• Histoire de la Littérature Française - La Courtoisie ( V )

    En effet, le mot « courtois » signifie au départ « qui vient de la cour ». La courtoisie désigne une façon d’être, l’ensemble des attitudes, des mœurs de la cour seigneuriale dans laquelle les valeurs chevaleresques sont modifiées par la présence des dames. L’amour courtois est un code que doit suivre le chevalier.

    La cour

    Sous l’influence de l’Église qui incitaient les seigneurs à faire la paix (trêve de Dieu), les mœurs s’adoucissent. Moins tournés vers les Croisades et la défense de leur fief, les seigneurs s’habituent à la vie de cour. Puis, peu à peu, les mœurs subissent aussi l’influence de l’univers féminin plus délicat. Sous l’instigation de femmes de haut rang, comme Aliénor d’Aquitaine, d’abord femme du roi de France, puis femme du roi d’Angleterre, s’instaurent des cours d’amour où les artistes chantent la femme, idéalisée, parfaite, inaccessible. Découlant du mot latin domina s’impose bientôt le mot français dame, titre donné à la femme et soulignant son caractère de maîtresse. Suzeraine, la femme l’est en effet en amour.

    La dame

    L’amant courtois est séduit par la dame, une femme dotée d’une beauté et de mérites exceptionnels, qui est mariée, accomplie. Au Moyen Âge, il existe une forte tension entre l’amour et le mariage. On ne se marie pas alors pour l’amour : on se marie par intérêt, pour perpétuer la famille, pour s’allier à un clan. Le mariage est affaire de raison, et souvent décidé d’avance par les parents des époux.

    Alors que le mariage est à la portée de tous, l’amour vrai, quant à lui, n’est ressenti que par les âmes nobles (c’est du moins le point de vue des auteurs du courant courtois). L’amour noble n’est ni banal ni vulgaire. Il n’est ni facile ni intéressé, même s’il est généralement éprouvé envers une femme d’une condition supérieure. Cet écart entre les statuts sociaux rend la femme inaccessible, l’élève au rang des divinités à adorer.

    Histoire de la Littérature Française - La Courtoisie ( V )Le fin’amor

    Si l’acte sexuel est la consécration de l’amour, le sentiment noble invite à la sublimation. Ne se laissant pas dominer par ses désirs charnels, l’amant courtois gagnera le cœur de sa dame en lui témoignant un amour empreint de délicatesse et de retenue. Sa passion doit l’amener à surpasser son désir pour la dame afin d’éprouver pour elle un amour raffiné, profond, véritable, un amour transposé sur un plan supérieur. Cet amour « spirituel » – on l’appelle fin’amor en langue d’oc, ce qui veut dire « amour parfait » ou « amour sublimé » – est caractérisé par le plaisir provoqué par la manifestation du divin chez l’autre. Le fin’amor est rare et, comme il a été déjà mentionné, incompatible avec le mariage. Ce sentiment incite le chevalier à se surpasser pour s’élever au niveau de sa dame : le cœur noble est l’idéal à atteindre pour l’homme.

    L’amant courtois

    L’amant courtois est un guerrier héroïque. On sait que le code du chevalier est basé sur l’honneur. Il est fort, adroit, mais, surtout, loyal envers son suzerain. Sa noblesse de cœur fait de lui un homme franc, poli et subtil. La force physique valorisée dans les textes épiques existe toujours, mais elle est maintenant canalisée dans les tournois, des combats rangés où le chevalier défend les couleurs ou même l’honneur de sa dame. La vaillance du chevalier est donc toujours exigée, mais elle trouve désormais une expression amoureuse. En fait, l’amour devient source de toute vaillance et de toute générosité.

    L’amant courtois est totalement soumis et dévoué à sa dame : abnégation, obéissance et discrétion sont ses mots d’ordre. Pour mériter l’amour de sa dame (qui fait preuve de froideur et de caprices), afin de prouver l’intensité et la constance de son amour, le chevalier devra se plier au « service d’amour », c’est-à-dire qu’il devra se soumettre aux coutumes de l’attente et sortir vainqueur d’une série d’épreuves souvent fixées par sa maîtresse. Mais cela lui importe peu : lorsque le cœur noble est épris, plus rien ne compte. Les exploits accomplis, la souffrance, le grandiront moralement. Rudement mis à l’épreuve, le chevalier amoureux doit même trouver de la joie dans la souffrance et la séparation. Les épreuves, preuve de sa perfection morale, lui permettront de conquérir sa bien-aimée et d’obtenir une récompense.

    Histoire de la Littérature Française - La Courtoisie ( V )Quand il aime, le chevalier courtois rend hommage à sa dame, elle devient la suzeraine de son cœur : il s’y soumet aveuglément. La loyauté à la dame passe avant celle au suzerain : il doit faire preuve d’une obéissance totale, d’une fidélité indéfectible. Cette soumission amène ainsi, pour le chevalier, le conflit qui oppose son amour à son honneur. Renoncer à l’honneur pour l’amour représente le sacrifice le plus grand qu’il puisse faire.

