• La vision du monde dans la France rurale (XVe-XVIIe)

     

    Bonjour à tous ! Cette semaine je vous propose le premier épisode d’une série d’articles consacrés à la culture populaire sous l’Ancien Régime. Ce sera l’occasion d’évoquer les fêtes, les coutumes, les pratiques populaires, la violence aussi (alors omniprésente) et le rôle du pouvoir (monarchie et Église) dans le contrôle et la transformation de cette culture des masses. Ce premier article est consacré à la vision du monde dans les zones rurales jusqu’au XVIIe.

      

     

    Les moissons - Bruegel Bruegel l’Ancien, Les moissons (1565).

    Le monde rural européen de la fin du Moyen Âge et des premiers siècles de l’époque moderne est fondamentalement un monde d’insécurité et de peurs : pestes, famines et disettes, guerres, maladies, mortalité infantile importante, (…) hantent les esprits. Les hommes ne disposent pas alors de véritables connaissances scientifiques sur le fonctionnement du monde.

    On ne connaît pas les microbes et les mécanismes physiologiques ; ainsi toute maladie ou mort n’est considérée que comme la conséquence de l’infiltration de forces néfastes dans le corps. Face à ces peurs réelles ou imaginaires, les hommes ont élaboré une vision du monde cohérente composée de superstitions et d’histoires pouvant nous paraître étranges mais qui étaient à l’époque mentalement sécurisantes.

     

    Note : deux sources sont utilisées pour les superstitions. Les superstitions tirées du Livre des Quenouilles (ou Évangile des femmes, fin du XVe siècle, auteurs anonymes) sont marquées par *, celles tirées du Traité des superstitions (1679) de Jean-Baptiste Thiers, curé du diocèse de Chartres, sont signalées par **.

    I. Un corps magique

    Cette vision est d’abord marquée par l’idée de totalité (vision holiste), rien n’étant indépendant. Le corps n’est pas perçu comme un objet individuel inséré dans son environnement mais comme une partie d’un tout. Les hommes doivent faire attention aux moindres de leurs gestes sous peine de déclencher des calamités. Cette attention continuelle se manifeste par des tabous et des rites visant à éloigner le malheur et provoquer le bonheur.

    Le corps est lui-même dangereux, étant en contact avec l’extérieur par le biais notamment de la bouche, de l’anus et du sexe, un grand nombre de superstitions se greffant sur ces trois parties anatomiques. Ainsi, uriner contre un monastère ou un cimetière peut conduire à l’apoplexie ou à la gravelle (*), ne pas pisser contre un mur où un lépreux a pissé permet d’éviter de devenir soi-même lépreux (*). Un mal du sein peut être guéri par le mari en faisant trois cercles autour de la partie douloureuse avec « l’instrument viril » (*). Avant le mariage, afin de se protéger de divers maléfices, le futur marié peut uriner trois fois dans l’anneau destiné à la mariée (**). Pour guérir d’une maladie, on peut boire dans un sceau d’eau après qu’un cheval y ait bu (**) ou boire de l’eau bénite les veilles de Pâques ou de la Pentecôte (**).

    Il ne faut pas s’étonner de pratiques qui paraissent aujourd’hui sales ou honteuses : au XVe et XVIe siècles, on pisse et défèque en public (y compris les nobles), ce qui est alors nommé « la matière joyeuse » (la merde) n’est pas considérée comme taboue, on n’hésite pas à exhiber ses parties intimes et les mœurs sexuelles sont très libres. Cet état de fait changera à partir du XVIIe siècle, plus rapidement en milieu urbain et dans les couches supérieures.

      

    ● Autour de la grossesse et de l’accouchement

    L'accouchement et la mort de Rachel - Furini Francesco Furini, L’accouchement et la mort de Rachel (XVIIe).

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

    L’un des moments de la vie les plus dangereux est celui de la grossesse et de l’accouchement, attendu avec impatience mais aussi redouté et objet de toutes les angoisses. L’accouchement peut être fatal à l’enfant comme à la femme. D’où toute une série de rites visant à éloigner le malheur ou de signes permettant de connaître à l’avance le résultat.

