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    A Hauterives, dans la Drôme, se trouve une oeuvre très singulière :

    le palais idéal du facteur Cheval !

      "Fils de paysan je veux vivre et mourir
    pour prouver que dans ma catégorie
    il y a aussi des hommes de génie
    et d'énergie. Vingt-neuf ans je suis resté
    facteur rural. Le travail fait ma gloire
    et l'honneur mon seul bonheur;
    à présent voici mon étrange histoire.
    Où le songe est devenu,
    quarante ans après, une réalité."

    Ferdinand Cheval facteur de la commune de Hauterives dans les années 1880, a passé 30 de sa vie à construire ce qu’il a appelé le palais idéal. Avec ses faibles revenus, il a acheté un petit terrain sur lequel il a commencé à construire une bâtisse inspirée de toutes les illustrations des pays lointains qu’il a pu voir.

    On peut y voir sa mosquée, ses palais hindous, sa maison blanche… Il est allé chercher tous les matériaux à brouettes sur les collines de son village. Aujourd’hui on peu visiter ce site incroyable…

     

     

     

     

    Le Facteur Cheval en tournée.

      

    Tout facteur n'est pas Cheval. Et il y a trop de volonté, d'ingéniosité, de ferveur devant le savoir pour ne pas faire du Facteur Cheval un être d'exception et un exemple. Proche, en cela, du douanier Rousseau qui dévore les ouvrages scientifiques, les revues savantes, pour combler son manque de culture, ayant quitté l'école trop tôt et en souffrant.

      

    Palais idéal ouest

      

    C'est souvent le propre des autodidactes que d'avoir plus de respect pour la culture que ceux qui y ayant accédé jeunes, et sans effort (comme une chose naturelle, de leur éducation) n'en mesurent pas toujours le prix. Concevant une maison (un Palais idéal) il l'a fait à la mesure de ses connaissances, accumulant les références comme pour se prouver l'étendue de son savoir, et soulignant avec une sorte de naïveté, toute la force humaine qu'elle justifie, valorise.

      

      

    Le voici, durant ses tournées (à pied, et avec sa brouette), récupérant, ça et là, dans les champs, les fossés, les pierres qui vont venir s'ajouter à celles de la veille et qui, peu à peu, se métamorphosent en multiples détails ornementaux d'un palais fou, sorti tout droit de son imagination.

     

      

    J'ai souvenir de Miro, me montrant dans son atelier, les bois mangés par l'eau, le soleil et le temps, ou les galets, en formes étranges jusque dans leur suaves sinuosités, et m'affirmant que c'était là son catalogue à partir duquel il réinventait un monde qui nous semble insolite et qui est pourtant à nos pieds, il suffisait de savoir le regarder.

      

      

    Le regard du Facteur Cheval creuse au delà des éléments qu'il assemble, les profondeurs de son imaginaire qui est aussi sa mémoire, et le reflet de ses connaissances livresques patiemment apprises.

      

     

    Le Facteur Cheval et le pouvoir du rêve.

      

      

    Habiter ses rêves, quoi de plus naturel pour celui qui saura leur donner forme. Le Facteur Cheval aura été jusqu'au bout d'une logique qui, souvent,  nous paraît trop contraignante pour s'y résoudre. N'est ce pas le propre du rêve que de s'effacer quand notre esprit reprend le chemin du réel.

      

      

      

    Ou alors nous mène-t-il à la folie quand on tente de le poursuivre en se contentant de le contenir dans notre corps, prisonnier d'une illusion, le réel le déniant, le quotidien le repoussant. Décevantes auront été les tentatives des poètes surréalistes qui veulent consigner par le biais des mots ces images furtives qui s'échappent et qu'ils s'obstinent à piéger en un filet dérisoire.

      

      

      

    Le génie du Facteur Cheval tient à une volonté défiant la raison, le lâche confort du quotidien, d'aller jusqu'au bout de sa propre logique ancrée dans le rêve et auquel la pierre donne une consistance, une résistance au temps, à son travail d'usure. Ne sont-ce pas dans les pierres que les grands bâtisseurs des civilisations passées ont confié le soin d'en perpétuer le pouvoir de fascination.

      

      

      

    Les civilisations dont les monuments témoignent ne sont plus, mais, par leur présence, ces "rêves de pierre" en portent encore la marque, sont comme des panneaux de signalisation qui balisent le champ élagué de leur vie active et quotidienne.

      

      

    Ce sont des monuments non plus voués à la pratique des humains, mais aux célébrations à des divinités, créées pour leur grandeur. Et parce que le rêve est un espace éloigné des aspects pragmatiques de notre vie, et qu'il plonge dans le plus profond de notre inconscient, il ne peut que générer des formes dont la subsistance nous fascine et nous porte à les classer dans l'espace du sacré.

     

      Palais Idéal du Facteur Cheval

      

      

    Le Palais Idéal du Facteur Cheval a ainsi souvent l'aspect d'un lieu de culte, il fait référence à des temples faramineux, traduits comme des citations, car ils sont empruntés à ce savoir encyclopédique dont le Facteur Cheval voulait faire usage, et, avec une certaine naïveté nous faire partager l'essence même qui est de nous hausser à la hauteur de ce que nous avons de meilleur en nous-même.

      

     

    Facteur Cheval des rêves de pierre.

      

    Pierres à pierres, transportées dans un simple brouette de jardinier, sa tournée de facteur terminée, il les accumule, les assemble, construit comme dessiné par un poètes pris de folie, une construction étrange, pleine de circonvolutions, de cavités, d'excroissances bizarres, et bientôt dominées par une forêt de tourelles, cheminées, miradors à rendre jaloux le château de Chambord, mais comme lui répondant à un rêve dément. Ici d'un  roi qui avait le pouvoir de le commanditer, là d'un presque manant mettant la main au coeur de son projet et y sacrifiant sa vie.

      

     

    Tout comme le douanier Rousseau (mais il est un peu son frère en architecture), il met dans son oeuvre la foisonnement de rêves qui l'habitent et qui s'alimentent, faute de voyages, de la consultation à la veillée de ces formidables publications qui, à la fin du XIX° siècle, apportent, dans les foyers, toute l'émotion du voyage, les images fabuleuses d'un exotisme encore vierge de toute exploitation commerciale et de congés payés. Des lointains fabuleux mais aussi porteurs de culture.

      

     

     Il est significatif de voir que le facteur Cheval, tout comme le douanier Rousseau, autodidactes, sont soucieux de parfaire leur culture, d'élargir leur horizon quotidien par ces constructions maniaques, minutieuses, ces agencements de formes empruntés au Magasin Pittoresque et qui deviennent des oeuvres originales, à la mesure de leur personnalité, à la fois discrète, écrasée par les contraintes d'une réalité qu'ils refusent, qu'ils défient, qu'ils contournent, qu'ils provoquent. Offrant leur réalité, et nous invitant avec insistance à les partager. Ce sont, paradoxalement, à la fois des oeuvres profondément  personnelles, et ouvertes. Témoignant d'un souci tenace, presque maladif, de communiquer la puissance de leurs rêves.

     

     

     SOURCES / wikipedia - LIEN DIAPORAMA :

    http://www.alundi.com/l/le-palais-ideal-du-facteur-cheval-5863

     

      
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    Si! Sans déc. Avec mon repassage en retard, les carottes à éplucher, Dominique et Léa qui vont arriver pour le thé, vous pensez si j’ai le temps de me vautrer dans la critique littéraire! En plus Manset, je comprends pas tout ce qu’il dit et faut pas compter sur lui pour vous expliquer. Amateurs de romans traditionnels, passez votre chemin! Et vous les groupies des intrigues bien menées qui progressent sagement au rythme de la chronologie et de la logique, allez voir ailleurs!

    Ecrivain-voyageur, Gérard Manset bouscule le temps, ses fantasmes et ses souvenirs asiatiques ou colombiens. Avec des morceaux de bravoure dans des Thaïlandes de rêve où l’on exhibe une pathétique créature qui fait penser à l’hermaphrodite-albinos du Satyricon de Federico Fellini. Impossible de suivre son récit de A jusqu’à Z. Il faut accepter de tomber dans des trous, admettre de s’y reprendre à plusieurs fois, chercher son passage du nord-est perso. Bref, errer dans un labyrinthe où vous retombez toujours (mais pour le perdre aussitôt) sur ce «prédateur des styles», sur ce «propagateur de la fièvre hindo-bouddhiste» : le facteur Cheval himself.

