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    Jeanne d'Arc ( bataille 1429 - 1431)

               

                Comme nous l’avons vu précédemment, Charles VII, en 1429, n’avait pas réussi à s’opposer efficacement face aux Anglo-bourguignons. Au contraire, c’était le duc de Bedford, le régent anglais, qui était en passe de remporter la victoire contre Charles VII.

     

     

    Royaume de France, royaume d'Angleterre et duché de Bourgogne en 1429.

     

    Depuis octobre 1428, l’armée anglaise assiégeait alors Orléans. Si la cité tombait, le chemin vers Bourges, où résidait Charles VII, était tout tracé.

     

    Le Valois, qui avait quitté Bourges pour Chinon, dans un souci de sécurité, était alors dans une situation difficile.

     

    C’est alors qu’apparut Jeanne d’Arc, figure jugée providentielle par de nombreux historiens. A noter que le récit de la vie de cette figure historique est à prendre au conditionnel, de nombreux hagiographes[1] ayant embelli l’histoire de Jeanne d’Arc.

     

     

    Croquis représentant Jeanne d'Arc, exécuté de son vivant dans la marge d'un registre du Parlement de Paris par le greffier Clément de Fauquenbergue. 

     

     

    Portrait de Jeanne d'Arc, selon une miniature du XV° siècle, musée de Rouen.

     

     

    Jeanne d'Arc au sacre du roi Charles VII, par Jean Auguste Dominique INGRES, 1854, musée du Louvre, Paris.

     

     

     

    1° Le voyage vers Chinon (mars 1429) – Jeanne, cadette d’une famille de cinq enfants, naquit en janvier 1412 à Domrémy, en Lorraine. Très pieuse dès son plus jeune âge, la jeune fille fut bergère lors de son enfance.

     

     

    Jeanne d'Arc gardant les moutons, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

     

    C'est alors qu'elle aurait entendu les voix de l’archange Saint Michel, de Sainte Catherine et de Sainte Marguerite, dès l’âge de treize ans. Ces dernières lui demandèrent instamment de partir à la rencontre de Charles VII, de le conduire à Reims, et de bouter les Anglais hors de France.

     

     

    Jeanne d'Arc écoutant ses voix, par François RUDE, 1845, musée du Louvre, Paris

     

     

    Jeanne d'Arc entendant la voix de l'archange Saint Michel, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

    A l’âge de 17 ans, Jeanne décida de se rendre à Vaucouleurs, demandant à Robert Baudricourt, capitaine de la cité, de bien vouloir l’engager dans les troupes royales.

     

    Chassée par le capitaine à deux reprises, Jeanne parvint toutefois à s’attirer la sympathie des habitants de la cité, enthousiasmés par l’idée qu’une aussi jeune fille ait la volonté de lutter pour défendre le royaume de France.

     

    Lors de leur troisième rencontre, Jeanne affirma à Baudricourt qu’il était impératif pour elle de se rendre à Chinon, et qu’elle était prête à faire le voyage jusqu’à Chinon à pied, dût elle user ses jambes jusqu’aux genoux.

     

    Finalement, le capitaine décida d’accepter la requête de la jeune femme, lui confiant un cheval et une petite escorte.

     

     

    Le périple de Jeanne d'Arc jusqu'à Chinon, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

    Jeanne d'Arc part de Vaucouleurs, 1429, son oncle et un autre paysan se cotisèrent pour lui donner un cheval, Baudricourt lui donna une épée et lui dit, va et advienne que pourra, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

    Revêtant l’habit d’homme, Jeanne voyagea jusqu’à Chinon, traversant des territoires alors entre les mains des Anglo-bourguignons.

     

     

    La forteresse de Chinon en 1429, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

     

     

     

    Après avoir rencontré des conseillers du roi à Chinon, en mars 1429, ces derniers acceptèrent la requête de Jeanne, qui insistait pour rencontrer Charles VII. En apprenant qu’une jeune pucelle[2] de 17 ans venue de Lorraine souhaitait bouter l’Anglais hors de France, le Valois crut à une farce. Il décida alors de tromper Jeanne, s’habillant simplement, et demandant à un de ses proches de vêtir ses habits de roi. Pénétrant dans la pièce ou se trouvait le roi et sa cour, la jeune femme ne tomba cependant pas dans le piège et marcha alors directement vers Charles VII.

     

     

    Ruines de la forteresse de Chinon, dans laquelle Jeanne d'Arc rencontra Charles VII.

     

    Jeanne exposa alors les raisons de sa visite au Valois, affirmant qu’elle venait le trouver sur les ordres de Dieu, et qu’elle désirait entrer au service du roi afin de chasser les Anglais hors du continent.

     

     

    La première rencontre entre Charles VII et Jeanne d'Arc, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

     

    Charles VII décida alors d’emmener la jeune femme à Poitiers, la faisant interroger par des professeurs de l’Université de Paris réfugiés dans la cité. N’ayant rien retenu contre elle, Jeanne fut alors nommé chef de l’armée par le roi.

     

    Au début du mois d’avril, il fut donc décidé de se rendre au secours d’Orléans (la cité étant assiégée par les Anglo-bourguignons depuis octobre 1428.). A noter qu’au même moment, les assiégés acceptèrent de se rendre aux Bourguignons, se plaçant sous la protection de Philippe le Bon. Cependant, le duc de Bedford refusa cette proposition, ce qui entraina un vif mécontentement de la part du duc de Bourgogne. Ce dernier, excédé, décida alors de retirer ses troupes.

     

     

     

    2° La campagne de la vallée de la Loire (avril à juin 1429) – Avant de partir en campagne, Jeanne se fit confectionner une armure adaptée à son gabarit, et trouva peu de temps après l’épée de Charles Martel, enterrée derrière l’autel de l’église de la petite commune de Sainte Catherine de Fierbois (la légende raconte que le Franc avait déposé là son épée, suite à la bataille de Poitiers, en octobre 732[3].). La chronique raconte que la rouille qui gangrenait l’épée disparut dès que la Pucelle posa la main dessus.

     

    La jeune femme reçut aussi un grand étendard blanc, orné d’une fleur de lys, et portant l’inscription Jesus Maria. Jeanne déclara qu’elle aimerait quarante fois plus sa bannière que son épée.

     

    Une fois les préparatifs achevés, Jeanne, à la tête d’une armée de 4 000 hommes, se dirigea vers Orléans (fin avril 1429.). Passant par Blois, la jeune femme fut immédiatement rejointe par de nombreux petits chevaliers et hommes d’armes, subjugués par le courage de la Pucelle.

     

     

    Les populations entières se jetaient à genoux autour d'elle, ceux qui n'étaient pas assez heureux pour s'en approcher et pour baiser ses mains et ses vêtements baisaient la terre des pas de son cheval, 1429, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

     

     

    a) Le siège d’Orléans (avril à mai 1429) : Jeanne, arrivant devant Orléans à la fin du mois d’avril, voulut s’attaquer immédiatement aux Anglais qui étaient en possession du fort des Tourelles, et qui contrôlaient donc l’unique pont menant à la ville (à noter que le pont avait été en partie démoli par les Orléanais, afin d’empêcher les assaillants de progresser jusqu’aux portes de la ville.).

     

     

    Orléans en 1429.

     

     

    Plan d'Orléans en 1429 (faites un clic droit sur la carte, suivi d'un zoom avant, afin d'avoir une vision plus précise).

     

    Cependant, les généraux refusèrent de suivre le plan de la jeune femme, préférant traverser la Loire en bateau afin d’éviter de se heurter aux Anglais.

     

    Elle rencontra alors Jean de Dunois (fils illégitime de Louis d’Orléans, il était surnommé le bâtard d’Orléans.), auquel elle exposa ses griefs à l’encontre de ses généraux.

     

     

    Jean de Dunois, 1843, musée du Louvre, Paris.

     

    Les premiers navires, chargés d’armes et de vivres, parvinrent à rentrer dans la ville ; cependant, ils ne purent revenir, à cause de vents contraires et d’une pluie diluvienne.

     

    L’armée royale n’avait donc pas d’autre solution que de se heurter aux Anglais afin de parvenir à rentrer dans Orléans.

     

    Cependant, Dunois insista auprès de Jeanne afin que cette dernière traverse la Loire et se rende dans la cité, afin de redonner courage à ses habitants. La Pucelle accepta à contrecœur, franchissant le fleuve, et pénétrant dans la ville par la porte de Bourgogne (29 avril 1429.).

     

     

    Jeanne d'Arc pénètre dans Orléans, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

     

     

    Entrée de Jeanne d'Arc à Orléans, par Jean Jacques SCHERRER, 1887.

     

     

     

    Le 4 mai, l’armée royale, commandée par Dunois, parvint à franchir la Loire, traversant sans encombre les bastilles détenues par l’ennemi.

     

    C’est alors que les Anglais décidèrent de contre-attaquer, sortant de la bastille Saint Loup, qui se trouvait à l’est de la porte de Bourgogne. Jeanne, apprenant l’offensive anglaise, lança ses hommes au combat. Victorieux, les Français parvinrent à s’emparer de Saint Loup dans la soirée.

     

     

     

    Le 5 mai eut lieu l’Ascension, une fête chômée. Respectant le calendrier liturgique, les deux armées ne s’affrontèrent pas.

