les lettres 's' et 'ng' dans l'alphabet coréen. Il s'agit du 'a', 'ya', 'ö', 'yö', o, 'yo', 'u', 'yu', 'i-ü' et le 'a' court auxquels il faut ajouter les lettres 'ya', 'yö', 'yo' et 'yu' qui sont des variantes des lettres 'a', 'ö', 'o' et 'u'. Ces voyelles ont deux formes, une forme complète quand elles sont en position initiale et une forme abrégée quand elles sont le complément d'une consonne.
     
     
     
     
    Graphiquement, trois des voyelles symbolisent les trois éléments de la philosophie orientale du Yin et du Yang : '.' symbolise les cieux, '' représente la terre et '' rappelle l'humanité. Les huit autres voyelles ne sont que des combinaisons des trois voyelles fondamentales: .
     
     
    Le Hangul combine ensuite consonnes et voyelles pour constituer des syllabes au dessin parfaitement rationnel et logique comme : . La méthode de composition des mots est donc assez similaire à celle des kana japonais.
     
     
     
     
     
     
    Alphabet coréen moderne
     
     
     
    Le Hangul : un alphabet parfait ?
     
     
    DE NOMBREUX SPECIALISTES CONSIDERENT LE HANGUL comme le plus parfait système d’écriture d’un point de vue scientifique. Ils justifient leur point de vue en notant la construction systématique du Hangul qui repose sur la forme des organes vocaux lorsqu’ils prononcent le son. Ainsi, le ‘T’ dans notre alphabet occidental représente un son qui n’a rien à voir avec la forme des organes vocaux. Son homologue coréen ‘’ représente la manière dont la langue touche le palais supérieur.
     
     
    Une autre des caractéristiques les plus intéressantes du Hangul est sa facilité d’apprentissage et ce aussi bien pour des Coréens que pour des étrangers. Il y a une dizaine d’année, l’UNESCO a reconnu cette spécificité remarquable en instituant le prix de littérature du Roi Sejong qui honore les personnes qui ont contribué à l’éradication de l’illétrisme dans le monde. Grâce au Hangul, la Corée a ainsi un des plus bas taux d’illétrisme dans le monde.
     
     
    Toutefois, ces points sont à nuancer. En effet, tous les sons de la langue coréenne ne sont pas retranscris dans le Hangul. Il n’existe ainsi pas de signes distincts pour exprimer les sons ‘g’, ‘b’, ‘d’ et ‘j’ qui existent pourtant en coréen et sont représentés par les lettres ‘k’, ‘p’, ‘t’ et ‘ch’.
    Il n’en reste pas moins que le Hangul répond parfaitement à la fonction d’une écriture à savoir de retranscrire aisément, lisiblement et le plus fidèlement possible une langue. Les Coréens en sont bien conscients eux qui fêtent tous les 9 octobre le Hangul Day.
     
     
     
     
     
    Ouvrage ancien composé en Hangul
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    L'HISTOIRE FABULEUSE de l'ECRITURE ARABE

      
      
     
      
      
    Les origines nabatéennes de l’écriture arabe
     
     
    LE DEVELOPPEMENT DE L’ECRITURE est chez les Arabes tardif du fait de leur état nomade qui favorisait surtout une culture orale. D’ailleurs, à la naissance de l’Islam, au début du VIIe siècle, le Coran fut d’abord diffusé par la tradition orale.
     
     
     
    Inscription nabatéenne de Aslah de Pétra, Ier siècle avant .J-C
     
     
    L’arabe appartient au groupe des écritures sémitiques consonnantiques ainsi appelées parce que de fait, seules les consonnes sont représentées. La plupart des spécialistes s’accordent aujourd’hui à penser, que l’écriture arabe dérive de l’écriture nabatéenne elle même d’origine araméenne. Les Nabatéens, installés sur les terres bibliques du royaume d’Edom en Arabie du Nord (actuelle Jordanie) vers le IVe siècle avant Jésus-Christ et dont la capitale était Pétra, parlait une langue araméenne et écrivait en araméen.
     
     
     
    Inscription nabatéenne de la tombe du poète Imru’ al-Qays à Namarah (328)
     
     
    Progressivement s’est développé une écriture cursive formelle spécifiquement nabatéenne qui se distinguait de l’araméen par la présence de ligatures. Ce développement s’est doublé d’une évolution dans la langue parlée par les Nabatéens avec l’introduction progressive de termes et de constructions grammaticales arabes. C’est ainsi que vers le 2e siècle après Jésus-Christ, les Nabatéens parlaient majoritairement arabe comme l’atteste l’origine arabe de leurs noms et ne conservaient l’araméen, dans une version arabisée, que comme langue officielle.
     
     
     
    Agrandissement inscription précédente
     
     
    L’écriture arabe est donc née aux alentours du VIe siècle de l’écriture cursive nabatéenne. Elle s’est progressivement répandue à l’époque de Mahomet à La Mecque puis à Médine. S’est ainsi développée la première écriture spécifiquement arabe, le Jazm, dont la raideur, l’angulosité et la proportion égale de ses lettres rappelle la graphie coufique. L’écriture Jazm devint bientôt celle de tous les Arabes et « assuma le statut de l’écriture sacrée que Dieu avait spécialement choisie pour transmettre à l’humanité son message divin. » (Safadi).
     
