• Il y a 700 disparaissait l'Ordre du Temple

     

     

      
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    Durant la journée du 13 octobre 1307, Guillaume de Nogaret, sur ordre du roi Philippe IV le Bel, procédait à l'arrestation de l'ensemble des Templiers présent sur le territoire de France, sonnant le glas d'un ordre religieux prestigieux et ouvrant la voie à la plus merveilleuse des légendes médiévales.

    Fondé en Terre Sainte en 1119, lors de la première croisade, par le chevalier Hugues de Payns, la Milice du Christ (militia Christi), nom originel de l'ordre, était destinée à protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem. A la suite du concile de Naplouse, en janvier 1120, l'ordre pris le nom de Milice des Pauvres Chevalier du Christ et du Temple de Salomon (pauperes commilitones Christi Templique Solomonici).

    Reconnu de grande utilité dans une contrée ou l'insécurité régnait, la milice reçu l'appui du roi de Jérusalem Baudoin II ainsi que du patriarche Gormond de Picquigny et fut autorisée à s'installer dans une partie du temple de Salomon. Malheureusement, faute d'appui financier durable, le nouvel ordre peinait à accomplir correctement sa tache, aussi, durant l'année 1127, Hugues de Payns parti pour l'occident afin de faire reconnaitre la milice par l'Eglise, trouver de généreux donateurs et bien sur recruter de nouveaux chevaliers.

    Le 13 janvier 1129, lors du concile de Troyes, soit 9 ans après la fondation de la milice, l'Ordre du Temple fut officiellement créé et se dota d'une règle propre, empruntant grandement celle des bénédictins de Saint Benoît. Soutenu par Bernard de Clairveaux, l'ordre devint populaire et se renforça significativement.

    Les années qui suivirent virent l'Ordre du Temple devenir de plus en plus puissant. Placé sous l'unique autorité papale par la bulle Omne datum optimum du 29 mars 1139, l'ordre gagna peu à peu son indépendance vis à vis du clergé séculier.

    La bulle Militia Dei du 7 avril 1145 confirma la précédente, et l'étendit à leur biens matériels et humains. Deux ans plus tard, les templiers reçurent l'autorisation du pape de porter la croix pattée rouge, symbole du Christ et de son sang versé.Prières - Sainte Croix

    Connus par leur fait d'armes, les templiers n'étaient pas uniquement de vaillants combattants de la chrétienté. Enrichis durant des décennies par de fervents croyants ou quelques seigneurs répugnant à combattre en Terre Sainte, l'ordre devint une véritable institution financière, prêtant aux états, payant des rançons royales, se portant garant des biens des pèlerins riches ou pauvres, créant même les premières lettres de changes en Europe.

    Une telle puissance économique et militaire devenait petit à petit une crainte pour bon nombre de souverain, mais un seul eu l'audace de se lever contre l'Ordre, le roi de France Philippe IV le Bel.

    Surnommé le "Roi de fer", Philippe IV fut certainement le premier "Roi absolu" du royaume de France. Sévère et impitoyable, sa mission première fut de renflouer les caisses de l'état, et ce, par tous les moyens possibles, aussi, expulsa t-il les usuriers lombards et les banquier juifs après leurs avoir confisqué l'intégralité de leurs biens.

    Malheureusement, cela ne suffisait pas à couvrir ses dépenses sans cesse grandissantes. L'opportunité de recouvrer une économie stable vint en 1305 après le décès du pape Boniface VIII, son plus fervent ennemi.

    Sa responsabilité, même invérifiable, dans cette mort le rend alors craint de ses paires et il n'a dés lors aucun mal à prendre la nouveau pape Clément V sous sa coupe, lui proposant d'ailleurs de l'installer en France. Lorsque ce dernier évoqua la possibilité d'appeler à une nouvelle croisade vers la Terre Sainte, Philippe IV le Bel sauta sur l'occasion pour proposer une fois encore la fusion de l'Ordre du Temple et de celui des Hospitaliers, afin de constituer une armée suffisement puissante, ce que Jacques Molay, maitre de l'Ordre du Temple, refusa, arguant que les deux ordres étaient trop différents et ne souhaitant pas passer indirectement sous la domination du roi de France, dont Clément V était le pantin.

    Durant l'année 1307, lors de laquelle Jacques de Molay vint en France pour rencontre le Pape, des rumeurs perverses commencèrent à circuler sur les habitudes des templiers, si bien que les conseillers de Philippe IV le Bel en tirèrent discrètement profit.

    Le 24 juin 1307, Jacques de Molay rencontra le roi de France au sujet de ces accusations honteuses et reçu un semblant de soutient du monarque. Plus tard il demanda au pape d'ouvrir une enquête pour laver l'Ordre de tout soupçon. Il n'en fallu pas plus à Philippe IV pour réagir. Le roi envoya dés le 14 septembre 1307 des ordres dans tout le royaume pour procéder à l'arrestation de tous les templier le jour du 13 octobre, ce qui fut fait avec la plus grande fermeté. Au soir, plusieurs centaines de moines-soldats, dont 138 rien qu'à Paris, dormiraient en prisons.

    Les années qui suivirent furent mélangées d'interrogatoires, de tortures, de bucher. Le 13 avril 1312, le pape Clement V supprima définitivement l'Ordre du Temple par la bulle Vox in excelso et le 2 mai, il ordonna le leg des biens de l'Ordre du Temple aux Hospitaliers, hormis leurs possessions en Espagne et au Portugal. Le royaume de France reçu, lui, plusieurs dizaines de milliers de livres en compensation. Le 18 mars 1314, Jacques de Molay, maitre du Temple, fut brulé vif sur l'Ile aux Juifs.

    "Dieu sait qui a tort et a péché, et le malheur s'abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur sachez que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir", Jacques de Molay, le 18 mars 1307. Jamais le dernier maitre du Temple ne maudit ses bourreaux sur treize générations.

