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    Les francs Les Francs et l’Empire romain

    Les Francs apparaissent au début du Ier millénaire dans les sources latines. Le terme désigne probablement une ligue – ou confédération – de peuples germaniques installés sur la rive droite du Rhin inférieur, au-delà des frontières de l’Empire romain, et qui n’étaient pas assujettis à l’Empire ou à un autre peuple plus important.

    Le latin francus, franci tend à prouver qu’ils se nommaient ainsi, puisque frank signifie libre en langue germanique.

    (L’on peut aussi retrouver l’origine du mot Franc dans le mot Frekkr (signifiant hardi, vaillant) issu de la langue Germanique.)

    Ces peuples avaient pour point commun de rivaliser avec les Alamans (germ. Alle Männer, tous les hommes), sans doute à l’origine un autre regroupement d’ethnies établies plus au sud sur la rive droite du Rhin. La langue – ou les dialectes – originellement parlés par les Francs ainsi que leur faciès culturel sont rattachés au groupe ethno-linguistique indo-européen germain occidental, comme les Angles, les Frisons et les Saxons par opposition au groupe germain oriental auquel appartiennent notamment les Goths.

     

     

    Les ethnies de la ligue des Francs

    Les peuples qui constituaient la ligue des Francs comprenaient vraisemblablement : les Chamaves les Chattes ou Chattuariens les Ansivariens ou Ampsivariens les Bructères les Quades les Saliens, établis près de la rivière Sale et des bouches de l’Yssel les Chérusques les Angrivariens les Hattuaires les Tubantes les Tenctères les Usipètes les Sugambres ou Sicambres n’étaient pas considérés comme des Francs les Chauques, établis au nord-est des Frisons, plus souvent rattachés aux Saxons qu’aux Francs.

     

     

    Les Grandes Invasions

    Au IIIe siècle, les Francs participent à la grande invasion de 256-257, aux côtés d’autres peuples germaniques qui entrent dans l’Empire romain pour piller. Le IVe siècle est toutefois une période de répit et de reconquête pour Rome. Vers la fin de l’Empire, au Ve siècle, on retrouve les Francs comme auxiliaires de l’armée romaine, alors grandement barbarisée, et en lutte contre d’autres barbares plus menaçants, tels que les Huns.

     

     

    Les Mérovingiens

    Parmi les Francs qui sont entrés au service de l’Empire, sûrement de longue date, se trouvent les Saliens. Leur ancêtre légendaire, sans doute quasi-divin selon les rites germaniques, est pour eux la principale source de légitimité du pouvoir royal. Il se nomme Mérovée.

    Toutefois, au Ve siècle leur roi est aussi devenu un (obscur) proconsul des Gaules, c’est-à-dire un souverain germanique paré d’insignes romains, qui se fait appeler général.

     

    Les guerriers francs choisissent Clovis pour roi

     

     

    Les Francs sont alors solidement établis en Neustrie et leurs fonctions militaires leur confèrent un pouvoir important en ces temps troublés : le jeune Clovis (germ. Hlodowecus, qui donne par la suite les prénoms Ludovic ou Ludwig en Allemagne et Louis en France) devient leur roi à Tournai, probablement en 481.

    Mais il lui faut plus que le pouvoir d’essence divine que lui confère la mythologie tribale germanique, pour s’imposer face aux évêques, aux patrices ou à la population gallo-romaine en partie christianisée.

    Installé à Soissons, où il a vaincu un général romain nommé Syagrius, Clovis est sans doute d’abord sensible aux conseils de sa femme burgonde, Clothilde, convertie au catholicisme, et à ceux de l’évêque de Reims, Rémi.

     

    Peut-être au cours d’une bataille importante contre les Alamans, la bataille de Tolbiac, il promet de se convertir à la religion chrétienne catholique s’il est victorieux. Il tient parole et reçoit le baptême en 496 ou 498 à Reims, avec 3000 guerriers.

    Par la suite, il tente d’inculquer les principes chrétiens à son peuple qui demeure largement païen.

    Après une suite de victoires sur ses rivaux barbares, notamment sur les Burgondes, Clovis apparaît donc comme l’un des premiers rois germains d’Occident à avoir adopté la religion chrétienne dominante, celle de Rome, par opposition à l’arianisme des Wisigoths ou des Lombards et par opposition au paganisme des Alamans.

     

    Il parvient ainsi à gagner le soutien des élites gallo-romaines et à fonder une dynastie durable (laquelle prendra néanmoins le nom de son ascendant germanique) : les Mérovingiens.

    Établis en Neustrie, les Mérovingiens règnent sur la Gaule jusqu’au milieu du VIIIe siècle. Leurs souverains les plus connus sont : Dagobert Ier et la reine Brunehaut.

    Il faut noter qu’à cette époque, comme sous la dynastie suivante, il n’est pas question de France, mais bien d’un royaume des Francs :

    les rois germains, en effet, ne règnent pas sur un territoire, mais sur des sujets.

     

     

    SOURCES

    D.R.

     

     

     

     

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    ORIGINE DES NOMS DE FAMILLE

     
    Origine des noms de famille

    Il convient avant tout de définir la notion de nom.
    Les noms sont divisés en deux ensembles distincts.

     

    Les premiers à apparaître dans l'histoire de l'anthroponymie sont les noms individuels, répartis en trois sortes :

    • Les prénoms (ou noms de baptême) sont ceux que l'on a reçus à la naissance ; on peut en posséder un ou plusieurs.
    • Les surnoms (ou sobriquets) sont ceux que l'on peut recevoir au cours de sa vie.
    • Les pseudonymes sont ceux que l'on se donne soi-même, pour une raison ou pour une autre.

    Les noms individuels sont attachés aux personnes qui les portent. Ils disparaissent à leur mort sans être transmis à qui que ce soit.

    Apparus plus tardivement, les noms collectifs sont ceux qui nous intéressent ici ;

    il s'agit des noms de famille.

      

    A l'heure actuelle en France, ils sont généralement uniques et demeurent héréditaires.

    Afin d'avoir une idée précise du parcours du nom de famille, de ses origines à sa forme actuelle, plusieurs point sont à étudier. Dans un premier chapitre, l'histoire du concept d'identification d'une personne par un nom qui lui est attaché sera évoquée.

      

    Dans un deuxième temps, l'origine linguistique des noms fera l'objet d'une étude regroupant les origines des noms français, les origines spécifiques à certaines régions et les noms étrangers. Enfin, nous verrons les différents types de noms de famille : ceux formés à partir de prénoms, de surnoms, ceux exprimant la parenté et ceux d'origines incertaines, pour terminer en évoquant le cas des noms à particule.

     

     

    I - HISTOIRE DES NOMS DE FAMILLE

    Dans la plupart des civilisations antiques, un seul nom servait à désigner l'individu. Ce nom restait attaché à la personne de sa naissance à sa mort, sans être toutefois héréditaire.

    Seuls les Romains utilisaient un système de trois noms : le prénom, le gentilice (nom du groupe de familles) et le cognonem (surnom, devenu nom de famille). Cependant, les gens du peuple ne portaient en général que deux noms : le prénom et le cognonem.

    Avec l'expansion romaine, le système à trois noms s'est étendu sur tout l'Empire et notamment la Gaule.

    Les invasions barbares du Vème siècle détruisent l'Empire romain d'Occident et font disparaître le système à trois noms de la Gaule.

    En effet, les populations adoptent alors la coutume des vainqueurs, qui était la leur avant l'arrivée des Romains. Il ne portent désormais qu'un nom individuel, qui ne se transmet pas d'une génération à l'autre. Ce système va perdurer jusqu'au Xème siècle.

    C'est en effet au Xème siècle que le processus de création des noms de famille s'amorce. Face aux problèmes engendrés par un trop grand nombre d'homonymes, le nom individuel est peu à peu accompagné par un surnom. Avec l'usage, ce surnom tend à devenir héréditaire. Ce phénomène se rencontre d'abord parmi les famille nobles, puis s'élargit à l'ensemble de la population à partir du XIIème siècle.

    A partir du XVème siècle, un long processus de fixation des noms de famille s'amorce. Par ailleurs, le pouvoir politique s'intéresse à la question et réglemente progressivement l'existence des noms de famille.

    En 1474, Louis XI interdit de changer de nom sans une autorisation royale.

    En 1539, François Ier promulgue l'ordonnance de Villers-Cotterêt. Celle-ci rend obligatoire la tenue de registres d'état-civil. Cette tâche est confiée aux curés, le Clergé constituant la seule « administration » présente dans tout le royaume. En fait, la décision royale officialise et généralise une pratique déjà en usage depuis le siècle précédent, principalement dans les villes.

    Avec la Révolution française, la tenue de l'état-civil quitte le cadre de le paroisse. Elle passe désormais dans les attributions de l'État et se fait à la mairie de chaque commune.

    La loi du 6 fructidor de l'an II (23 août 1794) interdit de porter d'autre nom et prénoms que ceux inscrits à l'état-civil. Cependant, le Conseil d'État peut autoriser un changement de patronyme (ils sont actuellement environ 800 par an).

    En 1870, l'apparition du livret de famille fige définitivement l'orthographe de tous les patronymes.

     

     

    II – ORIGINES DES NOMS DE FAMILLE

     

    Les noms existants en France sont liés aux origines de la population française, formée par les colonisations, les invasions et l'immigration. Chacun a apporté avec lui sa propre langue et donc ses propres noms. En effet, l'onomastique est étroitement liée à la linguistique, la plupart des noms ayant une signification précise.

    Nous allons donc étudier les différentes origines des noms présents sur l'ensemble du territoire ; puis les origines spécifiques à certaines régions ayant eu une histoire ou un peuplement particulier ; enfin, nous terminerons en évoquant succinctement les origines des noms apparus avec l'immigration.

     

     
     
     
     
     
     
       
       


    Typologie des noms de famille

     

     
     
       

     

     

     http://www.geopatronyme.com/cdip/originenom/originedesnoms.htm

     

     

    ORIGINE DES NOMS DE FAMILLE

     

    Les surnoms. 

    Les surnoms constituent la catégorie de base des noms de famille. S'ils peuvent être facilement confondus avec les surnoms dits « physiques » ou « moraux », ou encore les « sobriquets », ils étaient motivés par un trait marquant de l'individu qui se trouvait ainsi nommé sans ambiguïté, dans le cercle restreint de son village et de ses proches.

     

    C'est ainsi, par exemple, que deux personnes ayant le même nom de baptême, se verront distinguées par l'attribution d'un adjectif qui, au fil des évolutions, deviendra son nom de famille. Par exemple, si deux personnes d'un même village portent le nom de Bernard, on attribuera à l'un des deux un nom faisant référence soit à une de ses qualités propres, soit à son lieu d'habitation. Le nom ainsi donné sera alors Petibernard ou Bernarmont.

    Les surnoms peuvent également désigner une expression employée fréquemment. Ainsi, un homme répétant souvent « par la grâce de Dieu » se verra appelé Pardieu.

    Nous allons poursuivre en évoquant ci-dessous différentes formes de surnoms utilisés pour caractériser leurs porteurs : les noms de lieux, les noms « d'état », les noms de métiers, les sobriquets, puis les surnoms moraux et physiques.

     

    Les noms de lieux :


    Au Moyen-Âge, pour différencier les personnes (nobles et roturiers) qui n'avaient qu'un nom de baptême, on les surnommait souvent du nom de leurs terres d'origines. C'est à cette époque que des noms comme Duhamel (« le hameau »), Dumas (« la ferme ») ou Castel (« le château ») virent le jour.

    A l'heure actuelle, les noms de lieux constituent une grande partie des noms de famille. Ils font référence à deux types de lieux:

     

    • Les lieux-dits :

    Ce sont des noms empruntés aux domaines dont la propriété passait d'une génération à une autre au rythme des héritages. Parmi les porteurs de ces noms, il en est beaucoup qui ne possèdent plus les domaines correspondants. Pourtant, il n'est pas rare de retrouver certains porteurs de noms de lieux non loin de l'endroit en question.

     

    • La provenance :

    Ces noms désignaient les lieux proches du domicile d'un individu (route, chemin, source, cours d'eau, marécage, toponymie alpine, monastère, chapelle, etc.), ou les régions d'origine de nouveaux habitants (hameau, village, ville, région, pays, etc.).

    Il pouvait s'agir, par exemple, d'une personne vivant près d'un pont (Dupont, Dupontet, Dupontel etc.), ou venant d'Auvergne (Lauvergne, Larverne, Larvergne etc.).

    Mais on désignait également l'individu par un terme rappelant la caractéristique de sa maison : Kergoat (« maison en bois »), Piarresteguy

    (« demeure de pierre »).

     

    Les noms dit « d'état » :


    Cette catégorie regroupe des noms issus des fonctions occupées par les personnes auxquelles ils ont été attribués.

    Ils apparaissent en France à partir du XIIème siècle, époque à laquelle la vie sociale prend une véritable place en France. C'est en effet la période où naît la petite bourgeoisie englobant les artisans, les petits commerçants, ainsi que toutes les professions issues de la fonction publique. Les avocats et les religieux, jusqu'alors au service de la noblesse, se mettent a côtoyer cette bourgeoisie génératrice de développement économique.

    Les porteurs de ces noms n'exerçaient pas forcement cette profession. En effet, le maître dont ils dépendaient transmettait a ses serviteurs son nom générique.

    La quasi totalité de ces noms révèlent une caractéristique liée a la vie sociale (Ex. : Avoyer « Avocat », Chevalier, Maréchal, Prévosts, Clerc, Abbey, Évêque).

    Il est a noter que ces noms se retrouvent sur l'ensemble du territoire français, avec dans certains cas des modifications orthographiques liées au changement de région, le sens ne changeant guère.

    De part leur spécificité ces noms sont les plus rares en France.

     

    Les noms de métiers :


    Entre le Vème et le Xème siècle, les habitants de la France ne portaient que leurs noms de baptême. A partir du XIIème siècle, pour différencier les homonymes devenus trop nombreux, certains noms de métiers furent adoptés pour désigner les individus.

    C'est plus tard, au hasard d'un acte de baptême, de mariage ou de sépulture que les noms de métiers sont devenus héréditaires, se transformant en nom de famille.

    Il est a noter, que ces noms relèvent plutôt d'une origine citadine. En effet, c'est dans les bourgs et dans les lieux de foires que l'on retrouve le plus souvent artisans et négociants. Voici quelques exemples de noms de métiers : Couturier, Fournier, Lefebure, Barbier, Wagner (charron), Schumacher (cordonnier), Mitterand (le mesureur).

     

    Les sobriquets :


    Il est assez difficile de bien repérer un nom répertorié comme « sobriquet ». Ces noms sont en effet des déformations humoristiques ou fantaisistes. Cependant, ils peuvent également exprimer une caractéristique morale ou physique, sans pour autant devoir être considérés comme des noms dits « à caractère physiques ou moraux ».

    Ils ne sont pas forcément péjoratifs, mais expriment plutôt une particularité chez un individu. Ce dernier, une fois dénommé par ses pairs, créait sa propre famille autour de ce nom.

    Ces noms sont apparus au Moyen-Âge et sont dans bien des cas des adjectifs. Par exemple : Bachelard (« jeune garçon a marier »), Gagnebin (« qui sait gagner de l'argent »), Lesot (« celui qui ramenait l'eau »), Couard (« désignait un homme peureux »), Romeu (rappel le pèlerinage d'un individu à Rome), Lesoldat, etc.

     

     

    Les surnoms « moraux » :


    Les noms dits « moraux » sont apparus en France aux alentours du XIIème siècle. Ils désignaient les personnes qui se distinguaient par leurs qualités ou leurs défauts : Vaillant, Hardy (« homme brave »), Doucet (« homme gentil », « doux »), Lesage (« homme savant »), Agassi (« celui qui jacasse »).

    Les animaux servaient aussi de référence pour qualifier les surnoms moraux : Renard (« le rusé »), Chevrier (« chèvre », désignait un homme leste, agile), Cocteau (« coq », désignait un homme vaniteux, orgueilleux, querelleur).

     

     

    Les surnoms « physiques » :


    Les noms a caractéristique « physiques », sont apparus en France, comme d'autres types de noms, aux alentours du XIIème siècle.

    Ces noms de famille étaient donnés aux personnes qui présentaient une particularité physique apparente permettant de les distinguer. Ces particularités étaient bien souvent en rapport avec la morphologie.

     


     

     

     

     

     

     

     

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    La légende du fantôme des Tuileries

     

     

    L’histoire du palais des Tuileries est liée à une légende, celle du petit homme rouge des Tuileries.

    Nous sommes en 1564, Catherine de Médicis, Reine de France, se lance dans un projet pharaonique: transformer les fabriques de tuiles du bord de la Seine en demeure royale.

    Après la construction de son palais, celle-ci vint y vivre ; mais aussitôt, elle prit ce séjour en horreur et le quitta pour toujours.

    Elle déclara qu’un fantôme, aux apparitions prophétiques, rodait dans le palais et qu’il lui avait prédit qu’elle mourrait près de Saint-Germain. le spectre diabolique des tuileries portait comme uniforme … un costume rouge couleur sang !