     
     
     
    Ecriture cursive ancienne tirée d’une inscription datée de 677
     
     

    Les premiers développements calligraphiques

     
    L FAUT SOULIGNER le rôle central que le Coran a joué dans la formation de l’écriture arabe. Le besoin de consigner le Coran par écrit obligea précisément les Arabes à réformer leur écriture et à l’embellir, pour la rendre digne de la révélation divine. Omar, ami du Prophète et futur calife, pressa le premier calife Abu Bakr de mettre le Coran par écrit; ce travail fut réalisé par le secrétaire du Prophète Zayd ibn Thabit. Cette rédaction, codifiée sous le troisième calife Othman, fut copiée en cinq exemplaires qui furent expédiés dans les principales contrées de l’empire. Les copies ultérieures du Coran sont dérivées de ces premiers exemplaires, réalisés à l’époque en Jazm. À cette époque apparurent des variantes médinoises et mecquoises du Jazm, le Mail (écriture couchée), le Mashq (écriture allongée) et le Naskh (inscriptionnel); seules les deux dernières perdurèrent
     
     
    Le successeur de Othman, le cousin de Mahomet et son beau-fils, Ali Ibn Ani Talib est considéré comme le premier maître de la calligraphie en développant un style particulier de coufique.
     
     
     
    Écriture Mashq d’un Coran
     
    Les Écritures Coufiques
     
     
    L’écriture coufique est née à Kufah, dans la deuxième décennie de l’ère islamique. Grandement inspirée de l’écriture de la ville voisine de Hirah, al-Khatt al-Kufi (« écriture coufique » en arabe) est caractérisée par une graphie originale fondée sur son angulosité et ses formes carrées prononcées, faites de courts traits verticaux et de lignes horizontales prolongées. Contrastant avec ces verticales basses, les lignes horizontales sont allongées.
     
     
    Parallèlement, l’écriture Mashq développa des caractéristiques individuelles et devint légèrement plus cursive, avec un profil vertical bas et des traits horizontaux allongés.
     
     
     
    Inscription coufique omeyyade aux lettres triangulaires, dédicace d’un bassin construit pour le Calife Hisham (724-743)
     
     
    L’écriture coufique atteignit sa perfection dans la seconde moitié du VIIIe siècle et acquit de facto une prééminence qui dura plus de trois siècles: elle devint l’unique écriture employée pour la copie du Coran. L’austérité des origines, fut alors dépassée avec le développement de l’écriture coufique ornementale. Son élégance simple en fit une écriture très prisée pour des usages épigraphiques. Son développement se poursuivit jusqu’au XIIe siècle, date à laquelle l’écriture devint essentiellement décorative.
     
     
     
    Coufique fleuri
     
     
    Le Coufique oriental est une variante développée par les Perses à la fin du Xe siècle qui se distingue du Coufique traditionnel par ses longs déliés qui restent verticaux, avec des barbelures au sommet, et ses traits courts inclinés ou penchés vers la gauche, donnant ainsi un mouvement dynamique vers l’avant. La plus fameuse de ces écritures est l’écriture Qarmate dans laquelle les caractères du Coufique oriental sont intégrés à un fond richement enluminé, fait de motifs floraux et d’arabesques.
     
     
     
     
     
    Ecriture qarmate
     
     
    Réformes et codification de l’écriture arabe
     
     
    OUR REPONDRE au besoin impérieux d’apprendre l’arabe aux nouvelles contrées conquises par les Musulmans, il s’avéra rapidement impérieux de conduire certaines réformes afin d’établir de manière définitive la pronociation correcte du Coran.
     
     
     
    La réforme de l’écriture arabe
     
     
    Abou al-Aswad al-Douali (?-688) fut le fondateur de la grammaire arabe et inventa le système de signes diacritiques qui consiste à placer de grands points colorés pour indiquer les éléments du discours arabe non représenté par des lettres.
     
     
    Ce travail fut complété par le vice-roi omeyyade al-Hajjaj Ibn Yousouf al-Thaqafi, qui pour régler le problème de la différenciation des consonnes qui partageaient une forme identique, demanda à Nasr Ibn Asim et Yahya Ibn Yamour d’imaginer un système fondé sur l’usage de petits points noirs placés au-dessus et au-dessous du contour de la lettre par groupes de deux ou trois.
     
     
    Le développement des écritures cursives
     
     
     
    L’écriture arabe, depuis ses origines, s’est divisée en deux très larges catégories - le Moqawwar wa-Modawwar (incurvée et arrondie) et le Mabsot wa-Mostaqim (allongée et droite). Le Mashq et le Coufique appartiennent à la deuxième catégorie.
     
     
    La catégorie incurvée et arrondie remonte à la première décennie de l’ère musulmane et certainement, plus anciennement encore, à la période pré-islamique. Longtemps, elle n’a servi que pour des usages profanes.
    Sous les Omeyyades, les écritures Tomar, Jalili, Nisf et Tholoth furent ébauchées. Mais c’est le Jalil et le Tomar qui furent les écritures officielles des califes omeyyades. Les écritures Nisf et Tholoth dérivent directement du Jalil, écriture monumentale. Le degré de cursivité de ces dernières a la particularité d’augmenter à mesure que la taille des lettres diminue.
     
     
     
    Bismillah en Tholoth
     
    Ce fut le génie d’Abou Ali Ibn Moqlah (846-940), vizir des trois califes abassides al-Moqtadir (908-932), al-Qahir (932-934), al-Radi (934-940), et sa connaissance de la science géométrique qui introduisirent l’étape la plus importante dans le développement de la calligraphie arabe. Ibn Moqlah se fixa comme tâche de dessiner une écriture cursive qui soit à la fois belle et parfaitement proportionnée.
     
     
    Il instaura un système global de règles calligraphiques de base, fondé sur le point en losange comme unité de mesure. Il redessina le contour géométrique des lettres et corrigea leur forme et leur taille au moyen du point, de l’Alef et du cercle. Il s’agit de faire un Alef qui est « calligraphié et mesuré avec la pensée », puis de dessiner un cercle dont le Alef est le diamètre. Chaque lettre a pour base ce cercle.
     