    "Il y a 700 disparaissait l'Ordre du Temple"
      
    Par An1000.orgLumière du coeur
      
    Les maîtres du temple
    HUGUES DE PAYNS
    1119 - 24 mai 1136
    ROBERT de CRAON dit Le Bourguignon
    Juin 1136 - début 1147
    EVRARD des BARRES
    Mars 1147 - Avril-Mai 1151

    BERNARD de TREMELAY
    Juin 1151 - 16 Août 1153
    ANDRE de MONTBARD
    Fin 1154 - 17 Octobre 1156
    BERTRAND de BLANQUEFORT
    1156 - 2 Janvier 1169
    PHILIPPE de MILLY ou de NAPLOUSE
    Janvier 1169 - 3 Avril 1170

    EUDES de SAINT AMAND ou ODON de SAINT-CHAMAND
    1170 - 19 Octobre 1180
    ARNAUD de la TOUR ROUGE ou de TORROYA
    1180 - 30 Septembre 1184

    GERARD de RIDEFORT
    1185 - 1189
    ROBERT de SABLE ou de SABLOIL
    1191 - 13 Janvier 1193
    GILBERT ARAIL ou HORAL
    1194 - 21 Décembre 1200
    PHILIPPE du PLASSIEZ ou du PLAISSIS
    1201 - 1209

    GUILLAUME de CHARTRES
    1210 - 26 Août 1218
    PIERRE de MONTAIGU
    1219 - 1232
    ARMAND de PERIGORD
    1232 - 20 Octobre 1244

    RICHARD de BURES
    1245-9 mai 1247
    (Conflit d'historiens)
    GUILLAUME de SONNAC
    1247 - 3 Février 1250
    RENAUD de VICHIER
    1250 - 1256
    THOMAS BERAUD ou BERARD
    Début 1252 - 25 Mars 1273
    GUILLAUME de BEAUJEU
    13 Mai 1273 - 18 Mai 1291
    THIBAUD GAUDIN ou le Moine GAUDINI
    Août 1291 - 16 Avril 1292

    JACQUES de MOLAY
    Fin 1292 - 18 Mars 1314
      
      
    sources : http://www.an1000.org/il-y-a-700-disparaissait-ordre-temple/
      
     
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  • La figure du chevalier

    medium_ridder-parsifal.2.jpg 

    La chevalerie n'est pas la noblesse, même si elle en permet l'accès par la voie des armes. La noblesse a une fonction politique liée en partie à la naissance et à un enracinement territorial. À la différence de la noblesse, la chevalerie n'est pas héréditaire. C'est un ordre auquel on accède par cooptation. Dès l'origine, au XIè siècle, surtout dans le Nord, on y trouve des fils de la plus haute aristocratie d'origine carolingienne, mais également des hommes d'armes issus parfois de la paysannerie. Au XIIè siècle, la chevalerie est devenue une communauté éthique qui est bien autre chose qu'un groupe professionnel. Son prestige se mesure au fait qu'à partir du futur Louis VI, armé en 1097, à l'insu de son père, tous les rois de France tiendront à se faire armer chevalier, ce que fera encore François Ier, au soir de Marignan, par la main de Bayard.

    La chevalerie de l'Europe médiévale n'a aucune parenté avec ce que l'on nomme "chevalerie" à Rome. Elle doit son nom à l'usage militaire du cheval qui se généralise à l'époque carolingienne. Durant tout le Moyen Âge, on appelle "homme d'armes" le guerrier monté, plus ou moins cuirassé, qui combat avec la lance et l'épée. L'invention successive, entre le vine et le De siècle, de la selle d'armes à haut troussequin et des étriers, puis du fer protégeant le sabot du cheval, transforme cavalier et monture en un centaure redoutable dans les rencontres et capable de couvrir rapidement de longues distances.

    Le mot chevalier, dérivé du bas latin caballarius (cavalier) ne commence à être en usage qu'à la fin du XIè siècle. Il est attesté dans La Chanson de Roland (au vers 110) : "Sur de blancs tapis de soie sont assis les chevaliers" (cevaler). Dans la langue des clercs, en latin, il est le miles, membre de la militia armata. L'un des premiers textes qui mentionne cette militia est dû à saint Bernard, dans une intention critique, par un jeu de mots sans aménité : militia/malitia. L'abbé de Clairvaux oppose à cette chevalerie qu'il juge mécréante et peu respectueuse de l'Église, la nova militia des moines guerriers du Temple, qui bénéficie de tous ses encouragements.

    Le rituel chevaleresque, décrit par Chrestien de Troyes, est fixé au me siècle. Il repose sur l'adoubement, symbole d'une reconnaissance de qualités spécifiques et d'une initiation. L'Église s'efforcera d'étendre son contrôle sur l'institution par la bénédiction des armes.

    À s'en tenir à la fonction strictement militaire, on ne comprendrait rien à ce qui définit le chevalier. Une éthique incarnée, voilà ce qu'il est. Prouesse, largesse et loyauté sont ses attributs que l'honneur résume. L'élégance de l'âme commande d'être vaillant jusqu'à la témérité. Dans les tournois, dit-on, "c'est dans les pieds des chevaux qu'il faut chercher les preux". La largesse associe le mépris de l'argent à la clémence et à la générosité du coeur enseignée à Perceval par son mentor. Tenir la foi jurée jusqu'à la mort est la troisième obligation naturelle qui implique de se sentir engagé par sa parole ou par un pacte d'amitié mieux que par tous les contrats.

     

    Origines boréennes de la chevalerie

    medium_chevalier_francais.jpgParmi les portraits de différents types sociaux tracés par Chaucer à la fin du XIVè siècle dans les Contes de Cantorbery, celui du chevalier ressemble comme un frère au Perceval de Chrestien de Troyes, mais aussi à la plupart des héros de l'Europe ancienne :

    Dès les premiers temps qu'il avait commencé

    De chevaucher, avait aimé chevalerie,

    Loyauté et honneur, largesse et courtoisie,

    Il avait fait de grands exploits à la gloire de son seigneur,

    Et chevauché plus avant que personne,

    Toujours tirant honneur de sa vaillance...

    Si l'usage du cheval a donné son nom à l'institution médiévale, il n'est pas constitutif du mental de la chevalerie. Le guerrier achéen, l'hoplite grec, le fian irlandais, le berserker germanique sont des fantassins, et pourtant des préfigurations du chevalier. C'est pourquoi on a pu parler de "chevalerie homérique" pour désigner dans le monde d'Homère la fratrie des couroï. Le couros est un "guerrier noble, que sa naissance et son éducation ont voué au métier des armes [...] et aux raffinements d'un certain idéal". L'histoire atteste l'existence, dans la Grèce d'avant la cité, d'un compagnonnage de guerriers unis entre eux par un esprit, des liens d'initiation et de commensalité, exerçant des fonctions spécifiques dans la paix et la guerre. La même structure se retrouve dans l'ancienne Germanie décrite par Tacite. Au chapitre XIII de sa Germania, il a relaté la cérémonie au cours de laquelle un jeune Germain reçoit ses premières armes, la framée et le bouclier. Elle anticipe sur l'adoubement chevaleresque du XIIè siècle. Même symbolisme, même monde mental. Tout le légendaire celtique prouve des rites de passage analogues dans la milice guerrière des Fianna qui est à l'origine de la chevalerie arthurienne. Comme la noblesse, la chevalerie médiévale hérite également des traditions militaires romaines, de la dignitas et de l'éthique du service.