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    Acte de naissance de Ferdinand Cheval

    C’est pas la première fois, bien sûr, que Cheval fait irruption dans la littérature. Sans remonter au Revolver à cheveux blancs d’André Breton (1932) : «Nous les oiseaux que tu charmes toujours du haut de ces belvédères», on se souvient d’Alexandre Vialatte (Dernières nouvelles de l’homme) : «Chez l’homme, la tête pense, la main suit. Le reste y passe. Parfois pendant une vie entière. Le facteur Cheval en est un exemple éclatant».

    Et de Robert Morel éditant en 1969 un beau texte d’Alain Borne et témoignant : «C’est à Lyon, en 1942, dans les rues vides où nous rodions après le couvre-feu, qu’Alain Borne me parla du Facteur Cheval pour la première fois».

    Mais c’est pas une raison pour pas vous laisser porter par la musique très particulière et plus contemporaine de Gérard Manset : «L’avez-vous vu, ce palais? L’avez-vous déjà vue, cette basilique tout aplatie comme serait un morne coléoptère sur du sable tamisé ? Criquet dont la famille aurait volé plus loin (…). Un être avait commis cette équipée de la taille, tout juste, d’une goélette dont les cheminées seraient ces danseuses sémaforologiques (…) tournant leurs bras dans une gestuelle d’alphabet morse et incitant d’emblée à consulter les courts poèmes de grès marqués à la truelle mettant en scène ce qu’un Apollinaire lui-même aurait pu inspirer (…)».

     

    sources

    http://animulavagula.hautetfort.com/tag/ferdinand+cheval

     

    et BLOG de Monsieur  ERIC MEYER ( clichés photos )

    http://emeyer.blogspot.fr/2010/09/visite-ferdinand-le-facteur-cheval.html

     

     

     

     

     

     

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    Entrée de Restif.

     

    Nicolas Edme Restif de La Bretonne

     

     
     
    Nicolas Edme Restif de La Bretonne
    Portrait de Nicolas Edme Restif de La Bretonne en 1785. Gravure de Berthet d'après un dessin de Louis Binet, parue dans Le Drame de la vie.
    Portrait de Nicolas Edme Restif de La Bretonne en 1785. Gravure de Berthet d'après un dessin de Louis Binet, parue dans Le Drame de la vie.
     
    Nom de naissance Nicolas-Edme Rétif[1]
    Autres noms Monsieur Nicolas, le Hibou, le Spectateur nocturne, M. Dulis, M. Saxancour
    Activités Imprimeur, écrivain
    Naissance 23 octobre 1734
    Sacy France monarchie
    Décès 3 février 1806 (à 71 ans)
    Paris Drapeau de la France
    Langue d'écriture Français
    Genres Roman, nouvelles, théâtre, autobiographie
    Œuvres principales
    Le Paysan perverti, La Vie de mon père, Monsieur Nicolas, Les Nuits de Paris

    Nicolas Edme Restif (/ʁe.tif/[2]), dit Restif de La Bretonne, également épelé Rétif et de La Bretone[3], est un écrivain français né à Sacy, près d'Auxerre, dans une maison actuellement située 115 Grande Rue, le 23 octobre 1734. Huit ans après sa naissance, il emménage avec sa famille dans la ferme de La Bretonne (aujourd’hui « La Métaierie »), située dans le même village. Il meurt à Paris, au 16 rue de la Bûcherie, le 3 février 1806.

    Fils de paysans de l'Yonne devenu ouvrier typographe à Auxerre et Dijon, Nicolas Restif de La Bretonne s'installe à Paris en 1761 : c'est alors qu'il commence à écrire. Il a une vie personnelle compliquée et est sans doute indicateur de police. Par son métier dans l'imprimerie, il rencontre des écrivains comme Beaumarchais, Louis-Sébastien Mercier, Grimod de La Reynière ou Cazotte.

    Graphomane, il fait paraître de très nombreux ouvrages touchant à des genres divers, du roman érotique (L'Anti-Justine, ou les Délices de l'amour ) au témoignage sur Paris et la Révolution (Les Nuits de Paris ou le Spectateur nocturne, 1788-1794, 8 volumes) en passant par la biographie avec La Vie de mon père (1779), où il brosse un tableau idyllique du monde paysan avant la Révolution avec la figure positive de son père. Il a également écrit des pièces de théâtre qui n'ont jamais été jouées. Cherchant constamment des ressources financières - il mourra d'ailleurs dans la misère -, il écrit aussi de nombreux textes pour réformer la marche du monde.

    Cependant, l'œuvre majeure de Restif de la Bretonne est sa vaste autobiographie, Monsieur Nicolas, en huit volumes échelonnés entre 1794 et 1797. Ce livre fleuve se présente comme la reconstruction d'une existence et expose les tourments de l'auteur/narrateur comme à propos de la paternité - le titre complet est Monsieur Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé -, mais témoigne aussi de son temps et constitue une source très abondante de renseignements sur la vie rurale et sur le monde des imprimeurs au XVIIIe siècle.

      

    Piéton tenace, capable de traverser la ville en tous sens, Restif de la Bretonne sera pourtant surtout fidèle à l'Ile de la Cité et aux ruelles du quartier Saint Séverin, où il avait ses habitudes, ses repères et ses secrets. Et maints petits rendez vous dans des mansardes pour câliner des petites couturières auxquelles il apprenait l'art de la débauche.
    Là où Sade, son contemporain, est pervers et hautement cérébral, lui est plus simplement fripon. Avec même, une tendance à la sentimentalité appuyée et vaguement théâtrale. Coté Fragonard, côté Greuze pour faire bonne mesure.

    C'est dans ce vieux Paris, miraculeusement conservé (et rénové) que l'on peut encore trouver des maisons qui furent de celles qu'il fréquentait. Salles de jeu, repaires de fêtards, petites maisons dispensant des alcôves discrètes et des rencontres câlines.
     

     

    série de détails de gravures des femmes du commun .

    Une mine d’informations vestimentraires de l’époque pré-révolutionnaire

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    L'homme aura une vie familiale ponctuée de naissances qui le perturbent plutôt, encore qu'il ait des rapports intimes avec sa fille.
    Piéton avide de ces petits faits qui rendent la promenade attrayante, et le Paris du XVIII° avait cette qualité particulière qui veut que la vie sociale du peuple s'y déroulait sans complexe et avec une hardiesse de ton qui va nourrir la pensée révolutionnaire. Restif qui participe si pleinement de l'esprit galant du XVIII° va vivre la Révolution de l'intérieur, d'où les fameuses "nuits", alors qu'il déambule dans les rues avec son immense cape et son hibou sur la tête, ce qui sera la raison pour laquelle on le soupçonne parfois d'avoir été une sorte d'espion du pouvoir du moment.
    Le galant transformé en agent de renseignements. La métamorphose est trop violente pour qu'elle paraisse crédible.

     

    Restif de la Bretonne espion.

      

    Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.  

     

     

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  • Les crieurs et marchands ambulants de la rue médiévale.

    Les cris des marchands ambulants ont du mal à se faire entendre au milieu de la cacophonie

    d’une rue médiévale. En effet, il est de coutume de beaucoup « crier » dans villes et villages d

    urant tout le Moyen Âge. Le crieur est un personnage qui exerce sa profession, soit de façon

    permanente, soit de façon intermittente. Cette profession est également strictement réglementée.

    Il peut être concurrencé par les boutiquiers qui « crient » leurs marchandises pour attirer le client.

     

    Les marchands ont interdiction d’appeler un client avant qu’il n’ait quitté la boutique voisine ;

    ils n’ont, en outre, pas le droit de « dépriser » la marchandise d’un confrère.

     

    Ces boutiquiers permanents estiment être en concurrence déloyale avec les marchands ambulants

    qui promènent leurs cris dans toute la ville pour écouler des marchandises moins contrôlées que les leurs.

    Les boutiquiers réussissent parfois à limiter ce commerce ambulant dans le temps ou sur le

    volume de marchandises.

    À Paris, les marchands de tapis obtiennent que le colportage soit limité au vendredi, au samedi

    et aux jours de marché. Marchande d'épinards, Cris de Paris

    Les « crépiniers » défendent de colporter à la fois plus d’une coiffe et plus d’une taie d’oreiller.

    Mais d’autres cris font également concurrence aux « cris publicitaires » : le « sonneur de mort » ou

    « le crieur de       corps »,

    accompagné de cloches « crie les morts », pour annoncer un décès ou les funérailles d’un

     personnage important ; les sonneurs de tournois, les crieurs de vin, les montreurs d’ours ou de

    marionnettes, les hérauts proclamant les édits des diverses autorités constituées et les ordonnances royales.

