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    DEUS LO VULT 

     

    Vie quotidienne des Templiers

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    « Car de notre vie vous ne voyez que l’écorce qui est par dehors… mais vous ne savez pas les forts commandement qui sont dedans. » Extrait de la Règle de l’Ordre du Temple.

    La vie quotidienne des frères de l’ordre était partagée entre les temps de prières, les temps de vie collective (repas, réunion), l’entraînement militaire, l’accompagnement des pèlerins, la gestion de leurs biens et le contrôle du travail des paysans sur leurs terres, sans oublier le combat. La vie en Occident, hormis en Espagne et au Portugal, était pacifique. La vie des templiers en Orient et dans la péninsule ibérique, était militairement activ

      

      

      

    Les temps de prière

    La vie des Templiers était rythmée par les temps de prière, qui comprenaient des récitations, des chants et des célébrations de la messe. Les heures suivantes sont données à titre indicatif car elles variaient selon la période solaire de l’année :

    Les Templiers vouaient un culte particulier à la Vierge Marie. Dans la chapelle, les frères se tenaient debout pour entendre les offices de matines à laudes et toutes les heures (prières) à Notre-Dame. Ils devaient s’asseoir pour chanter le psaume Venite, le premier de l’office de matine, appelé l’Invitatoire. Ils devaient dire leur oraison en silence, simplement. À la fin des psaumes, ils devaient se lever, se courber pour chanter le Gloria Patri en l’honneur de la Sainte-Trinité tandis que les faibles et les malades qui ne se levaient pas, pouvaient simplement baisser la tête. (articles 13 et 14 de la Règle)

    Les frères qui ne pouvaient assister aux offices, devaient réciter des patenôtres à l’endroit où ils se trouvaient. Les frères souffrants étaient dispensés de suivre l’office de matines à minuit, mais devaient dire treize patenôtres.

    Pour les frères morts

    Après le prologue de la règle française, le deuxième sujet traité concerne les frères morts ce qui indique l’importance qu’on pouvait leur accorder. » Là où se trouve le corps, tous les frères qui sont présents doivent dire cent patenôtres durant les sept jours qui suivent. » Et deux cents pour la mort d’un maître.

    Les frères mourants devaient se confesser et recevaient l’extrême onction par un chapelain de l’ordre.

    Par charité et en souvenir du mort, un pauvre devait être nourri pendant quarante jours (Article 11). Les templiers se faisaient enterrer dans leur propres cimetières près de leurs chapelles, et de la manière la plus humble, le corps enroulé d’un linceul et déposé dans un trou à même le sol. Tout l’équipement du chevalier templier était restitué au couvent et réattribué à ses frères.

    La guerre Sainte se déroulait en Orient et en Espagne. Les frères du Temple savaient qu’ils s’engageaient à mourir pour la mémoire du Christ en protégeant les pélerins chrétiens pendant leur pélerinage en Palestine : transport des pélerins, sécurité des routes, protection des lieux saints et croisades. Pour cela, ils acceptaient et même souhaitaient mourir. Ainsi, l’article 12 de la règle explicite : « De jour comme de nuit, avec le grand courage donné par la profession, que chacun puisse se comparer avec le plus sage des prophètes qui dit : « Calicem salutaris accipiam« , c’est-à-dire : « je prendrai la calice du salut », qui est encore, « je vengerai la mort de Jésus Christ par ma mort. »

    Comment les frères devaient manger

    Six articles de la règle française sont consacrés aux grandes lignes des us et coutumes de la table complétés par de nombreux articles des retraits.

    Les templiers comme religieux, avaient droit à deux repas par jour, le midi (dîner) et le soir (souper), sauf les jours de jeûnes où un seul repas était servi. Ils étaient pris dans le réfectoire de la commanderie, appelé le « palais », en commun et dans le silence. Un frère lisait à voix haute des passages des textes sacrés, saintes paroles et saints commandements. Les templiers disposaient d’une seule écuelle pour deux et mangeaient avec les doigts comme les gens de leur époque. Chacun avait un couteau de table personnel.

    A la fin du repas, les frères rendaient grâce à Dieu.

    Les jours gras

    L’article 17 stipule quels étaient les jours de « chair », c’est-à-dire les jours où était servie de la viande rouge (porc, agneau), car il n’en fallait pas quotidiennement pour ne pas corrompre le corps. Les venaisons étaient défendues, comme l’était la pratique de la chasse (article 46). Les plats sans viande étaient constitués de légumes, légumineuses et de soupes avec du pain, base de l’alimentation médiévale. De nombreux jours de fêtes étaient marqués par un repas carné : Noël, la Toussaint, les fêtes de la Vierge, celles de chacun des douze apôtres. Le détail des jours de fête ou de jeûne est donné à l’article 74. Deux repas de viande étaient servis chaque dimanche, sauf pour les sergents et les écuyers.

    Le jeûne

    Les jours maigres correspondaient aux jours ou périodes de jeûne. Le vendredi était le jour de la nourriture de Carême, viande blanche de poisson ou de volaille, provenant des élevages templiers. Le jeûne durait de la Toussaint jusqu’à Pâques, soit plus de cinq mois, en excluant les fêtes précitées (article 20). Les templiers comme militaires ne devaient pas être affaiblis par le jeûne, aussi celui-ci n’était-il jamais sévère.

    Le vin et le pain

    Le vin était servi à part égale pour tous dans la proportion quotidienne vraisemblable d’une hémine de vin (Règle de Saint-Benoît). L’hémine est une unité de mesure du Moyen Âge équivalente à un quart de litre. Le repas était un moment de partage de la communauté et de charité. Le dixième du pain du repas ainsi que tous les pains entamés étaient donnés aux pauvres par l’aumônier de la commanderie.

    Les interdits

    L’article 294 des retraits nous apprend qu’il était interdit de se lever pendant le repas sauf dans deux circonstances d’urgence :

    • Lorsqu’un frère saignait du nez ;
    • Lorsque les frères entendaient un homme de la commanderie crier pour prévenir d’une ruade de chevaux ou d’un incendie.

    Une troisième situation n’est pas notifiée dans la règle de l’ordre :

    • Lorsqu’il y avait l’alerte pour prévenir d’une attaque ennemie.

    Les nourritures interdites étaient celles de tous les monastères : les venaisons provenant de la chasse (article 46), et les épices très utilisées dans la cuisine noble du Moyen Âge, parce « qu’ils chauffent le sang » et excitent les sens, et sont donc incompatibles avec la chasteté des religieux.

    La parole et le silence

    « Trop parler incite le pêché », « la vie et la mort sont au pouvoir de la langue » et « pour fuir le péché, on doit cesser et s’interdire de parler mal ». Ainsi, de nombreuses mises en garde étaient faites aux frères quant à la tenue de leur langage et leur devoir de silence, dans le souci de préserver l’harmonie fraternelle de la communauté et le bon déroulement « du travail de chevalerie ».

    La règle explique qu’il était nécessaire de savoir garder le silence à certains moments de la journée comme après complies, avant le coucher et pendant le repas. Les « paroles oiseuses » et les « vilains éclats de rire » étaient défendus. Chacun devait être capable de se contrôler et « ne pas inciter son frère au courroux, ni à la colère (…) » (Articles 15, 23, 24, 42, 46, 51 et 67.)

    Les frères malades et les vieux frères

    Les frères malades devaient être traités « en paix et avec soins » selon l’article 50 de la règle. Le frère infirmier avait obligation de pourvoir aux besoins de soin des malades, notamment par l’administration de nourritures « qui rendent la santé ». Les retraits du frère infirmier aux articles 190 à 197 donnent des informations sur l’infirmerie templière. Les frères sains pouvaient s’y faire saigner et s’y reposer. On y apprend le nom de quelques maladies et maux communs : fièvre quarte, dysenterie (maladie commune des armées à cette époque, dont est d’ailleurs mort Saint Louis), mauvaise blessure, vomissement et frénésie.

    La lèpre était une maladie incurable et très répandue. Le roi de Jérusalem, Baudoin IV (1174-1184) en était atteint. Les templiers lépreux étaient invités à se rendre dans une léproserie de l’ordre de Saint-Lazare, sans que ce soit une obligation. S’ils ne le souhaitaient pas, ils pouvaient rester dans leur ordre mais y vivraient à l’écart de leurs frères. (articles 444 et 445 des retraits)

    Les vieux frères devaient également être traités et honorés avec tous les égards (article 59 de la règle).

    Le vêtement

    Six articles de la Règle portent sur le sujet. Il était important que les frères soient habillés de façon réglementaire : manteaux blancs pour les frères chevaliers, manteaux bruns pour les frères sergents. Les robes fournies par le drapier de l’ordre, devaient être sans superflu, sans fourrures, ni ornements, ni trop longues, ni trop courtes. Le trousseau templier comprenait également chemises, braies, chausses, ceintures. Il était donné aux écuyers et aux sergents les vieilles robes, quand elles n’étaient pas offertes aux pauvres. (articles 27, 28, 29, 30, 31, 32)

    Le rapport aux femmes

    « La compagnie des femmes est chose périlleuse », rappelle la règle et « nous croyons qu’il est chose périlleuse à toute religion de regarder les femmes en face. » Il était interdit d’embrasser une femme quelqu’elle soit (même sœur ou tante, indique la règle) afin de « demeurer perpétuellement devant Dieu avec pure conscience et une vie sûre. » (articles 53 et 68)

    L’entraînement militaire

    Les historiens n’ont aucune information sur ce point. Cependant, l’article 95 des retraits de la règle indique que le combat à la lance, c’est-à-dire la joute, était pratiqué avec autorisation du maître.

    La justice au sein de l’Ordre du Temple

    L’ordre du Temple possédait une justice interne comme tout seigneur sur ses terres.

    Cette justice était principalement rendue lors des chapitres généraux ou provinciaux. Le chapitre de l’ordre n’avait pas pour première mission de rendre la justice à l’intérieur de la maison mais de traiter les affaires courantes. Il avait donc un rôle de conseil de discipline concernant les problèmes d’ordre judiciaire.

    Lorsque le chapitre ne pouvait statuer sur le cas d’un frère de l’Ordre, il pouvait le faire remonter au niveau supérieur et même jusqu’au pape.

    Le cérémonial

    Lors d’une séance du chapitre et lorsqu’il fallait rendre la justice, le frère templier concerné pénétrait dans la salle d’audience pour confesser sa ou ses fautes et « crier merci » à l’ensemble de l’ordre. Il se retirait ensuite pour laisser le temps de la délibération puis entrait à nouveau pour entendre la sentence qui lui était infligée.
    De plus, si le templier ne confessait pas sa faute, il pouvait se faire dénoncer par un autre frère mais seulement si le fautif avait refusé de parler lui-même devant le chapitre.

    Classification des fautes

    Les fautes possédaient des punitions échelonnées selon leur gravité.

    • Perte de la maison ou expulsion définitive de l’Ordre du Temple,
    • Perte de l’habit : ce qui correspond à une expulsion temporaire d’une durée de un an et un jour au maximum,
    • Perte de l’habit sauf Dieu : le frère avait droit à un sursis,
    • Pénitence (d’un jour, de deux à trois jours, du vendredi,…),
    • Nourris au pain et à l’eau pendant un jour,
    • Sermons administrés publiquement après la prière.

     

      

    SOURCES /

    http://nonnobisdominenonnobissednominituodagloriam.unblog.fr/2008/07/18/vie-quotidienne-des-templiers/

      

     

     

     

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    L’hérédité de l’adoubement et l’anoblissement

    et l’Ordre des Templiers

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    L’hérédité de l’adoubement et l’anoblissement 

      

    Fondé, vers 1119, pour la défense des colonies de Terre Sainte, l’Ordre du Temple groupait deux catégories de combattants, distinctes par le costume, les armes et le rang : en haut, les « chevaliers » ; en bas, les simples « sergents » — manteaux blancs contre manteaux bruns. Nul doute que, dès le principe, l’opposition ne répondît à une différence d’origine sociale, parmi les recrues. Cependant, rédigée en 1130, la plus ancienne Règle ne formule à cet égard aucune condition précise.

    Un état de fait, déterminé par une sorte d’opinion commune, décidait évidemment de l’admission dans l’un ou l’autre grade. Postérieure d’un peu plus d’un siècle, la seconde Règle procède, au contraire, avec une rigueur toute juridique. Pour être autorisé à revêtir le blanc manteau, il est d’abord nécessaire que le postulant, dès avant son entrée dans l’Ordre, ait été adoubé. Mais cela même ne suffit point.

    Il lui faut en outre être « fils de chevalier ou extrait de chevaliers du côté de son père » ; en d’autres termes, comme il est dit dans un autre passage, être « gentilhomme ». Car, précise encore le texte, c’est à cette condition seulement qu’un homme « doit et peut » recevoir la chevalerie. Il y a plus. Arrive‑t‑il qu’un nouveau venu, taisant sa qualité chevaleresque, se soit glissé parmi les sergents ? La vérité une fois connue, il sera mis aux fers (290). Même chez des moines soldats, en ce milieu du XIIIe siècle,p.446l’orgueil de caste, qui tient à crime toute déchéance volontaire, parlait plus haut que l’humilité chrétienne. 1130 ; 1250 ou environ : entre ces deux dates, que s’était‑il donc passé ? Rien de moins que la transformation du droit à l’adoubement en un privilège héréditaire. 

    Dans les pays où la tradition législative ne s’était point perdue ou avait repris vie, des textes réglementaires avaient précisé le droit nouveau. En 1152, une constitution de paix de Frédéric Barberousse à la fois interdit aux « rustres » le port de la lance et du glaive — armes chevaleresques — et reconnaît pour « légitime chevalier » celui-là seulement dont les ancêtres l’ont été avant lui ; une autre, en 1187, défend expressément aux fils des paysans de se faire adouber. Dès 1140, le roi Roger II de Sicile ; en 1234, le roi Jacques Ier d’Aragon ; en 1294, le comte Charles II de Provence ordonnent de n’admettre à la chevalerie que les descendants de chevaliers.

    En France, il n’était alors guère de lois. Mais la jurisprudence de la cour royale, sous Saint Louis, est formelle. De même, les coutumiers. Sauf grâce spéciale du roi, aucun adoubement ne saurait être valable si le père de l’adoubé ou son aïeul, en ligne masculine, n’ont déjà été chevaliers (peut‑être dès ce temps, en tout cas un peu plus tard, les coutumes provinciales d’une partie au moins de la Champagne accepteront cependant que cette « noblesse » puisse se transmettre par le « ventre » maternel).

    La même conception semble également à la base d’un passage, à la vérité moins clair, du grand traité de droit castillan, les Siete Partidas, que fit rédiger, vers 1260, le roi Alfonse le Sage. Rien de plus remarquable que la quasi-coïncidence dans le temps et le parfait accord de ces divers textes, à la fois entre eux et avec la règle du Temple, ordre international. Du moins sur le continent — car l’Angleterre, nous le verrons, doit être mise à part — l’évolution des hautes classes obéissait à un rythme fondamentalement uniforme (291). 

    Sans doute, lorsqu’ils élevaient expressément cette barrière, souverains et tribunaux avaient‑ils à peine le sentiment d’une innovation. De toujours, la grande majorité des adoubés avaient été pris parmi les descendants de chevaliers. Aux yeux d’une opinion de groupe de plus en plus exclusive, p.447 seule la naissance, « garante », comme devait dire Raimon Lull, « de la continuation de l’honneur ancien », paraissait habiliter à l’observation du code de vie auquel engageait la remise des armes. « Ah Dieu ! qu’il est mal récompensé le bon guerrier qui de fils de vilain fait chevalier ! » s’écrie, vers 1160, le poète de Girard de Roussillon (292).

    Cependant, le blâme même dont ces intrusions étaient l’objet prouve qu’elles n’étaient pas exceptionnelles. Aucune loi, aucune coutume ne les rendaient caduques. Elles semblaient d’ailleurs parfois presque nécessaires au recrutement des armées ; car, en vertu du même préjugé de classe, on concevait mal que le droit de combattre à cheval et équipé de pied en cap fût séparable de l’adoubement. Ne vit‑on pas encore, en 1302, à la veille de la bataille de Courtrai, les princes flamands, désireux de se faire une cavalerie, donner la colée à quelques riches bourgeois, auxquels leur richesse permettait de se procurer la monture et l’équipement nécessaires (293) ?

    Le jour où ce qui n’avait été longtemps qu’une vocation héréditaire de fait, susceptible de beaucoup d’accrocs, devint un privilège légal et rigoureux fut donc, même si les contemporains n’en eurent pas une claire conscience, une très grande date. Les profonds changements sociaux qui s’opéraient alors sur les frontières du monde chevaleresque avaient certainement beaucoup contribué à inspirer des mesures aussi draconiennes. 

    Au XIIe siècle, une nouvelle puissance était née : celle du patriciat urbain. En ces riches marchands qui, volontiers, se faisaient acquéreurs de seigneuries et dont beaucoup, pour eux‑mêmes ou pour leurs fils, n’eussent point dédaigné le « baudrier de chevalerie », les guerriers d’origine ne pouvaient manquer de percevoir des éléments beaucoup plus étrangers à leur mentalité et à leur genre de vie, beaucoup plus inquiétants aussi, par leur nombre, que les soldats de fortune ou les officiers seigneuriaux, parmi lesquels, jusque‑là, s’étaient presque exclusivement recrutés, en dehors des personnes bien nées, les candidats à l’initiation par l’épée et la colée.

    Aussi bien connaissons‑nous, par l’évêque Otton de Freising, les réactions des barons allemands devant les adoubements qu’ils jugeaient trop aisément distribués, dansp.448l’Italie du Nord, à la « gent mécanique » ; et Beaumanoir, en France, a très clairement exposé comment la poussée des nouvelles couches, empressées à placer leurs capitaux en terres, amena les rois à prendre les précautions nécessaires pour que l’achat d’un fief ne fît pas de tout enrichi l’égal d’un descendant de chevaliers. C’est quand une classe se sent menacée qu’elle tend, surtout, à se clore. 

    Gardons‑nous, toutefois, d’imaginer un obstacle, par principe, infranchissable. Une classe de puissants ne saurait se transformer, absolument, en caste héréditaire sans se condamner à exclure de ses rangs les puissances nouvelles dont l’inévitable surgissement est la loi même de la vie ; par suite, sans se vouer, en tant que force sociale, à un fatal étiolement. L’évolution de l’opinion juridique, au terme de l’ère féodale, tendit beaucoup moins, en somme, à interdire rigoureusement les admissions nouvelles qu’à les soumettre à un très strict contrôle. Tout chevalier naguère pouvait faire un chevalier.

    Ainsi pensaient encore ces trois personnages que Beaumanoir met en scène, vers la fin du XIIIe siècle. Pourvus eux‑mêmes de la chevalerie, ils manquaient d’un quatrième comparse, de même dignité, dont la présence était exigée, par la coutume, pour un acte de procédure. Qu’à cela ne tînt ! Ils happèrent en chemin un paysan et lui donnèrent la colée : « Chevalier soyez ! » A cette date, cependant, c’était retarder sur la marche du droit ; et une lourde amende fut le juste châtiment de cet anachronisme.

    Car, désormais, l’aptitude de « l’ordonné » à conférer l’ordre ne subsistait plus, dans son intégrité, que si le postulant appartenait déjà à un lignage chevaleresque. Lorsque tel n’est point le cas, l’adoubement, en vérité, demeure encore possible. Mais à condition d’être spécialement autorisé par l’unique pouvoir auquel les conceptions alors communément répandues accordaient l’exorbitante faculté de lever l’application des règles coutumières : celui du roi, seul dispensateur, comme dit Beaumanoir, des « novelletés ». 

    On l’a déjà vu, telle était, dès Saint Louis, la jurisprudence de la cour royale française. Bientôt l’habitude se prit, dans l’entourage des Capétiens, de donner à ces autorisations la forme de lettres de chancellerie désignées, presque dès le p.449 début, sous le nom de lettres d’anoblissement : car être admis à recevoir la chevalerie, n’était‑ce pas obtenir d’être assimilé aux « nobles » d’origine ? Les premiers exemples que nous possédions de ce genre de documents, promis à un si grand avenir, datent de Philippe III ou de Philippe IV.

    Parfois, le roi usait de son droit pour récompenser sur le champ de bataille, selon l’antique usage, quelque trait de bravoure : ainsi, Philippe le Bel, en faveur d’un boucher, le soir de Mons‑en‑Pevèle (294). Le plus souvent, cependant, c’était afin de reconnaître de longs services ou une situation sociale prééminente. L’acte ne permettait pas seulement de créer un nouveau chevalier ; l’aptitude à l’adoubement se transmettant, par nature, de génération en génération, il faisait, du même coup, surgir un nouveau lignage chevaleresque. La législation et la pratique siciliennes s’inspirèrent de principes tout pareils. De même, en Espagne. Dans l’Empire, les constitutions de Barberousse, à vrai dire, ne prévoient rien de tel.

    Mais nous savons, par ailleurs, que l’Empereur s’estimait en droit d’armer chevaliers de simples soldats (295) ; il ne se considérait donc pas comme lié, personnellement, par les interdictions, en apparence absolues, de ses propres lois. Aussi bien, à partir du règne suivant, l’exemple sicilien ne manqua pas d’exercer son action sur des souverains qui, pour plus d’un demi-siècle, devaient unir les deux couronnes.

    Depuis Conrad IV, qui commença à régner indépendamment en 1250, nous voyons les souverains allemands concéder, par lettres, à des personnages qui n’y étaient pas habilités de naissance, la permission de recevoir le « baudrier de chevalerie ». 

    Assurément les monarchies ne parvinrent pas sans peine à établir ce monopole. Roger II de Sicile, lui-même, fit une exception en faveur de l’abbé della Cava. En France, les nobles et les prélats de la sénéchaussée de Beaucaire prétendaient encore, en 1298, — avec quel succès ? nous ne savons — au droit de créer librement des chevaliers parmi les bourgeois (296). La résistance fut vive surtout du côté des hauts feudataires. Sous Philippe III, la cour du roi dut entamer une procédure contre les comtes de Flandre et de Nevers, coupables d’avoir, de leur propre gré, adoubé des « vilains » p.450 — qui, en réalité, étaient de fort riches personnages.

    Plus tard, dans les désordres du temps des Valois, les grands princes apanagés s’arrogèrent, avec moins de difficulté, ce privilège. Ce fut dans l’Empire, comme il était naturel, que la faculté d’ouvrir ainsi à de nouveaux venus l’accès de la chevalerie se divisa, finalement, entre le plus grand nombre de mains : princes territoriaux, comme, dès 1281, l’évêque de Strasbourg (297) ; voire, en Italie, communes urbaines, comme, dès 1260, Florence. Mais s’agissait‑il là d’autre chose que du dépècement des attributs régaliens ? Le principe qui au seul souverain reconnaissait le droit d’abaisser la barrière restait sauf. Plus grave était le cas des intrus qui, en quantité certainement considérable, mettaient à profit une situation de fait pour se glisser indûment dans les rangs chevaleresques.

    La noblesse demeurant, dans une large mesure, une classe de puissance et de genre de vie, l’opinion commune, en dépit de la loi, ne refusait guère au possesseur d’un fief militaire, au maître d’une seigneurie rurale, au guerrier vieilli sous le harnois, quelle que fût son origine, le nom de noble et, par suite, l’aptitude à l’adoubement. Puis, le titre naissant, comme à l’ordinaire, du long usage, au bout de quelques générations personne ne songeait plus à le contester à la famille ; et le seul espoir qui, au bout du compte, restât permis aux gouvernements était, en s’offrant à sanctionner cet abus, de tirer de ceux qui en avaient bénéficié un peu d’argent.