     

      

    Cette légende du fantôme des Tuileries vient en réalité de Jean dit l’Ecorcheur, un boucher désosseur, qui vécut au temps de Catherine de Médicis et qui travaillait dans l’abattoir à proximité du palais. Celui-ci aurait été égorgé par un certain Neuville, sur demande de Catherine de Médicis au motif qu’il connaissait plusieurs secrets de la couronne. Au moment de mourir, il aurait promis à Neuville qu’il reviendrait d’entre les morts. Il ne tarda pas à tenir sa promesse … alors que Neuville s’en retournait pour rendre compte de l’accomplissement de sa mission à la Reine, il sentit derrière lui comme une présence. Il se retourna et découvrit, avec horreur, Jean qui se tenait là, debout, baignant dans son sang.

    Le fantôme aurait prévenu l’astrologue de Catherine de Médicis du danger imminent qui la guettait : “La construction des Tuileries la mènera à sa perte, elle va mourir”. Le petit homme rouge hanta les nuits de la Reine jusqu’à sa mort, le 5 janvier 1589 à Blois.

     

     

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    A partir de cet instant et au fil des siècles, le fantôme des Tuileries devint la terreur du palais des Tuileries en annonçant toujours un drame à celui à qui il apparaissait.

    Ainsi, en juillet 1792, il apparaît à la Reine Marie-Antoinette, peu de temps avant la chute de la Monarchie. La légende dit que Marie-Antoinette aurait même demandé au Comte de Saint-Germain, magicien de l’époque, de la protéger du fantôme des Tuileries. Les formules magiques n’y feront rien, le fantôme l’accompagnera jusqu’à sa condamnation à mort en 1793.

     

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    Plus tard, en 1815, c’est à Napoléon Ier qu’il apparaît, quelques semaines avant la bataille de Waterloo. Enfin, il apparut en 1824 à Louis XVIII et à son frère le comte d’Artois, quelques jours avant la mort du premier. Les prophéties du petit homme rouge étaient implacables.

    Le dernier chapitre de cette légende se passe le 23 mai 1871… en plein insurrection des communards à Paris.

      

    Le Palais des Tuileries fut alors incendié pendant trois jours consécutifs. Le feu détruisit la totalité du bâtiment. La silhouette du petit homme rouge fut observée par plusieurs témoins avant de disparaître à jamais dans les flammes.

      

     

     

     

     Sources

    http://www.pariszigzag.fr/histoire-insolite-paris/fantome-des-tuileries

     

     

     

     

     

     

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    Histoire des aborigénes : La colonisation

    La colonisation de l'Australie est une des période sombre de l'Australie. A leur arrivée, les Anglais ayant déclaré juridiquement que cette terre n’appartenait à personne, La Terra Nullius, ils ont fait peu de cas de cette culture vieille de 50 000 ans, entre massacres, exactions, tentatives d'assimilation, ce peuple, ces peuples sont passés tout prêt de l'extinction, c'est cette histoire que Caroline Simon a retracé au travers de ces articles fruits de recherches et d'un travail de passionnée.

     

     

    Halte aux préjugés

    Pour tous les récalcitrants, tous ceux qui résisteraient encore et toujours à l'idée selon laquelle " chasseur-cueilleur " n'est pas synonyme de " sauvage ", une petite explications 'impose !

    Si de nombreux groupes humains sont passés à l'agriculture et à l'élevage (" nous ", par exemple…), d'autres, c'est à dire 0,001% de la population mondiale en 1972 sont bel et bien demeurés chasseurs-cueilleurs.

    Et, si ces quelques groupes furent capables de maintenir ce fragile équilibre, c'est parce qu'ils disposaient de mécanismes sociaux et " technico-commerciaux" complexes et solides. D'ailleurs, en prenant le problème dans l'autre sens, on peut résumer en disant que l'Homme a vécu de chasse et de cueillette 99% de son temps, depuis son arrivée en ce bas monde. Et puis (on en rajoute une louche) les peuples " primitifs " n'ont absolument rien à voir avec nos ancêtres, car non seulement ils connaissent nos sociétés (pas toujours sous leur meilleur jour, bizarrement…), mais ils entretiennent bien souvent des relations avec elles. Pour les irréductibles, nous ne pouvons plus rien… Pour les autres, suivez-nous dans l'univers magique des fameux aborigènes d'Australie !

    Avant les Européens

    D'autres peuples, bien avant l'arrivée des Européens, avaient établi des relations de bon voisinage avec les peuples aborigènes d'Australie.<br\> Les Macassars, heureux habitants de l'actuel Sulawesi (les Célèbes), rendaient par exemple une visite annuelle aux tribus du nord de l'Australie. Ils en profitaient pour s'approvisionner en trépang mieux connu sous le nom de… concombre de mer ! Ils ont laissé derrière eux des objets, quelques mots, des cérémonies, et… même des liens familiaux.

    D'ailleurs, dans les années 1800, lors de leur première tentative de colonisation de la côte nord, près de Darwin, nos petits Européens notèrent que les Aborigènes s'adressaient à eux dans un pidgin du Malais.<br\> En 1906, ces voyages ont pris fin, puisque le gouvernement les a, à l'époque, formellement interdits. Depuis quelques temps, bonne nouvelle, les contacts ont repris, entre les communautés Yolngu et la cité d'Ujung Pandang, entre autres, et c'est ainsi que se sont réunifiées des familles entières! En 1988, l'équipage d'un prau, (une sorte de canoë), a reconstitué les voyages du bon vieux temps, ramenant à leurs familles d'Arnhem Land, des parents macassars qu'ils avaient " perdus de vue "...

    1788 terre en vue !

    Bien avant les surfeurs, d'autres ont glissé sur les vagues " Aussies "… Aux XVI et XVIIèmes siècles, nos amis portugais, espagnols (Luis Vaez de Torres en 1606) et néerlandais (Henrik Brouwer en 1611, Dick Hartog en 1616, Frederik de Hartman en 1619) ont chercher à développer leur commerce avec l'Asie.

    Rien de très excitant… Purement mercantiles, les mecs ! ! Ce sont les vaisseaux de la " Verenigde Oost-Indische Compagnie "(VOG pour les intimes !), menés par Willem Janzs qui touchèrent les futures eaux territoriales australiennes en 1606 : " prem's " !

    En 1642, le navigateur néerlandais Abel Tasman partit en reconnaissance le long des côtes de celle qui devait porter son nom… J'ai nommé la... Tasmanie, bien sûr.

     

    William Dampier (lui, c'est un de nos voisins d'Outre-Manche) effectua un petit séjour sur la côte ouest entre 1688 et 1699, mais ce fut seulement vers 1770 que son compatriote, James Cook, à bord de l' " Endeavour ", non content de prolonger son voyage dans le Pacifique Sud (y'en a qui connaissent les bons coins…), repéra les côtes de la future Nouvelle-Hollande et de la revendiqua au nom de la Couronne Britannique.

     

    Après la Guerre d'Indépendance américaine, plus de prisons… La Grande-Bretagne a donc cherché à établir de nouvelles colonies pénitentiaires. Et qui s'est qui s'y est collé ? Je vous le donne dans le mille… Et ça, c'est en partie " la faute à "… Sir Joseph Banks (encore un sujet de Sa Majesté), le naturaliste, qui accompagnait Cook lors de ce voyage où il cartographia la côte est de l'Australie (1768-1771, voir ci-dessus pour ceux qui ne se souviennent déjà plus!), qui fit l'éloge de ce continent auprès des hommes politiques de l'époque.

    Et c'était parti ! La " First Fleet ", et ses 1 500 passagers, dont une bonne moitié de bon vieux convicts de derrière les fagots (en plus, avec plusieurs mois en mer dans les pattes, j'vous raconte pas la tête des koalas !), arrivèrent à Port Jackson - plus connu aujourd'hui sous le nom de Sydney Harbour - en 1788.

     

    Et donc, et donc… le 26 janvier, date du débarquement du Gouverneur Phillip, est dorénavant Fête Nationale : " Australia Day ".

    Go West

    Après des premières années de vaches maigres (un peu de mal à s'adapter et à ne pas calquer la vie du Vieux Continent…), la colonie commença à prospérer.<br\> Les colons se mirent en recherche d'espace, pour satisfaire leurs besoins: ils étaient alors 173 000 colons libres et 168 000 convicts (50/50, quoi…), en seulement dix ans de colonisation ! Des colonies furent établies en Tasmanie (Van Diemen's Land à l'époque, voir la chanson de U2), et en lisière de l'actuelle Brisbane.

    Les " explorateurs ", plus téméraires, se frayèrent une route à travers les Blue Mountains. Les " squatters ", (rien à voir avec leurs homonymes actuels, ou presque, c'étaient des colons spéculateurs) les ont imité, à ce détail près qu'eux étaient accompagnés de leur bétail (dans le genre " je voyage léger… En même temps, un déjeuner sur pattes, y'a pas, c'est pratique…).

     

    Et c'est enfin en 1814 que Matthew Flinders, le cartographe célèbre pour sa circumnavigation du continent, proposa de le baptiser "Australie". On y est ! Après, ça devient plus méthodique toutes ces explorations ! Et voilà Melbourne, Adélaïde, Perth qui pointent le bout du nez… Pareil pour Sydney, Hobart, et Brisbane.

    Pour ce qui est de la déportation des prisonniers vers la Nouvelle-Galles du Sud, elle s'est arrêtée en 1840, tandis qu'elle s'est poursuivie en Australie Occidentale jusqu'en 1868 ! Une nouvelle fournée d'immigrants débarque dans les années 1850, en proie à la fièvre de l'or, et voici Cooper Peddy et Kalgoorlie qui sortent de terre (quoique… Cooper Peddy est quand même une ville souterraine !).

    Les " diggers " ne sont pas plus tôt arrivés qu'ils se révoltent, dans le Victoria en 1854 contre des autorités quelque peu… autoritaires… La démocratie aussi avait traversé les océans, dans leurs baluchons ! En 1901, le premier jour du vingtième siècle, les six colonies indépendantes se fédérèrent en un " Commonwealth of Australia ".

    Le reste de l'histoire, on connaît mieux (voir " album de famille " ci-dessus !). Par contre il manque comme une pièce au puzzle, 'trouvez pas ? Même peut-être des milliers de pièces… Vous savez, les amis des Macassars, les joueurs de didjeridoo, les chasseurs de kangourous, les cueilleuses de baies…

     

    Texte: Caroline Simon

    Copyright photos : Wikipedia

     

     

    La colonisation de l'Australie est une des période sombre de l'Australie. A leur arrivée, les Anglais ayant déclaré juridiquement que cette terre n’appartenait à personne, La Terra Nullius, ils ont fait peu de cas de cette culture vieille de 50 000 ans, entre massacres, exactions, tentatives d'assimilation, ce peuple, ces peuples sont passés tout prêt de l'extinction, c'est cette histoire que Caroline Simon a retracé au travers de ces articles fruits de recherches et d'un travail de passionnée.

     

    Un Sombre constat

    Rubrique à éviter pour les personnes atteintes de troubles anxio-dépressifs divers… Car l'Australie est un pays merveilleux, sauf que… les Aborigènes ont quand même été victimes de nombreuses exactions… Ca n'est pas une spécialité " Aussie ", nous n'avons pas de leçon à donner en Europe, mais il faut quand même essayer d'y voir clair ! Avertissement (bis), ce qui suit est une suite de statistiques froides et difficilement supportables…

    En 1911, les Aborigènes n'étaient plus que 31 000 (on estime qu'ils étaient environ 400 000 en 1788)… Le recensement de 1996 montre une multiplication par dix : 352 970 personnes soit 1,97 % de la population, dont 68% en milieu urbain.

    En réalité, le chiffre est plus proche des 2,5% de la population totale. Pourtant, cette augmentation résulte plus d'un changement d'attitude de la part des Aborigènes, qui osent à nouveau avouer leur aboriginalité. Ils craignaient souvent l'usage qui pourrait être fait de ces chiffres et éprouvaient d'ailleurs une profonde aversion pour les systèmes imposés par les Blancs en général, et pour cause.

    Les Aborigènes figurent au bas de tous les tableaux statistiques. Leur espérance de vie est " réduite ", c'est le moins qu'on puisse dire (50-55 ans chez les hommes et 55 ans pour les femmes contre, pour le reste de la population des chiffres équivalents à ceux, très élevés, des Français et des Japonais, 75 et 80 environ).

    Leur taux de chômage est par contre élevé (22,7% contre une moyenne nationale de 8,1%, en 1996), très peu sont propriétaires, et ils perçoivent un revenu annuel moyen très bas (502$A par semaine pour un ménage moyen de 3,7 personnes chez les Aborigènes, contre 736$A pour un ménage d'environ 2,3 personnes en général) ;

    un taux d'arrestation et d'incarcération extrêmement hauts; le taux le plus élevé d'institutionnalisation, avec, pour chefs d'accusation dominants, des délits rares dans les années 1960 (homicide, viol, mauvais traitement d'enfants, vol, agression physique, trafic et consommation de drogue);

    et un taux de suicide chez les jeunes, qui n'est aujourd'hui plus considéré comme un acte criminel, mais dont le taux demeure parmi les plus élevés du globe… Rien de très folichon là-dedans. Pas exactement l'image traditionnelle…

    Bringing Them Home

    <br\> Une des racines de ces terribles statistiques, c'est le problème de la " Stolen Generation ". Si vous n'en avez jamais entendu parler, Bringing Them Home est le document à lire…

     

    C'est le gouvernement travailliste qui a décidé en mai 1995 de mener une enquête sur cette fameuse Génération Volée d'enfants aborigènes (Cathy Freeman, par exemple), en réaction à la pression des groupes aborigènes et des média.

    Certains aspects sont très controversés, mais il était important d'établir la vérité, et cela a entraîné et accompagné d'immenses progrès dans ce que les Australiens appellent " race relations ".

    Le rapport Bringing Them Home décrit les lois, les politiques et les pratiques passées qui ont débouché sur la séparation forcée des enfants aborigènes et du Détroit de Torres de leurs familles et les conséquences que ces séparations ont pu avoir.

    <br\>

     

    <br\>Du même coup, il propose parfois des changements, en vue entre autres choses, de faciliter la recherche des disparus.

    <br\>Autre objectif : une éventuelle compensation aux personnes et communautés touchées.

     

    La Commission a essayé de travailler en concertation avec les Australiens. La date de fin de l'enquête était fixée au mois de décembre 1996.

    Pas mal pour un seul rapport ! Sous le jargon administratif, de témoignage en témoignage (des centaines), de tableau statistique en tableau statistique, on découvre dans Bringing Them Home le calvaire subit par les peuples indigènes australiens, depuis deux siècles…

    Genocide or Genocide

    Depuis Bringing Them Home, on entend de plus en plus souvent parler de génocide, et il semblerait bien malheureusement que les exactions commises à l'encontre des Aborigènes relèvent bien de la définition de l'ONU.

     

    On va essayer d'y voir un peu plus clair, même si le tableau est assez sombre . Juste un truc : les virus n'ont pas aidé…

    Par contre, il paraîtrait qu'ils n'auraient pas été utilisés, pour une fois. C'est effectivement seulement en 1882 que le bactériologue allemand Robert Koch a postulé sa théorie.

    Et donc, avant ça, on compte trois vagues d'épidémies :<br\>

     

    <br\>- avril 1789, juste après l'arrivée des colons tous dégueulasses et plein de " bugs "<br\> - des indigènes qui dérobent des fioles de " variolous matter " apportées par les chirurgiens et les médecins dans leurs petites valises ? Infection accidentelle ?<br\> -

     

    <br\><br\><br\> 1829-1831 origines mystérieuses.<br\> - 1865-1869, visites de pêcheurs malais de trépang. Pas vraiment de préméditation dans ce domaine…

    Copyright photos : Wikipedia

    Texte: Caroline Simon

     

     

     

    Des politiques très controversées

    Par contre, la " Native " ou " Black Police ", constituée de corps entièrement aborigènes (ça s'appelle " diviser pour mieux régner "…), formée dans les différentes colonies dans les années 1830 à 1880, a semé la terreur. D'autre part, certains " settlers " (militaires, colons, chasseurs de baleines, etc.) se sont distingués par des comportements tristement sauvages…

    Exception notable au tableau : l'Australie Méridionale.<br\> Les premiers chasseurs de baleines et de phoques ont certes tué et kidnappé, mais, dès 1836, début de la colonisation permanente, les colons ont adopté une ligne de conduite indépendante sur tous les plans.

    Autre facteur: la politique de " Protection " ou " Welfare ". L'Enfer est pavé de bonnes intentions, et en l'occurrence celles de faire face à tous ces massacres.

    Tout commence dans les années 1840, avec la nomination de " Protecteurs " dans chaque colonie. Cette " Protection " revêtait deux formes: · la première, légale et insuffisante, visait à écarter les Blancs, et à mettre les Aborigènes sous tutelle. · l'autre, géographique, comptait sur l'isolement des lieux gérés par le gouvernement en collaboration avec la hiérarchie chrétienne.