    En cas de rixe, il est d’usage de « crier la paix » pour annoncer officiellement la r

    éconciliation des partis opposés. La ville de Paris ne compte pas moins de vingt-quatre

    crieurs titulaires en 1416, appartenant à la corporation des crieurs dirigée par deux maîtres,

    un pour chaque rive de la Seine. Il faut y ajouter les crieurs publics, dépendant de

    l’administration royale et rémunérés par elle, et les crieurs privés, gagés par des particuliers. Ces derniers doivent payer

     une redevance à l’État, pour qui le « criage de Paris »

    est une source de revenus non négligeable.

     

    Un cri commercial est adressé spécifiquement aux marchands pour annoncer le début des ventes

     (Vendez ! vendez !) après contrôle de la qualité des produits attesté par l’imposition d’un poinçon de la ville sur les cuirs par exemple.

    Ce cri marque l’ouverture des foires et des marchés.

    Marchand de verres, Cris de Paris, vers 1500, BnF Les archives municipales de la ville de Saint Quentin attestent l’usage

    de crier pour annoncer la vente aux enchères des maisons abandonnées menaçant ruine.

    Si les héritiers ne se manifestent pas, la maison est dévolue au roi et vendue au profit des créanciers.

    Quatre criées sont ainsi organisées pour obtenir « le plus grand profit ».

     Parmi tous ces cris, tâchons de distinguer les cris liés à la vente de produits ou de

    services grâce au poème de Guillaume de Villeneuve,

    Les crieries de Paris composé au XIIIe siècle :

    « Je vous dirai comment font ceux qui ont des marchandises à vendre et qui

    courent Paris, en les criant, jusqu’à la nuit. Ils commencent dès le point du jour :

    « Seigneurs, dit le premier, allez aux bains, vite, vite : ils sont chauds ! »

    Et puis viennent ceux qui crient les poissons : harengs Marchand d'allumettes, Cris de Paris, vers 1500, BnF saurs et harengs blancs, harengs frais salés,

    vives de mer et aloses (poisson proche de la sardine). Et d’autres qui crient les oisons (petits de l’oie)

    et les pigeons, et la viande fraîche. Et la sauce à l’ail, et le miel. Et les pois en purée chaude, et les fèves chaudes.

    Et les oignons et le cresson de fontaine, et le pourpier (plante utilisée comme légume), et les poireaux,

    et la laitue fraîche. Celui-ci s’écrie : « J’ai du bon merlan frais, du merlan salé !… »Un autre :

    « Je change des aiguilles contre du vieux fer ! »Ou bien : « Qui veut de l’eau contre du pain ?… »

    Et celui-là : « J’ai du bon fromage de Champagne, du fromage de Brie ! N’oubliez pas mon beurre frais !… »

    « Voilà du bon gruau ! Farine fine ! Farine… »« Au lait, la commère, ma voisine !…»« Pêches mûres !

    Poires de Caillaux (Bourgogne) ! Noix fraîches ! Calville rouge ! Calville blanc d’Auvergne (sortes de pommes) !…»

    « Balais ! Balais !… »« Bûches ! Bûches à deux oboles la pièce ! »« Et puis l’huile de noix, les cerneaux,

     le vinaigre… »« Cerises au verjus (suc acide extrait du raisin vert) ! Légumes ! Œufs ! Poireaux ! … »

    « Pâtés chauds ! Gâteaux chauds !… »« Lardons grillés ! »« Marchands de vestes et de manteaux !… »

    « Rapiéceurs de vêtements !… »« Raccommodeurs de haches, de bancs et de baquets !… »

    « Herbes  à joncher le sol !… »

    « Marchand de vieilles chaussettes ! »« Étains à récurer ! Hanaps à réparer !… »

    « Qui veut des Noëls (livres de cantiques) ? »« Vieux fers, vieux pots, vieilles poêles à vendre… »

    « Chandelles ! »Et voici qu’on publie un édit du roi Louis. (…) «Vin à 32 deniers ! À 16 ! À 12 ! À 8 ! »

    « Flans tout chauds !… »« Châtaignes de Lombardie ! Figues de Malte ! Figues !

    Raisins de Damas ! Raisin ! »« Savon d’outre-mer ! »Et voici le sonneur qui court les rues en criant :

    « Priez pour l’âme du trépassé ! »« Champignons ! Champignons ! »

    « Cornouilles mûres ! Cornouilles »« Prunes de haies à vendre !…»« Qui veut des petits

    oiseaux contre du pain ? »« Chapeaux ! Chapeaux !… »« Charbon en sac pour un denier ! »

    Et sur le soir commence à crier le marchand d’oublies « Voilà l’oublieur ! »L’effet est radical

    sur le chaland : Guillaume de Villeneuve avoue : "Il y a tant à vendre que je ne puis m’empêcher d’acheter.

    À acheter seulement un échantillon de chaque chose une fortune y passerait".

    Rutebeuf (vers 1260) a également recueilli et conservé ces cris de Paris, mis en image de façon éparse dans

    divers manuscrits (Vie de Monseigneur saint Denis – XIVe siècle ; marges des Grandes Heures du duc de Berry – 1407),

    puis en une série de dix-huit gravures sur bois rehaussées de couleur, datées de 1500 environ.

    Chaque crieur est reconnaissable aux attributs de son métier, son cri est parfois retranscrit devant sa bouche ouverte

    comme dans une bande dessinée :

    « Le marchand de verreries : « Voirre jolis » (Verres jolis).

    Le rémouleur : « argent mi doict gaigne petit » (argent me donne, gagne petit).

    La laitière : « qui veul de bon lait ? » (qui veut du bon lait ?)

    Le ramoneur : « Ramone la cheminée otabas » (Je ramone la cheminée de haut en bas).

    Le marchand de bois sec : « gros quotres ses » (gros cottrets secs : fagots de bois court) ».

    Au XVIe siècle, Clément Janequin (1485-1558) a mis en musique ces cris dans un quatuor ;

    et le poète François Villon rappelle ces cris de Paris dans sa Ballade des femmes de Paris et

    Guiot de Paris dans son Dit des rues de Paris, qui restitue pas moins de trois cents noms de rues de la capitale.

    Marchand de gâteaux ambulant, Cris de Paris, vers 1500, BnF

     

    Le commerce du vin repose sur une organisation particulière,

    en tant que denrée de première nécessité, soumise de plus au droit

    seigneurial du banvin. Le crieur de vin est chargé de signaler l’arrivage du vin,

    les mesures utilisées, l’ouverture officielle de la vente et le prix officiel du vin.

    Comme les marchands de vin au détail paient un impôt spécifique à la ville de

    Paris sur chaque tonneau mis en perce, ils sont étroitement surveillés par des crieurs patentés.

    Le matin, le crieur se présente dans la première taverne venue. Le tenancier doit l’accueillir,

    préparer devant lui le vin et lui en offrir à déguster.

     

    Ensuite, le crieur se fait remettre un broc et un verre, puis s’en va dans les rues où il crie ce vin, vantant ses qualités et son prix,

    le donnant à goûter aux bourgeois. Le marchand ne peut pas avoir de crieur attitré : il est tenu de s’en remettre à ces crieurs

    « jurés » c’est-à-dire assermentés. Tous les marchands doivent s’aligner sur le prix du vin du roi. Le crieur peut vérifier

    auprès des clients le prix à acquitter. Ce type de crieur spécialisé est nommé et révoqué par la commune. Il prête serment et

    paie une redevance d’un denier en échange de l’obligation de crier au moins deux fois par jour. Après 1415, ces crieurs

    ne sont plus spécialisés dans le cri du vin, ils crient également les décès.

    Des sources littéraires évoquent des cris semblables dans d’autres villes du royaume. Le Dit des trois aveugles évoque la

    publicité faite par un crieur de Compiègne qui vante les mérites d’une auberge : « Ici il y a du bon vin frais et nouveau !

    Du vin d’Auxerre ! Et de Soissons ! Pain et viande, et volailles et poissons ! Ici, il fait bon gîte pour tout le monde.

    On peut à l’aise se loger ! ».

    Le Charroi de Nîmes (chanson de geste datée du milieu du XIIe siècle) évoque aussi les cris qui accompagnent les

    caravanes de charrettes en ville.

     

    Le Dit des merciers anonyme énumère tous les colifichets, les petits outils et les produits de cosmétique

    que le mercier tire de sa hotte en plaisantant.

    Le fabliau de La bourse pleine de sens met en scène le monde de la foire et du marché, tandis que Rutebeuf,

    dans le Dit de l’herberie rapporte les propos d’un mire (un médecin) qui se vante d’avoir voyagé partout,

    d’avoir rapporté pierres précieuses et herbes médicinales inconnues, tout en donnant des recettes facétieuses et sérieuses.

    Sources et bibliographie :

    Marie-Anne Polo de Beaulieu (Directrice de recherche à l’EHESS), Enseignes, cris, textes. Les pratiques

    publicitaires au Moyen Âge.