     

    Jeanne décida alors d’envoyer un message aux Anglais : vous, hommes d’Angleterre, qui n’avez aucun droit en ce royaume, le roi des Cieux vous mande et ordonne, par moi, Jeanne la Pucelle, que vous quittiez vos bastilles et retourniez en votre pays…

     

     

    La signature de Jeanne d'Arc.

     

    Fixant sa lettre autour d’une flèche, la missive fut ainsi envoyée aux Anglais. Ces derniers s’éclaffèrent en lisant la lettre de la « putain des Armagnacs », le surnom dont ils avaient affublé la jeune femme.

     

     

     

    Le lendemain, Jeanne fit traverser la Loire à son armée, et s’attaqua à la bastille Saint Jean, qui se trouvait au sud ouest de la bastille Saint Loup.

     

    Les Anglais décidèrent de fuir devant l’armée royale, se réfugiant aux Tourelles et dans le couvent Saint Augustin (l’édifice en ruine, se trouvant au sud du pont menant à Orléans, avait été transformé en forteresse par les Anglais.).

     

    La Pucelle fit alors donner l’assaut contre le couvent, dont les Français parvinrent à s’emparer non sans mal. Quelques Anglais parvinrent à rejoindre les Tourelles, mais un grand nombre d’entre eux trouvèrent la mort ce jour là.

     

    Au soir de la bataille, Jeanne décida de retourner à Orléans, bien décidée à s’emparer de l’imposante bastille le lendemain.

     

     

     

    Le 7 mai, les Français traversèrent à nouveau la Loire, et commencèrent le siège des Tourelles. Cependant, dès le début de la bataille, Jeanne fut blessé d’une flèche à l’épaule.

     

     

    Jeanne recevant une flèche dans l'épaule lors du siège d'Orléans, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

     

    Enlevant elle même le trait qui l'avait transpercée, Jeanne fut transportée à quelque distance du combat, où fut soignée de manière rudimentaire.

     

    Reprenant conscience, elle aperçut Dunois faire reculer l’armée royale. Bondissant sur son cheval, elle harangua les soldats de l’armée royale, et lança un nouvel assaut contre les Tourelles.   

     

     

    Les Français s'emparent de la bastille des Tourelles, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

    Jeanne d'Arc à l'assaut des Tournelles, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

     

    Les Français, enthousiasmés par l’ardeur de la Pucelle, se ruèrent à l’assaut de la bastille. Peu de temps après, ils parvinrent à s’en emparer, tuant ou emprisonnant tous les Anglais se trouvant là.

     

     

    Jeanne arc en armure devant Orléans, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

    Dans la nuit du 7 au 8 mai 1429[4], les Anglais, vaincus, décidèrent alors de lever le siège et de se retirer.

     

     

     

    Le 13 mai, Charles VII entra dans la ville, accueilli par Jeanne d’Arc. Au début du mois de juin, elle insista auprès du Valois afin que se dernier accepte de se rendre à Reims pour se faire sacrer roi.

     

    Cependant, avant de se lancer dans un tel périple, les Français devaient encore éliminer les restes de l’armée anglaise, qui s’était retranchée dans plusieurs villes avoisinant Orléans.

     

     

     

    b) Bataille de Jargeau (mi juin 1429) : suite au siège d’Orléans, le moral était au beau fixe au sein de l’armée royale. En outre, enthousiasmés par cette victoire, de nombreux civils décidèrent de s’engager parmi les troupes du roi de France.

     

    Suite à cette victoire, les Français poursuivirent alors leur offensive dans la vallée de la Loire.

     

     

     

    Peu de temps après l’abandon du siège d’Orléans, une partie des troupes anglaises trouvèrent refuge dans le village de Jargeau, située au nord de la Loire. Assistée par le bâtard d’Orléans et Jean II de Valois, comte d’Alençon[5], Jeanne d’Arc décida de marcher vers la petite cité, et installa son campement aux portes de la ville.

     

    Dans la nuit du 11 au 12 juin 1429, les Anglais décidèrent d’attaquer l’ennemi, mais leur charge fut vaillamment repoussée par les Français.

     

    Le lendemain, ces derniers lancèrent l’assaut contre Jargeau, et parvinrent à chasser les Anglais de la cité. Au soir de la bataille, alors que Jeanne pénétrait dans Jargeau, les troupes anglaises se repliaient en désordre.

     

     

    La bataille de Jargeau, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

     

    Le 17 juin, approchant de Beaugency, la cité capitula, ouvrant ses portes à Jeanne et son armée. John Fastolf, commandant l’armée anglaise, fut contraint de reculer une nouvelle fois.

     

     

     

    c) La bataille de Patay (18 juin 1429) : suite à la prise de Beaugency, en juin 1429, Français et Anglais se retrouvèrent une nouvelle fois. Cependant, si les batailles précédentes n’avaient été que de simples escarmouches, la bataille de Patay fut une vraie bataille rangée, opposant 1 500 Français à près de 5 000 Anglais.

     

     

     

    La bataille de Patay, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage Chronique, Belgique, XV°siècle.

     

     

     

    Comme à leur habitude, les troupes anglaises (commandées par John Fastolf et John Talbot.) décidèrent de faire intervenir leurs archers, qui avaient causé de grands ravages depuis le début de la guerre de Cent Ans. Ces derniers, comme à leur habitude, plantèrent des épieux en terre afin de se protéger contre une éventuelle charge de cavalerie.

     

    Les Français, commandés par Ambroise de Loré, La Hire, et Jean Poton de Xaintrailles, décidèrent alors d’envoyer des piquiers attaquer l’ennemi sur ses flancs. Les archers anglais, qui n’étaient pas équipés pour le combat au corps à corps, furent alors massacrés.

     

     

    La bataille de Patay, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Au même moment, la cavalerie française, qui n’avait plus rien à craindre des flèches ennemies, parvint à l’emporter sur la cavalerie anglaise.

     

     

     

    La victoire fut éclatante pour les Français, qui perdirent moins de cent hommes au cours de l’affrontement. Les Anglais, par contre, eurent plus à souffrir des conséquences de la bataille, perdant près de la moitié de leur effectif. Talbot fut capturé, et Fastolf décida de s’enfuir avec quelques hommes (disgracié, il fut radié de l’Ordre de la Jarretière par le duc de Bedford.). A noter que les Français avaient l’habitude de sectionner l’index des archers anglais, afin que ces derniers ne puissent plus tirer à l’arc.

     

     

     

    3° La chevauchée vers Reims, le sacre de Charles VII (juin à juillet 1429) – Suite à cette victorieuse campagne, Charles VII accepta de se rendre à Reims afin de se faire sacrer roi de France, entreprenant une périlleuse chevauchée au sein de territoires alors contrôlés par les Anglo-bourguignons.

     

     

    Royaume de France, royaume d'Angleterre et duché de Bourgogne lors de la campagne de Jeanne d'Arc (1431).

     

    L’armée royale, comptant près de 12 000 hommes, partit alors de Gien à la fin du mois de juin 1429.

     

     

     

    Début juillet, l’armée royale arriva devant Auxerre. Après d’habiles négociations, la garnison bourguignonne se trouvant dans la cité décida de rester neutre.

     

    Le 10, le cortège se trouva devant Troyes, alors occupée par une garnison anglaise. Jeanne, refusant toute négociation avec les Anglais, persuada Charles VII de mettre le siège devant la cité. Les habitants de la ville, impressionnés par cette démonstration de force, décidèrent alors de capituler.

     

     

    La capitulation des Troyens, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Progressant inéxorablement vers son objectif, Charles VII reçut aussi la soumission de Chalons en Champagne, alors que son armée se trouvait non loin de cette cité.

     

     

    La soumission des habitants de Chalons en Champagne, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Le 16 juillet 1429, l'armée royale arriva finalement à Reims.

     

     

    L'entrée de Charles VII dans Reims, par Guillaume Fillastre, enluminure issue de l'ouvrage Toison d'Or, France, Paris, XV° - XVI° siècle.

     

    Dès le lendemain, Charles VII fut sacré roi de France dans l'église de la cité, en présence de la famille royale, de nombreux seigneurs, et de Jeanne d’Arc.

     

     

    Le sacre de Charles VII, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

    Le sacre de Charles VII, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

     

     

    La portée de ce couronnement fut majeure. En effet, le nouveau souverain n’était plus le fruit de l’union illégitime entre Isabeau de Bavière et Louis d’Orléans, mais le représentant de Dieu sur terre, digne successeur des Valois. De ce fait, le traité de Troyes n’avait plus de valeur, et le jeune Henri VI, qui apparaissait déjà comme un souverain déjà peu légitime, perdait ainsi toute crédibilité.

     

     

     

    Dès l’annonce du sacre, les habitants de Laon décidèrent d’envoyer à Charles VII les clefs de la ville.

     

    Au cours de l’été, de nombreuses cités firent allégeance au nouveau souverain : Sens, Soissons, Crécy, Coulommiers, Provins, Château Thierry, etc.

     

     

     

    Les habitants de Sens font soumission à Charles VII, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

     

    Le duc de Bedford, voyant d’un œil inquiet le spectaculaire redressement du Valois, proposa à celui qui se disait dauphin et qui ose maintenant se dire roi, de s’affronter au cours d’une vraie bataille rangée. Charles VII refusa la proposition, préférant user l’ennemi, décidant de suivre la même tactique que son grand père Charles V.

     

     

     

    Enfin, à la fin du mois d’août, Charles VII signa une trêve de quatre mois avec le duc de Bourgogne.