    Malheureusement, tout ça s'est bien vite transformé en processus " christianizing " et de " civilizing ", en privé, loin des regards inquisiteurs.

    Ces Blancs étaient devenus tuteurs des enfants comme des parents: écoles, infirmeries, fermes, services publics, dortoirs, prisons, revenus, jardins, réseaux d'assainissement, mariages, lectures, loisirs, gestion des comptes en banque, ils n'en perdaient pas une miette… En fait, ils " protégeaient " les Aborigènes autant des " étrangers " que d'eux-mêmes.

    Vint alors le temps de la politique d' " Assimilation " (dès 1858 dans le Victoria et en Nouvelles-Galles du Sud).

     

    Cela consistait dans un premier temps à distinguer enfants " half-caste " et enfants " full-blood " (deux petits mots pas jolis-jolis, du genre pas politiquement corrects du tout, à éviter d'utiliser !), à enlever les enfants métis (donc, les fameux " half-castes ") à leurs parents, puis à les replacer chez des familles blanches, dans le but de " blanchir " des générations de petits Aborigènes. Entre 1883 et 1969, on estime qu'environ 5625 enfants furent ainsi volés en Nouvelle-Galles du Sud.

     

    Bringing Them Home résume ainsi la situation:

    " Nous pouvons conclure avec certitude qu'entre un enfant indigène sur trois et un enfant indigène sur dix a été enlevé à sa famille et à sa communauté entre 1910 et 1970. ". suite...

    Il ne s'agit pas ici de faire de l'humour mal placé, mais on va voir que même Spirou évoque le problème… à sa manière.

    La Terre : Titre indigène vs Terra Nullius

    Autre problème crucial : celui du territoire…

    Avant l'arrivée des Européens, les Aborigènes, nomades, pour la plupart se déplaçaient à travers l'Australie. Ils respectaient à peu près les territoires les uns des autres et observaient un certain nombre de protocoles et de règles en territoire étranger.<br\> Il existait donc un système de propriété en Australie avant l'arrivée des Européens. C'est seulement lorsque la colonisation a commencé à prendre de l'ampleur quer les conflits ont éclaté. Avant, les relations étaient (presque) au beau fixe…

    En 1770, le Capitaine James Cook avait pour instruction de conclure un traité avec les "natifs" avant de prendre la terre au nom de la Couronne.

    En 1788, l'autre capitaine, Arthur Phillip, avait les mêmes instructions: "de s'efforcer, par tous les moyens en son pouvoir, de chercher à établir des relations avec les indigènes et de se concilier leurs bons offices, en exigeant de toutes les personnes vivant sous sa tutelle de vivre en bonne intelligence avec eux. ".<br\> Pas mal! Pourtant, c'est resté lettre morte. L'Australie était considérée, malgré la présence très visible des Aborigènes, comme une "terra nullius", complètement inhabitée.

     

    Pour simplifier, et sans être simpliste, le système britannique de "freehold" (propriété foncière libre, à perpétuité) et de "lease" (bail) allait désormais réglementer la distribution des terres.

    Ca fonctionnait dans les grands centres de la colonisation, mais une fois les immenses territoires de l'intérieur de l'Australie ouverts, impossible de contrôler les insatiables squatters... D'où le système du " pastoral lease ", tout particulier à l'Australie.

    Ces colons ont obtenu le droit d'utiliser la terre pour l'agriculture et l'élevage, cependant, celle-ci demeurait propriété de la Couronne, et pouvait par conséquent servir à d'autres pour le bois, la pêche, et aux Aborigènes pour la chasse et les cérémonies traditionnelles.

    Ces droits ont souvent été bafoués, pas toujours, surtout jusqu'à la Loi sur la Discrimination Raciale de 1975, qui interdit aux gouvernements et parlements des états australiens (ils sont en charge de l'administration des terres) d'exercer quelque discrimination que ce soit à l'encontre de quiconque sous prétexte de sa couleur, de sa " race ".

    Copyright photos : State library of Queensland et National Archive of Australia

    Copyright texte : Caroline Simon

     

    sources

    http://www.australia-australie.com/articles/histoire-des-aborigenes-la-colonisation-33

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    La “cabane au fond du jardin” de Michel Onfray

                 

      

    Une fois encore, Michel Onfray parvient à nous surprendre ; il débarque sur un rivage où on ne l’attendait pas. Son dernier ouvrage, Le Recours aux forêts (Galilée, 76 pages, 14 €) porte un sous-titre : « La Tentation de Démocrite ». En le recevant, à la lecture de la couverture, j’avais imaginé qu’il s’agissait d’un essai philosophique, bien que le volume fût un peu mince pour un tel exercice. La surprise fut donc grande de découvrir au fil des pages un très beau texte poétique où l’autobiographie transparaît et qui finalement, sous cette forme non-conventionnelle, aborde la philosophie d’une manière bien plus attractive qu’un long pensum.

    Avec ce texte, l’auteur reprend une tradition qui avait été interrompue par la philosophie allemande du XVIIIe siècle. Là où, auparavant, les philosophes n’hésitaient pas à utiliser le récit, voire l’humour, pour mieux illustrer et transmettre leurs messages, les Allemands avaient privilégié la rigueur affectée de traités rébarbatifs, comme si la profondeur de leurs pensées avait dû se mesurer à l’aune de l’ennui ressenti par le lecteur. L’influence de cette austérité, supposée gage de sérieux, sur la philosophie s’étend, hélas, jusqu’à aujourd’hui, tous pays confondus ; c’est pourquoi on ne peut que saluer un livre comme Le recours aux forêts, qui, outre sa réelle dimension littéraire, se présente comme un texte d’abord facile, agréable et esthétique.

    Dans sa « Postface en forme de préface » que je conseillerais volontiers de lire avant d’aborder le vif du sujet, Michel Onfray en esquisse la genèse : il s’agit, notamment de la sollicitation d’un homme de théâtre, Jean Lambert-wild – un pèlerinage improbable et finalement avorté aux Etats-Unis, sur les traces… d’une communauté fouriériste ! Au passage, l’auteur épingle avec un humour au vitriol (pp. 68-69) un précédent voyage en Amérique, celui qu’effectua BHL et dont il tira American Vertigo. Un second projet fut élaboré, vers l’Islande cette fois. Je ne recommanderai jamais assez, pour avoir eu la chance de m’y rendre à de nombreuses reprises, de visiter cette île aux paysages lunaires, aux fureurs terrestres des premiers âges dont volcans et geysers témoignent au quotidien, ce pays où l’on pêche encore le saumon sauvage en pleine ville, comme à l’époque des Sagas médiévales.

    « Dans ce lieu, l’écologie véritable devient sagesse universelle : non pas l’écologie mondaine, urbaine, l’écologie morale, l’écologie devenue religion d’après les religions, mais la philosophie d’un rapport virgilien à la nature […]. »

     

     

      

    Sans, in fine, s’y être rendu, Michel Onfray vient, en quelques lignes, de saisir cette caractéristique écosophique de l’Islande. Point en effet, sur cette terre de glace et de feu, caressé au sud-ouest par le Gulf Stream, de télécologistes se délectant, à l’instar des télévangélistes, de nous annoncer l’apocalypse à grands renforts d’images dont la dimension émotionnelle exclut toute pensée rationnelle ; point non plus d’écojettseteurs cyniques nous exhortant à un renoncement dont ils savent eux-mêmes si bien s’affranchir ou s’empressant de nous culpabiliser sans se soucier de leurs propres turpitudes. Le rapport à la nature des Islandais relève de l’ontologie. Là-bas, belle ou mortelle, cette nature est respectée, acceptée au point que – beaucoup d’habitants me l’avaient dit – chacun se sent prêt, sans terreur aucune, à découvrir un volcan émergeant dans son jardin après une bonne nuit de sommeil. Rapport romantique aussi, comme le suggère la légende (en est-ce bien une ?) relatant que la fille du propriétaire de la magnifique chute de Gullfoss, Sigridur Tómasdóttir, avait menacé, dans le courant du XXe siècle, de se jeter dans ses eaux limpides si un jour elle devait disparaître dans le vaste projet d’une centrale hydroélectrique qui, heureusement, fut abandonné.

    Si ce second voyage envisagé avorta, comme le premier, Michel Onfray, à la faveur de lectures préparatoires, puisa dans les Sagas islandaises la notion du recours aux forêts, cette tradition d’offrir aux condamnés, aux proscrits exclus de la communauté, la possibilité de trouver refuge dans une forêt, à ses risques et périls. On pense naturellement à Ernst Jünger et à son Traité du rebelle, le « Waldgänger » désignant, à la fois, le rebelle et celui, précisément, qui a recours aux forêts :

    « Nous appelons ainsi celui qui, isolé et privé de sa patrie par la marche de l’univers, se voit enfin livré au néant. Tel pourrait être le destin d’un grand nombre d’hommes, et même de tous – il faut donc qu’un caractère s’y ajoute. C’est que le Rebelle est résolu à la résistance et forme le dessein d’engager la lutte, fût-elle sans espoir. Est Rebelle, par conséquent, quiconque est mis par la loi de sa nature en rapport avec la liberté, relation qui l’entraîne dans le temps à une révolte contre l’automatisme et à un refus d’en admettre la conséquence éthique, le fatalisme. »

      

    D’une manière différente, et sous le signe « de l’histoire et de l’hédonisme, du mal et d’un antidote possible », l’auteur se fait lui-même rebelle, en tant que celui qui n’accepte pas le jeu social tel qu’il se présente, avec sa face de méduse. Sans attendre que cette société le bannisse pour son indépendance d’esprit, il lui décerne un beau pied de nez en s’exilant lui-même – un exil volontaire qui n’a rien d’une sanction, mais tout d’un choix de vie. Il suit l’exemple de Démocrite qui, « après avoir beaucoup voyagé […], sondé la profondeur maligne de l’âme humaine, expérimenté l’étendue de la méchanceté du monde, se fit construire une petite maison au fond de son jardin pour y vivre le restant de ses jours. » Tel est le point de départ de ce texte de commande.

    Dans la première partie de son livre, « Permanence de l’apocalypse »,

    Michel Onfray dresse un catalogue des noirceurs de l’homme, de ses jalousies, ses envies de pouvoir, ses folies religieuses : « Les solstices et les équinoxes se remplacent / Mais nul repos, nul répit pour la mort que / les hommes infligent aux hommes. » Rien n’échappe à son œil acéré d’observateur attentif dans ce triste état des lieux, ni l’injustice, ni la trahison, ni l’intolérance, ni l’hypocrisie, ni la violence. Ni les escroqueries intellectuelles, comme celles dénoncées dans ces lignes : « J’ai vu des philosophes / De loin / Sans jamais partager leurs tables / Car les philosophes me font rire plus encore que les autres / […] La plupart donnent des leçons / Se voulant maîtres des autres sans être maîtres d’eux-mêmes ! » Naturellement, toute ressemblance avec des philosophes existants ou ayant existé, etc., etc.

    Face à ce constat, Michel Onfray propose une démarche, ce recours aux forêts, cette cabane au fond du jardin (« J’y vais pour y vivre en paix avec moi-même / Donc avec le monde ») dans laquelle l’homme peut redécouvrir la nature et se fondre en harmonie avec les éléments qui la composent. Il la décrit, aucun de ses détails ne manque. Cette seconde partie du texte se présente comme un véritable hymne à la nature ; ceux qui, dans leur enfance, n’ont pas, au moins un moment, vécu à la campagne ne pourront tout à fait comprendre, tant les sensations présentées ici font appel à l’émerveillement et à la découverte qui sont l’apanage de la prime jeunesse. Cette relation avec la nature n’est pas celle, fantasmée ou faussement idéalisée, des bobos. En revanche, elle s’apparente à une communion avec le cosmos – jusqu’à la mort sereinement acceptée – et rappelle singulièrement celle dont parle Lucrèce dans La Nature des choses.

      

    Publié sous forme de livre, ce texte de Michel Onfray va faire l’objet d’un spectacle, sous la direction de Jean-Lambert-wild, sur une musique de Jean-Luc Therminarias et une chorégraphie dont on peut attendre beaucoup, puisqu’elle a été confiée à Carolyn Carlson. La création aura lieu du 16 au 20 novembre 2009 à la Comédie de Caen, théâtre d’Hérouville, dans le cadre du festival « Les Boréales », puis la troupe se produira en tournée dans plusieurs villes de France jusqu’en mars 2010.

      

      

    Illustrations : Michel Onfray - Démocrite, gravure - Le Recours aux forêts, spectacle © Comédie de Caen.


    En savoir plus sur

      

    http://www.paperblog.fr/2440770/la-8220cabane-au-fond-du-jardin8221-de-michel-onfray/#85hBjiHSwvEVBOJH.99

     

     

     

     

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    Une agriculture meurtrière !

     

      

      

    Quotidiennement, on nous répète les différentes catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique notamment en Vendée avec la tempête Xynthia. Mais, il n'y a pas que la planète qui cause des dégâts sur notre environnement, il y a aussi l'Homme, qui est la principale cause du réchauffement climatique mais aussi le propre tueur de son prochain. L'agriculture actuelle, industrielle et chimique, change le climat mais aussi l'Homme avec des malformations à la naissance.

    Quand on sait que 90% des cultures sont traitées chimiquement en France, ça fait froid dans le dos et je n'exprime même pas les dégâts que cela cause sur la biodiversité et l'Homme. La France est la 1ère utilisatrice de pesticides d'Europe et la 3ème mondiale. Mais les résultats de ce mode de production du « tout drogué pour produire plus » ne profite à personne, ni aux agriculteurs ni aux consommateurs. Tout le monde est perdant avec l'utilisation de produits chimiques et/ou d'OGM.

    Une cause de cancer chez les adultes

    70% des cancers sont liés à l'environnement dont 30% à la pollution et 40% à l'alimentation. Un constat dramatique qui ne cesse de s'alourdir. En France, l'indice du cancer a augmenté de 93% en 25 ans chez l'homme. Et en 25 ans, l'utilisation de produits chimiques et pesticides a progressé autant pour atteindre le chiffre cité précédemment soit 90% des terres sont traitées. Les conséquences sur l'Homme sont des problèmes neurologiques, des cancers, ... Et pour le constater, il suffit de contacter la MSA (Mutualité Sociale Agricole) pour se rendre compte du nombre d'agriculteurs atteints de cancers ou autres maladies « nouvelles ».

    Mais aussi chez les enfants

    Que les agriculteurs qui droguent, se fassent du mal par la même occasion, chacun est libre de ses choix de production. Mais que les enfants et les futures générations en payent les conséquences, c'est autre chose ! En Europe, 100 000 enfants meurent tous les ans à cause des cancers et depuis 30 ans le nombre d'enfants atteints par un cancer augmente de 1,1% par an. Et ce constat est dramatique, les enfants sont les principales cibles de nos politiques agricoles, du produire plus avec tous les moyens possibles.

     

     

    Conséquence sur la Terre

      

      

    On les connaît, desséchement et appauvrissement des sols, pollution des eaux comme au Lac de la Bultière, la disparition des abeilles... Enfin, ce sont des tonnes de bilans d'année de production industrielle qui nous dit aujourd'hui que 75% des espèces comestibles ont disparu en 100 ans et30% du vivant sur Terre a disparu. Avec plus de 140 millions de tonnes d'engrais chimiques répandus dans le monde par an, notre mode d'alimentation industriel est à 30% la cause du réchauffement climatique. Aujourd'hui, l'association France Nature Environnement lutte contre cette agriculture, qui malheureusement a de lourdes conséquences sur l'environnement comme les algues vertes le long des côtes bretonnes.

      

      

      

    L'Union Européenne

      

      

    L'Union Européenne consacre plus de 40% de son budget à l'agriculture et plus 9,5 milliards d'euros de subventions aux agriculteurs. Si nous voulons stopper le massacre de l'agriculture actuelle, il faut sensibiliser l'UE pour qu'elle investisse et subventionne une politique agricole biologique.

      

    Et cela est possible. On peut se fixer 5 ans pour commencer à allouer les 9,5 milliards d'euros à la restauration collective afin d'accroître le prix d'un repas à 3€ mais surtout pour relancer la demande de produits de qualité donc locaux. Et le reste du budget du PAC à la transformation et la formation des agriculteurs à une agriculture biologique.

      

      

    Les agriculteurs veulent être rémunérés par le prix et non plus par les subventions européennes comme des mendiants. Si l'Union Européenne subventionne la restauration collective avec une vraie volonté d'une restauration biologique, les agriculteurs seront Tous gagnants. Notre environnement et surtout les générations futures seront que bénéficiaires de ce changement comme les agriculteurs et les futurs.

      

      

    De plus, si l'Union Européenne va vers ce changement, elle lutte ainsi contre le cancer. Enfin, si nous, citoyens français et européens, nous voulons un avenir sain et digne pour nos enfants et les générations futures, il est temps de vouloir un changement pour notre agriculture qui abîme notre planète et notre santé.