    Le père du futur enfant doit éviter de le concevoir avec des pieds sales et puants, sinon le fils aura mauvaise haleine et si c’est une fille elle « l’aura puante par derrière » (*). Une femme en état de grossesse doit éviter de se trouver dans la pièce où quelqu’un agonise : l’enfant qu’elle porte risquerait de naître marqué d’une tache blanche au-dessus du nez qui signifie que cet enfant ne vivra pas longtemps (**). En Provence, les femmes mettent couramment des roses de Jéricho dans l’eau : si elles s’ouvrent, l’accouchement sera heureux ; si au contraire elles ne s’ouvrent pas, l’accouchement sera malheureux (**). Dans le diocèse de Chartres, les femmes peuvent s’assurer un accouchement heureux en allant prier devant le Saint prépuce que possèdent les moines de l’abbaye de Coulombs (**). Des rites accompagnent aussi le moment de l’accouchement : une femme sera plus rapidement libérée par exemple si elle chausse les bas et souliers de son mari ou si quelqu’un monte sur le toit de la maison « dire certaines paroles » (**). Et si par malheur la femme accouche d’un enfant mort-né, il faut faire sortir le cadavre par la fenêtre et non par la porte, sinon la mère passant plus tard par cette porte risquerait de ne mettre au monde par la suite que des enfants morts-nés (**).

    II. Signes de bonheur et de malheur

    La nature est perçue par l’homme des temps modernes comme ambivalente, composée de forces nuisibles (diable, démons, mauvais esprits) mais aussi de forces positives (bons esprits, actions des saints,…). L’homme moderne, s’il croit au paradis, à l’enfer et au purgatoire, considère son environnement comme peuplé d’esprits et d’entités diverses. Les morts sont en interaction constante avec les vivants, partageant leurs bonheurs et malheurs, et pouvant les aider ou, au contraire, leur nuire. Toutes ces entités invisibles envoient aux vivants des signes avertisseurs de danger ou au contraire des signes de bonheur.

    Ainsi, des cigognes faisant leur nid au-dessus d’une maison assurent à ses habitants richesse et longue vie (*). Un chien ou un loup qui hurle annonce des malheurs, mais c’est l’inverse pour un cheval (*). Le chat est ambivalent : s’il est considéré comme un animal diabolique, il suscite un grand intérêt. Il faut lui couper le bout de la queue une fois qu’il a quatre ans, car il penserait alors « nuyt et jour comment il porra son maistre estrangler » (*). Le trèfle à quatre feuilles porte bonheur, mais si un homme marche dessus pieds nus il attrapera la fièvre blanche, si c’est une femme elle perdra la fidélité de son époux (*). Lorsque l’on va au domicile de l’éventuelle fiancée pour faire la demande de mariage, rencontrer en chemin une vierge, une femme grosse, un moine, un lièvre, un prêtre, un chien, un chat, un borgne, un boiteux, un aveugle, un serpent, un lézard, un cerf, un chevreuil ou un sanglier est mauvais signe (**). Dans la vie quotidienne, croiser le matin « une femme ou une fille débauchée », un loup, un crapaud ou une cigale est un signe de bon augure (**).

      

    III. Un Christianisme paganisé : l’exemple des pèlerinages thérapeutiques en Bretagne

    Les moissons - Bruegel Bruegel le Jeune, La procession nuptiale (1627).

    Les ruraux de l’époque moderne sont des chrétiens sincères qui croient de bonne foi aux grands dogmes chrétiens. Néanmoins, ils mélangent dans leurs croyances chrétiennes des éléments de paganisme. Face aux maladies, le recours aux saints guérisseurs est une pratique populaire. Si pour l’Eglise les saints n’ont qu’un rôle d’intercession auprès de Dieu, les ruraux voient en eux des puissances surnaturelles autonomes capables d’intervenir sans en référer à Dieu. Ici sera pris l’exemple de la Bretagne.

    La Bretagne est dotée de nombreux saints guérisseurs, certains n’ayant qu’une influence géographique très limitée comme saint Lubin (saint généraliste), saint Mamert (maux de ventre), saint Méen (folie) ou saint Livertin (maux de tête) à Notre-Dame-du-Haut en Montcontour (Côtes-du-Nord actuelles). Un certain nombre de maux sont ainsi désignés par le nom d’un saint : la méningite est le mal Saint-Claude, les hémorroïdes ou la gale, le mal Saint-Fiacre ; l’épilepsie le mal Saint-Jean.

    Les pèlerinages peuvent être collectifs ou individuels, une personne pouvant faire le voyage seule en raison d’une urgente nécessité. Une pratique révélatrice d’une pensée encore para-chrétienne chez les pèlerins est la vengeance à l’encontre des saints si le vœu des voyageurs n’est pas exaucé. Le saint et le pèlerin sont en effet liés par un contrat implicite : si le pèlerin a scrupuleusement accompli les rites exigés, le saint se doit de répondre à ses prières, sinon il y a en quelque sorte « rupture du contrat ». Ainsi, les clercs observent qu’en Basse-Bretagne, on n’hésite pas à fouetter la statue du saint ou la plonger dans l’eau pour punir celui qui ne répond pas aux prières ! Cette pratique de « vengeance » s’observe ailleurs en France : les vignerons de l’Allier et de la Saône-et-Loire, au XVIIIe siècle, entretiennent semblables pratiques envers saint Georges, saint Marc et saint Eutrope si les récoltes ne sont pas bonnes !