    Il n’en est pas moins vrai que, préparée au cours d’une longue gestation spontanée, la transformation de l’hérédité de pratique en hérédité juridique n’avait été rendue possible que par l’affermissement des pouvoirs monarchiques ou princiers, seuls capables à la fois d’imposer une police sociale plus rigoureuse et de régulariser, en les sanctionnant, les inévitables et salutaires passages d’ordre à ordre.

    Si le Parlement de Paris n’avait été là ou s’il avait manqué de la force nécessaire à l’exécution de ses sentences, on n’aurait vu, dans le royaume, si petit sire qui n’eût continué à distribuer, à sa volonté, la colée. 

    Il n’était alors guère d’institution qui, aux mains de gouvernements éternellement besogneux, ne se transformât, peu ou prou, en machine à faire de l’argent. Les autorisations p.451 d’adoubement n’échappèrent pas à ce sort commun. Pas plus que les autres expéditions des chancelleries, les lettres royales, à de rares exceptions près, n’étaient gratuites. Parfois aussi on payait pour ne pas avoir à prouver son origine (298).

    Mais Philippe le Bel semble avoir été le premier souverain à mettre, ouvertement, la chevalerie dans le commerce. En 1302, après la défaite de Courtrai, des commissaires parcoururent les provinces, chargés de solliciter les acheteurs d’anoblissement, en même temps que de vendre, aux serfs royaux, leur liberté. On ne voit pas, cependant, que cette pratique ait été dès ce moment, en Europe ni en France même, bien générale ou qu’elle ait beaucoup rapporté. De la « savonnette à vilains », les rois, plus tard, devaient apprendre à faire une des ressources régulières de leur trésorerie et les riches contribuables un moyen d’échapper, par une somme une fois versée, aux impôts dont la noblesse exemptait.

    Mais, jusque vers le milieu du XIVe siècle, le privilège fiscal des nobles demeura encore aussi mal défini que l’impôt d’État lui-même ; et l’esprit de corps, très puissant dans les milieux chevaleresques — auxquels les princes eux‑mêmes avaient conscience d’appartenir — n’eût guère permis, sans doute, de multiplier des faveurs ressenties comme autant d’insultes à la pureté du sang. Si le groupe des chevaliers à titre héréditaire ne s’était pas, à la rigueur, fermé, la porte n’était pourtant que faiblement entrouverte — beaucoup moins aisée à franchir certainement qu’elle ne l’avait été auparavant ou ne devait l’être, à l’avenir. D’où, la violente réaction antinobiliaire qui, en France du moins, éclata au XIVe siècle.

    De la forte constitution d’une classe et de son exclusivité peut‑on rêver symptôme plus éloquent que l’ardeur des attaques dont elle est l’objet ? « Sédition des non‑nobles contre les nobles » : le mot, presque officiellement employé au temps de la jacquerie, est révélateur.

    Non moins, l’inventaire des combattants. Riche bourgeois, premier magistrat de la première des bonnes ville, Étienne Marcel se posait, expressément, en ennemi des nobles. Sous Louis XI ou Louis XIV, il eût été, lui-même, l’un d’eux. En vérité, la période qui s’étend de 1250 à 1400 environ fut, sur lep.452continent, celle de la plus rigoureuse hiérarchisation des couches sociales.

    Marc Bloch

     


    http://classiques.uqac.ca/classiques/bloch_marc/societe_feodale/bloch_societe_feodale.rtf

     

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  • Quelques termes de mesures
    Abeillage
    L'abeillage est un impôt seigneurial en nature conférant au seigneur féodal une certaine portion du miel issu des ruches de ses vassaux. Ce droit lui donnait aussi la propriété des abeilles éparses et non poursuivies.

      

    Acapte
    Droit de mutation qui survient à la mort du seigneur ou lors de la mort du censitaire. On utilise le plus souvent l'acapte pour désigner le droit dû à la mort du seigneur et l'arrière-acapte pour désigner le droit dû par le nouveau tenancier à la mort de son prédécesseur. Mais on trouve aussi l'inverse.


      

    Adoubement
    Cérémonie par laquelle un homme est fait ou ordonné chevalier. De à et du francique dubban, frapper. Le nouveau chevalier reçoit de l'adoubeur un violent coup sur la nuque du plat de l'épée (colée, paumée).


      

    Acte
    Acte cérémoniel par lequel l'impétrant est fait chevalier et reçoit ses armes. A partir du XIIe siècle, l'Église s'empare du cérémonial et c'est monsieur l'évêque lui-même qui procède au sacrement, à la bénédiction de l'épée ainsi qu'à la grande messe.


      

    Afforage
    Droit du seigneur à se faire remettre une certaine quantité de vin ou de bière lors de la mise en perce d'un tonneau (perçage du trou destiné au tirage de la boisson).


      

    Affouage
    Droit de prendre du bois de chauffage dans une forêt. Cela peut être le cas pour la communauté d'habitant dans la forêt seigneuriale ou pour le seigneur (chauffage du four banal) dans une forêt qui appartient aux habitants.


      

    Afféagement
    L'afféagement est un droit féodal qui consiste à démembrer un fief en lui soustrayant des terres dont le preneur doit payer le cens en nature ou en argent.
    Ce droit permet au moment des grands progrès agricoles du XVIIIe siècle de mettre en valeur les terres incultes. Les prix agricoles étant alors élevés, l'opération est d'un bon rapport. Les paysans y sont très hostiles car ils perdent ainsi des terres où ils pratiquent la vaine pâture; par contre les bourgeois sont preneurs avec leurs fermiers ou leurs métayers.
    Cession par le seigneur à un acquéreur, contre une redevance, d'une partie du domaine seigneurial ou des terres nobles.


      

    Agrier
    Agrier : droit prélevé sur les propriétés rurales soit en argent, soit en nature.


      

    Aide
    Une des catégories de services dus par le vassal à son seigneur comprenand des obligations d'ordre militaire de nature fort diverse (les plus courants: ost et chevauchée, garde du château ou estage) et d'ordre écuniaire: dans un certain nombre de cas, progressivement limités à trois ou quatre à partir du XIIe siècle (chevalerie du fils aîné, mariage de la fille aînée, croisade, rançon, souvent accroissement du fief), le seigneur peut imposer à son vassal une contribution extraordinaire.


      

    Albergue
    Droit du seigneur de se faire heberger, au 13eme siècle cela devient un impot en argent.

    Alberque ou albergue : taxe versée au seigneur afin d'être dispensé de battre au sol ses récoltes.


      

    Alleu
    Du francique alôd. Durant le Haut Moyen Age, l'alleu désigne les biens patrimoniaux par opposition aux acquêts. Sous les Carolingiens, l'alleutier doit la dîme à l'église et l'aide militaire au souverain si celui-ci est attaqué. Ensuite (XIe-XIIIe siècle), l'alleu désigne un bien possédé en pleine propriété, le plus souvent hérité et sans seigneur, par opposition à la tenure paysanne et au fief: l'alleu ne comporte ni hommage ni services nobles ; dans celui des paysans, par opposition à tenure, l'alleu, terre indépendante de tout seigneur foncier, n'entraîne ni redevances, ni services, ni droits. Surtout répandu, à tous les niveaux, dans le Midi.

    Terre libre, non soumise à l'autorité d'un seigneur. L'alleu roturier est la propriété de l'homme non-noble qui possède la terre et généralement la cultive. Il peut aussi être la propriété d'un noble (souvent un chevalier à cette époque) ou être un bien de l'Église dans ce cas il s'apparente à un fief. Si l'alleu est souverain, son propriétaire y exerce la justice.

    Alleu : terre libre pour laquelle le propriétaire ne devait aucune redevance et ne relevait d'aucun seigneur.


      

    Alleutier
    Personne possédant une terre en franchise de droits.

    Alleutier : propriétaire d'un alleu.


      

    Allège
    Pan de mur situé sous une fenêtre.


      

    Amban
    Amban : synonyme de cornière désignant des couverts entourant les places des bastides. Androne : espace de 25 à 40 cm créé entre les maisons voisines pour éviter les incendies et fermé en général au milieu de sa hauteur par des murs qui se rejoignaient. Arayer : terme de vieux français signifiant équiper ou diviser une terre. Araze : ancienne mesure de longueur équivalant à 0,46 m.


      

    Amortissement
    Elément ornemental placé au sommet de tout axe vertical d'une élévation (pinacle, statue, etc.).


      

    Ansange
    Surface rectangulaire de 40 perches de long sur 4 perches de large, à raison d'une perche de I0 pieds. Estimé à un peu plus ou un peu moins de I4 ares selon les auteurs contemporains.


      

    Apanage
    Terre ou bien donné par le roi à ses enfants pour compenser leur exclusion à la couronne, celle-ci étant réservée à l'aîné.


      

    Araire
    De l'ancien provencal araire, du latin aratrum, charrue. L'araire est un instrument de labour qui, à la différence de la charrue faite pour retourner la terre, rejette la terre déplacée de part et d'autre du sillon creusé. Déjà mentionné au IVe millénaire avant Jésus-Christ, il apparaîtra sous nos latitudes deux millénaires plus tard. L'araire était appelé binot dans le Nord.


      

    Archère
    Archère : ouverture verticale et étroite pratiquée dans une muraille pour permettre le tir à l'arc ou à l'arbalète sur les assaillants.


      

    Archidiacre
    Clerc assistant l'évêque, le plus souvent chargé d'une subdivision du diocèse, l'archidiaconé. A l'époque mérovingienne, très souvent chargé par l'évêque de l'administration du temporel de l'évêché.


      

    Are
    Unité de superficie agraire égale à 100 mètres carrés.


      

    Arpent
    Unité de mesure agraire divisée en quatre quartiers, chaque quartier se divisant en quarterons. La surface de l'arpent pouvait selon les régions varier de 30 à 60 ares. L'arpent carolingien (environ I2 ares) disparut au cours du XIIe siècle.

    Ancienne mesure agraire de 20 à 50 ares.

    Ancienne mesure agraire qui contenait cent perches carrées : mais l'arpent variait beaucoup, parce que la perche variait elle-même. Les arpents les plus usités étaient celui de Paris, qui valait environ un tiers d'hectare, et celui des Eaux et Forêts, qui valait un demi-hectare, à très peu près.

    Arpent : terre de culture. Ce terme était aussi utilisé pour désigner une unité de terre arable.


      

    Arpent de Troyes
    Pour la région, il était d'après une charte de la commanderie de Troyes, de 6 perches de large et de 30 perches de longueurs.


      

    La Perche de Troyes
    dans cette même région était alors de 18 pieds une sole.


      

    Assolement
    Désigne à la fois la succession des cultures dans le temps et la répartition des cultures sur l'espace cultivé. L'assolement peut comporter en outre une période de repos d'une ou plusieurs années, la jachère.


      

    Aune
    Du francique alina, avant-bras.
    Mesure de longueur de valeur variable utilisée surtout pour mesurer les étoffes. A Paris, une aune valait 1,188 mètre.

    Est égal à 1,90 mètres. Il existe des 1/2 (0,95m), 1/4 (0,47m) et 1/8 (0,24m) d'aune. Il existe aussi des 1/3 (0,63 m), 1/6 (0,32m) et 1/12 (0,16m) d'aune pour la mesure des étoffes.

    Aune de Frayssinet
    vaut 1,028 mètre. Elle est surtout utilisée dans les environs de Frayssinet et de Rouffilhac. Elle correspond à 38 pouces.

    Aune de Gourdon
    vaut 1,0352 mètre. Elle peut être divisée en 1/2, 1/4, 1/8 d'aune. Elle correspond à 38,25 pouces.

    Aune de Marminiac
    vaut 1,082 mètre. Elle correspond à 40 pouces (ou 3 pieds et 4 pouces).

    Aune de Paris
    dans le Lot, elle vaut 44 pouces et on la divise en 4 pans de 11 pouces chacun. Utilisée essentiellement pour la mesure des étoffes.


      

    Aveu
    En droit seigneurial, l'aveu est une déclaration écrite que doit fournir le vassal à son suzerain lorsqu’il entre en possession d’un fief (par achat ou héritage). L’aveu est accompagné d’un dénombrement ou minu décrivant en détail les biens composant le fief.
    Suit généralement l'investiture du fief : le vassal, pour éviter toute contestation ultérieure, "avoue" son fief; de même, le seigneur avoue (reconnaît) son vassal et inversement.

    Aveu et Dénombrement
    Description de tout ce qui constitue un fief par le vassal à son suzerain dans les 40 jours qui suivent la foi et hommage. Il en est de même pour le censitaire, mais si, pour le vassal, cette obligation ne lui incombe qu'une seule fois dans sa vie, le censitaire, lui, peut avoir à la refaire selon certains intervalles.


      

    Ayral
    Ayral : terme équivalent à localium et désignant l'espace réservé à une maison et à ses dépendances.


      

    Baillie
    Baillie ou baylie : juridiction dans laquelle le bayle, ou bailli, représentant du seigneur ou du roi, avait autorité.


      

    Ban
    Ban : proclamation publique d'autorisations ou d'interdictions énoncées par le roi ou le seigneur. Banalité : droit du suzerain d'obliger le vassal à utiliser moyennant redevance une installation dont il était propriétaire (four, moulin,...).


      

    Bandoulier
    Bandoulier : terme utilisé en Bigorre pour désigner les bandits qui sévissaient dans les baronnies voisines.


      

    Banalités
    Les banalités sont des installations techniques que le seigneur est dans l'obligation d'entretenir et mettre à disposition de tout habitant de la seigneurie. La contrepartie en est que les habitants de cette seigneurie ne peuvent utiliser que ces installations seigneuriales, payantes. Ce sont donc des monopoles technologiques.
    Les principales banalités sont :
    le four banal
    le moulin banal
    le pressoir banal
    le marché aux vins

      

    Barbacane
    Barbacane : ouvrage de fortification, bas et avancé, destiné à protéger une porte ou la tête d'un pont.


      

    Barris
    Barris ou barrys : faubourgs d'une agglomération.


      

    Barrau
    Ancienne mesure de capacité qui servait à mesurer les liquides. Le Barrau se divisait en 20 ou 36 pots et équivalait, en Provence à cinquante litres ; en Languedoc à 60 et en Dauphiné à 43 ou 30.


      

    Beffroi
    Beffroi : tour ou clocher de l'hôtel de ville où l'on sonnait l'alarme.


      

    Bicadier
    Bicadier : qualificatif de l'homme qui cultivait la terre avec sa pioche.


      

    Blairie
    Dans la France du Moyen Âge et de l'Ancien Régime la blairie est un impôt seigneurial sur le pacage des animaux.

    Le seigneur perçoit une redevance en avoine pour rétribution du pacage des animaux des paysans, sur les terres cultivées (après la récolte) ou non cultivées. Ce droit existe en Auvergne, Berry, Bourgogne et Nivernais.


      

    Boiselée de terre
    Ancienne mesure de superficie (1 are 25) qui est la 64e partie de la saumado.


      

    Boisseau
    (ancien)récipient cylindrique qui servait de mesure de capacité pour les matières sèches; cette unité de mesure (12 litres).
    Ancienne mesure de capacité pour les matières sèches, valant 13 litres, 01, ou 13 litres plus un centième réduits à 12 litres 50, c'est-à-dire au demi-quart de l'hectolitre, lorsqu'on voulut ramener les anciennes mesures aux mesures métriques. Vendre, mesurer au boisseau.
    Le Boisseau, a une capacité qui varie suivant le lieu entre 20 et 40 litres.


      

    Bordalia
    Bordalia : les bordalia, vraisemblablement analogues aux bordes des vallées pyrénéennes, devaient être des granges-étables.


      

    Bouisseu
    Mesure de capacité usitée en Languedoc et en Gascogne équivalant à 3 litres 125, c'est à dire le 1/4 de la quarto et le 1/8 de l'eimino.


      

    Brasse
    La brasse (anglais fathom, symbole fm) est une ancienne mesure de longueur correspondant à l'envergure des bras. Cette unité, bien qu'autrefois utilisée pour la mesure des terres, n'est encore usitée que dans la marine pour mesurer les cordages, les filins ainsi que la profondeur de l'eau. Cela dit, il ne s’agit là que de la traduction française de l’unité anglo-saxonne "fathom".
    Brassée : mesure de longueur valant approximativement 1,96 m.


      

    Canne
    Canne de Bourg de Visa
    elle équivaut à 8 pans ou 64 pouces et sa longueur est de 1,732 mètre.

    Canne : ancienne mesure de longueur variant selon les contrées entre 1,71 m et 2,98 m.

    Canne de Cahors
    il y en a quatre sortes :
    1° Une canne utilisée pour le toisé des bâtiments, les étoffes et le bois de charpente. Elle sert aussi de base à la mesure agraire. Valeur : 1,786 mètre soit l'équivalent de 66 pouces, division en 8 pans de 8 pouces et 3 lignes.
    2° Une canne de 70 pouces de long qui se divise en 8 pans de 8 pouces et 9 lignes chacun. La moitié de cette canne soit 35 pouces est sous le nom d'aune utilisée par les marchands de tissus. Valeur : 1,894 mètre.
    3° Une canne utilisée par les marchands détaillants et qui, longue de 73 pouces et 4 lignes se divise également en 8 pans de 9 pouces et 2 lignes chacun. Valeur : 1,985 mètre.
    4° Une canne de 75 pouces de long qui se divise en 2 aunes ou en 8 pans de 9 pouces et 4,5 lignes. Valeur : 2,003 mètres. Elle est utilisée pour mesurer les toiles.

    Canne de canavassière de Caussade et Montpezat
    elle équivaut à 9 pans 8 pouces et 6 lignes. sa longueur est de 2,070 mètres.

    Canne de canavassière de Montauban
    elle est utilisée pour mesurer les toiles de pays. Elle équivaut à 10 pans 8 pouces et 6 lignes. sa longueur est de 2,30 mètres.

    Canne de canavassière de Moissac ou Puy-Lévêque
    elle équivaut à 9 pans 8 pouces et 4 lignes chacun. Sa longueur est de 2,03 mètres.

    Canne de Caussade ou de Montpezat
    équivaut à 5 pieds et 8 pouces. Elle se compose de 8 pans de 8 pouces et 6 lignes chacun. Valeur : 1,840 mètre.

    Canne de Figeac
    Elle aurait varié et équivalait initialement à 6 pieds 1 pouce et 8 lignes. Puis, elle est passée à 6 pieds et 2 pouces au XVIIIème siècle ou elle se compose de 8 pans de 9 pouces et 3 lignes chacun. Valeur : 2,003 mètres. Elle est utilisée à Cajarc, Gorses, Lacapelle-Marival, Lalbenque, Livernon, Puylagarde, Saint-Projet et Viazac.

    Canne de Gourdon
    vaut 2,0704 mètres soit 2 aunes de Gourdon.

    Canne de Mirabel, Molières et Septfonds
    se compose de 8 pans de 8 pouces et 8 lignes chacun. Valeur : 1,870 mètre.

    Canne de Moissac et Lauzerte
    se compose de 8 pans de 8 pouces et 4 lignes chacun. Valeur : 1,804 mètre.

    Canne de Montcuq
    se présente sous 3 formes :
    1° Pour les tissus de laine, c'est une mesure de 5 pieds 2 pouces qui se divise en 8 pans et 7 pouces 9 lignes chacun. Valeur : 1,677 mètre.
    2° Pour les toiles, elle a la même longueur que la toise de 6 pieds de Roi. Valeur : 1,948 mètre.
    3° Pour les bois de construction, elle a la même valeur que la canne de Figeac. Valeur : 2,003 mètres.
    Canne particulière de Moissac
    se compose de 8 pans de 8 pouces et 7 lignes chacun. Valeur : 1,858 mètre.

    Canne de Saint-Céré
    est égale à 6 pieds et 4 pouces. Elle se divise en 2 aunes et 4 demi-aunes. Chaque demi-aune vaut 2 pans et chaque pan vaut 2 crues. Elle est aussi utilisée à Bretenoux et dans les localités voisines. Elle sert surtout à mesurer les toiles et étoffes du pays. Valeur : 2,057 mètres. Pour les autres mesures, l'aune de Paris est utilisée.


      

    Cartonnée
    Cartonnée : unité de surface valant environ 7 ares.


      

    Carreyrou
    Carreyrou : ruelle ou venelle située derrière une maison.


      

    Casal
    Casal : terme générique désignant un domaine, mais plus particulièrement utilisé dans les bastides pour les jardins attenant aux habitations.


      

    Castelnau
    Castelnau : village neuf construit au cours des XIIe et XHIe siècles autour d'un château.


      

    Cavalcade
    Cavalcade : obligation de suivre le seigneur au cours d'une expédition militaire de courte durée, appelée chevauchée.


      

    Cens
    Le cens désigne, à diverses époques historiques, l'impôt direct payé par les citoyens. Il est dû pour la terre du seigneur que la personne exploite.
    Cens : redevance en argent ou en nature due par les tenanciers au seigneur du fief dont relevait le terrain.


      

    Censive
    La censive est une terre que le seigneur a vendue, il en a vendu la possession, ainsi que la propriété utile : seul le nouvel acheteur, désormais propriétaire, est responsable de cette terre et propriétaire de sa production. Mais, la censive reste une partie de la seigneurie, reste donc soumise au droit seigneurial. Le seigneur y a encore la propriété éminente.
    Les censives de la seigneurie et leur différentes mutations - achat et ventes, divisions, etc. - sont inscrites dans un livre terrier, soigneusement conservé puisque déterminant quels sont les droits du seigneur sur chaque terre.
    Ce domaine est soumis à un impôt que l'on appelle cens.
    Censive : taxe relevant du cens.


      

    Champart
    Sous l'Ancien Régime, le champart est un impôt seigneurial, prélevé en nature, proportionnel à la récolte, oscillant entre 1/12 à 1/6. Il est prélevé après la dîme due au clergé.
    Selon les provinces, il s'appelle : arrage, gerbage, parcière, tasque, terrage.


      

    Chevage
    Taxe légère et régulière payée surtout par les serfs.


      

    Charretière
    Charretière : qualificatif donné aux rues principales qui permettaient le passage des charrettes.


      

    Chevauchée
    Chevauchée : service militaire exécuté sous la forme d'un raid de quelques jours et dû au seigneur par l'habitant de la bastide.


      

    Consuls
    Consuls : représentants des habitants auprès du seigneur ou des officiers royaux, chargés de l'administration de la ville en liaison avec le bayle.


      

    Convers
    Convers : religieux de rang subalterne employé aux tâches domestiques dans les abbayes et les monastères.


      

    Cornière
    Cornière : portique formant un passage couvert au rez-de-chaussée des maisons qui bordaient la place principale des bastides. Crestianie : léproserie.


      

    Cotte
    Cotte : robe de laine portée par-dessus la chemise.


      

    Coudée
    Coudée : ancienne unité de mesure de longueur équivalant à environ 0,48 m. Denier : unité monétaire qui valait deux mailles. Il y avait douze deniers dans un sou. Dex : étendue et limites du territoire d'une nouvelle fondation.


      

    Condamine
    Le nom provient du Moyen-Age et signifie la terre cultivable au pied d'un village ou d'un château.


      

    Décimateur
    Le décimateur était, sous l'Ancien Régime, celui (individu ou communauté) qui avait le droit de lever la dîme (impôt en nature prélevé par l'Eglise sur les productions agricoles).


      

    Dîme
    La dîme — du latin decima, dixième — était, sous l'Ancien Régime en France, un impôt collecté en faveur de l'Église catholique et servant à l'entretien des ministres du culte.
    Dîme : taxe versée à l'église et représentant en principe la dixième partie des produits de la terre et de l'élevage.


      

    Droit de relief
    En France au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, le relief, est un droit seigneurial sur les mutations de propriétés nobles ou roturières.
    Le droit de relief doit être payé au seigneur dominant si la mutation n'est pas due à une succession en ligne directe ou à une vente. Le montant représentait une année de revenu du bien.
    Voir : L'acapte est due en cas de succession en ligne directe.


