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    Le mariage au début du Moyen Age

    Par Georges Duby

    Article de Historia N°503, novembre 1988


    Le Moyen Age a-t-il encore des secrets pour George Duby ? On pourrait en douter en parcourant la liste des ouvrages de cet académicien, professeur au Collège de France et directeur du Centre d'études des sociétés méditerranéennes.
     

      

    Depuis l'Histoire de la Civilisation française (1958) jusqu'à Mâle Moyen Age édité en 1988 par Flammarion, G. Duby n'a cessé d'approfondir notre passé quotidien. II nous rappelle aujourd'hui que la place faite au mariage dans l'organisation de la société féodale est loin de l'image de l'amour courtois chanté par les poètes.

    Comme tous les organismes vivants, les sociétés humaines sont le lieu d'une pulsion fondamentale qui les incite à perpétuer leur existence, à se reproduire dans le cadre de structures stables. La permanence de ces structures est, dans les sociétés humaines, instituée conjointement par la nature et parla culture. Aux prescriptions du code génétique individuel s'ajoutent donc celles d'un code de comportement collectif, d'un ensemble de règles qui se voudraient elles aussi infrangibles et qui entendent définir d'abord le statut respectif du masculin et du féminin, répartir entre les deux sexes le pouvoir et les

      

    fonctions, contrôler ensuite ces événements fortuits que sont les naissances, substituer à la filiation maternelle, la seule évidente, la filiation paternelle, désigner enfin parmi tous les accouplements possibles les légitimes, entendons ceux qui sont seuls tenus pour susceptibles d'assurer convenablement la reproduction du groupe - bref de règles dont l'objet est, bien sûr, d'instituer un couple, d'officialiser la confluence de deux "sangs", mais plus nécessairement d'organiser, par-delà celle des deux personnes, la conjonction de deux cellules sociales, de deux « maisons », afin que soit engendrée une cellule de forme semblable. Ce système culturel, c'est le système de parenté.

      

    Ce code est le code matrimonial. Au centre de ces mécanismes de régulation, dont la fonction est primordiale, prend place en effet le mariage.
    Régulation, officialisation, contrôle, codification : l'institution matrimoniale se trouve, par sa position même et par le rôle qu'elle assume, enfermée dans une stricte armature de rites et d'interdits - de rites, puisqu'il s'agit de rendre public, et par là de socialiser, de légaliser un acte privé - d'interdits, puisqu'il s'agit de tracer la frontière entre la norme et la marginalité, le licite et l'illicite, le pur et l'impur. Pour une part, ces interdits, ces rites relèvent du profane.

      

    Pour une autre part, ils relèvent du religieux, puisque par la copulatio la porte s'entrouvre sur le domaine ténébreux, mystérieux, terrifiant de la sexualité et de la procréation, c'est-àdire sur le champ du sacré. Le mariage se situe par conséquent au carrefour de deux ordres, naturel et surnaturel.

      

    Dans bien des sociétés, et notamment dans la société du haut Moyen Age, il est régi par deux pouvoirs distincts, à demi conjugués, à demi concurrents, par deux systèmes régulateurs qui n'agissent pas toujours en concordance, mais qui l'un et l'autre prétendent emprisonner étroitement le mariage dans le droit et le cérémonial.
    L'institution matrimoniale se prête beaucoup mieux que nombre de faits sociaux à l'observation des historiens de la chrétienté médiévale. Ils peuvent la saisir, et très tôt, par l'intermédiaire de textes explicites. Mais cet avantage a son revers.

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    Le médiéviste, dont la position déjà est beaucoup moins assurée que celle des ethnologues analysant des sociétés exotiques, et même que celle des historiens de l'Antiquité, puisque la culture qu'il étudie est en grande partie la sienne, qu'il reste malgré lui prisonnier d'un rituel et d'un système de valeurs qui ne sont pas foncièrement différents de ceux qu'il examine et qu'il souhaiterait démythifier, n'atteint aisément du mariage que son écorce, ses apparences extérieures, publiques, formelles. De ce qui remplit cette coquille, dans le privé, dans le vécu, tout ou presque tout lui échappe.

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    Entre la théorie et la pratique une marge existe dont l'historien, comme le sociologue mais beaucoup plus malaisément que lui, doit s'appliquer à repérer l'extension. L'écran que dressent les formules peut abuser d'ailleurs de manière plus insidieuse. je prends l'exemple de ces titres de donation ou de vente où, dans le cours du XII, siècle, en certaines provinces, mention est faite de plus en plus fréquemment de l'épouse aux côtés de son mari. doit-on voir là le signe d'une effective promotion de la femme, d'un desserrement de l'emprise exercée par les mâles au sein du ménage, bref de la progressive victoire du principe de l'égalité des conjoints que l'Église, à ce moment même, travaille à faire accepter ?

     

    Ne faut-il pas plutôt considérer que, s'agissant de droits sur des biens, sur un héritage, l'épouse est requise d'intervenir moins en raison de ce qu'elle détient que de ce qu'elle garantit et transmet, et que le lent retrait du monopole marital accroît davantage sur la fortune du couple les prérogatives des mâles de son lignage et de sa progéniture que les siennes propres ?

     

      

    Si l'historien adoptait sans précautions le point de vue des ecclésiastiques, lesquels ont rédigé à peu près tous les témoignages dont nous pouvons disposer, il en viendrait, à prendre pour argent comptant ce que ces hommes, qui pour la plupart étaient célibataires ou affectaient de l'être, exprimèrent des réalités conjugales.

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    L'histoire du mariage n'est pas la même aux divers degrés de la hiérarchie des conditions sociales, au niveau des maîtres d'une part, au niveau des exploités de l'autre. Pouvoir sacré dont l'autorité anime et soutient l'infatigable action des prêtres pour insérer le mariage dans la totalité d'une entreprise des moeurs, et pour, dans cet ensemble, le situer à sa juste place.

     

    Au cours de cette compétition séculaire, le religieux tend à l'emporter sur le civil. L'époque est celle d'une progressive christianisation de l'institution matrimoniale. Insensiblement les résistances à cette acculturation fléchissent, ou plutôt sont contraintes de se retrancher sur des positions nouvelles, de s'y fortement établir pour s'y préparer à d'ultérieures contre-offensives.

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    Disposons donc en premier lieu, face à face, les deux systèmes d'encadrement, qui par leurs desseins sont presque entièrement étrangers l'un à l'autre : modèle laïque, chargé, dans cette société ruralisée, de préserver, au fil des générations, la permanence d'un mode de production ; modèle ecclésiastique dont le but, intemporel, est de réfréner les pulsions de la chair, de refouler le mal, en endiguant dans de strictes retenues les débordements de la sexualité.

    Maintenir d'âge en âge l'« état » d'une maison cet impératif commande toute la structure du premier de ces modèles. En proportion variable selon les régions, selon les ethnies, les traditions romaines et les traditions barbares se combinent dans les matériaux dont il est construit ; de toute manière cependant, il prend assise sur la notion d'héritage. Son rôle est d'assurer sans dommage la transmission d'un capital de biens, de gloire, d'honneur, et de garantir à la descendance une condition, un « rang » au moins égal à celui dont bénéficiaient les ancêtres.