     

     

     

    4° Jeanne d’Arc chef de guerre (été 1429 à mai 1430) – Suite à la signature de la trêve entre Charles VII et Philippe le Bon, Jeanne décida de marcher sur Paris (la cité était alors entre les mains des Bourguignons.).

     

     

     

    Assistée par Jean II, duc d’Alençon, Jeanne entreprit le siège de la ville au début du mois de septembre 1429.

     

     

     

    Blessée à la cuisse devant la porte Saint Honoré, les combats cessèrent, malgré les protestations de la Pucelle. En outre, Charles VII décida d’interdire à l’armée royale de reprendre les combats, soucieux de respecter la trêve signée avec les Bourguignons.

     

     

     

    Le siège de Paris, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Souhaitant rester prudent quant à la suite des évènements, le roi de France préféra se retirer vers la Loire. A la fin de mois de septembre, se trouvant alors à Gien, Charles VII décida de licencier son armée.

     

     

     

    A cette époque, la guerre était loin d’être finie : en octobre, le duc de Bourgogne reçut du duc de Bedford le titre de lieutenant général du royaume de France ; en novembre, le jeune Henri VI fut sacré roi de France et d’Angleterre à Westminster.

     

     

    Le sacre d'Henri VI, par Jean de Wavrin, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques d'Angleterre, Belgique, XV° siècle.

     

     

     

    Jeanne d’Arc fut alors envoyée dans le Berry afin de lutter contre les compagnies qui causaient à cette époque de graves déprédations.

     

    Début novembre, elle parvint à s’emparer de Saint Pierre le Moûtiers, mais échoua devant La Charité sur Loire, alors aux mains du Bourguignon Perrinet Gressart. Cependant, l’hiver arrivant, Jeanne dut abandonner le siège et regagner le château de Mehun sur Yèvre où séjournait le roi.

     

    A la fin du mois de décembre, en guise de remerciement, la Pucelle fut anoblie par le roi, ainsi que ses parents, ses frères, et tout son lignage.

     

     

     

    Au mars 1430, la Pucelle décida finalement de quitter le château de Sully sur Loire, où elle avait accompagnée le roi. Elle ne voulait pas rester inactive alors que le duc de Bedford, afin de renforcer son alliance avec la Bourgogne, avait donné la Champagne et la Brie à Philippe le Bon.

     

    Quittant le roi sans prendre congé, Jeanne participa à quelques combats au printemps 1430, sans toutefois réussir à l’emporter. Cependant, sa présence et sa renommée parvenaient à terrifier certains capitaines et soldats anglais, tant et si bien que leurs supérieurs durent prendre des mesures contre ceux qui tremblaient devant la Pucelle.

     

     

     

    En mai 1430, Jeanne répondit à l’appel des habitants de Compiègne, alors assiégés par les Bourguignons (en effet, au lendemain du sacre, Charles VII avait chassé la garnison bourguignonne se trouvant dans la cité.).

     

     

    Le siège de Compiègne, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Le 23 mai 1430, la Pucelle pénétra dans la cité, accompagnée par des forces très réduites. Tentant une sortie le soir même, elle se lança à l’assaut des troupes de Jean II de Luxembourg, comte de Guise (ce dernier était un fidèle allié des Bourguignons, confirmé dans ses droits par le duc de Bedford.).

     

    C’est alors qu’une troupe anglaise arriva en renfort, prenant les compagnons de Jeanne d’Arc entre deux feux. Se sentant en danger, la jeune femme ordonna à ses hommes de reculer vers Compiègne. Cependant, le pont levis se releva, abandonnant la Pucelle aux mains des Anglo-bourguignons.

     

    C’est alors qu’un des vassaux de Jean de Luxembourg tira une flèche sur le cheval de Jeanne, la faisant tomber à terre. C’est ainsi que cette dernière fut capturée par les Bourguignons.

     

     

    L'arrestation de Jeanne d'Arc, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

     

    Jeanne est entourrée (sic) et prise à Compiègne, tous ses ennemis se ruaient à la fois contre elle, un archer la tira violemment par sa huque de drap et la fit tomber de cheval, 1430, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

     

     

    5° Le procès de Jeanne d’Arc (janvier à mai 1431) – Suite à sa capture, les Bourguignons retinrent Jeanne prisonnière pendant près de six mois.

     

     

    Jeanne d'Arc endormie, par George William JOY, 1895.

     

     

     

    Pendant ce temps, alors que la Pucelle était entre les mains de Jean de Luxembourg, Charles VII parvint à remporter plusieurs victoires.

     

    En juin, l’armée royale stoppa les troupes bourguignonnes, qui tentaient de s’emparer du Dauphiné ; en juillet, Charles VII conclut une alliance avec Frédéric III, archiduc d’Autriche[6] ; en novembre, la ville de Liège, soudoyée par le roi de France, se révolta contre les Bourguignons, et Charles VII parvint à s’en emparer.

     

     

     

    Jeanne, quant à elle, fut finalement vendue aux Anglais pour 10 000 livres. Ce fut alors Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, qui fut chargé d’instruire son procès pour hérésie.

     

    Emprisonnée à Rouen dans un château ayant appartenu à Philippe II Auguste, le procès de la Pucelle s’ouvrit en février 1431.

     

     

    Jeanne d'Arc interrogée par Pierre Cauchon, gravure issue de l'ouvrage Cassell's history of England, Angleterre, 1902.

     

    Bien qu’étant innocente des crimes qu’on lui reprochait, les Anglais voulaient se débarasser de la jeune femme de manière légale. De ce fait, le tribunal déclara Jeanne coupable d’être schismatique, apostate[7], hérétique, etc.

     

     

    Jeanne d'Arc devant ses juges, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

     

     

     

    Le 23 mai, suite au procès, Cauchon et les juges tentèrent d’effrayer Jeanne, la menaçant de la condamner au bucher si elle ne se rétractait pas. Apeurée, la jeune femme décida alors de se rétracter, reconnaissant ses erreurs et se « offenses » envers l’Eglise. En échange, Cauchon jura à Jeanne qu’elle serait condamnée à la prison à vie, enfermée dans une cellule ecclésiastique.

     

    Cependant, Cauchon ne respecta pas sa promesse, et la Pucelle fut renvoyée dans sa prison, entre les mains des Anglais. C’est alors que le 28 mai, la jeune femme fut surprise en train de porter des habits d’homme (l’on ne sait pas exactement dans quelles conditions Jeanne décida de revêtir ces vêtements masculins.).

     

    Déclarée relapse[8] par Cauchon et les juges, la Pucelle fut alors condamnée au bûcher.

     

     

    Jeanne d'Arc attachée au bûcher, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

     

    Le 30 mai 1431, les Anglais firent brûler vive la condamnée sur place du Vieux Marché de Rouen. Cette dernière n’avait pas vingt ans…

     

     

    Jeanne d'Arc sur le bûcher, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

     

    Afin que ses restes ne soient pas utilisés comme des reliques, les Anglais décidèrent de récolter les cendres de la Pucelle, qu’ils jetèrent ensuite dans la Seine[9].

     


     

    [1] On appelle hagiographes les personnes écrivant des hagiographies ; c'est-à-dire des récits de vies de Saints.

    [2] Jeanne d’Arc fut surnommé la Pucelle car elle était encore vierge.

    [3] Pour en savoir plus sur la bataille de Poitiers, qui eut lieu le 17 octobre 732, voir le 2, section II, chapitre premier, les Carolingiens.

    [4] Aujourd’hui encore, le 7 et le 8 mai sont fêtés par les habitants d’Orléans en souvenir de ces évènements.

    [5] Ne pas confondre Jean II, duc d’Alençon, et Jean II, roi de France. Les deux hommes descendaient de Charles de Valois, frère de Philippe IV le Bel, mais l’un était issu de la branche cadette, l’autre de la branche aînée. 

    [6] A noter que Frédéric III fut aussi sacré Empereur germanique en 1452.

    [7] Les apostats sont des personnes qui ont abjuré leur foi.

    [8] L’Eglise considérait comme relapses les gens étant retombé dans leurs erreurs passées, alors qu’ils avaient renié ses dernières.

    [9] Bien qu’étant considérée comme une Sainte par beaucoup de Français de cette époque, Jeanne d’Arc ne fut canonisée qu’en 1922.

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    La guerre de Cent Ans est un des faits marquants du Moyen Âge. À ce sujet, plusieurs documents ont été consacrés. Traitant chacun de sujets variés, ils ont tous contribué à éclaircir et préciser des épisodes qui l’ont marquée. Parmi tous ceux que l’on possède aujourd’hui, plusieurs sont authentiques, c’est-à-dire qu’ils ont été écrits par des acteurs ou des témoins des événements. Un tel document a été utilisé dans cet ouvrage ; celui-ci relate l’épisode de Jeanne d’Arc vers la fin de cette guerre ). Ce document est en fait une lettre écrite par Henri VI, roi d’Angleterre, à l’empereur du Saint Empire romain germanique, Sigismond de Luxembourg.
     
    Extrait d'un travail effectué dans le cadre d'un cours du baccalauréat en enseignement au secondaire, concentration sciences humaines, à l'Université du Québec à Montréal, le présent ouvrage avait pour but d'expliquer cette lettre. À ce moment, Henri VI avait dix ans et son accession au trône remontait à 1422. Il a d’ailleurs été le premier des souverains anglais à porter officiellement le titre de « roi de France ». Datée du 8 juin 1431, la lettre explique les raisons qui ont motivé la condamnation de Jeanne d’Arc au bûcher.