      

    Droit d'usage
    Le droit d'usage désigne le plus souvent les droits d'une communauté villageoise de prendre du bois ou de faire paître le bétail dans une forêt seigneuriale, ou d'autres particuliers, ainsi qu'une série de petits droits, tels que le droit, pour femmes et enfants, de ramasser les grains tombés des épis durant la moisson, etc.


      

    Ecu
    L'écu – a une étymologie identique à l'escudo : le bouclier – est une monnaie du Moyen Âge - apparue en 1263 - et de l'Époque moderne, à l'origine orné d'un motif d'écu (bouclier). L'écu valait 3 livres.
    En France, le nom d'écu est initialement attribué à des monnaies en or, puis à partir du règne de Louis XIII, le terme écu blanc désigne la plus grande pièce d'argent, 60 sols.


      

    Emine
    Au Moyen Âge, l'émine est une mesure de volume de grains ; dans le comté de Bourgogne, le muid vaut 12 émines, et l'émine contient 30 livres, soit environ 20 litres.


      

    Encours
    Encours : opération de confiscation de biens menée contre des Albigeois.


      

    Emonée
    Emonée : unité de surface valant environ 57 ares.


      

    Encorbellement
    Encorbellement : terme utilisé pour désigner un élément en saillie par rapport au reste des murs.


      

    États généraux de 1317
    Les états généraux, à la mort de Louis X le Hutin, déclarent que "à couronne de France, femme ne succède pas", deshéritant ainsi Jeanne II de Navarre au profit de son oncle, Philippe V le Long. La loi salique devient principe dynastique en France et interdit désormais le trône de France aux femmes.


      

    Fief
    Fief (une partie du domaine royal) octroyé par le roi à ses fils cadets ou à ses frères en renoncement à la Couronne. En cas de disparition de la branche apanagée, le fief revient à la Couronne.
    Fief : domaine qu'un vassal tenait d'un seigneur sous réserve de lui rendre hommage et de lui payer des redevances.


      

    Forage
    Impôt sur la vente du vin en gros.


      

    Fouage
    Fouage : impôt extraordinaire payé dans certaines provinces sur chaque feu.


      

    Fournage
    Impôt pour l'utilisation du four banal.


      

    Formariage
    En vertu de ce droit de formariage (ou for-mariage), les serfs ne pouvaient contracter mariage qu'avec un sujet de la seigneurie, à moins de la permission du seigneur ; ceci afin d'éviter la dépopulation.
    Le formariage est le droit payé au seigneur, à l'occasion du mariage, d'un serf hors de la seigneurie ou avec une personne de condition libre.
    Ce droit a quasiment disparu dans les deux siècles précédant la Révolution de 1789.


      

    Franc-fief
    En France, au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, le franc-fief est un impôt seigneurial puis royal dû par un roturier acquéreur d'un bien noble.
    Cet impôt est la compensation de la diminution de la valeur du fief ainsi amputé. A l'origine il est payable à tous les échelons de la hiérarchie féodale. Puis seulement à trois échelons, le roi compris. Enfin seul le roi le perçoit.
    Ce droit est dû tous les 20 ans ou à l'occasion d'une mutation inopinée.


      

    Gabelle
    Sans doute inventé par Philippe V le Long, l’impôt sur le sel est associé par Philippe VI de Valois au monopole royal décrété par lui en 1331, puis en 1342, sur la vente de ce produit. Le principe de base est simple : le sel ne peut être vendu, moyennant paiement d’une taxe, que dans "les greniers royaux à sel" ; la gestion de ceux-ci est "confiée à ferme" ou "affermée" à des "grenetiers" qui achètent au roi ce lucratif état.


      

    Glandée
    La glandée est une pratique qui permet d'envoyer ses porcs paître dans les forêts pour y consommer les glands des chênes et les faînes des hêtres.
    La glandée se pratique en automne, sa durée varie selon les coutumes, du début septembre (Notre-Dame de septembre), de la fin septembre (Saint-Michel) ou du début octobre (Saint-Rémy) à la fin octobre (Saint-André). Certaines coutumes la prolonge tout l'hiver. Le seigneur perçoit un droit qu'il donne à bail.


      

    Grange
    Grange : exploitation rurale médiévale dépendant d'une abbaye ou d'un prieuré et généralement cultivée par des frères convers.


      

    Guier
    Guier : sergent, gardien d'un territoire dont il surveillait les limites.


      

    Gros tournois
    Le gros tournois est une monnaie d'argent créée par saint Louis lors de sa réforme monétaire de 1260-1263.
    Le gros d'argent pèse environ 4,52 grammes d'argent presque pur, et vaut 12 deniers tournois, soit 1 sou (équivalence de l'époque : 1 livre = 20 sous = 240 deniers. Donc 1 sou = 12 deniers).
    Le gros d'argent est créé après la Septième croisade (1248-1254), après que saint Louis a découvert le système monétaire arabe. Lors du même mouvement de réforme, il crée aussi les premières émissions d'or du royaume, les écus d'or, mais ceux-ci en nombre très limité, dans un but purement politique.


      

    Impôts sur les terres
    1 vergée : 8 sous, 1 denier, 4 chapons
    5 vergées : 40 sous, 7 deniers, 1 agneau
    1 arpent cultivé : 4 deniers (à Troyes en 1175)
    1 maison : 12 deniers, 1 boisseau d'avoine (à Troyes en 1175)
    1 vergée : 140 deniers
    1 maison : 50 deniers

    A Grenoble :
    1 mas : 2 porcs, 1 mouton, 2 agneaux, 1 chapon, 8 setiers d'avoine (586 l), 1 muid de vin (1000 l), 1 setier de légumes, 2 barriques ou l'équivalent en argent.
    1 cabannerie : 8 sétiers de legumes
    1 barderies : 1 porc
    L'évêque de Grenoble reçoit pour ses terres 17 porcs et d'autres impots.


      

    Journal
    Ancienne mesure de terre, en usage encore dans certains départements. Le journal varie suivant les provinces. En fait c'est le temps qu'un paysan passe dans son champ pour y travailler : 1 journal est égal à surface cultivée durant une journée de travail.

    Le Journal, correspond à environ 40 ares.


      

    Leude
    Leude : impôt prélevé sur les denrées et marchandises vendues sur le marché ou au cours des foires et généralement perçu uniquement sur les personnes étrangères à la bastide.


      

    Ligne
    La Ligne équivaut à 0,002 mètre soit 2 centimètres.


      

    Lieue
    La lieue de 2000 toises vaut 3.900 mètres.
    La Lieue de 25 au degré correspond 4.400 mètres.


      

    Livre (unité française)
    Au Moyen Âge, sa valeur en France variait suivant les provinces entre 380 g et 552 g.
    Il fallait notamment distinguer entre la livre de poids, divisée en 12 onces (cf. libra), et la livre de poids de marc (1 marc = 8 onces) qui valait 2 marcs, soit 16 onces (cf. mina).
    Une livre vaut 20 sous ou 240 deniers. Un sou égale 12 deniers.


      

    Livre parisis
    Monnaie de compte utilisée sous l'Ancien Régime, en référence aux espèces monétaires fabriquées par l'atelier de Paris.
    Elle demeure la monnaie de compte officielle du domaine royal jusqu'en 1203, où elle est remplacée par la livre tournois. Elle subsiste dans quelques régions de France jusqu'en 1667, date à laquelle son emploi est interdit.
    La valeur de la livre parisis était fixée à : 1 livre parisis = 1,25 livre tournois


      

    Livre tournois
    La livre tournois se subdivise en sols, et deniers.
    1 livre tournois = 20 sols tournois
    1 sol = 12 deniers tournois

    Avec donc : 1 livre tournois = 240 deniers.

    Il est difficile de donner une valeur actuelle à une monnaie ancienne mais, pour pouvoir se faire une idée de ce que la livre tournois valait à l'époque, les historiens lui donnent une valeur moyenne de 8 euros de 2006. Ainsi, en lisant : "le cardinal Mazarin a laissé à l'État français l'ensemble de ses biens, pour un total de 35 millions de livres, dont 8 millions en liquide", on comprendra 280 millions d'euros dont 64 millions en espèces.


      

    Localium
    Localium : terme utilisé pour désigner l'emplacement d'une maison.


      

    Manse
    Du latin mansus. Centre d'exploitation rurale : maison, bâtiments, annexes, enclos. Exploitation rurale complète: bâtiments, champs, prés et tous droits d'usage. Cette exploitation rattachée à un domaine. Étendue de terrain équivalent à l'étendue moyenne d'un manse. Le manse est une parcelle habitée par le "manant" (du lat. manere) dans sa maison (mansio) ou mas. C'est le centre d'une petite exploitation agricole, utilisée pour la répartition des redevances et des services. À l'origine l'étendue du manse variait en fonction de la qualité du tenancier. La superficie arable et l'équipement du manse devaient permettre à une famille paysanne de se nourrir et d'acquitter les charges dues au propriétaire foncier.

    A l'époque carolingienne, le manse est une unité foncière servant d'assiette aux perceptions domaniales. Le manse carolingien est grevé de services en travail sur la réserve du maître ainsi que de redevances en nature et en argent.
    Le manse est l'unité d'exploitation qui est institué à partir des Carolingiens. Il comprend la maison et ses dépendances, le jardin et la quantité de terre cultivable par une famille (10 à 20 hectares). On distingue trois sortes de manse :
    1. Manses serviles: détenus par les serfs.
    2. Manses lidiles: détenus par les affranchis.
    3. Manses ingénuiles: détenus par les paysans libres.

    Terre agricole, avec une maison, de taille suffisante pour faire vivre une famille, au moyen âge
    Manse : ensemble regroupant au Moyen Age l'habitation, le jardin et les terres.


     

      

    Marc (unité de masse)
    Le marc est une ancienne unité de masse, valant huit onces ou une demi-livre.
    En France, dans les unités françaises pré-métriques, le système de masse se disait justement "les poids du marc" et le marc valait environ 244,8 grammes.
    Marc : ancienne monnaie d'or ou d'argent pesant 8 onces. Ce mot désignait aussi la quantité d'or ou d'argent pesant 8 onces.


      

    Mazel
    Mazel : banc de boucher installé sous la halle.


      

    Mense
    La mense est le revenu destiné à l'entretien d'une personne ou d'une communauté religieuse. La mense d'un évêché est composée de la mense épiscopale qui revient à l'évêque et de la mense capitulaire qui revient aux chanoines et qui est divisée en autant de prébendes que de membres. Au niveau monastique, la mense abbatiale revient à l'abbé alors que la mense conventuelle revient aux moines.


      

    Mességuier
    Mességuier : garde chargé principalement de surveiller les récoltes.


      

    Mesure de Grains
    Quarte, vaut entre 24,03 et 87,75 litres.
    Sac, vaut entre 82,50 et 87,50 litres.
    Setier, vaut entre 30,70 et 144 litres.


      

    Mesures des Huiles
    Baste
    correspond à une contenance de 47,25 litres. Elle est utilisée uniquement à Gagnac et équivaut à 3 setiers.

    Livre
    vaut entre 0,514 et 1,007 litres. Elle peut être divisée en 1/2, 1/4, 1/8 et 1/16 de livre.

    Pauque
    correspond à 0,492 litre. Elle est utilisée uniquement à Gagnac.

    Setier
    correspond à une contenance de 15,75 litres. Elle est utilisée uniquement à Gagnac et équivaut à 32 pauques.


      

    Mesures des Surfaces
    Prime
    vaut entre 32,50 et 140,90 ares.

    Quarte
    correspond à une superficie de 45,96 ares.

    Quarterée
    vaut entre 23,54 et 51,07 ares.

    Quartonat
    est égal à 7,70 ares.

    Quartonée
    vaut entre 8,54 et 19,15 ares.

    Padouens
    terrains vagues utilisés pour faire paître le bétail.


      

    Padouenc
    place publique.


      

    Paréage
    convention de droit féodal conclue entre un seigneur puissant offrant sa protection et un autre plus faible qui donnait en indivision une seigneurie dont les revenus étaient alors partagés.


      

    Perche
    Ancienne mesure agraire de dix-huit, vingt ou vingt-deux pieds, suivant les différents pays, cent perches faisant toujours un arpent.


      

    Pied
    Le pied vaut à 0,325 mètre. Il est égal à 12 pouces.


      

    Pugnerée
    unité de surface valant environ 14 ares.


      

    Mouture
    Impôt pour l'utilisation du moulin.
    1 sac sur 16 au meunier.
    Pour 5 minots de blé à moudre, le seigneur touche 1 boisseau.


      

    Muid
    Le muid, du latin modius, "la mesure [principale]" est une ancienne mesure de capacité pour les grains et autres matières sèches et également pour les liquides.
    Sa valeur – clairement définie à Paris – pouvait tout de même varier suivant les régions et la nature des marchandises à mesurer.


      

    Muid de matière sèche
    le muid de Paris valait 12 setiers de 12 boisseaux de 640 pouces cubes, soit 1,824 m³.
    le muid d’avoine contenait un peu plus de 3,7 m³ ;
    le muid de sel équivalait à un peu plus de 2,4 m³ ; en Lorraine, 0,52877 m³ ;
    le muid de charbon de bois valait 4,1 m³.
    Selon l'inventaire de 1155 à Cluny (dans le Mâconnais), un muid vaut 9 setiers

    Notez que le muid correspondait aussi à la surface de terre que l'on peut semer avec un muid de grain.


      

    Muid de liquide
    A Paris, le muid de liquides était de 274 litres (8 pieds cubes). Il fut employé en France notamment pour les mesure de vin. En province, sa contenance variait de 270 à 700 litres. Le tonneau contenant un muid s'appelle futaille.


      

    Obole
    pièce de monnaie de cuivre qui valait la moitié d'un denier tournois.


      

    Ost
    service militaire de longue durée dû au tenant du fief par les habitants de la bastide ou d'autres villages de la juridiction.


      

    Oublie
    sorte de rente versée au seigneur, le plus souvent en nature.


      

    Once
    L'once est une ancienne unité de masse, encore utilisée dans certains pays, dont la valeur est comprise entre 24 et 33 grammes.


      

    Pacage
    Le mot pacage, du Bas-latin, pascuaticus venant de pascuum (pâturage) et du verbe pascere (paître), désigne originellement en français les herbages sauvages ou adéquatement préparés où le paysan va nourrir et engraisser les bestiaux et éventuellement la volaille.
    Au moyen-âge et jusqu'au 17e, les lieux de pacage incluaient les friches, garrigues, landes et prés communaux ou d'autres lieux, forestiers faisant l'objet d'un Droit de pacage associé à la vaine pâture dans un droit, une coutume ou des tolérances plus ou moins formalisé selon les régions et les époques.


      

    Pinte
    Une pinte est une unité de mesure de volume pour des liquides. La pinte se subdivise en deux chopines.
    Le Littré : Ancienne mesure pour le vin et les autres liquides. La pinte de Paris valait un peu moins que le litre, c'est-à-dire 0l,931.
    En Normandie, la pinte mesure de Paris, du pot contenant deux pintes, de la chopine qui est la moitié de la pinte, et demi septier qui en est le quart, étalonné sur les matrices qui seront déposées aux greffes des hôtels des villes de Rouen, Caen et Alençon, Lett. pat. juill. 1680.

    La Pinte, vaut entre 0,979 litre à 2,51 litres suivant les localités.


      

    Pognère
    La Pognère, subdivision du boisseau ou du quarton.


      

    Pouce
    Le pouce, est égal à 0,027 mètre. Il vaut 12 lignes.


      

    Quart mesure pour le VIN
    Le Quart, quarte (la), quartonne (la) vaut entre 19,50 et 30,50 litres suivant la localité.

    Le Quart, équivaut à 0,25 pinte.


      

    Quarton
    Le Quarton, dans la région de Sarlat la Canéda a une capacité qui varie entre 20 et 40 litres comme le boisseau.


      

    Quint
    Au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, le droit du quint est un impôt seigneurial sur la vente des fiefs nobles.
    Il représente le cinquième du prix de vente, auquel s'ajoute très souvent le requint qui vaut le cinquième du quint.


      

    Roquille
    La Roquille, vaut 0,25 pinte.


      

    Saumée
    somme, charge, fardeau. Ce terme est devenu une unité de volume correspondant à une charge d'homme.


      

    Sauveté
    bourgade rurale fondée par les monastères ou les hommes d'église ; elle servait de refuge aux fugitifs et aux errants qui y bénéficiaient du droit d'asile. Sénéchal : grand subordonné du roi ayant autorité sur une région. Sol : terme provenant du mot latin solidus et utilisé pour désigner le sou. Surcot : tunique, en général sans manche, que l'on mettait par-dessus la cotte. Taille : impôt levé sur les roturiers et dû en contrepartie de la protection fournie par le seigneur. Levée en temps de guerre sous Philippe le Bel, la taille devint permanente durant la guerre de Cent Ans.


      

    Setier
    Ancienne mesure de grains de la contenance d'environ 156 litres.
    Le setier de blé, mesure de Paris, vaut toujours chez nous environ vingt écus (VOLT. Lett. Florian, 25 févr. 1771)
    Ancienne unité de capacité qui contenait 8 pintes de 48 pouces cubes chacune ; la même que la velte ; valant 7 litres, 61.
    Demi-setier, ancienne mesure de capacité, quart de pinte.
    Demi-setier, se dit à Paris d'un quart de litre.
    Un setier de terre, autant de terre labourable qu'on peut ensemencer avec un setier de blé ; c'est ce qu'on nomme autrement setérée.


      

    Sétérée
    A une superficie comprise entre 23,74 et 260,54 ares.


      

    Sole
    Partie des terres arables d'une exploitation qui reçoit successivement chacune des cultures faisant partie de l'assolement ou rotation. Diviser une terre en trois soles. La sole de froment est plus forte cette année qu'à l'ordinaire.
    Le bail des terres labourables, lorsqu'elles se divisent par soles ou saisons, est censé fait pour autant d'années qu'il y a de soles (Code civ. art. 1774)


      

    Sou
    Le sou est une ancienne monnaie française, issue du solidus romain et qui a survécu dans le langage à la décimalisation de 1795 pour désigner la pièce de 5 centimes jusqu'au début du XXe siècle. Il doit à cette longévité d'être encore présent dans de nombreuses expressions relatives à l'argent. 
     

    Face à une pénurie d'or, une nouvelle "stabilisation" (c'est ainsi que l'on appelle souvent les dévaluations) va venir de Charlemagne : le solidus ne sera désormais plus un soixante-douzième de livre romaine d'or mais un vingtième de livre carolingienne... d'argent. Il est lui-même divisé en 12 denarius, qui, sauf rares exceptions (le gros de Saint Louis), seront dans la pratique les seuls à circuler. Mais le système de compte (1 livre = 20 sous de 12 deniers) restera inchangé en France jusqu'à la Révolution.

    Sous de Melgueil
    Sous Ruthénois
    Sous de Rodez
    Deniers Ugonencs
    Solidos Ugonencos octenos de Carcasona

    Ugonencs - Unités monétaires utilisés dans plusieurs chartes du cartulaire de Douzens, et en particulier par les vicomtes de Carcassonne. On retrouve cette unité dans le cartulaire des Trencavel. Elle fut très concurrencée au début du XIIe siècle par le denier de Melgueil, qui l'emporte dans tous les actes des Trencavel et même dans tout le Languedoc. Cette monnaie de Melgueil est contrôlée par les comtes de Melgueil (puis de Toulouse à la fin du XIIe siècle), mais aussi des le début du XIIe siècle par les Guilhem de Montpellier [...]
    Sources : Hélène Débax, La féodalité languedocienne XIe - XIIe siècles. Presses Universitaires du Mirail. 2003


      

    Taille
    Impôt en argent prélevé par le seigneur sur ses tenanciers (non fixe au départ, puis annuel). Rendue royale en 1440.
    En 1287, à l'occasion du sacre du roi, un sculpteur de pierre paie pour la taille 106 sous.
    En 1292, à Paris, 15200 contribuables paient la taille. En sont exemptés les nobles ou les ecclésiastiques, ou ceux qui bénéficient d'une excemption particulière.


      

    Toise
    La Toise, vaut 1.949 mètres.


      

    Tonlieu
    En droit féodal, le droit de tonlieu est un impôt prélevé pour l'étalage des marchandises sur les marchés. C'est aussi un péage sur les marchandises transportées prélévé lors du passage d'un fleuve (pont, bac) ou aux portes de certaines villes.


      

    Tenure
    terre concédée par un seigneur qui accordait au concessionnaire la jouissance des lieux mais en conservait la propriété.


      

    Tournois
    monnaie royale officialisée par Philippe Auguste ; une livre tournois valait vingt sous tournois.


      

    Traversière
    qualificatif donné à une rue secondaire transversale.


      

    Vaine pâture
    Au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime la vaine pâture est un droit d'usage qui permet de faire paître gratuitement son bétail en dehors de ses terres, dans les bords des chemins, les friches, les terres nues de leurs cultures, les bois de haute futaie, les taillis de plus de 4 ou 5 ans. Le parcours est également un droit de vaine pâture que s'accordent réciproquement deux paroisses voisines. 
     

    A l'époque féodale, le propriétaire d'un terrain en perd l'usage après la moisson (ou la première coupe pour une prairie). Les chaumes, le regain appartiennent à la communauté et peuvent être utilisés librement par quiconque. Il en est de même pour les terres sur le sol en jachère.
    Cette pratique a permis pendant longtemps aux plus pauvres de la communauté d'entretenir du bétail (une ou deux têtes maximum) même sans posséder de terre.


     

    Verge
    La verge est une unité de longueur dont la valeur à varié au cours de l'histoire. Bien que tombée en désuétude dans le reste de la francophonie, elle est encore fréquemment utilisée au Canada (1 verge = 0,9144 m = 1 yard).


      

    Vilain
    paysan libre (par opposition au serf).


      

    Vinage
    Impôt sur le vin récolté ou transporté.
    1/8eme du vin pressé (le début est le meilleur).
    Le seigneur touche 1/3 de toutes les vignes à presser.


      

    Mesures pour l'Aube
    Dans la plupart de ces communes, le mesurage des terres ci-devant seigneuriales est fait, depuis environ 30 ans, à la perche de 20 pieds ; et celui des particuliers, à l'ancienne perche de 8 pieds 4 pouces ; ce qui porte dans les déclarations l'arpent des premiers à 100 cordes de 20 pieds, et celui des seconds à 111 cordes, et le journal à 75 cordes pour les uns, et 83 et 1/2 pour les autres.

    On évalue encore dans ce département les terres en mesure de terre, qui est le 6e de l'arpent, et mesure de chenevière, qui en est le 12e ; Boisseau 16e d'arpent pour les chenevières, ou 12e d'arpent pour les autres terres ; Journée, Ouvrée, Felte, et Homme, pour les vignes.


      

    Mesures pour la Dordogne
    Deux systèmes de subdivisions se partagent l'essentiel de la Dordogne :
    Le boisseau qui est égal à 8 picotins,
    Le boisseau qui est égal à 2 mandurières qui valent chacune 4 picotins. Parfois, la "Grande mesure" équivaut à 6 picotins au lieu de 8. Il arrive que pour une même localité, deux mesures cohabitent. Dans d'autre localité, la mesure est indiqué mais sa valeur exacte manque.

    Barrique, du Périgord va de 220 à 245 litres suivant les localités.
    Sac, usité dans la région de Bergerac. Il a une contenance de 92 litres.


      

    Mesures Provencales
    Mesure de longueur usitée autrefois dans le Midi ; elle se divisait en 8 pans et valait deux mètres. plus ou moins selon les pays.

    Cano carado, mesure de surface équivalent a quatre mètres carrés. La cano carado se subdivisait en 64 pans.