    E. Faral, Textes relatifs à la civilisation des temps modernes, Paris, Hachette, 1838, p. 84-85 ;

    texte commenté dans Massin, Les cris de la ville. Commerces ambulants et petits métiers de la rue, Paris, Gallimard, 1978.

    G. Duby, La société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise, Paris, 1953, rééd.

    Dictionnaire historique des Institutions, mœurs et coutumes de France….Pierre Adolphe Chéruel – 1865

     

     

    SOURCES :http://lartdesmets.e-monsite.com/pages/la-rue-au-moyen-age/les-crieurs-et-marchands-

    ambulants-de-la-rue-medievale.html

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    Gagner ses éperons

     

    Sens : obtenir une situation plus élevée, prendre du galon.

     

    Lors de son adoubement, le nouveau chevalier recevait les armes, signes de son état : l'épée et les éperons symboles de son rôle de guide et de chef. Cette expression sera revamper avec le temps et on dira comme dans la chanson il a gagné ses épaulettes.

     

    Un garnement

     

    A l'origine, garnement signifie tout ce qui peut offrir une protection : vêtement, équipement et même forteresse. A la fin du Moyen âge, le mot évolue dans le sens de souteneur. Aujourd'hui, de mauvais garçon, le garnement désigne maintenant un enfant, un adolescent.

     

    Graisser la patte

     

    Sens : donner illégalement de l'argent à quelqu'un pour obtenir quelque chose.

     

    Un gringalet

     

    Sens : homme ou garçon un peu chétif.

     

    Ce mot viendrait d’un vieux mot suisse signifiant " minus, demi-portion ".

     

    Jeter aux oubliettes

     

    Les oubliettes étaient les cachots souvent aménagés dans le sous-sol des donjons. Les seigneurs peu scrupuleux oubliaient parfois ceux dont ils voulaient se débarrasser.

     

    Aujourd’hui, on jette aux oubliettes les projets de réformes ou les bonnes résolutions qui ne voient jamais le jour.

     

    Jeter le gant

     

    Au Moyen Age, le gant avait une forte valeur symbolique. Il représentait le seigneur lui-même et son pouvoir. Le vassal remettait en signe d'hommage son gant droit à son suzerain. Un chevalier qui en défiait un autre au combat lui jetait son gant. Le relever signifiait que l'on acceptait de se battre. Aujourd'hui, l'expression signifie lancer, accepter un défi.

     

    Jugement de Dieu

     

    Au Moyen-Age, quand les lois n'étaient pas toujours claires, les juges pas toujours intègres et les moyens d'exécution pas toujours efficaces, on s'en remettait souvent au «Jugement de Dieu».

     

    L'accusé pouvait, par exemple être tenu de tremper la main dans l'huile bouillante en jurant qu'il était innocent, tout en devant la ressortir intacte. Ou encore, les parties pouvaient régler leur différend dans un combat à la lance ou en chevalerie. Dieu alors était supposé prendre fait et cause pour la justice et faire triompher celui qui avait raison.

     

    Jurer comme un templier

     

    Employer une verdeur de langage.

     

    L'ordre des Templiers fut fondé au XIIème siècle pour assurer la garde des lieux saints et la protection des pèlerins. Les chevaliers du Temple étaient des moines-soldats. Néanmoins, les mœurs militaires semblent l'avoir emporté sur les vertus monastiques.

     

    L'ordre des Templiers devint aux XIIIème et XIVème siècles si riche et si puissant qu'il suscita bien des jalousies. En particulier celle du roi Philippe le Bel, qui finit par interdire et disperser l'ordre.

     

    Laid comme les sept péchés capitaux

     

    Les sept péchés capitaux sont l'orgueil, l'avarice, l'envie, la gourmandise, la luxure, la colère et la paresse ainsi nommés parce que sources de tous les autres péchés. Ils étaient souvent représentés par des figures contrefaites sur les murs des cathédrales.

     

     

      

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    Élevé sur le pavois

     

    Sens : mettre sur le trône, désigner comme roi et au sens figuré, mettre en honneur, faire grand cas de quelque chose.

     

    Allusion aux Francs qui avaient coutume, après avoir choisi leurs rois, de les porter en triomphe sur de larges boucliers, appelés pavois.

     

    Pavois vient de Pavie, en Italie, ville où auraient été fabriqués les premiers de ces boucliers.

     

    Entrer en lice

     

    Sens : s'apprêter à combattre, s’engager dans une compétition, intervenir dans un débat.

     

    Les lices étaient les espaces clos où avaient lieu les tournois à proximité des châteaux. La cour intérieure de ceux-ci était souvent exiguë et toujours encombrée de petits bâtiments: écuries, chenil, four, puits...

     

    Espèces sonnantes et trébuchantes

     

    Au Moyen Âge, l'aloi était la proportion d'or ou d'argent contenue dans une pièce de monnaie. Aujourd’hui, de bon ou de mauvais aloi signifie de bonne ou de mauvaise qualité.

     

    Lorsqu’elles sonnaient, elles étaient de bon aloi car elles rendaient un son vif et plaisant; trébuchantes, parce qu'on pouvait en vérifier le poids à l'aide d'une petite balance encore appelée trébuchet.

     

    Être grand clerc

     

    Sens : être très savant, lettré.

     

    Les membres du clergé étaient les seuls, ou presque, à posséder le savoir. Ils consultaient les manuscrits conservés dans les monastères. Les écoles se trouvaient dans les abbayes et pour s’instruire, il fallait bien souvent entrer dans les ordres.

     

    Beaucoup de clercs se mariaient et n'entretenaient avec l’Église que des rapports lointains. Ils portaient la tonsure, signe de leur état.

     

    Au XVIIe siècle, le mot clerc se teinte d’ironie, et l'expression être grand clerc signifie : un homme qui fait le savant.

     

    Être sur la sellette

     

    Sens : être exposé au jugement d’autrui, à la critique ou se trouver en position délicate.

     

    La sellette était le petit banc de bois sur lequel s'asseyait l'accusé interrogé par ses juges. Le siège était très bas pour des raisons psychologiques et symboliques. L’accusé se trouvait dans une posture tout à la fois inconfortable et humiliante.

     

    Faire amende honorable

     

    Sens : présenter ses excuses, reconnaître qu'on a eu tort.

     

    Au Moyen Âge, à l'époque où peu de gens savaient écrire tout entente se joue sur la parole donnée, sur l'honneur engagé, bref la réputation. Ainsi celui qui commet un crime, manque à sa parole envers son Dieu, son pays, son roi, doit rétablir son honneur en tout premier lieu en amendant celle-ci. Amende honorable prends donc sens de laver son nom en avouant la vérité et demandant pardon à tous. Une faute avouée étant à moitié pardonnée, l'amende honorable pouvait être accompagnée de châtiments publics afin qu’ils servent d'exemples. Les hérétiques ou ceux qui étaient accusés de sorcellerie, étaient condamnés à reconnaître solennellement leurs fautes «faire amende honorable» avant d'être brulé vif. Avec le temps laver son honneur devint moins à la mode et on ne conserva que l'amende moins honorable, c'est à dire celle en $$$.

     

    Faire bonne chière

     

    Sens : bien manger.

     

    En ancien français, chière désignait le visage. Faire bonne chière devenait donc faire bonne mine à quelqu'un, l'accueillir aimablement.

     

    Faire des gorges chaudes

     

    Sens : se moquer méchamment, avec joie et devant beaucoup de gens.

     

    Au Moyen Âge, les gorges chaudes étaient les petits animaux (souris, mulots) que l'on donnait vivants à l'oiseau de proie.

     

    Faire grève

     

    Sens : Cesser volontairement le travail pour obtenir des avantages.

     

    A Paris, les ouvriers sans travail se réunissaient sur la place de Grève, le long de la Seine et attendaient une éventuelle offre d’embauche.

     

    Faire la nique à

     

    Sens : se moquer de quelqu’un, le narguer.

     

    Au Moyen Âge, nique indiquait un signe de mépris qui consistait à lever le nez en l'air avec impertinence.

     

    S'en fouetter comme en l'an quarante

     

    Sens : Considérer une chose ou un événement comme sans importance et en sourire.

     

    Cette expression tire probablement son origine d'une expression utilisée depuis les Croisades : «S'en moquer comme de l'Alcoran (le Coran)». Autre explication, la fin du monde aurait été prévue pour l'an 1040. Cette date fatale passée, les gens ne firent qu'en rire et se moquèrent de leurs anciennes angoisses.

     

    Faire le Jacques

     

    Sens : se conduire stupidement, faire l'idiot.

     

    Jacques était le nom donné à l’idiot du village et Jacques Bonhomme, celui du paysan, considéré traditionnellement comme lourd et nigaud. L’expression fait donc aussi allusion à la prétendue bêtise des paysans.