    Ces filiations n'étaient pas ignorées par les intéressés. Au XIIè siècle, dans le prologue de son Cligès, Chrestien de Troyes, écrit : "Nos livres nous ont appris qu'en Grèce régna en premier le prestige de la chevalerie et du savoir. Puis la chevalerie vint à Rome, ainsi que la totalité du savoir, maintenant parvenue en France. Dieu veuille qu'on les y retienne !"
     

    La figure du héros fracassé

    medium_templier3.jpgÀ sa naissance, la chevalerie médiévale était encore toute nimbée d'ancienne religiosité celtique et germanique. Les descendants des guerriers francs de Clovis avaient peut-être oublié jusqu'au nom de leurs anciens dieux, mais ils avaient conservé dans le sang une passion guerrière que le christianisme ne baptisa que superficiellement. "L'hostilité permanente entre clercs et chevaliers qui subsiste à travers tout le Moyen Âge, montre assez à quel point l'aristocratie militaire des pays d'Occident était mal adaptée à une religion qui était pourtant la sienne depuis des siècles".

    De fait, les chansons de geste ont beau multiplier les invocations à Dieu et s'en prendre aux "païens", c'est-à-dire aux musulmans, elles reflètent une vie intérieure, où se trouvent exclusivement exaltées la mystique des combats, la bravoure et la mort. Elles renouent ainsi avec l'esprit des poèmes homériques, des sagas scandinaves, des légendes germaniques ou irlandaises, sans atteindre cependant à leur richesse symbolique. En comparaison, leur caractère fruste traduit une culture mutilée, amputée de ses sources spirituelles.

    Survivent pourtant dans cette littérature la vitalité foncière de la race et son pessimisme fougueux. Les chansons de geste exaltent la souffrance et la mort plutôt que la victoire. Les histoires qu'elles décrivent ne sont nullement consolatrices. Le héros "clair de visage, large d'épaules, mince de hanches", malgré sa force prodigieuse, son courage sans limite, son épée inaltérable, sera quand même vaincu. C'est toujours dans l'histoire d'un grand malheur que se manifeste la beauté de la geste.

    La description impitoyable des souffrances de la guerre est affranchie de toute compassion et de toute sensiblerie. "Souffrir pour comprendre", écrivait Eschyle dans Agamemnon. Il est implicitement admis que c'est devant la défaite, la douleur et la mort que l'homme se révèle.

    Alors que, durant ses campagnes, Charlemagne connut beaucoup plus de victoires que de défaites, son compagnon le plus célèbre et le plus chanté est Roland, dont on ne sait rien sinon qu'il fut sans doute vaincu et tué à Roncevaux. Au fil des siècles, l'exaltation du héros intrépide, brusquement terrassé par le destin, reste l'une des constantes de l'imaginaire européen. Le mythe napoléonien n'aurait pas été ce qu'il fut si la gloire d'Austerlitz n'avait été suivie de la défaite de Waterloo et du martyre de Sainte-Hélène. C'est également un signe que l'on ait adopté Vercingétorix – même tardivement – comme premier héros national.


    Un esprit indestructible

    medium_cru_knight.jpgMalgré l'ablation de la mémoire, on voit resurgir avec constance, sous les formes les plus inattendues, la célébration du héros fracassé. Ainsi en est-il du culte posthume voué à Che Guevara par une fraction de la jeunesse occidentale dans le dernier tiers du XXè siècle. Guérillero solitaire et improbable, rongé de fièvre, sans espoir et sans illusion, il s'en fut chercher la mort dans un coin perdu des montagnes de Bolivie. Et sans doute, malgré sa philosophie matérialiste, avait-il découvert cette grande vérité : on ne meurt bien que pour l'idée que la mort vous donne de vous-même. L'acceptation du christianisme par la chevalerie doit beaucoup à l'idéalisation européenne du héros sacrifié. L'Église occidentale du Haut Moyen Âge fit du Christ un dieu puissant. D'après la légende, après avoir donné la victoire à Constantin, ne l'avait-il pas également accordée à Clovis ? Au ne siècle, on réalisa même à l'usage des Saxons batailleurs et rétifs, une version épique des Évangiles, le Heliand. Jésus y devenait un prince germanique, ses disciples étant ses vassaux, et les noces de Cana un festin guerrier. Mais le dieu vainqueur était également un héros vaincu par un sort contraire et des ennemis aussi perfides qu'écrasants. Cela fut certainement plus important pour la conversion des Celtes, des Francs et des autres Germains que les Évangiles, ignorés pour l'essentiel par le Moyen Âge, faute d'accès aux Écritures. Être chrétien se résumait à croire en la divinité du Christ, dont l'aristocratie d'épée se faisait une idée assez peu chrétienne.

    Barons et chevaliers n'avaient retenu des sermons que les mots agréables à leurs oreilles. L'expression "Dieu des armées" était prise au pied de la lettre. Habitués à un Walhalla peuplé de divinités guerrières, les nouveaux convertis se faisaient un paradis à leur image, sans s'interroger sur la généalogie véritable des nouveaux promus. Saint Michel, saint Georges, saint Maurice, saint Martin, saint Eustache, et quelques autres anciens militaires à temps partiel, avaient leur faveur. Et c'est moins la fermeté du martyre qu'ils retenaient, que la bravoure supposée du soldat. Les croisades contribuèrent à aplanir l'équivoque. L'Église parlait enfin un langage que les hommes d'épée pouvaient comprendre, conciliant leur foi chrétienne encore incertaine avec leurs aspirations profondes. Devenus soldats du Christ, les "Barbares" se christianisèrent. Mais par un mouvement de réciprocité, l'Église se "barbarisa", s'européanisa. Durant quelques siècles, la chrétienté tira sa force de cette injection massive de violence, d'énergie et de courage qui recevait la caution religieuse de la "guerre juste".

    La bonne conscience accordée au chevalier restait cependant conditionnelle. Ce n'est pas la vocation guerrière en elle-même qui était justifiée – impossibilité majeure pour une religion dont l'essence est étrangère aux valeurs de l'épée –, mais l'usage qui en était fait, dans la convergence avec les intérêts de l'Église.

    En dépit des croisades, la méfiance réciproque ne connut qu'une trêve relative. La querelle des guelfes et des gibelins prit naissance dès cette époque. La fracture s'accentua au temps de la Renaissance. Dans les villes d'Italie d'abord, puis de Germanie, de France et d'ailleurs, surgirent d'arrogantes statues équestres jusque sur le parvis des églises. Elles proclamaient le retour du héros et son éternité. Ce que firent aussi les toiles du Greco, de Vélasquez, du Titien ou la très subversive estampe de Dürer, où l'on voit le Chevalier marcher vers son destin, indifférent à la fois à la Mort et au Diable.