      

    ● Les guérisons pour le sanctuaire Sainte-Anne d’Auray

    Le pèlerinage de d’Auray est une « création » récente puisque ce n’est qu’en 1625 qu’un laboureur nommé Nicolazic, âgé d’une trentaine d’années, découvrit une statue de sainte Anne suite à des apparitions de cette sainte. Les premiers fidèles qui se pressent sur le lieu et les premiers « miracles » entraînent un afflux de visiteurs. Des registres ont été tenus de 1625 à 1684 par les carmes.

    (entre parenthèses est indiquée la moyenne annuelle) 1625-1630 : 136 (23) 1631-1640 : 279 (28) 1641-1650 : 440 (44) 1651-1660 : 140 (16) 1661-1670 : 192 (19) 1671-1680 : 62 (6) 1681-1684 : 43 (11)

    On observe un recul très net à partir de 1650. Quelques éléments statistiques : sur 1267 déclarations de miracles, 98 seulement concernent des non-Bretons ; deux tiers des guérisons concernent des ruraux ; 59 % des « miraculés » sont des hommes ou garçons ; 3 % appartiennent au clergé, 9 % à la noblesse, 30 % à la bourgeoisie (remarquez la sur-représentation des élites par rapport aux gens du peuple). Sur les 557 miracles survenus de 1634 à 1646, 323 concernent des maladies, 25 des accouchements difficiles, 24 des brûlures ou des incendies, 91 concernent l’eau (noyades et naufrages). Sur les 323 malades, 54 sont paralytiques, 24 aveugles, 23 épileptiques et névropathes, 19 muets, 15 dysentériques, 14 varioleux, 9 pestiférés, 40 atteints de « fièvres », 30 de « maladies ».

      

    Sources : MUCHEMBLED, Robert. Culture populaire et culture des élites dans la France moderne (XVe-XVIIIe siècle). Flammarion, 1991. LEBRUN, François. Croyances et cultures dans la France d’Ancien Régime. Seuil, 2001.

    Delicious Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  •  Après avoir présenté la dernière fois la vision du monde dans la France rurale du XVè siècle et du XVIIè siècle,  aujourd’hui je vous propose les principales fêtes du calendrier agro-liturgique (nommé ainsi car les cycles agraires et le calendrier liturgique encadrent la vie des hommes) et trois coutumes populaires : la chevauchée de l’âne, le charivari et la mise à mort d’un bouc-émissaire. Vous observerez que ces fêtes et les mentalités du temps (dernier article) sont étroitement liées.

     

     

    La danse - Bruegel

      

    Bruegel l’Ancien, La danse de la mariée (1566).

    L’Ancien Régime est marqué par l’abondance de fêtes et de réjouissances diverses : 55 dans le diocèse de Paris au début du XVIIe siècle (soit en moyenne une par semaine), en plus des 52 dimanches. Dans le diocèse d’Angers, avant 1693, 63 fêtes jalonnent l’année. Le travail est alors interdit sous peine d’amende.

    Il est évidemment impossible de détailler dans cet article toutes les fêtes locales. Certaines de ces fêtes locales sont pour l’anecdote parfois particulièrement pittoresques comme la fête du 22 août à Beaucaire, où est organisée une course des prostituées de la ville et des environs entièrement nues. Par ailleurs, certaines réjouissances sont spontanées comme à Arras en 1434, où il neigea pendant trois mois et trois semaines à compter du 30 novembre, ce qui permis aux habitants de modeler de nombreuses figures avec la neige ; ou à Lille en 1600 où l’on a fait rôtir un porc sur une fontaine gelée en présence d’une cinquantaine de personnes.

     

    I. La calendrier agro-liturgique

    A la campagne, les fêtes se répartissent en six grands cycles marquant l’année (Carnaval-Carême, Mai, Saint-Jean, Assomption, Toussaint, les 14 jours autour de Noël).

    Le cycle de Noël concentre à lui seul six fêtes obligatoires en 14 jours. Outre la présence au divers offices religieux, un certain nombre de pratiques marquent cette période. Le 24 au soir, dans chaque maison, on allume une énorme bûche placée dans la cheminée par le doyen de la maison, aspergée d’eau bénite avant d’être enflammée. Elle doit brûler entre 3 et 9 jours selon les régions françaises. Toute l’année on conserve précieusement les cendres qui entrent dans la composition de plusieurs remèdes, protègent la maison de la foudre, préservent les blés et purifient l’eau du puits.