      

    Des solutions simples et justes existent, il suffit d'en avoir la volonté, alors ensemble nous nous devons de l'avoir et de prôner ce changement pour nos enfants.

     

     

    Si ce qui est écrit est exact, je ne comprends pas pourquoi nous n'assignons pas l'État français devant les tribunaux. C'est l'État qui encourage la politique agricole commune(PAC) et les dégâts au plan santé ne pourront jamais être couverts par la sécurité sociale. Ceci n'est que chiffre, c'est sans compter la détresse, le désespoir, la souffrance, la culpabilité de ceux qui ont été acteurs et ont permis de telles actions et de ceux qui souffrent directement dans leurs chairs des méfaits de l'agriculture conventionnelle. Et je ne parle pas de la disparition de la diversité des organismes vivants!

     

    sources

    http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/02/27/2419266_une-agriculture-meurtriere.html

     

     

     

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    Élisée Reclus : un géographe d’exception

    Béatrice Giblin

    Résumé : « Élisée Reclus : un géographe d’exception »

    Dans l’œuvre immense de Reclus on ne peut dissocier le géographe du libertaire. Son projet n’est pas d’inventer une société idéale, mais de changer vraiment le monde, de faire sauter les multiples formes d’oppression qui entrave l’épanouissement de l’homme dans une société juste. Il lui faut donc comprendre et expliquer le monde tel qu’il est. Ce qui rend intéressante, aujourd’hui encore, la lecture des œuvres de Reclus, ce sont les passages où il aborde les rapports de pouvoirs et/ou de domination. Reclus croyait en l’existence possible d’une société universelle, juste, où chaque individu serait respecté et saurait respecter autrui une fois que les hommes se seraient débarrassés des oppresseurs, des accapareurs, entre autres de l’État, source de puissance et de pouvoirs, donc de domination. Cette position politique est a priori en totale opposition avec l’approche d’Hérodote puisque la nation et dans une moindre mesure l’État sont des concepts que nous estimons fondamentaux de l’analyse géopolitique. Mais ce qui nous rapproche d’Élisée Reclus, c’est la volonté de décrypter le monde avec honnêteté, de ne pas masquer, dans la mesure où l’on en est conscient, ce qui ne nous plaît pas.

    Abstract : « Elisée Reclus : geographer of exception. »

    In Reclus’tremendous work, the geographer and the libertarian cannot be dissociated. His project is not to invent an ideal society, but to truly change the world and to abolish the various forms of oppression preventing human beings to blossom in a fair society. Therefore he must understand and explain the world as it is. To this day what makes interesting reading Reclus’works are the excerpts in which he brings forward power relations and/or domination relations. Reclus believed in the possible existence of a universal society, a fair society, in which each individual will be respected and will respect others once oppressors and monopolists of the state, among others, will be rejected as they represent a source of power and thus of domination. This political position is a priori in total opposition with the approach of the review Herodote as the nation and the state are fundamental concepts for a geopolitical analysis. But what brings us closer to Elisée Reclus is the will to decipher the world honestly, and not to hide, in all consciousness, what we dislike.

    Article Complet

    « J’ai parcouru le monde en homme libre... »

    Dès 1981, Hérodote consacrait un numéro à Élisée Reclus : un géographe libertaire. Pourquoi refaire vingt-quatre ans après un numéro sur ce grand géographe ? Pas spécialement par goût des commémorations, les manifestations pour le centenaire de sa mort y suffisent amplement et nous nous réjouissons de cette reconnaissance, même tardive, de l’importance de ce grand géographe, longtemps ignoré et même totalement inconnu des universitaires. Nous avions été les premiers à lui rendre hommage et ce dès le deuxième numéro de la revue où j’écrivais un article intitulé « Élisée Reclus : géographie, anarchisme », suivi de morceaux choisis tirés de la Nouvelle Géographie universelle (NGU) sur l’Inde [t. VIII, 1883]. Nous avons décidé de consacrer de nouveau un numéro à Élisée Reclus parce qu’en vingt-cinq ans le temps a passé. Autrement dit, le monde est devenu beaucoup plus complexe depuis l’effondrement de l’Union soviétique et la fin de la guerre froide. Avant même cet événement, la société communiste ne faisait déjà plus rêvée grand monde. Cependant, on pouvait encore imaginer que les principes étaient justes et que c’était leur application qui était contestable. Nous n’en sommes plus là.

    Rappelons que déjà pour Reclus, le sort du monde allait se jouer entre les États-Unis et la Russie :

    Par la force des choses, aussi bien que par la conscience orgueilleuse de leur rôle parmi les nations, les États-Unis en sont arrivés à disposer dans tout le monde occidental d’une réelle préséance. Ils constituent une république patronne d’autres républiques formant pour ainsi dire le contraste, dans l’ordonnancement général du monde, avec l’Empire russe, le plus puissant de tous par l’étendue territoriale [H&T, t. V, p. 219].
    Les États-Unis [sont] les rivaux de la Russie dans la prétention d’être la première parmi les grandes puissances du monde moderne » [ibid., p. 230].

    En ce début du XXIe siècle, ce sont les États-Unis qui l’ont emporté. On sait que leurs dirigeants actuels ainsi qu’une partie de l’opinion américaine sont convaincus d’être investis d’une mission, aider les peuples à se libérer de l’oppression dictatoriale de leurs dirigeants pour instaurer la démocratie partout dans le monde, ce qui ne pourrait conduire qu’à la paix puisque chacun serait libre. Voilà une vision du devenir du monde qui peut sembler proche de celle d’Élisée Reclus qui voyait dans l’oppression la source majeure des conflits et dans la liberté de chacun l’assurance de la paix pour tous, à ceci près que pour Reclus, anarchiste convaincu, l’oppression commençait dès l’existence de toute organisation administrative et politique. Ce n’est assurément pas la position d’Hérodote, loin de là. Néanmoins, malgré cette position de principe d’Élisée Reclus qui explique pour partie la faiblesse de certaines de ses analyses, nous pensons qu’il est encore utile de se reporter à l’œuvre de ce grand géographe.

    Œuvre immense, colossale il faut le redire. Un travail exceptionnel, trois grands ouvrages le premier La Terre description des phénomènes de la vie du globe, le second la Nouvelle Géographie universelle, 19 volumes écrits seul ou avec l’aide de quelques collaborateurs, une publication qui s’étire sur dix-huit ans de 1876 à 1894, 17 873 pages de texte et 4 290 cartes et des milliers de gravures et enfin sa grande œuvre, L’Homme et la Terre, publiée après sa mort (1905-1908) sous le contrôle vigilant de son neveu Paul Reclus, une vaste fresque de l’histoire de l’humanité de ses luttes et de ses progrès, depuis la préhistoire jusqu’au début du XXe siècle. Reclus tenait énormément à cet ouvrage qu’il considère comme la conclusion de toute son œuvre et qu’il définit comme un « ouvrage de géographie sociale » où il aborde trois thèmes fondamentaux pour lui : la lutte des classes, la recherche de l’équilibre et le rôle primordial de l’individu, les deux derniers tomes étant l’équivalent d’un traité de géographie humaine générale dans lequel, à la différence des successeurs de Reclus, les questions politiques ne sont pas tues. Quelle ardeur au travail ! Pas un jour sans qu’il n’écrive quelques pages. On reste ébahi de la diversité et de l’ampleur de ses connaissances, c’est un grand lecteur de la presse, il connaît plus de six langues, il a énormément voyagé pour rédiger la NGU et il avait des informateurs dans nombre de pays grâce au réseau du milieu anarchiste. Comment expliquer une telle puissance de travail, une telle constance dans l’effort ?

    Un idéal politique absolu

    Reclus est en vérité porté par son idéal politique. Son œuvre est non seulement l’œuvre d’un grand géographe mais c’est aussi l’œuvre d’un militant, car il faut bien comprendre que son travail de géographe n’est pas seulement au service de la « science », mais aussi au service de son idéal politique, l’anarchie telle que la conçoit Reclus : les hommes libres et égaux dans une société sans lois et sans autorité. Toute sa vie Reclus sera un militant de la cause anarchiste, or compte tenu de sa personnalité c’est un être absolu, totalement engagé dans ce combat pour une société juste et libre. Il se donne une mission, travailler à son établissement même si ce ne peut être que dans un avenir très lointain et démontrer que c’est possible, et la géographie est un excellent outil pour cela.

    Cependant, la taille colossale de son œuvre servira d’arguments à certains pour la discréditer, laissant entendre que Reclus s’était laissé aller à remplir la page par des descriptions de paysages rapidement dépassées par les travaux « scientifiques » des géographes universitaires, Vidal écrivait ainsi en 1908 à Jean Brunhes : « Vous savez combien la Géographie universelle d’Élisée Reclus a cessé de correspondre à l’état de la science » [cf. article de M. Sivignon p. xx]. En vérité, l’oubli de Reclus repose sur d’autres raisons, beaucoup plus sérieuses et autrement importantes par l’influence qu’elles ont eue sur l’orientation prise par la géographie universitaire dont Vidal de La Blache fut le fondateur, ce qu’Yves Lacoste a clairement démontré dans son article « À bas Vidal ? Viva Vidal » [Lacoste, 1979].

    Disons-le d’entrée de jeu, pour nous, on ne peut dissocier le géographe du libertaire et c’est son appartenance au mouvement anarchiste qui lui a fermé les portes de la reconnaissance de l’institution universitaire française. Si la Belgique s’est montrée plus accueillante, c’était toutefois dans le cadre de l’Université libre de Bruxelles constituée de libres-penseurs, et sa venue a néanmoins posé de sérieuses difficultés. Quand certains membres de l’université ont annoncé leur intention d’inviter Élisée Reclus pour y donner des cours de géographie, un conflit éclata entre les conservateurs et les progressistes, conflit qui, il est vrai, couvait depuis plusieurs années. Les conservateurs s’inquiétaient des positions anarchistes de ce géographe internationalement connu, d’autant plus que cette année-là, en 1893, eut lieu à Paris un attentat anarchiste à la Chambre des députés, et s’opposaient donc à sa venue. Les progressistes ont alors décidé de fonder une Nouvelle Université libre pour que le grand Élisée Reclus puisse enseigner en toute liberté et sérénité. Notons que sa notoriété était telle que plus de 1 000 personnes ont assisté à son premier cours, et précisons aussi, que jamais Reclus n’a été rémunéré pour son enseignement, assurance pour lui de protéger sa totale liberté de penser.

    Tout au long de sa vie, il a d’ailleurs fait preuve d’une exceptionnelle force de caractère, et quelles que furent les circonstances et les menaces qui ont pesé sur lui jamais il n’a jamais renié ses convictions, il était totalement inflexible quand il estimait que sa conscience était en jeu, attitude qui a suscité l’admiration sans borne de ses partisans et le rejet de ceux qui le qualifiaient de « fou », voire d’irresponsable. Par exemple, alors qu’il est étudiant à Berlin sans le sou, on lui propose une place de précepteur chez un comte « à condition que je ne fusse pas républicain, je me suis incliné et j’ai refusé » [Correspondance, t. II]. En vérité, par ce trait de caractère, il était le digne fils de son père, pasteur calviniste plus mystique qu’intégriste, ayant choisi de vivre de la générosité d’une petite communauté protestante d’Orthez et renonçant en 1831 à ses fonctions officielles de pasteur de Sainte-Foy-la-Grande. Il est indéniable que l’éducation protestante familiale a influencé l’orientation politique des frères Reclus, car on ne peut dissocier la formation et l’engagement politique d’Élisée de ceux de son frère aîné Élie, ils ont toujours partagé les mêmes idéaux et ont été exceptionnellement proches toute leur vie. Les caractères principaux du protestantisme sont l’autonomie de l’individu par rapport au dogme et l’importance de la morale. Deux traits que l’on retrouve dans l’idéologie libertaire de Reclus, pas de dogme à respecter, chaque anarchiste est libre de penser comme il l’entend et Reclus a par exemple été souvent en désaccord avec Bakounine (ils se sont rencontrés en 1864) et la condition essentielle de la moralité, c’est la liberté. Chez les anarchistes pas de référence au dogme d’un parti car ce serait déjà aliéner sa propre liberté, seule compte leur propre vision du monde et non pas celle que leur imposerait un parti. Rien entre l’individu et ce vaste ensemble que représente l’Humanité, de la même manière qu’à ses débuts quand il était encore croyant il ne devait rien y avoir entre l’individu et Dieu, en fait l’Humanité a en quelque sorte pris la place de Dieu dans l’idéal de Reclus.

    En 1851, Élisée Reclus - il a alors vingt et un ans - est déjà profondément républicain, la révolution de 1848 l’a enthousiasmé, socialiste et libre-penseur. Cette année-là, il suit à Berlin les cours du géographe allemand Carl Ritter. Dans une lettre à sa mère, il déclare renoncer à poursuivre ses études de théologie et affirme : « Je ne suis décidé à ne suivre [....] que le cri de ma conscience. Pour moi qui accepte la théorie de la liberté en tout et pour tout, comment pourrais-je admettre la domination de l’homme dans un cœur qui n’appartient qu’à Dieu seul ? » [Correspondance, t. I]. Cette année-là, après avoir en compagnie de son frère aîné Élie traversé la France à pied (il gardera toujours de ce voyage un souvenir ému), il rédige son premier texte politique, Développement de la liberté dans le monde, texte retrouvé après sa mort et publié en 1928 dans Le Libertaire. Selon Éric Leunis et Jean-Marie Neyts [1985] à cette époque Reclus n’est pas encore réellement anarchiste, comme le prouvent les nombreuses références chrétiennes de ce premier texte politique, néanmoins on y trouve déjà une référence à l’anarchie :

    Notre but politique dans chaque nation particulière c’est l’abolition des privilèges aristocratiques, et dans la Terre entière c’est la fusion de tous les peuples. Notre destinée c’est d’arriver à cet état de perfection idéale où les nations n’auront plus besoin d’être sous tutelle d’un gouvernement ou d’une autre nation ; c’est l’absence de gouvernement, c’est l’anarchie, la plus haute expression de l’ordre.

    Son projet est alors d’établir la République chrétienne, plus tard, devenu athée, il parlera de la République universelle. Devenir athée, ne signifie pas que Reclus perde ce qui fait de lui un être « religieux », s’il ne croit plus en l’existence de Dieu, il croit avec la foi du charbonnier à la liberté, condition indispensable pour qu’existe un jour la République universelle.

    Des expériences fondatrices 1851-1857

    À la suite du coup d’État du 2 décembre 1851, les deux frères, menacés d’emprisonnement à cause de leur engagement républicain, s’exilent à Londres. À partir de cette date commence pour Élisée un très long voyage puisqu’il ne sera de retour en France qu’en 1857.

    Ces six années sont essentielles dans l’affirmation de ses convictions politiques et dans sa formation de géographe de terrain, même s’il ne part pas avec le projet de devenir géographe, mais avec celui de devenir agriculteur. Il découvre ainsi Londres, puis l’Irlande, les États-Unis, le Mexique, l’Amérique centrale, l’isthme de Panama et enfin la Colombie, appelée à l’époque Nouvelle Grenade. Des expériences fondamentales, à la fois dans l’appréhension de l’inégalité sociale et les rapports de domination. À Londres, il prend la mesure de l’humiliation qu’engendre la pauvreté, les deux frères sont sans le sou, Élisée vit chichement de quelques leçons, entre autres aux jeunes filles L’Herminez dont les parents sont des réfugiés politiques plutôt antipathiques, il épousera l’une d’elles après la mort de sa première femme. En Irlande, il découvre, d’une part, la pauvreté des Irlandais et de la campagne irlandaise encore très marquée par la grande famine (1847) et, d’autre part, la dureté de la domination coloniale anglaise. En 1853, il s’embarque pour la Louisiane, où il est confronté à une nouvelle situation de domination, la société esclavagiste des planteurs. Révolté par la condition des esclaves, il sera un partisan indéfectible des nordistes durant la guerre de Sécession.

    Ces expériences l’ancrent donc définitivement du côté des plus faibles et le confirment dans le fait que la dignité de l’individu est liée à sa liberté que rien ne peut ni ne doit aliéner.

    Mais ces voyages lui donnent aussi l’opportunité de découvrir de nouveaux paysages, immenses comme aux États-Unis, dans des milieux naturels inconnus jusqu’alors comme le milieu tropical. Dans sa correspondance avec les siens, on se rend compte qu’il porte autant d’intérêt au fonctionnement de la société esclavagiste qu’à la découverte du Mississipi qu’il remonte jusqu’à Chicago, il dit aussi combien il est impressionné par l’immensité du lac Michigan. Ainsi, ses carnets de voyages sont remplis de ses observations sur le fonctionnement des sociétés qu’il découvre et sur les paysages traversés. Il écrit d’ailleurs à sa mère :

    Voir la Terre, c’est pour moi l’étudier ; la seule étude véritablement sérieuse que je fasse est celle de la géographie et je crois qu’il vaut beaucoup mieux étudier la nature chez elle que de se l’imaginer au fond de son cabinet... pour connaître il faut voir. J’avais lu bien des phrases sur la mer des Tropiques, mais je ne les ai pas comprises tant que je n’ai pas vu de mes yeux ses îles vertes et ses traînées d’algues et ses grandes nappes de lumière phosphorescente. Voilà pourquoi je veux voir les volcans de l’Amérique du Sud [Correspondance, t. II, p. 109].