    Les joies d’amour

    Après la discipline, l’attente, les épreuves, le sacrifice de son honneur, le chevalier peut enfin s’abandonner au plaisir sensuel. En effet, les troubadours, idéalistes mais aussi réalistes, voyaient l’acte sexuel – mérité de la sorte – comme le sacrement de l’amour. La vulgarité de la sexualité s’efface devant la discipline imposée. Une passion sans frein, qui ne recule pas devant le scandale, est choquante. Les conséquences sont désastreuses pour les amants : la dame perd son honneur, élément essentiel à sa perfection et... à son titre, alors que le chevalier voit ignorer sa valeur, qui n’est ni reconnue ni publiée.

    Toutefois, il se peut que cet acte d’amour ne se produise jamais, et que les faveurs de la dame, jamais accordées, aient entretenu de beaux rêves, suscité d’ardents espoirs, inspiré des actes généreux. Ce complexe état d’âme créé par cette attente et cet effort est ce qu’on appelle la « joie d’amour ».

    L’amour fatal

    Si la littérature courtoise – qui s’inscrit souvent dans un monde merveilleux, peuplé d’éléments surnaturels, de personnages mystérieux et fantastique (des mages, des fées, des nains et des géants, etc.) – présente ainsi les jeux aimables de l’amour ; il n’en demeure pas moins que cet amour, parfois peint de façon mélancolique, est soumis quelquefois aux vicissitudes du destin. On rencontre alors le thème de l’amour malheureux, de l’amour contrarié qui se heurte à des obstacles, qui se brise parfois sur des écueils, mais qui demeure malgré tout victorieux, car l’amour courtois, par-delà la mort même, est un sentiment vrai et éternel.

    Texte adapté de Marie-Josée NOLET et Christiane FRENETTE, Cégep de Lévis-Lauzon, 1998, et de Denise BESSETTE et Luc LECOMPTE, Anthologie et Courants épique et courtois, Cégep de Lévis-Lauzon, 1995.

     

    La courtoisie est un idéal de conduite à tenir à l’égard des dames et des demoiselles. C'est un code social qui inverse la hiérarchie traditionnelle et place la dame en position de supériorité par rapport à son ami. En échange de la dévotion totale qu’elle attend de lui, elle lui accorde son amour, plus souvent symbolique que concret.

     


    Scène galante
      

    Histoire de la Littérature Française - La Courtoisie ( V )La courtoisie fait donc référence à un adoucissement des mœurs. La générosité et la politesse sont maintenant de mise à la cour, et la préoccupation amoureuse est au centre de toute activité humaine.

    L’amant est entièrement soumis au caprice de sa dame (service d’amour), qui est froide, hautaine et déjà mariée (l'amour parfait est adultère). Elle ennoblit son champion en le soumettant à des épreuves.

     

     
     Sources : http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_010b_Courtoisie

      

      

     

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    Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..

    Une vie réglée par la religion

     


    Au Moyen Age, en occident presque tous les hommes étaient chrétiens. Certains partaient en pèlerinage à Rome, à Saint jacques de Compostelle en Espagne, ou sur le tombeau du Christ à Jérusalem.

      

    Il est difficile de s’imaginer l’importance de la religion du Moyen Âge, tant elle ressemble peu à celle qu’elle occupe aujourd’hui. Mais, à une époque où les gens ne savaient ni lire ni écrire, où les saintes Écritures étaient réservées aux seuls gens de robe (clercs, prêtres, etc.), où un pape pouvait excommunier un roi, la religion était le point d’ancrage de la politique, de la vie quotidienne, de la société : elle était le principal ciment social, puisque tous avaient la foi.

    La religion chrétienne1 du XIIe siècle n’est, bien sûr, pas celle des origines. Les disciples du Christ ont propagé la bonne parole, ont baptisé. Ceux qu’on appelle les Pères de l’Église2 ont formulé, d’après leur interprétation de la Bible, une série de règles qu’on appelle des dogmes, auxquels on doit obligatoirement croire. Certaines de ces croyances ont amené des divergences d’opinion, voire de graves disputes. C’est ainsi que se sont séparées les Églises d’Orient et d’Occident au XIe siècle et qu’a eu lieu le grand schisme d’Occident au XIVe siècle.

    Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..Au XIIe siècle, le christianisme semble à la fois simple et complexe. D’une part, son manichéisme est flagrant ; la vision du monde qu’il sous-tend est ainsi fort simple et ressemble un peu à celle du cinéma américain contemporain : il y a le bien et le mal qui s’opposent. Les bons vont au Paradis et les méchants, en Enfer. Pour ceux qui ne sont pas tout à fait méchants, qui ont cherché à racheter leurs fautes d’une quelconque façon, on a inventé à cette époque un endroit transitoire : le Purgatoire, lieu où l’homme expie ses péchés grâce aux prières que les vivants disent pour lui, et où il attend la délivrance... parfois jusqu’au jugement dernier. La représentation de Dieu qu’on se fait aussi est fort simple : c’est un Dieu juge, qui récompense ou qui punit, qui voit tout et qui sait tout.