     
     
    Alef et cercle étalon Alef tracé d’après l’échelle des sept points en losange
     
     
    Ce faisant, Ibn Moqlah a doté l’art calligraphique arabe de règles scientifiques précises, d’après laquelle chaque lettre, pourvue d’une discipline rigoureuse, est rattachée aux trois unités standards que sont le point, le Alef et le cercle. Cette méthode d’écriture, baptisée al-Khatt al-Mansob, fut perfectionnée par ses élèves dont le plus célèbre est Ibn al-Bawbab (?-1022). Pour comprendre l’importance d’Ibn Moqlah dans l’histoire de l’écriture arabe, il est possible de citer Abdullah Ibn al-Zariji, qui au Xe siècle remarquait: « Ibn Moqlah est un prophète dans l’art de la calligraphie. Son cadeau est comparable à l’inspiration des abeilles lorsqu’elles construisent les alvéoles. »
     
     
    Progressivement, les écritures cursives, surtout le Tholoth, commencèrent à pouvoir rivaliser pour la copie du Coran avec les écritures coufiques.
     
     
     
     
    Lettre ‘Ayn dans le système de proportion
     
     
    Les six écritures principales de la tradition classique
     
    PARTIR DU NASKHI, le calligraphe Ibn Moqlah identifia six styles d’écriture :
     
     
     
    LeTholoth
     
     
    Le Tholoth, apparu au VIIe siècle, est une écriture statique et monumentale, essentiellement utilisée à des fins décoratives dans les manuscrits et les inscriptions. Elle a également été utilisée pour la copie des Corans, surtout pour les têtes de chapitre et les colophons. On la considère comme la plus importante des écritures ornementales.
     
     
     
    Ecriture Tholoth
     
     
    LeNaskhi
     
     
    Le Naskhi, dont les origines remontent au VIIIe siècle, est apparue dans sa forme systématisée au IXe siècle. Considérée comme peu élégante, elle était surtout utilisée pour la correspondance ordinaire. Avec l’arrivée du papier, qui remplaça le parchemin, et grâce à Ibn al-bawbab qui en fit une écriture élégante, ce style gagna ses lettres de noblesse et servit d’écriture principale de Corans. À ce jour d’ailleurs, il y a plus de Corans copiés en Naskhi que dans toutes les autres écritures arabes réunies. Elle est presque toujours formée de courts traits horizontaux et de verticales d’égale hauteur au-dessus et au-dessous de la ligne médiane. Les courbes sont pleines et profondes, les jambages droits et verticaux, les mots bien espacés en général.
     
     
     
    Ecriture Naskhi
     
     
    LeMohaqqaq
     
     
     
    Le Mohaqqaq était originellement une écriture dont les lettres étaient moins angulaires que le Coufique, avec des ligatures bien espacées; l’ensemble était « produit avec méticulosité » comme son nom l’indique. Avec la découverte du papier autour de 750, l’écriture acquit une certaine rondeur qui la rendit plus facile à tracer et devint l’écriture favorite des scribes. Modifiée par Ibn Moqlah, elle conserva ses déliés allongés sans presque de pleins ni d’enjolivures accusées sous les lignes. Cela en fit l’écriture favorite des Corans de grand format.
     
     
    LeRayhani
     
     
     
    Le Rayhani, né au IXe siècle a des liens de parenté certains avec le Naskhi et le Tholoth. Elle est caractérisée par la finesse de ses lettres, finesse accentuée parce que le traits et les fioritures des lettres se terminent en pointes aiguës, et que les signes diacritiques sont très fins et toujours appliqués à l’aide d’une plume différente, dotée d’une entaille beaucoup plus petite. Elle est également considérée comme la sœur du Mohaqqaq car, entre autre, le centre des boucles des lettres n’est jamais rempli. Néanmoins, à la différence du Mohaqqaq, il utilise pleinement les fioritures sublinéaires, comme le Tholoth. Le Rayhani fut surtout prisé pour les grands Corans par les Perses.
     
     
    LeTawaqi
     
     
    Le Tawaqi (signature) est issu de l’écriture Riyasi, que les califes abbassides utilisèrent pour signer leur nom et leur titre. Plus arrondie que le Tholoth, l’écriture Tawaqi est assez proche de l’écriture Riqa, mais s’en distingue par des lignes plus épaisses, des courbes plus arrondies, ce qui lui donne une apparence beaucoup plus lourde. Elle est également plus grande et plus élégante que le Riqa ce qui en fera une écriture utilisée pour les occasions importantes.
     
     
    LeRiqa
     
     
     
    L’écriture Riqa (petite feuille) provient à la fois du Naskhi et du Tholoth. La forme géométrique de ses lettres et particulièrement les fioritures des finales, ressemble beaucoup à celles du Tholoth, mais elle est bien plus petite et dotée de courbes plus arrondies et ses Alefs ne sont jamais écrits avec des barbelures. Le centre des boucles des lettres est invariablement rempli, les lignes horizontales sont très courtes et les ligatures structurées avec densité, les finales étant souvent attachées aux initiales. Son emploi fut réservé au courrier personnel et pour les livres profanes de moyen format. C’est aujourd’hui l’écriture manuscrite la plus employée dans le monde arabe.
     
     
     
    Ecriture Riqa
     
     
    LeTomar
     
     
     
    Il est possible d’ajouter à ces six écritures principales, l’écriture Tomar qui aurait été conçue sous le premier calife omeyyade Moawiya (661-680). Ce dernier en fit une écriture royale et est à ce titre une des plus ancienne écritures arabes. Bien qu’elle ait gardé des caractères grands et lourds, elle perdit vers le Xe siècle, son aspect statique et angulaire.
     
     
     
     
    Ecriture Tomar « Allah est mon espérance »
     
     
    Les écritures maghrébines et les développements tardifs
     
     
    Les écritures maghrébines
     
     
    Au Maghreb, l’Occident islamique, des formes spécifiques d’art furent développés; la calligraphie n’échappa pas à cette tendance. C’est ainsi, que le Coufique occidental se développa vers 670 à Kairouan. Ce Coufique est sensiblement plus arrondis que son homologue oriental et surtout fait preuve d’une plus grande cursivité grâce à ses courbes bien déterminées et ses demi-cercles presque parfaits.
     