     

    Faire Ripaille

     

    Sens : faire bonne chère, mener joyeuse vie.

     

    Avant de devenir pape en 1439, le duc de Savoie Amédée VIII s'était retiré au prieuré de Ripaille pour se faire ermite. Lui et ceux des seigneurs de sa cour qui l'avaient suivi n’avaient d'ermite que le nom, car ils négligèrent complètement, pendant tout le temps de leur résidence, de se livrer aux austérités du cloître. Tous ceux qui étaient admis dans ce séjour de plaisirs, disent les biographes, étaient logés avec magnificence ; les mets les plus exquis couvraient leur table : ils vivaient plus en honnêtes épicuriens qu'en véritables ermites. Ils portaient néanmoins ce nom, parce qu'ils avaient exclu les femmes de leur société et qu'ils laissaient croître leur barbe comme les capucins. Leur habit était moins rude que celui de ces religieux ; c'était un drap gris très-fin, un bonnet d'écarlate, une ceinture d'or et une croix au cou de la même matière. Amédée jouissait d'un repos voluptueux dans cette maison de délices et de mets princiers faisant ainsi bombance et bonne ripaille.

     

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    Dans son for intérieur

    Le forum désignait la place publique. Au Moyen Âge, le mot pris le sens technique de juridiction et surtout juridiction ecclésiastique (pouvoirs de l'Église, en matière de justice, et leur étendue.) On distinguait le for intérieur (l’Église pouvait sanctionner les fautes commises par le biais de la confession et des pénitences), du for extérieur (toutes les affaires touchant à la religion, de près ou de loin, étaient jugées par des tribunaux ecclésiastiques). La distinction changea peu à peu de sens avec les siècles : for intérieur étant notre conscience qui nous juge, le for extérieur, les institutions, juges et tribunaux.

    De bon aloi

    Sens moderne : de bonne qualité.

    Sens ancien : Une pièce d’or ou d’argent devait être de bon «aloi». Ce mot provient en fait du verbe «aloyer», forme ancienne du verbe «allier» : l’aloi est donc l’alliage d’une pièce, c’est à dire la proportion de métal précieux qu'on y retrouve. À l'époqe médiévale chaque ségnieur pouvait frapper monaie et pour s’assurer qu’une pièce était «de bon aloi», on pouvait la faire «sonner» sur une surface dure : le son rendu permettait au banquier de distinguer une fausse pièce d’une vraie. Mais beaucoup plus sûr était l'usage du «trébuchet», petite balance de précision pour peser les monnaies. D'où l'expression «espèces sonnantes et trébuchantes».

    Decouvrir le pot aux roses

    Sens : découvrir le fin mot de l'histoire, le secret, la réalité cachée.

    Expression très ancienne dont on ne connaît pas la véritable histoire.

    Soit pot à fard à joues : Le trouver suppose qu'on connaisse bien la femme qui le possède et qu'elle n'ait plus de secret à cacher.

    Soit essence de rose - produit rare et précieux dont les parfumeurs auraient soigneusement dissimulé les procédés de fabrication. Le pot aux roses serait l'appareil permettant de distiller ce parfum de luxe.

    Soit une poudre produite par les alchimistes au cours de l'une de leurs opérations. Ici, le pot aux roses serait la cornue alchimique, objet bien caché s'il en fut.

    Une denrée

    Sens moderne : Produit commestible servant à l'alimentation commestible de l'homme ou du bétail. On retrouve habituellement ce mot dans les expressions denrée périssable, denrée sèche, denrée rare.

    Sens médiéval : Au XIIIe siècle cela servait à désigner une marchandise de la valeur d'un denier, principalement une mesure de pain qui sous St-Louis prenait le nom de denrée. À cette époque on retrouvait dans les grosseurs de pain :

    le denrée, pain vandu au prix d'un denier

    le doubleau vendu deux deniers

    le demie vendu le prix d'une obole = 1/2 denier.

    Il n'est fait aucune mention du poids des pains à cette époque, parce qu'on se basait, à ce sujet, sur le prix du blé qui faisait forcément varier la grosseur des pains. Le pain doubleau devait être vendu pour le prix de six deniers les trois; le pain denrée devait être vendu six deniers les six. Quant au pain demi il était vendu pour le prix d'une obole.

    D'estoc et de taille

    Sens : De la pointe (estoc) ou du tranchant (taille ou taillant), c’est-à-dire en se battant.

    Frapper d'estoc et de taille signifiait donc se battre avec acharnement, en portant tous les coups possibles. En moyen français, l’expression fut utilisée de manière imagée, parfois en dehors de tout contexte belliqueux, pour dire de quelque manière que ce soit, par tous les moyens.

    Dieu reconnaîtra les siens

    Lors de la croisade contre les cathares, des hérétiques du sud de la France, le légat du pape Arnaud Amaury se présente devant Béziers le 22 juillet 1209., L'assaut est donné par l’armée. La ville tombe et Arnaud Amaury commande à ses hommes, qui ne savaient comment reconnaître les bons chrétiens des hérétiques : «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !»

    Mot historique devenu proverbe, on l’emploie chaque fois qu'un châtiment frappe indifféremment innocents et coupables.

    Dormir comme un sabot. (Dormir profondément).

    Si le « sabot » désignant une chaussure de bois apparaît à la fin du XVe siècle, le mot, d'abord sous la forme « çabot », apparaît bien avant, à la fin du XIe, et désigne un jeu d'enfants, une « grosse toupie conique en bois que l'on fait tourner avec un fouet ou avec une lanière ». Mais quel lien peut-il bien y avoir entre le sommeil et une toupie ?

    S'il ne paraît pas évident, l'explication vient du fait que, lorsque le jouet tourne à pleine vitesse, il reste en apparence immobile et peut même produire un léger ronflement, selon la surface sur laquelle il tourne.

    C'est de cette « immobilité en ronflant » qu'on a dit « le sabot dort ».

    Attestée chez François Villon au XVe siècle, si notre expression s'est perpétuée jusqu'à maintenant, c'est uniquement parce qu'on croit à tort toujours savoir ce qu'est un sabot.

     

      

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    Bachelier

    Est le lycéen qui a réussi les épreuves du Baccalauréat. Déjà au Moyen Âge, le terme désignait l'étudiant titulaire du premier grade universitaire.

    Au XIe siècle, le bachelier était un jeune noble, chevalier ou écuyer, qui servait sous les ordres d'un seigneur plus âgé. Le jeune homme devait faire ses preuves afin d’héritier du fief paternel. Lorsqu’il ne possédait pas de fortune, il devait redoubler d’audace pour se trouver un protecteur ou un riche beau-père.

    Battre sa coulpe

    Battre sa coulpe signifie se repentir. Les pénitents manifestaient le remords qu'ils avaient de leurs fautes en se frappant la poitrine et en disant «mea culpa» car faute se dit culpa en latin.

    C'est une autre paire de manche

     C'est une autre affaire.

    Au Moyen Âge, les manches des vêtements n'étaient pas cousues de manière définitive, mais simplement ajustées au dernier moment. Les dames pouvaient, en signe d'attachement, remettre leur manche à leur chevalier qui l'arborait alors à sa lance ou à son écu lors des tournois.

    Ce gage amoureux est devenu symbole d'engagement au point qu'on en ait oublié son origine aristocratique et galante.

    Champion

    A l'origine, un chevalier se battait en champ clos pour défendre une cause.

    La justice du Moyen Âge admettait l'épreuve des armes. L'accusé pouvait provoquer en duel son accusateur : Dieu faisait triompher l'innocent. Lorsque l'accusé, malade, trop jeune ou trop vieux, n'était pas en mesure de se battre lui-même, ou si c'était une femme, il pouvait se faire représenter par un champion.

    Chercher noise à quelqu'un

     Quereller quelqu'un souvent pour peu de chose.

    Noise signifiait jadis : querelle bruyante, dispute.

    Aujourd'hui, le mot noise ne subsiste que dans cette expression.

    Chevalier

    A l'origine, les chevaliers n'étaient que de simples combattants, parfois mercenaires, assez forts ou assez riches pour avoir un cheval. Leur prestige était essentiellement militaire.

    A partir du XIe siècle, ces guerriers commencent à constituer une classe sociale, unie par une même manière de vivre. Pour éviter les guerres continuelles, les abus de pouvoir et canaliser la violence de ces combattants souvent frustes, l’Église met en place les règles strictes du code chevaleresque. Le chevalier, dont les armes ont été bénies, doit obéir à Dieu et à son devoir, protéger les faibles, aider son prochain...