      

    D’autre part, le christianisme est déjà complexe dans ses dogmes et dans son culte, auquel on reviendra un peu plus loin. La liturgie du XIIe siècle était tout de même assez près de ce qu’elle est aujourd’hui, à la différence près que la messe était dite en latin et qu’il était, bien sûr, obligatoire d’y participer, à moins d’avoir une dispense du curé. La confession annuelle a été rendue obligatoire à peu près à cette époque et elle seule permettait la communion : c’est donc dire que la communion n’était pas si courante.

    Au Moyen Âge, la religion occupe ainsi une place plus qu’importante : elle est le moteur de la vie quotidienne. En effet, on remarquera d’abord que c’est elle qui marque le passage du temps. Non seulement compte-t-on les années depuis la naissance du Christ (on parle alors d'anno domini), mais on ponctue les années elles-mêmes de fêtes religieuses : Noël, Carême, Pâques, Pentecôte, etc. Elle encadre aussi la vie humaine par les sacrements : baptême à la naissance, confirmation du jeune adulte, confession (pénitence) et communion (eucharistie) annuelles, mariage, extrême-onction du mourant. Elle a de plus une fonction de protection, à travers le culte des saints. Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..

    Les hommes du Moyen Âge avaient, de fait, une croyance qui peut paraître aujourd’hui quelque peu superstitieuse : ils pensaient que, du haut des cieux, les saints les regardaient et que, s’ils les invoquaient au bon moment, s’ils portaient une médaille les représentant ou une de leurs reliques, s’ils se rendaient en pèlerinage à un lieu spécifique pour chaque saint, ceux-ci pouvaient empêcher qu’il ne leur arrive malheur. D’ailleurs, chaque corps de métier avait son patron, c’est-à-dire qu’il était représenté par un saint. C’est ainsi que s’est développé un culte assez complexe, chaque saint ayant sa spécialité3. Il fallait surtout faire attention de ne les pas vexer, puisqu’il arrivait qu’un saint se venge de n’avoir pas été appelé au secours – ou d’avoir été confondu avec un autre !

    De la même manière, on faisait de nombreuses processions dans les villages pour se protéger des tempêtes, de la sécheresse, des famines et de la peste ou pour remercier le ciel des bonnes récoltes de l’année. La religion jouait enfin un rôle important dans l’art médiéval, puisque la Bible, si elle n’était lue que par les seuls prêtres et moines, était source d’inspiration tant pour les peintres que pour les écrivains, musiciens, sculpteurs et architectes, qui illustraient pour le peuple les histoires et les leçons religieuses.

    Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..Si elle est importante dans la vie personnelle de l’homme et dans celle du village, la religion a trois champs d’influence majeurs. Elle est d’abord une puissance spirituelle. En effet, si étrange que cela puisse paraître, il revient aux gens de robe de prier – et c’est dans ce sens que la société du Moyen Âge est divisée en trois ordres. C’est que seuls ceux qui ont étudié connaissent les mots pour s’adresser à Dieu au nom de ceux qui se battent et de ceux qui travaillent. Il est donc normal que ce soit eux qui définissent la foi et la morale. Ils ont, en quelque sorte, les clefs du Paradis, puisqu’ils peuvent jeter l’anathème sur quiconque ou excommunier ceux qu’ils jugent indignes.

    Ils peuvent même convaincre quiconque d’hérésie4 (l’utilisation de la questio, la torture psychologique et physique, est alors permise) et le remettre à la justice en recommandant la sentence à être exécutée. Contrairement à ce que l’on croit habituellement, peu de gens sont brûlés pour hérésie au Moyen Âge – c’est plus tard qu’auront lieu les grands autodafés. Toutefois, le droit médiéval est fondé sur l’image présentée plus haut d’un Dieu juge. En effet, on a la croyance que le Tout-Puissant est du côté des justes – c’est d’ailleurs pourquoi le duel judiciaire semble justifié aux yeux de l’homme du XIIe siècle.

    Par exemple, pour distinguer le coupable de l’innocent, on les marque tous deux au fer rouge : Dieu guérira plus rapidement l’innocent ; de même, on n’a qu’à jeter une personne dans l’eau pour savoir si elle est innocente : si c’est le cas, elle coulera, car l’eau rejette les éléments impurs. La religion est aussi une puissance intellectuelle et culturelle. Les clercs jouent un rôle culturel important, puisqu’ils sont les seuls à savoir lire et écrire. Ils sont les intellectuels du XIIe siècle et ont pour mission de préserver la culture et de faire progresser la « science » en étudiant et en commentant plus en profondeur la Bible, les Pères de l’Église et Aristote. La religion est enfin une puissance économique.

    En effet, les monastères que font construire les nombreux ordres religieux et la culture des vastes terres sur lesquelles ils sont édifiés emploient nombre de travailleurs. Les religieux prélèvent aussi une dîme, c’est-à-dire que tous doivent remettre une partie de leur avoir chaque année pour contribuer au salaire des officiants et à l’entretien de l’église. Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..

    Cela a amené les dirigeants spirituels à amasser une fortune considérable, surtout en terres (que beaucoup de propriétaires ont léguées à l’Église plutôt qu’à leurs enfants pour s’assurer d’une place au Paradis), et à vivre dans une ostentation qui amènera plusieurs protestations (d’où sont nés les ordres mendiants comme les frères franciscains) et, à la Renaissance, la Réforme – la création du culte protestant.