      

    Moyen-Age

      

    Tous les responsables du destin familial, c'est-à-dire tous les mâles qui détiennent quelque droit sur le patrimoine, et à leur tête l'ancien qu'ils conseillent et qui parle en leur nom, considèrent par conséquent comme leur premier droit et leur premier devoir de marier les jeunes et de les bien marier.

      

    C'est-àdire, d'une part, de céder les filles, de négocier au mieux leur pouvoir de procréation et les avantages qu'elles sont censées léguer à leur progéniture, d'autre part d'aider les garçons à prendre femme. A la prendre ailleurs, dans une autre maison, à l'introduire dans cette maison-ci où elle cessera de relever de son père, de ses frères, de ses oncles pour être soumise à son mari, mais toutefois condamnée à demeurer toujours une étrangère, un peu suspecte de trahison furtive dans ce lit où elle a pénétré, où elle va remplir sa fonction primordiale : donner des enfants au groupe d'hommes qui l'accueille, qui la domine et qui la surveille. La position qu'ils occuperont dans le monde, les chances qu'ils auront à leur tour d'être bien mariés dépendent des clauses de l'alliance conclue lors du mariage de leurs parents.

     

    Moyen-Age

    C'est dire l'importance de cet accord, c'est comprendre qu'il soit l'aboutissement de longues et sinueuses tractations en quoi tous les membres de chacune des maisonnées sont impliqués.
    Stratégie à long terme, prévoyante, et ceci explique que souvent l'arrangement entre les deux parentés, les promesses échangées précèdent de fort loin la consommation du mariage.

      

    Stratégie qui requiert la plus grande circonspection puisqu'elle vise à conjurer, par le recours à des compensations ultérieures, le risque d'appauvrissement que, dans une société agraire, courent les lignages dès qu'ils deviennent prolifiques. II semble bien que trois attitudes orientent principalement les négociations qui se développent alors en préambule à tout mariage : une propension, consciente ou non, à l'endogamie, à trouver des épouses dans le cousinage, parmi la descendance d'un même ancêtre, parmi les héritiers d'un même patrimoine, dont l'union matrimoniale tend ainsi à rassembler les fragments épars plutôt que de les dissocier davantage ; la prudence, qui engage à ne pas multiplier outre mesure les rejetons, donc à limiter le nombre de nouveaux ménages,

      

    à maintenir par conséquent dans le célibat une part notable de la progéniture ; la méfiance enfin, la cautèle dans les détours du marchandage, la précaution de se garantir, le souci de part et d'autre d'équilibrer les cessions consenties et les avantages attendus.

     oiseaux 

    En clôture de ces palabres, des gestes et des paroles publiques, un cérémonial lui-même dédoublé. D'abord les épousailles, c'est-à-dire un rituel de la foi et de la caution, des promesses de bouche, une mimique de la dévestiture et de la prise de possession, la remise de gages, l'anneau, les arrhes, des pièces de monnaie, le contrat enfin que, dans les provinces au moins où la pratique de l'écriture ne s'est pas tout à fait perdue, l'usage impose de rédiger.

    Preux chevaliers et gentes dames 

      

    Ensuite les noces, c'est-à-dire un rituel de l'installation du couple dans son ménage : le pain et le vin partagés entre l'époux et l'épouse, et le banquet nombreux qui nécessairement environne le premier repas conjugal ; le cortège conduisant la mariée jusqu'à sa nouvelle demeure ; là, le soir tombé, dans la chambre obscure, dans le lit, la défloration, puis au matin, le cadeau par quoi s'expriment la gratitude et l'espoir de celui dont le rêve est d'avoir, en fécondant dès cette première nuit sa compagne, inauguré déjà ses fonctions de paternité légitime.

     

    églises

      

    Cette société n'est pas strictement monogame. Sans doute n'autorise-t-elle qu'une seule épouse à la fois. Mais elle ne dénie pas au mari, ou plutôt à son groupe familial, le pouvoir de rompre à son gré l'union, de renvoyer la femme pour en chercher une autre, et de relancer à cette fin la chasse aux beaux partis. Tous les engagements des épousailles, le sponsalicium, le dotalicium, ont, entre autres rôles, celui de protéger dans leurs intérêts matériels l'épouse répudiée et son lignage.

     

    Le champ de la sexualité masculine, de la sexualité licite, n'est nullement renfermé dans le cadre conjugal. La morale reçue, celle que chacun affecte de respecter, oblige certes le mari à se satisfaire de son épouse, mais elle ne l'astreint nullement à ne point user d'autres femmes avant son mariage, durant ce qu'on appelle au XII- siècle la « jeunesse » , ni après, dans son veuvage.

    De nombreux indices attestent le vaste et très ostensible déploiement du concubinage, des amours ancillaires et de la prostitution, ainsi que l'exaltation, dans le système de valeurs, des prouesses de la virilité.

     

    En revanche, chez la fille, ce qui est exalté et ce que cherche précautionneusement à garantir toute une imbrication d'interdits, c'est la virginité, et chez l'épouse, c'est la constance. Car le dérèglement naturel à ces êtres pervers que sont les femmes risquerait, si l'on n'y veillait, d'introduire au sein de la parenté, parmi les héritiers de la fortune ancestrale, des intrus, nés d'un autre sang, clandestinement semés, de ces mêmes bâtards que les célibataires du lignage répandent par une allègre générosité hors de la maison ou dans les rangs de ses serviteurs.

     

      

    Cette morale est domestique. Elle est privée. Les sanctions qui la font respecter le sont aussi la vengeance d'un rapt appartient aux parents mâles de la fille, la vengeance d'un adultère au mari et à ses consanguins. Mais comme il est loisible d'appeler à la rescousse les assemblées de paix et la puissance du prince, place est naturellement faite au rapt et à l'adultère dans les législations civiles.
    Du modèle proposé par l'Église nous sommes mieux informés par quantité de documents et d'études.
     

      

    Toutefois, puisque les humains, hélas, ne se reproduisent pas comme les abeilles et qu'ils doivent pour cela copuler, et puisque parmi les pièges que tend le démon, il n'en est pas de pire que l'usage immodéré des organes sexuels, l'Église admet le mariage comme un moindre mal.

      

    Elle l'adopte, elle l'institue - et d'autant plus aisément qu'il fut admis, adopté, institué par jésus - mais à condition qu'il serve à discipliner la sexualité, à lutter efficacement contre la fornication.

     


    Pas de plaisir charnel :

    A cette fin, l'Église propose d'abord une morale de la bonne conjugalité. Son projet tâcher d'évacuer de l'union matrimoniale ces deux corruptions majeures, la salissure inhérente au plaisir charnel, les démences de l'âme passionnée, de cet amour sauvage à la Tristan que les Pénitentiels cherchent à étouffer lorsqu'ils pourchassent les philtres et autres breuvages enjôleurs. Quand ils s'unissent, les conjoints ne sauraient donc avoir d'autre idée en tête que la procréation. Se laissent-ils aller à prendre à leur union quelque plaisir, ils sont aussitôt « souillés », « ils transgressent, dit Grégoire le Grand, la loi du mariage  ».