    Après avoir présenté ses respects à l’empereur, Henri VI décrit les actions de Jeanne d’Arc et les répercussions que ces dernières ont eu sur le royaume. Après avoir précisé que Jeanne était responsable de nombreux dommages dans le pays, il a décrit son arrestation. Henri VI a aussi expliqué les raisons qui l’ont poussé à remettre Jeanne aux autorités ecclésiastiques à la demande de l’évêque de Beauvais.

    Par la suite, l’empereur se fait informer de la façon dont s’est déroulé le procès de Jeanne, lié à l’Inquisition. Enfin, le roi termine sa lettre en divulguant à l’empereur le verdict du procès, en foi de quoi Jeanne ayant été déclarée hérétique, fut brûlée. Il conclut finalement sa lettre en précisant la raison d’être de cette dernière : « informer autrui de la mort de cette femme.»

    L’explication de ce document authentique s'est d’abord faite en précisant le contexte historique de la guerre de Cent Ans, contexte dans lequel se situe la rédaction de la lettre. Par la suite, nous avons précisé les moments importants de la vie de Jeanne d’Arc, quelles sont les actions auxquelles faisait référence Henri VI, les tractations que le roi tenait sous silence, mais qui ont mené à son arrestation, son procès et les circonstances de sa condamnation. Enfin, nous avons présenté les aspects généraux de la réhabilitation de Jeanne d’Arc qui ont mené à sa canonisation.

    Contexte historique : la guerre de Cent Ans

     

    L’épisode de Jeanne d’Arc se déroule vers la fin de la guerre de Cent Ans. C’est pourquoi nous avons jugé bon d’élaborer sur les origines et le déroulement de cette guerre, cela dans le but de favoriser une meilleure compréhension des événements de la vie de Jeanne d’Arc et des grands personnages qui l’entouraient à l’époque.

    Ses origines

    Le point de départ de cette guerre, qui a duré plus de 100 ans et qui a été interrompue par plusieurs trêves, est la prétention au trône de France du roi d’Angleterre Édouard III. Cette prétention au trône, qui représente bien la mentalité féodale des rois anglo-normands, témoigne de leur attachement pour la France.

    Cette mésentente entre la France et l’Angleterre prend ses origines aux XIIe et XIIIe siècles ; le conflit qui opposait les Capétiens (France) et les Plantagenêts (Angleterre) au niveau des territoires anglais en France constitue en fait la première guerre de Cent Ans. Depuis, ces deux royaumes se disputaient leurs territoires et la légitimité au trône.

    Revenons maintenant aux éléments déclencheurs de la « deuxième » guerre de Cent Ans. Certes Édouard III piqua au vif la France de par sa prétention à la couronne, mais ce geste avait lui-même été provoqué par la saisie du fief de Guyenne en mai 1337 par Philippe VI. Ce n’est qu’avec le traité de Brétigny en 1360, dans lequel l’hommage aquitain semble avoir été supprimé, qu’Édouard III renonça au trône de France.

     

    Les premiers désastres français (1337-1360)

    Le problème de succession au trône ne fut, en fait, qu’un prétexte pour provoquer une guerre. Le conflit se concentrait désormais sur les possessions des Plantagenêts en France et celles de la Flandre, cette dernière étant administrée par le comte de Flandre, Louis de Nevers.

    Dès 1337, les comportements de Louis de Nevers trahissaient une attitude anti-anglaise. Cette façon d’agir choqua Édouard III et il répondit par un embargo sur les exportations de laine anglaise en Flandre. Cet embargo plongea la Flandre dans une crise économique, ce qui amena son peuple (aidé par Artevelde) à la révolte contre son propre comte. En 1340, les Flamands devenaient les alliés de l’Angleterre.

    C’est alors que commencèrent les attaques guerrières. La France fut la première à être touchée le 24 juin dans le port de l’Écluse où sa flotte de Flandre fut décimée. Sur le continent, les Anglais s’imposaient toujours devant leur adversaire. Leur victoire sur Crécy le 26 août 1346 permit à l’Angleterre, au terme d’un an de siège, de s’emparer du port de Calais en août 1347.

     

    La peste allongea la trêve consentie par les Anglais jusqu’en 1355. La reprise des hostilités fut provoquée par Édouard III en septembre 1355 à Bordeaux. Il profita du conflit entre le nouveau roi de France, Jean II le Bon, et Charles le Mauvais, roi de Navarre. Le Languedoc, la Loire et Poitiers furent respectivement ravagés. Le roi de France fut fait prisonnier des Anglais, ce qui provoqua en France une crise économique et sociale, suite à laquelle elle faillit s’évanouir. Une deuxième trêve fut établie par l’accord de Brétigny le 8 mai 1360 et confirmée par les traités de Calais.  

     

    De la paix de Brétigny au traité de Troyes (1360-1420)

    La venue du nouveau roi de France, Charles V, redonna de l’énergie à la population française. Charles V répara « les désastres, réforma l’administration, rétablit les finances en améliorant la fiscalité ». De plus, il fut servi par le premier grand homme de guerre de ce conflit, Du Guescin, ce qui aida énormément ses intérêts. On procéda à la réorganisation de l’armée et on améliora l’artillerie depuis Crécy, où elle apparut pour la première fois.

    Le conflit se ranima en 1369 parce que Charles V continuait d’user de ses droits de suzerain sur la Guyenne. Après une série de victoires des Français sur les Anglais (Pontvallain en décembre 1370, La Rochelle en 1372), l’Angleterre n’avait de la France en 1380 que la Guyenne et Calais. La guerre fut de nouveau interrompue durant environ 35 ans, la France et l’Angleterre se trouvant aux prises avec des problèmes internes.

    En octobre 1415, Henri V fit subir une des plus grandes défaites à la noblesse française lors de la bataille d’Azincourt, en Picardie. La France, alors, au lieu d’unir ses forces contre l’invasion anglaise en Normandie, retourna à ses guerres civiles. En mai 1418, les Bourguignons massacrèrent la population de Paris ; assassinats, meurtres et trahisons furent à l’honneur. Le 21 mai 1420, Charles VI signait le traité de Troyes. Influencé par sa femme, Isabeau de Bavière, il renia et déshérita son propre fils, le dauphin Charles (futur Charles VII) pour laisser à Henri V d’Angleterre le royaume de France.

     

    Le redressement français et la fin de la guerre (1420-1453)

    Le traité de Troyes fut annulé par la mort d’Henri V et de Charles VI, en 1422, même si Henri VI par la régence du duc de Bedford (son oncle), fut proclamé souverain de France. Durant ce temps, Charles VII4, impuissant devant ses ennemis (Paris, l’Université, le Parlement ainsi que les régions soumises au duc de Bourgogne), dut se retirer derrière la Loire. Par contre, l’espoir se pointait tranquillement à l’horizon. Par les horreurs de la guerre, les Bourguignons commencèrent à se monter contre les Anglais. Leur alliance devenait de plus en plus fragile. C’est dans cette atmosphère que Jeanne d’Arc devint « le symbole de ce patriotisme populaire ».

     

    Elle délivra la ville d’Orléans le 8 mai 1429 et, « obéissant à une intuition où se conjuguaient le mysticisme et le réalisme politique », elle réussit à faire sacrer Charles VII à Reims en juillet 1429. De cette façon, la légitimité du roi ne pouvait plus être contestée, ce qui changea énormément le déroulement de la guerre. Même la mort de Jeanne d’Arc, le 30 mai 1431, ne réussit pas à défavoriser Charles VII. La réconciliation avec les Bourguignons par la paix d’Arras le 20 septembre 1435 fit cesser les guerres civiles.

    Paris fut envahie par l’armée de Charles VII en 1436. En 1444, une trêve fut conclue avec les Anglais en plus d’être confirmée par l’alliance entre Henri VI d’Angleterre et Marguerite d’Anjou (1445), nièce du roi de France. À ce moment, les Anglais avaient comme possessions françaises le Bordelais, le Maine, le plus grande partie de la Normandie et Calais. Durant cette trêve, Charles VII établit une armée permanente ce qui lui permit de reconquérir la Normandie, Rouen le 20 novembre 1449, Bergerac en 1450, Bordeaux et Bayonne en 1451.

    Les Anglais avaient perdu toutes leurs possessions en France mise à part Calais, qu’ils ont possédée jusqu’en 1558. La guerre se termina en 1453, mais elle ne fit l’objet d’aucun traité. Ainsi, les rois d’Angleterre continuèrent de porter le titre de roi de France jusqu’en 1801.

     

    Jeanne d’Arc dit la Pucelle

     

    Jeanne d’Arc est en fait le sujet central de la lettre du roi d’Angleterre, Henri VI. Étant donné le grand plaisir qu’il eut à faire un portrait de la Pucelle comme étant « une certaine devineresse mensongère», il nous semble donc pertinent de faire la lumière sur sa vie, depuis son enfance jusqu’à sa mort, en passant par ses réalisations.

    Son enfance

    L’enfance de Jeanne d’Arc est un élément essentiel à notre explication de document puisqu’elle justifie l’envoi de la lettre d’Henri VI à l’empereur du Saint Empire romain germanique.