    Les mois de janvier et de février sont des mois de noces et de carnaval. La Chandeleur, le 2 février, commémore la purification de Jésus au Temple et les cierges sont bénis à l’église ; ceux-ci sont ramenés à l’habitat : ils protégeront la maison et l’étable de l’incendie et de la foudre. Le carnaval dure plusieurs jours et se termine à des dates différentes selon les régions, un mannequin représentant Carnaval ou Carême-Prenant est brûlé pour clôturer cette période de festivité qui concerne essentiellement les jeunes.

    Le dimanche des Rameaux ou de Pâques-Fleuries marque le début de la Semaine sainte. Le curé bénit des branches de lauriers et des bouquets de buis, puis, après la grande messe, les fidèles se rendent au cimetière déposer un buis sur chaque tombe. En rentrant chez soi, chaque fidèle fait de même pour les croix sur le chemin, puis au crucifix de la maison. Le dimanche de Pâques marquant la fin du Carême est un grand jour de fête, la viande réapparaissant sur les tables et les cloches sonnant à toute volée. Les beaux jours sont là et déjà les travaux des champs entraînent la fin des veillées d’hiver.

     

      

      

    PiLa ronde paysanne - Rubenserre-Paul Rubens,

    La ronde paysanne (XVIIe).

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

    Quarante jours après Pâques vient l’Ascension, puis le dimanche de la Pentecôte dix jours plus tard, et le jeudi de la Fête-Dieu dix jours après la Pentecôte. La Saint-Jean-Baptiste, le 24 juin, est avec Noël et Pâques la plus grande fête de l’année. Cette vieille fête mal christianisée est l’occasion de pratiques plus ou moins bien tolérées par l’Église. On allume des feux sur les hauteurs ou devant la chapelle dédiée au saint qui donnent lieu à des farandoles et sauts par-dessus les flammes. Les cendres du brasier sont ensuite conservées pour protéger du mauvais sort.

    Après la Saint-Jean, les gros travaux commencent et les fêtes se font moins nombreuses : l’Assomption le 15 août, la Nativité de la Vierge le 8 septembre, la Saint-Michel le 29 septembre. La Toussaint et la Commémoration des morts les 1er et 2 novembre (fêtes avec prières et processions) marquent l’approche de la période hivernale et terminent l’année.

      

    II. Trois coutumes populaires

      

    ● La chevauchée de l’âne

     

      

    Dans cette gravure de 1558 nommée La luLa luxure - Bruegelxure, Bruegel l’Ancien représente sur la gauche une chevauchée de l’âne, où l’âne est remplacé par un monstre. De nombreux objets ayant une symbolique érotique sont présents : l’œuf, la cornemuse (qui ouvre le cortège) et l’huître.

    La chevauchée de l’âne est une pratique qui consiste à promener sur un âne à travers le village un mari cocu ou battu par sa femme. Parfois, le mari en question peut être remplacé par un mannequin de paille ou un figurant remplissant le rôle. Au XVIe siècle, cette pratique populaire se tient jusque dans les grandes villes, certaines parades pouvant alors se transformer en de véritables spectacles. A Lyon en 1578, ce sont 18 groupes venant chacun d’un quartier différent qui traversent la ville, avec 1500 à 2000 figurants et un mari cocu ou battu par quartier. Cette pratique est alors évidemment parfois mal supportée par le mari humilié qui peut se venger voire tuer l’un des participants (on a au moins un cas pour le XVIIe siècle connu grâce à une lettre de grâce du roi pour le meurtrier). Un parlementaire bordelais du XVIe rachète pour dix sous la course de l’âne méritée par son voisin.

    Quand ils passent devant la justice, les participants se justifient en invoquant l’ancienneté de la coutume. Un avocat chargé de la défense de paysans du hameau de Colleignes, près d’Aiguillon-en-Agenais, affirme ainsi devant le parlement de Bordeaux que « la course de l’âne est une coutume générale par toute la France… Il n’y a ni loi, ni ordonnance défendant expressement cette cérémonie, puisque donc la loy civile manque, la peine civile cesse. Encore aujourd’hui, on convie aux jeux d’hasard défendus, aux nastreries et champisseries des laquais par coutume ; la course de taureau à Bazas et mille autres choses peu louables se tolèrent par coutumes ».

    ● Le charivari

    Le clerc Antoine Furetière, dans son Dictionnaire universel (paru en 1690), définit le charivari comme un « bruit confus que font des gens du peuple avec des poëles, des bassins et des chaudrons pour faire injure à quelqu’un. On fait des charivaris en dérision des gens d’un âge fort inégal qui se marient. » Dans les textes, la pratique du charivari n’est mentionnée qu’à partir du XIVe siècle sous des dénominations différentes (mais cela ne signifie pas que la coutume ait pris naissance seulement à la fin du Moyen Âge).

