• L'EXCISION en EUROPE au XIXè siècle.

    La clitoridectomie comme traitement contre l’onanisme dans l’ Europe du 19ème siècle.

     

      

    Qui n’a pas entendu parler de l’excision? Cette mutilation est souvent attribuée uniquement aux pays d’Afrique sub-saharienne et dans quelques pays du proche Orient et de l’Asie du sud est. On élève le nombre de femmes mutilées de 100 à 140 millions.

    Or ce phénomène n’a pas sévi que dans ces pays, il fut largement répandu dans l’Europe du XIXème et XXème siècle en Europe.
    L’onanisme ( » se souiller les mains ») a toujours été vu comme un acte pouvant « détruire la maison ».
     
    « Le système clitoridien ne se modifie pas dans l’âge adulte et la femme conserve toute sa vie cette autonomie érotique; le spasme clitoridien est comme l’orgasme mâle une sorte de détumescence qui s’obtient de manière quasi mécanique » Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, p 147 aux éditions Folio Essais; 1949.

    Au XIXème siècle, la masturbation était considérée comme une des causes principales de l’hystérie féminine.

    En 1836, le docteur Lallemand publie en 3 volumes (soit 1 748 pages), un ouvrage contre la masturbation féminine.
     
    En France, le mot hystérie renvoie au professeur Charcot (né à Paris le 29 novembre 1825 et mort à Montsauche-les-Settons le 16 août 1893), grand spécialiste des traitements contre ce mal qui rongait les femmes.
     
    Notons que Charcot, par sa passion de la photographie et d’une patiente Augustine, se vantait de provoquer des crises pour prendre de beaux clichés. Cette jeune fille fut internée dans l’hôpital de la Salpêtrière dès 17 ans par ses parents pour Hystérie.


    Au vue des réactions anormales de leurs filles et épouses, de nombreuses femmes furent aliénées.
     
    Dans Médecins et sexualités, Yves Ferroul, historien de la sexologie, note que cette mode de l’intervention médicale commence dès le XVIIIe siècle: on pose d’abord des anneaux en métal dans le prépuce des garçons et dans les grandes lèvres des fillettes, afin qu’ils/elles ne puissent pas faire l’amour avant la nuit de noce. Une ceinture de chasteté radicale.
     
    Mais comme l’infibulation n’empêche pas les filles de se toucher et que certaines arrachent les agrafes qui ferment leur sexe, des chirurgiens, très rapidement, recommandent l’excision.
     
    «Si le clitoris se révèle une source d’excitation permanente, on doit le considérer comme malade, et son ablation devient licite», expliquent savamment les docteurs.
    En Angleterre dans les années 1860, en Autriche, en France à la fin du XIXè siècle, puis aux Etats-Unis début XXème, l’ablation du clitoris est à la mode.
     
    Mais dans l’imaginaire collectif, l’hystérie renvoie surtout à une réaction conséquente à l’acte sexuel solitaire. Vite fait fut le raccourci: une femme libérée des moeurs sexuels et se donnant du plaisir était rapidement étiquetée comme hystérique ou épileptique.
     

    Il fallait dès lors combattre ces mauvaises conséquences.

    Jusqu’en 1920 (et même après) des parents fous continuent de mettre à leurs enfants des gants grossiers, sans doigts, qu’ils attachent fermement aux poignets. Après quoi, ils les bordent dans leur lit, bien serré. Dans les internats, des surveillants veillent à ce que les enfants dorment toujours avec les bras par-dessus la couverture. La nuit, certains jeunes garçons et filles sont même enfermés dans des sacs qui les transforment en momies. Des vêtements renforcés, doublés de cuir dans la zone génitale, sont également prévus pour la journée…

     
    Il faut attendre l’après-guerre pour que l’anathème soit levé et encore. En 1952, dans la première édition par l’Association Américaine de Psychiatrie du Manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux (DSM), des comportements sexuels comme la masturbation, l’homosexualité, la fellation, le cunnilingus et le nomadisme sexuel sont classés au rang de trouble pathologique et de maladie mentale !
     
    Une autre solution est proposée par le Docteur Pavet de Courteille, médecin du collège Royal de Saint Louis pour les pensionnaires de l’Asile : « les chemises descendraient au dessous des pieds….munies d’une coulisse que l’on devrait serrer [...] pour les latrines, il serait conseillé de couper le haut et le bas des portes afin de surveiller les élèves ».
     
    « Si la nécessité l’exige, s’il y a danger de mort immédiat, par exemple, ou des signes de troubles intellectuels, résultant de l’onanisme, il faut avoir recours à l’infibulation, opération peu douloureuse d’ailleurs et présentant rarement des suites graves. » A.Clerc, Hygiène et médecine physique des 2 sexes, 1885.


    De nombreux ouvrages médicaux pullulaient à cette époque sur cette même thèse. Plusieurs médecins ( dont des psychanalystes comme Freud ou encore Marie Bonaprte, dont le clitoris fut déplacé 3 fois!) préconisaient une opération chirurgicale pour l’ablation du clitoris car:

    - il ne sert pas à la procréation
    - il peut engendrer des pulsions incontrôlables
    - il est à l’origine d’un syndrome dit « hystéro-épileptique ».

    En 1842, le père Debreyne, médecin, trappiste, se pose en tant qu’ennemi juré du clitoris: « Puisque l’organe devient source d’excitation c’est qu’il est malade donc nous devons en faire l’ablation. »
    En 1864, le docteur Broca préconise la suture des grandes lèvres « pour mettre le clitoris à l’abri » nommée infibulation.

    Cette méthode fait partie des 3 stades de la clitoridectomie:
    - le sunna: ablation totale ou partielle du clitoris
    - l’excision: ablation du clitoris et suppression des petites lèvres

    - l’infibulation ou excision pharaonique consiste en une excision avec une suture des grandes lèvres.
    En 1867, le professeur Fonssagrive publie un essai fanatique contre les « carresses vicieuses ».
    En 1868, le Professeur Bergeret, dans un ouvrage réimprimé 8 fois, montre que le cancer de l’utérus et les maladies du coeur sont le lot de celles qui attaquent « les spasmes cyniques ».
    En 1894, le docteur Pouillet explique dans un manuel une technique de cautérisation de la vulve au nitrate d’argent.
     
    A la même époque, le docteur Garnier menace les « onanistes » de toutes sortes de maladies: myopie, surdité, convulsion anémie et idiotie…..
     
    Idioties de la part de ses hommes du siècle passé, mais ne nous trompons pas l’idiotie est toujours présente dans notre société.
     
    Oui beaucoup s’insurgent à juste titre contre les mutilations faîtes aux femmes,maisl’absurdité règne toujours. Je rappellerai juste les propos du Docteur Brigitte Mauroy , urologue (nièce de Pierre Mauroy, deuxième sur la liste de Sébastien Huyghe, député UMP, candidat aux élections municipales contre Martine Aubry à la Mairie de Lille) tenus dans son ouvrage: le dictionnaire de la sexualité paru en 2004, parlant du capuchon du clitoris « ce repli peu développé chez les occidentales est beaucoup plus long chez certaines asiatiques ou africaines ce qui fait procéder à une circoncision (chez les abyssins) .»
     
    Même si le docteur Mauroy se défend de faire ici, une publicité pour l’excision, cela renvoie tout de même à une pratique barbare qu’il ne faut pas oublier et toujours combattre.
     
    Notons pour finir, qu’en France, le code pénal réprime l’excision que si elle est pratiquée sur un enfant (article 312), la législation spécifique ne concernant pas l’excision chez les adultes.
      
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