      

    Et même s'ils sont restés de marbre, il leur faut se purifier s'ils veulent après coup s'approcher des sacrements. Qu'ils s'abstiennent de tout commerce charnel pendant les temps sacrés, sinon Dieu se vengera ; Grégoire de Tours met en garde ses auditeurs : les monstres, les estropiés, tous les enfants malingres sont, on le sait bien, conçus dans la nuit du dimanche .

     

      

    Quant à la pratique sociale du mariage, l'Église s'emploie à rectifier les coutumes laïques sur plusieurs points. Ce faisant, elle déplace sensiblement les bornes entre le licite et l'illicite, étendant d'un côté la part de liberté et la restreignant de l'autre.

      

    Les ecclésiastiques travaillent ainsi à assouplir les procédures conclusives de l'union matrimoniale lorsque leur horreur du charnel les incite à transporter l'accent sur l'engagement des âmes, sur le consensus, sur cet échange spirituel au nom de quoi, à la suite de saint Paul, le mariage peut devenir la métaphore de l'alliance entre le Christ et son Eglise ; ceci les pousse en effet dans une voie qui mène à libérer la personne des contraintes familiales, à faire des accordailles une affaire de choix individuel ; qui mène aussi, puisque l'on proclame que la condition des individus ne doit en rien gêner l'union des coeurs, à légitimer le mariage des non-libres, et à l'émanciper de tout contrôle seigneurial.

      

    Inversement l'Église vient resserrer les entraves quand, luttant pour une conception absolue de la monogamie, elle condamne la répudiation, le remariage, elle exalte l'ordo des veuves ; lorsqu'elle s'efforce de faire admettre une notion démesurément élargie de l'inceste, lorsqu'elle multiplie les empêchements en raison de la consanguinité et de toute forme de parenté artificielle.

     

      

    Dernier point : les prêtres s'immiscent peu à peu dans le cérémonial du mariage pour en sacraliser les rites, et spécialement ceux des noces, accumulant autour du lit nuptial les formules et les gestes destinés à refouler le satanique et à contenir les conjoints dans la chasteté.

     

    A partir du XIe et XII, siècles il est intéressant de considérer les modifications qui, dans la société aristocratique, affectent insensiblement durant cette période la stratégie matrimoniale. Les structures de parenté paraissent bien en effet se transformer alors dans ce milieu, par la lente vulgarisation d'un modèle royal, c'est-à-dire lignager, privilégiant dans la succession la masculinité et la primogéniture.

      

    Ce mouvement, qui n'est d'ailleurs qu'un aspect de ce glissement général par quoi se dissocie et peu à peu se pulvérise le pouvoir régalien de commander, par quoi se distribuent, se répandent en d'innombrables mains jusqu'au dernier degré de la noblesse, les vertus, les devoirs et les attributs royaux, détermine à l'égard du mariage, à l'intérieur des cellules familiales, plusieurs changements d'attitude qui ne sont pas sans conséquences.

    Parce que le patrimoine prend de plus en plus nettement l'allure d'une seigneurie, parce que, à l'instar des vieux honores ou des fiefs, il supporte de moins en moins d'être divisé et de passer sous un pouvoir féminin, la tendance est d'abord d'exclure les filles mariées du partage successoral en les dotant. Ce qui incline le lignage à marier s'il le peut toutes ses filles.

    Ce qui par ailleurs accroît l'importance de la dot, constituée de préférence en biens meubles, et aussitôt qu'il est possible en monnaie, par rapport à ce qu'offre le mari et qui pousse le sponsalicium, l'antefacturn, le morgengabe, à céder la place au douaire.

    Une telle évolution est générale. La crainte de morceler l'héritage, une réticence prolongée à l'égard de l'affirmation du droit d'aînesse, renforcent inversement les obstacles au mariage des garçons et font du XII, siècle, en France du Nord, le temps des « jeunes > , des chevaliers célibataires, expulsés de la maison paternelle, courant les ribaudes, rêvant aux étapes de leur aventure errante de trouver des pucelles qui, comme ils disent, les « tastonnent (3) », mais en quête d'abord, anxieusement, et presque toujours vainement, d'un établissement qui les transforme enfin en seniores, en quête d'une bonne héritière, d'une maison qui les accueille et où, comme l'on dit encore aujourd'hui dans certaines campagnes françaises, ils puissent « faire gendre » .

     

    Marier toutes les filles, maintenir dans le célibat tous les garçons sauf l'aîné, il s'ensuit que l'offre des femmes tend à dépasser largement la demande sur ce que l'on serait tenté d'appeler le marché matrimonial et que, par conséquent, les chances des lignages s'accroissent de trouver pour celui des garçons qu'ils marient un meilleur parti.

    Ainsi se renforce encore cette structure des sociétés nobles, où généralement l'épouse sort d'une parenté plus riche et plus glorieuse que celle de son mari ce qui n'est pas sans retentir sur les comportements et les mentalités, sans raffermir par exemple cette fierté, dont témoignent tant d'écrits généalogiques, à l'égard de la particulière « noblesse » de l'ascendance maternelle.

    Ces circonstances expliquent enfin que, dans le cours du XlIe siècle, on voie dans les tractations matrimoniales le seigneur intervenir de plus en plus fréquemment auprès des parents, et parfois sa décision l'emporter sur la leur.

    L'Église régit le mariage :

    Si, dans la tension qui la pousse à se réformer, à rompre certaines de ses collusions avec le pouvoir laïque, à s'ériger en magistrature dominante, l'Église intensifie après l'an mille, à propos de l'institution matrimoniale, son effort de réflexion et de réglementation, c'est que cette action se relie étroitement au combat qu'elle mène alors sur deux fronts : contre le nicolaïsme, la réticence des clercs à se déprendre des liens conjugaux, leur revendication d'user eux aussi du mariage comme d'un recours, comme d'un remède à la fornication et dans cette lutte l'autorité ecclésiastique trouve appui sur un fort courant d'exigences laïques, n'admettant pas que le prêtre, celui qui consacre l'hostie, soit en possession d'une femme, que ses mains, ses mains sacrifiantes, soient souillées par ce qui apparaît, et non seulement aux théoriciens de l'Église, comme la pollution majeure - contre, d'autre part, l'hyperascétisme.
     

    L'Église dans les dernières années du XIe Siècle et pendant tout le Xlle s'efforce donc de perfectionner l'insertion du mariage chrétien dans les ordonnances globales de la cité terrestre. En complétant, subséquemment, le cercle de règles et de rites, en achevant de faire du mariage une institution religieuse - et la place qui lui est réservée s'élargit sans cesse dans les collections canoniques, puis dans les statuts synodaux, tandis que, depuis la fin du XIe siècle, se discerne l'édification progressive, au nord et au midi, d'une liturgie matrimoniale. En conduisant enfin à son terme la construction d'une idéologie du mariage chrétien.