     

    1. Notez qu’on parle alors de christianisme et non pas de catholicisme, puisque ce concept n’apparaît qu’avec la contre-réforme, à la Renaissance, en réaction au protestantisme.
    2. Notez qu’on écrit église pour référer au bâtiment, à la construction architecturale, mais qu’on écrit Église pour référer à l’organisation religieuse en entier.
    3. Par exemple, saint Apollinaire était le patron des couturières et on l’invoquait pour guérir la goutte, l’épilepsie et les maladies vénériennes, saint Benoît était le patron des enseignants et des écoliers et on l’invoquait en cas d’empoisonnement, de fièvre, quand on se croyait victime d’un mauvais sort ou au combat ; on invoquait saint Jude en dernier recours, puisqu’il était le patron des causes désespérées.
    4. Un hérétique est quelqu’un qui soutient une opinion ou qui a des pratiques condamnées par l’Église parce qu’elles vont à l’encontre des dogmes formulés par celle-ci.

    Par exemple, la simonie et la sodomie pouvaient entraîner de sévères représailles.

    Réf. : Georges DUBY, Le Moyen Âge. Adolescence de la chrétienté occidentale 980-1140, Genève, Skira, 1995 [1967], p. 91-92, Didier MEHU, Gratia Dei. Les chemins du Moyen Âge, Québec, Musée de la civilisation et Fides, 2003, p. 15, 17, 127 et Clemens JÖCLE, Encyclopedia of Saints, London, Alpine (Fine Arts collection), 1995, p. 43, 67 et 257.

     

     

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    Histoire de la Littérature Française, l'époque médièvale.

     

    Au Moyen Âge, le livre comme nous le connaissons aujourd'hui n'existe pas. D'ailleurs, fort peu de gens, à part les clercs, savent alors lire et écrire. La littérature, en ce temps, est principalement orale, c'est-à-dire qu'elle est racontée par les troubadours ou les trouvères. Les gens, réunis dans la cour du château, écoutent les contes des jongleurs.

    Le jongleur est celui qui plaisante (joculari, en latin) et qui bavarde (jangler, en latin). Sa mémoire exceptionnelle lui permet de se rappeler les centaines, voire les milliers de vers des divers récits que le peuple aime à entendre - c'est, d'ailleurs, la rime qui lui permet de retenir le texte, qu'il modifie souvent à son gré. Il mime pour eux divers passage, il rend le texte « vivant ».

    Il faut comprendre que c'est le passage l'« oralité » à l'écriture qui permet aux œuvres de durer, et qui donnent vraiment leurs lettres de noblesse aux auteurs, qui acquièrent le véritable statut d'écrivain.

    Même si les genres littéraires ne sont pas encore vraiment codifiés, les auteurs apportent une grande attention à la forme de leurs écrits. Il est important pour eux de suivre la tradition, sans chercher l'originalité. D'ailleurs, l'anonymat est la règle d'or pour les écrivains du Moyen Âge. Ils n'essaient pas de se démarquer, mais d'intégrer au mieux la tradition, de réécrire des textes antérieurs, d'en rassembler des éléments épars. L'auteur au Moyen Âge se considère comme un traducteur ou un continuateur plutôt que comme un créateur. La notion de « propriété littéraire » ou de « propriété intellectuelle » n'existe pas. Le texte n'appartient pas à un auteur et il est normal de s'en servir, de le plagier, de le remanier, de le poursuivre ou d'en changer le début.



     Miniature, XIIIe siècle
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  • Histoire de la littérature française, la Chevalerie ( II )La chevalerie est une caste supérieure de guerriers au code moral très strict, et se donnant pour mission de protéger la veuve et l’orphelin.

    Au cours du XIe siècle, dans tout l’Occident chrétien, se développe une nouvelle classe sociale, celle des chevaliers. En fait, pour être juste, on devrait dire la caste des chevaliers, car les chevaliers n’ont jamais fait partie de la grande classification qui va de soi au Moyen Âge parce qu’au départ, ils sont recrutés dans toutes les classes. Ils sont d’abord et avant tout des spécialistes de la guerre, rassemblés autour des maîtres du pouvoir, les aidant à défendre le territoire et à maintenir la paix.

    La guerre au XIIe siècle n’est pas seulement une lutte opposant deux peuples, comme c’est souvent le cas aujourd’hui. Elle est intégrée à la vie quotidienne, conséquence, souvent, du régime féodal. Quelles qu’en soient les motivations, elle est un facteur de troubles et d’insécurité, provoquant la misère et la famine du peuple, qui ne participe pas à la lutte, mais en subit toutes les retombées économiques et morales. À cela, bien entendu, il faut ajouter le désordre intérieur : en toute époque de crise et d’insécurité, il faut survivre, d’où l’apparition d’un banditisme qui prend les formes les plus diverses.

    La chevalerie aurait donc été créée pour garantir la société de tous les désordres, intérieurs et extérieurs. Son code moral lui impose la protection de la veuve et de l’orphelin, c’est-à-dire de tous les démunis.