     
    De ce Coufique, nacquit le Maghribi, une écriture cursive qui surpasse en délicatesse les autres cursives orientales par la finesse de ses lignes, la liberté coulante de ses courbes ouvertes, la clarté et la rondeur de ses boucles et par-dessus tout, par les fioritures accusées sous les lignes qui lui confèrent une qualité unique d’intégration. Un autre aspect du Maghribi est que ses déliés se terminent invariablement par une légère courbe vers la gauche, en une fin assez émoussée, tandis que ses pleins ont une ligne effilée dont les courbes, tournées aussi vers la gauche, peuvent se prolonger jusqu’à l’aire du mot situé au-dessus.
     
     
     
    Sourate IV, « Les femmes » en Maghribi épais, Maroc, XIe siècle
     
     
    On distingue quatre styles de Maghribi que sont le Qayrawani, l’Andalousi, le Fasi et le Soudani:
     
    le Qayrawani dénote une légère ressemblance avec le Naskhi et a de très courts déliés. Une variante monumentale est utilisée dans les Corans.
     

     

    l’Andalousi est plus compact et plus délicat que les autres styles. Originaire de Cordoue, il fusionna avec le Fasi lorsque les Arabes durent quitter le sol espagnol.
     

     

    le Fasi (de Fez au Maroc) est de plus grande dimension que l’Andalousi et est moins décoré que ce dernier.
     

     

    l’écriture Soudani a d’abord été créée à Tombouctou vers 1210 avant de se développer en Afrique sub-saharienne. Écriture favorite des peuples musulmans de cette région, ses lignes sont plus épaisses et ses lettres plus denses que le Maghribi issu du Fasi et de l’Andalousi.
     
     
     
    Ecriture Andalousi
     
     
    Les développements calligraphiques tardifs


    L’effondrement de l’Islam arabe face aux invasions mongoles, la conversion des princes mongols à l’Islam, ont freiné le développement artistique mais ne l’ont pas stoppé. Certains princes mongols comme Timour et son fils ont été de grands mécènes. Tandis que plus à l’ouest, en Egypte, les Mamelouks se faisaient les champions de la continuité calligraphique.

     
     
    En Perse, au XVIe siècle, l’écriture Taliq fut créée à partir d’une écriture ancienne cursive sans prétention. Dérivée du Riqa et du Tawqi, cette écriture sera très prisée des Persans, des Indiens et des Turcs.
     
     
     
    Ecriture Taliq
     
     
     
     
     
     
     
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    Ecriture Singhalaise

     

    L'écriture cursive et son évolution

     

    L'écriture cursive

    Vers le début de l'Ancien Empire (autour de 2755 av. J.-C.), les Égyptiens avaient toutefois développé une écriture plus cursive qui remplaça les hiéroglyphes dans la très grande majorité des documents écrits à l'encre sur papyrus. Ce type d'écriture est qualifié de hiératique (du grec hieratikos, «sacerdotal »). Les Grecs l'avaient nommé ainsi parce que vers le VIIe siècle av. J.-C., il servait surtout à la transcription de textes religieux. Pour tous les autres types de texte, on utilisait une écriture encore plus cursive et entrelacée qu'on appelait le démotique (du grec demotikos, « populaire »).    

    L'écriture capitale latine
     
     
     
     
    A la fin du VIIIe siècle avant JC., les Romains adoptent le système d'écriture grecque: Capitalis monumentalis , qui influencera toutes les autres écritures latines postérieures. L'alphabet ne comporte alors que 23 lettres et sert surtout pour les inscriptions épigraphiques. Entre le IIe et IIIe siècle apr J.-C., se développe la minuscule cursive que les romains utilisaient pour tous leurs écrits. Les outils, style ou plume pointue, étaient utilisés sur des supports comme le papyrus, la cire, le bois ou l'argile. La cursive est à l'origine de l'écriture onciale.
     
     
     
    L'écriture mérovingienne
     
     
     
     
     
    L'écriture mérovingienne ou précarolingienneest utilisée en France aux VIIe et VIIIe siècles. Les scribes créent une nouvelle écriture claire et lisible fortement influencée par la minuscule cursive: la caroline minuscule qui prend une forme particulière selon les régions d'Europe de l'Ouest.

         

    L'écriture gothique

       

         

    Entre le XIIe et le XIIIe siècle se diffuse l'écriture gothiqueou lettre noire qui est une déformation de la minuscule caroline. On écrivait alors avec une plume à pointe coupée

         

    L'écriture humaniste

       

         

    Parallèlement à l'écriture gothique le XVe siècle voit le développement d'un style d'écriture dit humaniste utilisée pour des textes classiques.
    Sa version ronde et cursive sert de modèle aux premiers imprimeurs italiens.
    A la même époque, dans tout l'Occident, le parchemin est supplanté par le papier fabriqué alors avec des chiffons et autres matériaux de récupération.
    Le papier, inventé par les Chinois au IIe siècle avait été introduit par les arabes en Europe vers le XIIe siècle.

     La fabuleuse histoire de l'écriture - Premiers systèmes

    En haut, écriture mérovingienne, en bas écriture caroline qui se distingue par sa lisibilité.

     

    ECRITURE: méthode de communication avec autrui par le moyen de signes visuels arbitraires formant un système. L'écriture peut être réalisée à partir de systèmes limités ou complets, un système complet permettant d'exprimer sans ambiguïté tout concept susceptible d'être formulé par le langage.

     

    Les premiers systèmes d’écriture

    Les premiers systèmes d’écriture étaient de nature pictographique idéographique. Parmi eux, il y a le cunéiforme des anciens Babyloniens et Assyriens, les hiéroglyphes égyptiens, les idéogrammes chinois, également utilisés en japonais, et l’écriture hiéroglyphique des Mayas. Ce qui transforme un système de ce type en alphabet ou en syllabaire, c’est l’emploi d’un pictogramme ou d’un idéogramme pour représenter un son, plutôt qu’un objet ou une idée.    