    La cargo ou charge de blé ou d'amandes valait en Provence trente-deux décalitres ou environ ; la charge de vin valait un hectolitre ; la charge d huile 24 décalitres ; la charge de bois 125 kilos et la charge de raisins à Aix valait 161 kilos. La charge de terre, mesure de superficie pour ensemencer une charge de blé, contenait 1600 cannes carrés, c'est-à-dire 63 ares environ et se divisait en 8 eimino. Aujourd'hui, la charge métrique de blé vaut à Marseille 160 litres.

    La Carterée, Mesure de superficie valant deux mille mètres carrés. L'are étant 100 mètres carrés, 20 ares valent une carterée. On estime les demi guérets à 15 francs la carterée et les pleins guérets de 30 à 40 francs. Les guérets d'avril et mai doivent avoir 30 centimètres de profondeur. Les guérets pour le jardinage, étant profonds et bien façonnés, peuvent s'évaluer à 40 francs la carterée. La carterée en prairies produit environ 700 kilos à chaque coupe. La carterée en blé produit environ deux charges de blé.

    Cosso Couosso à Nice ; couasso dans le Var. Petite mesure pour les grains et les surfaces ; c'est la vingtième ou douzième partie de l'eimino selon les pays, et la cent soixantième partie de la cargo. En certaines localités, c'est le quart de la panau ; à Villeneuve-lès-Avignon, c'est la huitième partie de l'eiminado.

    Coupado, Mesure de superficie usitée dans le Tarn, seizième partie de la seisteirado.

    Coupo, Mesure de capacité pour les liquides valant de 20 à 30 litres. Mesure de grain équivalent au douzième ou au seizième du setier ; en Limousin, douzième partie du boisseau ; en Gascogne, boisseau ; en Rouergue, quart de la sétérée.

    Des (vieux), Borne limite d'un terrain, parce qu'on marquait les limites autrefois, comme on le fait encore aujourd'hui dans beaucoup d'endroits, avec une croix de Saint André qui ressemble à un chiffre romain.

    Destré, Perche servant à arpenter. Mesure agraire usitée autrefois dans le Midi ; le destré de Provence était la centième partie de l'eiminado et équivalait à huit mètres carrés, plus ou moins selon le pays ; le destré d'Alais et de Montpellier se subdivisait en dix pans et valait vingt centiares ; celui de Béziers valait quinze centiares soixante-dix-neux milliaires ; en Languedoc, on employait aussi le destré pour mesurer les bâtiments et, dans ce cas, c'était une corde de 2 mètres 50 cent.

    Eiminado, Espace de terrain que l'on peut ensemencer avec une eimino de blé ; ancienne mesure agraire équivalent à huit ou dix ares selon le pays ; l'eiminado de Provence était la huitième partie de la saumado et contenait 100 destrés ou 200 cannes carrées ; l'eiminado du Dauphiné était la moitié de la seisteirado et l'eiminado du Roussillon valait soixante ares.

    Eimino, L'eimino formait la moitié de seistier, le huitième de la saumado ou de la cargo et se divisait en 20 cossos, 8 monturen ou 8 poignadiero ou en 2 quarto.

    Escandau, Mesure usitée pour l'huile et les liquides en général, ainsi que pour la chaux, c'est le quart de la miheirolo.

    Journau, Mesure de superficie qui vaut près de vingt ares en Provence ; environ soixante ares à Aix ; vingt-neuf ares en Gascogne. Journau de vin, mesure de vigne, composée de 500 souches, dans le Tarn.

    Liéuro, En Provence, Languedoc et Gascogne, la livre-poids se divisait autrefois en 16 onces et 128 gros. La livre d'Aix valait 379 gros 16 ; celle de Marseille, 388, 50 ; celle d'Arles 391,36 ; celle de Carpentras, 400 ; celle d'Avignon, 487,992 ; celle d'Alès, 415,89.

    Miheirolo, Mesure de capacité pour les liquides, en usage en Provence. Elle contient 4 escandaus, ce qui équivaut à soixante-six litres.

    Monturen, Mesure de capacité usitée à Nice : huitième partie de l'eimino, environ deux litres cinq décilitres.

    Ounço, Seizième partie de la livre en Provence ; elle se divisait en 8 ternaux.

    Pan, Longueur d'une main ouverte, mesure de 9 pouces usitée en Provence, Languedoc et Gascogne. Le pan était la huitième partie de la cano et il se divisait en 8 menuts. On l'emploie aujourd'hui pour le quart d'un mètre.

    Panau, Ancienne mesure usitée en Provence pour les grains équivalent au double décalitre. La panau est la moitié du sestier et le dixième de la cargo. Elle se subdivise en 4 civadiers ou 8 quartiers. C'est aussi une mesure agraire qui comprend 10 poignardières ou 160 canes carrées et qui est la moitié de la seisteirado ou la dixième partie de la cargo. A Aix, la cargo d'avoine est de 12 panaux et la cargo d'amandes, de 16.

    Pot, Mesure de vin qui contenait 2 pintes ou 4 feuillets à Aix. Le pouet équivaut au litre.

    Pougnadiero, Petite mesure de grains contenant environ trente-deux décilitres, ainsi nommée parce qu'elle est munie d'une poignée qui sert à la manier d'un seule main. C'est le quart de la quartiero, le cinquième de la panau, le huitième de l'eimino et le vingt-quatrième du setier dauphinois.

    Pougnerado, Espace que l'on ensemence avec une pougnero ou pougnadiero de grains. Petite mesure agraire usitée en Dauphiné, sixième partie de la quartelade, vingt-quatrième de la seisterado et équivalant à un are quarante-deux centiares.

    Quarteiro, Petite mesure pour les grains dont 8 font la panau ou 6 doubles-décalitres. Le quarteiro de Béziers équivalait à 16 litres 40. Le quartiero se divise en 4 pougandieros.

    Quarto, Mesure pour les grains et les amandes valant le quart du sestier et la moitié de l'eimino, le quart du boisseau dans la Drôme ; mesure agraire équivalant au Languedoc à environ cinq ares ; en Rouergue a neuf ares.

    Quartounado, Terre que l'on ensemence avec un quartoun de blé. Mesure agraire, quatrième partie de la seisteirado. En Limousin, le quart de la quarteirado est de 2 boisseaux.

    Quartoun, Mesure de blé usitée en Gascogne. Mesure de deux litres à Béziers. Le quartoun de Toulouse valait quatre setiers au XIVe siècle.

    Ras, Selier, Mesure usitée pour les grains, amandes et noix. Elle se divise en 12 pougnadieros ou 2 panaux et vaut 2 double-décalitres. Un ras de civados, une mesure d'avoine.

    Saumado, Mesure de capacité usitée en Provence et en Languedoc pour les grains, châtaignes, glands ; elle équivaut à 2 hectolitres, plus ou moins selon les pays, et se divise en quatre setiers ou huit eimino. En surface, elle équivaut à 8 eiminado.

    Seisterado, Contenu d'un setier. Etendue de terrain que l'on peut ensemencer avec un setier de blé. Mesure agraire équivalente à vingt ares, plus ou moins selon les pays. La seisteirado de Nîmes se divisait en 100 destrés et celle de Montpellier en 75. La seisterado du Dauphiné. contenait 900 toises carrées, soit 34 ares environ ; la seisterado du Limousin 25 ares ; celle d'Albigeois contenait 32 boisseaux ; celle de Béziers 16 ares ; celle de Rodez, 2 hectares 1/2.

    Sestier, Mesure de grains équivalente à 6 décalitres à Arles plus ou moins selon le pays ; il vaut, en général, 2 eimino et devient le quart de la cargo de la saumado. Le sestier de Limoges contenait 50 litres et celui de Loriol 80 litres. Le muid de vin de Montpellier contenait 18 sestiers et le sestier, 32 pots.

    Ternau, Huitième partie d'une once qui se divise en 3 deniers.

      

    Autres
    Pisé : maçonnerie faite avec de la terre argileuse et des cailloux.
    Platea : terme utilisé à la place de localium ou d'ayral pour désigner l'emplacement d'une maison.
    Poblan ou poblador : mot employé pour désigner les habitants des bastides.
    Poterne : porte secrète des fortifications, donnant sur les côtés.
    Pountet : petit pont couvert reliant deux habitations et enjambant une rue.
    Regrattière : marchande de légumes ou épicière.


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  • Les graffiti de Domme

    Templiers.net
    Les Tours de Domme

    Qu'étaient donc au vrai les Templiers ?
    Des Hérétiques ?
    Cette extraordinaire collection de graffiti, que nous avons présentée dans Archéologia N° 32 (pages 24-37), est bien de nature à nous éclairer un peu sur ces énigmatiques Templiers.

    Quels hommes étaient-ils ?
    Méritaient-ils vraiment les accusations dont ils furent l'objet ?
    Il semble que ces graffiti nous fassent entrer de plain-pied dans leur intimité, et nous permettent de les mieux connaître. Les inquisiteurs du procès nous assurent que les Templiers avaient des rites de réception étranges. Le crucifix y était bafoué, foulé aux pieds, couvert de crachats, le crucifié n'étant pas le Fils de Dieu mort pour les hommes, mais un homme comme les autres et lui-même un criminel.

    Or, que voyons-nous à Domme ?
    Ces archives secrètes, restées secrètes depuis 650 ans nous révèlent tout à coup, chez les Templiers un ardent amour du Crucifix. Ces hommes le mettent partout en honneur dans leur cachot. Croix, crucifix, scènes de Crucifixion, y abondent et forment comme le fonds même de la méditation des prisonniers. S'ils ont amoureusement gravé ou sculpté ces images, c'est afin de mieux prier devant elles.
      
    Ils ne marchandent pas au crucifié les honneurs divins. Ils ne chargent pas son front de la couronne d'épines, mais de la couronne glorieuse. C'est la couronne royale, ou le nimbe rayonnant, ou le nimbe crucifère traditionnellement réservé au seul Christ. La croix elle-même est entourée d'honneurs et de ses bras s'échappent des rayons glorieux.
    Est-ce le fait d'hommes qui, en un jour solennel, auraient craché sur cette même croix, sur ce même crucifix ?

    Templiers.net
    Graffiti des tours de Domme



    Les inquisiteurs accusaient les Templiers prêtres d'omettre, à la messe, les paroles de la consécration, ce qui équivalait à nier la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Il suffit semble-t-il, de regarder ce grand panneau où le Christ présente le Pain et le Vin et de lire au-dessous cet admirable acte de foi. Ma nourriture c'est Dieu, Dieu est ma nourriture. Il l'a dit en vérité. J'y crois. Et plus bas sur le banc du guetteur, cette même tendre allusion à l'Eucharistie : Ô Dieu est ma nourriture. Plus loin cette belle hostie au pied d'un crucifix, ou encore le Graal, le vase du Précieux Sang que recueille ailleurs Joseph d'Arimathie. 
     
    Est-ce là le fait de contempteurs de l'Eucharistie ?
    Les inquisiteurs accusaient les Templiers, lors de leur réception dans 'l'Ordre, de renier non seulement le Crucifix, mais aussi la Vierge et les Saints. Or que nous montrent ces murs ?
    Des Vierges sculptées assez maladroitement sans doute, par des sculpteurs improvisés, n'ayant probablement qu'un clou en guise de ciseau et qu'un caillou en guise de maillet. Mais ces pauvres sculptures n'en sont-elles pas plus touchantes dans 'leur encadrement précieux ? 
     
    Et peut-on ne pas être ému de cette discrète supplication : Mère de Dieu, priez pour nous. Et ne trouvons nous pas Saint Michel et Saint Jean les saints patrons de l'Ordre, et les anges dans le Paradis ?
    Tout cela n'a pas été fait pour les besoins de la cause ; tout cela est trop vrai et ne peut pas tromper. Les murs nous racontent la vie spirituelle d'hommes qui étaient incontestablement des amants de la Croix et de l'Eucharistie et des serviteurs dévots de la Vierge et des Saints.

      

      

    Des hérétiques
     

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    Graffiti de Domme

    On les accusait aussi d'hérésie. Accusation capitale et redoutable. Mais on n'a jamais bien précisé de quelle hérésie il s'agissait. On a prononcé les mots de monophysisme, de manichéisme, de gnosticisme, d'infiltrations cathares, d'ésotérisme enfin. Tout cela fait penser au proverbe connu : "Qui veut noyer son chien, l'accuse de la rage". En fait, on n'a jamais rien prouvé ni trouvé de tel. Et vraiment tout ici ne respire-t-il pas la foi la plus orthodoxe, la piété la plus simple et même la plus tendre chez ces religieux qui n'en étaient pas moins des soldats ?
    Ce qu'ils adorent, ce qu'ils vénèrent, ce qu'ils aiment, ce qu'ils prient, c'est ce que l'Eglise a toujours adoré, vénéré, aimé, prié et tout ce qu'aujourd'hui nous continuons à adorer, à vénérer, à aimer, à prier. Pas la moindre déviation dans leur foi ou leur piété. D'elles on peut dire "Sicut erat in principio" : Telles qu'au commencement, telles maintenant, telles toujours.

    Je sais bien que certains voudront malgré tout trouver des failles dans cette foi et cette piété. Je pense à ceux qui veulent trouver de l'ésotérisme partout et à tout prix, à coup de rapprochement fallacieux, de comparaisons forcées, reliées par de multiples "peut-être", l'ensemble formant un échafaudage branlant au sommet duquel on installe un = donc a des plus catégoriques, mais qui fait songer au sorite des sophistes. Ceux-là ne se feront sans doute pas faute de trouver dans cet ensemble de graffiti, tel ou tel détail qui sera suspect à leurs yeux. Ils relèveront par exemple avec satisfaction la présence du Graal et octogonal par surcroît.
      
    Le Graal, nous assurent-ils, aurait été indubitablement pour certains du moins, un symbole alchimiste. "Donc" n'hésitent-ils pas à conclure ; les Templiers pratiquaient l'alchimie. Ce "donc" est bien de ceux qui défient la logique en paraissant s'y soumettre. Qu'on nous permette une comparaison. Disons par exemple "Les cartes à jouer servent pour prédire l'avenir ; or les joueurs de belote utilisent les cartes à jouer ; donc ils cherchent à prédire l'avenir". La fausseté du raisonnement saute aux yeux.
      
    La vérité beaucoup plus simple est que la "queste du Graal" n'était à travers toutes les péripéties du roman d'aventures – nous dirions aujourd'hui "de cape et d'épée" – y compris celles de "l'amour courtois", que les manifestations du culte que les chevaliers d'alors vouaient au Précieux Sang, et qu'il n'y a aucune raison de croire que les Templiers y avaient vu autre chose, et se soient préoccupés de rêveries métaphysiques.

      

    Alchimistes ?
     

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    Graffiti de Domme

    Cette légende du Graal, M. Ollivier la rappelle opportunément, trouve son origine dans le partage du butin après la prise de Césarée, donc près d'un siècle avant que Chrétien de Troyes ne s'en empare et ne l'exploite. C'était, assurait-on, le vase de la Cène, le même qui servit à Joseph d'Arimathie pour recueillir le sang du Christ sur la croix. Si, plus tard, au début du XIIIe siècle Eschenbach en fit une pierre mystérieuse (philosophale) donnant à son possesseur vigueur et jeunesse, on voit en effet la légende verser dans l'alchimie. Mais cette alchimie elle-même, n'était-elle pas qu'un symbole ?
     
    Cette pierre n'était-elle pas simplement un "caillot" du sang du Christ ?
    Et n'est-ce pas précisément le corps et le sang du Christ qui peuvent rendre à l'homme vigueur et jeunesse ?
    Si les Templiers "dans les heures de délassement avec de belles paroles et courtoisies" que leur accordait la Règle, (ce qui ne pouvait être que la lecture des romans de chevalerie) avaient lu Eschenbach, ils ne l'ont certainement pas compris autrement, eux qui écrivent en clair, non loin de l'image du Graal, "ma nourriture c'est Dieu". Pour eux, le Graal n'est autre que le vase du sang du Christ, que recueille pieusement Joseph d'Arimathie.

      

    Les figures symboliques
     

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    Graffiti de Domme

    Mais d'autres figures aussi alerteront peut-être nos hermétistes. Dans le grand tableau de l'Eucharistie on trouve, avec le Soleil et la Lune, trois étoiles. Quoi de plus naturel ?
    Mais il se trouve qu'une de ces trois étoiles a 8 rais ?
     
    Voilà bien une preuve d'ésotérisme dira-t-on car l'étoile à 8 rais, c'est l'étoile parfaite, la figure dé la pierre philosophale, l'étoile hermétique, celle qui donne la clé du déchiffrement de la grille cryptographique... Mais si nos étoiles avaient la forme héraldique à 5 pointes, on nous dirait alors qu'il s'agit du "sceau de Salomon, et on prétendrait en tirer d'autres conséquences. De toute façon, nous voilà au rouet !" D'autant que, à bien y regarder, une seule des étoiles a 8 rais ; les deux autres en ont 9. Alors que conclure ?
     
    Tout simplement qu'il faut bien qu'une étoile ait des rais ou des pointes, sinon, ce ne serait pas une étoile. Or, il faut les prendre dans leur contexte, elles sont ici les compagnes du Soleil et de la Lune, donc simplement des étoiles. Vouloir y trouver à tout prix autre chose nous paraît absolument arbitraire. Par contre, c'est le contexte qui nous fera reconnaître et admettre sans difficulté que l'étoile à 8 rais nous semble bien être chargée d'un sens symbolique.
     Nous admettrons de même que, si certaines des mains que nous trouvons peuvent n'avoir été qu'un passe-temps de soldats, d'autres comme celle qui figure dans la même archère, près de l'épée et de l'étoile, ou cette autre que l'on voit, (comme annulée du reste par deux traits en croix) à côté de la Bête-Clément V, sont visiblement symboliques. Symbolique aussi peut-être, le petit quadrillé qu'on relève dans cette même figure. Nous serions moins affirmatifs en ce qui concerne la marelle trouvée sur le banc d'une archère.
      
    Tant de soldats dans les corps de garde, et même des petits clergeons dans les églises, ont gravé ce dessin populaire, qu'on est en droit d'hésiter ici sur son origine templière. Reconnaissons encore comme figures symboliques l'enceinte renfermant une croix, et ailleurs avant l'épée, la double enceinte renfermant également une croix. Qu'en conclure ?
    Simplement que les Templiers ont usé, comme beaucoup d'autres (... I) de graphismes symboliques et d'un langage de convention. C'est là un procédé qui relève parfois de l'amusement ou de la fantaisie, parfois aussi d'une nécessaire prudence. Mais de toute façon, il ne faut pas perdre de vue que symbolisme et langage secret ne sont nullement synonymes d'ésotérisme, c'est-à-dire d'une initiation à quelque doctrine cachée et d'un langage hermétique ; mais on peut pour telle ou telle raison employer un langage hermétique sans être pour cela le moins du monde ésotérique.
      
    N'est-ce pas le cas de bon nombre de prisonniers. Ici encore, il faut se remettre dans le contexte, et se demander, si une telle initiation peut être compatible avec la foi authentique et vibrante dont ces murs témoins étalent les preuves sous nos yeux. En définitive, les graffiti de Domme nous montrent dans les Templiers "de bons catholiques" comme ils prétendent l'être, comme ils le disent au Pape, comme ils entendent le rester. De bons catholiques, à la foi très sûre, sans la moindre déviation, à la piété solide et tendre de leur Ordre. Ce n'est pas tout à fait l'image qu'a voulu nous en laisser l'Histoire.

      

    Ni meilleurs... Ni pires...
     

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    Graffiti de Domme

    Soit, diront certains. Mais rien ne prouve que tous les Templiers aient ressemblé à ceux de Domme, qu'ils aient eu même orthodoxie, même piété, même surnaturel, même vertu... Domme n'est-il pas un cas exceptionnel, d'après lequel il serait imprudent de juger les Templiers en général ?
    A notre tour, nous demanderons qui peut nous autoriser à voir dans le groupe des prisonniers de Domme une sélection de sujets supérieurs à la moyenne, plus réguliers ou plus fervents ?
    En fait nous ne pouvons juger des Templiers que par ceux que nous connaissons. Or, nous connaissons ceux de Domme. N'est-on pas en droit d'en dire avec le poète : "Ni meilleurs que les uns, ni pires que les autres". Car, arrêtés tous ensemble dans la même rafle, il n'y a pas de raison de penser qu'on ait fait un choix quelconque entre eux. Et d'après quelles normes l'eût-on fait ?
     
    Nous constatons au contraire que les prisonniers de Domme y sont restés au moins jusqu'en 1318, autant dire vraisemblablement jusqu'à leur mort. C'était donc, non pas des inculpés en prison préventive, mais des condamnés, des condamnés à la prison perpétuelle, ayant donc fait des aveux.
      
    On sait ce que valaient ces aveux faits sous la torture 1 N'importe ; ils avaient avoué. Ils se situaient donc dans le cas le plus commun des Templiers et peuvent être considérés comme bien représentatifs de la mentalité moyenne de leurs frères en religion. Mais par bonheur, nous connaissons assez bien un autre groupe de prisonniers, par la belle prière qu'ils composèrent dans leur prison de Sainte-Geneviève à Paris. Nous avons donc là un point de comparaison.
      
    C'est d'abord au Christ Crucifié que s'adresse cette prière "Ceux que par ta Passion et ton humilité tu enchaînes au bois de la Croix, les rachetant par ta miséricorde, conserve-les, conserve-nous"... C'est ensuite à la Vierge "en l'honneur de qui ton Ordre l'Ordre du Temple a été fondé" .... C'est à Saint Jean lui aussi protecteur du Temple, lui "que le Christ tant aima"... et dans leur prière, ils prennent Dieu à témoin de l'innocence de l'Ordre "en dépit des calomnies, vous le savez bien qui nous sont jetées à la face... Tu nous sais innocents des crimes qu'on nous impute"...

      

    A Paris, comme à Domme
     

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    Graffiti de Domme

    Regardons maintenant les murs des Tours de Domme. C'est le même Crucifié, la même Vierge, le même Saint Jean que nous y retrouvons et la même affirmation d'innocence qui se manifeste dans l'indignation contre Clément V. On dirait que les graffiti à Domme ont été calqués sur la prière des prisonniers de Paris. Ils en sont, si l'on préfère, l'illustration en images. La foi et la piété des uns et des autres vibraient à l'unisson, parlaient le même langage, rendaient le même accent. Ce n'est certainement pas par hasard.
      
    Il faut y voir le résultat d'une même formation religieuse, qui a laissé sur tous, à Paris comme à Domme, la même empreinte. Nous sommes donc en droit de penser semble-t-il, que tels étaient les Templiers de Domme et de Paris, tels étaient ceux d'ailleurs et de partout.

    Par contre, nous accordons volontiers que sur les quelque trois mille Templiers que l'on comptait en France, avec autant de sergents et autant de- suivants, il ait bien pu se trouver quelques brebis galeuses. Le contraire serait même surprenant. Précisément nous savons que le Grand Maître y veillait avec sévérité, et que c'est cette juste sévérité à l'égard de quelques coupables qui attira sur l'Ordre les dénonciations venimeuses dictées par la rancune, et que Philippe le Bel ne fut que trop heureux d'exploiter.
      
    Cela même, prouve que l'Ordre faisait sa propre police et tenait à son intégrité morale. Les indignes ne devaient vraiment pas être très nombreux. Ce sont eux qui étaient l'exception. De toute façon, on le voit, ce n'est pas en Périgord qu'il fallait venir les chercher.

      

    Un étrange procès
     

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    Graffiti de Domme

    Nous sommes bien loin des soudards débauchés et sans foi ni loi que certaine Histoire a voulu nous montrer. Il y a de quoi rester rêveur, et on est amené à se demander – une fois de plus – comment on a pu traîner de tels hommes devant l'Inquisition par le moyen de quelle machination un tel procès a pu être monté. J'avoue ne pas être de ceux-ci croient à la pureté des motifs qui ont guidé Philippe le Bel, ce prince pieux, nous dit-on, qui n'aurait agi que pour la défense de la foi. C'est oublier trop facilement Anagni et l'excommunication dont le roi fut alors frappé. Il remplissait ses devoirs de chrétien ?
     