    Si, au départ, le chevalier provient de n’importe quelle couche de la société, la chevalerie se trouve peu à peu rassemblée par sa situation privilégiée au faîte de l’édifice politique et social. En effet, l’évolution récente de l’art de la guerre a fini par rendre plus efficaces les combattants dont l’armement était complet – armement dont la pièce maîtresse était le cheval. Rapidement, donc, les chevaliers se sont élevés au-dessus de la piétaille. Même si tous deux font la guerre, il ne faut pas confondre chevalier et soldat : le chevalier ne touche pas de solde. On comprend donc qu’au XIIe siècle, seuls les plus riches peuvent posséder un cheval et tout l’équipement nécessaire (la lance et l’épée, l’écu, le heaume et le haubert).

    La caste des chevaliers, déjà étroite, s’est refermée progressivement jusqu’à se réserver le titre, transmis de génération en génération. Ainsi, il existe une justification démocratique de l’aristocratie : les meilleurs et les plus forts ont été choisis par les victimes de l’oppression. La noblesse est donc directement issue du peuple qui, incapable de se défendre lui-même, confie son sort à des protecteurs.

    Histoire de la littérature française, la Chevalerie ( II )Les seigneurs se préparent très jeunes au métier des armes. Ils sont tout d’abord pages, c’est-à-dire qu’ils aident le suzerain à s’habiller et font de légères tâches pour lui (messages, courses, etc.). Ils sont ensuite valets, puis, écuyers – ils s’occupent alors des chevaux, entretiennent les armes, portent les bagages, etc. Vers l’âge de quinze ans, ils sont enfin admis au combat.

    C’est par la cérémonie de l’adoubement que l’écuyer devient chevalier. Le rituel, assez complexe, commence la veille de la cérémonie : le futur chevalier doit prendre un bain, jeûner et passer la nuit en prières. Après la messe et la communion du matin, on remet au jeune homme ses armes défensives et offensives.

    On le frappe ensuite violemment, soit de la main, soit du plat d’une épée : c’est la colée, qui vise à éprouver le jeune chevalier et à montrer sa force. Il est ensuite invité à prouver son habileté et sa puissance au jeu de la quintaine. Enfin, le nouveau chevalier doit prêter serment sur la Bible, promettre fidélité à son seigneur et protection aux pauvres, à la suite de quoi on le fête en donnant un grand banquet en son honneur.

    Ceux qui sont chargés de protéger le peuple doivent posséder diverses qualités. Son code moral, très strict, donne au chevalier des valeurs de référence. Il doit d’abord être preux, c’est-à-dire vaillant. Par le mot « prouesse », on désignait l’ensemble des qualités morales et physiques qui font la vaillance d’un guerrier. Le chevalier doit donc être fort physiquement et psychologiquement. Il doit être fort, agile, rapide et courageux. Devant le danger, un chevalier ne recule pas. Il ne craint pas pour sa vie, puisqu’il la voue à protéger les faibles. Mais une prouesse, si elle n’est pas connue, ne sert strictement à rien. Le vainqueur d’une épreuve sort toujours davantage grandi lorsqu’il y a des témoins.

    Il doit aussi être loyal. En effet, le premier devoir du chevalier est de tenir parole. S’il rompt la foi qu’il a jurée, c’en est fait de sa réputation. Il faut savoir que la chevalerie est une fraternité dont tous les membres s’entraident. D’ailleurs, il est important que les chevaliers puissent se faire confiance, puisqu’ils vont combattre ensemble : ils doivent être assurés que leurs camarades ne les laisseront pas tomber. La largesse est aussi une valeur du chevalier modèle. Il s’agit du mépris du profit, voire de la prodigalité. Un chevalier ne devait pas s’attacher aux richesses, mais les distribuer autour de lui dans la joie.

     Enfin, un bon chevalier fait preuve de mesure, c’est-à-dire qu’il sait réprimer les excès de sa colère, de son envie, de sa haine, de sa cupidité, qu’il est capable de rester maître de lui-même dans le feu de l’action. La mesure est donc l’équilibre entre la prouesse et la sagesse.

    Afin de l’enseigner aux futurs chevaliers, on les faisait jouer... aux échecs. La courtoisie a aussi contribué à promouvoir la mesure – quand elle n’a pas elle-même versé dans l’excès. On peut dire d’un chevalier qui suivait ces règles morales qu’il vivait selon une éthique de l’honneur. En fait, ce qu’un chevalier doit redouter, c’est la honte, plus encore que la mort.Histoire de la littérature française, la Chevalerie ( II )

    En temps de paix, les chevaliers s’adonnent à la chasse, sport noble, et au tournoi1. Pour conserver intacte leur ardeur guerrière, les chevaliers se battent « amicalement » entre eux. En fait, ce sont des exercices très sérieux et très violents, véritable école de guerre. Ils aiment aussi, bien sûr, les fêtes...

    Si, à la vérité, c’est souvent pour leur force brutale que les premiers chevaliers étaient choisis2, c’est un autre tableau que présente la littérature, où ils doivent non seulement être forts et courageux, mais beaux. Dans le monde courtois, la laideur est une tare, une faiblesse. Les chevaliers doivent aussi avoir du charme et de l’esprit, être polis et bien élevés, être courtois, en somme.