    Celle-ci repose en partie, sur la déculpabilisation de l'oeuvre de chair - et il conviendrait de suivre attentivement ce courant de pensée, à demi clandestin, à demi condamné, qui part d'Abélard et de Bernard Silvestre. Mais elle s'érige essentiellement en une remarquable entreprise de spiritualisation de l'union conjugale. Ses aspects, multiples, sont fort bien connus, depuis l'essor du culte marial qui aboutit à faire de la Vierge mère le symbole de l'Église, c'est-à-dire l'Épouse, en passant par le développement dans la littérature mystique du thème nuptial, jusqu'à cette recherche obstinée à travers les textes et leurs gloses, dont le terme est l'établissement du mariage parmi les sept sacrements.

     

    En cours de route, l'effort conjoint des canonistes et des commentateurs de la divina pagina a placé au centre de l'opération matrimoniale le consentement mutuel, où plutôt les deux engagements successifs entre lesquels, le premier, Anselme de Laon établit la distinction : consensus de futuro, consensus de présenti (4).

     

    Une distance, étroite mais sensible, se maintient entre le modèle prescrit par l'Église et la pratique. je prends pour exemple le cas des rites. On peut lire dans l'Historia comitum Ghisnensium composée dans les toutes premières années du Xllle siècle par le prêtre Lambert d'Ardres, l'une des très rares descriptions précises d'un mariage, celui d'Arnoud, fils aîné du comte de Guînes, qui eut lieu en 1194. La conformité s'avère parfaite entre le schéma d'ensemble révélé par les sources normatives et le déroulement de cette cérémonie, scindée en deux étapes distinctes, la desponsatio, les nuptiae.

     

    Après de longues années de « jeunesse », de quête infructueuse et de mécomptes, Arnoud a découvert enfin l'héritière, unicarn et justissimom heredem d'une châtellenie jouxtant la petite principauté dont il est l'héritier : c'est la plus évidente qualité de cette fille. Avec les quatre frères qui dominent dans l'indivision le lignage de celle-ci, son père, le comte, a poursuivi les palabres, fait rompre de premières fiançailles qui promettaient à son fils une moins fructueuse alliance, obtenu l'assentiment des prélats, de l'évêque de Thérouanne, de l'archevêque de Reims, la levée par l'official de l'excommunication qui pesait sur son fils pour une affaire de veuve spoliée, fixé enfin la dos, c'est-àdire le montant du douaire. Première phase, décisive et qui suffit à conclure le legitimum matrimonium.

     

    Restent les noces. Elles ont lieu à Ardres dans la maison du nouveau couple. « Au début de la nuit, lorsque l'époux et l'épouse furent réunis dans le même lit, le comte, poursuit Lambert, nous appela, un autre prêtre, mies deux fils et moi > (en 1194 le prêtre Lambert est marié, deux de ses fils sont prêtres, ce qui manifeste sur ce point aussi l'écart entre le règlement et son application) ; il ordonna que les mariés fussent dûment aspergés d'eau bénite, le lit encensé, le couple béni et confié à Dieu - tout ceci dans la stricte observance des consignes ecclésiastiques.

    Toutefois, le dernier, le comte prend la parole ; à son tour il invoque le Dieu qui bénit Abraham et sa semence, il appelle sa bénédiction sur les conjoints < afin que ceux-ci vivent dans son amour divin, persévèrent dans la concorde et que leur semence se multiplie dans la longueur des jours et les siècles des siècles ». Cette formule est bien celle que les rituels du XIIe siècle proposent dans cette province de la chrétienté. L'important est que ce soit le père qui la prononce, que le père, et non le prêtre, soit ici le principal officiant.

     

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    Amour conjugal :

    De fait, et c'est un autre caractère, ce qui prévaut après 1160 dans l'idéologie profane telle que l'exprime la littérature de cour, c'est bien la valeur affirmée de l'amour conjugal. Elle est au coeur d'Erec et Enide, mais aussi de tous les romans de Chrétien de Troyes que nous avons conservés, c'est-à-dire qui plurent. Demeure et en ce point encore confluent la pensée laïque et celle des clercs - la veine antiféministe, mais maintenant transférée à l'intérieur du couple, animée par la peur de l'épouse, de la triple insécurité dont, volage, luxurieuse et sorcière, on la sent, on la sait, porteuse. L'accent n'en est pas moins mis sur le respect de l'union matrimoniale. Ainsi dans la littérature d'éloge, si le dévergondage des héros est volontiers avoué aussi longtemps qu'ils restent privés d'épouses, sont-ils mariés, et tant que leur femme vit auprès d'eux, il n'est plus question que de cette affection qui fait s'écrouler le comte Baudouin de Guînes lorsque meurt sa compagne, après quinze ans de mariage et au moins dix maternités. Cet homme dur et sanguin, qui ne vit qu'à cheval, garde le lit des jours et des jours ; il ne reconnaît plus personne, ses médecins désespèrent de le sauver (5) ; il tombe dans cette même folie qui saisit Yvain lorsque sa femme le repousse ; il reste ainsi languissant pendant des mois - avant de partir, rétabli, veuf et de nouveau fringant, à la poursuite des servantes.

    II semble bien que dans le dernier tiers du Xlle siècle, quelques signes manifestent que la restriction au mariage des fils commence à se relâcher dans les familles aristocratiques. D'autres garçons que l'aîné sont autorisés à se marier ; on les établit, on prépare pour eux des demeures où vont prendre racine les rameaux ainsi séparés du vieux tronc que la prudence lignagère avait pendant deux siècles au moins maintenu droit, planté tout seul au milieu de son patrimoine. Pour confirmer cette impression il importerait de pousser la recherche, de construire des généalogies précises, de requérir l'avis des archéologues. Encore faudrait-il s'interroger sur les raisons de ce desserrement, les chercher en partie dans la croissance économique, dans le développement d'une aisance qui, depuis les principautés dont les perfectionnements de la fiscalité accroissent alors les ressources, se répand dans toute la noblesse, les chercher aussi parmi toutes les souples inflexions qui viennent insensiblement modifier les attitudes mentales. Les voies de l'exploration sont grandes ouvertes - et sur ce champ d'une sociologie du mariage médiéval que des brumes épaisses recouvrent encore. Mais à mesure que cette pénombre se dissipe, s'éclaire à son tour ce que nous connaissons mieux, et pourtant fort imparfaitement, ce droit, cette morale, toute l'épaisseur de cette enveloppe normative.

    Geaorges Duby

      

    oiseaux


    (1) Regula Pastoralis. III, 27, P. L. 77, 102. (Retour)
    (2) Liber 11 de virtutibus sancti Martini, M.G.H., S. R. M., I, 617. (Retour)
    (3) H. Oschinsky, Der Ritter unterwegs und die Pflege der Gastfreudschaft in alten Frankreich, in. dissert, Halle, 1900. (Retour)
    (4) J.-B. Molin et P. Mutembe, le Rituel de mariage en France au XII, siècle, Paris, 1974, p. 50. (Retour)
    (5) Historia comitum Ghisnensium, cap. 86, M.G.H. , S.S., XXIV, 601. (Retour)

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  • UN PEU D'HISTOIRE :

     

    Le Livre d'Or des fiançailles et du mariage

     

    par le bibliophile JEAN.