    En Allemagne d'abord et dans bien d'autres pays, le succès foudroyant de la Réforme tint pour une large part au soutien de la noblesse hostile à Rome et fidèle aux valeurs de la féodalité. À partir du XVIIIè siècle, siècle du divorce de l'épée et de la foi, les ruptures que provoquèrent les grandes crises européennes étaient également contenues dans les héritages contradictoires de l'Europe.

    L'esprit de la chevalerie avait-il disparu pour autant ? Au XXè siècle, parmi les nombreuses horreurs des deux guerres mondiales, les gestes chevaleresques n'ont pas manqué entre belligérants européens. Plus tard encore, dans une époque qui échappait à l'ancienne éthique, la noblesse des sentiments continua cependant de s'exprimer dans la littérature et le cinéma.

    De la façon la plus imprévisible, l'âme chevaleresque s'empara d'un genre littéraire nouveau où personne ne l'attendait. Toute une part du roman noir et des films qui en sont inspirés fait revivre, et souvent chez les mauvais garçons, l'honneur, le courage et la loyauté qui ont déserté la réalité visible. L'esprit qui circule ici ou là dans cette littérature vigoureuse, fidèle aux vertus classiques du roman, semble surgir du même terreau que celui des tragédies grecques, des sagas scandinaves ou des chansons de geste. Rien ne montre mieux le caractère impérissable d'un esprit capable de traverser le temps et de resurgir sous les apparences les moins propices.

    medium_venner.jpg

     

    Dominique VENNER

    In Histoire et tradition des Européens (30 000 d'identité)

    Editions du Rocher

      

      

      

    Souces : http://www.theatrum-belli.com/archive/2007/04/06/la-figure-du-chevalier.html

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  • moutarde de meaux

    La Moutarde de Meaux, cousine de celle de Dijon, se différencie de cette dernière par l'utilisation du vinaigre dans sa fabrication.

     

    Moutarde rustique et très agréable en bouche, la Moutarde de Meaux est faite à partir de graines broyées ou entières.

     

    On parle alors de Moutarde à l'ancienne et, même si on la considère habituellement comme une Moutarde forte, ce type de préparation lui confère une certaine douceur.

    La Moutarde de Meaux est facilement reconnaissable dans son pot en grés et grâce à son cachet de cire rouge.

     

    Idéale pour relever des viandes froides ou des plats tels que le Pot-au-Feu, cette excellente Moutarde à l'ancienne donnera à votre mayonnaise le croquant caractéristique des graines de Moutarde entières.

     

    Essayez la recette des Maqueraux à la Meldoise et vous découvrirez toute la richesse et les variations possibles autour de la Moutarde de Meaux...

    credits photo : Stock Food
      
      
      
      
     
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  • Blason ou art Héraldique

    Armoiries de quelques Grands Maîtres de l'Ordre du Temple.

    Hugues de Payns
    D'or à l'aigle de gueules

    Robert de Craon
    Losangé d'or et de gueules

    Robert de Sablé
    D'azur à l'aigle d'or

    Philippe de Plessis
    De gueules freté d'or de six pièces

    Armand de Périgord
    De gueules à 3 lionceaux d'or, armés et lampassés d'azur

    Richard de Bures
    D'or à la bande componnée d'argent et de gueules, acostée de 3 besans de gueules

    Guillaume de Sonnac
    D'or semé de losanges de gueules au lion de sable couronné, armé et lampassé de gueules

    Renaud de Vichiers
    Vairé d'argent et d'azur


     

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  • noyau de poissy

    A Poissy, on dit fréquemment que le Noyau de Poissy est l'une des plus anciennes liqueurs de France. Servie dès le XVIIème siècle dans les auberges de la ville, cette liqueur à base de noyau d'abricot longuement macérée dans du Cognac puis additionnée d'épices est un véritable délice...

    Utilisez-la dans de merveilleux desserts comme le soufflé Pisciacais (soufflé au Noyau de Poissy) ou sur les tranches Royales (tranches de semoule accompagnées d'abricots au sirop et arrosées de sirop de liqueur) ou dégustez-la tel quel en digestif ou au travers de cocktails variés, vous ne le regretterez pas...

    credits photo : © Franck Viel - FOTOLIA

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    Confit de Roses de Provins...dessert du moyen âge.. du XI è siècle..

     

    La rose rouge de Provins fut introduite dans la région en 1238 par Thibault IV le chansonnier, Comte de Brie et de Champagne, à son retour de Croisade. Cette rose fut longtemps louée pour ses vertus médicinales. Les produits obtenus de la «Rosa gallica» furent bien vite recherchés sur toutes les foires importantes du Moyen-Age, non seulement dans la province, mais dans l'Europe entière et jusqu'en Orient. Les confits de Pétales de Roses de Provins furent traditionnellement offerts aux rois de France lors de leurs passages par Provins.

    Aujourd'hui, cette délicieuse spécialité continue d'être produite par les derniers artisans confiseurs de la ville selon une recette et des méthodes plusieurs fois centenaires. Les délicats pétales sont ramasssés fin août, début septembre. Ils sont ensuite étalés, triés, lavés, blanchis et confits dans le sucre. Les recettes de ces artisans sont un secret jalousement gardé qui méritent que l'on s'y arrête. Pour certains, le confit de Pétales de Roses de Provins sera une véritable découverte, pour nous, il fait partie de ces produits authentiques qui font le charme irresistible de nos terroirs.

      

      

    Confit de Roses de Provins...dessert du moyen âge.. du XI è siècle..

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  • Les Templiers à ProvinsLes Templiers à Provins

    L'ordre du Temple fut fondé vers 1119 par deux chevaliers dont un, Hugues de Payns était Champenois. Ils avaient deux objectifs: combattre l'infidèle et protéger les pélerins de Palestine sur les chemins qui menaient au Saint Sépulcre. La Champagne favorisa largement l'établissement des pauvres Chevaliers du Temple, en Occident.
    Les premières propriétés de l'Ordre furent fondées par les évêques champenois, soutenus financièrement par les nobles de la province, en la Chatellenie de Sézanne et en la Baillie de Provins.
    La rédaction du texte de la règle de l'Ordre du Temple fut confiée à Saint Bernard, abbé de Clairvaux. Le sceau du Temple représente deux cavaliers sur un cheval : l'interprétation courante est le symbole de la pauvreté de l'Ordre (un cheval pour deux) et de l'union spirituelle de ses deux premiers membres ( Hugues de Payns et Godefroi de Saint Omer).