    Il est bien certain que la chevalerie arthurienne, telle qu’elle est décrite dans les romans, représente un idéal et n’a jamais existé, mais la littérature a ceci d’intéressant que, opérant une synthèse entre le mythe et la réalité de l’époque, elle donne une image minutieuse de la façon dont on voyait le chevalier idéal au XIIe et au XIIIe siècle, dans les cours des grands féodaux de l’époque.

     

    1. Bien qu’il ait emprunté plusieurs formes – dont la mêlée –, il semble qu’au XIIe siècle, le tournoi était un sport mondain assez ritualisé, où se succédaient des joutes singulières strictement réglées, à la lance ou à l’épée.
    2. Duby dit de la chevalerie que seuls le corps et le cœur y comptaient, non l’esprit : par choix, la chevalerie était illettrée.

    Réf. : Georges DUBY, La Chevalerie, Paris, Perrin, 1993, et Le Moyen Âge. Adolescence de la chrétienté occidentale 980-1140, Genève, Skira, 1995 [1967], p. 81 ss. ; de Jean FLORI, La Chevalerie, Luçon, Éditions Jean-Paul Gisserot, 1998 ; de Didier MEHU, Gratia Dei. Les chemins du Moyen Âge, Québec, Musée de la civilisation et Fides, 2003, p. 153-155 ; de Jean MARKALE, Lancelot et la chevalerie arthurienne, Paris, Imago, 1985, p. 157-197 et Dictionnaire du Moyen Âge, histoire et société, Paris, Encyclopædia universalis et Albin Michel, 1997, p. 228-233 (article « Chevalerie », écrit par Georges DUBY).  

      

      

    Histoire de la littérature française
    Caractéristiques de la chevalerie

    Les seigneurs se préparent au métier des armes dès leur enfance. Ils sont d'abord pages, valets puis écuyers. Ils aident leur suzerain à s'habiller, entretiennent ses armes, s'occupent des chevaux. En tant qu'auxiliaires, ils portent le lourd écu (bouclier) du chevalier lorsqu'il est au combat.

    Histoire de la littérature française, la Chevalerie ( II )Vers l'âge de quinze ans, ils sont admis au combat et s'initient aux manœuvres des armées. C'est l'adoubement qui fait du jeune écuyer un véritable chevalier. Il s'agit en fait d'un rite de passage : après avoir reçu ses armes, le nouveau chevalier est frappé soit du plat d'une arme sur l'épaule, soit de la main sur la joue – c'est la colée, symbole de sa résistance.

    S'il leur revient de protéger les faibles, de faire la guerre, en temps de paix, ils s'adonnent à la chasse, sport noble, et au tournois. Pour conserver intacte leur ardeur guerrière, les chevaliers se battent « amicalement » entre eux. En fait, ce sont des exercices très sérieux et très violents, véritable école de guerre

      

      

    Son code moral très stric donne au chevalier des valeurs de référence. Il doit d'abord être preux, c'est-à-dire vaillant. Par le mot « prouesse », on désignait l'ensemble des qualités morales et physiques qui font la vaillance d'un guerrier. Le chevalier doit donc être fort physiquement et psychologiquement. Il doit être courageux. Devant le danger, un chevalier ne recule pas. Il ne craint pas pour sa vie, puisqu'il la dédie à protéger les faibles. Il doit aussi être loyal. En effet, le premier devoir du chevalier est de tenir parole. S'il rompt la foi qu'il a jurée, c'en est fait de sa réputation.

    Il faut savoir que la chevalerie est une fraternité dont tous les membres s'entraident. D'ailleurs, il est important que les chevaliers puissent se faire confiance, puisqu'ils vont combattre ensemble : ils doivent être assurés que leurs camarades ne les laisseront pas tomber. La largesse est aussi une valeur du chevalier modèle. Il s'agit du mépris du profit, voire de la prodigalité. Un chevalier ne devait pas s'attacher aux richesses, mais les distribuer autour de lui dans la joie. Enfin, un bon chevalier fait preuve de mesure, c'est-à-dire qu'il sait réprimer les excès de sa colère, de son envie, de sa haine, de sa cupidité, qu'il est capable de rester maître de lui-même dans le feu de l'action.

    La mesure est donc l'équilibre entre la prouesse et la sagesse. Afin de l'enseigner aux futurs chevaliers, on les faisait jouer... aux échecs. La courtoisie a aussi contribué à promouvoir la mesure – quand elle n'a pas elle-même versé dans l'excès.

    Ainsi, les qualités d’un bon chevalier sont :

    • prouesse

    • loyauté

    • largesse

    • mesure

    • courtoisie

     

    On peut dire d'un chevalier qui suivait ces règles morales qu'il vivait selon une éthique de l’honneur (règles de comportement et de convenances).