    Convoquer le ban ou l'arrière-ban, publier le ban

    S'adresser à tous ceux dont on espère l'aide. A l'origine, le ban était une proclamation du seigneur, une défense ou un ordre. Le suzerain avait le droit de mobiliser, en cas de besoin, ses hommes mais aussi ceux de ses vassaux. Il convoquait alors le ban et l'arrière-ban. On publie encore le ban dans les église pour un mariage.

    Croire dur comme fer

    On peut facilement imaginer qu'une expression du genre "croire mou comme flan" n'aurait pas été comprise aussi intuitivement que celle qui nous importe cette fois-ci.

    En français, 'fer' (venu du latin 'ferrum') désigne d'abord une épée, avant, à la fin du XIe siècle, de désigner le métal lui-même.

    C'est au cours du XIIIe siècle que, au figuré, 'fer' prend aussi la signification de "très robuste" puis "inébranlable".

    C'est ce sens figuré qu'on retrouve dans notre expression (une croyance inébranlable) qui date du milieu du XVIIIe siècle, sens amené par la dureté du fer trempé qui servait à fabriquer les armes blanches ou les armures.

    Une cotte mal taillé

    Estimation approximative, compromis qui ne satisfait personne.

    La cotte (qui s'écrivit longtemps cote) était au Moyen Âge une tunique qui, si elle était mal taillée, ne convenait à personne.

    La cote est un impôt de la fin du Moyen Âge. Lorsqu’elle était taillée, elle signifiait établie, répartie entre les contribuables.

    Un coup de Jarnac

    Sens : Traîtrise, coup bas inattendu.

    Lors d'un duel entre Guy Chabot, comte de Jarnac, et François de Vivonne favori du roi Henri II, Jarnac entailla inopinément et traîtreusement le jarret de son adversaire. Le roi pardonna au comte, car celui-ci avait tout de même préservé la vie de Vivonne. Ce dernier, rageur et honteux, arracha les bandages protégeant sa blessure et en mourut trois jours plus tard.

    La Cour des Miracles

    La Cour des Miracles était située dans le quartier des Halles à Paris. Ce n’est que sous Louis XIV que la police en viendra à bout. Repaire des brigands, des faux estropiés qui mendiaient dans les rues, elle doit son nom à la magie qui le soir faisait retrouver aux infirmes l’usage de leurs membres.

    Courtois

    Les chevaliers du Moyen Âge l’étaient ; aimables, polis, raffinés dans leur parure et leur langage et aussi leurs sentiments. Ils considéraient leur dame comme une maîtresse toute-puissante dont les désirs étaient des ordres. Pour lui plaire, ils surmontaient toutes sortes d'épreuves, physiques et morales, dont la patience n'était pas la moindre.

    A l'origine, courtois signifie qui vit à la cour.

    Crier haro sur quelqu'un

    Crier haro sur quelqu'un signifie manifester énergiquement sa réprobation, l'accuser et réclamer un châtiment pour la personne en question. «Haro! Haro!» était le cri que l'on entendait lorsqu'un badaud se faisait couper sa bourse ou un chevalier arracher son manteau.

    Croquer marmot

    Sens moderne : Attendre, faire le poireau en se morfondant.

    Sens ancien : Croquer voulait dire «frapper». Et croquer le marmot signifiait cogner avec impatience le heurtoir de la porte. Alors cela n'a rien à voir avec un Ogre qui voudrait manger un petit enfant (croquer un marmot) où une marmotte qui serait fort difficile à croquer je l'avoue

     

     

     

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  • Au nez et à la barbe

     En présence et en dépit (de quelqu'un). En narguant (quelqu'un).

    Cette expression date du XVe siècle. Ce n'est qu'une métaphore car la victime n'a pas obligatoirement une barbe, même s'il est fort probable qu'elle a un nez. Elle est issue d'un mélange de deux locutions qui indiquent simplement la proximité immédiate, "sous le nez" et "devant la barbe", autrement dit, "devant le visage".

    Mais elle comporte en plus une notion d'hostilité ou de volonté de narguer de la part de celui qui commet l'acte et, en général, de désapprobation ou de dépit de la part de la victime, dans le cas où elle a pu constater l'action (car celle-ci peut aussi se faire "sous son nez", mais sans qu'elle en ait connaissance - voir l'exemple).

    A bonne école

    Dans un milieu ou avec des personnes capables de bien instruire, de bien former. Dans cette expression dont les premières variantes datent du XIIe siècle, école a le sens ancien d'exemple, d'influence, de formation morale.

    "être appris de male escole" voulait dire "être mal conseillé" et "mener à dure escole", mener ou diriger durement, sévèrement.

    A bras-le-corps

    Par extension : fermement, avec une grande énergie, en s'y attelant sérieusement. Cette locution adverbiale est en général précédée d'un verbe comme prendre, tenir, saisir, porter...

    Mais comme elle indique un effort important ou une action violente, elle ne s'emploie pas obligatoirement que pour des personnes, puisque, par extension, on peut aussi "saisir les difficultés à bras-le-corps", par exemple.

    Au XVe siècle, on écrivait "à brace de corps" ou "à brache de corps".

    À cette époque, 'à' avait le sens de 'avec' et 'de' signifiait "quant à" ou "en ce qui concerne" ; quant à 'brace', il désignait les deux bras ("en sa brace" voulait dire "entre ses deux bras") et il est devenu le 'brasse' qu'on retrouve dans 'embrasser'.

    La locution s'est ensuite transformée en "à brasse-corps", qu'on trouve encore au Québec et en Suisse, avant de devenir "à bras le corps" à la fin du XVIIIe siècle.

    A bride abattue

    La «bride» est le «harnais placé à la tête du cheval et destiné à l'arrêter ou à le diriger, selon la volonté du conducteur». Une façon de laisser à la bête l'entière liberté de ses mouvements est naturellement de lui «laisser la bride sur le cou», symbole de parfaite non-directivité. On peut aussi «tourner bride» : faire un demi-tour complet, et généralement détaler dans le sens inverse.

    À brule-pourpoint

    Qui est soudain, pertinent et par surprise.

    Au début des armes à poudre vers la fin du moyen age, il était courant que les artilleurs en portant à l'épaule leur canon à main, au moment de faire feu avec leur arme, abiment carrément leur pourpoint et y mettent feu, C'est ainsi que ces mésaventures d'arquebusiers nous ont valu la très brusque expression à brûle-pourpoint, qui veut dire à bout portant, pertinent et très soudain.

    A cheval donné on ne regarde pas la bride / la bouche / les dents

    Il faut toujours être content d'un cadeau reçu. On ne doit pas critiquer un cadeau, quand bien même aurait-il un défaut

    Si la date d'apparition de cette locution proverbiale n'est pas connue avec précision, elle remonte à loin, puisqu'en latin médiéval, on disait déjà la même chose sous la forme "non oportet equi dentes inspicere donati".

    À cette époque, le cheval, principal moyen de locomotion, avait une importance autrement plus grande qu'aujourd'hui où il a été remplacé par le cheval-vapeur et le cheval fiscal.

    Celui qui se faisait offrir un cheval et qui avait du savoir-vivre devait en remercier chaleureusement le donateur, sans se préoccuper de savoir si la bride de l'animal était en mauvais état ou sa dentition laissait à désirer.

    A cor et à cri

     À grand bruit, avec beaucoup d'insistance

    Certains sont persuadés que cette expression s'écrit "à corps et à cris". Il s'agit probablement de libertins qui se croient dans une de ces parties fines où l'on rejoue très régulièrement des versions peu bergmaniennes de "crie et suçote-moi" .

    Mais c'est oublier la genèse de cette expression qui n'est pas de toute première jeunesse.

    En effet, elle existe sous une forme différente depuis le XVe siècle où on disait déjà "à cry et à cor".

    Elle nous vient de la vénerie (ou la chasse à courre) où l'on traque la bête en jouant du cor et en poussant des cris (dont le fameux "taïaut !"), donc en faisant beaucoup de bruit. Cette pratique a vite donné naissance à notre expression, métaphore qu'on a employée au XVIe siècle dans des situations comme "mener un procès à cor et à cri", voulant dire qu'il était mené avec beaucoup d'énergie et en attirant l'attention.

    A Dieu ne plaise !

    Se dit pour indiquer qu'on repousse telle ou telle supposition ou éventualité qu'on ne veut pas envisager

    Espérons que cela n'arrivera pas !

    La syntaxe et le sens de cette expression peut paraître étrange à notre époque.

    Mais comme elle nous vient, sous une forme un peu différente, du XIe siècle, dans la chanson de Roland, on ne s'en étonnera pas trop.

    On y trouvait en effet "ne placet Deu" dont la traduction est à peu près "que [cela] ne plaise pas à Dieu" et qu'il faut comprendre comme "que cela lui déplaise tellement qu'il ne le permette surtout pas".