    L'écriture cunéiforme 
     
     
     
     
     
    Tablette cunéiforme, Terre crue, fin du IVe millénaire, Mésopotamie du Sud, Epoque d'Uruk III.
     
     
    La plus ancienne écriture, l'écriture cunéiforme (signes en forme de coin), probablement inventée en Mésopotamie par les Sumériens, fut utilisée au Proche-Orient jusqu'au Ier millénaire av. J.-C. Ce mode d'écriture utilisait des traits en forme de clou, inscrits principalement sur des tablettes d'argile, mais aussi sur des pierres, des métaux, de la cire ou d'autres matériaux. Comportant à l’origine environ 1 400 symboles, elle est d’abord utilisée pour dresser des inventaires de biens et enregistrer des transactions sur des tablettes d’argile Elle évoluera pendant plusieurs siècles puis disparaîtra avec l’apparition du papyrus.

       

    Les hiéroglyphes

       

       

    Les hiéroglyphes sont des caractères utilisés dans n'importe lequel des systèmes d'écriture comportant des caractères pictographiques, c'est-à-dire qui représentent des objets reconnaissables.

       

    Les inscriptions hiéroglyphiques égyptiennes sont composées de deux types de signes de base : les idéogrammes (images représentant le sens du mot) et les phonogrammes (images représentant le ou les sons d'un mot). 
    Les Égyptiens utilisèrent les hiéroglyphes depuis l'époque du développement du système, vers 3200 av. J.-C., jusqu'à l'époque de l'Empire romain. La dernière inscription hiéroglyphique date de 394 apr. J.-C. La forme et le nombre des signes restèrent à peu près constants jusqu'à la période gréco-romaine (après 332 av. J.-C.), pendant laquelle le nombre de signes, en particulier celui des phonogrammes, augmenta beaucoup.

       

    Les idéogrammes chinois

       

         

    Comme d'autres écritures anciennes, le chinois écrit provient d'une symbolisation picturale. Il n'a évolué vers une représentation mot à mot de la langue que lorsque ses utilisateurs comprirent que certains termes trop abstraits pouvaient être indiqués par leur son, plutôt que par leur sens.

     

    Toutefois, à l'inverse des autres systèmes d'écriture, qui ont tous évolué vers une représentation alphabétique — c'est-à-dire essentiellement phonétique — des mots, le chinois fonctionne encore autant de manière pictographique que phonétique.

     

    En outre, la représentation des sons n'a pas suivi l'évolution de la langue parlée, et reflète toujours la prononciation d'il y a trois mille ans.

     

    La langue chinoise écrite attribue un symbole ou un caractère distinctif unique pour chaque mot de vocabulaire. La connaissance de deux mille ou trois mille caractères est nécessaire à sa lecture.

     

    Les écrits les plus anciens que l'on connaisse sont des oracles gravés sur des carapaces de tortue et des omoplates de bœuf, dus à des devins de cour de la dynastie des Shang, à partir du XIVe siècle av. J.-C.

     

    On trouve également en chinois des pictogrammes à valeur phonétique, c'est-à-dire l'emprunt du pictogramme d'un mot concret pour indiquer un mot abstrait ayant une prononciation identique ou très proche.

     

    Qin Shi Huangdi, premier souverain d'un empire chinois unifié, supprima de nombreuses transcriptions régionales pour imposer une écriture simplifiée et standardisée, appelée le « Petit Sceau ».
      
    Sous la dynastie Han (206 av. J.-C.-220 apr. J.-C.), le système se ramifia en divers styles : lishu, écriture des fonctionnaires, xingshu, écriture cursive, caoshu, écriture de brouillon, et kaishu, écriture régulière.
      
      
    Le chinois imprimé se conforme à l'écriture régulière. Les styles cursif et régulier ont introduit de nombreux caractères abrégés, employés aussi bien dans la calligraphie artistique que dans la correspondance commerciale ou privée, mais furent longtemps bannis des documents officiels. Devenue la norme en République populaire de Chine, l'impression des caractères abrégés reste proscrite à Taïwan.

         

    L’écriture hiéroglyphique des Mayas

         

       

    Les mayas écrivaient sur du papier fabriqué à partir de fibres végétales et utilisaient des pigments naturels pour l'encre ; ils gravaient également sur des stèles en pierre. Des codes de lois et des calendriers nous sont ainsi parvenus. L'écriture maya utilise à la fois des idéogrammes et des phonogrammes.

       

    Les peuples mayas créèrent un système d'écriture hiéroglyphique pour consigner leur mythologie, leur histoire et leurs rites sous forme d'inscriptions sculptées et peintes sur des stèles, des linteaux et des escaliers, ou peintes dans des livres formés de feuilles de papier en fibres végétales recouvertes d'une pellicule de chaux.
      
    Quatre de ces manuscrits nous sont parvenus :
      
    le codex Dresdensis, conservé à Dresde, le Peresianus, à Paris, le Tro et le Cortesianus, à Madrid. Ces livres, utilisés comme calendriers divinatoires, traitaient de thèmes comme l'agriculture, le temps, la maladie, la chasse et l'astronomie.

      

      

      

      

      

         

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  • Les hiéroglyphes

    L'écriture hiéroglyphique

    Le mystère qui entoure l'écriture hiéroglyphique et la fascination qu'elle exerce tiennent à deux caractéristiques qu'il importe de bien distinguer: la nature des éléments, les hiéroglyphes, qui sont des images: et la structure de son système qui combine trois catégories de signes.