     

    orsque vous m'avez demandé une préface pour le Livre d'Or des fiançailles et du mariage, j'ai longuement hésité, et je ne vois pas bien pourquoi je vous en tairais la raison. Vous m'avez dès l'abord, avec une bonne grâce et une franchise auxquelles nous ne sommes guère accoutumés dans le monde de l'érudition, déclaré que vous aviez le dessein d'utiliser très largement les travaux historiques que j'ai publiés.

    Puisque vous faisiez à mes écrits l'honneur, sans doute immérité, de leur emprunter beaucoup, pouvais-je avoir l'air, écrivant une préface à votre livre, de me louer moi-même. Lorsque vous m'avez confié votre manuscrit, mes craintes se sont dissipées. Aussi bien, si vous avez puisé dans les mémoires qu'il m'a été donné de présenter avec quelque nouveauté de nombreuses anecdotes, vous ne les avez citées qu'en manière d'exemple, pour illustrerai j'ose dire, votre récit, dont la trame vous demeure bien personnelle. Une inquiétude m'est alors venue. Les malheureux préfaciers n'ont d'espoir que dans quelque lacune du livre qu'on leur a imposé la délicate tâche de présenter au public.

    Or, il se trouve, et si je dois vous en féliciter je ne puis m'en applaudir, que votre travail est tout à fait complet. Vous avez su, très habilement, écrivant l'histoire du mariage en France du moyen âge à nos jours, non seulement dégager ses caractères aux diverses époques et pour chaque catégorie sociale, mais donner les exemples les plus typiques et empruntés aux meilleurs auteurs. Vous avez encore, et c'est là de ces innovations auxquelles les historiens ne sont point pour l'heure accoutumés, fait appel aux vieilles maisons des industries de luxe, puisé à même leurs collections et apporté ainsi une contribution documentaire fort curieuse à l'histoire des mœurs parisiennes. C'est dans votre ouvrage une partie très neuve et curieuse.

    l en est d'ordinaire des préfaces comme des discours académiques : elles contiennent invariablement quelque critique aimable, presque souriante, mais une critique enfin. Vous m'accuseriez sans doute de ne pas suivre les règles si je n'en agissais de même.

    Puisque vous avez écrit l'histoire si mal connue du mariage au moyen âge, utilisant au reste adroitement les quelques données précises que nous avons, puisque vous poursuivez cette histoire à travers les époques pour lesquelles les documents abondent et jusqu'à aujourd'hui, pourquoi n'avoir pas tenté de dégager du passé ce que serait le mariage de demain ?

    C'eût été une conclusion très logique de votre travail et, écrite par vous, tout à fait curieuse, j'en suis sûr. Les historiens, dont je suis, ont à l'ordinaire l'honorable habitude de vivre tournés vers le passé, d'être sans curiosité de l'avenir ; j'avoue pourtant que c'est une question qui a trop occupé la presse et fait l'objet de trop de débats pour qu'on puisse manquer d'y porter attention.

    Il paraît assuré, c'est même un phénomène tout récent, que des gens très doctes, des sociologues, des magistrats, des politiques, aussi beaucoup de dames, mûres à l'ordinaire, et de qui nous devons penser que l'âge a tempéré les passions, se sont pris d'un brusque intérêt pour le mariage. Pour le mariage est sans doute trop dire, puisqu'ils affichent l'intention de le détruire.

    Les raisons qu'ils donnent ne paraissent pas déterminantes, mais les mots de liberté, de droits de la femme, de droit à l'amour prêtent à des développements oratoires, et, en France, les raisons qui vêtent ainsi, sans effort, une parure d'éloquence, sont toujours près d'être convaincantes. Et l'on va donc proclamant que le mariage va faire faillite, qu'il n'y aura plus place bientôt que pour l'union libre.

    C'est chose assurée, cela va être, demain. Car demain, vous n'en doutez pas, il ne sera plus d'hommes que tentera l'espoir d'accroître, grâce à une dot, leur puissance ou leur fortune, et les jeunes filles, n'écoutant désormais que leur fantaisie, tiendront pour sans importance les considérations banales d'argent, de luxe ou de situation mondaine dont on s'embarrasse aujourd'hui.

    II ne paraît pas impossible de montrer, par l'évolution qu'a subie le mariage, l'avenir réservé à ces théories, d'établir comment une double évolution intellectuelle et économique les rendrait possibles, ce qui n'est pas à dire souhaitables.

    ous aurez, mon cher confrère, une occasion certaine d'aborder ce thème, et je sais du reste que vous le traiterez avec talent : ce sera lors de la seconde édition de ce Livre d'Or dont le succès ne peut faire de doute. Ce jour-là, vous supprimerez la Préface du livre, et chacun y gagnera, le public, vous... et moi. Maurice Vitrac.

     

     

     

    sources : http://www.horizon-mariage.com/histoire-du-mariage.php

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    Histoire du Mariage

    Histoire du Mariage

     

    Mariage en 1920

    La déclaration et la demande en mariage

    Pour en arriver à cette liberté qui semble naturelle, où l’homme demande directement à la femme aimée de devenir sa compagne, que de chemin parcouru et de retours en arrière ! La liberté de choix des futurs époux est soumise à l’évolution de la condition féminine : plus la femme est libre et considérée, plus l’inclination amoureuse sera respectée.

    On ne donne pas sa fille ou son fils à n’importe qui ! On s’informe, on enquête, on choisit des négociateurs pour traiter l’«affaire ». Ceux-ci prennent, à la place des intéressés, le risque d’essuyer un refus. Ils jouent donc un rôle diplomatique entre deux familles, et il en est ainsi dans toutes les civilisations : les familles de la Chine impériale payaient très cher les entremetteurs pour les délicates tractations qui précédaient le mariage, les Mayas faisaient appel à un messager, sorte de « courtier en mariage » qui assistait à la réunion des deux familles et s’occupait des formalités dont la plus importante était de fixer le prix à payer pour épouser la jeune fille.

    En Bretagne, ce sont souvent des personnes itinérantes (vagabonds, nomades, mendiants, tailleurs ambulants), au fait de la situation sociale de chaque famille, qui servent d’ambassadeurs.

    Dans la France paysanne de l’Ancien Régime, c’est souvent le seigneur qui est chargé, au nom du prétendant, de faire la demande aux parents de celle qu’il espère épouser.

    Histoire du Mariage

     

    Au début du XXe siècle encore, des intermédiaires - qui servent à la fois d’avocats et de confesseurs - sont chargés de la première démarche. Ils doivent sonder tout en finesse les sentiments des jeunes gens et faire savoir si le projet à l’assentiment ou non de l’intéressé(e). C’est souvent après que la demande en mariage officielle peut être faite.

    Fiançailles et droit

    Si au cours de leur histoire les fiançailles furent l’objet de préoccupations de l’Eglise, elles sont toujours restées en dehors de la loi. Le Code Civil actuel ne reconnaît pas la valeur des fiançailles, en revanche, il tient compte de la promesse de mariage. S’il y a rupture de fiançailles unilatérale et dommageable, celui qui est en cause de rupture doit réparer. Ainsi, plusieurs jugements rendus font jurisprudence : « Rompre ses fiançailles n’est pas fautif en soi, sauf à un mois du mariage » (29 avril 1981). « Rompre ses fiançailles lorsque la jeune femme est enceinte oblige à verser des dommages et intérêts » (29 avril 1981). Ces dommages et intérêts tentent de réparer le préjudice matériel ou moral dont le fiancé, par son dédit, est l’auteur.