    La coutume consiste à faire un grand chahut lorsque qu’un mariage paraît anormal. Au bas Moyen Âge, elle ne semble liée qu’aux secondes noces ; durant l’époque moderne, elle se met à concerner presque systématiquement deux époux d’un âge très inégal (quelquefois deux époux originaires de deux régions lointaines ou deux époux de catégories sociales très différentes).

    Les textes insistent tous sur le bruit (sifflements, huées, percussions d’objets divers) et certains font allusion au fait que les participants sont déguisés ou masqués. Certains mentionnent des extorsions d’argent ; le charivari ne cesse alors que lorsque les époux se sont « rachetés ». Ainsi, l’ordonnance synodale d’Étienne Le Camus, évêque de Grenoble, condamne en 1687 « ceux qui avec des charivaris… obligent les veufs ou les veuves qui se marient, ou ceux qui contractent hors de la paroisse, de payer quelque contribution ». Les autorités civiles et l’Église répètent évidemment leurs condamnations à l’égard du charivari, considéré comme une atteinte à la sainteté du mariage. Cette pratique populaire, malgré la réitération des interdictions, perdure néanmoins jusqu’à la fin du XIXe siècle.

    ● La mise à mort fictive d’un bouc-émissaire

    La scène de mise à mort d’un bouc-émissaire la plus connue est celle de Carnaval, le mercredi des Cendres. Mais ce supplice fictif, qui a traversé les siècles, est loin d’être le seul sous l’Ancien Régime. De nombreux autres coexistent selon des variantes régionales. Dans les Pyrénées, on met à mort un ours joué par un jeune homme déguisé avec une vraie peau. Cet ours était accusé d’avoir enlevé une jeune fille, la Rosetta. A Metz, le Graouilly, un dragon de carton est promené dans les rues et flagellé par les enfants. A Limoges, chaque 27 août, une effigie représentant Gauthier (personnage ayant réellement existé : bourgeois ayant en 1426 tenté d’ouvrir une porte de la ville aux Anglais, acquis à leur cause) est baladé dans la ville et hué par les Limougeaux aux cris de « maudit Gauthier, maudit traître ». A Lille, c’est le « chevalier rouge », obscur criminel, qui est présenté chaque année à la foule, expiant un crime atroce.

      

    Sources : BERCÉ, Yves-Marie. Fête et révolte. Des mentalités populaires du XVIe au XVIIIe siècle. Hachette, 1994. LEBRUN, François. Croyances et cultures dans la France d’Ancien Régime. Seuil, 2001. MUCHEMBLED, Robert. Culture populaire et culture des élites dans la France moderne (XVe-XVIIIe siècle). Flammarion, 1991.

    sources : F.D.

    Delicious Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  •  

    LES MACHINES DE L'ILE A NANTES

     

    LES MACHINES DE L'ILE A NANTES

     

      

    LES MACHINES DE L'ILE A NANTES

     








    Temps fort de ces vacances de Pâques ,moment magique ,unique et heureux .... Profitez du pont du 9 mai pour visiter à Nantes les Machines de l'Ile...

    Dans les nefs des anciens chantiers navals de Nantes venez découvrir des machines extraordinaires.....

    Avez -vous déjà vu un grand éléphant de 12 mètres de haut se promener en ville ?
    Avez -vous déjà chevauché une raie manta de 4 mètres d'envergure ?
    Avez -vous déjà pédalé sur un calamar à rétropropulsion ?
    Etes -vous un jour passé à l'abordage avec un poisson pirate?


    Du rêve , du bonheur pour les petits et pour les grands!!!







    Pour apprécier cette vidéo ( cliquer sur le logo central de DEEZER)
    colonne de gauche, en bas, le fond musical du blog sera supprimé.

    http://www.lesmachines-nantes.fr/

     ce lien proposé par Elodie :

    http://blog.diversivie.com
     
    sources : magnifque BLOG : http://lesgrigrisdesophie.blogspot.com/2008/04/les-machines-de-lile-nantes.html
    Delicious Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  •   

      

    L'histoire de l'accordéon....en quelques mots.

      

    mon autre blog sur Paris..  Dona Rodrigue - sur-les-toits-de-paris.eklablog.net

    L’accordéon est né à Vienne en 1829. C’est un enfant du Romantisme. Il fut le jouet des dames dans les salons bourgeois : son pouvoir expressif y fit fureur d’emblée. Ensuite, doté d’un second clavier pour la main gauche, il ne tarda pas à descendre dans la rue, puis à pénétrer jusqu’au fond des campagnes.