    Il se dit aussi « enceint d’un mistouflet géographique que je veux mettre au monde sous la forme de livre - j’ai suffisamment griffonné ; mais cela ne me suffit pas, je veux aussi voir les Andes pour jeter un peu de mon encre sur leur neige immaculée » [Correspondance, t. II, p. 113].

    Cependant, il ne se vit pas encore totalement comme un géographe, son projet à ce moment-là est de s’installer en Amérique du Sud comme agriculteur et de faire venir auprès de lui son frère Élie et sa femme. Il part donc pour la Colombie à la fin de l’année 1855 en traversant le Mexique et l’Amérique centrale. Là, il essaye pendant deux ans de s’installer comme planteur de bananes ou de café. On peut s’étonner qu’Élisée Reclus ait eu un tel projet, être un colon, mais il faut le replacer dans le contexte de l’époque. Il y avait alors tout un courant très favorable aux colonies de peuplement, c’est-à-dire à l’installation définitive de colons dans des régions faiblement peuplées, peu défrichées. On imaginait que ces colons contribueraient à la mise en valeur de terres fertiles que la population locale trop peu nombreuse aurait négligée jusqu’alors. Cette forme de colonisation est soutenue par le mouvement anarchiste, car elle représente la mise en valeur de la nature par l’homme, ce qui est considéré comme quelque chose de très positif, si on est assez raisonnable pour ne pas faire n’importe quoi. Reclus, en Irlande, avait déjà travaillé à la mise en valeur d’un domaine agricole, et avait apprécié le travail de la terre. Il essaye donc à plusieurs reprises de s’installer comme planteur en Colombie, mais il découvre que la mise en valeur en milieu tropical n’est pas si facile que l’abondance de la végétation le laisse supposer. Peu doué pour les affaires et sans capitaux suffisants pour créer son exploitation, l’échec est total. Il quitte la Colombie en 1857 grâce à l’argent envoyé par son frère aîné qui lui permet de payer ses dettes et son billet pour le retour. En revanche, il a découvert le milieu tropical, la luxuriance de la végétation, la fragilité des sols, les fièvres, il a été lui-même gravement malade. Il a donc appris beaucoup sur la diversité des milieux naturels, des cultures et noircis plusieurs carnets de voyage.

    La géographie, une « science véritablement utile »

    Rentré à Paris, il réussit en 1858 à se faire parrainer pour être membre de la Société de géographie, rappelons qu’il s’agit d’une société privée qui réunit des explorateurs et des hommes d’affaires très intéressés par les connaissances pouvant être utiles à l’expansion de leurs affaires commerciales. Élisée Reclus a donc ainsi accès à l’unique bibliothèque de géographie de Paris. Il s’oriente donc de plus en plus vers la géographie et se voit de plus en plus exercer le métier de professeur de géographie, comme il l’écrit à sa mère : « Je suis heureux quand je parle de géologie, d’histoire, de sciences véritablement utiles ; l’idée que peut-être je pourrais devenir professeur de géographie me remplit de joie » ou journaliste-géographe : « Mon orgueil ne souffrirait nullement d’avoir à signer des articles sur la Mississipi ou sur la Sierre Nevada. » Il exploite les notes prises au cours de ses voyages et publie ses premiers articles géographiques mais aussi politiques principalement dans la Revue des deux mondes : « La Nouvelle Grenade, paysages de la nature tropicale » (1859), « Le Mississipi et ses affluents » (1859), « De l’esclavage aux États-Unis », quatre articles (1860), « Les Noirs américains depuis la guerre civile des Etats-Unis » (1862), « Le coton et la crise américaine » (1862). En 1861, il publie son premier ouvrage chez Hachette, Voyage à la Sierra-Nevada de Sainte Marthe. Il a été embauché par cette maison d’édition en 1859 pour rédiger les guides de voyages Joanne, ancêtres des guides bleus, ce qui le conduit à voyager dans de nombreuses régions françaises, en particulier dans le Midi, les Pyrénées, le Pays basque, les villes d’eaux, etc. et en Europe, Allemagne, Italie, Espagne, Angleterre (à plusieurs reprises), Belgique, Pays-Bas, Suisse et il en est ravi, il part pour plusieurs mois souvent à la belle saison sans se soucier outre mesure de sa jeune femme et de sa fille. Notons que pour épouser sa jeune femme, Reclus accepta et ce fut sans doute la seule fois, de déroger à un de ses principes. Lui qui rejetait toute loi imposée par l’État, accepta néanmoins de se marier civilement, c’était en 1858, fallait-il qu’il tienne à cette jeune femme métisse, « une belle et jeune mulâtresse entrevue autrefois pendant ses années de collège » selon son neveu Paul, fils d’Élie. Elle était la fille d’un capitaine au long cours originaire de Sainte-Foy-la-Grande et d’une Sénégalaise, c’était sans doute aussi pour Élisée Reclus une façon des plus douces de mettre ses idées en pratique, lui qui était un farouche partisan du métissage des races. Par la suite, bien que sa seconde femme fut d’un milieu très bourgeois, il imposa l’union libre ce que sa belle-mère eut quelque mal à lui pardonner !

    À cette époque-là, il se met aussi à rédiger son premier grand livre La Terre, description des phénomènes de la vie du globe publié en 1868 (premier volume) et 1869, pour le deuxième, publié par Hachette et qui fut un immense succès (au moins dix éditions).

    La préface de la première édition est révélatrice à la fois de sa conception de la géographie et de sa personnalité :

    Le livre qui paraît, aujourd’hui, je l’ai commencé il y a bientôt quinze années, non dans le silence du cabinet, mais dans la libre nature. C’était en Irlande, au sommet d’un tertre qui commande les rapides du Shannon, ses îlots tremblant sous la pression des eaux et le noir défilé d’arbres dans lequel le fleuve s’engouffre et disparaît après un brusque détour. Étendu sur l’herbe à côté d’un débris de muraille qui fut autrefois un château fort et que les humbles plantes ont démoli pierre à pierre, je jouissais doucement de cette immense vie des choses qui se manifestait par le jeu de la lumière et des ombres, par le frémissement des arbres et le murmure de l’eau brisée contre les rocs. C’est là, dans ce site gracieux, que naquit en moi l’idée de raconter les phénomènes de la terre, et, sans tarder, je crayonnai le plan de mon ouvrage. Les rayons obliques d’un soleil d’automne doraient les premières pages et faisaient trembloter sur elles l’ombre bleuâtre d’un arbuste agité.
    Depuis lors je n’ai cessé de travailler à cette œuvre dans les diverses contrées où l’amour des voyages et les hasards de la vie m’ont conduit. J’ai eu le bonheur de voir de mes yeux et d’étudier à même presque toutes les grandes scènes de destruction et de renouvellement, avalanches et mouvements des glaces, jaillissement des fontaines et pertes des rivières, cataractes, inondations et débâcles, éruptions volcaniques, écroulement des falaises, apparition des bancs de sable et des îles, trombes, ouragans et tempêtes. Ce n’est point seulement aux livres, c’est à la terre elle-même que je me suis adressé pour avoir la connaissance de la terre. Après de longues recherches dans la poussière des bibliothèques je revenais toujours à la grande source et ravivais mon esprit dans l’étude des phénomènes eux-mêmes. Les courbes des ruisselets, les grains de sable de la dune, les rides de la plage ne m’ont pas moins appris que les méandres des grands fleuves, les puissantes assises des monts et la surface immense de l’Océan.
    Ce n’est pas tout. Je puis le dire avec le sentiment du devoir accompli : pour garder la netteté de ma vue et la probité de ma pensée, j’ai parcouru le monde en homme libre, j’ai contemplé la nature d’un regard à la fois candide et fier, me souvenant que l’antique Freya était en même temps la déesse de la Terre et celle de la Liberté » (1er novembre 1867).

    Il s’agit donc de décrire et d’expliquer le fonctionnement de la Terre. D’où vient son intérêt pour ce qu’on appellera par la suite la géographie physique ? Sans doute de sa très grande sensibilité aux paysages, qu’il a manifestée très tôt, et particulièrement aux paysages de montagne, c’était d’ailleurs un remarquable et infatigable grimpeur, ce qui est un point commun à nombre de géographes. Il y a assurément un grand plaisir à gravir pas à pas le sentier et voir peu à peu le paysage changer avec l’altitude pour une fois au sommet embrasser un très vaste paysage, satisfaction de tout grimpeur qui se trouve pour quelque temps dans une position de domination à laquelle s’ajoute pour le géographe ou le géologue le plaisir de savoir comment ce paysage s’est construit. Doté d’un réel talent d’écrivain, Élisée Reclus sait donner à voir les paysages qu’il parcourt et il prend un grand plaisir à en décrire les couleurs, les lumières, la nature des sols. Sa description du paysage du Shannon est on l’a vu extrêmement vivante, il nous donne à voir la vitesse de l’eau, le jeu des lumières sur les arbres, sur l’eau, à entendre le bruit de l’eau qui s’écoule, mais aussi à percevoir le temps, composante essentielle de la formation des paysages, en évoquant les humbles plantes qui ont patiemment démoli un château fort. Cette notation traduit un aspect de sa philosophie de la nature, Reclus est persuadé de la puissance de l’action de la nature qui inexorablement poursuit son action. Dans ce premier ouvrage il présente la Terre comme un milieu dynamique, constamment en mouvement, c’est pourquoi il porte une très grande attention aux phénomènes d’érosion qu’il s’agisse de processus très actifs éruptions volcaniques (il assiste à l’éruption de l’Etna en 1865), tremblements de terre, ouragans ou d’autres beaucoup plus lents, moins spectaculaires qui affectent des territoires beaucoup plus petits, comme il l’écrit les rides de la plage lui ont autant appris que les méandres des plus grands fleuves.

    Pourquoi éprouve-t-il le besoin de conclure sa préface par cette référence à la Liberté, la sienne : « J’ai parcouru le monde en homme libre », et d’associer la Terre à la Liberté ? J’ai montré [Giblin, 1976] la conception que les anarchistes avaient de la nature, conception que partage Élisée Reclus. La nature est un tout équilibré, l’homme qui en est un des éléments - « l’homme est la nature prenant conscience d’elle-même », écrit-il sur la première de couverture de L’Homme et la Terre - doit chercher à rester en contact avec elle et éviter toute rupture qui entraînerait son propre déséquilibre mais aussi la perte de sa liberté. Aussi l’homme ne doit-il obéir qu’aux seules lois naturelles (Élisée Reclus écrira même que « la lâcheté par excellence est le respect des lois » !). Il termine son ouvrage sur la Terre par un chapitre intitulé « La Terre et l’homme » pour rappeler les liens étroits qui les unissent :

    L’homme, cet « être raisonnable » qui aime tant à vanter son libre arbitre, ne peut néanmoins se rendre indépendant des climats et des conditions physiques de la contrée qu’il habite. Notre liberté, dans nos rapports avec la Terre ; consiste à en reconnaître les lois pour y conformer notre existence. Quelle que soit la relative facilité d’allures que nous ont conquise notre intelligence et notre volonté propres, nous n’en restons pas moins des produits de la planète : attachés à sa surface comme d’imperceptibles animalcules, nous sommes emportés dans tous ses mouvements et nous dépendons de toutes ses lois [La Terre, t. II, p. 622].

    Citation que l’on pourrait aisément retrouvé sous la plume d’un écologiste d’aujourd’hui. Comme je l’ai écrit en 1981, Reclus est un écologiste avant l’heure et en quelque sorte un précurseur du développement durable, car il ne rêve absolument pas d’une nature vierge, préservée de toute action humaine, pour lui, l’homme peut avoir une action bénéfique sur la nature s’il sait agir selon les lois qu’elle impose, il insiste déjà dans son premier ouvrage La Terre, mais surtout dans le dernier, L’Homme et la Terre sur le fait qu’il faut analyser le milieu comme un tout :

    Il est certainement indispensable d’étudier à part et d’une manière détaillée l’action spéciale de tel ou tel élément du milieu, froidure ou chaleur, montagne ou plaine, steppe ou forêt, fleuve ou mer, sur telle peuplade déterminée ; mais c’est par un effort d’abstraction pure que l’on s’ingénie à présenter ce trait particulier du milieu comme s’il existait distinctement, et que l’on cherche à l’isoler de tous les autres pour en étudier l’influence essentielle.
    Même là où cette influence se manifeste d’une manière absolument prépondérante dans les destinées matérielles et morales d’une société humaine, elle ne s’entremêle pas moins à une foule d’autres incitatifs, concomitants ou contraires dans leurs effets. Le milieu est toujours infiniment complexe, et l’homme est par conséquence sollicité par des milliers de forces diverses qui se meuvent en tous sens, s’ajoutant les unes aux autres, celles-ci directement, celles-là suivant des angles plus ou moins obliques, ou contrariant mutuellement leur action [H&T, t. I, p. 114-115].

    L’intégration des hommes aux écosystèmes est diverse : il en est d’excellente, il en est de « pathologique » selon l’expression même de Reclus. En ce sens, Reclus est beaucoup plus circonspect sur les conséquences de certains grands aménagements non pas qu’ils soient systématiquement contre loin de là, puisqu’il écrit : « C’est aux hommes de compléter l’œuvre de la nature en imitant dans leurs travaux quelques-uns des moyens qu’elle emploie » [La Terre, t. II, p. 261].

    Cependant, homme de son siècle, Élisée Reclus est comme d’autres fortement influencé par l’idée que les climats, les reliefs conditionnent le caractère des populations, les montagnards sont vigoureux et résistants, les habitants des milieux tropicaux sont plutôt paresseux car la nature leur offre tout, l’idéal étant le milieu tempéré comme le prouve le niveau de développement des populations. De même, il est convaincu de l’équilibre harmonieux inhérent aux ensembles naturels, idée qui sera reprise par nombre de géographes après lui et qui n’a pas encore totalement disparu dans certains milieux écologistes. Pour Reclus, l’architecture du relief crée des micromilieux séparés les uns des autres par des montagnes, des fleuves, des littoraux qu’il faut respecter ce que l’État ne fait pas puisqu’il ignore cette organisation géographique naturelle. C’est pourquoi, lui le géographe, il lui faut retrouver l’organisation géographique naturelle :

    Certainement les divisions politiques ont une valeur transitoire qu’il n’est pas permis d’ignorer, mais dans les descriptions qui vont suivre nous tâcherons de nous tenir principalement aux divisions naturelles, telles que nous les indiquent à la fois le relief du sol, la forme des bassins fluviaux et le groupement des populations unies par l’origine et la langue. D’ailleurs, ces divisions elles-mêmes perdent de leur importance dans les pays comme la Suisse, où des habitants de races diverses et parlant des idiomes différents sont retenus en un faisceau par le plus puissant des liens, la jouissance de la liberté [NGU, t. I p. 30].

    De ce point de vue et seulement de ce point de vue, la conception de la géographie d’Élisée Reclus ne diffère pas tant de celle de ses successeurs qui se sont attachés à décrire les régions naturelles réunies dans un même État aux limites bien évidemment politiques, mais de cela les géographes dans leur très grande majorité ne parlaient pas puisque ce domaine était réservé aux historiens. Souvenons-nous du grand historien Lucien Febvre qui affirmait dans son livre La Terre et l’évolution humaine : « Le sol, non l’État : voilà ce que doit retenir le géographe. » Ainsi, les fameuses régions naturelles furent longtemps considérées par nombre de géographes comme les « vraies » régions, celles qui auraient dû servir de cadre à l’organisation régionale des États, comme si les ensembles naturels, généralement géologiques, possédaient des vertus telles que le développement économique et social de chacun d’eux ne pouvait que s’accorder harmonieusement avec celui des autres. Ainsi, les successeurs de Reclus ont d’une certaine manière gardé de la géographie reclusienne ce qui est le moins pertinent, la représentation du bien-fondé d’un ordre naturel. À l’époque d’Élisée Reclus ce sont les bassins fluviaux qui apparaissent comme le cadre idéal de l’organisation régionale, ensuite les géographes proposeront des régions naturelles aux caractéristiques plus complexes et où le paysage tiendra une grande place.

    Un géographe anarchiste

    Reclus utilise les connaissances géographiques pour démontrer que l’idéal anarchiste « du pain pour tous » est parfaitement possible puisque les ressources sont largement en suffisance et seule leur inégale et injuste répartition explique la misère du plus grand nombre.

    De plus, pour Reclus l’homme doit vivre libre, sans obéir à d’autres lois que celles de la nature et sans avoir à subir le moindre encadrement, seule la libre association des individus est acceptable. C’est pourquoi il souhaite la disparition complète de toutes les organisations politiques ou administratives territoriales ce qu’il exprime dans une intervention au congrès de la Ligue de la paix et de la liberté (dont Bakounine est aussi un des membres)

    Je démontrai ainsi qu’après avoir détruit la vieille patrie des chauvins, la province fédérale, le département et l’arrondissement, machines à despotisme (sic) le canton et la commune actuels, inventions des centralisateurs à outrance, il ne restait que l’individu et que c’est à lui de s’associer comme il l’entend : voilà la justice idéale [Correspondance, t. I, p. 285].