    Cependant, la promesse de mariage n’entraîne ni en droit canonique ni en droit français contemporain une obligation juridique de mariage.

    La bague de fiançailles

    Les usages mondains sont formels ! pour la jeune fiancée pure et vierge (comme il se doit), la bague de fiançailles ne doit comporter que des pierres blanches et des perles, pierres fétiches de la fiancée. Toutefois l’usage à joindre des brillants ou de délicats saphirs. Rubis et émeraudes sont à proscrire. Mais des fiancées de tout temps ont fait fi de ces conseils pour la beauté des pierres et de leurs symboles.

    Diamant : fidélité, endurance, loyauté, perfection et éternité de l’amour.
    Emeraude : espérance, fidélité, pouvoir régénérateur.
    Saphir : force lumineuse et céleste, franchise.
    Rubis : passion ardente, beauté, élégance.
    Aigue-marine : santé, amour joyeux.
    Topaze : amour profond.
    Perle : tendresse.
    Jaspe : sagesse et constance.
    Grenat : loyauté.
    Calcédoine : joie, quiétude.

    I

    Histoire du Mariage

    l y a longtemps été attribué un pouvoir malfaisant à l’opale et à la turquoise, ce qui explique leur absence au palmarès des pierres de fiançailles.

    Le contrat de mariage

    Puisque le mariage de deux individus représente, pendant des siècles, l’union de deux familles, il est important, pour chaque époux, de définir exactement quelles sont les conventions pécuniaires qui vont régir leur vie commune : il faut pour cela déterminer l’apport de chacun et le sort de leurs biens de leur vivant ou après leur mort. Jusqu’au XVe siècle environ, les époux sont unis sous le régime dotal, ce qui suppose la séparation des biens ; après cette date, certains couples pourront choisir le régime de la communauté conjugale, s’il est plus favorable à leur situation professionnelle. La rédaction d’un contrat de mariage, pratique de moins en moins répandue de nos jours, était autrefois systématique.

    Sous l’Ancien Régime, la signature du contrat se déroule de façon solennelle. En milieu rural, le notaire se déplace au domicile de la fiancée où l’on procède à la signature et l’on offre un repas auquel le notaire est convié. Dans la haute société, elle donne lieu à une véritable événement mondain. Une dizaine de témoins, choisie parmi les plus hautes relations, sont invités à parapher l’acte notarié. Il est d’usage que le roi signe le contrat de son valet de chambre et le seigneur celui de ses paysans.

    Les faire-parts

    Le traditionnel faire-part remplace en quelque sorte, le heraut d’autrefois ! Pour colporter la bonne nouvelle, on annonce le mariage dans le journal local et on envoie les faire-parts aux invités.

    Le faire-part à moins de trois siècles d’existence : il naît dans la première moitié du XVIIIe siècle. Auparavant, on se contente de claironner un peu partout la nouvelle de la noce. Même tardivement dans les campagnes; on invite pas à la noce par écrit, on charge une ou plusieurs personnes de transmettre les invitations.

    En Alsace, c’est le fiancé lui-même, accompagné de ses garçons d’honneur, qui parcourt à grand bruit le village sur un cheval orné de rubans, tandis que sa fiancée agit de même entourée de ses demoiselles d’honneur.

    En Gascogne, c’est le garçon d’honneur, en Bourgogne, ce sont les deux fiancés qui, ensemble prient à la noce.

    Ce mode d’invitation est impossible en ville. Les églises remplissent donc ce rôle d’information auprès de leurs ouailles.

    Les cadeaux de mariage

    Le mariage c’est le joli temps des présents. Ceux que l’on reçoit et ceux que l’on donne. Les noces marquent un échange de dons et contre-dons entre le marié, la mariée, les parents et les invités. La mariée, héroïne de la fête, est bien entendu au centre de ces échanges. Ces cadeaux sont des présents d’amour, mais sont aussi des dons à valeur symbolique : une promesse sera plus difficile à rompre s’il y a eu échange répété de cadeaux. C’est une façon détournée - et agréable ! - de fixer de manière palpable l’accord oral des deux familles.

    Depuis le Moyen Age, les invités apportent des cadeaux aux jeunes mariés pour compléter l’installation de leur ménage. Dans les villages, cela peut être une marmite, un seau, un berceau (mieux vaut être prévoyant!) ou même des cadeaux alimentaires : chapons, oies grasses, vins, jambons. Les parrains et marraines offrent des cadeaux de plus grande importance comme une bassinoire en cuivre ou une soupière en faïence. Dans les familles plus aisées, on donne des pièces d’orfévrerie ou de porcelaine, un objet d’art ou du mobilier.

    Histoire du Mariage

     

    Dès le début du XXe siècle, les invités regroupent leurs dons en espèces, selon le système de notre liste de mariage, pour faire un plus beau cadeau et ne pas offrir un bibelot quelconque qui risque de finir au fond d’une armoire ou au grenier.

    En Bourgogne, la marraine offre à la fiancée une coupe de mariage en argent gravée aux initiales ou au nom de la jeune fille et portant l’année du mariage. Les époux y boivent le jour de leurs noces. On la retendra à la jeune accouchée lors de chaque délivrance. En Vendée et en Bretagne, on fait présent aux fiancés de tasses et de gobelets en étain ou en argent ornés de beaux motifs ciselés.

    Les verres de mariage aux initiales des fiancés, entourées de guirlandes de fleurs, tout comme la paire de cruches décorées d’un coeur et marquées aux initiales du couple font également partie des cadeaux traditionnels.

    La toilette de noce

    Eh oui ! les robes des mariées n’ont pas toujours été blanches ! Aujourd’hui encore, se marier en robe de couleur semble choquant à certaines personnes et pourtant, la tradition de la robe immaculée est récente : il faut attendre le XIXe siècle pour qu’apparaisse enfin cette fameuse robe blanche qui nous semble immémoriale. En fait, la robe de mariée s’est colorée de mille teintes en fil des siècles, tout en suivant de très près la mode vestimentaire de l’époque. Etre la plus belle étant le seul impératif de la jeune mariée, il fallait, pour cette occasion unique, sortir de l’armoire ses plus beaux atours ou bien se faire confectionner une nouvelle robe par la couturière.

    Les premières robes de mariée blanches, ornées d’un long voile, apparaissent autour de 1830.

    Couronne de fleurs, bouquet de la mariée, décor floral... Les fleurs bordent le chemin des mariés. Honneur à la fleur d’oranger qui est la fleur du mariage par excellence. C’est une coutume française ; l’impératrice Eugénie en 1853 porte une petite couronne de leurs d’oranger, mariées avec les saphirs de sa couronne. Aux Etats-Unis et en Angleterre, on porte alors des roses blanches dans les cheveux.