    Sa popularité, dès la fin du XIXè siècle, fut immense. Son industrie battit tous les records. On en exporta des bateaux entiers vers l’Amérique.

    Dans le Paris de 1900, il est le roi du genre « musette ». Il mène le bal dans le monde entier, séduit les chansonnier, son charme inspire les poètes.

    Cependant, le dispositif qui a fait son succès - les accords fixes d’accompagnement - malgré les perfectionnements les plus ingénieux, l’empêchent longtemps d’accéder à la « grande » musique, jusqu’au jour, relativement récent, où la possibilité de renoncer aux accords préparés ou même leur suppression pure et simple, permet d’aborder tous les genres d’écriture musicale

    Impossible de parler de l'accordéon en France sans évoquer ce genre qui fit autant pour sa gloire que pour sa mauvaise réputation : le MUSETTE. Une musique adulée par les uns, méprisée par les autres, et qui pourtant auprès des étrangers est synonyme de Paris, de fête, bref de la "french way of life".

    Pierre Monichon en parle fort bien dans son ouvrage L'Accordéon :

    "Dans le monde de l'accordéon, inévitablement, le musette appelle l'idée de danse et entraîne l'imagination vers les guinguettes, les salles de bal où les couples tournent au son d'un petit orchestre. De nos jours le mot évoque aussi tout un pan de "la Belle Epoque", son insouciance, son air de liberté ...

    Il se pourrait fort bien d'ailleurs que le musette ait exprimé une certaine liberté pour toute une clientèle bourgeoise, venant oublier dans l'arrière-cour d'un café les contraintes d'une façon de vivre où la raison l'emportait sur le coeur."

    Le Musette et la Musette

    Le mot musette trouve son origine dans le nom d'un instrument qui personnifia notre musique traditionnelle. Son succès fut tel qu'il donna son nom à une danse populaire à la cour des rois Louis XIV et Louis XV. Cousine de la cornemuse, elle est composée d'un tuyau percé de pluseurs trous et interchangeable ainsi que d'un sac que l'on remplit d'air avec le soufflet que l'on actionne avec le bras gauche.

    Naissance du Bal "musette"

    Cette expression indiquait au début tout bal donné par un orchestre comprenant au moins une musette qui jouait le thème.

    Si les premiers bals publics parisiens datent du début du XVIIIème siècle, il faudra attendre le XIXème siècle pour les voir se développer, autant dans les faubourgs de la capitale française qu'à sa périphérie (Belleville, Montmartre, Ménilmontant, ...).

    L'arrivée de nombreux Auvergants à Paris n'est pas étrangère à cet état de fait : d'ailleurs, à cette époque, nombre de musiciens de bals sont originaires du centre de la France. Mais les choses vont se gâter à l'orée du XXème siècle, avec l'importante immigration d'Italiens. Ceux-ci, avec l'amour de la musique qu'on leur connait, créent rapidement leurs propres bals, dans laquelle la musette se voit souffler la vedette par l'accordéon, ce qui déplait beaucoup aux Auvergnats ! Ces derniers vont en effet peu apprécier que l'expression "bal musette" devienne aussi galvaudée. Le conflit va souvent se régler à coups de poing et coups de couteau !

    Finalement, la musette tombe peu à peu en désuétude, et l'accordéon prend définitivement sa place.

    Parmi les pionniers, citons : Charles Peguri (1879-1930), Emile Vacher (1883-1969), et Martin Cayla (1889-1951).

    Evolution du Musette

    Si ces bals ont un immense succès durant les "Années Folles" (1900-1914), il faudra attendre la fin de la Première Guerre Mondiale pour voir le genre musette prendre la forme qu'on lui connait.

    De nouvelles danses font leur apparition : la valse musette, la java, le paso-doble, le fox-trot ...

    Les instruments traditionnels disparaissent définitivement, les bourrées et autres danses traditionnelles appartiennent déjà à un autre âge, enterrées par les rythmes marqués par la batterie, devenue incontournable. Le musette s'encanaille aussi avec la musique des Tziganes et des Manouches : les guitares commencent à accompagner l'accordéon.

    Les accordéonistes se font virtuoses : les plus célèbres sont Joseph Colombo, Albert Carrara (1903-1968), Guérino (Tzigane qui se fit accompagner par Django Reinhard lui-même!), Adolphe Deprince, Michel Peguri, Vincent Marceau ... Dans les années 30, quelques "monstres" du bouton commencent à donner leurs premiers bals : Gus Viseur (de son vrai nom Gustave Viseur, 1915-1977), tony Murena(alias Antonio Murena, né en Italie,1916-1977), qui donnent tous deux une touche swing à leurs interprétations (ils feront d'ailleurs

    a danse "emblème" du genre musette. Celui-ci devient musique populaire par excellence, galvanisant la nouvelle joie de vivre des Français libérés.