    C’est cet engagement sans faille dans ce combat pour la liberté qui le conduit d’une part à soutenir les actions militantes anarchistes, y compris les plus violentes, comme les attentats,

    Je crois que toute oppression appelle la revendication et tout oppresseur, individuel ou collectif, s’expose à la violence. Quand un homme isolé, emporté par sa colère, se venge contre la société qui l’a mal élevé, mal nourri, mal conseillé, qu’ai-je à dire ? Prendre parti contre le malheureux pour justifier ainsi d’une manière indirecte tout le système de scélératesse et d’oppression qui pèse sur lui et des millions de semblables, jamais.
    Mon œuvre, mon but, ma mission est de consacrer toute ma vie à faire cesser l’oppression [Correspondance, t. II, p. 425].

    d’autre part, à dénoncer tous les rapports de domination, qu’ils soient le fait de l’État, des capitalistes, des riches sur les pauvres ou même des pauvres sur d’autres pauvres, d’une nation dominée sur une autre nation plus faible :

    Il n’est pas de fléau comparable à celui d’une nation opprimée qui fait retomber l’oppression comme une fureur de vengeance sur les peuples qu’elle asservit à son tour. La tyrannie et l’écrasement s’étagent, se hiérarchisent [H&T, t. I, p. 281].

    L’inflexibilité de ses convictions, et ce jusqu’à sa mort, prouve combien Élisée Reclus avait foi en leur justesse, y déroger aurait été pour lui perdre sa dignité d’homme. Il fait preuve dans cet engagement d’une intransigeance similaire à celle de son père dans sa pratique religieuse, il y a d’ailleurs dans cet engagement une part d’absolu, quelque chose de religieux. Même devenu athée, Élisée Reclus reste un homme de foi et le credo de la liberté a en quelque sorte remplacé le credo religieux. Son projet n’est pas d’inventer une société idéale, utopique, non ce qui l’intéresse c’est de changer vraiment le monde, de faire sauter les multiples formes d’oppression qui entrave l’épanouissement de l’homme dans une société juste. C’est pourquoi, il lui faut comprendre et expliquer le monde tel qu’il est, et de la manière la plus rigoureuse afin de bien faire comprendre les mécanismes de l’oppression qui empêchent l’instauration d’une société plus libre et donc plus juste. Élisée Reclus fait montre dans son travail de géographe d’une remarquable rigueur, et ce d’autant plus que ce travail doit aussi servir à démontrer la justesse de son idéal politique, la cause est si noble, si grande qu’il n’est pas question de travestir la réalité, ce qui pourrait contribuer à désavouer la valeur de son engagement politique. Aujourd’hui encore, ce qui rend intéressante la lecture des œuvres de Reclus ce sont les passages où il aborde les rapports de pouvoirs et/ou de domination. C’est en cela que Reclus est un précurseur et qu’il l’est longtemps resté. Non pas qu’il faille nécessairement être anarchiste pour aborder ces questions, loin s’en faut, mais Reclus est véritablement une exception car il faut rappeler qu’à cette époque c’étaient plutôt les milieux bourgeois qui s’intéressaient à la géographie. Ainsi, les membres des sociétés de géographie appartenaient soit au milieu des savants (rarement issus des classes populaires) soit à la haute bourgeoisie (représentants du commerce, de l’industrie, des milieux coloniaux) et même à l’aristocratie comme en Angleterre ou en Belgique, où les familles royales apportaient un appui généreux à ces sociétés savantes. Heureusement, Reclus a la chance d’être accepté très tôt à la Société de géographie, il a alors vingt-huit ans et on ignore encore tout ou presque de ses convictions politiques, sinon il n’aurait jamais été parrainé ! De même, au moment de la Commune sa chance est d’avoir déjà acquis une réelle notoriété. On le sait, il s’est fortement engagé dans la Commune de Paris, il y voyait le début de la concrétisation possible de son idéal politique, le peuple qui se prend en charge. Mais il est très vite fait prisonnier, et condamné à la déportation en 1871, puis à l’exil grâce à l’intervention de savants étrangers et à celle de l’ambassadeur des États-Unis à Paris qui se souvient de son engagement auprès des nordistes.

    C’est aussi cette notoriété, acquise avec le succès rapide de son ouvrage sur La Terre, qui va donner l’audace à Mr Templier, gendre de Louis Hachette (décédé en 1864) et qui est aussi un des trois associés de la société Hachette de lui faire signer en prison en 1872 un contrat pour rédiger une « Géographie descriptive et statistique ». Une seule précaution politique était prise par l’éditeur. Reclus s’engageait à ne toucher que « d’une manière succincte et avec la plus grande réserve aux questions religieuses et morales ». Mais Élisée Reclus ne pouvait totalement respecter cet engagement, car comment aurait-il pu renoncer à ses idées ou à ses activités de militant ? Il se trouva même embarqué dans le procès des anarchistes de Lyon en 1883 et avec le prince Kropotkine poursuivi par défaut comme chef de l’organisation. L’action militante de Reclus au sein des milieux anarchistes a telle eu une influence négative sur les lecteurs ? C’est possible car la vente par fascicule fut satisfaisante mais elle s’effondra brusquement pour les derniers volumes. Il est vrai que la parution de la Nouvelle Géographie universelle prit vingt-deux ans et qu’ayant la plume facile Élisée Reclus était un géographe prolixe. Il dépassa largement les limites prévues : au volume VI, il n’était encore qu’au tiers de son plan et au lieu des 200 livraisons de 16 pages hebdomadaires soit 5 ou 6 volumes de 500 pages, il y en eut 1061 soit 19 volumes de 800 ou 900 pages ! Mais la maison Hachette était incontestablement une grande maison d’édition. Alors que le compte d’Élisée Reclus était débiteur de 31 701,15 francs, au 30 septembre 1894, Hachette « lui offrit aussitôt de lui en donner quittance gracieuse ». Reclus demanda si la Maison ne pourrait pas lui faire avance de ses droits sur les livraisons encore en magasin ; en même temps, il lui proposait de lui vendre sa bibliothèque. Il lui fut répondu :

    "Chaque année, nous vous tiendrons compte de vos droits sur les exemplaires vendus ; mais comme il est à craindre que cela ne représente qu’un chiffre assez faible, nous vous offrons de vous verser pendant dix ans une somme mensuelle de 833,33 francs destinée à parfaire ce que vous retirerez du produit de la vente et de façon à vous assurer dans tous les cas dix mille francs par an.
    “En ce qui concerne l’abandon de votre bibliothèque que vous nous avez offert, nous désirons que vous en conserviez la libre disposition. Elle a pour vous une valeur que nous ne voulons pas faire entrer en ligne de compte, de telle sorte que vous puissiez toujours en disposer comme il vous conviendra.
    "Nous espérons que vous trouverez dans ces propositions que nous vous adressons l’expression du respect et de l’affectueux dévouement que nous inspirent les longs et parfaits rapports qui n’ont point cessé d’exister entre nous.

    Élisée Reclus reçut ainsi une rente annuelle jusqu’à sa mort. En 1900, il restait encore 70 000 volumes, il fallut en pilonner les deux tiers. Sans doute la Nouvelle Géographie universelle fut telle disqualifiée par les écrits des nouveaux géographes - universitaires ceux-là, et aussi conservateurs Vidal de La Blache et ses élèves Gallois, de Martonne, etc. Il paraît plus que probable que l’anarchiste militant a permis de discréditer le géographe étonnant de perspicacité. C’est bien parce qu’on ne pouvait dissocier le géographe, qui aurait dû être nanti d’on ne sait de quelle sereine impartialité scientifique, du militant anarchiste, que les représentants de l’institution universitaire ont choisi de l’oublier et de le faire oublier au plus vite. Mais comment Reclus aurait-il pu taire ce qui faisait le fondement même de son engagement politique, l’oppression d’autrui et ce à tous les niveaux, non seulement des puissants sur les plus faibles mais aussi celle que les plus faibles exercent sur ceux encore plus faibles qu’eux. Ce désintérêt rapide pour la géographie reclusienne est d’autant plus regrettable que les derniers volumes en particulier celui sur les États-Unis, offrent des passages remarquables, d’une exceptionnelle pertinence et clairvoyance (cf. article de Fredérick Douzet), inexorable montée en puissance des États-Unis dont il annonce qu’ils seront très rapidement la première puissance mondiale. C’est dans les passages où il montre la domination d’un peuple sur un autre, d’une classe sociale sur une autre ou les rivalités entre deux peuples pour le contrôle d’un même territoire que les analyses reclusiennes sont d’une incontestable perspicacité et justifient qu’on les relise. C’est pourquoi déjà en 1980 nous avions publié dans un numéro intitulé points chauds les analyses de Reclus sur l’Afghanistan, que l’URSS avait envahi en décembre 1979. Nous insistions alors sur le fait que Reclus ait décrit les divisions des tribus afghanes et l’ancienneté de leurs affrontements. Géographe, il sait accorder une large place à l’histoire afin d’expliquer comment ces situations de domination se sont mises en place, par exemple à propos de l’Ukraine, il retrace l’histoire de la région depuis le moyen âge et présente une carte des « déplacements historiques de l’Oukraïne ».

    Il ne s’agit absolument pas de nier le caractère dépassé de certaines de ses approches, et même choquant comme à propos des juifs que Reclus présente toujours comme des usuriers accapareurs. Lui, si sensible à toute forme de discrimination tombe dans l’antisémitisme le plus primaire voire caricatural, y compris dans L’Homme et la Terre où pourtant il a pris soin de cartographier les pogroms de Russie et de parler du vaste ghetto dans lequel l’empire russe maintenait les juifs. Il faudra attendre longtemps avant que des géographes abordent cette question. Même si dans la NGU de Reclus une grande partie du texte est consacrée à des descriptions dont on se lasse assez vite, y compris parfois quand il parle des villes, il ne faut cependant pas négliger la fin de chaque chapitre quand il aborde la situation économique sociale et politique de l’État étudié. C’est là que l’on retrouve ce que nous estimons être le « bon » géographe, parce que préoccupé comme il l’était par les conditions de vie, économiques, sociales, culturelles et politiques des populations il ne pouvait pas ne pas en parler.

    De même, il faut signaler la qualité de certaines cartes de la NGU en particulier les cartes en couleurs en double page. Nous ne retiendrons que deux exemples. Préoccupé par la liberté des peuples Élisée Reclus est donc très logiquement soucieux de leur répartition géographique quand celle-ci est complexe, ce qui est le cas pour les populations de ce qui est alors la Turquie d’Europe et pour l’Europe orientale. C’est pourquoi il y consacre ces doubles pages couleur avec une cartographie aussi précise que possible de leur répartition avec cette remarque pour les populations de la Turquie d’Europe « cette carte ne peut avoir qu’une valeur toute approximative. La plupart des populations de races et de langues diverses sont entremêlées et non juxtaposées ».

    La carte de la répartition des peuples de l’Europe orientale allant de Berlin à l’Oural, ce qu’il appelle la Russie d’Europe, comporte 36 peuples montrant clairement l’imbrication de certains d’entre eux et Élisée Reclus ayant pris soin de cartographier par petites taches la répartition de la population juive, cette carte des peuples étant précédée de celle de la densité. Autre carte inattendue dans un ouvrage de géographie de cette époque mais logique chez un géographe anarchiste, en noir et blanc cette fois, celle de la proportion des exilés de droit commun en Sibérie suivant les provinces [NGU, t. V : L’Europe scandinave et russe, p. 899] avec ce commentaire :

    Le gouverneur a le droit de signaler au ministre de l’intérieur les personnes qu’il lui convient d’exiler dans les provinces lointaines de l’empire [...] la haute police a le pouvoir d’interner ou d’exiler sans jugement ni preuves tous ceux qui lui paraissent suspects. Les villes du nord sont des lieux d’internement où les suspects et les condamnés politiques sont fort nombreux, et maintenant on les trouve dans tous les districts de la Sibérie, dans la Transbaïkalie et jusque dans l’île de Sakhalin [ibid., p. 898].

    Une approche géopolitique lucide et généreuse ?

    C’est dans son dernier ouvrage que les analyses géopolitiques les plus fines et les plus pertinentes sont les plus nombreuses, en particulier dans les deux derniers tomes qui abordent le monde contemporain. Cela n’allait visiblement pas sans risque car Reclus eut quelque difficulté à trouver un éditeur. La maison Hachette s’était engagée à publier l’ouvrage que Reclus intitulait alors L’Homme, géographie sociale, mais le successeur de Mr Templier y mettait, en 1895, une condition qui était que les conclusions de Reclus ne soient pas de nature à offenser les lecteurs habituels de la maison. La réponse de Reclus on s’en doute fut de chercher un autre éditeur, ce fut tout d’abord un éditeur londonien, l’ouvrage devait donc être d’abord publié en anglais, puis en français. Mais compte tenu de l’ampleur de l’ouvrage et du grand nombre de cartes, l’éditeur se récusa. C’est son frère Onésime, lui aussi géographe mais très loin d’avoir la qualité de son frère aîné qui trouva un éditeur un an avant la mort d’Élisée.

    L’Homme et la Terre reste un grand livre par l’analyse des luttes économiques, sociales, politiques et même militaires que l’on y trouve. Passionné par les progrès qu’accomplissent la science et la technique, il est aussi très conscient de ses conséquences négatives tant sur les ensembles naturels que dans les sociétés. Le progrès est pour Reclus, un phénomène contradictoire par essence. Aux progrès, il oppose les « régrès » : « Le fait général est que toute modification si importante qu’elle soit, s’accomplit par adjonction au progrès de régrès correspondants » [H&T, t. VI, p 531]. Il a perçu le phénomène de la mondialisation de l’économie et ses multiples conséquences :

    Le théâtre s’élargit, puisqu’il embrasse maintenant l’ensemble des terres et des mers, mais les forces qui étaient en lutte dans chaque État particulier sont également celles qui se combattent par toute la Terre. En chaque pays, le capital cherche à maîtriser les travailleurs ; de même sur le plus grand marché du monde, le capital, accru démesurément, insoucieux de toutes les anciennes frontières, tente de faire œuvrer à son profit la masse des producteurs et à s’assurer tous les consommateurs du globe, sauvages et barbares aussi bien que civilisés [H&T, t. V, p. 287].

    Si ce n’est le style, ce texte pourrait être écrit aujourd’hui ou encore :

    Les industries de tous les pays, entraînées de plus en plus dans la lutte de la concurrence vitale, veulent produire à bon marché en achetant au plus bas prix la matière première et les bras qui les transformeront [...] Il n’est pas nécessaire que les émigrants chinois trouvent place dans les manufactures d’Europe et d’Amérique pour qu’ils fassent baisser les rémunérations des ouvriers blancs : il suffit que des industries similaires à celles du monde européen, celles des lainages et des cotons par exemple, se fondent dans tout l’Extrême-Orient, et que les produits chinois ou japonais se vendent en Europe même à meilleur marché que les productions locales. La concurrence peut se faire de pays à pays à travers les mers, et ne se fait-elle pas déjà pour certains produits au détriment de l’Europe ?
    Au point de vue économique, le rapprochement définitif entre les groupes de nations est donc un fait d’importance capitale [H&T, t. VI, p. 12].

    Qu’y a-t-il à enlever ou à ajouter à ce texte aujourd’hui ? Perspicacité encore à l’encontre des conflits religieux. Pourfendeur de toutes les oppressions, Élisée Reclus croyait en l’existence possible dans un avenir sans doute assez lointain d’une société universelle, juste où chaque individu sera respecté et saura respecter autrui une fois que les hommes se seront débarrassés des oppresseurs, des accapareurs entre autres de l’État source de puissance et de pouvoirs et donc de domination. Cette position politique est a priori en totale opposition avec l’approche d’Hérodote puisque la Nation et dans une moindre mesure l’État sont des concepts que nous estimons fondamentaux de l’analyse géopolitique. Mais ce qui nous rapproche d’Élisée Reclus, c’est la volonté de décrypter le monde avec honnêteté, de ne pas masquer, dans la mesure où l’on en est conscient, ce qui ne nous plaît pas. Les analyses géopolitiques publiées dans Hérodote n’ont pas pour but de convaincre le lecteur en faveur de telle ou telle cause mais de lui permettre de comprendre la complexité de certaines situations en présentant les points de vue des différents protagonistes et le laisser libre ainsi de son jugement. Cette approche n’est cependant pas systématique et Hérodote on le sait, publie aussi des articles d’auteurs dont les opinions peuvent être divergentes, avec toutefois toujours la même exigence d’écrire simplement et de façon argumentée. Une des préoccupations de l’équipe d’Hérodote est d’écrire pour être comprise d’un grand nombre de citoyens, c’est cela la fonction politique de la revue. N’est-ce pas là ce qui nous rapproche de Reclus qui lui aussi écrivait pour être lu du plus grand nombre ?