    C’est probablement dans le petit village de Domrémy qu’est née Jeanne d’Arc. On rapporte que sa naissance eut lieu le jour de l’Épiphanie, soit le 6 janvier 1412. Jeanne était la fille de Jacques d’Arc et d’Isabeau Vouthon, un couple de laboureurs de ce même village, situé dans la vallée de la Meuse. Domrémy se trouvait en fait aux frontières du duché de Bourgogne et du Saint Empire romain germanique (Sacrum Imperium Nationis Germanicae). Cette proximité est des plus intéressantes puisqu’elle vient sans doute justifier pourquoi le roi Henri VI d’Angleterre adresse sa lettre à l’empereur Sigismond de Luxembourg.

    Malgré qu’on lui prête une constitution très robuste, Jeanne d’Arc a toujours été très pieuse et faisait preuve d’une grande bonté. Elle connaissait très bien son « Notre Père », « Je Vous salue Marie » et « Je crois en Dieu » ; toutefois, elle ne savait ni lire ni écrire. Elle se plaisait à aller avec ses compagnes en excursion dans les champs où il leur arrivait de prier. Lorsqu’elle fut assez âgée, Jeanne aida sa mère à la maison et cultiva les champs avec ses frères. Enfin, Jeanne d’Arc était reconnue pour ses confessions et communions fréquentes, et pour l’aumône aux pauvres qu’elle pratiquait.

    Ses « Voix »

    Les « Voix » que Jeanne d’Arc entendit lors de son séjour à Neufchâteau furent l’élément déclencheur de sa mission ; elles constituèrent aussi un des moyens pris par ses ennemis (Henri VI et ses juges) pour la faire monter sur le bûcher parce qu’ils la percevaient comme « une superstitieuse femme».

    Vers 1425, les habitants de Domrémy durent quitter pour la première fois leur village en raison de l’arrivée des troupes bourguignonnes ; ils allèrent se réfugier à Neufchâteau. Jeanne faisait partie des réfugiés et c’est alors qu’elle entendit les « Voix » pour la toute première fois. Ces « Voix » étaient celles de Saint-Michel-l'Archange, de Sainte-Catherine et Sainte-Marguerite ; selon les dires d’Henri VI dans sa lettre à l’empereur Sigismond, Jeanne d’Arc aurait également été témoin de leur apparition et de celle de plusieurs anges.

    Ces « Voix » lui ordonnaient de chasser les Anglais de France et de faire sacrer Charles à Reims. Les « Voix » lui disaient aussi que cette mission lui était confiée par Dieu, ce qu’Henri VI trouva très prétentieux de sa part, et qu’elle se devait de l’accomplir. Aussi, au moment venu, « Elles » lui diraient qu’il est temps de rencontrer à Vaucouleurs le capitaine du roi, Robert de Baudricourt. Sainte-Marguerite et Sainte-Catherine lui avaient dit qu’elle serait repoussée plusieurs fois par ce dernier mais que par sa persévérance, un jour, il céderait.

     

    La réalisation de sa mission

    Les combats de Jeanne d’Arc pour son royaume furent d’une grande aide pour ce dernier. Par contre, vue par Henri VI, elle devenait une véritable menace ; sa popularité et ses victoires agaçaient les autorités anglaises et ecclésiastiques.

    Le moment venu, les « Voix » dirent à Jeanne qu’était venu le temps de rencontrer le capitaine Baudricourt. Jeanne tenta à plusieurs reprises d’avoir un entretien avec le capitaine, mais chaque fois il la renvoyait chez elle en la traitant de folle. Le 12 février 1429, elle fit une nouvelle tentative auprès de lui et, sous la pression des partisans de Jeanne d’Arc, il se résigna à la recevoir après qu’elle fût sortit gagnante d’une séance d’exorcisme. Lors de cette rencontre, Jeanne essaya de le convaincre de lui fournir une escorte pour rejoindre Charles VII à Chinon.

    Ayant accepté, Jeanne, et son escorte armée prirent 11 jours pour franchir la distance entre Vaucouleurs et Chinon. Mais Charles VII était très réticent à la recevoir ; sa réputation, déjà entachée, pourrait en souffrir. Il accepta tout de même de la recevoir car Jeanne réussit à le reconnaître malgré le fait qu’il était dissimulé par ses courtisans. Il faut préciser qu’elle avait déjà vu son portrait ; il existe donc un doute sur la manifestation divine qui aurait inspiré Jeanne.

    Au cours d’un entretien particulier, elle réussit à le convaincre de sa mission au moyen d’un « signe » qu’elle refusera toujours de dévoiler lors de son procès. Charles, avant de lui confier une armée, la soumit d’abord à un interrogatoire réalisé par des théologiens de l’université de Poitiers ; c’est à ce moment qu’elle fit ces quatre prédictions : 1-les Anglais lèveront le siège d’Orléans, 2-le roi sera sacré à Reims, 3-Paris sera reprise par Charles VII et 4-le duc d’Orléans sera libéré par les autorités anglaises. À la suite de cet interrogatoire, Jeanne dut ensuite se soumettre à un examen de virginité exigé par Charles. Le résultat de cet examen s’avéra positif : Jeanne était bel et bien vierge et c’est sûrement grâce à cela que « le vulgaire (la surnomma) la Pucelle », comme le rapporte Henri VI dans sa lettre.

      

    Après avoir également été soumise à une enquête de moralité, le roi l’autorisa enfin à participer aux opérations militaires. Avant de partir pour sa première mission, qui était de lever le siège d’Orléans, elle s’est munie d’une bannière portant l’inscription de Jhesus Maria, d’une armure complète, d’une épée trouvée dans la chapelle de Ste-Catherine-de-Fierbois, d’un écuyer, de deux pages et d’un chapelain. Le fait qu’elle choisit de porter une armure en dérangea plus d’un ; même le roi Henri VI en fit mention lorsqu’il dit qu’elle va « à l’encontre de la décence naturelle [en] adoptant l’habit d’homme. »

     

     

    Son entreprise militaire débute donc par la levée du siège d’Orléans, défendue par Suffolk et Talbot le 8 mai 1429. Ce premier succès donna confiance aux troupes de Jeanne d’Arc, et un tel exploit se répéta par les prises successives de Jargeau, de Meung, Beaugency et Patay, le 18 juin 1429 : ces victoires eurent des échos dans la population française et le nom de Jeanne d’Arc était de plus en plus connu. Les succès se poursuivirent par les prises de Troyes, d’Auxerre et de Châlon, permettant ainsi l’ouverture de la route de Reims. Ainsi, le 17 juillet 1429, Charles VII y fut sacré selon le cérémonial traditionnel par l’évêque du même endroit.

     

    Cette cérémonie était importante puisqu’elle confirmait la légitimité du roi, laquelle avait été mise en doute par sa propre mère, Isabeau de Bavière. Le 18 septembre 1429, Jeanne fut blessée à la porte Saint-Honoré en tentant de prendre Paris. D’autres opérations militaires ont mené à la prise de St-Pierre-le-Moûtier, mais elles furent suivies par l’échec devant La Charité-sur-Loire en décembre 1429. Le 24 décembre de cette même année, Jeanne et sa famille sont anoblis par Charles VII . Durant l’hiver 1429-1430, Jeanne fit des haltes à Bourges et Sully.

    C’est sans doutes à cette série d’événements entre Français et Bourguignons, initiés par Jeanne d’Arc, auxquels faisait allusion Henri VI lorsqu’il dit que Jeanne est l’auteur de « massacres humains» et qu’elle a infligé « à nos gens plusieurs défaites » et « apporté en nos royaumes beaucoup de dommages ».

     

     

    De sa capture à son arrestation

    Cette capture ne surprenait pas Jeanne ; ses « Voix » l’avaient prévenue. Mais sa capture à Compiègne en réjouissait plus d’un, entre autres le duc de Bourgogne qui s’empressa d’annoncer le grand événement aux habitants de St-Quentin et le roi Henri VI. Mais ce fut également « […] un immense et implacable hourrah chez les Bourguignons et les Anglais. Le soldat qui avait capturé Jeanne fut joyeux que s’il eût pris un roy. Les Anglais firent de grands cris et resbondissements, car ils ne redoutaient aucun chief de guerre comme ycelle Pucelle. »

    Pour sa part, le roi d’Angleterre exprima son soulagement à l’empereur lorsque, plus tard, Jeanne lui fut remise en disant qu’enfin « la divine clémence (…) a mis cette femelle en nos mains et notre puissance. » D’autre part, il semblerait que Jeanne fut capturée par la faute de deux hommes, Flavy et l’archevêque de Reims, Régnault de Chartres. Jeanne d’Arc ne craignait qu’une chose dans toute son entreprise, c’était la trahison, et voilà qu’elle était captive par la faute de ses « faux frères d’armes »

    En ce qui concerne Régnault de Chartres, sa haine envers Jeanne pourrait être justifiée par le fait qu’il ne tenta en aucun temps de négocier avec Jean de Luxembourg, le chef bourguignon qui détenait Jeanne. Au lieu d’aider à la libération de la Pucelle, il aurait écrit une lettre aux Rémois pour leur faire part des causes de la capture de Jeanne. Il mentionna également que « […] la prise de la Pucelle (…) ne changeait rien : déjà un jeune berger du Gévaudan venait de se manifester qui en ferait autant qu’elle. »

    En résumé, cela signifiait qu’on ne pouvait rien pour la capture de Jeanne, mais qu’il ne fallait pas s’inquiéter ; elle avait déjà un remplaçant. En réalité, le jeune berger du diocèse de Mende était « […] un fol et innocent berger [que] les Anglais saisirent, enfermèrent dans un sac et (…) jetèrent au fond de l’eau. » Telle était la contribution de l’évêque de Reims.