    C'est donc bien une formule que l'on est susceptible de prononcer lorsqu'on ne souhaite pas qu'une chose arrive, en espérant que, comme elle lui déplaît, Dieu fera le nécessaire pour qu'elle ne se produise pas.

    A fleur de peau

     À la surface de la peau.

    Au figuré, qui réagit à la plus petite sollicitation. Si vous regardez de près les verbes 'affleurer' et 'effleurer', dont le sens ne vous échappe bien évidemment pas, vous retrouvez dedans cette 'fleur' qui n'a strictement rien à voir avec la rose, le lys ou la marguerite.

    Le mot 'fleur', qui date du XIIe siècle, vient du latin 'florem', accusatif de mots qui désignaient la fleur (celle des champs ou des pots) mais aussi "la partie la plus fine de quelque chose", signification de laquelle a découlé les différents sens "partie la meilleure", "partie supérieure" et, enfin, "surface".

    C'est de ce dernier que naît, au milieu du XIVe siècle, la locution "à fleur de" pour dire "à la surface de".

    Pour connaître la raison du sens figuré de "réaction à la plus petite sollicitation", beaucoup plus employé aujourd'hui, il suffit, par exemple, de penser aux relations entre deux amants, et cela sans même descendre bien bas dans leur anatomie : pensez simplement à la chair de poule que peut provoquer l'effleurement d'une main sur la peau. Nous avons là un contact léger, à fleur de peau (au premier sens) qui provoque une réaction épidermique immédiate.

    C'est ainsi qu'une personne qui a une sensibilité à fleur de peau peut très vite (et en général de manière trop brutale ou déplacée) réagir à ce qu'elle prend parfois à tort pour une agression verbale.

    A gogo

     Abondamment, à profusion.

    Cette expression date du XVe siècle.

    gogo est une duplication plaisante à l'oreille de 'go', issu de 'gogue' qui voulait dire "réjouissance, liesse".

    Furetière écrivait : "A gogo se dit des choses plaisantes et agréables qu'on a en abondance. Les gens riches vivent à gogo. Il a de l'argent à gogo..."

    C'est de 'gogue' que viennent les mots 'goguenard' et 'goguette' encore employés de nos jours.

    A la bonne heure !

     Voilà qui est bien ! J'y consens ! Tant mieux ! Soit ! A votre aise ! (avec ironie)

    Prise isolément (hors d'une phrase comme "vous arrivez à la bonne heure" où la notion de temps est évidente), cette expression qui apparaît au XIVe siècle sous la forme "a bonne heure" a eu, parallèllement, plusieurs significations.

    Avant le XVIe siècle, on l'employait plutôt logiquement pour dire "au moment propice", en opposition à "à la male heure" qui, elle, voulait dire "au mauvais moment", "mal à propos".

    Du XVe à la fin du XVIIIe, elle s'employait aussi pour dire "heureusement, sous de bons auspices".

    Mais le glissement qui a conduit au sens qu'elle a conservé aujourd'hui, d'approbation ou d'assentiment (des fois de manière ironique), ne semble pas vraiment expliqué.

    Aller à la danse de Macabré

    sens : La pensée de la mort qui vient est omniprésente à l'époque médiévale. Particulièrement lors des épidémies de peste où on voit apparaitre des fresques représentant morts et vivants dans une danse macabre se tenant par la main de vie à trépas. Toutes les couches de la société y sont représentés car la mort fauche sans distinction.

    «Un jour viendra notre tour d'aller à la danse de Macabré. Qui peut dire à quel moment la Mort viendra nous enlever dans son étreinte glacée? De quelle façon s'y prendra-t-elle, quel sera son bras, son agent? Vers quoi nous emportera-t-elle?»

    Aller au diable Auvert

    À l'époque médiévale sela signifiait s'engager dans une expédition dangereuse. Cette locution s'en tend particulièrement aujourd'hui dans le sens de aller chez le diable, partir en cavalle. Auvert est une corruption de Vauvert; on disait autrefois : Aller au diable Vauvert. Le V a été mangé dans la rapidité du discours.

    Le château de Vauvert ou Val-Vert situé près de Paris, du côté de la barrière d'Enfer, avait été habité par Philippe-Auguste après son excommunication ; il passait depuis cette époque pour être hanté par des revenants et des démons. Saint Louis, pour désensorceler ce château, le donna aux Chartreux en 1257. Aller au diable Auvert prends donc tout son sens.

    À la queu leu leu

    Aujourd'hui l’expression signifie «l'un derrière l'autre».

    Leu est la forme ancienne du mot loup (parfois lou). A la queue leu leu devrait donc se lire à la queue du loup le loup.

    Au Moyen Age, les loups étaient très nombreux et se déplaçaient en bandes, souvent l'un derrière l'autre. Leur apparition était redoutée par la population.

    A tour de rôle

    À l'époque médiévale les édits étaient écrits sur des parchemins volumineux n'étant pas reliés mais roulés autour d'une tige de bois, d'où leur nom de volume (du verbe latin «volvo», je roule) ou leur nom de «rôle». Le «rôle» deviendra le registre sur lequel étaient inscrites dans l'ordre les affaires qui devaient passer devant un tribunal, chacune «à son tour de rôle».

    A tout bout de champ

     A chaque instant. Sans cesse.

    Vous êtes un paysan d'autrefois.

    Ce matin, il fait un temps à rester au lit, mais vous devez impérativement labourer votre grand champ, derrière la ferme.

    Très tôt, vous harnachez votre cheval de trait (ou vos boeufs) et lui accrochez votre charrue munie de son soc.

    Vous vous placez ensuite dans un coin choisi de votre champ et commencez le labourage parallèlement à une bordure du terrain.

    Arrivé au bout, vous faites demi-tour en vous décalant un peu et repartez en sens inverse.

    Le champ est très long. Il a beau faire froid, vous avez quand même la sueur qui perle à grosses gouttes à votre front.

    Une fois arrivé à l'extrémité (celle dont vous êtes initialement parti), vous refaites demi-tour et recommencez.

    Et ainsi de suite, jusqu'à ce que vous ayez parcouru l'intégralité de votre terrain, du nord au sud et d'est en ouest.

    Vous venez ainsi d'effectuer votre tâche par des actions très répétitives, avec des demi-tours à tous les bouts de votre champ. Et c'est très probablement suite à ce travail que, dans votre tête ou dans celle d'un de vos congénères, cette expression a germé.

    Au XIVe siècle, elle se disait "à chascun bout de champ", au XVIe, c'était "à tous bouts de champ" et au XVIIe, "à chaque bout de champ".

    C'est simplement une métaphore dont le sens a glissé du spatial (le terrain labouré sur toute sa surface avec des allers-retours incessants) au temporel (l'action répétée sans cesse ou l'évènement survenant à tous moments).

    A tue-tête

     Très fort, en parlant de la voix (si fort que l'on casse et même 'tue' la tête).

    Imaginer qu'on puisse "tuer la tête" d'une personne, donc la personne elle-même, rien qu'en parlant ou en chantant paraît un peu extrême (même si le capitaine Haddock n'est pas loin de trépasser lorsqu'il entend la Castafiore chanter...).

    Mais cela vient simplement du fait qu'à notre époque, 'tuer' n'a pas tout à fait la même signification qu'au XVIe siècle, date de naissance de notre locution adverbiale.

    En effet, le verbe 'tuer' a eu autrefois plusieurs significations, parfois en parallèle. Ainsi, vers 1150, si "tuer" signifiait bien "occire quelqu'un", comme maintenant, "soi tuer" voulait simplement dire "s'évanouir".

    Au moment où cette expression est apparue, 'tuer' avait aussi le sens de 'frapper', la plupart du temps à la tête ; et, par extension, il voulait aussi dire 'fatiguer' ou 'exténuer'. Et là, on comprend bien qu'une personne qui chante trop fort à proximité fatigue.

    Malgré son côté archaïque, cette expression est restée vivace alors que d'autres comme "à tue-chevaux" pour dire "très vite" ont disparu. Mais là, on peut aisément supposer que la disparition des déplacements avec des chevaux a provoqué son oubli. Alors qu'il existe encore des gens qui chantent très fort et de manière désagréable, au point qu'on soit parfois effleuré par l'idée de leur "tuer la tête" avant qu'ils ne tuent la nôtre.

    Acheter/vendre chat en poche

     Conclure un marché sans voir/montrer l'objet de la vente (avec le risque de se faire duper)

    C'est au tout début du XVe siècle que cette expression est apparue.

    Autant dire qu'il y a bien longtemps que les acheteurs crédules peuvent se faire gruger par des vendeurs habiles et sans scrupules (mais sauf si on est naïf, on sait que l'homme est capable de telles vilenies depuis la nuit des temps).