    Une écriture figurative

    Les éléments de notre écriture, les lettres, ne représentent qu'elles-mêmes. Au contraire, les éléments de l'écriture égyptienne, les hiéroglyphes, sont figuratifs, c'est-à-dire qu'ils représentent des êtres ou des objets de l'univers pharaonique. Au demeurant, même un profane peut identifier du premier coup d'œil, par exemple, un soleil, un oiseau ou bien une barque. Les hiéroglyphes constituent donc des images. traitées comme les autres images de l'art pictural égyptien, selon les conventions propres à l'art égyptien: ainsi. le signe de l'homme assis a-t-il la tête vue de profil, le torse de face, les jambes et les bras de profil, etc. .

    NéfertaryPlus encore, il arrive que, dans une même scène, un objet soit présent à la fois en tant que partie du tableau et en tant que signe d'écriture. C'est le cas dans l'image de gauche ; sur un guéridon entre la reine Néfertary et le dieu Ptah, est posée une bandelette avec cinq filets de frange entre lesquels se trouvent quatre fils dont les extrémités se croisent (en projection verticale). Or, dans la colonne médiane des trois colonnes d'inscriptions qui surmontent la bandelette. un hiéroglyphe (en cadré de rouge) reproduit cette bandelette à l'identique (bien qu'elle ne comporte plus que deux filets et un seul fil).

    Mais alors, qu'est-ce qui permet de distinguer le signe d'écriture de la simple représentation, puisqu'il est image, lui aussi ? Ce sont trois contraintes spécifiques

    Le calibrage: les proportions respectives des hiéroglyphes ne correspondent nullement aux proportions réelles des êtres et objets dont ils sont les images.

    La densité de l'agencement : alors que les représentations se détachent au milieu de larges blancs. les hiéroglyphes sont disposés de manière à occuper le plus possible l'espace alloué. Ils y sont répartis en " quadrats ", unités idéales divisant cet espace, et dont ils occupent le quart, le tiers, la moitié ou la totalité. selon leur morphologie et leur entourage. Il n'y a pas de séparation entre les mots et les phrases.

    L'orientation : dans une même ligne ou dans une même colonne, les signes représentant des êtres animés et, plus généralement, les signes dissymétriques sont tous orientés dans la même direction, qui est celle du point de départ de la lecture.

    Cette lecture peut se faire de droite à gauche ou de gauche à droite, horizontalement, et aussi verticalement de haut en bas, chaque groupe se lisant de droite à gauche ou de gauche à droite. I1 y a donc quatre types majeurs d'agencement des signes.

    Trois éléments de base

    Le système hiéroglyphique se fonde sur la combinaison de trois catégories de signes les phonogrammes, les idéogrammes et les déterminatifs.

    Les phonogrammes.

    Contrairement à ce qu'on imagine souvent, le système hiéroglyphique est en partie phonétique. Nombre de signes fonctionnent comme phonogrammes, c'est-à-dire qu'ils écrivent un son fondamental (phonème) ou une séquence de sons fondamentaux.

    Cette fonction résulte d'un processus d'abstraction, analogue au rébus, et par lequel on utilise une image non pour signifier ce qu'elle représente, mais seulement pour la valeur phonétique de ce qu'elle représente; ainsi le hiéroglyphe de la hase (femelle du lièvre) sur la figure 3 n'est pas utilisé le plus souvent pour écrire "hase ". mais pour écrire les deux sons fondamentaux qui entrent dans le nom égyptien de la hase, W et N.

    Ces phonogrammes sont toujours consonantiques, c'est-à-dire qu'ils n'écrivent que les consonnes ou les semi-consonnes comme W et Y.

    Donc, l'écriture hiéroglyphique ne note pas les voyelles. Aussi, pour le lecteur moderne, recourt-on à la pratique suivante : entre les consonnes de la transcription d'un texte hiéroglyphique, on intercale des e (ou des o) purement conventionnels (ils seront ici toujours écrits en minuscules).

    Il y a trois catégories de phonogrammes, les phonogrammes à un seul son ou signes alphabétiques, les phonogrammes à deux sons et les phonogrammes à trois sons.

    Les phonogrammes à un son, qui n'écrivent qu'une seule consonne, sont appelés signes alphabétiques. L'écriture égyptienne comporte 24 consonnes fondamentales (voir le premier tableau à droite). Ces consonnes fondamentales sont toujours transcrites ici en majuscules. A noter que certaines consonnes, inconnues du français, ont été rendues conventionnellement par A et par Â.

    A P H K
    Â F KH G
    I M Z T
    Y N S Tch
    W
    Ou
    R Sh D
    B H Q Dj
       

    Traduisez votre nom en hiéroglyphes

    Les phonogrammes à deux sons : ce sont les signes qui écrivent une séquence de deux consonnes. Puisqu'il y a 24 consonnes, 576 combinaisons sont théoriquement possibles. En fait. seules 90 sont représentées par un phonogramme à deux sons (ou plusieurs pour une même combinaison).

    Les phonogrammes à trois sons écrivent une séquence de trois consonnes. On en compte environ une soixantaine.

    Les idéogrammes.

    Alors que les phonogrammes écrivent un mot en le décomposant en sons fondamentaux, les idéogrammes saisissent un mot, ou une notion. de manière globale. Par exemple, je peux écrire "dollar" phonétiquement ou bien idéographiquement en utilisant le sigle $ qui fonctionne comme un idéogramme. Les signes employés ram comme idéogrammes représentent ce qu'ils signifient (ce qui n'est pas le cas du sigle $ qui ne représente que lui-même). Toutefois, la relation entre représentation et signification peut être plus ou moins immédiate. Elle est directe, dans le cas de l'enceinte avec un bâtiment dans l'angle, idéogramme pour " enclos, manoir". Elle est indirecte dans le cas du nom du dieu Horus, qui est écrit avec son attribut animalier, le faucon.

    Les déterminatifs.