    Mariée en 1920

    Grand succès également pour le romarin. Au Moyen Age, on lui attribuait la propriété d’affermir la mémoire ; aussi en a-t-on fait un symbole de la fidélité. A l’occasion des mariages, on tapissait le sol avec des branches de romarin.

    Le bouquet de la mariée a été ajouté aux festivités au cours du XIXe siècle. Il regroupe souvent des fleurs blanches -lis, fleur mariale par excellence, freesias, renoncules, petites roses anciennes.

    Le mariage religieux

    Le rituel du mariage s’est répandu en France autour du XIe siècle. On le trouve décrit dans un concile tenu à Rouen en 1072. Quarante jours après l’engagement solennel des fiançailles, les mariages ont lieu de fort bon matin (5 ou 6 heures), alors que les fiancés sont à jeun. Ils se déroulent en public, comprennent l’échange des consentements, la remise de l’anneau, la bénédiction nuptiale donnée par un prêtre, puis la messe.

    Le cortège se rend à l’église au son des flûtes et des tambours où le prêtre de la paroisse les accueille sous le porche.

    Sous l’Ancien Régime, les mariages de nuit sont fréquents. Ils ont pour raison d’obscures frayeurs populaires : celle du diable. En bénissant de nuit les fiancés, on pensait conjurer le sort, empêcher l’impuissance et la frigidité.

    « Mariage pluvieux, mariage heureux », dit-on. Et lorsqu’il ne pleut pas, on asperge les jeunes époux d’une joyeuse pluie de grains. Cette coutume existait déjà dans la Chine ancienne. En Asie où il représente la nourriture essentielle, et en occident, le riz symbolise la richesse, l’abondance. C’est pour cette raison que l’on jette des poignées de riz sur les jeunes couples en signe de bonheur et de fécondité.

    Si la coutume de l’anneau de fiançailles remonte à l’Antiquité romaine, les conditions et la date d’apparition de l’anneau de mariage sont assez obscures. Jusqu’au XIe siècle, l’anneau est symbole de fiançailles plutôt que de mariage. Seule la femme le porte puisqu’il symbolise les arrhes du mariage, les obligations matérielles du futur époux. Lorsque la cérémonie des fiançailles se confond dans la pratique avec celle du mariage, le rite de l’anneau passe de l’une à l’autre et change de sens : il signifie désormais promesse et gage de fidélité et, comme l’engagement concerne aussi bien l’homme que la femme, on en vient naturellement à l’usage de deux anneaux.

    En France, pays catholique qui, jusqu’à la Révolution admet uniquement le mariage religieux, les protestants ont eu beaucoup de difficultés à faire reconnaître des unions légitimes. Un édit fut promulgué en 1787, applicable par les protestants comme pour les Israélites. Les non-catholiques devaient faire précéder leur mariage d’une publication de bans et l’union célébrée devant un curé ou devant un juge royal. Mais pour décourager ces unions très peu catholiques on faisait payer une taxe plus importante à ceux qui convolaient devant le juge royal.

    Les témoins

    La loi du 20 septembre 1792 prescrit que les témoins, au nombre de deux ou de quatre, doivent avoir vingt et un ans révolus et peuvent être, grande première, du sexe féminin. Animation Amour St Valentin

    La fête de mariage

    Divertissements et mondanités représentent le côté profane de la cérémonie de mariage. Ce qui ni signifie pas que cet aspect du mariage soit boudé. Bien au contraire ! C’est même souvent l’une des principales raisons du mariage en cette fin du XXe siècle : on se marie pour faire la fête ! Transformer cette journée en événement exceptionnel, quitte à y engloutir une partie de sa fortune ou de sa dot, a toujours semblé naturel aux différentes classes de la société. La fête aura plus ou moins d’éclat et sera plus ou moins longue selon la fortune de la famille. Les mariages dans les campagnes s’étalent sur plusieurs jours, ceux des jeunes filles nobles sont prétextes à d’incroyables fêtes qui durent parfois plus de dix jours. Histoire du Mariage

    A toute époque, la festivité la plus courante lors des mariages est la danse. Dans les villages on fait la fête pendant plusieurs jours; Tous les habitants du village sont conviés et le clocher sonne à toute volée le début de la noce. Après la cérémonie religieuse, le cortège accompagné des musiciens se promène dans tout le village. Après les longs travaux des champs, les couples se laissent entraîner par la frénésie de la danse, grisés par le vin, joyeux de rire; bavardent gaiement et entament une farandole.

    Le gâteau de mariage

    Depuis l’Antiquité, le gâteau que l’on partage entre tous les invités est un des mets traditionnels de la noce. On le trouve généralement sous la forme d’une pièce montée ou de gâteaux superposés surmontés de colombes en sucre ou de figurines représentant les époux.

    Souvenirs, souvenirs,

    Presque toutes les familles avaient, à la campagne, une cloche de verre épais où la mariée déposait précautionneusement, au lendemain de la noce, sa couronne tressée de fleurs d’oranger. A côté de la couronne séchant doucement à l’abri de la poussière, la jeune femme ajoutait, au gré des années des souvenirs de baptêmes d’enfants, d’anniversaires, etc. Toute la vie de l’épouse pouvait être résumée par les objets contenus sous le globe dont la couronne formait le premier maillon.

    Mariage en 1919 dans le Lot et Garonne

     

    Extrait de :
    L’histoire du mariage de Sabine Jeannin Da Costa
    Editions de La Martinière
    Illustrations : Photos de famille de Nicole Bourrée

      

    Histoire du Mariage

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    Même s'il n'est pas commun au Moyen Age de choisir ou de refuser un époux, le cas d'Aliénor n'est pourtant pas isolé, cette possibilité de décider n'étant cependant que très rare et réservée à l'élite. C'est le cas pour Elisabeth de Thuringe, morte en 1231. Veuve à 20 ans et mère de trois enfants, elle souhaite alors mener sa vie comme elle l'entend et refuse de se remarier, malgré les nombreux prétendants et la pression de sa famille. Il en va de même pour Isabelle de France la Bienheureuse (1225-1270), arrière-petite-fille d'Aliénor par sa mère Blanche de Castille, et qui semble avoir hérité du caractère de son aïeule.

    Elle se tourne dès son plus jeune âge vers une vie pieuse et re fuse plusieurs prétendants dont Conrad, fils de l'empereur Frédéric II, et Hugues XI de Lusignan. Elle choisit de se tourner vers le couvent et fonde elle-même celui des clarisses de Longchamp en 1259, avant de s'y retirer en 1263.

      

      épi010

     

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  • Pourquoi porte t-on l'alliance à l'annulaire gauche ?

    medium_alliance-de-mariage-tradition-alliances.jpgDeux explications ont été données pour expliquer le fait de porter l’alliance du mariage, ou la bague de fiançailles, à l’annulaire de la main gauche, appelé "troisième doigt" (à partir de l’index).

    Au temps des grecs, au IIIème siècle avant J.C., les médecins pensaient qu’une veine reliait directement l’annulaire au cœur : la veina amoris, d’où l ‘idée de passer un anneau pour la protéger.