    C'est durant cette période que les plus connus des accordéonistes vont devenir des Princes, Rois, Stars ... Ils ont pour nom André Verchuren, Aimable, Yvette Horner, Louis Corchia, Maurice Larcange, Bruno Lorenzoni ... Pour certains, la musique disparait derrière les sourires béats et les grimaces. De son côté, Jo Privat fuit une gloriole facile pour exprimer sa sensibilité dans un musette "manouche" que n'aurait certainement pas renié Django Reinhard.

    D'autres vont tenter de réconcilier l'accordéon avec les musiciens classiques. Ils ont pour nom André Astier, Joss Baselli, Joe Rossi et naturellement Marcel Azzolla. Ils vont développer un genre initié par Médard Ferrero et autres V. Marceau, que l'on pourrait appeler, sans aucune malveillance dans le terme, Musette de Salon, en référence aux musiques de salon de Chopin et Fauré.

    Les valses et mazurkas deviennent des morceaux que l'on écoute avec plaisir dans un fauteuil de salle de concert. Durant près de trente ans, l'accordéon va prendre une image de plus en plus vieillotte et surtout ringarde, véhiculée par des médias qui préfèrent les BEATLES et les ROLLING STONES. il faut attendre les années 90, et notamment l'adoption massive de l'accordéon par les groupes de rock, pour voir cette image s'inverser. Parallèlement arrive une nouvelle génération d'accordéonistes de bals, plus techniques et souvent plus musiciens : Eric Bouvelle, Dominique Emorine et Julien Labro en sont les plus célèbres représentants.

     

     

    Séraphine, chanteuse, accompagnera avec talent les musiques jouées par Victor, sa voix lui permettant d’interpréter aussi bien L’Avé Maria de Gounod que les chansons de Piaf, Brel ou encore le chant des partisans.

     

     

      

    sources : http://www.victorseraphine.com/histoire.htm

      

      

     

    Delicious Yahoo! Pin It

    votre commentaire
  • HISTOIRE DU MUSETTE

     

     

     Impossible de parler de l'accordéon en France sans évoquer ce genre qui fit autant pour sa gloire que pour sa mauvaise réputation : le MUSETTE. Une musique adulée par les uns, méprisée par les autres, et qui pourtant auprès des étrangers est synonyme de Paris, de fête, bref de la «French way of life».

     

     Pierre Monichon en parle fort bien dans son ouvrage «L'Accordéon» :

    «Dans le monde de l'accordéon, inévitablement, le musette appelle l'idée de danse et entraîne l'imagination vers les guinguettes, les salles de bal où les couples tournent au son d'un petit orchestre. De nos jours le mot évoque aussi tout un pan de «la Belle Epoque», son insouciance, son air de liberté ...

    Il se pourrait fort bien d'ailleurs que le musette ait exprimé une certaine liberté pour toute une clientèle bourgeoise, venant oublier dans l'arrière-cour d'un café les contraintes d'une façon de vivre où la raison l'emportait sur le coeur.»

     

    Le Musette et son origine 

     

     Le mot musette trouve son origine dans le nom d'un instrument qui personnifia notre musique traditionnelle. Son succès fut tel qu'il donna son nom à une danse populaire à la cour des rois Louis XIV et Louis XV. Cousine de la cornemuse, elle est composée d'un tuyau percé de plusieurs trous et interchangeable ainsi que d'un sac que l'on remplit d'air avec le soufflet que l'on actionne avec le bras gauche.

     

    La Naissance du «Bal Musette»

     

     Cette expression indiquait au début tout bal donné par un orchestre comprenant au moins une musette qui jouait le thème.

     Si les premiers bals publics parisiens datent du début du 18ème siècle, il faudra attendre le 19ème siècle pour les voir se développer, autant dans les faubourgs de la capitale française qu'à sa périphérie (Belleville, Montmartre, Ménilmontant, ...).

     L'arrivée de nombreux Auvergants à Paris n'est pas étrangère à cet état de fait : d'ailleurs, à cette époque, nombre de musiciens de bals sont originaires du centre de la France. Mais les choses vont se gâter à l'orée du 20ème siècle, avec l'importante immigration d'Italiens. Ceux-ci, avec l'amour de la musique qu'on leur connaît, créent rapidement leurs propres bals, dans laquelle la musette se voit souffler la vedette par l'accordéon, ce qui déplait beaucoup aux Auvergnats ! Ces derniers vont en effet peu apprécier que l'expression «Bal Musette» devienne aussi galvaudée. Le conflit va souvent se régler à coups de poing et coups de couteau !