    Le mot 'poche' désignant ici un sac, le sens de l'expression est facile à comprendre. Vous viendrait-il à l'idée d'acheter quelque chose sans le voir et de faire une confiance aveugle (c'est le cas de le dire) au vendeur, si vous ne le connaissez pas ?

    Bien sûr, acheter un chat caché dans un sac sans y jeter un oeil au préalable, ce n'est pas prendre le risque de se faire refiler un éléphant ou une musaraigne, la taille et le poids du sac pouvant immédiatement provoquer quelques doutes dans l'esprit de quelqu'un de pas trop benêt ; mais c'est prendre celui de récupérer un animal borgne, malade, estropié ou, pire encore, une bestiole d'un autre type mais de taille et poids approchant comme une belette, par exemple.

    Adorer le veau d'or

     Avoir le culte de l'argent, des biens matériels. Courtiser ceux qui sont riches.

    En 1170, on parlait du "veel d'or" devenu le "veau d'or" à la fin du XVe siècle.

    Mais quel est donc ce "veau d'or" ?

    Il nous faut remonter à Moïse pour le comprendre (selon l'Exode). Alors que ce dernier était allé au sommet du mont Sinaï, histoire d'attendre que Dieu veuille bien lui donner les Tables de la Loi (il les a quand même attendues quarante jours !), les Hébreux qu'il avait conduits jusqu'au pied du mont attendaient, s'impatientaient et s'ennuyaient.

    Supposant que Moïse ne reviendrait plus, ils demandèrent à Aaron de leur fabriquer un dieu. Celui-ci ordonna alors aux femmes et enfants de donner leurs bijoux avec lesquels, une fois fondus, il coula un jeune taureau en or évoquant les dieux égyptiens Hathor (une vache) et Apis (un taureau).

    Lorsque Moïse revint enfin et constata le retour de l'idôlatrie chez son peuple, il se fâcha tout rouge et n'obtint le pardon de Dieu qu'en faisant massacrer 3000 des coupables.

    Aller à vau-l'eau

     Aller à sa perte, péricliter.

    Dès le XIIe siècle, aller 'à val' ou 'à vau' voulait dire "en descendant le long, en suivant la pente de", un vau n'étant pas le petit de la vache, pour ceux qui ont des soucis d'orthographe, mais une vallée (on retrouve d'ailleurs ce terme dans l'expression "par monts et par vaux" également expliquée dans un excellent site dédié aux expressions françaises dont le nom m'échappe).

    Au moins jusqu'au milieu du XVIe, cette locution, utilisée entre autres par Rabelais, avait le sens très concret de "suivre le fil de l'eau".

    Apporter de l'eau au moulin (de quelqu'un)

     Donner involontairement des arguments à son interlocuteur au cours d'un débat. Fournir des arguments permettant d'étayer une opinion.

    Cette expression existe sous différentes variantes depuis le Moyen Âge.

    Au XVIe siècle, l'eau vient au moulin était associée à un profit ou un avantage, ce qui s'explique parfaitement puisque lorsque le meunier avait de l'eau à son moulin, il pouvait travailler et s'enrichir.

    Au beau fixe

    Désigne la stabilité dans le bonheur, la réussite, les relations...

    Cette métaphore est d'origine météorologique alors que le "beau fixe" désignait un beau temps stable, matérialisé par l'aiguille du baromètre 'fixée' sur la zone de beau temps.

    Au XIIIe siècle, 'fixe' a d'abord été utilisé en alchimie pour désigner un gaz qu'on ne pouvait liquéfier. Au XIVe, et aujourd'hui encore, il s'emploie pour qualifier ce qui ne change pas de position. C'est à partir du XIXe qu'il prend également le sens de "établi de manière durable" qu'on retrouve dans notre expression.

    Au marc le franc

     Proportionnellement, au prorata.

    Autrefois, à partir du XIIe siècle, le 'marc' -prononcer comme 'mare'- était un poids de huit onces, soit 244,75 de nos grammes, qui servait principalement à peser l'or et l'argent ("Elle a eu en mariage tant de marcs d'argents").

    Mais le marc n'était bien évidemment pas le seul poids utilisé. Parmi quelques autres, on avait aussi la livre qui pesait deux marcs.

    C'est de ces deux mesures de métal précieux qu'est née l'expression "au marc ou à la livre" qui s'est ensuite tranformée en "au marc la livre"[1] qui s'utilisait déjà au XVIIe siècle pour désigner ce que des créanciers pouvaient espérer récupérer de leur débiteur, au prorata de leur créance.

    Puis, par confusion entre la livre poids et la livre monnaie, le sens de l'expression est resté, mais la livre a été remplacée au début du XIXe siècle par la monnaie utilisée dans le pays, c'est-à-dire le franc.

     

    Au pied levé

     Sans avoir le temps de se préparer. : À l'improviste.

    Voilà une métaphore qui existe depuis le XVe siècle et qui est relativement simple à comprendre.

    Imaginez-vous debout quelque part. Soudain, l'envie d'aller ailleurs vous prend, que ce soit pour aller aux toilettes, vous faire cuire un oeuf ou bien cueillir des fleurs pour votre dulcinée dans le magnifique parterre devant le château de la comtesse chez laquelle vous avez été invité.

    Que faites-vous alors ? Eh bien vous levez d'abord un pied (un seul à la fois, de préférence) avec la ferme intention de le poser un peu plus loin en avant puis de recommencer l'opération avec le pied resté à sa place, et ainsi de suite (imaginez la scène au ralenti).

    Si, au moment où votre pied est levé, prêt à avancer, quelqu'un vous dit soudain "passe-moi le sel !", il vous prend incontestablement à l'improviste, sans que vous ayez eu le temps de vous préparer à sa demande.

    Au début, cette expression s'employait uniquement lorsqu'on s'adressait à quelqu'un au moment où il s'apprêtait à partir (le pied déjà levé), mais elle s'est rapidement généralisée à toutes les situations où quelqu'un est pris à l'improviste ou n'a pas le temps de se préparer à ce qu'on lui demande.

    Elle se disait d'abord "à pied levé" au milieu du XVe siècle, avant de devenir au pied levé au milieu du XVIe.

    Autant en emporte le vent

    Rien ne restera, tout sera emporté. Ce proverbe mélancolique évoque l'aspect fugitif et dérisoire des choses humaines: amours, ambitions, désirs, tout est promis à disparaître, comme emporté par le vent. On trouve l’expression chez François Villon, qui en fait le refrain de l'une de ses Ballades. C’est aussi le titre français du célèbre film avec Clark Gable.

    Avoir des cornes

    Dans un registre moins poétique, les prouesses sexuelles du cerf sont à l’origine de l’expression « avoir des cornes ».

    Cette expression puise son origine dans le conte Merlin l’enchanteur qui date du XIIe siècle. Apprenant que son épouse se remarie, Merlin fonce à dos de cerf sur son rival ; fou de colère, il arrache les cornes de sa monture et tue l’amant en lui envoyant le trophée au visage.

    Avoir maille à partir

     Avoir un différend, être en conflit, être en contestation avec quelqu'un.

    La maille dont il est question ici est une monnaie, la plus petite qu'il existait sous les Capétiens alors que partir signifiait partager. On ne pouvait donc pas la partager. Ceux qui devaient le faire finissaient toujours par se disputer. Aujourd'hui, l'homonymie entre maille (monnaie) et maille (tricot) et partir (partager) et partir (s'éloigne, s'en aller) a permis à l'expression de subsister.

    Avoir un nom à coucher dehors

    À l'époque médiévale, les personnes étaient jugées et classés dans les auberges selon leur nom. Les aubergistes de ce temps se fiaient sur celui-ci pour accomoder ou nom les clients. Ainsi, ceux qui avaient des noms de famille nobles pouvaient avoir accès à des chambres dans l'auberge alors que d'autres ne pouvaient pas. Ainsi selon son nom on pouvait refuser une personne d'où est née l'expression «avoir un nom à coucher dehors».

    Avoir plusieurs cordes à son arc

    Expression du XIIIe siècle où l'on n'avait, à l'époque, que deux cordes à son arc. Le sens de l'expression est : avoir plusieurs types de ressources, divers moyens d'action pour parvenir au résultat.

    Avoir voix au chapitre

     Être consulté, avoir le droit d'exprimer une opinion.

    Le chapitre est l'assemblée des moines ou des chanoines lorsqu'ils se réunissent pour discuter de leurs affaires. Les moinillons, les serviteurs n'avaient pas voix au chapitre.

      

      

    sources : http://lartdesmets.e-monsite.com/pages/les-mots-medievaux/les-expressions-medievales/

      

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