      
    Cela ne prouve pas grand-chose, et il lui aurait été d'ailleurs bien difficile, sinon impossible, à cette époque de faire autrement. Les belles formules et déclarations d'intention ne sont que littérature. Et si le roi avait eu vraiment en vue la défense de l'Eglise, c'est au Pape qu'il devait en laisser le soin.
      
    En fait, profondément imbu des principes laïcs et régaliens, comme ses familiers, les Flotte, les Dubois, les Marigny, les du Plessis et l'excommunié Nogaret, il était déjà l'archétype de ce que nous appellerions aujourd'hui le catholique anticlérical. Il voulait que le Pape fût à sa main et marchât à son fouet. Et il pouvait disposer maintenant, après Boniface VIII et Benoît XI d'un pape français. Gageons que le procès des Templiers n'eût pas eu lieu si Boniface VIII ou Benoît XI eussent vécu.

    Gageons aussi que ce procès n'eût pas eu lieu si Molay, moins jaloux de l'indépendance du Temple avait accepté la fusion de son Ordre avec celui de l'Hôpital. Gageons qu'il n'eut pas eu lieu non plus si Molay, plus souple et moins jaloux de l'indépendance du Temple avait accepté d'en abdiquer la grande Maîtrise en faveur d'un des fils du roi.
      
    Nul doute qu'alors le Temple n'eût été paré de toutes les vertus !
    En outre, aux yeux de Philippe le Bel, le Temple avait deux grands torts. En un jour d'émeute contre le roi faux monnayeur. le Temple où il s'était réfugié l'avait efficacement protégé, ce en quoi il avait montré sa force : et il avait ensuite renfloué le trésor royal : ce en quoi il avait laissé paraître sa richesse.
      
    C'étaient là deux grosses imprudences. C'étaient là aussi de ces services qui en politique ne se pardonnent pas.

      

    Turpitude et hérésie
     

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    Graffiti de Domme

    Or, il était bien difficile de faire au Temple un procès politique : il avait précisément rendu trop de services au roi. Mais il y avait mieux. Pour abattre un adversaire gênant, en ces temps-là, rien ne valait un beau procès religieux. Sur ce terrain la partie était gagnée d'avance. On fit donc un procès religieux. Devant une accusation de turpitude et surtout d'hérésie, tout accusé était perdu.
      
    Le code de jurisprudence ecclésiastique Impitoyablement retors, se chargeait par la torture, d'arracher à l'accusé tous les aveux qu'on voulait, "même d'avoir tué Dieu" ! disait un Templier avec une noire ironie. C'était alors, pour le moins, la prison perpétuelle. Mais si, par malheur, l'accusé, se retrouvant lui-même avait l'audace de revenir sur ses aveux, il était alors déclaré récidif relaps comme on disait, et c'était automatiquement le bûcher. Ce fut le cas de Molay et de 'bien d'autres. Cent quinze ans plus tard, Jeanne d'Arc subira le même sort après une procédure identique.

    Juridiquement parlant, le procès des Templiers fut donc, si l'on peut dire, conduit de la façon la plus correcte. On peut aujourd'hui s'en indigner. Mais en ce temps-là, nul ne pouvait s'en étonner.

      

    Comme des agneaux à l'abattoir
     

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    Graffiti de Domme

    Par contre, ce qui est sujet d'étonnement, dans cette triste histoire, c'est le silence des Templiers. Il fait songer à cette toute petite phrase de l'Evangile : "Et Jésus se taisait", "au grand étonnement de Pilate" du reste, ajoute le narrateur sacré. Pour nous aussi, le silence des Templiers semblait surprenant. Disons plus, il nous scandalisait un peu, comme s'il contenait un demi-aveu, un aveu honteux. C'est une impression que j'ai ressentie pour ma part, longtemps, jusqu'au jour où, à Domme, les Templiers m'ont parlé. Oui ils se sont tus. Mais nos graffiti vont nous faire comprendre pourquoi.

    Dès le début de l'affaire, on voit que les Templiers ne cherchèrent pas à se dérober. Molay lui-même souhaitait une enquête qui lavât le Temple des calomnies répandues sur son compte. Rien n'eût été plus facile, pour lui, alors qu'il était pratiquement averti de ce qui se tramait, que de prendre le large.
      
    Bien au contraire, la veille même de l'arrestation, il accompagnait protocolairement le roi à l'église des Jacobins, pour les obsèques de Catherine de Courtenay, belle-sueur du roi, femme de son frère cadet, Charles, Comte de Valois. Mais Molay ne pouvait se douter de la tournure que prendrait "l'enquête".

    De même il est hors de doute que les Templiers, s'ils l'avaient voulu, étaient de taille à résister. Mais il eût fallu tirer l'épée. Or, un Templier ne tirait jamais l'épée contre un chrétien : ainsi le voulait la Règle. Une autre règle qui n'était pas celle du Temple, mais qui régissait toute la chevalerie, s'énonçait dans le quatrain connu : 
     
    A Dieu mon âme.
    Mon corps au roi.
    Mon coeur à ma Dame.
    Mon honneur à moi.

    Leur corps était au roi. Cela ne se discutait pas. Et puis, essayons un peu, pour comprendre, de nous mettre au moins un peu à la place de ces prisonniers. Ils avaient tellement conscience de leur innocence, qu'ils ne ressentaient aucune crainte ; l'action intentée contre eux dut leur paraître comme le résultat dune invraisemblable méprise, qui serait vite éclaircie ou le fait d'une méchanceté -qui ne pourrait que tourner à la confusion de ses auteurs. On pourrait dire que la grande faute des Templiers ("une faute plus grave qu'un crime", aurait .dit Talleyrand), ce fut de croire qu'il suffisait d'être innocent pour n'avoir rien à craindre de la Justice.
      
    On se chargera vite de les détromper. Le Souverain Pontife leur fit du reste parvenir immédiatement (dans les trois jours), les meilleures assurances d'une heureuse solution de cette affaire, leur demandant de ne pas se décourager, de ne même pas songer à s'enfuir. Malgré cela le temps passait, les interrogatoires, et quels interrogatoires !, commençaient. Ce ne fut donc que peu à peu, après le premier moment de stupeur passé, que la réalité se fit jour et que les prisonniers comprirent que "c'était sérieux".

      

    La voie du Calvaire
     

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    Graffiti de Domme

    Alors ces hommes pieux se résignèrent, considérant leur pénible situation comme une épreuve. Habitués à tourner toujours leurs regards vers Jérusalem dont ils avaient la nostalgie, ils orientèrent tout naturellement leur méditation vers le Calvaire. Le Maître les appelait à le gravir avec lui. Ils ne se dérobèrent pas à son appel. C'est cela que nous disent les croix, les crucifix, ces crucifixions, ces groupes des trois croix du Golgotha, que l'on rencontre partout et jusqu'à cette évocation du Vendredi Saint qui nous a paru tout d'abord énigmatique. Ces hommes rudes et fiers, mais profondément modelés par l'ascèse du Temple, se jettent à plein coeur dans la voie du sacrifice, la vole du Calvaire, l'amour de la Croix.
      
    Voilà ce que nous font comprendre toutes ces images ; et cela seul peut les expliquer. Ici encore, comme s'ils s'étaient donné le mot, ils traduisent en images les pensées et la prière de leurs frères prisonniers comme eux à Sainte-Geneviève : "Ô notre Rédempteur et Défenseur, ceux que par ta Passion et ton Humilité tu enchaînes au bois de la croix, les rachetant par Ta miséricorde, conserve-les, conserve-nous"..
      
    Maintenant, nous comprenons leur état d'esprit, leur état d'âme. Ces murs nous le disent avec toutes ces croix, tous ces crucifix qu'ils gravent patiemment, qu'ils gravent encore partout où il y a un peu de place, les prisonniers, un peu plus chaque jour, se laissent enchaîner par le Maître au bois de la Croix.

    Et comme le Maître devant Pilate et sur la Croix, ils se taisent. Le silence est une forme de l'obéissance. "Paratus in on nibus obedire", dit encore la Règle. Ils obéissent en se taisant. Ils se laissent mener "comme moutons à l'abattoir" selon l'expression de l'un d'eux, comme le Maître, toujours, "sicut ovis ad occisionem dentus est" (Is LIII 7 Act VIII, 32) c'est-à-dire sans se plaindre. Ils se laissent bafouer, torturer moralement et physiquement, subissant tout dans l'intention d'obéir à l'insondable Volonté Divine.
      
    Il est bien remarquable que pas un seul d'entre eux n'exhale une plainte personnelle. Une prière seulement, déchirante du reste ; Mère de Dieu, priez pour moi. C'est devant ces murs couverts de ces innombrables crucifix que j'ai compris le silence des Templiers.

      

    Une sainte colère
     

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    Graffiti de Domme

    Mais le jour où, ne s'en prenant plus seulement aux personnes, on en vient à s'en prendre directement à l'Ordre, alors tout change. Ces hommes énergiques qui avaient su jusque là mater leur colère, tant que ne furent en cause que leur honneur personnel et leur vie, s'estiment déliés de toute contrainte le jour où l'on touche à l'honneur et à la vie de l'Ordre. Devant l'abolition de ce dernier par Clément V, ces hommes jusque-là muets et dociles, se déchaînent tout à coup. Les moutons deviennent enragés. Car c'est là pour eux le scandale des scandales, l'"abomination de la désolation dans 'le temple" prédite par le prophète Daniel (IX, 27). 
     
      
    Toucher à l'Ordre !
    A l'Ordre de Notre-Dame !
    A l'Ordre de Saint Bernard !
    A l'Ordre, gloire et piller de la Chrétienté !
    A l'Ordre, leur seule raison de vivre et leur seule fierté !
     
     
    Leur retirer "le Manteau" dans lequel ils n'auraient même plus la consolation d'être ensevelis un jour ! Ce fut alors un concert d'indignations, de colère, de rage et de désespoir. Jusque là ils avaient comprimé leur coeur. Maintenant que l'Ordre est aboli, maintenant qu'ils se trouvent par là même déliés de tous leurs voeux et de l'Obéissance et du Silence, maintenant que la liberté de maudire, faute d'autre, leur est rendue, alors ils ne se font point faute d'en user pour maudire les persécuteurs de l'Ordre.
      
    Les poings se crispent devant l'atroce caricature de Clément V tandis qu'une violente clameur d'imprécations éclate sous les voûtes de cette prison : 
     
      
    "Quis tantus plagor ad auras ?" 
     
      
    Quelle immense clameur monte donc vers les cieux ?
    Mais cette clameur ne monte pas plus haut que les voûtes, ne va pas plus loin que les murs. Ceux-ci du moins l'enregistrent et comme une bande sonore nous la restituent fidèlement aujourd'hui.

      

    Le Pape et le Roi
     

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    Graffiti de Domme

    On peut penser que c'est en 1312 que s'y inscrivent la caricature de Clément V et l'hydre à deux têtes de Clément V et de Philippe le Bel, quand fut communiquée aux prisonniers la Bulle d'abolition de l'Ordre ; peut-être aussi en 1314 lors de la mort de Clément V, un mois après le supplice de Jacques de Molay. La mort de la Bête, sous les coups de Saint Michel, Patron de l'Ordre, aurait alors un accent de revanche.
      
    Les prisonniers, comprenons-le, traversèrent un terrible drame de conscience, qui ne paraît pas avoir pour autant entamé leur foi le moins du monde. Mais ils pensèrent que pour avoir perpétré un tel crime, Clément V, le destructeur du Temple ne pouvait être que le suppôt de Satan, la "Bête" de l'Apocalypse, pis encore, l'Antéchrist en personne. Nous ne savons comment put se passer dans l'autre monde, la rencontre de Clément V et de Philippe le Bel, avec Jacques de Molay et ses Templiers.
      
    Ce dût être houleux et nécessiter la mise en place d'un service d'ordre important de légions d'anges. Nous ne savons bien sûr quelle put être la sentence divine. Mais si les clameurs des Templiers du Ciel répondirent à celles que faisaient monter leurs frères encore prisonniers sur terre, ce dut être, en dépit de la majesté du protocole céleste, un beau tapage en Paradis !

    Il est bon, il est salubre, d'entendre enfin les Templiers clamer leur révolte et leur dégoût, exhaler leur rancoeur, clouer au pilori et Clément V et Philippe le Bel. Ils ne s'avouaient donc pas coupables, et criaient vengeance au Ciel ! Cette colère soulage et fait du 'bien, même si elle est injuste. Il faut leur pardonner cet excès de colère. L'amour de l'Ordre seul a pu les y pousser. Leur confiance dans l'Ordre restait intacte.
      
    C'est là surtout ce. qu'il faut retenir de leur attitude. S'ils eussent eu le moindre doute sur la pureté de l'Ordre, ils eussent simplement courbé la tête, et pleuré. D'ailleurs, dans l'obscurité de leur prison, pouvaient-ils se faire une idée des difficultés à peu près inextricables dans lesquelles se débattait Clément V peu à peu emprisonné dans les rets de Philippe le Bel, qui ayant pris l'initiative d'une affaire qui n'aurait du relever que dû Pape, et !ayant menée à sa manière, forçait maintenant la main au Pape, et le mettait dans une situation difficile devant le monde chrétien. Le problème était complexe dont les Templiers étaient l'enjeu.
      
    A-t-on réfléchi aux conséquences qu'aurait entraînées l'acquittement des Templiers ?
    N'eût-ce pas été par le fait même la condamnation du Roi et aux yeux du monde entier l'étalage de sa honte. Les bûchers de ses victimes eussent réclamé vengeance. Comment, sous ce coup Philippe le Bel eût-il réagi ?
    On s'en doute. C'était alors l'excommunication, l'interdit sur le royaume, les consciences troublées, la Papauté prisonnière en France, les pires extrémités peut-être. Un Boniface VIII eût fait front.
      
     Clément V plia. Mais il plia "en gascon" comme eût dit le Cardinal Mathieu Rosso des Orsini. Pour ce qui lui parut l'intérêt général, il abolit l'Ordre, mais d'autorité, sans jugement, donc sans condamnation. En cela, il pensait éviter le pire, sans accorder au Roi la condamnation que ce dernier croyait tenir.
      
    Ce fut certainement très politique. Mais les prisonniers de Domme pouvaient-ils comprendre tant de subtilités ?
    Ils ne pouvaient voir qu'une chose, c'est qu'ils étaient que l'Ordre était injustement sacrifié. On pouvait bien dire que l'Ordre n'était pas condamné. On pouvait répondre qu'il n'était pas acquitté non plus et qu'il restait sous le coup des plus infamantes accusations.

      

    Le Destructeur
     

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    Graffiti de Domme

    Les Templiers virent en Clément V l'Antéchrist. Dante, ce grand pamphlétaire, à la même époque, s'était contenté de lui assigner une place dans l'enfer des simoniaques. "Viendra du couchant un Pasteur sans loi... auquel sera flexible le roi qui régit la France".

    Il faisait allusion à la légende, d'après laquelle Bertrand de Goth aurait accepté certaines conditions pour prix de l'appui du roi dans l'élection du nouveau pape. Ce pacte simoniaque aurait été conclu sans témoin alors, qu'en sait-on ?
    Dans une forêt des environs de Saint-Jean d'Angely. Il s'agirait du Prieuré de la Fayolle, en plein milieu de la forêt d'Essouvert. Cette légende, déjà très suspecte et pleine d'invraisemblances, s'est trouvée démentie lorsqu'on découvrit le carnet de route de Bertrand de Goth. Le futur pape ne se trouvait pas en Saintonge à la date indiquée, mais à Lusignan en Poitou, et ne vint point à Saint-Jean d'Angely. Les historiens ne se sont pas fait faute de colporter cette légende qui courait déjà du vivant de Clément V.
      
    Il est possible que les Templiers en aient eu vent. Clément V, somme toute, était au moins fortement soupçonné de complaisance excessive envers Philippe le Bel, et son prestige était bien entamé. Les Templiers qui avaient cru en ses assurances de sollicitude au début de l'affaire avaient perdu confiance en lui.
      
    Quand vint brusquement l'abolition de l'Ordre, leur désaffection devint de la haine et Clément V, pour eux, ne fut plus que l'Antéchrist.
    Quel fut le sort final des Templiers à Domme ?
    Il est probable qu'ils moururent sans bruit, l'un après l'autre dans leur prison. La dernière date que nous avons relevée est celle de 1320. Et lis n'étaient sans doute pas tout jeunes lors de leur arrestation en 1307.
      
     Et l'on vieillit vite en prison... Ils s'en allèrent, priant de toute leur âme le Christ et la bonne Vierge, et Saint Jean et Saint Michel... et emportant dans la tombe une fidélité farouche à l'Ordre du Temple et une haine non moins solide à l'égard de celui qui en était le "Destructeur".

      

    Une bouteille à la mer...
     

    Templiers.net
    Graffiti de Domme

    Lorsque la Providence qui aide parfois les chercheurs, me fit tomber entre les mains cet extraordinaire trésor de graffiti, au fur et à mesure que j'en comprenais mieux le sens, que je découvrais plus clairement le drame,. qui s'était joué dans cette prison, j'ai été, je l'avoue, profondément ému, tout comme je le fus, il y a une dizaine d'années, devant des cris d'angoisse et de fidélité, d'autres prisonniers, des Protestants détenus dans la vieille forge de Brouage. Mais je compris aussi qu'il y avait là plus qu'un souvenir, si émouvant, si pathétique fût-il, mais un document, un document pris sur le vif, nous donnant un reflet exact de l'âme des Templiers et nous faisant mieux comprendre leur comportement, que tous les grimoires tendancieux, que les interrogatoires fallacieux, que les aveux dictés sous la torture.
      
    Ce document est un témoignage à décharge à verser comme "un fait nouveau" au dossier de ce malheureux procès. J'ai compris enfin, que ce document était aussi un message, un message vieux de 650 ans. Dans ces tours aux voûtes effondrées et béantes, les murs intacts ont conservé ce message et nous le restituent aujourd'hui. Ils ont enregistré au jour le jour, comme en une suite d'instantanés, la pensée, la vie, la longue résignation et la révolte enfin de malheureux sûrs de leur innocence et qui attendaient là l'accomplissement de leur destin. C'est tout cela qui resurgit devant nous comme après une longue hibernation.
      
    Tels des naufragés en perdition lancent une bouteille à la mer, à tout hasard, sans savoir ni où ni quand elle abordera, ni par qui elle sera récupérée, si, même elle doit l'être jamais, ainsi ces prisonniers qui savaient ne jamais revoir la lumière libre, ont confié leur message aux murs de leur prison, seuls témoins de leur Calvaire et de leur agonie.

      

    Des croix partout répétées...
     

    Templiers.net

    C'est le message d'hommes d'une foi robuste et pure, d'un surnaturel remarquable, qui n'a pu résister cependant à l'iniquité venant précisément de celui en qui reposait leur confiance et leur espoir, d'hommes qui avaient accepté d'être frappés par les Puissances de la Terre, mais qui n'ont pu comprendre, dans la simplicité de leur logique, que le coup pût leur être porté par le représentant du Christ, du Maître qu'ils servaient. Révoltés alors, ils en ont appelé du Pape à Dieu. Pareil drame s'est répété depuis dans l'Histoire.
      
    Ce message dont je devenais le dépositaire, pouvais-je l'enfouir à nouveau dans les oubliettes du Passé ?
    Pouvais-je mettre cette lumière sous le boisseau ?
    Pouvais-je refuser de verser ces documents aux archives de l'Histoire ?
     
      
    Les Templiers de là-haut me l'eussent-ils jamais pardonné ?
    Je pense que nul désormais, ne devrait se sentir le droit d'écrire sur les Templiers sans avoir fait, auparavant, le pèlerinage de Domme.

    Sources : Par le Chanoine P. M. Tonnellier
    Toutes les images sont de Jack Bocar
    Texte de la revue N° 33 et 38 d'Archéologia
      
      
      
      
     
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    L'alphabet Templier dérive de la "Croix des huits Béatitudes" que les chevaliers portaient en bijou.
    Certains de ces signes figure sur la régle officielle du Temple, qui sont conservés à Rome, Dijon, et Paris.

     
       
     

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    http://templis.free.fr/crypthog.htmsources reproduction interdite.

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    IMPORTANT :
    En dépit du sujet traité, aucun lien n'existe entre ce site et une quelconque secte.
    Ce site présente exclusivement une approche des Templiers du XII - XIVe siècle.

     

    COMMANDERIE & BAYLIES

     
     

    Voici la liste des commanderies et des baylies. Classée par région de France.