    Mais quelles étaient vraiment les avenues possibles pour Jeanne, une fois prisonnière du duc de Bourgogne? Hormis les évasions qu’elle tenta, Jeanne pouvait demeurer indéfiniment prisonnière du duc de Bourgogne, être vendue à Bedford suite à une série de négociations, ou rendue à la France par traité ou rançon. Il est évident que tout le monde s’attendait à ce que Charles VII libéra celle qui lui avait rendu son trône ; pourtant aucune trace de documents prouvant une action quelconque de Charles VII pour la sauver n’a été trouvée.

    Délaissée par ses alliés, Jeanne, prisonnière de Jean de Luxembourg, fut d’abord captive au château de Clairvoix, puis au château de Beaulieu en Vermandois, d’où elle échoua une évasion. Elle fut ensuite transférée à Beauvoir où elle tenta à nouveau de s’évader en sautant d’une tour et, cette fois, on interpréta ce geste comme une tentative de suicide. Vers la fin du mois d’octobre 1430, Jeanne d’Arc changea à nouveau de lieu de détention ; elle se trouva désormais au château d’Arras, dans le duché de Bourgogne.

    Mais avant de poursuivre, il serait intéressant de connaître les tractations auxquelles se livraient les parties impliquées alors qu’on s’amusait à tranférer Jeanne d’un château à l’autre.

    Dès que le doyen de la Faculté de Droit de l’université de Paris, Éverard, appris que Jeanne était prisonnière de Jean de Luxembourg, il s’empressa de convaincre le vice-inquisiteur de France qu’il fallait lui intenter un procès. En fait, Éverard demanda à Martin Billori, le vice-inquisiteur, d’écrire une lettre au duc de Bourgogne pour que Jeanne soit remise aux Anglais, puis aux autorités ecclésiastiques. Billori écrivit donc une lettre au duc de Bourgogne pour que ce dernier convainque Jean de Luxembourg de livrer Jeanne au roi Henri VI.

    Mais de Luxembourg y voyait un obstacle ; Billori n’offrait pas de rançon pour Jeanne. Vers la même période, l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, réclamait parallèlement au duc de Bourgogne l’ouverture d’un procès inquisitorial pour Jeanne. Vint le mois de juin et Pierre Cauchon n’avait toujours pas de réponses de la part du duc de Bourgogne. Il discuta alors de rançon avec Bedford et rencontra personnellement le duc de Bourgogne pour le convaincre que « la femme dicte la Pucelle est recherchée pour ses idolâtries et autres matières touchant nostre saincte foy, ses scandales à réparer, les dommages innumérables qui ont suivi. »

    De plus, il fallait remettre Jeanne à Henri VI parce que « c’est [le] roi d’Angleterre qui la délivrera à l’Église, suivant le besoin. Elle appartiendra au roy d’Angleterre qui se prêtera de tout son pouvoir à ce qu’elle soit jugée en matière de foi» Bedford offrit donc à Jean de Luxembourg une rançon équivalente à celle donnée pour un roi : dix mille livres tournois. La remise de cette rançon eut lieu le 24 octobre 1430 et Jeanne fut emmenée au château de Crotoy, en terrain anglais.

    Entre temps, l’évêque de Beauvais avait été « choisi » pour présider le procès de Jeanne en tant qu’inquisiteur. Mais un problème se pointait à l’horizon pour Pierre Cauchon ; il n’ avait pas juridiction à Rouen. Pour y remédier, il s’adressa au chapitre pour l’obtenir ; cela se fit en peu de temps.

    La remise de Jeanne aux autorités ecclésiastiques constituait la dernière étape avant le début de son procès. Le roi Henri VI remplit donc son engagement, et il le confirma dans une lettre destinée à Pierre Cauchon : « Henri, par la grâce de Dieu, roy de France et d’Angleterre octroie que toutes et quantes fois que bon semblerait au Révérend Père en Dieu, Évêque de Beauvais, icelle Jeanne lui fût baillée et délivrée réellement et de fait par ses gens et officiers qui l’ont en leur garde, pour icelle interroger et examiner et faire son procès, selon Dieu, la raison, les droits divins et les saints canons. » Vers la mi-décembre, Jeanne fut finalement transférée au château du Bouvreuil, à Rouen où les gens attendaient « […] une femme qui se fait appeler Jeanne la Pucelle, laissant l’abbit et vesture de sexe féminin, s’est contre la loy divine, comme chose abominable à Dieu, réprouvée et défendue de toute loy, vestue, habillée et armée en estat d’habit d’homme. »

     

    Du procès au bûcher

    Henri VI remit le sort de Jeanne d’Arc entre les mains de la juridiction ecclésiastique comme il le dit si bien dans sa lettre « nous avons aussitôt ladite femme au jugement de la sainte mère l’Église. » Le grand rôle de l’Église lors du procès de Jeanne d’Arc ne fut pas sans raison. Étant donné « qu’on la réputait avoir commis des crimes graves et scandaleux aux préjudices de la foi orthodoxe et de la religion chrétienne », écrivit Henri VI, l’Église devait nécessairement s’imposer. De plus, il précise que « l’évêque du diocèse où elle fut prise» fera partie des juges. Dès le 9 janvier 1431, l’évêque du diocèse de Beauvais, Pierre Cauchon, entreprit la constitution du tribunal de Jeanne d’Arc.

    Il prit la peine de s’entourer d’amis et de faire en sorte que tout le tribunal soit plutôt défavorable à l’endroit de l’accusée. Comme Henri VI le mentionne dans sa lettre, Cauchon s’adjoignit le vicaire de l’inquisiteur de la perversité hérétique de France à Rouen, le dominicain Jean le Maître. L’évêque de Beauvais et ce dominicain furent ses deux seuls juges. Il y eut aussi plusieurs conseillers et assesseurs, comme par exemple Gilles de Duremort, abbé de Fécamp, conseiller du petit roi anglais, Nicolas Le Roux, abbé de Jumièges, Pierre Miget, prieur de Longueville-Giffard, pour ne nommer que ceux-ci. Henri VI pris la peine, lors de la rédaction de sa lettre, de bien préciser les multiples personnes qui prirent part à la condamnation de Jeanne d’Arc.

    Toutes les cartes du jeu se retrouvait contre la Pucelle. Les dés étaient jetés; il ne restait plus qu’à suivre le plan déjà tant préparé par Pierre Cauchon et ses amis. Jeanne était désormais prévenue de ses délits contre la foi.

    Pierre Cauchon et ses acolytes n’avaient pas de chef d’accusation à porter contre Jeanne, mais il fallait l’inculper à tout prix. « Ce que ces habiles gens, point gênés par leur conscience, pourront faire sortir d’un mot, d’un geste, d’un silence, est incalculable. » Le premier interrogatoire de Jeanne se divisa en six séances.

    Il y eut une suspension d’une semaine où Jean Cauchon tint conseil durant six jours dans sa propre maison. Il y eut un deuxième interrogatoire suivi à son tour d’une étude des conclusions toujours dans la maison de l’évêque de Beauvais. Tout ceci se déroula entre le 21 février et le 25 mars 1431.

    Durant ce temps, Jeanne fut enfermée dans un château de Rouen (Bouvreuil) vers le 9 janvier 1431. Ses ennemis avaient tellement peur qu’elle ne s’évade qu’ils firent bâtir une solide cage et l’y enfermèrent, liée à la fois par les mains, le col et les pieds. Par chance, cette horrible condition fut de courte durée puisque vers le 21 février, le tribunal la remit à trois hommes dignes de confiance : Jean Gris, Jean Berwoit et Guillaume Talbot.

    Ils devaient s’assurer qu’elle soit fidèlementgardée prisonnière et que personne ne puisse s’entretenir avec elle ; ils jurèrent tous les trois sur la Bible. En plus des trois nobles comme gardiens, Jeanne eut cinq soldats qui durent la surveiller jour et nuit.

    Du 18 mars au 25 mars, les juges de la Pucelle établirent les conclusions des interrogatoires. Le 18 mars, Pierre Cauchon convoqua pour une seconde fois ses assesseurs (une douzaine cette fois). L’évêque-juge leur lut ses propositions. Le problème était que l’interrogatoire venait de se terminer 24 heures plus tôt. Comment avait-il pu retirer en si peu de temps des propositions? Toutefois, les assesseurs de Jeanne devaient se retrouver le samedi 24 mars pour lui lire leurs dépositions. Celle-ci ne fit aucun commentaire mis à part l’oubli de mention du nom de sa propre mère. Le lendemain, le 25 mars, on offrit à Jeanne de délaisser ses vêtements d’homme afin d’assister à la messe de Pâques.

    Cette permission était un énorme piège, et Jeanne l’évita. « La mettre dans l’impossibilité de quitter l’habit d’homme et lui faire un crime capital de le garder, n’était-ce pas le comble de l’habileté? » C’est par son refus de quitter l’habit d’homme (puisqu’elle craignait le viol plus que tout) et de ne pas assister à la messe de Pâques que ses ennemis eurent des éléments supplémentaires pour l’inculper. Du 26 au 28 mars, D’Estivet, un de ses assesseurs, écrivit les 70 articles qui lui reprochaient le port de vêtements d’homme, sa tentative de suicide, ses visions (que seule la sorcellerie pouvait être responsable), son refus de soumission à l’Église militante et plusieurs griefs mineurs.