    Seigneurs, bourgeois, roturiers, vilains vinrent, parfois malgré leur manque de préparation militaire, s'offrir à l'idéal religieux de l'Ordre du Temple. On décida alors que certains exploiteraient les propriétés de l'Ordre pendant que les autres serviraient les Chevaliers à la guerre.
    Après 7 ou 8 ans, les biens de l'Ordre du Temple s'étendirent prodigieusement : les donations reçues de l'aristocratie et de l'épiscopat n'étaient pas des terres incultes, mais des chateaux, des fiefs, des bourgades avec leurs dépendances ainsi que les personnes qui y travaillaient, puis des dîmes furent cédées. Les Templiers à Provins

    Provins, ville opulente et populeuse, résidence favorite des Comtes de Champagne attira les Templiers : à la fin du XII° siècle, l'Ordre du Temple avait deux maisons à Provins, le Val de Provins appelé plus tard l'Hôpital à Fontaine-Riante et la Madeleine, située en Ville-haute prés de la Porte de Jouy.
    La commanderie du Val était située dans un parc de verdure agrémenté de sources vives, au pied du coteau de Fontaine-Riante. Une habitation principale construite en pierre cotoyait des bâtiments qui servaient de halles ou entrepôts. On y bâtit une chapelle, contigüe au cimetière, placée sous l'invocation de Saint Jean. Se succédaient des cours intérieures, des jardins, des sources qui alimentaient une fontaine aujourd'hui appelée Fontaine des Templiers et une terre labourable.
    On ignore à quelle date la Madeleine fut fondée. C'était à l'origine une maison fortifiée. Deux belles salles voûtées ogivales y subsistent, ainsi que la tourelle d'angle construite vraisemblablement à la même époque que les fortifications proches (XII° - XIII° siècles). Les bestiaux ainsi que les laines se vendant à proximité, dans le Cours aux bêtes, on avait établi dans cette maison située dans le bourg neuf, le poids des laines pour la Ville-haute.
    Moins ancienne que les précédentes, la Maison du Temple devant l' église Sainte Croix a une histoire encore plus obscure. Sa donation à l'Ordre date de 1193, en 1300, on l'appelle " le Temple " sans précision. On y avait installé un bureau de pesage des laines en Ville-basse. Ces trois Maisons établissaient solidement l'Ordre à Provins. Jusqu'en 1225, les donations affluèrent puis se ralentirent.

    Les pauvres Chevaliers du Christ devinrent un Ordre puissant et estimé, mais riche et jalousé.Thibault le Chansonnier contesta la légitimité de certaines de leurs possessions en Champagne et en Brie.
    En 1228, ce Comte fit saisir les biens en cause. Les Templiers résistèrent en soumettant l'affaire au Saint-siège qui arbitra le différend au profit de Thibault : les Chevaliers devront obtenir son consentement pour valider chaque nouvelle acquisition. Cet accord ne fut suivi d'aucun effet, la reine régente cloturera cette affaire en 1255.
    La Commanderie de Provins ainsi désignée en 1205, était constituée des couvents du Val et de la Madeleine. L'administration en fut réduite à l'indispensable, seul un Commandeur appelé " Maître " gérait l'intégralité du domaine et des finances. Les religieux placés sous ses ordres étaient peu nombreux. Les documents mentionnent un aumonier ou infirmier, un maréchal, un receveur du tonlieu de la ville, un économe qui avait la garde des clefs et assurait la surveillance du personnel domestique ainsi qu'un frère employé à la vente des vins (ce fut apparament leur spécialité commerciale). Ces religieux ne pouvaient porter les robes et les manteaux blancs réservés aux frères combattant, mais leur costume était d'étoffe noire ou brune.

    Les Templiers à ProvinsLe patrimoine des Templiers de Provins était très divers : terres, maisons, bois, serfs, dîmes, moulins, rentes, droits et franchises. Le domaine de la Commanderie se composait de terres au nord et au sud de Provins, champs cultivés, vignes, près: sur la paroisse de Savigny, à Gimbrois, au Plessis-poil-de-chien, à Saint Martin des Champs, à Rouilly, à Fleigny, à Saint Brice, au Clos Platel, à Poigny, à Hennepont, à Soudun, à Léchelle, à Villegruis, Melz sur Seine, ainsi que de bois pour le chauffage et la batisse dans les forêts de Jouy le Châtel et Soudun.
    A Provins, elle était propriétaire : rue Courloison, rue de Jouy, dans le cours aux chevaux, rue Sainte Croix, près du Palais des Comtes, à Fontaine-Riante, aux Grès, rue des Marais, porte de la Chaussée Sainte Croix, près du Moulin Moucine, devant les anciens étaux des bouchers, près du Buat, à la Gatelerie, rue de Changy, Grand'rue de Provins, rue des Buzançois, en face du Four des Raines, rue aux Aulx, rue de la Bretonnerie, ces habitations étaient souvent entourées de vergers et de prairies. Lors des dernières années de l'Ordre, le Censier de la Commanderie mentionne plus de 70 maisons.
    Les plus importantes étaient le Temple en face le portail de l'église SainteCroix et la Vicomté sur la Grand'rue à l'encoingnure de la rue du Moulin de la ruelle.

    En Octobre 1307, sur ordre royal de Philippe le Bel envoyé secrètement aux baillis, tous les Templiers de France furent arrêtés presque le même jour. Très peu réussirent à fuir.
    Les religieux arrêtés à Provins furent emmenés au Château de Melun où l'on rassembla tous les Templiers de la région. Après leur arrestation, les prisonniers subirent un interrogatoire où ils découvrirent qu'ils étaient accusés de reniement du Christ, crachats sur la Croix, baisers obscènes, sodomie et adoration d'une idole.On tortura, ils avouèrent…De nombreux frères succombèrent à leurs blessures, le mensonge apportant la vie sauve. Ils furent ensuite transférés au Temple de Paris et interrogés en Novembre.
    Le pape Clément V indigné par cette inquisition fit mener une enquête complémentaire. Un ample mouvement de rétractation déferla. Clément V décida d'entendre personnellement quelques témoins dociles choisis par le roi, parmi eux un Provinois : Simon Chrétien qui eut certainement la vie sauve.
    Malgré cela le procès et les tortures reprirent en Juillet 1308, mais les individus et l'Ordre durent être jugés distinctement.
    La tour du Temple de Paris

    Plusieurs des Templiers provinois interrogés séparément en Février 1310, déclarèrent vouloir venger l'Ordre du Temple de la calomnie. Ils furent au Jardin de l'évèché de Paris parmi les 546 Templiers qui offrirent de constituer une défense à l'Ordre : depuis leur arrestation, tous les frères étaient privés de sacrements, dépossédés de l'habit religieux et de leurs biens et mettent à jour l'immoralité des moyens employés pour obtenir des aveux.
    Sous l'influence du roi, un concile provincial fut convoqué à Paris. Il décida que toute rétractation serait considérée comme un cas plus grave que la protestation d'innocence et conduirait à la peine du feu. En Mai, le concile condamna au bûcher 54 Templiers s'étant rétractés. La plupart des frères qui s'étaient offerts à plaider la cause de l'Ordre abandonnèrent. La défense anéantie, un rapport défavorable aux Templiers fut tranmis au Concile de Vienne. Celui-ci refusa de condamner un Ordre dont il n'avait pas entendu la défense. Calomnié, cet ordre religieux ne pouvait plus, désormais, servir la cause de l'Eglise sans scandale.
    Le Pape le supprima alors de sa propre autorité, conciliant les droits de la justice qui ne cédait pas et les exigences de Philippe le Bel, en 1312. La majorité des biens fut attribuée l'Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem et non au roi de France, comme celui-ci l'aurait souhaité. Aucun document ne renseigne sur le sort subit par les derniers Templiers provinois.

