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    Jeune homme aux pistolets
    Daguerréotype vers 1850

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    La prostitution, paysage de la Monarchie de juillet

    Dans les villes qui se développent de manière spectaculaire sous les assauts de la révolution industrielle, la prostitution prend un essor sans précédent. Au point de valoir un retentissant rapport en 1839 d’un des plus célèbres médecins hygiènistes, le docteur Parent-Duchatelet : De la prostitution dans la ville de Paris sous le rapport de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration. Soumise en maison close, « en carte » c’est-à-dire tolérée mais en liberté surveillée, ou clandestine, occasionnelle ou régulière, la prostituée est partout dans les quartiers populaires. Filles à soldats, pierreuses ou femmes de terrain, serveuses, mais aussi ouvrières d’infortune, elles sont des centaines, des milliers à guetter le client aux barrières de l’octroi, dans les cabarets louches, ou … dans la rue. La fille publique symbolise le désordre, l’excès, l’imprévoyance. On ne badine pas alors avec la pauvreté et la misère.

    « Je suis coquette
    Je suis lorette,
    Reine du jour, reine sans feu ni lieu !
    Eh bien ! J’espère
    Quitter la Terre
    En mon hôtel..Peut-être l’hôtel-Dieu » (chanson).


    Les filles légères reçoivent bientôt le surnom de « lorettes ». Car le quartier de Notre-Dame de Lorette, entre la gare Saint-Lazare et la Butte Montmartre, qui les abrite, est alors en complète construction et ces dames doivent « essuyer les plâtres », les propriétaires exigeant, en échange de bas loyers, que les appartements soient chauffés et que les fenêtres soient fermées de rideaux.

    La prostituée est perçue comme l’antithèse des valeurs bourgeoises triomphantes. La prostituée est immature et proche de l’enfant. Elle se trouve dans un état primitif de non développement, ce qui autorise la mise en tutelle. Elle est un symbole d’oisiveté, car adonnée au plaisir, type de l’hédoniste au sein du corps social. Elle est paresseuse. La prostituée est aussi imprévoyante. Elle ne sait pas économiser, elle aime le jeu. Elle ne construit rien. Elle est aussi soumise aux excès sexuels. L’époque de la Monarchie de Juillet aime à construire des physiologies (l’étudiant, le bourgeois, le dandy, etc.) et à enfermer la société dans cette typologie. La lorette est l’un de ces stéréotypes.

    La prostitution est cependant généralement considérée comme un mal nécessaire à la société. Chez les filles, les bourgeois trouvent un espace de liberté (de parole, d’acte sexuel) qu’ils n’ont peut-être pas à la maison. Dans les années 1830-1840, la prostituée est même chargée de « déniaiser » les jeunes hommes, promis à un mariage victorien.

     

    Analyse de l'image

    Le dessinateur des lorettes

    Le dessinateur Gavarni a réalisé une vignette représentant une lorette pour l’édition de La lorette des frères Goncourt chez Dentu en 1855. Pour celle de 1862, il a donné un dessin, gravé par Jules, bien plus évocateur. Auparavant dans Le charivari des années 1841, 1842, 1843, il a publié 79 planches de lorettes. Dans Paris, il publie également « les partageuses » (40 sujets) et « les lorettes vieillies » (30 sujets). D’autres lorettes apparaissent encore dans les recueils tels Paris le soir (1840) ou Les fourberies de femmes en matière de sentiment (1837, 1840, 1841).

    Pour plaire à ses contemporains et participer à ce processus de « typisation » des physiologies, Gavarni donne de ses lorettes une image d’excès en tous genres : excès de sexe d’abord, mais aussi de bavardage, d’alcool, et enfin de tabac. D’où un embonpoint précoce, une attitude pour le moins relâchée et provocante.

    Ici la lorette est avachie, vautrée sur un canapé. Le jeune bourgeois qui la regarde pointe son cigare dans sa direction. Outre la métaphore de l’organe sexuel en érection, le cigare symbolise sans nul doute l’appartenance à la classe supérieure, plus encore que le haut de forme ou la redingote. Un « dandy » comme Nestor Roqueplan, qui a inventé le nom de « lorette », ne saurait se passer de son cigare. La prostituée goûte à cet avancement social temporaire en dégustant elle aussi un cigare. Ce qui ne l’empêche bien sûr pas d’appartenir au peuple par ses propos grivois.