    Ce sont des signes qui, placés à la fin d'un mot, ont pour fonction d'indiquer dans quelle classe sémantique se range le mot qu'ils déterminent. Ce sont donc des classificateurs, purement graphiques, et sans correspondant isolable dans la langue. Par exemple, tout ce qui implique l'idée de violence est déterminé par le bras armé, souvent combiné avec la croix, si s'adjoint l'idée de cassure.

    Les termes désignant des êtres prestigieux se terminent par l'homme barbu assis. Le déterminatif de l'eau s'emploie avec les mots désignant les étendues d'eau, lés liquides et même avec ceux signifiant " avoir soif " ou " éteindre ".

    L'emploi du déterminatif n'est pas obligatoire, mais il joue un rôle important de discriminant. Ainsi, il permet de distinguer deux homophones. Par exemple, les mots " être établi" et " souffrir " s'écrivent tous deux MeN; ce qui les distingue, c'est le déterminatif de l'abstrait (un papyrus scellé), dans le premier cas, le déterminatif du mal (un moineau), dans le second (figure 8).

    De plus, le déterminatif a l'avantage de délimiter les mots dans la succession continue des signes d'écriture, puisqu'il n'y a pas de blanc d'espacement.

    Telles sont les trois fonctions que les hiéroglyphes sont susceptibles de remplir. Si certains demeurent confinés dans une seule de ces trois fonctions, d'autres peuvent en assumer tour à tour deux, voire trois.

     

    Combinaison des signes

     

    La combinaison des trois catégories de signes dépend d'usages et de traditions variables, mais non de règles fixes. Néanmoins, les principes majeurs sont les suivants

    Les graphies purement idéographiques sont essentiellement limitées aux noms de divinités ou aux termes du vocabulaire fondamental. Très souvent. l'idéogramme est marqué comme tel par un trait qui l'accompagne: ainsi, le signe de la bouche avec le trait écrit idéographiquement Ro. " bouche, formule" alors que le même signe sans le trait est le signe alphabétique pour R.

    Très fréquemment, les mots sont écrits à l'aide de phonogrammes. généralement suivis d"un ou plusieurs déterminatifs. Ainsi, SeKheR, "plan, directive ", s'écrit avec les signes alphabétiques S, Kh. R, suivis du déterminatif de l'abstrait (le papyrus scellé).

    Les phonogrammes sont couramment utilisés de manière redondante, pour expliciter partiellement ou totalement un idéogramme ou un autre phonogramme.

    Le scarabée peut écrire à lui seul KhePeR, " venir à l'existence, devenir ". Toutefois, on le combine souvent à un signe alphabétique R; l'ensemble ne se lit donc pas KhePeR+R, mais simplement KhePeR, le R étant redondant (" complément phonétique ").

    Les compléments phonétiques peuvent fonctionner à plusieurs degrés: un idéogramme ou un phonogramme à deux sons ou trois sons peuvent être explicités par d'autres phonogrammes. Ainsi, le mur, idéogramme pour JeNeB. " mur ". peut être explicité par JeN (le poisson) et le signe alphabétique B; mais ce JeN est lui-même explicité par les signes alphabétiques J et N.

     

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    artchives@samsara-fr.com

      

    sources : http://artchives.samsara-fr.com/artchives.htm

      

      

     

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  •  Les hiéroglyphes

    L'écriture égyptienne :
    une image du monde


    Dans la vallée du Nil, chaque année les crues déposant leur limon brouillaient toutes les marques de propriété entre les champs et obligeaient à refaire un travail d’arpentage. Ce serait la raison de la naissance de l’écriture dans la civilisation égyptienne…

    Medouneter « paroles divines », c’est ainsi que les Égyptiens nommaient leur écriture, que les Grecs désignèrent sous le nom de hierogluphikos (littéralement « gravures sacrées »). L'écriture en Égypte est au service d’un pouvoir où le religieux et le politique sont indissociables ; elle est considérée comme un don des dieux et a vocation à garantir l’ordre du monde.

    Si l’écriture égyptienne ne renonça jamais à la représentation symbolique des choses et des êtres, c’est parce que les Égyptiens croyaient à l’efficacité magique des hiéroglyphes . Ils pensaient qu’ils pouvaient faire vivre ce qu’ils peignaient par l’image aussi sûrement que par la parole créatrice, et le faire vivre pour l’éternité. Ainsi le nom d’un homme inscrit en caractères hiéroglyphiques contenait-il son identité ; détruire ces caractères, c’était réduire cet homme à néant. On attribuait aux figures d’êtres animés de certaines inscriptions le pouvoir de nuire et de mener une vie indépendante, on craignait qu’ils ne consomment les offrandes alimentaires destinées au défunt ou n’attaquent le corps lui-même. C’est pourquoi il arrivait que les têtes des serpents soient délibérément omises ou le corps des oiseaux tronqués… Mais d’autres hiéroglyphes étaient supposés bénéfiques, ils servaient d’amulettes et apportaient la chance à leurs propriétaires. Le signe "horizon" par exemple, montrant le soleil en train d’émerger d’une montagne, permettait au défunt de s’associer à la renaissance de l’astre et donc de renaître lui-même.

    Né peu après l’écriture mésopotamienne, le système hiéroglyphique n’a subi aucune transformation notable au cours de ses quarante siècles d’histoire, mais il a donné naissance à deux formes d’écriture plus cursives mieux adaptées aux matières fragiles :

    1. l’écriture hiératique aux signes simplifiés et non figuratifs qui permet une copie rapide. C'est l'écriture de l'administration et des transactions commerciales mais elle sert aussi à noter les textes littéraires, scientifiques et religieux. Ecriture quotidienne de l'Égypte pendant près de deux millénaires et demi, elle fut évincée de son emploi profane par une autre cursive, le démotique, dès lors son usage fut limité aux documents religieux. Sur papyrus ou sur ostraca, tracée à l'encre noire ou rouge avec un pinceau fait d'une tige de papyrus, ou plus tard avec une plume de roseau taillée en biseau et dont la pointe était fendue. Introduite par les grecs, elle finit par supplanter le pinceau traditionnel.