    D'après :Histoire et cartulaire des templiers de Provins / Victor Carrière.- Marseille : Laffite reprints, 1978.   

      
      

     

     

     

     

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  • Histoire de la Littérature Française - La Courtoisie ( V )

    En effet, le mot « courtois » signifie au départ « qui vient de la cour ». La courtoisie désigne une façon d’être, l’ensemble des attitudes, des mœurs de la cour seigneuriale dans laquelle les valeurs chevaleresques sont modifiées par la présence des dames. L’amour courtois est un code que doit suivre le chevalier.

    La cour

    Sous l’influence de l’Église qui incitaient les seigneurs à faire la paix (trêve de Dieu), les mœurs s’adoucissent. Moins tournés vers les Croisades et la défense de leur fief, les seigneurs s’habituent à la vie de cour. Puis, peu à peu, les mœurs subissent aussi l’influence de l’univers féminin plus délicat. Sous l’instigation de femmes de haut rang, comme Aliénor d’Aquitaine, d’abord femme du roi de France, puis femme du roi d’Angleterre, s’instaurent des cours d’amour où les artistes chantent la femme, idéalisée, parfaite, inaccessible. Découlant du mot latin domina s’impose bientôt le mot français dame, titre donné à la femme et soulignant son caractère de maîtresse. Suzeraine, la femme l’est en effet en amour.

    La dame

    L’amant courtois est séduit par la dame, une femme dotée d’une beauté et de mérites exceptionnels, qui est mariée, accomplie. Au Moyen Âge, il existe une forte tension entre l’amour et le mariage. On ne se marie pas alors pour l’amour : on se marie par intérêt, pour perpétuer la famille, pour s’allier à un clan. Le mariage est affaire de raison, et souvent décidé d’avance par les parents des époux.

    Alors que le mariage est à la portée de tous, l’amour vrai, quant à lui, n’est ressenti que par les âmes nobles (c’est du moins le point de vue des auteurs du courant courtois). L’amour noble n’est ni banal ni vulgaire. Il n’est ni facile ni intéressé, même s’il est généralement éprouvé envers une femme d’une condition supérieure. Cet écart entre les statuts sociaux rend la femme inaccessible, l’élève au rang des divinités à adorer.

    Histoire de la Littérature Française - La Courtoisie ( V )Le fin’amor

    Si l’acte sexuel est la consécration de l’amour, le sentiment noble invite à la sublimation. Ne se laissant pas dominer par ses désirs charnels, l’amant courtois gagnera le cœur de sa dame en lui témoignant un amour empreint de délicatesse et de retenue. Sa passion doit l’amener à surpasser son désir pour la dame afin d’éprouver pour elle un amour raffiné, profond, véritable, un amour transposé sur un plan supérieur. Cet amour « spirituel » – on l’appelle fin’amor en langue d’oc, ce qui veut dire « amour parfait » ou « amour sublimé » – est caractérisé par le plaisir provoqué par la manifestation du divin chez l’autre. Le fin’amor est rare et, comme il a été déjà mentionné, incompatible avec le mariage. Ce sentiment incite le chevalier à se surpasser pour s’élever au niveau de sa dame : le cœur noble est l’idéal à atteindre pour l’homme.

    L’amant courtois

    L’amant courtois est un guerrier héroïque. On sait que le code du chevalier est basé sur l’honneur. Il est fort, adroit, mais, surtout, loyal envers son suzerain. Sa noblesse de cœur fait de lui un homme franc, poli et subtil. La force physique valorisée dans les textes épiques existe toujours, mais elle est maintenant canalisée dans les tournois, des combats rangés où le chevalier défend les couleurs ou même l’honneur de sa dame. La vaillance du chevalier est donc toujours exigée, mais elle trouve désormais une expression amoureuse. En fait, l’amour devient source de toute vaillance et de toute générosité.

    L’amant courtois est totalement soumis et dévoué à sa dame : abnégation, obéissance et discrétion sont ses mots d’ordre. Pour mériter l’amour de sa dame (qui fait preuve de froideur et de caprices), afin de prouver l’intensité et la constance de son amour, le chevalier devra se plier au « service d’amour », c’est-à-dire qu’il devra se soumettre aux coutumes de l’attente et sortir vainqueur d’une série d’épreuves souvent fixées par sa maîtresse. Mais cela lui importe peu : lorsque le cœur noble est épris, plus rien ne compte. Les exploits accomplis, la souffrance, le grandiront moralement. Rudement mis à l’épreuve, le chevalier amoureux doit même trouver de la joie dans la souffrance et la séparation. Les épreuves, preuve de sa perfection morale, lui permettront de conquérir sa bien-aimée et d’obtenir une récompense.

    Histoire de la Littérature Française - La Courtoisie ( V )Quand il aime, le chevalier courtois rend hommage à sa dame, elle devient la suzeraine de son cœur : il s’y soumet aveuglément. La loyauté à la dame passe avant celle au suzerain : il doit faire preuve d’une obéissance totale, d’une fidélité indéfectible. Cette soumission amène ainsi, pour le chevalier, le conflit qui oppose son amour à son honneur. Renoncer à l’honneur pour l’amour représente le sacrifice le plus grand qu’il puisse faire.

    Les joies d’amour

    Après la discipline, l’attente, les épreuves, le sacrifice de son honneur, le chevalier peut enfin s’abandonner au plaisir sensuel. En effet, les troubadours, idéalistes mais aussi réalistes, voyaient l’acte sexuel – mérité de la sorte – comme le sacrement de l’amour. La vulgarité de la sexualité s’efface devant la discipline imposée. Une passion sans frein, qui ne recule pas devant le scandale, est choquante. Les conséquences sont désastreuses pour les amants : la dame perd son honneur, élément essentiel à sa perfection et... à son titre, alors que le chevalier voit ignorer sa valeur, qui n’est ni reconnue ni publiée.