    Un tournoi devant Arthur

     
     

      

    sources : http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_007_chevalerie

      

      

     

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  • Histoire de la littérature française, la Féodalité ( I )

    La société du Moyen Âge est une société fortement hiérarchisée, fondée sur la transmission héréditaire du pouvoir, des titres et de la richesse. Au XIIe siècle, la société est divisée en trois classes ou ordres : les clercs et les hommes d’Église, les guerriers (seigneurs et chevaliers) et les « travailleurs », qui sont paysans, artisans, etc. Deux de ces classes se disputent le pouvoir : les guerriers et les hommes d’Église. Dans les faits, toutefois, aucune de ces trois classes n’est plus importante que les autres, puisqu’elles sont interdépendantes. En effet, ceux qui travaillent ont besoin de la protection des guerriers, qui ont, en retour, besoin du fruit des labeurs des paysans et des produits des artisans. Quant aux hommes d’Église, ils ont besoin à la fois de la protection des chevaliers et du travail des paysans et des artisans. En retour, les deux autres ordres ont besoin de l’Église pour s’assurer du bien-être de leur âme et obtenir la « vie éternelle ».

    Ainsi, la féodalité est un moment particulier dans l’histoire occidentale qui est la conséquence directe de la dissolution de l’autorité publique, assumée jusqu’alors par le roi. En effet, l’affaiblissement de la royauté au IXe siècle change les rapports politiques et, peu à peu, le pouvoir de commander, de rendre justice et de taxer les gens du commun se répartit entre de petites cellules autonomes construites autour des châteaux. Les seigneurs de ces domaines (qui sont parfois très vastes) ont coutume de les séparer en plus petits lopins, qu’ils font cultiver par des paysans libres. Ces parcelles de terres sont appelées fiefs – en fait, le mot « féodalité » est apparu au XVIIe siècle pour qualifier ce qui se rattache au fief.

    C’est donc dire que la société et l’économie du XIIe siècle sont fondées sur l’exploitation des paysans par l’aristocratie dans le cadre de la seigneurie. Même si la terre ne leur appartient pas, les paysans peuvent en garder les fruits ; ils doivent cependant remettre une partie de leur récolte au seigneur et payer pour divers services (entre autres, pour traverser les ponts et pour l’utilisation du moulin seigneurial).

    La féodalité est donc un régime économique et politique : le roi divise ses terres en fiefs qu’il distribue à ses barons à la condition expresse que ceux-ci les défendent. À leur tour, les barons divisent ces espaces en territoires plus petits, que les serfs (paysans libres) cultivent pour eux. C’est toute une pyramide qui se construit alors, chaque homme détenant sa terre d’un autre, plus puissant que lui.

    Entre eux, les hommes sont liés par le serment de fidélité, prononcé au cours de la cérémonie de l’hommage. Il s’agit d’un contrat liant deux personnes par un serment de protection et de travail (le fort protège le faible, qui travaille pour lui). Le seigneur le plus puissant, le suzerain, reçoit l’hommage du seigneur plus faible ou du simple paysan, qui devient son vassal. En échange, il l’investit d’un fief. Au cours de la cérémonie, le vassal, sans armes, s’agenouille devant son suzerain, place ses mains jointes dans les siennes en signe de soumission et se déclare son « homme ». Le suzerain le relève, lui donne un baiser sur la bouche (signe de paix) et lui remet un objet (un bâton ou une lance, souvent) symbolisant le fief – c’est l’investiture. Puis, le vassal jure sur les Évangiles ou sur des reliques qu’il sera fidèle à son suzerain.

    Dans les premiers temps de la féodalité, le fief revient au suzerain à la mort du vassal. Il peut alors le donner à un autre de ses vassaux ou aux descendants du défunt. Peu à peu, cependant, les vassaux prennent l’habitude de le transmettre en héritage à leurs descendants, de sorte que le fief devient héréditaire. Mais, justement, comme les vassaux le retransmettent à tous leurs fils et à toutes leurs filles, ils morcellent et appauvrissent les domaines.

    Les deux personnes unies par l’hommage ont des devoirs l’une envers l’autre, elles ont des obligations réciproques. Le vassal doit à son suzerain le service d’ost (l’assistance militaire : il doit rejoindre son seigneur avec ses hommes, en cas de guerre), le service de cour ou de conseil (il doit siéger à la cour ou au tribunal) et l’aide aux quatre cas, c’est-à-dire une aide financière spéciale (pour la rançon, l’armement du fils aîné, le mariage de la fille aînée ou le départ pour la croisade)1. Le suzerain, quant à lui, doit à son vassal aide et protection et ne doit commettre aucune injustice à son égard.

    À cette protection on ajoute habituellement le devoir d’entretien, c’est-à-dire qu’il lui revient de fournir à son vassal de quoi vivre, ce qu’il fait le plus souvent en l’investissant d’un fief. En fait, le seigneur joue souvent un rôle économique puisqu’il aménage le territoire en construisant moulins et étangs, met en place une administration, avec des « officiers », percepteurs de redevances et juges. Ainsi, avant de s’organiser autour de l’église, la ville naissante s’organise autour du château fort... souvent loin de l’image qu’on s’en fait2.

    Le lien d’hommage unit les deux hommes toute leur vie, sauf manquement de la part de l’un ou de l’autre à ses obligations. Celui qui rompt sciemment le contrat peut être accusé de félonie ; pour le vassal, cette accusation peut mener à la confiscation par le suzerain de son fief.