    Alsace ! Aquitaine ! Auvergne ! Basse Normandie ! Bourgogne ! Bretagne ! Centre ! Champagne Ardenne ! Franche-Comté ! Haute Normandie ! Île de france ! Languedoc Roussillon ! LimousinLorraine ! Midi-Pyrénées ! Nord Pas de Calais ! Pays de la Loire ! Picardie ! Poitou CharenteProvence Alpes Côte d’Azur ! Rhône Alpes ! Autres

     
       
     

    BASSE NORMANDIE

    - Bastide (la), Issoire, Auvergne, Commanderie principale
    - Baugy de Bayeux, Autre site
    - Bayeux, Commanderie principale, maison rue de St Malo, rue des Chanoines.
    - Beaucoudray, Rocles, Commanderie, vestiges.
    - Beaugy, Planquery, 1148, Normandie, Commanderie principale, avec 25 personnes, 100 porcs, 180 moutons, 20 chveaux. vestiges, chapelle du 13e.
    - Beaumesnil, Autre site
    - Beluzet, St Vincent, Puy en Velay, Commanderie
    - Bénerville sur Mer, Port, tombe Templière.
    - Benières, Autre site
    - Bernières, Autre site
    - Besneville, Autre site
    - Bessamorel, Puy en Velay, Commanderie principale, reste la chapelle.
    - Beuzeville, St Marie du Mont, Autre site
    - Bohon, Commanderie principale
    - Boisyvon, Autre site
    - Bonneboscq, Maison
    - Bouchet St Nicolas (le), Puy en Velay, Commanderie
    - Boutteville, St Marie du Mont, Autre site
    - Bretteville le Robet, Brecteville le Rabel, 1150, Beaugy, Commanderie principale, reste la Salle des Templiers du 13e.
    - Breuil sur Couze, Commanderie, en ruines.
    - Brévands, St Hilaire, Autre site
    - Bricquebec, 1270, Yvetot, Commanderie
    - Briquebosc, Yvetot, Autre site
    - Brucheville, St Marie du Mont, Autre site
    - Brugnay, Chassenard, Bourgogne, Autre site
    - Bruyère (la), Braize, Auvergne, Commanderie
    - Busset, "Les Murs du Temple", Trésor
    - Caen, Bretteville, Maison, rue de Berières, rue de Basse. Prison.
    - Cahagnes, Le Temple, Baugy, Maison
    - Cambernon, Maison
    - Canteloup, Commanderie
    - Carlat (Rocher), 13e, Auvergne, Commanderie principale, chât., reste de beau vestiges.
    - Catz, St Hilaire, Autre site
    - Celles, Auvergne, Commanderie principale, reste la chapelle.
    - Chambon sur Dolore, Auvergne, Commanderie
    - Chambon, Cohade, Maison, vestiges.
    - Champ du Temple, Folie (la), Ferme
    - Chantoin, Blains, Puy en Velay, Commanderie
    - Chanu, 13e, Commanderie, beau reste, chapelle Notre dame du Temple du 13e.
    - Charnat, Auvergne, Commanderie
    - Chassaing, Broc, Commanderie, en bonne état.
    - Chênedollé, Autre site
    - Cherbourg, Maison, rue Trinité.
    - Courson, Commanderie
    - Courtonne la Meurdrac, "La croix Rouge", Autre site
    - Courval, Vassy, 1150-1192, Normandie, Commanderie principale, reste ses bât. & chapelle.
    - Coutances, Maisons
    - Equeurdreville, Autre site
    - Falaise, Maison, près de la porte Ogive.
    - Fierville, Commanderie
    - Fouillouze (la), Culhat, Auvergne, Commanderie principale
    - Fresneaux, Aunou sur Orne, 1206, Normandie, Commanderie principale
    - Freycenet, St Jean de Nay, Puy en Velay, Commanderie principale, vestiges.
    - Garde Roussillon (la), Lieutadès, Auvergne, Commanderie, reste la chapele à clocher carré.
    - Grottes de Jonas (les), St Pierre colamine, Cité troglodytique aménagée par les Templiers sur une falaise haute de 40 m, église dans le roc avec fresques.
    - Hainneville, Fief
    - Haye (l'), Avrilly, St Jean de Beugney, Maison
    - Haye du Puits (la), Vesly, Autre site
    - Hémevez, Yvetot, Autre site
    - Hiesville, St Marie du Mont, Autre site
    - Houblonnière (la), Chât., remanié au 15e, en bonne état, chapelle du 13e.
    - Huberville, Yvetot, Autre site
    - Laize, Voismer, Moulin
    - Lamaids, Auvergne, Commanderie
    - Langrune sur Mer, Port
    - Laulne, Vesly, Autre site
    - Laval sur Doulon, Maison, vestiges.
    - Lezoux, Maison
    - Lingèvres, Commanderie ou maison
    - Lion sur Mer, Port, fief
    - Lithaire, "Fontenay, "La Templerie", Vesly, Autre site
    - Louvagny, Fréneaux, Commanderie, vestiges.
    - Louvigny, Ferrières la Verrerie, Commanderie
    - Lyons, St Maurice de Lignon, Puy en Velay, Commanderie
    - Marc David, Fresneaux, Possession
    - Marche (la), Charroux, Auvergne, Commanderie principale, reste la chapelle du 13e.
    - Marchessieux, Bohon, Autre site
    - Mas de chantoin, Puy en Velay (le), Autre site
    - Maulmont, St Priest Bramefant, Chât.
    - Mesnibus (le), "La Commanderie", Vesly, Autre site
    - Montchamp, Commanderie, reste chapelle.
    - Monteil, St Rémy de Salers, Commanderie
    - Montferrand, Auvergne, Commanderie principale, Prison
    - Montfort, Arches, Auvergne, Commanderie, reste le chât.
    - Montignat, St Servant, Auvergne, Commanderie
    - Montredon, Bellevue la Montagne, Puy en Velay, Commanderie
    - Montreuil sur Mer, Picardie & Flandres, Autre site
    - Nacqueville, Fief
    - Olloix, Commanderie, reste tours & remparts.
    - Orgeval, Fresneaux, Possession
    - Ormeau, Fresneaux, Possession
    - Palluet, St Pourçain, Auvergne, Commanderie principale
    - Pérignat, Aubière, Auvergne, Commanderie
    - Perques, Autre site
    - Picauville, Eglise du 13e
    - Pieux, Autre site
    - Pont Brocard, Vesly, Eglise
    - Pont de l'Arche, Autre site
    - Potigny, Voismer, Forêt
    - Puy en Velay (le), Sénenjols, 1170, Cheftaine, Commanderie principale, reste la chapelle.
    - Quettelot, Autre site
    - Racherie, Contigny, "La Commanderie", Commanderie
    - Rampan, Fief
    - Réville, "Froides Rue", La Commanderie", 1125, Commanderie
    - Riom ès Montagne, Commanderie
    - Ronzière (la), Chadeleuf, Auvergne, Commanderie
    - Rouffigny, Autre site
    - Rougeville, Bohon, Autre site
    - Roumégoux, Chapelle
    - Rully, Autre site
    - Salers, 12e, Maison, rue des Templiers.
    - Salvetat (la), St Mamet, Carlat, Tour du commandeur
    - Saon, 1148, Baugy, Eglise
    - Sauvelat (la), Puy en Velay, Commanderie
    - Savigny le Comtal, Verneix, Chapelle
    - Semilly, La Barre de Semilly, 1150, Baugy, Maison
    - Sortosville, Commanderie ou maison
    - St Côme du Mont, St Hilaire, Autre site
    - St Félix, Maison
    - St George Montcocp, "La Templerie", Autre site
    - St Gilles, Autre site
    - St Hilaire, Commanderie
    - St Jean d'Entre les vignes, Montluçon, Commanderie principale, reste la chapelle.
    - St Jean de Beugney, Chassenard, Commanderie principale, reste la chapelle.
    - St Jean de la Rivière, Autre site
    - St Lô, Maisons, maladrerie, commerces.
    - St Loup Hors, Baugy, Maison
    - St Marie du Mont, Commanderie
    - St Martin de Varreville, St Marie du Mont, Autre site
    - St Maur des Bois, Autre site
    - St Maurice en Cotentin, Autre site
    - St Pellerin, St Hilaire, Autre site
    - St Pourçain sur Sioule, "La Croix Blanche", Commanderie
    - Ste Marie du Monts, Commanderie ou maison
    - Ste Mère Eglise, Autre site
    - Subligny, "Le Temple", Autre site
    - Tamerville, Yvetot, Autre site
    - Tempel, Bonnac, Dépendance
    - Théville, Commanderie
    - Tourette (la), Issac la Tourette, Auvergne, Commanderie ou maison
    - Tréauville, Autre site
    - Tribehou, Bohon, Autre site
    - Valconville, 1125, Normandie, Commanderie principale, reste murailles, ...
    - Valognes, Yvetot, Autre site
    - Vauville, Fief
    - Vesly, Commanderie
    - Viessoix, Commanderie
    - Vilhain, Eglise aux curieux modillons.
    - Villedieu lès Bailleul, commanderie st Antoine, ferme.
    - Voismer, Fontaine le Pin, 1148, Normandie, Commanderie principale, reste la ferme & la chapelle Notre Dame du Temple du 12e.
    - Ydes, 1150, Auvergne, Commanderie principale, reste l'nceinte, la maison des Templiers, en ruines. La chapelle St George à conservé la sculpture d'un zodiaque sur le porche avec des scènes de chasse & roligieuses.
    - Youx, Commanderie
    - Yssac la Tourelle, Commanderie
    - Yvetot, Commanderie

      

      

    SOURCES : http://templis.free.fr/r_bassen.htm

      

       
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    Vers 1250-1270

       
         
       
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    Vers 1190

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    Vers 1150-1200

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    Vers 1220-1240

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    les templiers d'Aigues mortes

     

    L’Ordre du Temple 

     

    C’est la seule fondation qui soit d’origine purement militaire et issue de la croisade.

    Au XIème siècle, Urbain demande la défense et le secours des chrétiens d’Orient

    par des expéditions qui devaient conduire les armées au tombeau du Christ.

    Ce fût une entreprise de colonisation militaire sous le mobile de la foi chrétienne ;

    ce qui va élargir le commerce entre l’orient et l’occident.

    Le pape engagea donc les chrétiens occidentaux à défendre leurs frères orientaux.

    Jérusalem devient chrétienne le 15 juillet 1098.

    La puissance musulmane décline, c’est l’anarchie, les chrétiens faiblissent

    et c’est la fondation de l’Ordre des « Chevaliers du Christ » ou » Templiers ».

    Admission : les preuves de naissance n’étaient pas obligatoires. Les postulants

    furent nombreux mais certains frères restèrent en France, dans les secteurs où la main d’œuvre manquait.

    L’Ordre reçut des biens temporels ; beaucoup se placèrent sous sa protection en

    apportant des lopins de terres (évêques et prêtres).

    En plus de la défense des lieux saints, de la reconquête de la foi chrétienne

    et de la conduite des pèlerins, la fondation du temple fut faite pour refleurir

    et ressusciter l’Ordre de La  Chevalerie.

    Au XIIIème siècle, accroissement  du courant Atlantique – Méditerranée, passant par la Rochelle,

    Cahors et direction La Méditerranée par Montpellier.

    Les Commanderies du Temple étaient des lieux d’étapes économiques, ce furent surtout des

     entrepôts et des centres de circulation d’argent. Ceux sont eux qui établirent les lettres

    de change qui deviendront les chèques.

     

    Les Templiers à Aigues-Mortes :

     

    On parle de l’existence d’un port situé à Listel qui appartenait aux templiers,

    il leur servait de base pour l’expédition en terre sainte : les templiers élevaient

    des chevaux sur le Larzac et les amenaient jusqu’à Aigues-Mortes.

    Les différentes commanderies et tous le biens matériels furent cédés

    aux Hospitaliers à la demande du Pape lors de la suppression de l’ordre.

     

    Les Commanderies aux alentours d’Aigues-Mortes :

    -         Le Daladel

    -         Saint Jean de la Pinède

    -         Les Salicots (Listel)

     

    En 1269, L ouis IX obtient des Chevaliers du Temple une forêt à l’ouest d’Aigues-Mortes

    pour agrandir le territoire. Plus tard ils abandonnent une forêt voisine à Philippe III.

    En 1270, Louis IX s’installa à  la Maison des Templiers à Saint Gilles

    en attendant l’embarquement.

    A Aigues-Mortes ? IL Y AVAIT UNE MAISON APPARTENANT AUX

    Hospitaliers pour l’Ordre de Malte (angle des rues Pasteur et Louis Blanc).

    Les Hospitaliers étaient coiffés par Le Grand Prieur de Saint Gilles.

    Cette Commanderie de Provence existe encore.

     

    En 1307, 45 templiers sont arrêtés, on les enferme dans la Tour de Constance,

    quelques jours plus tard ils seront transférés à Alès et jugés.

    On leur demande de reconnaître leurs erreurs et d’avouer.

    Ils avouent les plus perfides et inavouables choses et confirment que malgré leur

    initiation à l’Ordre du Temple ils ont gardé la foi catholique dans leur coeur.

     

    C’est après ces  aveux que l’Ordre du Temple convaincu d’avoir commis

    les crimes les plus énormes, de s’être livré aux plus affreux dérèglements ;

    voit périr la plupart de ses membres dans les flammes des bûchers, certains sont rendus à la vie civile,

    d’autres réintègrent l’Hôpital (qui y sera gagnant car il héritera de tous les biens du Temple),

    seuls ceux qui sont accusés de relapse seront brûlés. L’Ordre du Temple est enfin aboli en 1312

    au Conseil de Vienne, dans une session présidée par le Pape Clément V et à laquelle

    assiste Philippe IV le bel héritier des richesses de l’Ordre.

     

      

      

    SOURCES - SUPER BLOG http://www.ot-aiguesmortes.fr/FR/Templiers.htmLes TEMPLIERS D'AIGUES MORTES

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    Les Templiers dans le bailliage de Caen

    Les aléas de l'histoire font que bien des aspects de la vie des maisons du Temple en Occident nous échappent à jamais. L'étude des hommes qui se succédèrent deux siècles durant dans ces commanderies est un sujet des plus obscurs, du moins jusqu'aux abords du XIVe siècle. En effet, par une paradoxale et cruelle ironie du sort, il aura fallu attendre les tristes circonstances de "l'affaire des Templiers" et la mort programmée de l'Ordre pour que ses derniers membres quittent, pour leur malheur, le paisible anonymat dont jouissaient leurs prédécesseurs.

    Les cinq établissements du Temple installés dans les limites du bailliage de Caen - à savoir :
    Baugy : Commune de Planquery, Calvados, arrondissement Bayeux, canton Balleroy
    Courval : Commune de Vassy, Calvados, arrondissement Vire, chef-lieux de canton
    Bretteville-le-Rabet : Calvados, arrondissement Caen, canton Bretteville-sur-Laize
    Voymer : Commune de Fontaine-le-Pin, Calvados, arrondissement Caen, canton Bretteville-sur-Laize
    Louvigny : Commune de Ferrière-la-Verrerie, Orne, arrondissement Alençon, canton Courtomer
    Fresneaux : Commune d'Aunou-sur-Orne, Orne, arrondissement Alençon, canton Sées

    La petite maison de Louvigny, dépendant de celle de Fresneaux, ne déroge pas sur ce sujet à la règle générale.

    Les noms de Templiers relevés dans les actes concernant ces commanderies sont fort rares pour les XIIe et XIIIe siècles. Ainsi peut-on citer à titre d'exemple frère Guillaume Oeil-de-Boeuf maître de la milice du Temple « en deçà de la mer » (Frater Oculus Bovis, militiae Templi citra mare magister humilis) - c'est-à-dire en Occident - qui, à Noël 1206, concéda au chapitre de Bayeux une portion de dîme à Carcagny appartenant précédemment à la maison de Baugy.

    En juin 1226, c'est frère Guillaume Aquila, précepteur des maisons du Temple en Normandie, (Fratrem Willelmum Aquila, preceptorem domorum templi in Normannia) qui apparaît dans une affaire opposant l'abbaye d'Aunay à la maison du Temple de Courval, au sujet de deux gerbes de dîme à Vassy.

    On peut encore évoquer frère Robert Paiart, exerçant la même fonction (Frater Robertus Paiart, preceptor milicie templi in Normannia), qui est cité à plusieurs reprises entre 1258 et 1261, d'abord dans le différend opposant de nouveau l'abbaye d'Aunay à la maison de Courval, puis dans celui qui opposa le prieuré du Plessis-Grimoult aux maisons de Baugy et Bretteville-le-Rabet.

    Templiers.net
    Bretteville-le-Rabet
    Il faut cependant remarquer que tous ces personnages sont des dignitaires de l'Ordre, intervenant occasionnellement dans des affaires d'importance impliquant le patrimoine ou mettant en jeu des sommes d'argent conséquentes. Des simples frères demeurant alors dans lesdites maisons du bailliage de Caen, nous ne savons rien, à une exception près : dans une charte non datée, mais attribuable au milieu ou à la seconde moitié du XIIe siècle, confirmant le don des dîmes de la paroisse de Bretteville-le-Rabet au prieuré du Plessis-Grimoult, apparaît en tant que témoin un certain Ranulf templier. On peut logiquement supposer que ce Ranulf était alors précepteur de la commanderie de Bretteville-le-Rabet.

    Pour les XIIe et XIIIe siècles, notre information se limite donc à quelques noms et quelques titres, sans autres éléments pour esquisser une biographie, même sommaire. Pour accéder à un niveau supérieur de connaissance sur les frères du Temple, il faut attendre le début de l'affaire des Templiers.

    Le procès de l'Ordre du Temple qui dura plusieurs années a donné naissance, ne serait-ce que pour le royaume de France, à une documentation qui devait être considérable à l'origine. Même si celle-ci a connu d'innombrables pertes, elle n'en demeure pas moins importante, quoiqu'assez inégale selon les endroits concernés. De ce point de vue, les maisons du bailliage de Caen sont particulièrement bien servies puisque plusieurs sources documentaires sont encore existantes, cas assez exceptionnel en soi. En ce qui concerne les frères résidant dans ces commanderies, trois documents peuvent nous fournir des informations. Ce sont, en suivant l'ordre chronologique :

    - Les inventaires de mise sous séquestre des biens des commanderies du bailliage de Caen effectués par les officiers royaux le vendredi 13 octobre 1307, le jour même de l'arrestation des Templiers.

    - Le procès-verbal de l'interrogatoire des Templiers de ce même bailliage, mené à Caen les 28 et 29 octobre 1307 par les commissaires de l'Inquisiteur de France.

    - Les procès-verbaux de l'enquête de la commission pontificale qui s'est déroulée à Paris du 8 août 1309 au 5 juin 1311 (J. Michelet).

    Des trois sources utilisées, c'est sans conteste le procès-verbal de l'interrogatoire de Caen qui est le plus précieux. Nous ne souhaitons pas nous appesantir plus que nécessaire sur la première partie du procès-verbal qui relate les conditions dans lesquelles se déroula l'interrogatoire et reprend les charges qui pesaient sur l'Ordre. Les Templiers sont accusés d'être hérétiques et idolâtres - entre autres, de renier le Christ, de cracher sur la croix lors des réceptions et d'adorer des idoles - et d'avoir des pratiques obscènes et homosexuelles.

    Après avoir commencé par nier, les treize Templiers du bailliage de Caen avouèrent finalement les crimes imputés à l'Ordre. Le chevalier Gautier de Bullens contesta toutefois certaines accusations telles que celles portant sur « l'ydole fait afforme d'une teste d'omme » ou sur le sacrement de l'hostie. Seul le frère Guy Pesnee interrogé le samedi 28 octobre nia toutes ces accusations et persista dans ses dénégations après avoir subi la torture ; il n'avoua que le lendemain.

    Au-delà de ces soi-disant aveux, l'interrogatoire de Caen apporte énormément à qui s'intéresse aux Templiers. En premier lieu, il nous fournit une liste complète des frères de l'Ordre résidant alors dans les cinq établissements du bailliage : ils étaient treize en tout et pour tout. Ce sont, en suivant l'ordre adopté par le procès-verbal :
    Le chevalier Gautier de Bullens, de la maison de Voymer,
    Matieu Renaut, commandeur de Bretteville-le-Rabet,
    Etienne de Noefcastel, commandeur de Courval,
    Giefroi Hervieu de Bretteville,
    Jehan Challet, de Bretteville,
    Guillaume le Raure, de Baugy,
    Richard Bellenguel de Courval,
    Guillain Tone, de Courval,
    Henri de Rothours, de Voymer,
    Aubin Lenglois, commandeur de Baugy,
    Christofle de Loviers, de Voymer,
    Raoul de Perrousel, de Baugy,
    Guy Pesnee, de Louvigny.

    Les autres renseignements portent sur le statut dans l'Ordre de chacun d'entre eux - chevalier, sergent ou prêtre -, le diocèse d'origine, le lieu de réception ainsi que l'identité du frère qui y procéda, et le nombre d'années passées dans l'Ordre. Ces informations ont servi de base à l'élaboration de notices biographiques, qui ont été présentées sous forme d'un tableau de synthèse. Ces données ont pu être vérifiées et complétées ponctuellement par confrontation avec les deux autres sources citées précédemment.

    A l'issue de la lecture de ces notices, un commentaire s'impose. La première remarque qui se dégage concerne les effectifs des maisons du Temple : ceux-ci paraissent très faibles. On compte, en effet, treize Templiers en tout et pour tout, répartis dans nos cinq établissements. Le frère Guy Pesnee demeurait seul à Louvigny, petite dépendance de la maison de Fresneaux et les autres commanderies abritaient chacune trois frères, même celle de Bretteville-le-Rabet qui occupait pourtant, semble-t-il, le deuxième rang des commanderies normandes après Saint-Étienne-de-Renneville.

    Cette modicité des effectifs ne signifie pas cependant que les biens de l'Ordre étaient sous gérés car chaque établissement abritait une domesticité fort importante, comme en témoignent les inventaires établis le 13 octobre 1307.

    A Baugy, du chapelain au gardien des oies, la maisonnée regroupait vingt-sept personnes en plus des trois frères et les maisons de Bretteville et de Courval comptaient au moins treize domestiques chacune.

    La remarque suivante porte sur le caractère local du recrutement : les frères de nos commanderies étaient très majoritairement originaires de Normandie, neuf sur treize plus précisément (soit 70 %).
    Matieu Renaut,
    Henri de Rothours,
    Aubin Lenglois et
    Chritofle de Loviers, tous quatre originaires du diocèse d'Evreux, furent reçus dans la chapelle de Renneville, maison principale de la préceptorie de Normandie, de même qu'Etienne de Noefcastel, Richard Bellenguel et Guy Pesnee, venant, eux, du diocèse de Rouen.

    Quant à Giefroi Hervieu et Guillain Tone, originaires du diocèse de Bayeux, ils furent, pour leur part, reçus à Bretteville.

    A la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, les réceptions ne semblent plus se dérouler ailleurs que dans ces deux commanderies, alors que la préceptorie de Normandie compte environ douze établissements.

    L'indication du nombre d'années passées dans l'Ordre par chacun de nos Templiers permet par déduction de connaître l'année de la réception, mais nous n'avons qu'une seule indication de date précise : le témoignage de Mathieu de Cresson Essart (J. Michelet, Procès des Templiers) nous apprend que Gautier de Bullens fut reçu à Paris le die martis post festum apostolorum Pétri et Pauli (le 29 juin 1294).

    Nous connaissons en outre les dates de réception de quelques autres Templiers d'origine normande : furent reçus à Renneville :

    Guillaume Bonchel, circa instans festum Nativitatis beati Johannis Baptiste, erunt XII anni vel circa (24 juin 1299),

    Pierre Agate, neveu de Philippe Agate, in vigilia Symonis et Jude apostolorum, fuerunt decem anni vel circa (28 octobre 1301),

    Raoul Louvet, fuerat [in ordine] nisi per llllor menses ante captionem eorum (juin 1307),

    Thomas Quentin, reçu lui à Bretteville, circa instans festum beati Johannes, erunt X anni vel circa (30 juin 1301).

    Les indications sont peu nombreuses, mais il semble tout de même que juin soit un moment privilégié. (Le Procès des Templiers..., t. 2, p. 26-28, et p. 191-198, t. 1, p. 554-556).

    Le privilège de recevoir les postulants revenait le plus souvent à un dignitaire de l'Ordre, généralement au précepteur de la province : à Renneville, deux frères furent reçus par Girart de Villers, maître de France. (Le Procès-verbal de Caen cite également un « Richard de Villers » : il faut y voir une confusion de prénoms. Consulter E.G. LÉONARD, Gallicarum militiae templi domorum, Introduction au cartulaire manuscrit du Temple (1150-1317) constitué par le marquis d'Albon, suivie d'un tableau des maisons françaises du Temple et de leurs précepteurs, Paris, Librairie Champion, 1930, p. 115).

    Mais la majorité le fut par frère Philippe Agate, qui exerça successivement, ou conjointement, les fonctions de commandeur de Renneville, de précepteur de Normandie, puis en 1307, de commandeur de Sainte-Vaubourg. (Sur Philippe Agate, voir Introduction au cartulaire manuscrit du Temple..., p. 116, 118 et 119)

    La plupart des Templiers du bailliage de Caen n'avaient donc jamais quitté leur région d'origine, voire la commanderie où ils avaient été reçus. Aubin Langlois, reçu à Renneville vers l'année 1283 était déjà commandeur de Baugy vers 1299 (J. Michelet, Procès des Templiers) ; Mathieu Renaut, reçu, lui, à Bretteville-le-Rabet aux environs de 1297, y était toujours vers 1301 (J. Michelet, Procès des Templiers) quand il assista à la réception de Thomas Quentin et, en 1307, il était commandeur de la maison.

    Cette stabilité des effectifs était de fait nécessaire à une gestion efficace du patrimoine de l'Ordre, qui se constituait principalement de grosses exploitations agricoles.

    Nos Templiers normands n'étaient assurément pas des guerriers attendant un départ de plus en plus hypothétique pour la Terre Sainte, mais d'efficaces administrateurs.

    Cette transition nous amène au point suivant concernant le statut des frères de nos commanderies. En effet, à l'encontre de l'image bien implantée dans l'inconscient collectif qui représente le Templier comme un chevalier vêtu d'un manteau blanc frappé d'une croix vermeille, chevauchant en armes et toujours prêts à combattre, on constate que la très grande majorité des frères du Temple sont des sergents. Parmi nos treize Templiers, seul Gautier de Bullens se dit chevalier : tous les autres sont frères sergents !