    C’est avec ces articles que docteurs et maîtres de l’université de Paris, comme l’écrit Henri VI, que le 14 mai 1431, les fameux 12 articles furent déposés. « Ces subtilités, ce pédantisme qui va jusqu’à nommer les trois diables qui jouèrent saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite, cette haine ici pateline, là violente, épanchée en un flot de latin douteux, ce déchaînement de meute grondante et mordante contre une petite fille, une petite paysanne, simple, héroïque, couronnée de victoires évidemment divines, toute pure et toute pieuse ; ce volcan en éruption pour tuer une colombe ne peuvent faire rire; ils feraient bien plutôt pleurer sur les folies où la passion sait entraîner la misérable humanité.

    C’est ici le lieu d’appliquer plus spécialement le verdict qu’Ysambart de la Pierre rendait sur tout le procès : il y eut qui rendirent leur sentence par espoir de quelques faveurs ; d’autres par haine et par esprit de vengeance ; d’autres parce qu’ils avaient été payés ; quelques uns par peur. » Voici ce qui résume très bien l’énorme complot érigé contre Jeanne d’Arc.

    Le 24 mai, au cimetière de St-Ouen, Jeanne d’Arc abjura devant public. Comme Henri VI l’écrit dans sa lettre, elle « reconnut ouvertement et confessa pleinement .» Pourtant, lorsqu’elle signa par une croix le papier où elle abjure ses fautes, elle souriait, préférant la prison de l’Église à ses geôliers anglais. Elle avait dû choisir entre reprendre l’habit de femme, signer le papier et monter sur le bûcher.

    Elle fut tellement déçue et trahie lorsqu’on la ramena à son ancienne prison. Maintenant habillée en femme, elle était à la merci des Anglais. On la battit, l’insulta, la viola. Craignant à nouveau de se faire violenter, elle reprit l’habit d’homme le 27 mai ; c’est qu’elle acquisça à ce que ses ennemis voulaient. Elle venait enfin de tomber dans leur piège. Comme le précise Henri VI, en plus d’être « supersitieuse, devineresse, idolâtre, invocatrice de démons, blasphématrice envers Dieu, les saints et les saintes, schismatique et fort errante en la foi de Jésus-Christ », elle fut déclarée hérétique et relapse. Il n’y avait plus d’espoir pour Jeanne.

    Elle fut condamnée au bûcher le 30 mai 1431, sur la place du Vieux Marché de Rouen. Telle était sa foi en Dieu, telle était sa majesté d’âme. Voici les dernières paroles de Jeanne d’Arc : « Jésus! Jésus! Jésus! Je ne suis ni hérétique, ni une schismatique. Oh saints du paradis! Saint Michel! Sainte Catherine! Sainte Marguerite! Mes Voix furent de Dieu. Tout ce que j’ai fait fut de l’ordre de Dieu. Mes révélations étaient de Dieu. Jésus!… » Jeanne d’Arc, dit la Pucelle, venait de mourir.

    Une « sainte » jeune fille venait d’être sacrifiée car elle était devenue un danger politique ; on la craignait parce qu’elle avait combattu contre des hommes et on était jaloux de ses succès. Son corps avait été brûlé mais, semble-t-il, son cœur demeura rouge, couleur du sang. Le bourreau prit peur et jeta ses restes dans la Seine.

    De l’hérésie à la canonisation

    Après la mort de Jeanne, trois enquêtes se sont échelonnées sur une période de 25 ans, ayant pour but d’étudier la façon dont s’est déroulé procès. La première enquête eut lieu le 15 février 1450 ; elle fut instituée à la demande de Charles VII, mais l’enquête n’eut pas de suite. Pour plaire à la cour française, une seconde enquête similaire fut ouverte par le cardinal d’Estouteville en 1452 ; elle connut le même sort que la précédente.

    Puis en 1455, la mère de Jeanne demanda l’ouverture de la troisième enquête qui fut gérée par l’autorité inquisitoriale et transformée en un nouveau procès. Le nouvel inquisiteur de France, Jean Brehal, fut en faveur de Jeanne et rendit un verdict qui allait dans le même sens que ses convictions.

    Ainsi, dans la grande salle du palais de l’archevêque Jean Juvénal des Ursins, le 7 juillet 1456 à Reims, les commissaires pontificaux « […] déclarèrent le procès de condamnation de Jeanne et la sentence entachés de vol, de calomnie, d’iniquité, de contradiction, d’erreur manifeste en fait et en droit y compris l’abjuration, les exécutions et toutes leurs conséquences et, par suite, nuls, invalide, sans valeur et sans autorité. » Ce verdict fut annoncé dans les principales villes du royaume et il visait à rétablir la réputation de Jeanne.

    Jusqu’à la fin du XVe siècle, à la cour et dans la haute hiérarchie ecclésiastique, on passa l’épisode « Jeanne d’Arc » sous silence ; on attribua « […] à Dieu seul et à son intérêt pour la monarchie française les événements provoqués par l’action de Jeanne. » Vers 1436, il y eut l’épisode de la fausse Jeanne qui avait été reconnue par les vrais frères de Jeanne, mais elle fut démasquée vers 1440 par le Parlement de Paris ; son nom était Jeanne du Lis.

     

    Enfin, quatre ans après la mort de la vrai Jeanne, une pièce de théâtre du nom de « Mistère du siège d’Orléans » fut jouée dans cette même ville en son honneur.

    Au XVIe siècle, le courant humaniste ignora Jeanne ; on la considérait alors comme la création d’un groupe politique avisé et cynique. Aussi, à cette époque, elle fut considérée parmi les femmes les plus vertueuses. Enfin, dans le contexte des guerres religieuses, Jeanne fut perçue comme la patronne des catholiques extrémistes.

    Le XVIIe siècle fut également une époque négative pour Jeanne d’Arc. Les idéologies classiques n’appréciaient guère le caractère « gothique » de la Pucelle et les libertins la voyaient comme une subtilité politique.

    Le XVIIIe siècle, le siècle des Lumières, a toutefois une opinion dichotomique sur Jeanne. D’abord, Voltaire chercha à la ridiculiser dans l’épopée héroï-comique La Pucelle (1738) et Beaumarchais fut de même dans ses Lettres sérieuses et badines (1740). L’Encyclopédie, quant à elle, ne « voyait qu’en Jeanne une malheureuse idiote manœuvrée par des fripons », alors que Montesquieu la considérait comme une pieuse fourberie.

    La littérature catholique propose toutefois une toute autre conception de Jeanne. Quoiqu’elle puisse avoir un parti pris, cette dernière louangeait la Pucelle, contrairement à ses semblables du XVe siècle. Aussi, par les auteurs Robert Southey et Schiller, Jeanne était devenue une héroïne romantique. Enfin, le mythe de Jeanne devenait de plus en plus populaire avec la montée du patriotisme moderne.

    Au XIXe siècle, après la guerre de 1870, Jeanne fut surnommée la « bonne Lorraine » parce qu’elle était également originaire de cet endroit. Elle incarnait désormais l’espérance et la revanche des Français.

    Finalement, au début du XXe siècle, Jeanne était pratiquement un culte pour les monarchistes, les républicains, les catholiques et les laïcs. C’est grâce aux passions nationalistes qui ont précédées la Première Guerre mondiale que Jeanne a été béatifiée en 1909. Enfin, l’honneur ultime lui est octroyé en 1920 ; elle est canonisée par le pape Benoit XV, puis déclarée patronne de la France.

    Conclusion

     

    En résumé, l’arrivée de Jeanne d’Arc a grandement influencé le déroulement de la guerre de Cent Ans, particulièrement vers sa fin. En effet, Jeanne a permis au roi Charles VII de retrouver sa couronne et, grâce à elle, les Anglais se virent infliger plusieurs défaites. Elle a toujours cru en sa mission divine ; elle ne l’a jamais reniée, même au moment de sa condamnation. Le contexte dans lequel elle dut manœuvrer ne jouait pas en sa faveur ; il était « réticent par distance sociale et culturelle (du côté français) et hostile à cause des formes militaires et politiques de son action (du côté anglais) ».

    Ainsi, comme l’a rapporté Henri VI dans sa lettre, Jeanne fut condamnée au bûcher car on la croyait dangereuse pour la population. Pourquoi le roi Charles VII n’est-il pas intervenu pour sauver Jeanne alors qu’elle avait tant fait pour lui ? Voilà une question à laquelle les historiens ne peuvent pas encore répondre.

    sources : http://cgs-61.kazeo.com/Jeanne-d-Arc,r201476.html

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  • Jeanne d’Arc dite La pucelle d’Orléans ou Sainte Jeanne d’Arc

      

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    Jeanne d’Arc

      

      

      

      

    Née vers le 6 janvier 1412 dans le Barrois à Domrémy, morte le 30 mai 1431 à Rouen, Jeanne d’Arc est la fille de Jacques Darc (ou Tarc ou Dare, l’orthographe d’Arc apparaît pour la première fois dans un poème en 1576) et d’Isabelle Romée, paysans aisés.