    Interprétation

    La « lorette » entre dans les dictionnaires d’argot du second Empire et poursuit sa carrière sous la Troisième République (cf Dictionnaire des dictionnaires, 1889). Les « lolotes » ou « rigolettes » qu’on avait pensé un temps lui substituer feront long feu. La prostitution bien entendu ne faiblira pas. Elle fera davantage peur cependant, car les maladies vénériennes se diffusent du bas vers le haut de la société. Mais malgré ces peurs, le phénomène prostitutionnel, preuve même de sa fonction sociale, s’intensifie sous la Troisième République, s’étendant de la maison close au trottoir. Les partisans de l’abolition et ceux de la réglementation pourront bien s’opposer : la prostitution se maintient.

    Auteur : Didier NOURRISSON

     

    Bibliographie

    • Jean-Paul ARON, Misérable et glorieuse, la femme au XIXe siècle, Paris, éditions Complexe, 1984.
    • Julia CSERGO, Liberté, égalité propreté : la morale de l'hygiène au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1988.
    • Alain CORBIN, Les filles de noce. Misère sexuelle et prostitution aux XIXe et XXe siècles, Paris, Aubier, 1978.
    • Alain CORBIN, Le temps, le désir et l’horreur. Essai sur le XIXe siècle, Paris, Aubier, 1991.
    • François GASNAULT, Guinguettes et lorettes. Bals publics à Paris au XIXe siècle, Paris, Aubier, 1992.
    • Didier NOURRISSON, Cigarette. Histoire d’une allumeuse, Paris, Payot, 2010.
    • Alexandre PARENT-DUCHÂTELET, La prostitution à Paris au XIXe siècle, texte annoté et commenté par Alain Corbin, Paris, le Seuil, 1981, réédition coll. Points, 2008

    sources : http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=1190

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  • Fichier:Blason pays fr FranceAncien.svg

      

      

    FLEUR DE LYS

     

    La fleur de lys est le symbole royal par excellence. Dès l'époque carolingienne, elle ornait le sceptre des rois. On la trouve représentée sur les sceaux royaux, les monnaies, le manteau royal, dans la main du roi, sur son sceptre, sur la couronne et en de nombreux endroits. Les fleurs de lys apparaissent dans les armes des rois de France, d'abord en semis, puis réduites au nombre symbolique de trois sous Charles V. Ce symbole reste intimement lié à la royauté française.

     

    La fleur de lys serait un ancien symbole des

    Francs, qui étaient originaires de Flandre où l'iris Faux-Acore ou iris jaune (Iris pseudacorus L.) poussait en abondance sur les rives de la Lys. Le Seigneur d'Armentières en fit le motif de son blason. Lors de l'annexion de son fief par le roi de France, celui-ci décida à son tour de l'ajouter à son propre blason. Ainsi naquit la « fleur de Lys »... qui n'est pas un lys[3]! Un emploi du semis de lys attesté se trouve sur un sceau du prince Louis, futur Louis VIII, en 1211. Semis qui est remplacé en 1375 par trois fleurs de lys, Elle est couramment représentée sous une forme stylisée, jaune sur fond bleu : d'azur semé de lys d'or ou d'azur à trois lys d'or pour la version «moderne».

    Pierre-Barthélemy Gheusi (op. cité ci-dessous) donne à la fleur de lys une origine plus guerrière que botanique : ce serait un embout de javelot gaulois (ou encore l'Angon des Francs) avec pointe et crochets (voir l'analogie de forme avec ce sceptre fleurdelisé du blason de Trieste - blasonné « Hallebarde » - et qui serait la lance de Saint Serge selon Neubecker, Le grand livre de l'héraldique ).

    Quant au nom, Gheusi l'attribue à Louis VII de France, roi des Francs de 1137 à 1180, le premier qui puisse avec certitude être cité comme ayant porté et arboré « Fleurdelys » phonétiquement, sinon identique, en tout cas très proche de «Flor de Loys» (Fleur du Roi Louis).