    2. l’écriture démotique qui devient à partir du VIIe siècle avant J.-C. l'écriture officielle. C'est la seule écriture égyptienne à connaître une large utilisation dans la vie quotidienne ("démotique", du grec demotika, "écriture populaire"). Très cursive, riche en ligatures et abréviations, elle a perdu, elle aussi, tout aspect iconique.

    Trois types de signes, dont les valeurs se complètent et souvent se redoublent, coexistent dans l'écriture égyptienne :

    des logogrammes
    (un signe = un mot)

    signifie "soleil" et par extension "clarté", "jour", "moment", etc

    des phonogrammes
    (un signe = un son) procédé du rébus

    signe de la "bouche", se prononce "er", sert à noter la consonne " r "

    des déterminatifs,
    précisant dans quelle catégorie d’objets ou de concepts le signe doit être classé.

    indique l'idée du mouvement

    L’écriture, en tant qu’image, est soumise lorsqu’elle véhicule du langage à une double contrainte :

          1. le calibrage, qui impose au hiéroglyphe du scarabée la même taille qu'à celui du vautour ou de la pyramide,
          2. l’orientation : les signes représentant humains et animaux ont le regard tourné vers le début de l’inscription, indiquant le sens de lecture.

    Parmi les phonogrammes, 24 signes-consonnes constituent ce qui aurait pu devenir un « alphabet », mais les Égyptiens ne se sont pas souciés de se servir de la réduction alphabétique car pour eux l’écriture n’est pas une simple technique permettant de noter la langue, elle est avant tout une image du monde, un art du visible qui assure à ce qu'elle peint l'immortalité.

    Tandis que les caractères cunéiformes évoluent vers des formes anguleuses abstraites, les hiéroglyphes conservent au long de leur histoire toute leur beauté figurative. Ils ont en outre une efficacité magique : les caractères désignant le nom d’une personne étaient censés contenir son identité. L’écriture avait le double pouvoir d’évoquer réellement et de faire passer à l’immortalité.

      L’écriture n’était donc pas pour les Égyptiens un simple outil de communication linguistique, elle était un chemin d’accès à l’éternité et manifestait les mystères de l’univers cachés dans l’image comme dans le nom. C’est pourquoi elle pouvait aider le mort à vaincre les périls du voyage dans l’au-delà et lui servir de guide, comme en témoignent nombre d’inscriptions religieuses enfermées dans les appartements funéraires des tombeaux.

    Toutefois, si l’écriture a joué un rôle immense dans la vie de l’Égypte ancienne, il semble établi que seule une élite restreinte avait accès à la lecture des textes et à la pratique de l’écriture.
    Selon des estimations récentes, moins de un pour cent de la population aurait été "alphabétisée" dans l'Egypte ancienne. Aussi le fait de savoir lire et écrire conférait-il un statut envié et pouvait-il conduire aux charges les plus élevées. La place de scribe était une place recherchée mais difficile à atteindre : il fallait en effet douze années pour devenir scribe ! Écrivain et comptable, il veillait au cadastre, à la perception des impôts, à la prestation des corvées. Mais surtout, par l’écriture, il s’assurait l’immortalité.

    « Sois un scribe, et mets ceci dans ton cœur pour que ton nom ait le même sort : plus utile est un livre qu’une stèle gravée ou qu’un mur solide. Il tient lieu de temple et de pyramide, pour que le nom soit proclamé.
    L’homme périt, son corps redevient poussière, tous ses semblables retournent à la terre, mais le livre fera que son souvenir soit transmis de bouche en bouche. »

    Extraits du Papyrus Chester Beatty IV.

    Principe des hiéroglyphes


    Utilisés par les Egyptiens pendant 3 millénaires, les hiéroglyphes - écrits sacrés - étaient basés sur le principe du rébus.

    Ainsi, on peut lire un mot hiéroglyphique de la façon suivante :

    • mon premier est un véhicule,
    • mon second est un oiseau diurne.

    Cette première partie du rébus a pour but de faire deviner les syllabes du mot à découvrir.
    Il s'agit d'une suite de sons sans sens ni lien commun : c'est la valeur phonétique du mot.
    En fin du rébus, on termine en général par une formule du type :

    • mon tout est un mammifère

    on donne alors un indice sur le sens du mot recherché : c'est la valeur sémantique du mot.


    La valeur phonétique


    Elle est constituée de phonèmes ou phonogrammes.

    Ceux-ci sont rangés en trois classes, selon qu'ils valent 1, 2 ou 3 sons :

    • les unilitères (originaux en couleurs ou simplifiés),
    • les bilitères (originaux en couleurs ou simplifiés),
    • les trilitères (originaux en couleurs ou simplifiés).

    Ils constituent l'alphabet des hiéroglyphes.
    Ne vous étonnez pas de voir beaucoup de consonnes : les Egyptiens n'écrivaient pas les voyelles ! On en rajoute cependant pour des commodités de lecture.


    La valeur sémantique


    Elle peut être simplement représentée par un hiéroglyphe proprement dit ou idéogramme, dont l'image donne l'idée même du mot.
    Cependant, la langue étant composée exclusivement de consonnes, il arrive fréquemment que deux mots se prononcent de la même façon (homonymes). Ils sont alors différenciés par des déterminatifs. Ces signes, qui ne se prononcent pas, sont très utiles ne serait-ce que pour marquer la fin des mots car, pour ne pas nous faciliter la lecture, les Egyptiens n'ont pas trouvé utile de ponctuer leurs textes.


    Sens de lecture


    Il n'est pas unique, mais se déduit de l'orientation des hiéroglyphes : pour le découvrir, repérez les symboles d'animaux, le sens de lecture se fait face à eux.

     

    * * *

    sources :http://leszippes.free.fr/egypte.htm

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