    L’organisation féodale a pu causer parfois quelques problèmes. En effet, que faire quand on est lié à plusieurs seigneurs qui se font la guerre entre eux ? C’est le concept d’hommage-lige qui a permis de répondre à cette épineuse question : il s’agit de l’hommage principal, celui qu’il faut respecter en priorité. (Mais il est même arrivé que certains vassaux se voient dans une situation où les deux seigneurs dont ils étaient les hommes-liges entrent en guerre...)

    Le roi, bien sûr, est au-dessus de cette organisation sociopolitique, puisqu’il est « élu par Dieu ». En fait, le roi, au départ simple suzerain, se voit conférer une autorité supérieure, une autorité incontestable par le sacre. Toutefois, l’hérédité du fief fait en sorte que la puissance du roi diminue puisque certaines terres lui échappent ; ses revenus diminuent d’autant, comme les hommes à sa disposition pour le service d’ost. En n’ayant pas la puissance militaire pour faire valoir son droit divin, il est souvent plutôt une figure symbolique qu’un roi tout-puissant comme on en verra plus tard (comme Louis XIV, par exemple).

     

    1. L’évêque Fulbert de Chartres, au début du XIe siècle, écrivait que « l’obligation fondamentale du vassal [était] de ne rien faire qui puisse causer dommage au seigneur dans son corps, dans ses biens, dans son honneur ». Cela a bien changé à la fin du Moyen Âge, où le vassal doit donner plusieurs jours par semaine pour aider son seigneur à diverses tâches, comme faire les foins, construire ou reconstruire des murailles et des palissades, etc.
     

    2. Au Xe siècle, le château est une tour ou un donjon en bois, entouré d’une palissade à l’abri de laquelle les paysans vont se réfugier en temps de guerre. Il se situe généralement en hauteur (au sommet d’une colline ou d’une éminence artificielle qu’on appelle la « motte », et qui symbolise le pouvoir féodal). Didier MÉHU, dans Gratia Dei. Les chemins du Moyen Âge (Québec, Musée de la civilisation et Fides, 2003, p. 140), fait un bref historique de l’évolution du château fort tout au long du Moyen Âge très intéressant.

    Réf. : Marc BLOCH, La Société féodale, Paris, Albin Michel (L’Évolution de l’humanité), 1968 [1939], p. 209 ss., de Jean FLORI, La Chevalerie, Luçon, Éditions Jean-Paul Gisserot, 1998, p. 26-29, de Jean SURET-CANALE, Panorama de l’histoire mondiale, Paris, Marabout (Savoir pratique), 1996, p. 160-161 et le Dictionnaire du Moyen Âge, histoire et société, Paris, Encyclopædia universalis et Albin Michel, 1997, p. 334-344 (article « Féodalité », écrit par Georges DUBY).

      

    La société médiévale est fondée sur la transmission héréditaire du pouvoir, des titres et de la richesse. Elle présente donc une structure hiérarchique rigide. La société est divisée en trois classes ou ordres :

    • ceux qui prient, c'est-à-dire les clercs et les hommes d’Église
    • ceux qui combattent et qui dirigent, les guerriers (chevaliers et seigneurs)
    • ceux qui travaillent, soit les paysans et les artisans.

    Ce monde est très cloisonné. Chacun y est le vassal de quelqu'un d'autre, c'est-à-dire son subalterne : le serf est soumis à son seigneur ; l'écuyer, à son chevalier ; le chevalier, à son roi ; l'amant courtois, à sa dame. L'Église elle-même est calquée sur ce modèle.

    C'est l'hommage qui lie les hommes entre eux. Il s'agit d'un contrat liant deux personnes par un serment de protection et de travail (le fort protège le faible, qui travaille pour lui). En fait, les deux personnes unies par l'hommage ont des devoirs l'une envers l'autre, elles ont des obligations réciproques. Le vassal doit à son seigneur :

    • le service d'ost - l'assistance militaire ;
    • le service de conseil (siéger à la cour ou au tribunal) ;
    • l'aide aux quatre cas, c'est-à-dire une aide financière spéciale (pour la rançon, l'armement du fils aîné, le mariage de la fille aînée ou le départ pour la croisade).

    Le seigneur, quant à lui, doit à son vassal :

    • la protection
    • l'entretien (c'est-à-dire qu'il lui fournit de quoi vivre, le plus souvent une terre avec des paysans - un fief).

    Il faut savoir que ces serments ne peuvent être rompus, sous peine d'être accusé de félonie. Cela peut causer parfois quelques problèmes. En effet, que faire quand on est lié à plusieurs seigneurs qui se font la guerre entre eux ? C'est le concept d'hommage-lige qui permet de répondre à cette épineuse question ; il s'agit de l'hommage principal, celui qu'il faut respecter en priorité.

    Le roi, bien sûr, est au-dessus de cette organisation sociopolitique, puisqu'il est élu par Dieu…




    Hommage d’un châtelain au duc de Bourbon
    Bibliothèque nationale

    sources : http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_002_feodalite

     

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