    Michel Miguet qui a pu recenser vingt-cinq Templiers pour toute la préceptorie de Normandie au début du XIVe siècle aboutit aux mêmes constatations en comptant pour sa part vingt-deux frères sergents, soit 88 % de l'effectif, deux chevaliers, soit 8 %, et un seul prêtre, soit 4 %. De même, l'étude des dépositions des Templiers des diocèses de Clermont et de Limoges a donné des résultats équivalents : sur un effectif de soixante-six, on a trouvé cinquante frères sergents (75,8 %), neuf chevaliers (13,6 %) et sept prêtres (10,6 %). Les frères chapelains sont encore moins nombreux que les chevaliers.

    De fait, l'Ordre avait souvent recours au recrutement extérieur pour desservir ses chapelles : les inventaires des maisons du bailliage de Caen signalent que le 13 octobre 1307 le chapelain de la commanderie de Baugy était Monseigneur Guillaume Duredent et celui de Bretteville Monseigneur Guillebert. A Courval, on signale également un chapelain mais sans le nommer. Aucun de ces trois hommes n'était frère du Temple et ils ne furent nullement inquiétés le jour de l'arrestation. Quant au faible effectif de chevaliers, il s'explique en partie par la disparition d'un grand nombre de combattants au Proche-Orient dans les années qui précédèrent la perte du Royaume latin de Jérusalem, mais il est aussi le reflet d'une désaffection certaine de l'aristocratie pour l'idée de croisade en général et l'Ordre du Temple, de plus en plus critiqué, en particulier.

    Les historiens du Temple voient dans la faiblesse du recrutement d'origine aristocratique une des causes du déclin de l'Ordre, tant au niveau spirituel qu'intellectuel, car les frères sergents remplaçaient de plus en plus fréquemment les chevaliers à la tête des commanderies et même des préceptories. Nous avons pu constater pour notre part que Matieu Renaut, Etienne de Noefcastel et Aubin Lenglois, commandeurs respectifs des maisons de Baugy, Bretteville et Courval étaient effectivement frères sergents, et que le chevalier Gautier de Bullens, pour sa part, n'était pas commandeur : le procès verbal des interrogatoires de Caen le désigne comme « compaignon de la maison deu Temple de Vaymer ». Il est par ailleurs établi que Philippe Agate, dignitaire de l'Ordre évoqué précédemment, était lui-même frère sergent.

    Pour autant, faut-il en déduire que l'ordre était irrémédiablement en crise ?
    Nous n'avons somme toute que peu de renseignements sur les époques antérieures et donc peu de points de comparaison. Après tout, les commanderies d'Occident n'avaient rien de commun avec les « casernes » du front, regroupant plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de combattants. Dans les premières, les frères étaient en petit nombre et ils ne menaient sûrement pas d'activités guerrières.

    On peut légitimement penser qu'en Occident on avait le plus souvent affaire, en dehors des chapelains, à des frères sergents plutôt qu'à des chevaliers.

    Les frères ayant des dispositions pour le combat étaient envoyés rapidement en Terre sainte, surtout dans les années qui précèdent sa perte définitive, tandis que ceux qui présentaient des dispositions pour la gestion du patrimoine restaient sur place.

    La perte de la Terre Sainte en 1291 et le repli sur Chypre ou l'Occident n'a peut-être pas eu une si grande incidence sur l'organisation des maisons rurales.

    De plus, jusqu'à ses dernières années d'existence, l'Ordre du Temple attirait encore des vocations, même si elles étaient relativement peu nombreuses. Sept membres de notre groupe de Templiers, soit la majorité, avaient été reçus dans l'Ordre après 1291, dont trois après 1300 : ce sont les frères Giefroi Hervieu, Guillain Tone et Guy Pesnee.

    Si l'aristocratie boudait l'Ordre du Temple, ce n'était certes pas le cas de toutes les classes de la société !

    Qu'advint-il des Templiers de Caen après l'interrogatoire des 28 et 29 octobre 1307 ?

    Pour répondre à cette question, nous avons fait appel à un second document : le texte de l'enquête de la commission pontificale.

    La mission de cette commission était de convoquer tous les témoins aptes à déposer contradictoirement sur l'ordre du Temple, en sa faveur ou contre lui, de les interroger et de tenir un procès-verbal de ces dépositions. Elle devait siéger dans les limites de la province ecclésiastique de Sens où la plupart des Templiers se trouvaient incarcérés. De fait, elle se tint à Paris, capitale du royaume, dont l'évêché dépendait de la métropole sénonaise. Les travaux de la commission durèrent d'août 1309 à juin 1311.

    Environ 550 témoins, la plupart amenés de province, se présentèrent et la majorité d'entre eux voulaient défendre l'Ordre. Finalement deux cent trente-et-un témoins furent entendus par les commissaires du 11 avril 1310 au 5 juin 1311, date de clôture de l'enquête.

    L'exemplaire original sur parchemin du procès-verbal fut transmis au Pape en vue de la préparation du concile de Vienne et la copie sur papier, conservée à Paris, finit par aboutir en 1793 à la Bibliothèque nationale.

    Entre 1841 et 1851, ce texte a fait l'objet d'une publication intégrale par Michelet sous le titre de Procès des Templiers.

    Cette édition demeure le document de travail de référence pour qui s'intéresse à la question, bien que la publication, préparée un peu hâtivement, ne soit pas irréprochable dans le détail. Le texte n'a pas été annoté et aucune table des matières n'a été dressée ; par contre, un index des noms de lieux et de personnes a été établi, ce qui peut s'avérer pratique. Ajoutons que le procès-verbal était rédigé, comme il se doit, en latin, ce qui peut poser problème à la nouvelle génération d'historiens dont la formation présente généralement quelques lacunes en la matière.

    Pour se repérer, il semble donc indispensable d'avoir recours à l'excellent ouvrage de Raymond Oursel qui traduit et commente de longs passages du texte et qui donne, dans sa table des matières, les concordances avec les pages de l'édition Michelet.

    Cette longue mise au point avait pour but de signaler les difficultés qui se sont présentées quand il s'est agi de retrouver la trace des treize Templiers du bailliage de Caen dans ce texte, ô combien rébarbatif. Et finalement, c'est grâce à l'utilisation de l'index que nous avons repéré laborieusement cinq passages où il est fait mention de ces derniers.

    Le 26 février 1310, cinquante-huit Templiers amenés de Gisors comparurent devant la commission pontificale ; parmi eux se trouvaient assurément onze, probablement douze, des treize Templiers de Caen. Tous acceptèrent de défendre l'Ordre. Ce sont : Galtherus de Bullens, chevalier, du diocèse d'Amiens,

    Stephanus de Novocastello, Ricardus Berlengue et Guido de Panaia, du diocèse de Rouen,

    Anricus des Recors, Matheus Renaudi, Audinus Anglici et Christophorus de Locaveris, du diocèse d'Évreux,

    Gilanus Toe et Guaufredus Cruci, du diocèse de Bayeux,

    Johannes Barbonna, du diocèse de Troyes et

    Radulphus de Perosello, du diocèse d'Amiens.

    L'identification n'allait pas de soi car ces noms diffèrent assez sensiblement de la graphie utilisée dans le procès-verbal de l'interrogatoire de Caen. La plupart des différences sont imputables à des latinisations plus ou moins approximatives, mais on note également des erreurs de prénoms assez fréquentes, ainsi qu'une erreur de transcription moderne (cruci pour ervei) qui n'aura pas échappé aux personnes ayant quelques notions de paléographie. Avec de la patience et un peu d'imagination, on peut, par recoupement d'informations, s'assurer de l'identification.

    Le 28 mars 1310, les commissaires firent comparaître l'ensemble des Templiers qui acceptaient de défendre l'Ordre, afin qu'ils choisissent parmi eux des procureurs. Parmi les cinq-cent-cinquante Templiers présents, ou environ, nous relevons à nouveau la présence de dix de nos Templiers.

    Entre les deux séances, Jehan Challet et Christophe de Loviers ont quitté notre horizon, tout comme Guillaume le Raure a disparu entre Caen et Paris.

    Qu'est-il advenu des ces derniers ?

    Ont-ils finalement renoncé à défendre l'Ordre, se sont-ils enfuis, ou bien sont-ils décédés ?

    Cette dernière hypothèse est malheureusement la plus vraisemblable : lors des interrogatoires, plusieurs frères se plaignirent aux commissaires des conditions d'incarcération ainsi que des mauvais traitements qu'ils avaient subis. Depuis 1307, plusieurs étaient déjà morts en prison et on peut supposer que les frères les plus âgés furent parmi les premiers à partir. Christophe de Loviers et Guillaume le Raure, reçus tous deux en 1282 ou 1283, avaient probablement dépassé la cinquantaine, sachant que les impétrants avaient généralement entre vingt et trente ans.

    A la suite de cette séance plénière du 28 mars 1310, les interrogatoires individuels commencèrent. Aucun Templier de Caen ne témoigna, malheureusement, devant la commission ; les rares informations supplémentaires ont donc été recueillies indirectement dans les dépositions d'autres frères.

    Le témoignage le plus intéressant est celui de Mathieu de Cresson Essart, sergent, originaire du diocèse de Beauvais et précepteur de la maison de Beylleval dans le diocèse d'Amiens.

    Il fut reçu à Paris en 1293 ou 1294 en même temps que le chevalier Gautier de Bullens, du diocèse d'Amiens, lequel Gautier « fuit combustus Parisius », selon ses dires. Gautier de Bullens fut donc victime de ce que Raymond Oursel nomme « le coup du 12 mai ». En effet, le 12 mai 1310, cinquante-quatre Templiers qui s'étaient offerts à la défense de l'Ordre et étaient donc revenus sur leurs premiers aveux, furent condamnés à être brûlés vifs comme relaps le jour même.
    Ces Templiers étaient « ratione personnae » justifiables des tribunaux spéciaux de la province ecclésiastique de Sens, et l'archevêque qui venait d'être nommé - à savoir Philippe de Marigny, frère d'Enguer-ran de Marigny - s'était hâté de conclure les enquêtes, dans un sens propre à satisfaire le roi. Malgré les protestations des commissaires pontificaux, la sentence fut exécutée et ce bûcher ne fut que le premier d'une série qui devait se continuer les jours suivants.

    Les informations extraites de deux autres interrogatoires, ceux de Thomas Quentin et Guillaume Bonchel, sont encore plus laconiques que la première, mais elles ont le mérite de nous fixer une fois pour toutes sur le sort de Mathieu Renaut et d'Aubin Lenglois : ils sont tous deux décédés, mais les circonstances de leur mort ne sont pas précisées. Peut-être ont-ils péri eux-aussi sur les bûchers de mai 1310 ?

    Il ne semble pas innocent que les seuls Templiers dont nous ayons confirmation du décès soient justement deux commandeurs ainsi que le seul chevalier de notre groupe de Caen. Plutôt que le fruit du hasard, ne faudrait-il pas y voir la marque d'une volonté délibérée d'éliminer toute velléité de combat de la part des défenseurs de l'Ordre en éliminant ceux en qui pouvait s'incarner l'esprit de résistance ?
    Il n'est d'ailleurs pas non plus anodin que, lors de l'interrogatoire à Caen, le chevalier Gautier de Bullens ait été interrogé en premier, suivi des commandeurs de Bretteville et de Courval, les aveux des plus « fortes personnalités » entraînant généralement ceux des autres.

    A l'issue de cette étude, l'image finale que nous gardons des derniers Templiers du bailliage de Caen est celle d'humbles frères sergents, administrateurs et frères de métiers dont la tâche était de faire fructifier le patrimoine de l'Ordre, sans grand souci d'activités militaires.

    Certains parmi eux avaient-ils même porté les armes et s'étaient-ils rendus en Orient ?
    Rien n'est moins sûr. Pour la plupart, le destin ne les avait jamais entraînés au-delà de la limite de leur province, pour certains même, des murs de leur commanderie d'origine. Leur arrestation et l'accusation dont l'Ordre du Temple fut subitement l'objet ne pouvaient que les prendre au dépourvu. Dans l'épreuve, peu résistèrent aussi héroïquement que le frère Guy Pesnee mais le premier choc passé, tous trouvèrent suffisamment de courage pour venir défendre l'Ordre à Paris, au péril de leur vie. Certain comme le chevalier Gauthier de Bullens et peut-être les frères Matieu Renaut et Aubin Lengloi, se comportèrent plus que dignement, en mourant sur le bûcher.
    Melle Anne Gilbert-Dony ? Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie ? Tome LXII, années 1994-1997 - Caen

    Les interrogatoires en vieux François
    Examination faite le jour de samedi en la feste as sains apostres Cymon et Jude l'an de grâce mil. CCC. et sept pour partie et le diemenche prouchain ensuiant ensement pour partie des frères de la maison deu Temple de la baillie de Caen sur les articles de lour erreurs seelees deu contreseel notre seignor le roi, les quiex articles sont tex.

    Cest assavoir, cil qui sont premièrement receu requièrent le pain et l'eaue de l'ordre et puis le commandeour, ou le maistre qui le receoit le meine secreement derrière l'autel ou en revestiare ou aillors en secret et monstre la crois et la figure de nostre seignor jhesu crist et il fait renier le prophète, c'est assavoir nostre seignor jhesu crist de qui celé figure est, par trois fois et par trois crachier sur la crois, puis le fait despoillier de sa robe et cil qu'il le receoit le baise en bout de l'eschine sous le braeul puis en nombral et puis en bouche et li dit que se aucun frère voult gésir charnelment alui que il le seuffre quer il le doit et est tenu a souffrir selonc le statut de l'ordre, et que pluseurs dels pour cen par manière de sodomie que sont l'un oveques l'autre charnelment.

    Et ceint l'un chascun quant il est receuz d'une cordele sur lour chemise et la doit le frère touz jours porte sur soi tant comme il vivra, et entent que ces cordeles ont ete touchies et mises entour un ydole qui est en forme d'une teste d'omme a une grant barbe, laquele teste il baisent et aoureent en lour chapitres [...] nos et ne sont pas tint li frères fors li grant maistre et li avoient.

    Item les prestres de l'ordre ne sacrent pas sur l'autel le corps nostre seignor ihesu crist.

    Laquelle examination fut faite par nous frères Robert souprior, Michel Chouquet lectour, Roger d'Argences et lohan de Margny deu couvent des frères preechours de Caen selonc la forme de la commission sur ceu faite de religieus homme frère Guillaume de Paris, chapelain notre père le pappe, confessour notre sire le roi de France et inquisiteur députe d'iceli nostre père le pappe en roiaume de France de la mauvestie de hérésie et par nous : Hugues de Chastel et Enguerran de Villers, chevaliers notre sire le roi, députez d'icelui seignor quant a ceu, si comme il apparessoit par ses lettres, presenz a ceste examination les tesmoings, des quiex les nons s'ensuivent. Cest assavoir :
    monseignor Richard de Breteville chevalier, maistre Robert de Caudebeq clerq notre sire le roi, monsseignor lohan chapelain deu dit monsseignor Hugues, lohan deu Chastel clerq, Raoul Gloi, Thomas deu Toil clerq de la visconte de Caen, Henri Campion, Richart le Tumbeour sergent notre sire le roi, et pluseurs autres.

    Et pour cen que nous ne povions traire vérité des diz Templiers sur les erreurs contenus es diz articles, ja soit ceu que il avoient jure par deux fois et este examinez le plus diligemment que nous povions, nous : souppriour, lectour, Roger et lohan desus diz en la présence de nous, les diz Hugues et Eugerran pour ten que iceus Templiers avoient tout mis en nie, lour monsstrasmez singulièrement et a chascun par soi pluseurs raisons et pluseurs voies, par quoi eus povoient avoir sauvement deu corps et de l'âme, se eus vouloient vérité recognoistre et soi repentir des erreurs et retorner a la foi et l'unité de sainte église, et comme sainte église recevoit ceus, qui avoient erre et vouloient retorner a la foi, et lour promeismez a les recevoir a la miséricorde de sainte église, se einsi le vouloient fere ; et nous Hugues et Engerran desus diz ensement lour promeismez a quitier toute peine temporel, dont notre seignor le roi les porroit punir de celx erreurs, et meesmement, pour plus mouvoir les, quant a traire vérité dels, lour deismez et monstrasmez, comme il estoit chose notoire et manifeste, que la graignor partie des Templiers deu roiaume de France avoient cogneu et confesse les erreurs et que les oviations et les deffenses proposées de lour partie en contraire n'estoit chose qui lour peust valoir, et que, se eus se parjuraient terche fois, bien si gardassent, que il lour convendroit souffrir tel peine, comme le cas requiert.

    Et ceu fait nous alasmez avant a l'examination sur les articles desus diz et oismez les diz Templiers singulièrement l'un après l'autre, et déposèrent sur les diz articles en la manière que il apparet par lour dépositions si dedenz escriptes, et furent les diz Templiers examinez en la sale deu petit chastel de Caen le samedi et le diemenche desus diz en la présence des diz tesmoingz, et a confirmation de vérité, nous souppriour, lectour, frères Roger et lohan devant nommez avons mis nos seaux a cest procès oveques les seaux des diz Hugues et Engerran presenz as chose ci dedenz escriptes.

    Frère Gautier de Bullens, chevalier nei de l'eveschie d'Amiens, compaignon de la maison deu Temple de Vaymer, receu et vestu a Paris par frère Hugues de Peraut chevalier, lequel frère Gautier a este en l'ordre l'espace de XIII anz ou environ, si comme il disoit, qui avoit jure par deux fois et este examine diligemment sur les articles dessus diz, les quiex il avoit touz mis en nie, requis, demande et examine derrechef sur les diz articles cognut et confessa touz les erreurs, excepte l'ydole fait afforme d'une teste d'omme, le quel il disoit que il n'avoit onques veu ne aoure ne riens n'en savoit. Et deu sacrement de l'autel disoit, que il creoit que les chapelains deu Temple sacraient le corps notre seignour sur l'autel comme bons crestions, ne ne savoit pas le contraire. Et est bien voir, que il avoit autre fois confesse, que il avoit este chaint, quant il fut vestu, d'une cordele sur sa chemise, en signe de chastee, et disoit, que il ne faisoit nule mauvestie, ne que elle eust ete touchie a l'ydole.

    Et des erreurs que il confessoit, se repentoit, si comme il disoit et retornoit a la foi et a l'unité de sainte iglise et requeroit a nous soupprior, lectour, Roger et lohan desus diz la miséricorde de l'église et a nous les diz Hugues et Engerran remission de peine temporel, les quiex choses le furent de nous otreiees.

    Frère Matieu Renaut, commandoour de la maison deu Temple de Breteville la Rabel, recheu et vestu par frère Philippe, lors commandeour de Reneville, a présent commandeour Sainte Waubourg, a este en l'ordre l'espace de x anz ou environ, si comme il disoit.

    Frère Estienne deu Noef Castel, commandoour de la maison deu Temple de Court Val, receu et vestu a Saint Estienne de Reneville, par frère Girart de Villers, lors mestre de France, et a este en l'ordre environ sis anz, si comme il disoit.

    Frère Giefroi Hervieu, compaignon de la maison de Breteville, receu et vestu a Breteville par le dit frère Philippe et a este en l'ordre III anz aura a la mi caresme prochain, si comme il disoit.

    Frère lehan Challet, compaignon de la maison de Breteville, receu et vestu a Barbonne, par frère Robert, commadeour de Barbonne, et a este en l'ordre XVII anz ou environ, si comme il disoit.

    Frère Guillaume le Raure, compaignon de Baugie, receu et vestu a Fontenoi jouste Sablies (Fontenay-près-de-Chablis, yonne, arr, Auxerre, canton de Chablis) par frère Guillaume de Trees, commandeour de Fontenoi et a este en l'ordre XXIII anz ou XXV ou environ, si comme il disoit.

    Frère Richard Bellenguel, compaignon de la maison de Court Val, vestu et receu par frère Aimere, lors commandeour de Reneville, a este en l'ordre XVI anz, si comme il disoit.

    Frère Guillain Tone, compaignon de Court Val, vestu et receu par le dit frère Philipe a Breteville, a este en l'ordre IIII anz, si comme il disoit.

    Frère Henri de Rothours, compaignon de Vaymer, receu et vestu a Reneville, par le dit frère Philipe, et a este en l'ordre IX anz ou environ, si comme il disoit.

    Frère Aubin Lenglois, commandeour de Baugie, receu et vestu par le dit frère Aimere, et a este en l'ordre XXIII anz ou environ, si comme il disoit.

    Frère Christofle de Loviers, compaignon de Vaymer, receu et vestu a Reneville par le dit frère Aimere, et a este en l'ordre XXV anz ou environ, si comme il disoit.

    Frère Raoul de Perrousel, compaignon a Baugie, receu et vestu a Dole par frère Richard de Bonteycourt, lors commandeour de Bourgoigne, et a este en l'ordre XXII anz, si comme il disoit.

    Les quiex avoient jure par deux fois et este examinez diligemment sur les articles desus diz singulierement, les quiex articles eus avoient nie a plein, requis, demandez et examinez chascun par soi derrechief sur les diz articles cognurent et confessèrent les erreurs contenus es diz articles en la forme et en la manière que le dit frère Gautier, quant a vray entendement et a sentence, et des erreurs que il confessoient se repentoient, si comme il disoient, et retornoient a la foi et a l'unité de sainte église, requeranz a nous soupprior, lectour, Roger et Tohan desus diz la miséricorde de sainte église et a nous les diz Hugues et Engerran [remission] de peine temporel, les quiex choses lour furent otriees.

    Frère Guy Pesnee, demorant a la maison deu Temple de Louvigny tout soul receu et vestu par frère Richard de Villers, lors commandeour de France, et a este en l'ordre environ VI anz, si comme il disoit, le quel avoit este jure par deux fois et este examine diligenment sur les articles desus diz ; les quiex articles il avoit nie, mis en gehine le samedi desus diz, en laquele gehine il ne vout riens confesser, en lendemain requis, demande et examine sur les diz articles confessa les erreurs en la manière que il avoient este confesse des autres desus diz quant a sentence et a vrai entendement requérant a nous souppriour, lectour, Roger et lohan desus diz miséricorde, et a nous les diz Hugues et Enguerran remission de peine temporel, la quele chose lui fut otriee.
    Sources : Anne Gilbert-Dony ? Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie ? Tome LXII, années 1994-1997 - Caen

    Maison du Temple de Caen
    Des historiens recommandables, Huet et l'abbé de la Rue, qui se sont occupés des antiquités de Caen, ne sont pas d'accord sur la question de savoir s'il y avait autrefois dans cette ville une maison de l'Ordre du Temple.

    Huet dit que l'hôtel des Templiers était situé dans la rue de Bernières allant au Pont-St-Pierre.
    Mais l'abbé de la Rue observe qu'en 1307, lors de l'arrestation des Templiers dans leurs maisons du bailliage de Caen, aucun d'eux ne fut arrêté dans la ville, par la bonne raison qu'ils n'y résidaient pas et qu'ils n'y avaient pas de maison.

    Cependant l'abbé de la Rue dit, dans une autre partie de son ouvrage, que du côté du Pont-Saint-Pierre, dans la rue des Quais, il y avait autrefois deux, jeux de paume, qu'on appelait le Grand et le Petit-Roch, du nom de leur propriétaire. Il ajoute que celui qui se trouvait entre la rue Guilbert et la rue des Cordes, était nommé beaucoup plus anciennement le Temple, et que dans le cartulaire de l'église Saint-Pierre, on trouve sous la date de l'année 1467 cette mention : « Maison et place du Temple sur la rive, appartenant à Jacques Dallon, curé de Langrune. »

    Ces mots indiquent suffisamment que c'était là l'ancienne demeure des Templiers. Cette maison, il est vrai, pouvait n'être plus occupée par eux en 1307, lors de leur arrestation, mais il n'est pas moins certain que les Templiers de Bretteville l'habitaient de temps à autre au siècle précédent. Elle leur avait été donnée vers le milieu du XIIIe siècle, par une noble demoiselle, du nom de Péronne, fille d'Asselin le Merchier. Nous avons trouvé la charte du mois de juillet 1266, par laquelle la noble demoiselle reconnaissait avoir abandonné aux frères de la chevalerie du Temple, demeurant à Bretteville-le-Rabet, « apucl Bretainvillam la rabel », sa maison située à Caen, « apud Cadonum », dans la paroisse Saint-Pierre de Darnetal, rue Basse, « in bassa rua », et tenue des frères du Temple au cens de 42 sols tournois par an, dans laquelle maison, est-il dit, les Templiers avaient coutume de manger et de loger, lorsqu'ils devaient, pour leurs affaires ou pour toute autre cause, séjourner en ville.
    Cette donation portait pour condition, que Péronne recevrait des Templiers, tout ce qui serait nécessaire à sa subsistance, et qu'on le lui ferait porter chaque jour dans celle de ses maisons de Caen qu'elle jugerait à propos d'habiter.