    On prêtait surtout à Clovis un blason à trois crapauds (ou grenouilles)[4]. Si le blason moderne des rois de France doit quelque chose à celui de Clovis, c'est le nombre 3 : on peut voir dans la réduction de 1375 du semi de lys à trois lys une tentative d'enraciner plus profondément une dynastie, en jouant sur une ambiguïté de forme (de bonne foi ou non… voir ci-dessous l'hypothèse de la « dérive » graphique…).

    Parmi les hypothèses donnant à la fleur de lys des origines religieuses, citons cette légende rapportée par Pernette Rickli-Gros et Béatrice Obergfell dans un ouvrage daté de 2007 intitulé Genève et ses mystères - Flâneries insolites dans l'histoire : dans l'ancienne forêt de Saint-Germain-en-Laye, près du château de Montjoie où la tradition a fait séjourner le couple royal, vivait près d'une fontaine un ermite que la très chrétienne reine Clotilde avait l'habitude de venir consulter. Un jour qu'elle était en prière avec le saint homme, un ange leur serait apparu et lui aurait demandé de remplacer l'écusson de son mari portant trois croissants ou trois crapauds par trois fleurs de lys qui brillaient d'une couleur d'or sur la plaine de l'actuel Joye-en-Val.

     

     

     

    La fleur de lys est constituée de :

     

    • Trois pétales, un central, droit, accompagné de chaque côté d'un petale plus court et courbé vers l'extérieur.Une barrette horizontale (ou « traverse », parfois « douille »), à blasonner si d'une couleur différente.
      • Les trois pétales sont le plus souvent directement accolés à leur base, mais pas nécessairement. Cette caractéristique n'est pas significative et ne se blasonne pas.
      • Les pétales sont parfois nervurés d'un trait, plus rarement d'une couleur différente - ce qui dans ce dernier cas doit se blasonner.
    • d'un pied, formé par le prolongement des pétales ou par une seule pièce trilobe. Ce pied peut être absent, la fleur de lis est alors dite « coupée » ou « au pied nourri » (ou simplement « nourrie »).

     

    La fleur de lis peut être enrichie de quelques accessoire et produire des variantes sans que soit modifiée sa nature fondamentale. (voir quelques exemples ci dessous). 

     

    Différentes représentations

    Suivant les époques et les modes, la fleur de lys (comme pratiquement tous les autres meubles héraldiques) s'est vue figurée - et parfois défigurée - selon une très grande variété de styles, des plus simples silhouettes jusqu'aux représentations détaillées, en passant par des figures surchargées, peu compatibles avec la nature de l'héraldique, qui ne manipule que des symboles. Même certaines villes ont adopté leur propre style de fleur de lys. Voici quelques exemples:

     

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  • ROYAUTÉ

    Fait historique


    "Quand on hait les tyrans, il faut aimer les rois" Victor Hugo

    La royauté n'est pas un aléa des régimes qui semblent aller et venir parmi les nations depuis toujours. Elle est un fait historique original, la condition première du développement civilisationnel, propre entre autres aux sociétés indo-européennes. La royauté dépasse largement la simple notion contemporaine de régime, terme dont l'éthymologie est la même que pour les mots règne et roi.

    Quand on parle d'Ancien Régime, on parle en réalité du prolongement de notre allégeance naturelle en tant que nation envers le prince désigné par les lois pour conduire celle-ci, on parle de la permanence du contrat donné dès l'origine entre le peuple et son roi. Mais la royauté est encore bien plus que cette simple relation logique entre deux termes, un peuple et un territoire constituant une nation libre et indépendante et l'incarnation vivante de sa souveraineté par le roi, qui est dès lors le souverain légitime.

    La royauté est aussi une dignité spéciale qui relève du sacré et qui confère au prince auquel elle échoit le caractère d'une véritable hiérophanie. Cette dignité royale, unique en son genre, est manifestée par le sacre du roi, entouré de légende et de mystère et dont le caractère religieux fait du souverain une sorte d'évêque du dehors. Le roi est un personnage sacré à la fois laïc et religieux. La royauté correspond également à une fonction. Cette fonction royale est la conservation, la manifestation et la transmission du pouvoir nécessaire à l'exercice de la prérogative royale, la souveraineté.

    Epée de Charlemagne - Joyeuse
    Joyeuse, epée du sacre dite de Charlemagne, elle représente l'autorité royale.

    Dignité royale



    « Les peuples sur qui nous régnons ne pouvant pénétrer le fond des choses, règlent d'ordinaire leur jugement sur ce qu'ils voient au dehors, et c'est le plus souvent sur les préséances et les rangs qu'ils mesurent leur respect et leur obéissance. Comme il est important au public de n'être gouverné que par un seul, il lui est important aussi que celui qui fait cette fonction soit élevé de telle sorte qu'il ne puisse ni confondre ni comparer à lui et l'on ne peut, sans faire tord à tout le corps de l'État, ôter à son chef les moindres marques de la supériorité qui le distingue des membres.». Louis XIV in Mémoires

    L'Histoire nous enseigne que les rois de France, même faibles, psychiquement atteints ou impuissant, ont bénéficié de leur statut royal qui les a souvent protégés des agressions, voire de leur déposition. Cette aura protectrice n'est nullement le fait du prince mais bien de sa dignité de roi sacré.

      

    Les deux changements de dynastie, entre les Mérovingiens et les Carolingiens puis entre ces derniers et les Capétiens, se firent au forceps et les rois déchus ou les héritiers spoliés le furent avec mille précautions. Chaque nouvelle race royale dû asseoir sa légitimité avant d'être complètement acceptée, notamment pas les mariages avec une descendante de la dynastie précédente.

      

    La dignité royale n'est pas accessible à quiconque. La vieille monarchie française se démarque en celà de l'empire romain qui l'a précédée en ce qu'elle vous un culte quasi religieux à la continuité de sa race royale, et par le fait que ce n'est pas la gloire militaire qui fait le nouveau roi, mais les lois du royaume. Nous, légitimistes, reconnaissons aujourd'hui que la dignité royale échoit à SAR le prince Louis de Bourbon, duc d'Anjou, aîné salique des Capétiens, qui est désigné par les Lois fondamentales du royaume, ces lois ancestrales de notre nation qui n'ont pas changé depuis l'interruption de facto de la royauté, royauté qui pour nous continue d'exister de jure. Notre roi de droit est donc Sa Majesté le roi Louis XX.

    Louis XIV en costume de Sacre

    Louis XIV en costume de sacre

    Fonction royale


    "Le Souverain est celui qui exerce le pouvoir suprême, la souveraineté. Telle est bien la fonction sociale la plus haute et aucun État ne peut se passer d'un souverain. Le choix que l'on en fait décide de ce que sera le corps social et donne son sens à l'État. Les rois de France, mes aïeux, ont très tôt fixé leur doctrine : le roi, souverain béni par l'onction du sacre, selon une belle formule définie par les juristes "est empereur en son royaume". Durant des siècles, pour concrétiser cette idée, ils ont dû lutter à la fois contre les dangers de l'étranger toujours prêt à vouloir imposer ses règles à la souveraineté nationale et contre les périls intérieurs de ceux qui voulaient limiter la souveraineté du roi pour mieux dicter leur loi. Entre ces deux écueils, la France s'est bâtie et a prospéré.'' Louis XX, 24 septembre 1999, allocution

    En plus d'être une dignité, la royauté est une fonction essentielle de nos sociétés. Chaque peuple doit par nature se trouver un chef. Toute la question est de savoir comment il le trouve. Par le prestige de la victoire militaire comme à Rome ou dans l'empire de Napoléon, par le pouvoir de la ruse, du mensonge, de la démagogie et de la corruption comme dans les républiques ou par le chemin naturel qui mène au prince légitime. Nous choisissons la troisième voie, celle dont le coût n'est ni en sang, ni en or, celle qui parut juste à nos prédécesseurs depuis un millénaire et même d'avantage pour choisir le détenteur de l'autorité et de la justice dans notre nation.

      

    Une nation dépourvue de l'antique fonction royale est une nation ouverte à l'arrivée au pouvoir de tous les hommes dits providentiels et qui sont en réalité des fossoyeurs de la véritable liberté, de l'identité nationale et de la probité de la fonction publique, des fauteurs de désordre, de trouble et de déclin de notre civilisation française. Si la royauté a existée dans tant de nations à travers les âges souvent dans leurs heures les plus glorieuses, et exisent aujourd'hui encore, c'est parceque le pouvoir est aussi indispensable que dangereux et qu'il ne doit pas être mis entre n'importe quelles mains.

    Il doit être remis en dépôt entre les seules mains de celui qui est désigné légitimement pour porter cette responsabilité qui comporte essentiellement des devoirs, celui encore que sa condition naturelle ne peut porter à utiliser le pouvoir dans son intérêt personnel, mais uniquement dans l'intérêt de la nation, de l'État et du peuple : le bien commun. Cette condition implique une solennelle prestation de serment lors du Sacre.

    Couronne et cœur de Louis XVII à Saint-Denis

    Couronne et cœur de Louis XVII lors de la cérémonie de remise du cœur à Saint-Denis

      

    sources : http://www.saxe-hussards.com/royaute.htm

      

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  • HISTOIRE

    Origines des Francs


    À la fin du Ier millénaire av. JC, l'Europe se divisait en trois grands espaces culturels. Au Sud dominaient les Romains. Au Nord, ceux que les Romains ont appelés les Germains. Au centre, les Celtes. Progressivement, par leurs victoires militaires, les Romains inféodèrent ces derniers et les assimilèrent en même temps que leur empire s'étendait jusqu'aux confins du monde germanique. Face au tempérament farouche et belliqueux des peuples germaniques, l'empire romain établit une frontiére matérialisée par le Rhin et le Danube, le limes, défendu par des garnisons et empêchant ainsi l'expansion germanique tout en mettant en contact les deux mondes, le barbare et le civilisé.

    Verre hélicoïdal Francs

      

    Boucle de ceinture faisant partie du mobilier funéraire d'une tombe franque.

    Mais durant les premiers siècles, la pression des Germains devint plus forte peut-être pousée par d'autres peuples venus d'Orient et les différents peuples germaniques débordèrent les frontière de l'empire quand certains n'hésitèrent pas à marcher sur celui-ci pour s'installer dans des provinces du Sud de l'Europe, cohabitant de fait avec un empire de plus en plus décadent et affaibli. Ces peuples appelés barbares par les Romains n'en avaient pas moins un système culturel propre assez sophistiqué fait du noyau culturel commun aux peuples germaniques et scandinaves et nourri d'influences orientales et romaines dûes aux nombreux contacts avec ces civilisations depuis longtemps.

    Table de Peutinger Francia

    Table de Peutinger, XIIIe siècle, copie de la Tabula Theodosiana, IVe siècle.

    Durant les grandes vagues d'invasions sortit du milieu de ces peuples quelquechose qui ressemblait fort à une nation, peut-être une fédération de peuples culturellement et géographiquement proches où les Sicambres semblent avoir joué un rôle prépondérant, les Francs. Au IVe siécle, les Romains utilisent le vocable Francia pour localiser le territoire occupé par les Francs dans une carte des voies et des étapes dans l'empire que nous connaissons par la Table de Peutinger. L'origine du nom Franc est assez obscure. Certains linguistes lui donnent la même origine que le latin ferox. C'est tout dire. Les Francs sont situés en fonction des périodes plus ou moins dans la vallée du Rhin, dans l'actuelle Belgique et jusqu'en Franconie (de frankkon, royaume des Francs). Ils sont régulièrement utilisés comme auxiliaires des armées romaines en échange de l'occupation de territoires à l'intérieur du limes. Ils sont donc en contact étroit avec la civilisation gallo-romaine.

    Epée runique

    Épée Franque avec le nom de l'épée inscrit en runique.

    Si on retrouve dans leur mobilier funéraire des objets raffinés venant parfois de très loin, on y retrouve également des objets de leur fabrication témoignant de leur savoir-faire, notamment des pièce d'orfèvrerie et des armes typiques des Francs comme l'angon, la francisque, la framée ou le scramasaxe. La longue épée, ou spatha, reservée à l'élite, témoigne elle de leur maîtrise de l'acier damassé. On trouve dans ces tombes un très grand nombre de bijoux et des objet dont la signification religieuse nous échappe. Les Francs ont leurs lois, leurs croyances et, ce qui est commun à presque tous les peuples indo-européens, leur roi dont la fonction semble avoir quelquechose de sacré lié au culte païen des Ases, roi dont la tradition orales perpétue le nom et la légende. Cette petite nation vaillante et habile sortie des confins des mondes germanique et gallo-romain, apparament éclipsée par les invasions massives des terribles Vandales, Goths, et autres Huns est pourtant promise à un grand avenir.



    Fondation de la France


    Au Ve siècle, les Francs sont séparés en deux ensembles régionaux : les Francs Saliens au Nord et les Francs Ripuaires au Sud. C'est un roi mythique, Faramond, qui est à l'origine de la lignée royale des Francs Saliens. Son nom n'est pas anodin puisque faramund en francique signifie "protecteur du clan". Il est donc l'ancêtre tutélaire des rois mérovingiens dont le premier a être attesté est Clodion (vers 390 - vers 450). Avec lui les Francs s'installent en Belgique, dans la région de Tournai, suite à un fœdus conclu avec le romain Aetius. La légende entoure une fois encore le règne de son successeur Mérovée. On entre de nouveau dans l'Histoire attestée avec le successeur de ce dernier, le roi Childéric Ier qui installe durablement les Francs Saliens dans un vaste territoire au Nord-Est de la Gaule en s'alliant avec le romain Ægidius. En plus de roi des Francs Saliens, il est gouverneur de province, la Belgique seconde, et reçoit les insignes de général romain. La barbarie est déjà loin derrière les Francs. Childéric meurt vers 481 après de nombreuses victoires militaires aux côtés des Romains.

    Abeilles de Childéric

    Abeilles d'or et grenat retrouvées par centaines dans la tombe de Childéric Ier et qui ornaient son manteau royal.

    Garde d'épée de Childéric Ier

    Garde d'épée du trésor de Childéric Ier

    Anneau de Childéric Ier

      

    Anneau sigillaire d'or de Childéric Ier

    Le fils et successeur de Childéric Ier changera radicalement le destin de l'Europe occidentale. Son nom est Clovis (466-511). Lorsqu'en 481, àgé de quinze ans, il hérite du royaume de son père, l'empire romain d'Occident a cessé d'exister depuis cinq ans. Le jeune empereur Romulus Auguste dit "Augustule" est déposé en 476 et les insignes impériaux renvoyés par Odoacre, nouveau roi d'Italie, à l'empire d'Orient. C'est le début du Moyen-âge. La Gaule est alors divisée entre les royaumes francs au Nord et au Nord-Est, Le royaume des Alamans à l'Est, le royaume burgonde au Sud-Est, le royaume romain de Syagrius à l'Ouest et le royaume wisigothique au Sud-Ouest. Le visage de la Gaule du Ve siècle est une mosaïque de peuples, d'institutions et de cultures composée d'un important substrat celtique, de ce qu'il reste des cités et des villas gallo-romaines, d'un puissant réseau ecclésiastique et d'établissements de peuples germaniques socialement dominants.

    Monnaie Romulus Augustus

    Monnaie d'or de Romulus Augustus, dernier empereur de Rome

    Le nom de Clovis vient de Chlodowig, composé des racines hlod (« gloire ») et wig (« combat »), c'est-à-dire « glorieux au combat ». Il montre en effet des qualités de chef de guerre évidentes et exige des ses soldats une discipline exemplaire. Il sera également habile en politique. Clovis va s'employer tout au long de son règne à agrandir la Francia originelle, d'abord par l'alliance avec les Francs Ripuaires avant de devenir le seul et unique roi des Francs, puis par des offensives contre la Germanie, la conquête du royaume de Syagrius, la soumission de la Thuringe.

    Clovis épouse Clotilde, pricesse catholique fille du roi burgonde Chilpéric II. Pour s'assurer le soutien du clergé gallo-romain et, à travers celui-ci, de la population gauloise, Clovis, à la suite de la bataille de Tolbiac oû il s'empare du territoire des Alamans, se comvertit au Catholicisme. C'est l'évêque Remi de Reims qui baptise Clovis vers 496. La légende veut que ce soit une colombe qui apporta le saint chrême avec lequel il fut oint avec le signe de la croix du Christ. Cette tradition jouera un rôle important dans le sacre des rois de France jusqu'à celui de Charles X en 1825. Plus de trois mille hommes de son armée furent également baptisés. Ainsi naît le premier royaume catholique d'Occident. En outre, à la demande de Clovis, la Loi salique, pactus legis salicæ, est mise par écrit dans les premières années du VIe siècle. Elle doit autant à des emprunts au droit romain qu'à la tradition germanique et s'applique à tous les Francs.

    Chrisme de Limons

    Chrisme de Limons

    Après un jeu d'alliances compliqué ou interviennent les Gaulois d'Armorique, les Burgondes et les Ostrogoths, Clovis, avec l'appui du roi burgonde Gondebaud, décide de s'en prendre au royaume des Wisigoths en 507. Il affronte Alaric II à la bataille de Vouillé où celui-ci est tué. Après cette victoire, Clovis prend possession de toute l'Aquitaine jusqu'aux Pyréneés et les Wisigoths doivent se replier dans la péninsule hispanique. Ainsi le royaume entame son expansion vers le Sud. En 508, Clovis reçoit de l'empereur d'Orient Anastase Ier le titre de consul, le diadème et la pourpre et est salué comme Auguste au cours d'une cérémonie à Tours. Il choisit comme résidence principale l'ancienne Lutèce, appelée désormais Paris du nom des Gaulois ayant peuplé cette région. Paris, ville de Sainte Geneviève, devient dès lors la capitale du royaume franc.

    Avant sa mort, Clovis achève de s'emparer des autres royaumes francs et réunit le concile des Gaules à Orléans afin de régler les relations entre le roi et l'Église et faciliter la conversion des Francs et des ariens, il est appelé Rex Gloriosissimus. Il devient alors le roi unique du premier royaume catholique d'Occident, la Francia originelle des Francs qui s'étend désormais de la vallée du Rhin jusqu'aux Pyrénées. Le royaume des Mérovingiens sera divisé entre ses fils, puis unifié par la suite, puis de nouveau morcelé, mais son expansion continuera, notamment avec les Carolingiens jusqu'à former un royaume des Francs érigé en nouvel empire d'Occident. La tradition du partage aura raison de cet empire et le partage de Verdun en 843 sera déterminant dans le visage que prendra l'Europe pour les siècles à venir et jusqu'à aujourd'hui. Lorsque s'éteignent les derniers Carolingiens, le royaume des Francs perd sa partie orientale qui, après Carloman et sa courte descendance naturelle, Arnulf puis Louis IV l'Enfant, tombe entre les mains des Ottoniens qui restaurerons la dignité impériale à leur profit et préfigureront la Saint Empire Romain Germanique, Séparant de fait la France occidentale et la France orientale qui retourne dans l'orbe germanique des ducs de Franconie et de Saxe. Cependant, malgré les partages, l'unité du regnum francorum restera réelle en droit dans la France occidentale. C'est de cette unité hérité de Clovis Ier que va naître la France des Capétiens qui régneront sur elle cinq siècles plus tard et durant plus de huit siècles. Seize siècles après la petite Francia du mérovingien Clodion, si la France est encore l'une des principales puissances du monde, elle demande à renouer avec sa très ancienne tradition royale pour renaitre dans la nouvelle ère dans laquelle nous entrons.

    Gisant de Clovis Ier

    Gisant de Clovis Ier à la basilique royale de Saint-Denis

    Voir aussi notre article Le songe nocturne sur le blog Saxe-Hussards.

      

    SOURCES : SUPERBE BLOG de http://www.saxe-hussards.com/histoire-des-francs.htm

      

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