    Toutefois, il se peut que cet acte d’amour ne se produise jamais, et que les faveurs de la dame, jamais accordées, aient entretenu de beaux rêves, suscité d’ardents espoirs, inspiré des actes généreux. Ce complexe état d’âme créé par cette attente et cet effort est ce qu’on appelle la « joie d’amour ».

    L’amour fatal

    Si la littérature courtoise – qui s’inscrit souvent dans un monde merveilleux, peuplé d’éléments surnaturels, de personnages mystérieux et fantastique (des mages, des fées, des nains et des géants, etc.) – présente ainsi les jeux aimables de l’amour ; il n’en demeure pas moins que cet amour, parfois peint de façon mélancolique, est soumis quelquefois aux vicissitudes du destin. On rencontre alors le thème de l’amour malheureux, de l’amour contrarié qui se heurte à des obstacles, qui se brise parfois sur des écueils, mais qui demeure malgré tout victorieux, car l’amour courtois, par-delà la mort même, est un sentiment vrai et éternel.

    Texte adapté de Marie-Josée NOLET et Christiane FRENETTE, Cégep de Lévis-Lauzon, 1998, et de Denise BESSETTE et Luc LECOMPTE, Anthologie et Courants épique et courtois, Cégep de Lévis-Lauzon, 1995.

     

    La courtoisie est un idéal de conduite à tenir à l’égard des dames et des demoiselles. C'est un code social qui inverse la hiérarchie traditionnelle et place la dame en position de supériorité par rapport à son ami. En échange de la dévotion totale qu’elle attend de lui, elle lui accorde son amour, plus souvent symbolique que concret.

     


    Scène galante
      

    Histoire de la Littérature Française - La Courtoisie ( V )La courtoisie fait donc référence à un adoucissement des mœurs. La générosité et la politesse sont maintenant de mise à la cour, et la préoccupation amoureuse est au centre de toute activité humaine.

    L’amant est entièrement soumis au caprice de sa dame (service d’amour), qui est froide, hautaine et déjà mariée (l'amour parfait est adultère). Elle ennoblit son champion en le soumettant à des épreuves.

     

     
     Sources : http://www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=1_ma_010b_Courtoisie

      

      

     

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    Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..

    Une vie réglée par la religion

     


    Au Moyen Age, en occident presque tous les hommes étaient chrétiens. Certains partaient en pèlerinage à Rome, à Saint jacques de Compostelle en Espagne, ou sur le tombeau du Christ à Jérusalem.

      

    Il est difficile de s’imaginer l’importance de la religion du Moyen Âge, tant elle ressemble peu à celle qu’elle occupe aujourd’hui. Mais, à une époque où les gens ne savaient ni lire ni écrire, où les saintes Écritures étaient réservées aux seuls gens de robe (clercs, prêtres, etc.), où un pape pouvait excommunier un roi, la religion était le point d’ancrage de la politique, de la vie quotidienne, de la société : elle était le principal ciment social, puisque tous avaient la foi.

    La religion chrétienne1 du XIIe siècle n’est, bien sûr, pas celle des origines. Les disciples du Christ ont propagé la bonne parole, ont baptisé. Ceux qu’on appelle les Pères de l’Église2 ont formulé, d’après leur interprétation de la Bible, une série de règles qu’on appelle des dogmes, auxquels on doit obligatoirement croire. Certaines de ces croyances ont amené des divergences d’opinion, voire de graves disputes. C’est ainsi que se sont séparées les Églises d’Orient et d’Occident au XIe siècle et qu’a eu lieu le grand schisme d’Occident au XIVe siècle.

    Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..Au XIIe siècle, le christianisme semble à la fois simple et complexe. D’une part, son manichéisme est flagrant ; la vision du monde qu’il sous-tend est ainsi fort simple et ressemble un peu à celle du cinéma américain contemporain : il y a le bien et le mal qui s’opposent. Les bons vont au Paradis et les méchants, en Enfer. Pour ceux qui ne sont pas tout à fait méchants, qui ont cherché à racheter leurs fautes d’une quelconque façon, on a inventé à cette époque un endroit transitoire : le Purgatoire, lieu où l’homme expie ses péchés grâce aux prières que les vivants disent pour lui, et où il attend la délivrance... parfois jusqu’au jugement dernier. La représentation de Dieu qu’on se fait aussi est fort simple : c’est un Dieu juge, qui récompense ou qui punit, qui voit tout et qui sait tout.

      

    D’autre part, le christianisme est déjà complexe dans ses dogmes et dans son culte, auquel on reviendra un peu plus loin. La liturgie du XIIe siècle était tout de même assez près de ce qu’elle est aujourd’hui, à la différence près que la messe était dite en latin et qu’il était, bien sûr, obligatoire d’y participer, à moins d’avoir une dispense du curé. La confession annuelle a été rendue obligatoire à peu près à cette époque et elle seule permettait la communion : c’est donc dire que la communion n’était pas si courante.

    Au Moyen Âge, la religion occupe ainsi une place plus qu’importante : elle est le moteur de la vie quotidienne. En effet, on remarquera d’abord que c’est elle qui marque le passage du temps. Non seulement compte-t-on les années depuis la naissance du Christ (on parle alors d'anno domini), mais on ponctue les années elles-mêmes de fêtes religieuses : Noël, Carême, Pâques, Pentecôte, etc. Elle encadre aussi la vie humaine par les sacrements : baptême à la naissance, confirmation du jeune adulte, confession (pénitence) et communion (eucharistie) annuelles, mariage, extrême-onction du mourant. Elle a de plus une fonction de protection, à travers le culte des saints. Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..

    Les hommes du Moyen Âge avaient, de fait, une croyance qui peut paraître aujourd’hui quelque peu superstitieuse : ils pensaient que, du haut des cieux, les saints les regardaient et que, s’ils les invoquaient au bon moment, s’ils portaient une médaille les représentant ou une de leurs reliques, s’ils se rendaient en pèlerinage à un lieu spécifique pour chaque saint, ceux-ci pouvaient empêcher qu’il ne leur arrive malheur. D’ailleurs, chaque corps de métier avait son patron, c’est-à-dire qu’il était représenté par un saint. C’est ainsi que s’est développé un culte assez complexe, chaque saint ayant sa spécialité3. Il fallait surtout faire attention de ne les pas vexer, puisqu’il arrivait qu’un saint se venge de n’avoir pas été appelé au secours – ou d’avoir été confondu avec un autre !