    Outre leur maison dans la ville, les Templiers en possédaient une autre en dehors, au hameau de la Folie. C'était une petite métairie avec une dizaine de vergées de terre, longeant la route royale, et qu'on a appelées depuis le Champ du Temple.

    Les Hospitaliers fieffèrent en 1413 ce petit domaine, et le donnèrent en arrentement perpétuel à un nommé Paul de Bailly, bourgeois de Caen, moyennant une redevance de 24 boisseaux de froment et de 40 sols tournois par an.

    Ils arrentérent également vers la même époque, l'ancienne maison du Temple, que le curé de Langrune, comme nous l'avons vu, tenait d'eux en 1467.

    Ils possédaient des cens dans la ville, notamment sur des maisons rue Basse-Saint-Pierre, et sur des terres au Mont-Petoux. Ils avaient le patronage de l'église de Saint-Julien que les Templiers leur avait laissé avec la collation de la cure.

    D'après l'abbé de la Rue, le commandeur de Bretteville avait toute la police épiscopale de cette église, droit de visite, etc., comme dépendante de l'Ordre de Malte. Le curé prenait le titre de prieur ou de curé commandataire. Enfin, lorsque l'Ordre de Malte recevait à Caen les voeux de quelque chevalier, c'était toujours dans cette église que la cérémonie avait lieu.

    Au commencement du XVIIe siècle, le chevalier Pierre de Caen, commandeur de Bretteville, voulut rétablir dans l'église de Saint-Julien, une charité qui avait été supprimée au temps des guerres, et dont il fit renouveler les règles et statuts.

    Cette charité devait se composer d'un échevin, d'un prévôt, d'un sous-prévôt et de douze frères servants. Pour y être admis, il fallait jurer d'être né de légitime mariage, d'être sain de corps et d'esprit, de condition libre et non serf, sans être sujet à un état de gêne ou de pauvreté qui empêchât le service à la dite charité.

    Le frère servant devait obéissance à l'échevin, au prévôt, au sous-prévôt et au curé pour tout ce qui regardait la charité. A la première désobéissance, il était mis à l'amende de cinq sols; à la seconde, il se trouvait suspendu de ses fonctions par le curé pendant trois mois; à la troisième, il était révoqué.
    Des frères et sueurs non servants pouvaient, par dévotion, se faire recevoir à la charité, moyennant de payer une somme de trente sols, lors de leur admission.

    Les échevin, prévôt, sous-prévôt et frères servants étaient tenus, lorsqu'il y avait quelqu'un de la charité malade, de le visiter deux fois par semaine s'il était frère servant, et une fois seulement lorsqu'il était frère ou sueur non servant. C'était là le but de celte société.

    Un règlement était fait pour les funérailles des membres de la charité, ainsi que pour les messes auxquelles ils devaient assister dans l'année. Ce règlement se terminait ainsi : Si quelqu'un ou plusieurs des frères servants ou non servants, échevin, prévôt, sous-prévôt, meuz de dévotion, veule pérégrincr pour visiter les lieux saints, Saint-Jacques en Galilée et Jérusalem, lesdits échevin, prevost, sous-prevost et douze frères servants avec le clerc, seront tenus et obligez le conduire hors le terroir de la paroisse du pèlerin, environ un quart de lieue avec croix et bannière ; et avant son département, sera chantée une messe à none du Saint-Esprit dans telle église de Caen; à laquelle messe assistera le pèlerin avec les eschevin, prevost et frères servants. Cette charité existait encore à la fin du XVIIe siècle.
    Sources : les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

    Eglise Saint-Julien à Caen
    La petite église Saint-Julien, à l'extrémité de la promenade, ressemble plutôt à une église de campagne qu'à une église de ville, et n'offre qu'un intérêt très minime.

    L'apside à pans coupés avec des contreforts appliqués sur la jonction des pans, les moulures du portail, enfin tout ce qui offre un peu de caractère dans l'édifice annonce le XVe siècle peut-être de la deuxième moitié.

    La tour centrale, d'une forme disgracieuse est plus moderne.

    Les templiers avaient possédé le patronage de Saint-Julien presque dès l'origine de leur ordre, c'est-à-dire peu après l'année 1118 après leur suppression en 1312 elle appartint à l'ordre de Malte.

    L'abbé De La Rue rapporte que lorsque l'ordre de Malte recevait à Caen les voeux de quelque chevalier, la cérémonie avait lieu à Saint-Julien.

    Il y avait à Saint-Julien un curé qui prenait le titre de prieur,
    un vicaire et deux obitiers.
    Sources : Bulletin monumental, publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques ; et dirigé par M. de Caumon. Tome 8, page 165. Paris 1842.
      
      
     
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  • Maison du Temple de Bayeux
     
    Département : Calvados, Arrondissement : Bayeux (Chef-lieu), Canton : Bayeux (Chef-lieu) ? 14

    M. Beziers, dans son Histoire sommaire de Baveux, paraît croire qu'il y avait autrefois dans cette ville une maison religieuse de l'Ordre du Temple ; mais cette conjecture, dit M. Plaquet, n'est appuyée sur aucun document (Essais historique sur la ville de Bayeux par F. Plaquet, page 158).

    Il est vrai que les Templiers n'avaient pas à Bayeux une maison religieuse, c'est-à-dire ayant église ou chapelle, et des frères pour la desservir ; mais ils n'en possédaient pas moins dans celte ville, comme à Caen, à Coutances, à Evreux, à Rouen, etc., une maison où ils descendaient quand ils venaient en ville, et où ils se retiraient en temps de troubles et pendant les guerres, pour mettre en sûreté leurs personnes et leurs biens.

    La maison des Templiers à Bayeux dépendait de leur commanderie de Baugy. Dans un état des biens et revenus de cette commanderie dressé en 1320, après que les Hospitaliers en eurent pris possession, nous lisons ce qui suit :
    En la prévosté de Bayeux, pour cens, VI livres, II sols, VIIII deniers.
    « Item fourment III sestiers I mine, valent XXXV sols. »
    « Item le manoir de Saint-Lou-Hors (Département : Calvados, Arrondissement : Bayeux, Canton : Bayeux - 14), vaut en communes années, C (50) sols. »
    « Item à Bayeux, une meson, à communes années, vaut IIII livres. »
    « Item glinnes et chapons, valent XII deniers. »
    Somme XVI livres, XVIII sols, IX deniers.

    Les Hospitaliers, qui avaient aliéné la maison du Temple de Bayeux, la rachetèrent à la fin du XVe siècle. Nous lisons dans le rapport de la visite prieurale de 1495 : « En la cité de Baïeux, souloit anciennement avoir une maison de la commanderie, laquelle longtemps fut bailliée par ung commandeur à perpétuité, et le commandeur présent l'a rachettée, recouvrée et redifîée pour sa personne et biens en temps de nécessité. »

      
    Pendant les guerres du XIVe siècle, celte maison avait servi de refuge au commandeur de Baugy qui, pour sa sûreté personnelle, avait dû quitter son chef-lieu. Elle était située sur la paroisse de Saint-Sauveur, dans la rue des Chanoines, près de la porte Arborée.

    La commanderie avait, dans la ville de Bayeux et dans sa banlieue, un certain nombre de cens et de rentes foncières sur des maisons et héritages, et notamment sur la maison des Trois-Rois, rue Saint-Jean, laquelle était chargée d'une rente de 40 sols, avec service de prévôté, foi, hommage et relief parle tenancier.
    Sources : les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

      

    SOURCES : http://www.templiers.net/departements/index.php?page=14


     

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  • Maison du Temple de Baugy
     

    Origine Templière : Diocèse ancien : Bayeux, département : Calvados, Arrondissement : Bayeux, Canton : Balleroy, Commune : Planquery.


    Templiers.net
    C'est une Propriété privée, on ne visite pas


    La fondation : Ce sont des dons consentis à l'Ordre du Temple par Roger Bacon, seigneur du « Molay » (Ce terme a un sens juridique précis au XIIe siècle : Il qualifie des terres qui échappent à toute juridiction civile et à toute charges ou impôts) et ses vassaux, qui fondérent en 1148 ou 1149, la commanderie de Baugy ; même si, comme le laisse entendre l'acte de donation, une maison de l'Ordre possédant chapelle existait déjà sur le site.

    Ces dons sont abondants, divers et confèrent à l'établissement son assise foncière.
    Roger Bacon donne aux Templiers '« aumône » de Baugy, composée de plusieurs pièces de terres et de bois situées entre les villages de Balleroy et de Planquery. Il leur donne en outre un moulin et une partie du vivier.

    Guillaume, son frère, leur abandonne une terre à « Brichesart » (aujourd'hui : Briquessard), une « masure » au Molay avec des droits de passage pour leurs porcs et, surtout, l'église de Saon avec ses revenus.
    Les vassaux de ces deux seigneurs, suivent leur exemple et cèdent au Temple qui, trois vergées de terre, comme Jean de Magnavilla qui, un setier d'orge sur le moulin de Saon, comme Hugues de Brolio, etc...

    Quelques donations furent encore faites au début du XIIIe siècle, dont celle de Luce d'Aunay, dame de Balleroy, qui ajouta 40 acres aux terres du domaine.
    Les libéralités de la noblesse envers les Templiers de Baugy avaient toutefois cessé avant 1250.

    L'inventaire dressé lors de l'arrestation révèle le caractère agro-pastoral de l'exploitation templière. L'année 1307, les Templiers de Baugy ont cultivé une superficie de 77 acres.
    Quand à la part de l'élevage, elle est alors considérable puisque :
    26 chevaux ;
    30 bovins ;
    280 moutons ;
    108 porcs; sont dénombrés à cette occasion, sur les terres de la Commanderie.
    Sources : Michel Miguet, Les Templiers et Hospitaliers en Normandie. Edition du CTHS, 1995

    Maison du Temple de Baugy
    Baugy, ancienne commanderie de Templiers, est située sur le territoire de Planquery; elle fut fondée, en 1148, par Roger Bacon, seigneur du Molay; Mathilde, sa mère Geoffroy de Malherbe, Jean de Magneville, Henri de Vaubadon, Guillaume Louvel, etc.

    Après la destruction des Templiers, la commanderie de Beaugy passa à l'ordre de Malte.

    La chapelle est encore debout elle offre de l'intérêt, quoiqu'elle ait été transformée en habitation et défigurée à l'intérieur.

    On jugera de son état actuel par le dessin suivant qui est pris du côté du Nord.

    Elle se compose de cinq travées de longues fenêtres ogivales partagées par un meneau bifurqué au sommet, s'ouvraient dans les travées une de ces fenêtres a été supprimée, du côté du Nord, par suite de la reprise du mur, et on n'en voit que quatre dans le dessin que je présente mais il y en avait cinq dans l'origine. Le côté sud est moins intéressant que le côté nord, parce c'est de ce côté (côté du soleil) que l'on a établi les fenêtres modernes de l'habitation.

    A l'Ouest, est une charmante porte qui indique très-bien l'âge de l'édifice; je crois qu'elle doit être attribuée à la seconde moitié du XIIIe siècle.


    Templiers.net
    Chapelle du Temple de Baugy - Sources : Dessin de M. Boudet


    Cette porte, dont voici l'esquisse, a son archivolte portée sur deux colonnettes à châpitaux du XIIIe siècle très-bien caractérisés; la courbure de l'ogive est aussi celle de ce siècle et, dans le tympan, on voit l'Agneau symbolique du Christ, entre deux rosaces parfaitement fouillées, dans lesquelles la touche du XIIIe siècle est encore évidente.


    Templiers.net
    Chapelle du Temple de Baugy - Sources : Dessin de M. Boudet


    Il ne reste plus qu'une partie des voûtes (du côté ouest) les arceaux, en pierre de taille, offrent des rosaces à leurs points de jonction.

    Un étang, qui existe toujours, baignait, du côté du Nord, les murs de la commanderie. Les bâtiments de la ferme se développent du côté du Sud ils ont été renouvelés, et ils ne m'ont rien présenté de très-ancien.

    Les commanderies étaient de grosses fermes dont la richesse consistait dans les produits agricoles et le mobilier vif; les inventaires faits, en 1307, du mobilier des commanderies de Templiers le montrent suffisamment.

    « On trouva à Beaugy 14 vaches à lait, 5 génisses de plus d'un an, 1 bouvillon, 7 veaux d'un an, 2 grands boeufs, 1 petit veau, 3 aumailles, 100 moutons, 180 brebis ou agneaux, 98 porcs ou truies, 1 truie avec 7 porcs de lait, 1 porc de plus d'un an, 8 juments de trait, 8 poulains de plus d'un an, 4 poulains de l'année, le cheval du commandeur, 1 roucin, 4 roucins pour la charrette (1). »
    1. On ne trouva ni cidre, ni bière dans les caves, mais 16 tonneaux de de vin.
    Sources : M. de Caumont, Bulletin monumental, publié sous les auspices de la Société française pour la conservation et la description des monuments historiques, tome 1, série 3, volume 21, Paris 1855

    Maison du Temple de Baugy
    C'était un des plus anciens établissements de l'Ordre du Temple, puisqu'il date de la première moitié du XIIe siècle. Il nous reste une copie de la charte qui rappelle son origine. Cette charte, datée de l'année 1148, nous montre un seigneur, du nom de Roger Bacon, faisant à Dieu et aux pauvres chevaliers du Christ, « pauperibus militibus Christi », l'aumône ou donation de Baugy, « eleemosinam de Bauge » comprenant, savoir : La terre au-dessus du chemin conduisant de Balleroy à Planquery, « de Balare ad Planchere », jusqu'à la terre de Guillaume de Baugy ;

    Toute la terre entre le bois et la rivière de « Rihous » ;

    Le bois de Baugy, « nemus de Balge », jusqu'au Petit-Rihous et jus- qu'à la voie de Bayeux ;

    La terre et la lande, « londa », depuis la voie de Roger, fils de Foucher, jusqu'à la terre de Godefroy de Castillon ;

    La flache, « flagam », ou la mare devant la porte de la maison du Temple, avec le bois, séparé de Rihous par un fossé ;

    Sept acres de terre touchant à la lande du côté de Bayeux ;

    Dix autres acres tenant aux précédents, et qui furent donnés pour la dédicace de l'église de Baugy ;

    Le fief de Quentin le Prêtre, « Quintini Sacerdotis », le moulin, le vivier et l'île qui est entre le biez et la mère eau, « inter bedum et matrem aquam » avec l'homme qui y demeurait et ceux qui lui succéderaient ;

    Droit d'herbage dans toute la terre du donateur ; droits de panage dans ses bois, de chauffage, etc.

    La même charte mentionne que Godefroy de Malesherbes, « de Mala herba », donna aux chevaliers du Temple la maison de Raoul, fils d'Yvon ; et qu'un nommé Guillaume leur avait aussi fait don à Briquessard-Livry (1), « apud Brichersart », d'un demi-acre de terre et de la masure de Molay (de nos jours Molay-Littry (2), « masuram de Moleto », quitte et exemple de foules charges et coutumes.

    Roger Bacon complète ses libéralités envers les Templiers, en leur accordant l'église de Saon, « ecclesiam de Saon (3) », avec tous ses revenus, et en amortissant les donations à eux faites, savoir : par Jean de Manneville, « de Magna villa » de trois vergées de terre ; par Mahele, mère de Roger Bacon, d'une rente d'un setier de froment à prendre chaque année sur le moulin de Baye, « de Baaeio » ; par Hugues du Breuil, « de Brolio », d'un setier d'orge aussi de rente sur le moulin de Saon ; par Henri de Vaubadon, de deux acres de terre à Planquery et par d'autres encore, de plusieurs pièces de terre qui avaient été concédées à l'Ordre du Temple.

    Les Templiers devaient jouir de tous ces biens en toute franchise, et avec exemption de tous services séculiers et de charges quelconques. Cependant lorsque les Hospitaliers entrèrent en possession de la commanderie de Baugy, un descendant de Roger Bacon, nommé Raoul Bacon, seigneur de Molay, voulut les soumettre à certaines sujétions dont étaient tenus, disait-il, envers lui, les Templiers leurs prédécesseurs.

    Raoul prétendait avoir le droit, pour lui et son fils aîné, de venir en la maison de Baugy se faire saigner lorsqu'ils en avaient besoin, « en arrivant pour cela un jour devant, et séjourner le jour de leur sainniée, et eux partir landemain quand ils eussent desné ».

    Il exigeait qu'on lui remette alors les clefs des offices, et qu'on lui donnât du vin en quantité suffisante pour lui et pour ses gens. Quant à la nourriture, il voulait « mengier chair en ladite maison toutes foiz que il le plaisoit, combien que les frères de l'ostel n'en meniassent. »

    Mais ce qui était exorbitant, c'était le droit qu'il disait avoir de faire grâce, à son arrivée, aux frères qui pouvaient être en punition, « se il eust aucun des frères de ladite maison mis à la sellette pour aucun meffaict ; il le pooit oster et faire seoir au dois, et lui pardonner son meffaict. »

    Il demandait aussi d'avoir toujours dans la maison de Baugy un cheval trois lévriers et un homme que les frères devaient nourrir, avec droit de faire moudre à leur moulin le grain pour « peisson » de ses chiens, et de profiter du tiers de la pêche du vivier de Montdraine.

    Enfin il voulait que « trois jours en la semaine en ladite maison, il eut un de ses varlets au disner seulement, aux despens d'icelle maison ; c'est assavoir le lundi, le mercredi et le vendredi pour veoir donner l'aumosne que les genz de ladite maison dévoient donner audiz jours, c'est assavoir le pain de trois quartiers d'orge à chascun des trois jours dessus diz. »

    Les Hospitaliers refusèrent de souscrire à de pareilles exigences, et portèrent le débat pour le faire juger devant le prévôt de Paris.

    Mais sans attendre sa décision, le seigneur Raoul, cédant au conseil de plusieurs de ses amis, renonça à toutes ses prétentions, et en donna acte aux Hospitaliers le 22 juillet 1322.

    Un état des biens de la maison de Baugy en 1320, constate que leur revenu était alors de 80 livres 6 sols 6 deniers. Les terres, au nombre de cent acres, rapportaient 40 livres, à raison de huit sols l'acre (il fallait pour un acre 4 vergées, pour une vergée 40 perches, et pour une perche 22 pieds et 12 pouces).

    On voit, d'après le Livre-Vert, que le domaine de Baugy fut ravagé et ruiné par les guerres du XIVe siècle. En 1373, les terres étaient incultes depuis plusieurs années ; la maison n'était plus habitée et se trouvait presque entièrement détruite. La chapelle seule restait debout et en assez bon état.

    Les bâtiments de la commanderie furent rétablis vers le milieu du XVe siècle, ainsi qu'il est constaté par le rapport de la visite prieurale de 1495 ainsi conçu : « Audit lieu de Baugy, a une chapelle fondée de N. D. du Temple, chargée de troys messes la sepmaine. »

    « Auprès de ladite chapelle est la maison du Commandeur, laquelle feist faire tout de neuf frère Perrinet Clouet, ci-devant Commandeur, avec la maison du fermier qui est en bon estat.
    En ladite maison a jurisdicion, moyenne et basse, et sur tous les hommes, fiefs et prévostés dépendant de ladite maison. »

    La maison de la commanderie se trouvait tout le long du chemin allant de Bayeux à Thorigny, à l'angle formé par un autre chemin se dirigeant vers Balleroy. Elle se composait d'un château ou maison seigneuriale, résidence du Commandeur, au milieu d'un parc de plus de trente acres de terre. Dans la cour du château, se trouvait la chapelle qui était, au siècle dernier, dédiée à sainte Avoye.

    Près du château, était la ferme ; et à dix minutes de là, il y avait un moulin, appelé le Moulin du Temple ou le Moulin du Vivier, auquel tous les vassaux de la commanderie étaient tenus de faire moudre leurs grains. La commanderie jouissait de plusieurs dîmes à Sallen (4), à Castillon (5) et à Hottot, de nos jours, Hottot-les-Bagues (6).

    La dîme de Salen avait été cédée en 1282 aux Templiers, par Roger Bacon, seigneur de Molay, en échange d'une rente de quinze livres que Guillaume Bacon, son père, leur avait constituée pour obtenir sa sépulture dans leur chapelle de Notre-Dame de Baugy, « in capella sancte Marie de Baugeio », avec l'entretien d'un chapelain qui y dirait la messe pour lui et ses parents décédés.

    Outre son chef-lieu, la commanderie comptait plusieurs membres. C'étaient une maison à Bayeux ; l'ancien Temple de Lingevres ; le fief de Saon ; le Temple de Cahagnes ; le fief de Lion-sur-Mer ; le fief de Semilly, et l'ancienne commanderie de Corval.
    1. Département : Calvados, Arrondissement : Bayeux, Canton : Caumont-l'Éventé - 14
    2. Département : Calvados, Arrondissement : Bayeux, Canton : Balleroy - 14
    3. Département : Calvados, Arrondissement : Bayeux, Canton : Trévières - 14
    4. Département : Calvados, Arrondissement : Bayeux, Canton : Caumont-l'Éventé - 14
    5. Département : Calvados, Arrondissement : Bayeux, Canton : Balleroy - 14
    6. Département : Calvados, Arrondissement : Bayeux, Canton : Caumont-l'Éventé - 14

    Sources : les commanderies du Grand-Prieuré de France - Eugène Mannier - Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)

    Maison du Temple de Baugy
    La commune de Planquery tire son étymologie de « Planches » et du celtique «Rie» habitation. On la retrouve sous le nom de Plancré, au XIIIe siècle. On sait que les ponts étaient très rares dans notre région, sous les romains. Les passages des rivières étaient formés de planches fixées sur des poteaux en bois. La Normandie recense beaucoup de lieux nommés Planches, qui répondent à une origine incontestablement romaine.

    Le passé de la paroisse fut marqué par la présence au XIIe siècle d'un illustre seigneur dans toute la région : Roger Bacon. Ce dernier fut seigneur du Molay et de Planquery. Il possédait d'innombrables terres dont celles de Planquery.
    Peut-être, est-ce à cet homme que l'on doit la construction de l'église. Roger Bacon en fit don au prieuré de Plessis- Grimoult. Cette donation est confirmée par Philippe d'Harcourt, évêque de Bayeux.

    Plus tard, au XVIe siècle, sera construit un château fort, à côté de l'église. De ce château tombé en ruines, vers 1780, il ne reste plus que les deux pavillons, aujourd'hui.

    Roger Bacon s'est illustré davantage lorsqu'il fonda la commanderie de Beaugy (Ce mot s'écrivait ainsi, à l'époque. Par la suite, il s'est orthographié « Baugy ») qui abrita l'ordre des Templiers. Cet ordre était le premier de tous les ordres religieux et militaires. La commanderie templière de Beaugy était une grosse ferme dont la richesse provient de ses produits agricoles, de son important mobilier vif et surtout d'un troupeau considérable pour l'époque.
    Sources : Commune de Planquery

      

    http://www.templiers.net/departements/index.php?page=14

      

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