• Hypocrisie : prostitution et maisons closes à Dunkerque au XIXe siècle

    Hypocrisie :

    prostitution et maisons closes à Dunkerque

    au XIXe siècle

     

    Les maisons closes à Dunkerque ont connu leur apogée au XIXe siècle.
     
      
      
    Les maisons closes à Dunkerque ont connu leur apogée au XIXe siècle.

     

    Une lanterne rouge annonçait la couleur la nuit. De jour, les numéros émaillés que portaient toutes les entrées d'immeuble ou de maison, plus gros que les autres, permettaient d'assurer aux clients qui passaient qu'ils trouveraient ce qu'ils cherchaient Dunkerque a compté jusqu'à 160 prostituées en 1881 dont la plupart étaient enfermées, « emprisonnées » dans des maisons closes.

      
    C'est ce qu'a mis en avant Jean-Luc Demunck, professeur d'histoire-géographie au lycée du Nordoover, auteur d'un mémoire qui lui servira de base pour la conférence qu'il assurera à la bibliothèque universitaire, ce soir.
    Une conférence qui arrive après la diffusion sur Canal + de la série "Maison Close". De quoi mettre de l'eau au moulin du débat, d'autant que la période étudiée par le professeur d'histoire se superpose à celle de la série.
      
      

     Durant un an et demi, il a épluché les archives du Dunkerque : celles de la police, celles de l'administration qui délivrait les passeports pour l'intérieur, les archives de la ville... Le but de ses recherches ? Retracer la présence de ses femmes de l'ombre de 1848 à 1914. « C'est un sujet qui m'intéressait par rapport à l'aspect social de l'époque », explique-t-il. Les deux marqueurs temporels n'ont pas été choisis au hasard.
     
      
    Dès le milieu du XIXe siècle, les maisons closes sont réglementées. Les maires, les médecins et les policiers en assurent le "bon" fonctionnement.
     
      
      
    « Maire, tenancier, propriétaire, tout le monde y trouvait son compte, avance Jean-Luc Demunck. Sauf les filles... » Grâce aux fiches sanitaires des filles, à leurs passeports pour l'intérieur, grâce aussi aux recensements quinquennaux, Jean-Luc Demunck a croisé ces données pour obtenir une cartographie de l'activité.

     
    Une activité liée  aux casernes :
     
     
     En 1852, pas moins de 22 maisons closes avaient pignon sur rue autour de la place Calonne, dont la moitié dans la rue des Casernes de la Marine. Autre chiffre évocateur : en 1881, Dunkerque comptait une fille publique pour 229 habitants. « C'était aussi fréquenté par les marins, des représentants de commerces, des ouvriers, mais les clients étaient essentiellement des bidasses. Ce n'était pas des établissements de luxe ! », précise Jean-Luc Demunck.

     Seul un établissement, celui de Cécile Joris, se voulait "Maison de société". Où l'on était trilingue - français, anglais, néerlandais - et où l'on buvait du champagne. Un lieu où la "consommation" de fille était davantage basée sur la séduction que sur le rapport sexuel dans le plus primitif sens du terme.

     Des maisons qui par le "jeu" de la dette, tenaient les filles par leur ardoise. Interdites de sortie, à l'exception de la visite médicale bimensuelle à l'hospice spécial pour fille vénérienne qui se situait dans l'actuelle rue Beanjamin-Morel, elles achetaient leurs produits de première nécessité à leurs tenanciers qui les revendaient cinq à dix fois plus cher. « Elles étaient continuellement endettées. C'était un véritable univers carcéral, il était quasi impossible d'en sortir.
     
     Les maisons closes rassemblaient la majeure partie des prostituées sur Dunkerque. Mais il y avait deux autres catégories, explique Jean-Luc Demunck.
     
    Il y avait celles qui faisaient le trottoir : des filles cartées libres qui devaient suivre le règlement : rester à bonne distance des écoles, des églises... Elles étaient soumises, comme celles des maisons closes, à la visite sanitaire obligatoire qui avait lieu tous les 15 jours. Et il y avait les clandestines : les filles trop vieilles, les mineures et les étrangères, les prostituées occasionnelles... » Les prostituées cartées se situaient plus en Citadelle, et près de la gare.
    Ces filles de joie avaient, pour la majeure partie, entre 25 et 30 ans. Sur leur passeport pour l'intérieur, à la ligne profession était mentionné le code IV. Pour la plupart illettrées, grâce à Jules Ferry, dès 1880, des filles qui arrivent "sur le marché" commencent à savoir écrire. « Tout au moins leur nom et leur prénom », avance Jean-Luc Demunck.

    Le déclin :
     

     Les filles racolent désormais en Citadelle, dans les bars, les cafés-concerts, les bals... La rue des Arbes comptait une maison de passe. Mais Jean-Luc Demunck coupe court à toute imagerie d'Épinal ou parfois "romantique "de la profession.
     
     « Ces femmes étaient misérables, livrées à l'arbitraire du tenancier, de la police et aux aléas du métier, comme les maladies. Elles sont à la fois considérées comme nécessaires, mais complètement méprisées.
     
    Et elles étaient quasiment toutes vénériennes... » À Dunkerque, les prostituées continuent à monnayer leurs charmes, hors des maisons closes. « La société s'est embourgeoisée. Les hommes vont commencer à préférer aller dans des cafés concerts, dans les cabarets... Les hommes versent dans un simulacre de séduction », un peu comme une façon d'exorciser leur honte... En 1946, la femme obtient le droit de vote, la dernière maison close ferme à cette époque.
    Suzanne URGACZ.

     Vos réactions sur www.nordlittoral.fr Conférence "Hypocrisie : prostitution et maisons closes à Dunkerque au XIXe siècle" par Jean-Luc Demunck. Vendredi 19 novembre à 18h30 à la Bibliothèque universitaire de Dunkerque, en Citadelle.

     Journal de Montreuil
      
      
      
      
    source :
      
      
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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