    De la même manière, on faisait de nombreuses processions dans les villages pour se protéger des tempêtes, de la sécheresse, des famines et de la peste ou pour remercier le ciel des bonnes récoltes de l’année. La religion jouait enfin un rôle important dans l’art médiéval, puisque la Bible, si elle n’était lue que par les seuls prêtres et moines, était source d’inspiration tant pour les peintres que pour les écrivains, musiciens, sculpteurs et architectes, qui illustraient pour le peuple les histoires et les leçons religieuses.

    Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..Si elle est importante dans la vie personnelle de l’homme et dans celle du village, la religion a trois champs d’influence majeurs. Elle est d’abord une puissance spirituelle. En effet, si étrange que cela puisse paraître, il revient aux gens de robe de prier – et c’est dans ce sens que la société du Moyen Âge est divisée en trois ordres. C’est que seuls ceux qui ont étudié connaissent les mots pour s’adresser à Dieu au nom de ceux qui se battent et de ceux qui travaillent. Il est donc normal que ce soit eux qui définissent la foi et la morale. Ils ont, en quelque sorte, les clefs du Paradis, puisqu’ils peuvent jeter l’anathème sur quiconque ou excommunier ceux qu’ils jugent indignes.

    Ils peuvent même convaincre quiconque d’hérésie4 (l’utilisation de la questio, la torture psychologique et physique, est alors permise) et le remettre à la justice en recommandant la sentence à être exécutée. Contrairement à ce que l’on croit habituellement, peu de gens sont brûlés pour hérésie au Moyen Âge – c’est plus tard qu’auront lieu les grands autodafés. Toutefois, le droit médiéval est fondé sur l’image présentée plus haut d’un Dieu juge. En effet, on a la croyance que le Tout-Puissant est du côté des justes – c’est d’ailleurs pourquoi le duel judiciaire semble justifié aux yeux de l’homme du XIIe siècle.

    Par exemple, pour distinguer le coupable de l’innocent, on les marque tous deux au fer rouge : Dieu guérira plus rapidement l’innocent ; de même, on n’a qu’à jeter une personne dans l’eau pour savoir si elle est innocente : si c’est le cas, elle coulera, car l’eau rejette les éléments impurs. La religion est aussi une puissance intellectuelle et culturelle. Les clercs jouent un rôle culturel important, puisqu’ils sont les seuls à savoir lire et écrire. Ils sont les intellectuels du XIIe siècle et ont pour mission de préserver la culture et de faire progresser la « science » en étudiant et en commentant plus en profondeur la Bible, les Pères de l’Église et Aristote. La religion est enfin une puissance économique.

    En effet, les monastères que font construire les nombreux ordres religieux et la culture des vastes terres sur lesquelles ils sont édifiés emploient nombre de travailleurs. Les religieux prélèvent aussi une dîme, c’est-à-dire que tous doivent remettre une partie de leur avoir chaque année pour contribuer au salaire des officiants et à l’entretien de l’église. Hisoitre de la Littérature - la Religion au moyen âge..

    Cela a amené les dirigeants spirituels à amasser une fortune considérable, surtout en terres (que beaucoup de propriétaires ont léguées à l’Église plutôt qu’à leurs enfants pour s’assurer d’une place au Paradis), et à vivre dans une ostentation qui amènera plusieurs protestations (d’où sont nés les ordres mendiants comme les frères franciscains) et, à la Renaissance, la Réforme – la création du culte protestant.

     

    1. Notez qu’on parle alors de christianisme et non pas de catholicisme, puisque ce concept n’apparaît qu’avec la contre-réforme, à la Renaissance, en réaction au protestantisme.
    2. Notez qu’on écrit église pour référer au bâtiment, à la construction architecturale, mais qu’on écrit Église pour référer à l’organisation religieuse en entier.
    3. Par exemple, saint Apollinaire était le patron des couturières et on l’invoquait pour guérir la goutte, l’épilepsie et les maladies vénériennes, saint Benoît était le patron des enseignants et des écoliers et on l’invoquait en cas d’empoisonnement, de fièvre, quand on se croyait victime d’un mauvais sort ou au combat ; on invoquait saint Jude en dernier recours, puisqu’il était le patron des causes désespérées.
    4. Un hérétique est quelqu’un qui soutient une opinion ou qui a des pratiques condamnées par l’Église parce qu’elles vont à l’encontre des dogmes formulés par celle-ci.

    Par exemple, la simonie et la sodomie pouvaient entraîner de sévères représailles.

    Réf. : Georges DUBY, Le Moyen Âge. Adolescence de la chrétienté occidentale 980-1140, Genève, Skira, 1995 [1967], p. 91-92, Didier MEHU, Gratia Dei. Les chemins du Moyen Âge, Québec, Musée de la civilisation et Fides, 2003, p. 15, 17, 127 et Clemens JÖCLE, Encyclopedia of Saints, London, Alpine (Fine Arts collection), 1995, p. 43, 67 et 257.

     

     

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    Histoire de la Littérature Française, l'époque médièvale.

     

    Au Moyen Âge, le livre comme nous le connaissons aujourd'hui n'existe pas. D'ailleurs, fort peu de gens, à part les clercs, savent alors lire et écrire. La littérature, en ce temps, est principalement orale, c'est-à-dire qu'elle est racontée par les troubadours ou les trouvères. Les gens, réunis dans la cour du château, écoutent les contes des jongleurs.

    Le jongleur est celui qui plaisante (joculari, en latin) et qui bavarde (jangler, en latin). Sa mémoire exceptionnelle lui permet de se rappeler les centaines, voire les milliers de vers des divers récits que le peuple aime à entendre - c'est, d'ailleurs, la rime qui lui permet de retenir le texte, qu'il modifie souvent à son gré. Il mime pour eux divers passage, il rend le texte « vivant ».

    Il faut comprendre que c'est le passage l'« oralité » à l'écriture qui permet aux œuvres de durer, et qui donnent vraiment leurs lettres de noblesse aux auteurs, qui acquièrent le véritable statut d'écrivain.

    Même si les genres littéraires ne sont pas encore vraiment codifiés, les auteurs apportent une grande attention à la forme de leurs écrits. Il est important pour eux de suivre la tradition, sans chercher l'originalité. D'ailleurs, l'anonymat est la règle d'or pour les écrivains du Moyen Âge. Ils n'essaient pas de se démarquer, mais d'intégrer au mieux la tradition, de réécrire des textes antérieurs, d'en rassembler des éléments épars. L'auteur au Moyen Âge se considère comme un traducteur ou un continuateur plutôt que comme un créateur. La notion de « propriété littéraire » ou de « propriété intellectuelle » n'existe pas. Le texte n'appartient pas à un auteur et il est normal de s'en servir, de le plagier, de le remanier, de le poursuivre ou d'en changer le début.



     Miniature, XIIIe siècle
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