    Une géopolitique lucide et généreuse, c’est ce que la revue Hérodote cherche à mettre en œuvre.

    Références bibliographiques

    - GILBIN Béatrice, « Géographie et anarchie : Élisée Reclus », Hérodote, n° 2, 1976.

    - LACOSTE Yves, « À bas Vidal ? Viva Vidal ! », Hérodote, n° 16, octobre-novembre 1979.

    - LEUNIS E. et NEYTS J. M., « La formation de la pensée anarchiste d’Élisée Reclus », Institut des hautes études de Belgique et la Société royale belge de géographie, Bruxelles, 1985. p. 139-154.

    - RECLUS Élisée, Correspondance, 1850-1905, Schleicher, 3 vol., Paris, 1911.

    - Nouvelle Géographie universelle, la Terre et les hommes, Hachette, 19 vol., Paris, 1876-1894.

    - La Terre, description des phénomènes de la vie du globe, Hachette, Paris, 2 vol., 1869.

    - L’Homme et la Terre, Librairie universelle de Paris, 6 vol., Paris, 1905-1908.

     

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  • Les FONCTIONS de la MUSIQUE sur l'IMAGE.....

     

     

     Les fonctions de la musique sur l'image

     

    L'audiovisuel utilise plusieurs vecteurs de communication parmi lesquels, principalement: l'image, le son et le langage verbal (écrit ou parlé).

    Le son agit directement sur les sens des téléspectateurs, beaucoup plus que l'image et le verbe. Son impact est beaucoup plus subtil.

    Une image ou une parole offrent une signification intellectuelle immédiate et provoquent des réactions en grande partie conscientes. Au contraire, le son échappe en grande partie à une analyse intellectuelle car ses repères ne sont pas palpables. Le téléspectateur le reçoit, le subit et réagit de façon subjective.

    Le son serait donc, plus que tout autre vecteur, un moyen de manipulation affective et sémantique. Il agit avec une efficacité quasi imparable à condition d'être contrôlé.

    Un tel contrôle nécessite :

    - d'une part, une maîtrise de tous les aspects techniques du son en général et de la musique en particulier, et de leur interaction avec les autres vecteurs sémantiques d'un message audiovisuel : images et paroles.

    - d'autre part, le rapprochement entre un vocabulaire musical, se référant à des phénomènes esthétiques et sensibles, et le vocabulaire de notre quotidien, recouvrant une réalité éthnique et intellectuelle. Le rapprochement ethnique entre ces deux univers sémantiques peut seul permettre d' élaborer un discours concret.

    Dans le monde de la création audiovisuelle, la conception d'un message musical échappe en partie à ses créateurs mêmes. L'intuition et l'expérience pallient l'absence d'une grammaire du langage musical. L'efficacité du message se mesure a posteriori avec un simple constat: «cela fonctionne !» ou «cela ne fonctionne pas !".

    Au contraire, l'étude analytique du son permet de rationaliser et de valider une « stratégie sonore ».

    L'étude du son peut intervenir à deux niveaux :

      

    1. Analyse heuristique (en amont) :

    - orienter la réflexion préalable à la création

    - délimiter des choix.

      

    2. Analyse critique (en aval) :

    - cerner les problématiques rencontrées

    - valider les options choisies ou proposer des alternatives

    - apporter un double diagnostic sur la bande son, analysée indépendamment et dans son rapport à l'image.

     

     

    (c) www.google.be/photos

     

    Exemple : 11) Pub Egoiste de Chanel

     

    Il s'agit d'une musique d'illustration (off) identifiée par le grand public comme musique classique . On entend des voix in et off, mais pas de bruitage (dans la seconde partie, le bruit des volets qui se ferment correspond aux coups de cymbales de la partition).Une grande partie du message est transmis à travers le travail de synchronisation/non synchronisation de la musique, très rythmée, avec des plans qui se succèdent rapidement :

     

    Première partie (image en noir et blanc): la non coordination de la pulsion musicale avec l'image donneuse d'une sensation de chaos. (Non synchronisation des temps forts avec les changements de plans).

     

    Seconde partie (couleur) : chaque changement de plan est scandé auditivement par la musique, et visuellement par les volets qui claquent : sensation de force, de certitude. (Les femmes précédemment isolées et désemparées font bloc contre l' Égoïste).

     

    Vidéo: piste 3 source : www.pubstv.com

     

      

    A) Le son dans l'audiovisuel : musique ou bruitage ?

     

    Le son dans l'audiovisuel peut être divisé en deux catégories perméables :

     

    · le bruitage

    · la musique.

     

    N.B. : La voix est une catégorie à part. Parlée ou chantée, elle peut s'analyser indépendamment du sens des paroles pour sa qualité strictement sonore. Le choix du timbre est néanmoins déterminant.

     

    Le bruitage imite le réel :

     

    Le bruitage correspond généralement à une fonction rationnelle du son: la fonction de crédibilisation de l'image comme reproduction de la réalité.

     

    L'image seule est plate, figée et limitée physiquement au cadre de l'écran. Le son est aspiré par l'image et lui donne sa dynamique. Il permet au téléspectateur d'oublier l'écran. Le son oriente la réalité de l'image. Il permet d'accentuer ou au contraire de mettre en retrait certaines informations.

     

    Exemple :

     

    12) Pub pour Sony Playstation

     

    Publicité ou la musique de fond et les bruitages sont très important lors de la visualisation de la pub. Notamment car le son et les bruitages apportent une superbe dynamique.

     

    Vidéo : piste 4 source : www.puvstv.com

     

    La musique apporte un supplément de sens symbolique :

     

    La musique correspond à une fonction d'illustration symbolique du son: elle apporte au message des valeurs et des significations qui lui sont propres.

     

    La musique possède en effet des pouvoirs sémantiques intrinsèques. Ces propriétés sont couramment exploitées dans le cinéma par l'artifice de l' illustration sonore.

     

    L'illustration sonore a été dès le départ, dans le cinéma muet, ressentie comme nécessaire pour combler un vide sonore inconfortable. Un pianiste était chargé d'assurer en direct l'illustration du film, en adaptant son jeu aux situations tant physiques que psychologiques de l'action. Le spectateur a donc accepté tout naturellement la fonction d'illustration symbolique de la musique.

     

    Dans la publicité, contrainte à des temps réduits, il est précieux de pouvoir styliser les situations et d'avoir recours aux valeurs symboliques de la musique.

     

    B) Fonctions du son dans le flux audiovisuels

     

    - Réunir, lier le flux des images.

     

    (en publicité: beaucoup de plans visuels, peu de plans sonores)

     

    - Ponctuer (synchronisation ou non) en soulignant l'image.

     

    Exemple : les dessins animés procèdent par une stylisation radicale en accentuant l'action. Les points forts de synchronisation sont les coups, les impacts...

     

    13) Pub pour M&M'S

     

    Vidéo: piste 5 source : www.pubstv.com

     


    · Installer une convergence ou une divergence par rapport à l'image.

     

    La musique, ou le son en général, peut créer une surprise en étant en porte à faux.

     

    Exemple :

     

    14) Pub pour Art Studio

    Vidéo: piste 6 source : www.pubstv.com


    · Meubler l'image: le blanc sonore est très déstabilisant.

    Au contraire, pour rendre l'idée de silence, on fera entendre des bruits qui normalement sont imperceptibles: bruits de pas, tic-tac d'horloge, respiration...

    C) Classification des sons par rapport à l'image

    Paroles, bruitage et musique apportent un complément de signification et accompagnent l'image de différentes façons :

    Sons réels :

    - In : Le son entendu correspond à l'image que l'on voit.

    - Hors champ : Le son correspond à une source sonore qui existe dans l'histoire (dehors, dans la pièce voisine...) mais n'est pas visible sur l'écran.

    Exemple :

    15) Pub pour Celio

     

    On ne voit pas à l'image toutes les personnesqui rigolent, ni les photographes au début Vidéo: piste 7 source : www.pubstv.com

     

    Sons off :

     

    Ils sont ajoutés à la réalité. Ils agissent symboliquement. C'est le rôle de la musique de film, ou de l'illustration musicale.

     

    Exemple :

     

    16) Pub pour Peugeot

     

    Publicité avec comme fond sonore la plus célèbre des musiques du farwest. Vidéo: piste 8 source : www.pubstv.com

     

    D) La musique de publicité d'un point de vue marketing

     

    La musique dans la publicité valorise le produit

     

    La musique de publicité a un rôle essentiellement commercial. En effet, elle agit sur le téléspectateur en retenant son attention. Un individu est exposé à environ 2.000 à 3.000 messages par jour en moyenne, dont il n'en retient qu'une dizaine seulement.

     

    Si une musique de publicité a bien rempli son rôle, souvent grâce à une ritournelle marquante, alors le téléspectateur associera touj ours cette musique à la marque du produit présenté, dont il se souviendra plus facilement.

     

    Voici quelques exemples de publicités où la musique utilisée valorise le produit :

     

    "Steiner Paris" où le solo du piano dégage un sentiment de chaos et de vide où seul le mobilier prédomine.

     

    "Saupiquet" où la musique classique avec la présence des instruments à cordes dégage une idée d'aliment raffiné et d'une cuisine saine et équilibrée.

     

    "Mégane" où le célèbre ténor italien Luciano PAVAROTTI interprète Sono lo spirito che nega, extrait de l'opéra Mefistofele de Boito ARRIGO, et fait ainsi transparaître toute la pureté, l'élégance et la majesté de la voiture par comparaison à sa puissante voix.

     

    "Région Midi-Pyrénées" où l'instrument traditionnel qu'est l'accordéon fait ressortir le fait que cette région française est chaleureuse et pleine de traditions .

     

    L'enfant, une cible plus sensible à la musique ?

     

    Chez les enfants, le phénomène est d'autant plus flagrant.

     

    Ils sont de plus en plus les cibles des publicitaires car, chez les moins de 10 ans principalement, ils n'ont pas encore d'opinion négative ni même d'avis critique à l'égard de la publicité.

     

    De plus, les enfants ont la capacité de retenir plus facilement les slogans chantés et les musiques de publicité, à tel point que nous pouvons parfois être surpris par un enfant capable de répéter mot pour mot un message publicitaire.

     

    Nous pouvons également remarquer que la grande majorité des publicités destinées à un public très jeune est accompagnée d'une musique enfantine, minimaliste, ou de la marque (ou le nom du produit) chantée. Par exemple, quel enfant, à la vue du nom « Action Man », n'entend pas immédiatement le slogan musical associé, c'est à dire « Action Man, le plus grand de tous les héros » ? Cela nous conduit à nous poser la question suivante : la musique peut-elle créer un conditionnement aux marques ?

     

     

     

     

     

     

     

     

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     Un stylo plume...C'est quoi?




    *Entrée en matières
     
    Au commencement , il y a 130 ans les stylos étaient fabriqués en ébonite. Ils se composaient habituellement de 5 pièces, en tout et pour tout. Un corps, une section, un conduit et un capuchon, tournés dans des barres d'ébonite, puis polis et souvent gravés lorsqu'elle était noire. Seule la plume était en or. La caractéristique commune à ces deux matières est leur remarquable résistance à la corrosion de l'encre. Si l'on trouve encore des stylos fabriqués en ébonite, il s'agit d'une production assez marginale, destinée aux collectionneurs.

    *L'ébonite

    L'ébonite est fabriquée à partir de caoutchouc vulcanisé. Elle était noire ou orange brûlé aux début de l'histoire du stylo. Très vite on mélange les deux teintes pour faire apparaître des motifs "mottled", "woodgrain" ou "ripple" selon la terminologie américaine en usage dans le monde des collectionneurs. L'ébonite est agréable en main. Elle offre un excellent échange thermique et semble chaude au contact des doigts. Bien polie, elle est douce au toucher. Il s'agit d'une matière légère, et les anciens stylos en ébonite surprennent souvent par leur masse très contenue. Au rang des défauts de l'ébonite, on note sa relative sensibilité aux coups (en particulier la lèvre de capuchon qui peut alors se fendre d'une micro-fissure) et sa tendance à devenir matte à l'air et à la lumière. Le polissage ne suffit souvent pas à lui rendre son aspect d'origine, en particulier s'agissant des ébonites noires qui deviennent brun mat. Il suffit en principe de limiter l'exposition à la lumière pour réduire les risques d'apparition d'un tel phénomène. On soulignera enfin que l'ébonite se reconnaît à l'odeur camphrée qu'elle dégage, en particulier lorsqu'on la frotte avec le doigt. Il s'agit d'un bon moyen pour distinguer l'ébonite du celluloïd.
    Testez, vous sentirez!






    *Le celluloïd

    Acétate de cellulose, ou nitrate de cellulose et camphre, cette matière arrive dans les manufactures de stylos au début des années 1920. C'est Sheaffer's qui en assurera une grande diffusion. La matière nouvelle permet des effets minéraux, perlescents, faisant des stylos qui recourent à cette matière de vrais bijoux. L'usage du celluloïd permet aussi aux fabricants de varier les formes et c'est Sheaffer's qui lancera la mode des stylos aérodynamiques avec le célèbre Balance dès 1929. Le celluloïd est en général tourné, alors que les stylos les moins chers font appel au rhodoïd, un celluloïd en feuilles, roulé en spirale pour former un tube et collé à l'acétone. Ces derniers on une propension à la déformation, en particulier sous l'action de la chaleur. Dans les années 1950 le celluloïd a été progressivement abandonné au profit des résines injectées. Le celluloïd est en effet hautement inflammable ce qui rend son travail délicat. Certaines couleurs sont aussi sensibles à la lumière et aux solvants de l'encre ou au camphre de la poche en caoutchouc et se décolorent volontiers, voire se cristallisent. Avec le développement des séries limitées, le celluloïd est réapparu dans le monde du stylo, et l'on trouve aujourd'hui des modèles dans cette matière.






    *Les résines modernes

    Elles ont remplacé progressivement les autres matériaux. Elles sont synthétiques et présentent plusieurs avantages, notamment dans le processus de fabrication des stylos. Ainsi, les résines sont moins inflammables que le celluloïd. Elles sont thermo-injectées ou moulées, ce qui permet de varier les formes. Grâce à un polissage soigné, elles atteignent un haut degré de brillance. Elles sont aussi en principe moins fragiles que l'ébonite ou le celluloïd et chimiquement plus stables. Elles sont donc moins sujettes à la déformation ou à la décoloration que le celluloïd. Si elles n'ont pas encore atteint la perfection esthétique de certains celluloïds, elles offrent de belles variations et une large palette de couleurs ou de perlescence. Il conviendrait d'ajouter à ces matières que l'on rencontre le plus souvent, d'autres matériaux "plastiques" tels que la galalithe, fabriquée à partir de caséine du lait, ou encore la bakélite, premier plastique de synthèse. Certains stylos recouraient à ces plastiques dans les années 1930 à 1940.


    *Le bois

    Autre matériau utilisé pour la fabrication des corps et capuchons: le bois. Naturel s'il en est, le bois est utilisé depuis assez peu de temps (années 1980) et les profanes prennent souvent les ébonites veinées pour du bois alors qu'aucun stylo ancien n'est fabriqué en bois (preuve de la qualité de l'imitation!) Le problème du bois, c'est sa stabilité dans le temps et en particulier du fait des variations de degré d'hygrométrie. Le phénomène de fissuration est d'autant plus risqué que les parois des stylos sont peu épaisses. Les fabricants se sont souvent tournés vers les essences exotiques ( ébène, olivier, palissandre de Rio, wengé, bois de rose snakewood, etc.) Il faut veiller à ne pas tacher le bois avec l'encre ou la sueur des doigts, et certaines maisons ont traité leur bois avant usage comme Faber-castell qui utilise des essences telles que le pernambouc, l'olivier, le cocotier, le grenadille.





    *La laque

    Les stylos sont laqués sur métal (en général du laiton) ou sur ébonite ( en particulier s'agissant des stylos japonais en laque urushi). La laque présente d'indéniables avantages esthétiques. Les laques industrielles des grandes maisons européennes sont en général brillantes et aux couleurs variées, alors que les laques japonaises sont souvent appliquées à la main, en tout cas s'agissant des modèles haut de gamme. Elles offrent alors une brillance incomparable, et une "épaisseur" permettant de créer des reliefs , ou d'inclure de la poudre d'or ou de nacre. Ce sont de véritables œuvres d'arts chez NAMIKI et SAILOR.







    *Les habillages

    Les stylos anciens étaient parfois rehaussés d'un habillage en or, en argent ou plaqué or, voire de panneaux de nacre. Un manchon, ajouré d'un motif art nouveau ou art déco ou simplement guilloché, venait revêtir un corps et un capuchon en ébonite. Ces modèles magnifiques et recherchés par les collectionneurs sont rares aujourd'hui. L'ébonite est parfois décolorée et ternie et l'argent se patine. Cette patine peut disparaitre temporairement en frottant le stylo avec un chiffon imbibé d'un produit destiné à l'entretien de l'argenterie.
    Voir le merveilleux travail de la maison anglaise YARD O LED.