    De son enfance on connaît ce qu’elle-même et certains témoins en ont évoquée aux procès : sa dévotion, marquée par l’enseignement des ordres mendiants (confession et communion fréquentes, pratique des œuvres de miséricorde, culte spécial à certains saints et surtout à la Vierge et au nom de Jésus qu’elle prononcera sur le bûcher).

    Selon différents témoignages, elle entendit des voix célestes à l’âge de treize ans, celles de saint Michel et des martyres sainte Catherine et sainte Marguerite qui lui enjoignaient de libérer le royaume de France de l’occupation anglaise et de faire sacrer le dauphin futur Charles VII roi de France à Reims.

    En mai 1428 elle va trouver le représentant du roi à Vaucouleurs, le capitaine Robert de Baudricourt, qui la traite de folle et la renvoie chez elle. Le 12 février 1429, elle fait une nouvelle tentative auprès de Baudricourt. Sous la pression de partisans de Jeanne, après une séance d’exorcisme d’où elle sort victorieuse, Baudricourt cède. Il lui accorde une escorte armée. En onze jours la petite troupe, partie le 13 février de Vaucouleurs par la porte de France, arrive à Chinon, résidence du Dauphin.

    Jeanne d’Arc ne connaît pas le Dauphin, quand elle entre dans la salle du château il y a de nombreux gentilshommes. Charles VII est parmi eux sans aucun signe distinctif. Le comte de Clermont qui a pour mission de se faire passer pour le Dauphin s’avance, Jeanne l’ignore et va directement s’agenouiller devant Charles en lui disant :

    « Voilà le roi ! En nom Dieu gentil prince, c’est vous et non un autre ! Je te le dis de la part du Messire, tu es vrai héritier de France et fils de roi, et il m’a envoyé à toi pour te conduire à Reims, pour que tu reçoives ton couronnement et ta consécration, si tu le veux. »

    Pendant une heure ils vont s’entretenir à l’écart des autres, ce qu’ils se sont dit nul ne le sais. Charles a les yeux embués de larmes et précise qu’elle vient de lui confier un secret que personne ne connaissait et ne pouvait connaître, si ce n’est Dieu.

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    Jeanne d’Arc

    Jeanne doit alors se soumettre à une enquête menée par les maîtres de l’Université à Poitiers afin de prouver qu’elle n’était pas sorcière. Elle passe l’épreuve avec succès et adresse au roi d’Angleterre et au duc de Bedford, le 22 mars 1429, une lettre [1] dans laquelle elle se déclare « envoyée de par Dieu, le roi du ciel », pour combattre les Anglais et les « bouter hors de France ».

    Charles VII offre à Jeanne une armure. Son épée, marquée de cinq croix, fait l’objet d’une histoire particulière. Jeanne la désigne après une révélation, située derrière l’autel de l’église Sainte-Catherine de Fierbois (près de Chinon). La rouille qui la couvrait tomba sans effort... Jeanne la conservera jusqu’en avril 1430, sans jamais s’en servir car elle ne répandit jamais le sang.

    Jeanne fait confectionner l’étendard qui l’accompagnera tout au long de son aventure : blanc, le Christ au jugement, avec un ange tenant une fleur de lys, l’inscription « Jesus Maria ».

    A la tête des troupes royales Jeanne d’Arc entre dans Orléans en avril. Après quelques assauts, les Anglais lèvent le siège le 8 mai 1429. Cette victoire apparaît comme le signe de l’intervention divine, d’autant que Jeanne avait prédit la mort de Glasdale, l’un des chefs anglais ; sa popularité devint alors immense. Jeanne rejoint le roi à Loches le 11 mai et le persuade de partir pour Reims : Charles est couronné et sacré le 17 juillet dans la cathédrale, comme ses ancêtres et selon le même rituel. Jeanne se trouve au premier rang, tenant fièrement son étendard : « Il avait été à la peine, c’était bien raison qu’il fût à l’honneur », répondra-t-elle aux juges qui s’étonnaient qu’elle, petite paysanne, tînt ce jour-là une place plus éminente que d’autres capitaines plus prestigieux.

    Charles VII, décidé à mener désormais la politique de son choix, négocie la paix du royaume et l’entente avec Philippe de Bourgogne. Jeanne ne pouvant se résoudre à l’inaction poursuivit la guérilla : à Saint-Pierre-le-Moûtier, à La Charité-sur-Loire. En tentant de prendre Paris aux Anglo-Bourguignons, elle est blessée à la porte Saint-Honoré le 8 septembre 1429, puis, après s’être repliée, échoue à la Charité-sur-Loire.

    Appelée à l’aide par les habitants de Compiègne assiégée, elle est capturée par les Bourguignons le 23 mai 1430 et leur chef, Jean de Luxembourg-Ligny, la livre aux Anglais contre rançon. Ces derniers la remettent à la justice d’Église, tout en déclarant qu’ils la reprendraient si elle n’était pas déclarée hérétique.

    Le tribunal

    Un tribunal ecclésiastique est constitué, par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, diocèse sur le territoire duquel Jeanne avait été prise ; son diocèse étant aux mains des Français. Cet universitaire parisien, devenu une créature des Anglais, était replié à Rouen. Depuis longtemps gagné aux Bourguignons, il était l’un des rédacteurs de l’ordonnance « progressiste » de 1413, dite ordonnance « cabochienne » [2]. Il s’adjoignit, malgré les réticences de celui-ci, un dominicain, frère Jean le Maître, vicaire de l’inquisiteur de France à Rouen. Ce furent les deux seuls juges de Jeanne, entourés d’un certain nombre de conseillers et d’assesseurs à titre consultatif.

    Les charges

    • Port de vêtements d’homme, qui tombait sous le coup d’une interdiction canonique.
    • Tentative de suicide qui n’était en fait qu’une tentative d’évasion lorsqu’elle se jeta du haut d’une tour du château de Beaulieu-en-Vermandois.
    • Ses visions considérées comme une imposture et un signe de sorcellerie.
    • Refus de soumission à l’Église militante, et divers griefs mineurs.

    Le procès

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    Jeanne d’Arc au bûcher
    Peinture visible au Panthéon

    Le procès s’ouvre à Rouen le 9 janvier 1431. Malgré quelques entorses aux règlements, il est conforme à la légalité inquisitoriale. La partialité se manifestera surtout dans la façon de conduire les interrogatoires et d’abuser de l’ignorance de Jeanne. L’Université de Paris a qui sont confiées les déclarations de Jeanne d’Arc déclare solennellement le 14 mai 1431 qu’elle est idolâtre, invocatrice de démons, schismatique et apostate. Cette même institution lui offrira deux choix possibles : elle abjurera publiquement ses erreurs, ou elle sera abandonnée au bras séculier.

    Jeanne, qui a résisté aux menaces de torture, « abjure » le 24 mai au cimetière de Saint-Ouen. Elle se ressaisit bientôt et, en signe de fidélité envers ses voix et Dieu, elle reprend le 27 mai ses habits d’homme. Un nouveau procès est expédié et, le 30 mai 1431, Jeanne hérétique et relapse, est brûlée sur le bûcher sur la place du Vieux-Marché de Rouen.

    La réhabilitation

    Suivant la troisième prophétie de Jeanne, les troupes de Charles VII reprennent Paris en 1437. Le 15 février 1450 Charles VII fait procéder à une enquête sur la façon dont s’était déroulé le procès de Jeanne...il n’y aura pas de suite.

    En 1452 le cardinal d’Estouteville, légat pontifical, fait rouvrir l’enquête sans plus de résultat

    C’est en 1455, à la demande de la mère de Jeanne que débute un nouveau procès d’inquisition. Le Dominicain Jean Bréhal, grand inquisiteur de France se dépense sans compter en la faveur de la mémoire de Jeanne d’Arc. Le 7 juillet 1456, dans la grande salle du palais archiépiscopal de Rouen, les commissaires pontificaux, sous la présidence de Jean Juvénal des Ursins, archevêque de Reims, déclarèrent le procès de condamnation de Jeanne et la sentence « entachés de vol, de calomnie, d’iniquité, de contradiction, d’erreur manifeste en fait et en droit y compris l’abjuration, les exécutions et toutes leurs conséquences » et, par suite, « nuls, invalides, sans valeur et sans autorité ». Cette décision est publiée solennellement dans les principales villes du royaume.

    Elle sera ensuite béatifiée en 1909 et canonisée en 1920 par le pape Benoît XV.

    par Webmaster

    [1] Extrait de la lettre de Jeanne aux anglais « Faites raison au Roi du Ciel ; rendez à la Pucelle qui est envoyée par Dieu, le Roi du Ciel, les clefs de toutes les bonnes villes que vous avez prises et violées en France. Allez-vous-en en votre pays, de par Dieu, et si ainsi ne le faites, attendez les nouvelles de la Pucelle, qui vous ira voir brièvement à vos bien grands dommages. Je suis envoyée de par Dieu, le Roi du Ciel, pour vous bouter hors de toute France. Si vous lui faites raison, encore pourrez venir en sa compagnie, là où les Français feront le plus bel fait que oncques fut fait pour la chrétienté ».

    [2] Sous le règne de Charles VI, parti populaire parisien, dirigé par le boucher Simon Caboche, qui soutenait la faction des Bourguignons contre celle des Armagnacs. Ces derniers exterminèrent, en 1414, les cabochiens, dont les violences avaient exaspéré les Parisiens.

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