    Une autre explication (ou plutôt deux interprétations d’une même explication), sans doute plus réaliste, provient directement de l’église. En effet, le prêtre avait pour coutume de prononcer "au nom du père" au niveau de l’index, "du fils" au majeur et "du saint-esprit" à l’annulaire. La bague trouvait alors ici sa place. L’autre interprétation était que lors des vœux de mariage, c’est le marié qui présentait la bague à son épouse, à partir de l’index, et en prononçant "au nom du père, du fils et du saint-esprit". La bague arrivait ainsi naturellement à l’annulaire.

    Note : le troisième doigt porte le nom d’annulaire car c’est à lui que l’on place l’anneau.

      Pourquoi porte t-on l'alliance à l'annulaire gauche ?

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

    Sources : http://www.leblogmariage.com/histoire_du_mariage/

    photographies google.

      

     

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    Lorsque le christianisme devint religion officielle de l'empire romain, le mariage fut essentiellement une cérémonie privée, qui se passait au domicile de la future épouse.
    Il donnait lieu à des réjouissances familiales, plus ou moins fastueuses selon les moyens des époux.
    Parfois, il y avait une bénédiction, mais cela n'officialisait en rien le mariage, qui consistait uniquement en un engagement mutuel, sans signatures ni écrits.
    Mais sous les invasions barbares, l'habitude de signer un écrit, comme dans la Rome antique, disparut peu à peu.
    Ce qui posait, on s'en doute de sérieux problèmes, car l'existence du mariage pouvait être remise en cause, notamment par un des deux époux voulant retrouver sa liberté.
    Les seules preuves que le mariage avait été conclu pouvaient être apportées par des témoins, ou par le fait d'avoir vécu maritalement au su et au vu de tous.

     Le MARIAGE de Rome à CHARLEMAGNE.. du MOYEN AGE à nos JOURS.

    Mariages pas très catholiques...

    Les mariages secrets ou par rapt (c'est à dire sans l'accord des parents de la fille) ainsi que les divorces et les remariages étaient fréquents à cette époque.
    Guillaume le Conquérant, par exemple, enleva la belle Mathilde parce que celle-ci refusait son consentement, alors qu'il en était très amoureux.
    Malgré un début fracassant, le couple s'entendit plutôt bien.
    Le mariage eut lieu en 1051 et les chroniqueurs de l'époque en parlent comme d'un mariage d'amour. Ce qui n'empêcha pas Mathilde de faire tapisserie. Mais ça, c'est une autre histoire.
    Quant à Charlemagne, il eut 5 épouses et une demi-douzaine de concubines. Qui dit mieux ?

     

     

    Le concile de Latran, en 1215, allait permettre à l'Église de réglementer le mariage.

     

    Ce concile impose la publication des bans, pour éviter les mariages clandestins.
    Il instaure le mariage comme sacrement, et le rend donc indissoluble, sauf par la mort d'un des époux.
    Les réglementations de ce concile exigent aussi le consentement libre et public des époux.

     

    Le MARIAGE de Rome à CHARLEMAGNE.. du MOYEN AGE à nos JOURS.Mais il faudra encore du temps avant que le mariage ne redevienne, dans les faits, l'acte solennel qu'il était sous la république romaine,

     

    Ce n'est qu'au 16ème siècle (concile de Trente), qu'un mariage, pour être valable, devait être précédé de la publication des bans, et célébré devant un curé et des témoins.
    Les mariés devaient également signer un registre.

     

    La cohabitation sans être mariés fut interdite.
    Dès lors, le concubinage et les enfants illégitimes devinrent plus rares.

     

    L'Église catholique avait, à cette époque, le monopole de la réglementation du mariage.

     

    Mais la révolution française va changer la donne, en instaurant le mariage civil comme seul valable aux yeux de la loi.

     

    Actuellement, le mariage civil doit toujours précéder le mariage religieux.

     

    La petite histoire du mariage

     

    Le Mariage médiéval

    medium_mariage-medieval.jpgLe mariage des jeunes, Flavius
    Josèphe, Antiquités Judaïques, BNF

    Le mariage ne commence à prendre un sens qu'au début du IXe siècle, quand la monogamie s'installe dans les moeurs.

    Les données, avant cette date, sont peu nombreuses et souvent anecdotiques. Ainsi, on sait que les filles d'aristocrates étaient fréquemment mariées dès l'âge de 14 ou 15 ans, alors que les filles issues des classes populaires étaient mariées plus tardivement.
    Au XIIIe siècle, on considère que les trois quarts d'entre elles sont mariées à 18 ou 19ans. En revanche, à la même époque, les garçons se marient plutôt vers 25 ou 27 ans.

    La mentalité laïque connaît une double morale selon le sexe. Si l'homme a le droit d'avoir des exigences avant de prendre épouse - la preuve de sa virilité est plutôt vue avec faveur -, il n'en va pas de même pour les filles qui doivent arriver vierges au mariage.

    Le mariage est avant tout, dans la seconde partie du Moyen Age, l'affaire des parents ou des familles : le consentement mutuel n'a presque aucun poids, seule compte la perspective de "faire un beau mariage", qui augmentera le prestige de la famille tout entière.
    Dans le même temps, certains mariages sont annulés, ce qui était impensable auparavant. Mais désormais, la stérilité, l'impuissance ou des liens consanguins entre les époux sont autant de raisons qui poussent à la dissolution.

    A partir de la fin du XIe siècle (réforme grégorienne), le mariage devient un sacrement, mais le prêtre n'y joue pas de rôle prépondérant. La messe de mariage est très rare, et la plupart du temps, le sacrement, c'est-à-dire la remise de l'anneau nuptial par le mari à son épouse, se déroule sous le porche de l'église.

    Cependant, dans les deux derniers siècles du Moyen Age, l'Église arrive à faire du sacrement du mariage un phénomène vraiment religieux grâce en particulier aux rites de bénédiction du lit, de la maison des jeunes mariés par le prêtre et surtout de l'anneau nuptial. Les nouveaux époux voient souvent dans ce rite la garantie d'un mariage fécond et d'une fidélité à toute épreuve.

    L'union charnelle doit, selon l'Église qui régente la mentalité médiévale, n'avoir lieu que dans le cadre du mariage et dans l'intention de procréer. Elle peut même alors être cause de péché.
    Le "temps pour embrasser" est fort limité : l'année liturgique et le cycle de la femme constituant les deux grandes interdictions relatives aux rapports entre époux. Et seule la position de l'homme sur la femme lors du coït est licite aux yeux des clercs.

    Avis aux amateurs de Braveheart: le droit de cuissage n’était pas le droit du seigneur de dépuceler une jeune mariée mais celui de bénir le lit nuptial en y posant le pied (les époux n’étant pas en train de consommer leur union, bien sûr!!). Désolé pour les nostalgiques de cette époque...

    Contrairement aux croyances populaires et à un certain film de Woody Allen (« Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe mais n’avez jamais osé demander »), la ceinture de chasteté pour la femme n’a pas existée. À quand celle pour les hommes??

     

    sources : http://www.leblogmariage.com/histoire_du_mariage/

    photographies google.

     

     

     
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