     Finalement, la musette tombe peu à peu en désuétude, et l'accordéon prend définitivement sa place.

     

     Parmi les pionniers, citons : Charles Peguri (1879-1930), Emile Vacher (1883-1969), et Martin Cayla (1889-1951).

     

    L'Evolution du Musette

     

     Si ces bals ont un immense succès durant les «Années Folles» (1900-1914), il faudra attendre la fin de la Première Guerre Mondiale pour voir le genre musette prendre la forme qu'on lui connaît.

     De nouvelles danses font leur apparition : la valse musette, la java, le paso-doble, le fox-trot, ...

     Les instruments traditionnels disparaissent définitivement, les bourrées et autres danses traditionnelles appartiennent déjà à un autre âge, enterrées par les rythmes marqués par la batterie, devenue incontournable. Le musette s'encanaille aussi avec la musique des Tziganes et des Manouches : les guitares commencent à accompagner l'accordéon.

     Les accordéonistes se font virtuoses : les plus célèbres sont Joseph Colombo, Albert Carrara (1903-1968), Guérino (Tzigane qui se fit accompagner par Django Reinhard lui-même!), Adolphe Deprince, Michel Peguri, Vincent Marceau ... Dans les années 30, quelques «monstres» du bouton commencent à donner leurs premiers bals : Gus Viseur (de son vrai nom Gustave Viseur, 1915-1977), Tony Murena (alias Antonio Murena, né en Italie,1916-1977), qui donnent tous deux une touche swing à leurs interprétations (ils feront d'ailleurs aussi carrière dans le jazz) et Médard Ferrero, musicien aussi émérite que grand pédagogue.

     Après 1945, sous l'influence de la culture américaine, de nouveaux instruments apparaissent sur la scène des dancings : le banjo, le piano, la contrebasse ... La valse est la danse «emblème» du genre musette. Celui-ci devient musique populaire par excellence, galvanisant la nouvelle joie de vivre des Français libérés.

     C'est durant cette période que les plus connus des accordéonistes vont devenir des Princes, Rois, Stars ... Ils ont pour nom André Verchuren, Aimable, Yvette Horner, Louis Corchia, Maurice Larcange, Bruno Lorenzoni ... Pour certains, la musique disparaît derrière les sourires béats et les grimaces. De son côté, Jo Privat fuit une gloriole facile pour exprimer sa sensibilité dans un musette «manouche» que n'aurait certainement pas renié Django Reinhardt. D'autres vont tenter de réconcilier l'accordéon avec les musiciens classiques. Ils ont pour nom André Astier, Joss Baselli, Joe Rossi et naturellement Marcel Azzola. Ils vont développer un genre initié par Médard Ferrero et autres V. Marceau, que l'on pourrait appeler, sans aucune malveillance dans le terme, Musette de Salon, en référence aux musiques de salon de Chopin et Fauré. Les valses et mazurkas deviennent des morceaux que l'on écoute avec plaisir dans un fauteuil de salle de concert. Leur volonté de sortir l'accordéon des guinguettes et salles de bals sont certainement à l'origine de la nouvelle génération de concertistes accordéonistes.

    André VERCHUREN

     

    AIMABLE

     

    Yvette Horner

     

    Maurice LARCANGE

     

    Bruno LORENZONI

     

    Django REINHARDT

    Jo PRIVAT

    Marcel AZZOLA

    Joss BASELLI

    André ASTIER

     Les années 60, avec ses évolutions et révolutions, vont marquer une cassure. Les jeunes refusent le «monde à papa», et tout ce qui colle à lui. Le musette, en ne prenant pas suffisamment tôt en compte les aspirations de cette jeunesse, va se détourner d'elle qui lui préfère Woodstock et les Beatles. Durant près de trente ans, l'accordéon va prendre une image de plus en plus vieillotte et surtout ringarde, véhiculée par des médias qui préfèrent l'esbroufe à la qualité.

     Il faudra attendre les années 90, et notamment l'adoption massive de l'accordéon par les groupes de rock, pour voir cette image s'inverser. Parallèlement arrive une nouvelle génération d'accordéonistes de bals, plus techniques et souvent plus musiciens : Eric Bouvelle, Domi(nique) Emorine et Julien Labro en sont les plus célèbres représentants.

     A eux de ne pas renouveler les erreurs du passé, suivre les évolutions des goûts artistiques, afin d'accompagner ce renouveau de l'accordéon.

     

     
     

    Eric BOUVELLE

    Domi(nique) EMORINE

     

     

    Source documentation : http://membres.lycos.fr/accordeon/public/histoire/histoire.htm

      

      

    Delicious Yahoo! Pin It

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique