• LANGUE MEDIEVALE - A

    Au nez et à la barbe

     En présence et en dépit (de quelqu'un). En narguant (quelqu'un).

    Cette expression date du XVe siècle. Ce n'est qu'une métaphore car la victime n'a pas obligatoirement une barbe, même s'il est fort probable qu'elle a un nez. Elle est issue d'un mélange de deux locutions qui indiquent simplement la proximité immédiate, "sous le nez" et "devant la barbe", autrement dit, "devant le visage".

    Mais elle comporte en plus une notion d'hostilité ou de volonté de narguer de la part de celui qui commet l'acte et, en général, de désapprobation ou de dépit de la part de la victime, dans le cas où elle a pu constater l'action (car celle-ci peut aussi se faire "sous son nez", mais sans qu'elle en ait connaissance - voir l'exemple).

    A bonne école

    Dans un milieu ou avec des personnes capables de bien instruire, de bien former. Dans cette expression dont les premières variantes datent du XIIe siècle, école a le sens ancien d'exemple, d'influence, de formation morale.

    "être appris de male escole" voulait dire "être mal conseillé" et "mener à dure escole", mener ou diriger durement, sévèrement.

    A bras-le-corps

    Par extension : fermement, avec une grande énergie, en s'y attelant sérieusement. Cette locution adverbiale est en général précédée d'un verbe comme prendre, tenir, saisir, porter...

    Mais comme elle indique un effort important ou une action violente, elle ne s'emploie pas obligatoirement que pour des personnes, puisque, par extension, on peut aussi "saisir les difficultés à bras-le-corps", par exemple.

    Au XVe siècle, on écrivait "à brace de corps" ou "à brache de corps".

    À cette époque, 'à' avait le sens de 'avec' et 'de' signifiait "quant à" ou "en ce qui concerne" ; quant à 'brace', il désignait les deux bras ("en sa brace" voulait dire "entre ses deux bras") et il est devenu le 'brasse' qu'on retrouve dans 'embrasser'.

    La locution s'est ensuite transformée en "à brasse-corps", qu'on trouve encore au Québec et en Suisse, avant de devenir "à bras le corps" à la fin du XVIIIe siècle.

    A bride abattue

    La «bride» est le «harnais placé à la tête du cheval et destiné à l'arrêter ou à le diriger, selon la volonté du conducteur». Une façon de laisser à la bête l'entière liberté de ses mouvements est naturellement de lui «laisser la bride sur le cou», symbole de parfaite non-directivité. On peut aussi «tourner bride» : faire un demi-tour complet, et généralement détaler dans le sens inverse.

    À brule-pourpoint

    Qui est soudain, pertinent et par surprise.

    Au début des armes à poudre vers la fin du moyen age, il était courant que les artilleurs en portant à l'épaule leur canon à main, au moment de faire feu avec leur arme, abiment carrément leur pourpoint et y mettent feu, C'est ainsi que ces mésaventures d'arquebusiers nous ont valu la très brusque expression à brûle-pourpoint, qui veut dire à bout portant, pertinent et très soudain.

    A cheval donné on ne regarde pas la bride / la bouche / les dents

    Il faut toujours être content d'un cadeau reçu. On ne doit pas critiquer un cadeau, quand bien même aurait-il un défaut

    Si la date d'apparition de cette locution proverbiale n'est pas connue avec précision, elle remonte à loin, puisqu'en latin médiéval, on disait déjà la même chose sous la forme "non oportet equi dentes inspicere donati".

    À cette époque, le cheval, principal moyen de locomotion, avait une importance autrement plus grande qu'aujourd'hui où il a été remplacé par le cheval-vapeur et le cheval fiscal.

    Celui qui se faisait offrir un cheval et qui avait du savoir-vivre devait en remercier chaleureusement le donateur, sans se préoccuper de savoir si la bride de l'animal était en mauvais état ou sa dentition laissait à désirer.

    A cor et à cri

     À grand bruit, avec beaucoup d'insistance

    Certains sont persuadés que cette expression s'écrit "à corps et à cris". Il s'agit probablement de libertins qui se croient dans une de ces parties fines où l'on rejoue très régulièrement des versions peu bergmaniennes de "crie et suçote-moi" .

    Mais c'est oublier la genèse de cette expression qui n'est pas de toute première jeunesse.

    En effet, elle existe sous une forme différente depuis le XVe siècle où on disait déjà "à cry et à cor".

    Elle nous vient de la vénerie (ou la chasse à courre) où l'on traque la bête en jouant du cor et en poussant des cris (dont le fameux "taïaut !"), donc en faisant beaucoup de bruit. Cette pratique a vite donné naissance à notre expression, métaphore qu'on a employée au XVIe siècle dans des situations comme "mener un procès à cor et à cri", voulant dire qu'il était mené avec beaucoup d'énergie et en attirant l'attention.

    A Dieu ne plaise !

    Se dit pour indiquer qu'on repousse telle ou telle supposition ou éventualité qu'on ne veut pas envisager

    Espérons que cela n'arrivera pas !

    La syntaxe et le sens de cette expression peut paraître étrange à notre époque.

    Mais comme elle nous vient, sous une forme un peu différente, du XIe siècle, dans la chanson de Roland, on ne s'en étonnera pas trop.

    On y trouvait en effet "ne placet Deu" dont la traduction est à peu près "que [cela] ne plaise pas à Dieu" et qu'il faut comprendre comme "que cela lui déplaise tellement qu'il ne le permette surtout pas".

    C'est donc bien une formule que l'on est susceptible de prononcer lorsqu'on ne souhaite pas qu'une chose arrive, en espérant que, comme elle lui déplaît, Dieu fera le nécessaire pour qu'elle ne se produise pas.

    A fleur de peau

     À la surface de la peau.

    Au figuré, qui réagit à la plus petite sollicitation. Si vous regardez de près les verbes 'affleurer' et 'effleurer', dont le sens ne vous échappe bien évidemment pas, vous retrouvez dedans cette 'fleur' qui n'a strictement rien à voir avec la rose, le lys ou la marguerite.

    Le mot 'fleur', qui date du XIIe siècle, vient du latin 'florem', accusatif de mots qui désignaient la fleur (celle des champs ou des pots) mais aussi "la partie la plus fine de quelque chose", signification de laquelle a découlé les différents sens "partie la meilleure", "partie supérieure" et, enfin, "surface".

    C'est de ce dernier que naît, au milieu du XIVe siècle, la locution "à fleur de" pour dire "à la surface de".

    Pour connaître la raison du sens figuré de "réaction à la plus petite sollicitation", beaucoup plus employé aujourd'hui, il suffit, par exemple, de penser aux relations entre deux amants, et cela sans même descendre bien bas dans leur anatomie : pensez simplement à la chair de poule que peut provoquer l'effleurement d'une main sur la peau. Nous avons là un contact léger, à fleur de peau (au premier sens) qui provoque une réaction épidermique immédiate.

    C'est ainsi qu'une personne qui a une sensibilité à fleur de peau peut très vite (et en général de manière trop brutale ou déplacée) réagir à ce qu'elle prend parfois à tort pour une agression verbale.

    A gogo

     Abondamment, à profusion.

    Cette expression date du XVe siècle.

    gogo est une duplication plaisante à l'oreille de 'go', issu de 'gogue' qui voulait dire "réjouissance, liesse".

    Furetière écrivait : "A gogo se dit des choses plaisantes et agréables qu'on a en abondance. Les gens riches vivent à gogo. Il a de l'argent à gogo..."

    C'est de 'gogue' que viennent les mots 'goguenard' et 'goguette' encore employés de nos jours.

    A la bonne heure !

     Voilà qui est bien ! J'y consens ! Tant mieux ! Soit ! A votre aise ! (avec ironie)

    Prise isolément (hors d'une phrase comme "vous arrivez à la bonne heure" où la notion de temps est évidente), cette expression qui apparaît au XIVe siècle sous la forme "a bonne heure" a eu, parallèllement, plusieurs significations.

    Avant le XVIe siècle, on l'employait plutôt logiquement pour dire "au moment propice", en opposition à "à la male heure" qui, elle, voulait dire "au mauvais moment", "mal à propos".

    Du XVe à la fin du XVIIIe, elle s'employait aussi pour dire "heureusement, sous de bons auspices".

    Mais le glissement qui a conduit au sens qu'elle a conservé aujourd'hui, d'approbation ou d'assentiment (des fois de manière ironique), ne semble pas vraiment expliqué.

    Aller à la danse de Macabré

    sens : La pensée de la mort qui vient est omniprésente à l'époque médiévale. Particulièrement lors des épidémies de peste où on voit apparaitre des fresques représentant morts et vivants dans une danse macabre se tenant par la main de vie à trépas. Toutes les couches de la société y sont représentés car la mort fauche sans distinction.

    «Un jour viendra notre tour d'aller à la danse de Macabré. Qui peut dire à quel moment la Mort viendra nous enlever dans son étreinte glacée? De quelle façon s'y prendra-t-elle, quel sera son bras, son agent? Vers quoi nous emportera-t-elle?»

    Aller au diable Auvert

    À l'époque médiévale sela signifiait s'engager dans une expédition dangereuse. Cette locution s'en tend particulièrement aujourd'hui dans le sens de aller chez le diable, partir en cavalle. Auvert est une corruption de Vauvert; on disait autrefois : Aller au diable Vauvert. Le V a été mangé dans la rapidité du discours.

    Le château de Vauvert ou Val-Vert situé près de Paris, du côté de la barrière d'Enfer, avait été habité par Philippe-Auguste après son excommunication ; il passait depuis cette époque pour être hanté par des revenants et des démons. Saint Louis, pour désensorceler ce château, le donna aux Chartreux en 1257. Aller au diable Auvert prends donc tout son sens.

    À la queu leu leu

    Aujourd'hui l’expression signifie «l'un derrière l'autre».

    Leu est la forme ancienne du mot loup (parfois lou). A la queue leu leu devrait donc se lire à la queue du loup le loup.

    Au Moyen Age, les loups étaient très nombreux et se déplaçaient en bandes, souvent l'un derrière l'autre. Leur apparition était redoutée par la population.

    A tour de rôle

    À l'époque médiévale les édits étaient écrits sur des parchemins volumineux n'étant pas reliés mais roulés autour d'une tige de bois, d'où leur nom de volume (du verbe latin «volvo», je roule) ou leur nom de «rôle». Le «rôle» deviendra le registre sur lequel étaient inscrites dans l'ordre les affaires qui devaient passer devant un tribunal, chacune «à son tour de rôle».

    A tout bout de champ

     A chaque instant. Sans cesse.

    Vous êtes un paysan d'autrefois.

    Ce matin, il fait un temps à rester au lit, mais vous devez impérativement labourer votre grand champ, derrière la ferme.

    Très tôt, vous harnachez votre cheval de trait (ou vos boeufs) et lui accrochez votre charrue munie de son soc.

    Vous vous placez ensuite dans un coin choisi de votre champ et commencez le labourage parallèlement à une bordure du terrain.

    Arrivé au bout, vous faites demi-tour en vous décalant un peu et repartez en sens inverse.

    Le champ est très long. Il a beau faire froid, vous avez quand même la sueur qui perle à grosses gouttes à votre front.

    Une fois arrivé à l'extrémité (celle dont vous êtes initialement parti), vous refaites demi-tour et recommencez.

    Et ainsi de suite, jusqu'à ce que vous ayez parcouru l'intégralité de votre terrain, du nord au sud et d'est en ouest.

    Vous venez ainsi d'effectuer votre tâche par des actions très répétitives, avec des demi-tours à tous les bouts de votre champ. Et c'est très probablement suite à ce travail que, dans votre tête ou dans celle d'un de vos congénères, cette expression a germé.

    Au XIVe siècle, elle se disait "à chascun bout de champ", au XVIe, c'était "à tous bouts de champ" et au XVIIe, "à chaque bout de champ".

    C'est simplement une métaphore dont le sens a glissé du spatial (le terrain labouré sur toute sa surface avec des allers-retours incessants) au temporel (l'action répétée sans cesse ou l'évènement survenant à tous moments).

    A tue-tête

     Très fort, en parlant de la voix (si fort que l'on casse et même 'tue' la tête).

    Imaginer qu'on puisse "tuer la tête" d'une personne, donc la personne elle-même, rien qu'en parlant ou en chantant paraît un peu extrême (même si le capitaine Haddock n'est pas loin de trépasser lorsqu'il entend la Castafiore chanter...).

    Mais cela vient simplement du fait qu'à notre époque, 'tuer' n'a pas tout à fait la même signification qu'au XVIe siècle, date de naissance de notre locution adverbiale.

    En effet, le verbe 'tuer' a eu autrefois plusieurs significations, parfois en parallèle. Ainsi, vers 1150, si "tuer" signifiait bien "occire quelqu'un", comme maintenant, "soi tuer" voulait simplement dire "s'évanouir".

    Au moment où cette expression est apparue, 'tuer' avait aussi le sens de 'frapper', la plupart du temps à la tête ; et, par extension, il voulait aussi dire 'fatiguer' ou 'exténuer'. Et là, on comprend bien qu'une personne qui chante trop fort à proximité fatigue.

    Malgré son côté archaïque, cette expression est restée vivace alors que d'autres comme "à tue-chevaux" pour dire "très vite" ont disparu. Mais là, on peut aisément supposer que la disparition des déplacements avec des chevaux a provoqué son oubli. Alors qu'il existe encore des gens qui chantent très fort et de manière désagréable, au point qu'on soit parfois effleuré par l'idée de leur "tuer la tête" avant qu'ils ne tuent la nôtre.

    Acheter/vendre chat en poche

     Conclure un marché sans voir/montrer l'objet de la vente (avec le risque de se faire duper)

    C'est au tout début du XVe siècle que cette expression est apparue.

    Autant dire qu'il y a bien longtemps que les acheteurs crédules peuvent se faire gruger par des vendeurs habiles et sans scrupules (mais sauf si on est naïf, on sait que l'homme est capable de telles vilenies depuis la nuit des temps).

    Le mot 'poche' désignant ici un sac, le sens de l'expression est facile à comprendre. Vous viendrait-il à l'idée d'acheter quelque chose sans le voir et de faire une confiance aveugle (c'est le cas de le dire) au vendeur, si vous ne le connaissez pas ?

    Bien sûr, acheter un chat caché dans un sac sans y jeter un oeil au préalable, ce n'est pas prendre le risque de se faire refiler un éléphant ou une musaraigne, la taille et le poids du sac pouvant immédiatement provoquer quelques doutes dans l'esprit de quelqu'un de pas trop benêt ; mais c'est prendre celui de récupérer un animal borgne, malade, estropié ou, pire encore, une bestiole d'un autre type mais de taille et poids approchant comme une belette, par exemple.

    Adorer le veau d'or

     Avoir le culte de l'argent, des biens matériels. Courtiser ceux qui sont riches.

    En 1170, on parlait du "veel d'or" devenu le "veau d'or" à la fin du XVe siècle.

    Mais quel est donc ce "veau d'or" ?

    Il nous faut remonter à Moïse pour le comprendre (selon l'Exode). Alors que ce dernier était allé au sommet du mont Sinaï, histoire d'attendre que Dieu veuille bien lui donner les Tables de la Loi (il les a quand même attendues quarante jours !), les Hébreux qu'il avait conduits jusqu'au pied du mont attendaient, s'impatientaient et s'ennuyaient.

    Supposant que Moïse ne reviendrait plus, ils demandèrent à Aaron de leur fabriquer un dieu. Celui-ci ordonna alors aux femmes et enfants de donner leurs bijoux avec lesquels, une fois fondus, il coula un jeune taureau en or évoquant les dieux égyptiens Hathor (une vache) et Apis (un taureau).

    Lorsque Moïse revint enfin et constata le retour de l'idôlatrie chez son peuple, il se fâcha tout rouge et n'obtint le pardon de Dieu qu'en faisant massacrer 3000 des coupables.

    Aller à vau-l'eau

     Aller à sa perte, péricliter.

    Dès le XIIe siècle, aller 'à val' ou 'à vau' voulait dire "en descendant le long, en suivant la pente de", un vau n'étant pas le petit de la vache, pour ceux qui ont des soucis d'orthographe, mais une vallée (on retrouve d'ailleurs ce terme dans l'expression "par monts et par vaux" également expliquée dans un excellent site dédié aux expressions françaises dont le nom m'échappe).

    Au moins jusqu'au milieu du XVIe, cette locution, utilisée entre autres par Rabelais, avait le sens très concret de "suivre le fil de l'eau".

    Apporter de l'eau au moulin (de quelqu'un)

     Donner involontairement des arguments à son interlocuteur au cours d'un débat. Fournir des arguments permettant d'étayer une opinion.

    Cette expression existe sous différentes variantes depuis le Moyen Âge.

    Au XVIe siècle, l'eau vient au moulin était associée à un profit ou un avantage, ce qui s'explique parfaitement puisque lorsque le meunier avait de l'eau à son moulin, il pouvait travailler et s'enrichir.

    Au beau fixe

    Désigne la stabilité dans le bonheur, la réussite, les relations...

    Cette métaphore est d'origine météorologique alors que le "beau fixe" désignait un beau temps stable, matérialisé par l'aiguille du baromètre 'fixée' sur la zone de beau temps.

    Au XIIIe siècle, 'fixe' a d'abord été utilisé en alchimie pour désigner un gaz qu'on ne pouvait liquéfier. Au XIVe, et aujourd'hui encore, il s'emploie pour qualifier ce qui ne change pas de position. C'est à partir du XIXe qu'il prend également le sens de "établi de manière durable" qu'on retrouve dans notre expression.

    Au marc le franc

     Proportionnellement, au prorata.

    Autrefois, à partir du XIIe siècle, le 'marc' -prononcer comme 'mare'- était un poids de huit onces, soit 244,75 de nos grammes, qui servait principalement à peser l'or et l'argent ("Elle a eu en mariage tant de marcs d'argents").

    Mais le marc n'était bien évidemment pas le seul poids utilisé. Parmi quelques autres, on avait aussi la livre qui pesait deux marcs.

    C'est de ces deux mesures de métal précieux qu'est née l'expression "au marc ou à la livre" qui s'est ensuite tranformée en "au marc la livre"[1] qui s'utilisait déjà au XVIIe siècle pour désigner ce que des créanciers pouvaient espérer récupérer de leur débiteur, au prorata de leur créance.

    Puis, par confusion entre la livre poids et la livre monnaie, le sens de l'expression est resté, mais la livre a été remplacée au début du XIXe siècle par la monnaie utilisée dans le pays, c'est-à-dire le franc.

     

    Au pied levé

     Sans avoir le temps de se préparer. : À l'improviste.

    Voilà une métaphore qui existe depuis le XVe siècle et qui est relativement simple à comprendre.

    Imaginez-vous debout quelque part. Soudain, l'envie d'aller ailleurs vous prend, que ce soit pour aller aux toilettes, vous faire cuire un oeuf ou bien cueillir des fleurs pour votre dulcinée dans le magnifique parterre devant le château de la comtesse chez laquelle vous avez été invité.

    Que faites-vous alors ? Eh bien vous levez d'abord un pied (un seul à la fois, de préférence) avec la ferme intention de le poser un peu plus loin en avant puis de recommencer l'opération avec le pied resté à sa place, et ainsi de suite (imaginez la scène au ralenti).

    Si, au moment où votre pied est levé, prêt à avancer, quelqu'un vous dit soudain "passe-moi le sel !", il vous prend incontestablement à l'improviste, sans que vous ayez eu le temps de vous préparer à sa demande.

    Au début, cette expression s'employait uniquement lorsqu'on s'adressait à quelqu'un au moment où il s'apprêtait à partir (le pied déjà levé), mais elle s'est rapidement généralisée à toutes les situations où quelqu'un est pris à l'improviste ou n'a pas le temps de se préparer à ce qu'on lui demande.

    Elle se disait d'abord "à pied levé" au milieu du XVe siècle, avant de devenir au pied levé au milieu du XVIe.

    Autant en emporte le vent

    Rien ne restera, tout sera emporté. Ce proverbe mélancolique évoque l'aspect fugitif et dérisoire des choses humaines: amours, ambitions, désirs, tout est promis à disparaître, comme emporté par le vent. On trouve l’expression chez François Villon, qui en fait le refrain de l'une de ses Ballades. C’est aussi le titre français du célèbre film avec Clark Gable.

    Avoir des cornes

    Dans un registre moins poétique, les prouesses sexuelles du cerf sont à l’origine de l’expression « avoir des cornes ».

    Cette expression puise son origine dans le conte Merlin l’enchanteur qui date du XIIe siècle. Apprenant que son épouse se remarie, Merlin fonce à dos de cerf sur son rival ; fou de colère, il arrache les cornes de sa monture et tue l’amant en lui envoyant le trophée au visage.

    Avoir maille à partir

     Avoir un différend, être en conflit, être en contestation avec quelqu'un.

    La maille dont il est question ici est une monnaie, la plus petite qu'il existait sous les Capétiens alors que partir signifiait partager. On ne pouvait donc pas la partager. Ceux qui devaient le faire finissaient toujours par se disputer. Aujourd'hui, l'homonymie entre maille (monnaie) et maille (tricot) et partir (partager) et partir (s'éloigne, s'en aller) a permis à l'expression de subsister.

    Avoir un nom à coucher dehors

    À l'époque médiévale, les personnes étaient jugées et classés dans les auberges selon leur nom. Les aubergistes de ce temps se fiaient sur celui-ci pour accomoder ou nom les clients. Ainsi, ceux qui avaient des noms de famille nobles pouvaient avoir accès à des chambres dans l'auberge alors que d'autres ne pouvaient pas. Ainsi selon son nom on pouvait refuser une personne d'où est née l'expression «avoir un nom à coucher dehors».

    Avoir plusieurs cordes à son arc

    Expression du XIIIe siècle où l'on n'avait, à l'époque, que deux cordes à son arc. Le sens de l'expression est : avoir plusieurs types de ressources, divers moyens d'action pour parvenir au résultat.

    Avoir voix au chapitre

     Être consulté, avoir le droit d'exprimer une opinion.

    Le chapitre est l'assemblée des moines ou des chanoines lorsqu'ils se réunissent pour discuter de leurs affaires. Les moinillons, les serviteurs n'avaient pas voix au chapitre.

      

      

    sources : http://lartdesmets.e-monsite.com/pages/les-mots-medievaux/les-expressions-medievales/

      

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