    *Les matériaux technologiques

    Ces dernières années ont vu les fabricants s'intéresser aux matériaux dits technologiques, comme la céramique technique, le titane, les aciers modernes ou la fibre de carbone. Ces matériaux présentent en générale une grande solidité alliée à une impressionnante légèreté (titane ou fibre de carbone). L'offre s'est multipliée, même si elle est souvent réservée aux séries limitées. Le fabricant suisse Caran d'Ache utilise ces matériaux rares.





    *Les métaux précieux


    Certains stylos enfin sont en or, en argent massif ou plaqués sur laiton. L'or est sensible aux rayures, l'argent à l'oxydation. Ces stylos sont aussi à manier avec précaution afin d'éviter les chutes qui se traduisent souvent par des bosses sur le métal. Il convient de rappeler que l'or ou l'argent sont toujours estampillés et présentent en France un titrage de 18 carats (750/1000) ou 14 carats (525/1000) pour l'or, 950/1000 pour l'argent.



    *Les matières de la plume

    Si l'on évoque l'or...Il devient incontournable de parler de la plume qui est l'organe central du stylo... La plume est aussi le seul élément commun entre le stylo-plume et le porte-plume du 19e siècle. L'histoire de la plume remonte à une époque bien antérieure à celle de l'invention du stylo à plume par Lewis Edson Waterman, puisque les premières plumes destinées à l'écriture remontent à l'antiquité. ce n'est toutefois qu'au cours du 19e siècle que la fabrication des plumes en or ou en acier prend des dimensions industrielles, en particulier en Angleterre. Assez naturellement les premiers fabricants de stylos, à partir des années 1880, ont repris des plumes identiques à celles utilisées sur les portes-plumes. Elles sont toutefois en général de formes plus simples.
    La plume attire l’œil, l'or souvent utilisé fascine... C'est la plume qui court sur le papier et qui devient le médium fidèle de votre esprit. Lorsque la graphologie s'en mêle, elle scrute les variations de pression que seule une plume trahit.






    **Découvrons ensemble les secrets de cette amie indiscrète.


     
    *La description physique

    La plume est une pièce de métal de forme en général semi-cylindrique et effilée à son extrémité distale. Elle comporte une base, un corps, deux becs séparés par une fente, une pointe et souvent un orifice de ventilation à l'extrémité proximale de la fente. Elle est de taille et d'épaisseur variable, mais de forme généralement similaire. Il existe toutefois des plumes véritablement tubulaires (Dupont Montparnasse), voire triangulaires et plates (Parker 180). La pointe est en générale équipée d'une boule d'iridium qui pallie la sensibilité de l'or à l'abrasion exercée par le papier. La face visible de la plume est habituellement gravée du logo du fabricant et de poinçons si elle est en métal précieux, ainsi que de motifs décoratifs. Elle peut être plaquée or si elle est en acier ou en alliage métallique ou plaquée palladium, iridium voire ruthénium si elle est en or. La plume est posée sur un conduit qui lui amène l'encre de la cartouche ou du réservoir par le jeu de la capillarité. C'est par ce même phénomène physique qu'elle sera déposée sur le papier. La plume et son conduit sont insérés dans la section ou bloc plume.


    *Les types de pointes

    La pointe de la plume est taillée de manière à offrir des types d'écritures adaptés aux souhaits de l'utilisateur. Les plus courantes sont "fine", "moyenne"ou "large", symbolisées aussi par les lettres F, M ou B ( pour broad, large en anglais). De nombreux fabricants proposent toutefois d'autres variantes, correspondant chacune à un autre trait. En pratique l'éventail disponible couvre les tailles d'extra fine à ultra large, soit EF à BBB. On trouve aussi des plumes dites obliques, dont la pointe est taillée en biseau pour un effet en "pleins et déliés", "stub", dont la pointe tronquée permet de réaliser des traits larges en descendant, et fins en tirant, obliques pour gauchers au biseau inversé, musique, à double fente pour plus d'effets de pleins et déliés, spéciales, à double ou triple lame, etc. Si l'on ajoute que les obliques peuvent présenter des largeurs différentes, OM, OB ou OBB, certains fabricants comme SAILOR ou PELIKAN proposent jusqu'à 20 références.
    Bien entendu les détaillants disposent rarement de toute la palette mais ils se feront un devoir de vous commander la plume de vos rêves. En pratique seul un essai vous permettra de trouver votre plume.




    *Les métaux utilisés

    L'or s'est vite imposé pour la fabrication des plumes de qualité, compte tenu de ses caractéristiques physiques: résistance à la corrosion de l'encre et souplesse de l'écriture. Compte tenu de la faible résistance à l'usure de l'or utilisé sur les plumes de qualité on soude à son extrémité une boule d'iridium, métal blanc précieux beaucoup plus dur que l'or. Ainsi la plume conserve les qualités de souplesse de l'or, en évitant les inconvénient liés à sa sensibilité à l'abrasion exercée par le papier lors de l'écriture. L'or utilisé pour la fabrication des plumes de stylos n'est quasiment jamais de l'or pur mais un alliage de plusieurs métaux dans des proportions variées. La couleur de l'or va notamment dépendre de la composition de cet alliage: il sera rouge, rose, jaune, vert ou blanc. Le titrage, c'est à dire la quantité d'or par rapport aux autres métaux présents dans l'alliage est exprimé en carats ou en millièmes. En France les plumes or ont longtemps titré 18 carats ( soit 750/1000 d'or pur) du fait de la réglementation applicable dans notre pays. Les normes européennes ont fait diminuer ce titrage "minimal" à 14 carats (soit 585/1000 d'or pur). Certains fabricants notamment japonais , comme SAILOR, proposent des stylos dotés d'une plume 21 carats, proche de l'or pur (24 carats, soit 990/1000). La composition de l'alliage d'or peut avoir une incidence sur la souplesse de la plume, mais c'est épaisseur de la feuille de métal et la nature même du métal utilisé qui est déterminante. Il est donc simpliste voire faux de dire que les plumes 18 carats sont plus souples que les plumes 14 carats. De même il est faux de prétendre que c'est le titrage qui détermine la douceur de la plume sur le papier: c'est la qualité du polissage de la pointe d'iridium qui est déterminant. Les maisons japonaises comme SAILOR et NAMIKI disposent d'un très grand savoir faire sur les polissages de plumes. L'or n'est pas le seul métal utilisé pour la fabrication des plumes et l'on trouve ainsi de rares plumes en palladium (jusqu'à 23 carats) et plus souvent des plumes en acier ou en alliage métallique de composition variée. Il faut préciser que les plumes en acier modernes utilisées par les grandes maisons sont d'excellente qualité et que leur caractéristique d'écriture soutiennent la comparaison avec les meilleures plumes en or. LAMY propose un large choix de taille de plume à des prix très compétitifs ( de 19€ à 60€). De surcroît, un usage soigné ne les exposera pas d'avantage à la corrosion que leurs homologues en or.


    *Les accessoires indispensables: Le conduit et l'encre

    Le conduit, en résine ou, mieux, en ébonite, alimente la plume en encre. Il est adapté à la taille de la plume; qui doit être parfaitement positionnée sur celui-ci. Si la plume s'est légèrement déplacée, les becs ne seront plus alignés, il s'ensuivra des " ratés" à l'écriture et des problèmes de débit d'encre, voire de sensation de" plume qui gratte". il n'est pas toujours aisé de remettre celle-ci en place sans l'aide d'un professionnel. Luc Lafage qui redresse et répare les plumes au magasin Monogram à Strasbourg nous explique: "de même, une plume sur laquelle on aura appuyé trop fort aura tendance à s'éloigner du conduit à la pression et cela risque d'interrompre le flux d’encre. Ces pressions excessives expliquent 90% des problèmes rencontrés dans le débit d'encre au cours de l'acte de signature! L 'encre doit être adaptée à l'usage des stylos plumes". On proscrira l'encre de Chine, les encres ayant été stockées trop longtemps, ou celles dont les pigments sont trop épais. Essayez plusieurs types d'encre, de marques différentes pour trouver celle qui convient le mieux à votre stylo et à votre goût. Ne vous sentez obligatoirement lié par la marque du fabricant de votre stylo! Essayez la très large palette de couleur chez Pilot, pas moins de 18 teintes de qualité irréprochable.



    *La souplesse, un rêve?


    Les plumes modernes sont souvent assez rigides. Douces sur le papier, mais sans flexibilité! Ces plumes, adaptées au mains qui se sont formées sur des stylos à bille, ne se déforment pas sous forte pression et délivrent un débit régulier d'encre. Elles empêchent en revanche toute velléité de calligraphie, sauf à opter pour une plume oblique évoquée ci-dessus. Il reste quelques fabricants qui proposent des plumes flexibles ou "souples", notamment, et sans que cette liste soit limitative, Pelikan, dont la plume M1000 est remarquable à cet égard, Pilot, avec son stylo mythique Capless et bien sûr Sailor, Lamy, Caran d'ache ou ST Dupont qui équipent certains stylos de plumes en titane d'une grande flexibilité, etc.


    *La douceur ? Un besoin!

    On a tous besoin de douceur, dans ce monde de ...! C'est forts de cette conviction que les fabricants accordent une grande importance au polissage de la pointe d’iridium. Certains y excellent et parviennent à proposer des plumes peu souples, mais d'une infinie douceur sur le papier. Je vous recommande de prendre votre temps pour tester cet aspect avec soin avant d'acheter votre stylo. Je vous rappelle également que la plume gagnera en souplesse et en douceur après un usage régulier. Le débit risque aussi de devenir plus important, compte tenu de cette flexibilité accrue. Je profite de l'évocation de la douceur pour vous rappeler que si une plume vous semble peu agréable, il faut tenter de changer de papier: certains papiers ressemblent plus à une toile émeri qu'à un support d'écriture valable!


    *L'esthétique? Une affaire de goût!

    Si plusieurs maisons s'adressent à la firme allemande Bock pour se procurer les plumes dont leurs stylos sont équipés, un certain nombre de fabricants réalisent toujours eux-mêmes les leurs comme Sailor ou Namiki. Même produites par Bock, les plumes sont personnalisées et reprennent la marque du stylo, l'indication du titrage en carats ou en millièmes, ainsi que l'indication de la caractéristique d'écriture. Les plumes modernes sont soit monochromes, or jaune ou blanc ou plaqué palladium, soit bicolores. Certaines sont plaquées PVD noir, selon une tendance récente. S'agissant de la taille des plumes, elle varie considérablement. Dés le début du 20ème siècle, les grandes maisons telles Waterman diffusaient une grande variété de taille de plumes, de la taille minuscule, à la taille colossale. On sait aussi que c'est la plume gigantesque et ouvragée du Montblanc 149 qui à, en grande partie, assis sa renommée. Les petites plumes, qui plus est capotées, ont aussi connu leurs heures de gloire, avec le fameux Parker 51, si prisé après la seconde guerre mondiale. Votre plume va vous accompagner longtemps, pour autant que vous ne la projetiez pas au sol, pointe la première et que vous la rinciez régulièrement ainsi que le réservoir et le conduit en aspirant de l'eau déminéralisée puis en la vidant ou, pour les stylos à cartouches, en immergeant, le temps d'une nuit, l'ensemble du bloc plume dans un verre d'eau froide...La plume reste un instrument de précision. Un alignement imparfait des becs, la perte de la pointe d’iridium ou le mauvais positionnement sur le conduit occasionneront autant de perturbations de son bon fonctionnement. Je vous déconseille de tenter de redresser vous -même une plume tordue: Les spécialistes sont là.

    Maintenant que vous en savez un peu plus sur cet "organe essentiel du stylo" je vous invite à le choisir avec beaucoup d'attention et à le choyer, afin qu'il vous satisfasse durablement! Vous pouvez nous contacter afin de faire ensemble une étude personnalisée du stylo de vos rêves.


    Source: Le Stylographe parution avril 2012


    Alors appelez-nous ou venez-nous voir!



            

      

    SOURCES   

    Blog superbe

    MONOGRAM

    http://www.stylo-monogram.fr/un-stylo-c-est-quoi-stylo-plume-montblanc-ecriture-mont-blanc-stylo-encre-dupont-namiki-sailor-waterman-parker-pelikan-pilot-sheaffer-cross-lamy-faber-castell,fr,3,28.cfm

      

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    L’écossais Arthur Furguson possédait d’exceptionnels talents de vendeur, mais, comme bien d’autres génies, il ignorait tout de ce don jusqu’au moment fatidique où l’étincelle jaillit de l’occasion et de l’inspiration conjuguées. C’est à Trafalgar Square, par une belle matinée de 1920, que le destin sourit à Furguson lorsqu’il surprit un riche Américain contemplant avec dévotion la célèbre colonne qui surmonte la statue de Nelson.


     



    S’improvisant guide touristique, Furguson expliqua au touriste béat que le monument représentait l’amiral Nelson, glorieux héro de l’histoire anglaise. Sans la statue, la place ne serait plus jamais la même. Mais, hélas! Les dettes de l’empire avait trop besoin d’être épongée et tout devait disparaître : la colonne, la statue, la fontaine et les lions. Bouleversé, l’Américain s’enquit du prix. A peine 6 000 livres, soupira Furguson. Bien sûr, il ne s’agissait pas de céder le monument à n’importe qui; l’acheteur devait se montrer digne d’accueillir ces émouvants témoignages d’une grandeur passée. Par heureuse coïncidence, c’était lui-même, Furguson, qu’on avait chargé de négocier cette affaire délicate, laquelle devait bien entendu rester secrète. L’Américain supplia Furguson de lui accorder la priorité. Harcelé, ce dernier consentit finalement à demander des instructions téléphonique à ces supérieurs.
    Big Ben et Trafalgar Square


     

    Tout fut réglé en quelques instants. C’était d’accord. L’Empire britannique se montrait disposé à accepter immédiatement un chèque et à conclure l’affaire sans autre délai. Serviable, Furguson alla jusqu’à confier à son nouvel ami le nom et l’adresse d’une entreprise digne de confiance qui se chargerait de démonter le monument et d’en assurer le transport. L’Américain lui tendit un chèque en échange d’un reçu, et les deux hommes se séparèrent fort contents l’un de l’autre. Ferguson se mit immédiatement en devoir d’encaisser le chèque. De son coté, son client prenait contact avec la société indiquée; mais celle-ci montra une curieuse réticence à faire ce qu’on lui demandait, et lui en donna les raisons. Pourtant, ce n’est qu’après avoir eu une entrevue avec les policiers de Scotland Yard que le naïf acheteur consentit à reconnaître qu’il avait été berné… Cette année-là, la saison d’été à Londres fut une des plus fructueuse pour Ferguson. Seule la police ne partageait pas sa satisfaction : tantôt un Américain venait se plaindre d’avoir payé 1 000 livres pour Big Ben, tantôt un autre « client » assurait avoir effectué un paiement comptant de 2000 livres sur Buckingham Palace dont on lui refusait pourtant la livraison!



     

    Statue de la liberté et Maison Blanche



     

    Furguson en déduisit que, les Américains constituaient ses meilleurs clients, il pourrait être intéressant de poursuivre ses opérations dans leur propre pays.En 1925, il se rendit à Washington, où il loua la Maison-Blanche à un éleveur de Bétail pour une durée de 99 ans, au prix modique de 100 000 dollars par an, le loyer de la première année étant payable d’avance.Furguson pouvait envisager une retraite dorée mais il voulu quitter la scène de ses exploits avec une apothéose. Il découvrit alors la victime idéale, un Australien de Sydney, pour lequel il déploya toutes les ressources de son ingéniosité. Le port de New York allait être agrandi; la statue de la Liberté gênait les travaux. Bien sûr, des souvenirs sentimentaux y restaient encore attachés; mais cela ne devait pas entraver la marche du progrès, et le gouvernement fédéral acceptait de céder le monument à quiconque voudrait l’emporter.

    L’Australien consacra fébrilement les journées suivantes à se faire envoyer les fonds nécessaires, 100 000 dollars, depuis Sydney. Furguson ne le lâchait pas d’une semelle, l’empêchant soigneusement de se vanter de la superbe affaire qu’il venait de conclure. En souvenir de la transaction, Furguson consentit à se laisser photographier côte à côte avec son client au pied de la Statue dont ce dernier allait devenir l’heureux propriétaire.Comme la somme tardait à venir, Furguson montra quelque impatience, ce qui éveilla les soupçons de l’Australien. Il finit par se rendre à la police muni de la photographie. C’était la piste que les policiers espéraient depuis longtemps. L’Australien les mena directement à Furguson qui fut promptement arrêté. Il fut condamné à cinq années de réclusion, une bien petite peine en regard de la fortune qu’il avait amassée. Relâché en 1930, il vécut à Los Angeles, dans l’opulence grâce à de nouvelles escroqueries, jusqu’à sa mort survenue en 1938.



     

    Extrait du livre: Facts and fallacies ( Sélection du Reader's Digest ) 1988 P. 430-431

    Textes ajoutés par Sehrus
    Dernière modification: Vendredi 16 Mars 2007

      

      

     

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